MASSATA DIACK LIVRE SA PART DE VERITE
AFFAIRE LAMINE DIACK

Sa part de vérité était attendue dans cette affaire dite Lamine Diack. Et il l’a livrée, hier, chez nos confrères de «Futurs médias». Papa Massata Diack, le fils de Lamine Diack et ancien agent marketing de la Fédération internationale d’athlétisme association (Iaaf), a brisé le silence pour se défendre, pour démonter les accusations portées contre son père et lui, pour dire sa vérité simplement.
L’accord entre Lamine Diack et les Russes
«En quittant la présidence de l’Iaaf, le 31 août 2015, Lamine Diack a effectué toutes les sanctions liées à cette affaire. Y’avait 38 cas de dopage russes, ils ont tous été sanctionnés. Je peux vous certifier que l’accord avec la Russie, ce n’était pas un accord dans le sens de couvrir des cas de dopage. L’accord qui lie les autorités russes à Lamine Diack n’a absolument rien avoir avec des cas de dopage. Les gens ont voulu exploiter en disant que vous avez couvert des cas de dopage contre des financements occultes. C’est des gens qui le disent, les enquêteurs ou les accusateurs, mais je peux vous assurer, le jour où les enquêteurs voudront aller au fond des choses, je leur montrerai que ce n’est pas le cas.
Je n’ai jamais pris part à une réunion politique du président Diack, je n’ai jamais participé à un financement d’un opposant, je n’ai jamais participé à une distribution d’argent aux opposants. Les activités politiques de mon père me sont totalement inconnues, parce que je ne suis pas dans son bureau quand il reçoit une autorité.
De par mon entregent avec la Russie et avec c’est le président de la fédération russe qui est aussi le trésorier de l’Iaaf, donc un de mes patrons en tant que consultant avec un contrat avec l’Iaaf, date de 2010. M. Ballachnichev était un des précurseurs. Le contrat qui nous lie avec la Russie date de 2007, ce n’est pas un contrat qui a été fait pour cette circonstance. Je pense que c’est diffamatoire, même réducteur de dire que Lamine Diack a fait un deal pour des cas de dopage.
Je vous dis que Lamine Diack en quittant le 31 août n’a laissé sur son bureau aucun cas de dopage en suspens. Les Russes, même l’athlète Russe dont on parle, Yulia Shubukova, a fait l’objet d’une plainte qui a été rejetée au niveau du tribunal arbitral de sport. L’avocat de M. Diack dont on parle, Me Cissé est celui qui est allé défendre la position de l’Iaaf à la Cour arbitrale du sport à Lausanne. Vous pensez que s’il y’avait un compromis où s’il avait été acheté, il allait oser affronter Shubukova sur son cas de dopage ou faire appliquer la sanction. Je pense que y a des choses qui dépassent l’entendement. Parce que M. Cissé peut vous dire qu’il l’a poursuivie jusqu’au bout. Ça a été retardé à cause de nos championnats pour ne pas que l’image de nos championnats soit atteinte. Parce qu’on était attaqué par la presse britannique d’une manière virulente avant ces championnats. D’ailleurs, des athlètes britanniques demandaient que les championnats soient retirés de Moscou. M. Diack, au vu de ça et aussi dans son dernier mandat, parce que c’était son dernier mandat - il voulait même partir en 2011, il a dit je vais prolonger de 4 ans, parce qu’à un moment on lui disait les finances de l’Iaaf sont en apocalypse, l’Iaaf ira en apocalypse financière au terme du mandat du président Diack - a dû prolonger de 4 ans ce mandat pour pouvoir faire mentir ces gens qui lui faisaient une cabale à l’époque.
Lamine Diack, en 16 ans de présidence, a réalisé 925 millions de dollars de contrats, dont 68% en sponsoring et 32% en droits de télévision. Il a trouvé à l’époque quand il devenait président 23 millions de dollars de réserve. Il a laissé 74 millions de dollars de réserve, soit 3 fois le montant. C’est quelque chose qu’aucun président n’a fait depuis 1912 et ce fait est là. Malheureusement, les gens ont cherché, pour une histoire aussi sordide, à ternir son mandat».
Black Tidings et le compte de Singapour
«Ils ont enquêté pendant 15 mois et ils ne peuvent pas vous dire aujourd’hui que le nom de Papa Massata Diack apparaît dans Black Tidings. Je ne suis ni le propriétaire de Black Tidings, je n’en ai ni ouvert le compte et l’argent Russe comme je vous l’ai dit, ce qui nous lie à la Russie est un contrat commercial qui vit dans les comptes de ma société. La Commission d’éthique a ce dossier. En plus de ça, ils m’avaient accusé d’avoir assisté à une réunion le 4 décembre 2012 avec l’agent de cet athlète, en disant l’agent leur a dit j’ai rencontré un Africain assez fort dans un hôtel Kempelsky et j’ai eu une réunion avec lui. A la Commission d’éthique du 8 décembre nos avocats ont montré et mon billet d’avion et mon passeport et mon visa pour la Russie montrant que je suis rentré en Russie, le 5 à 19h50. Je n’ai jamais rencontré d’agent d’athlète. Je n’ai jamais rencontré Shubukova, je n’ai jamais eu d’accord pour dissimuler ces cas de dopage. Ça, je le crie haut et fort je l’ai dit à la commission d’éthique et je leur ai prouvé ça en 16 mois d’enquête.
Black Tidings appartient à un homme que je connais. Ils ont fait ce lien tout de suite en disant que M. Diack en est le propriétaire, c’est leur conclusion. Ils sont allés à Singapour faire des enquêtes voir si ça m’appartient. Ça ne m’appartient pas, j’ai une seule société, elle est au Sénégal. C’est PMD consulting ou Pamodzi. Depuis plus de 17 ans je travaille avec cette société».
Lamine Diack et le poids de l’âge
«(…) Les nous ont parlé de leur problème lors d’un déjeuner que le ministère du Sport a dû faire en disant : nous avons été notifiés de plusieurs cas de dopage, ce serait dommage qu’on nous sanctionne entièrement avant ces championnats du monde en 2013. C’est la raison pour laquelle le président Diack, sous sa responsabilité politique et en tant que président, a dit je vais gérer ça de manière prudente. Parce que le passeport biologique en tant que tel est une nouvelle méthode de détection du dopage, mais qu’il n’était pas à l’époque sûr à 100%. Et si vous vous rappelez bien, en 1983, il y avait un cas de dopage aux Usa avec un coureur de 400 m. Par les erreurs de procédure dans l’analyse scientifique, l’Iaaf a été condamné a versé 20 millions de dollars à l’athlète, ce qui voulait dire la faillite de l’Iaaf. Le président de l’époque a dû faire un accord financier pour s’en sortir. Depuis lors, toutes les personnes qui ont eu à gérer l’Iaaf ont été très prudentes dans la prise de décision d’une sanction. Il faut la confirmation de trois scientifiques avérée qui puisse vous certifier que c’est un cas de dopage afin que la sanction puisse tomber. Ça a été le cas pour la Russie, ça a été le cas pour d’autres pays. M. Diack a été très prudent pour ne pas avoir des litiges juridiques avec quelque athlète que ce soit.
Moi, je pense que ce qui s’est passé à Paris, c’est sous le poids de l’âge. Parce que quand je vois le mail dont on parle dans la presse française, on parle d’un mail du 29 juillet 2013, et on parle de financement d’une campagne de 2012. Quel est le liant de cause à effet, je pose la question. Je pense que l’intelligence du journaliste qui a reçu cette information dira attention, on me parle d’un mail adressé par Papa Massata Diack en juillet 2013 et on me parle de financements occultes où de financements d’une campagne en 2012, la campagne électorale était au mois de février. Ça n’a pas de cause à effet.
C’est une affaire pénale, je pense que si M. Van Rumbeck a des éléments qui concourent à faire cette mise en examen, je n’en saurai absolument rien au stade où nous sommes. La procédure m’est inconnue, tout ce que je vois, je le vois dans la presse. J’étais informé qu’une affaire me concernait et qu’on prendrait les mesures pour me demander de venir comparaître pour témoigner. Et en ce moment je le ferai. Mais au Sénégal. Parce que la manière dont ils ont traité mon père m’édifie sur la manière dont ces gens fonctionnent. Je vous l’ai dit l’Ama n’a jamais été opposé au président Lamine Diack un rapport. Or, c’est la première information qu’aurait dû demander le juge Van Rumbeck avant de prendre cette affaire. La deuxième mesure c’est de convoquer Lamine Diack en disant une information judiciaire a été ouverte à votre encontre pour des soupçons de corruption. Et en ce moment-là M. Diack prendrait son avocat et irait se défendre devant la justice. Mais il n’a jamais été convoqué par la police. Donc, je pense que les échanges de bons procédés auraient voulu qu’ils nous informent au moment de l’information judiciaire, que M. Diack puisse faire de la documentation concernant cette affaire afin de venir faire face ou bien juste être assisté d’un avocat en venant. Ça n’a pas été le cas».
Citoyen sénégalais
«Je suis au Sénégal, il lui est loisible d’envoyer une commission rogatoire, d’envoyer des juges, cela dit je vis au Sénégal, je suis citoyen sénégalais, je ne suis pas citoyen français. J’aurais dû, peut-être, être obligé d’aller en France et prendre la nationalité française, je ne le suis pas.
Mon rapport avec Lamine Diack est d’abord familial. Il faut aussi comprendre que j’ai eu à travailler dans une boîte qui s’appelle Isl marketing de 1990 à 1995 où je m’occupais de sponsoring, je m’occupais de vendre le football, l’athlétisme et l’olympisme. J’ai fait mes armes dans ces institutions et à l’époque, Lamine Diack était président de la Confédération africaine d’athlétisme et nous avons travaillé sur un programme qui s’appelait Mobile Panafrican and pros act. On a fait le Mobile oil qui sponsorisait des championnats d’athlétisme un peu à travers l’Afrique, j’en étais chargé à l’époque j’étais basé en Suisse, à l’époque je ne pensais pas que mon père allait devenir un jour président de l’Iaaf.
En 1995, cette société m’a affecté au Qatar pour aller m’occuper de la Coupe du monde junior de la Fifa. Donc j’ai quitté l’athlétisme pour aller vers le football. Et de 95 à 2006, j’étais dans le football. Donc, les faits de la vie ont amené Lamine Diack à devenir président de l’Iaaf en 99. En 2001, il a entamé son premier mandat et une des premières choses qui s’est passée c’était la faillite de cette ex société Isl où j’étais un employé. Et il a fait appel à moi, j’étais à l’époque au Nigeria où je m’occupais de la Coupe du monde junior de 99. Et après j’étais agent marketing dans la Fédération nigériane de football. Donc, nos destins se sont croisés en ce moment-là, il m’a dit Massata j’ai besoin de toi, parce que tu t’y connais en marketing, je suis président de l’Iaaf et j’ai besoin de tes compétences professionnelles. J’ai résisté à ça pendant 6 ans, ce n’est qu’en septembre 2007, après que j’ai terminé ma carrière dans le football en 2006, j’ai quitté le football pour venir l’aider à l’athlétisme à sa demande avec un contrat de consultance qui nous lie depuis septembre 2007. Ce contrat a été renouvelé par le Secrétaire général de l’Iaaf en 2012 pour se terminer le 30 septembre 2015 au terme de son mandat. Et c’est cette relation qui lui a permis non seulement d’explorer des horizons qu’il n’avait pas explorés jusqu’ici au niveau de l’Iaaf. Le marketing de l’Iaaf appartient à une société japonaise qui s’appelle Dance qui est propriétaire des droits, ils l’ont acheté à l’époque à 92 millions de dollars et il fallait rentabiliser ce projet. Malheureusement, c’est à un moment où la plupart des sponsors américains et européens ont quitté l’athlétisme pour aller vers le football. L’athlétisme s’est retrouvé avec des sponsors japonais et lors d’une commission marketing à Pékin où il m’a convié à titre juste d’expert consultant, lors des débats, j’ai posé le problème de la présence de l’Iaaf dans les pays émergents, à savoir la Russie, l’Inde, la Chine, le Brésil, la Corée du Sud, l’Afrique du Sud, les Caraïbes et les pays du Golfe. On n'avait aucun sponsor dans ces zones, c’est moi qui suis le précurseur de ça, j’ai permis à l’Iaaf de trouver 106 millions de dollars de contrats en 7 ans.
Je ne vois pas en quoi c’est du népotisme en ma faveur, c’est moi qui suis chargé d’aller trouver les sponsors. Je suis professionnel du marketing du sport depuis 25 ans. Je n’étais pas à côté de mon père, c’est lui qui avait eu besoin de moi (…). Lamine Diack n’a jamais négocié de contrat avec moi. Y a eu beaucoup de spéculations là-dessus, les résultats probants sur les 925 millions de dollars dont je vous ai parlé, 678 millions ont été trouvés par mon entregent (…). Dans notre relation, je suis consultant externe, j’habite à Dakar. Monaco je m’y rendais 3 fois par an, je n’ai pas cette relation de travail au jour le jour avec mon père. Je travaille dans ma propre structure.
J’ai créé ma structure avec mes propres gains, je ne suis pas un héritier, je ne suis pas un nanti dans la mesure où j’ai créé ma structure en Afrique du Sud et dans le football. Ce n’est pas dans l’athlétisme. Si j’avais créé tout ceci par l’entremise de l’Iaaf, on aurait compris, mais je vous ai dit que j’ai travaillé au Qatar, en Afrique du Sud, au Nigeria, au Togo, dans beaucoup de pays avant qu’il ne m’emploie. Ce serait assez réducteur de vouloir dire il emploie son fils. L’Iaaf a eu un directeur de marketing qui pendant 5 ans a cherché à vendre, il ne pouvait pas vendre de contrats. Et ce sont les membres du conseil de l’Iaaf qui lui ont dit pourquoi tu ne peux pas faire appel à Massata dans la mesure où c’est ton fils certes, mais il a la compétence et il connaît l’athlétisme. Donc cette expertise, je l’ai mis à son profit et ça a permis à Lamine Diack de réaliser des choses pour le monde de l’athlétisme».
L’enquête en France
«L’enquête vient de commencer, je suis tout à fait serein. J’ai été patient. En décembre 2014 quand mon cas a été évoqué, j’ai écrit une lettre aux membres du Conseil de l’Iaaf où j’ai exposé, j’ai nié les faits qu’on me reprochait. J’ai dit je suspends mes activités et je les ai suspendues. Du 18 décembre 2014 au 30 septembre 2015, je n’ai pas travaillé avec l’Iaaf. J’ai travaillé avec l’Iaaf de 2007 à 2014, et le fait que j’ai pu me défendre à la Commission d’éthique en prouvant exactement que ces faits ne peuvent pas m’être imputés (…) J’ai entièrement confiance en la justice française. C’est sûr que les magistrats vont instruire à charge et à décharge, alors que la commission d’éthique de l’Iaaf, elle est dirigée par un avocat britannique qui est très ami à l’actuel président Sébatian Coe. La Commission d’enquête de la Wada est dirigée par un avocat Canadien qui était membre du Cio. Il a été vice-président du Cia et a été le fondateur de l’Ama. Mais c’est un homme dont je sais qu’il n’a pas de très bons rapports avec mon père. Parce qu’il n’a jamais voulu le soutenir pour être président du Cio. Je suis plus serein dans ce processus d’une enquête de la justice française parce que je suis sûr que l’enquête va être équilibrée. Je suis sûr qu’au bout de l’enquête, beaucoup de surprises vont être révélées.
Il y a quelqu'un, je ne dirai pas son nom (Ndlr : il s’agit du Canadien Dick Pound), mais il n'aime pas les Noirs, il est un parmi les gens de l’Ama (Agence mondiale antidopage), tout le monde le connaît. Nous avons souffert beaucoup de ça, nous les Africains. Il a fait exclure 11 membres africains du Cio. Je suis plus serein pour une enquête française, qu'une enquête anglo-saxonne».
Main de Sébastian Coe
«Je ne peux pas voir sa main dans quoi que ce soit dans cette affaire, parce que lui-même ne contrôle pas ces processus. Tout ce que je peux voir dans les faits, c'est lors de sa déclaration de candidature le 27 novembre 2014. Et que le 8 décembre 2014 déjà, il disait ouvertement aux gens, il faut exclure la Russie. Donc, quand je vois 15 mois plus tard, que la Russie est exclue. Je pense que, quoi qu'il en soit, l'histoire retiendra que les gens, de manière pyromane, ont déclenché une affaire qui risque de remettre en cause tout l'athlétisme mondial. Je laisserai l'enquête aller au bout des choses, ils ont déclenché des investigations, ils ont fait des perquisitions, ils découvriront quelque chose, ils interrogeront M. Diack et les employés. Tout le monde est à leur disposition, parce que la justice, c'est la justice, ce n'est pas une commission interne, c'est la justice. Je pense que ce qui a été révélé par les journalistes, ils ont peut-être des accès aux dossiers en justice. Moi, je ne connais pas ces dossiers, je ne peux pas m'avancer à faire des révélations ou à faire des interprétations sur des choses que je n'ai pas vues pour le moment. Mais, je pense que la volonté de retarder, ou de ne pas ternir l'image du championnat du monde était partagé par tout le monde à l'Iaaf. Il nous fallait protéger nos championnats après le succès. Pas fermer les yeux, il fallait simplement attendre le moment opportun pour sortir des sanctions concernant les cas de dopages. Et je vous le dis de manière solennelle, Lamine Diack n'a laissé aucun dossier pendant de dopage en quittant la présidence de l'Iaaf, le 31 août. Et ça je le dirai aux enquêteurs, je le dirai haut et fort, je le dirai partout, devant qui que ce soit».
Dolé et l’argent reçu de Lamine Diack
«Vous m'apprenez ça, je ne suis pas au courant ça. Comme vous dites, c'est l'enquête qui révèle ça. Mais connaissant Lamine Diack, je pense sa réserve et son statut d'homme d'Etat mesuré, je vois mal Lamine Diack faire ce genre de choses. Quand j'ai entendu parler extorsion de fonds à des athlètes, je me suis dit il accuse quelqu'un qui était ancien athlète et champion de France. Vous voyez quelqu'un qui a eu ce parcours dire à un athlète tu me donnes de l'argent et en contrepartie… La première question que je me suis posé, je me suis dit sur 8 milliards de personnes, qu'est-ce qui oserait trouver Lamine Diack dans son bureau et lui amenait une enveloppe en lui disant : ‘Lamine Diack j'ai une enveloppe en contrepartie il faut dissimuler ces cas de dopages. Je me suis dit, ça c'est peut-être le plus gros mensonge mondial.
Je pense qu'ils vont continuer dans la même logique de chercher à nuire parce que le rapport de l’Ama comme je l'ai dit, il n'est pas contradictoire. Si c'est un rapport qui pouvait être envoyé aux gens qu’on accuse de malversation pour qu'ils donnent leurs versions des faits avec des preuves à l'appui, en ce moment-là. Je vous jure sur le Saint Coran que ce rapport n'a jamais était présenté à Lamine Diack. M. Pound n'est jamais venu rencontrer Lamine Diack pour lui dire que j'ai des soupçons de corruptions sur votre institution. Aucun enquêteur n'a auditionné Lamine Diack, aucun enquêteur de la Wada n'a auditionné Papa Massata Diack, ça je peux vous l'assurer».
Soutien à Lamine Diack
«Toutes les informations que j'ai eues, c’est des déclarations faites par le ministre des Affaires étrangères, le ministre des Sports, le président du Comité olympique surtout, Mamadou Diagna Ndiaye, que je salue ici pour le courage qu'il a eu de faire une déclaration aussi franche et aussi directe, le président Kalkaba. Tous ces gens ont eu une attitude vraiment noble. Et je pense que toutes ces personnes ont montré leur soutien moral, le temps que la manifestation de la vérité se fasse. Il faut laisser la présomption d'innocence prévaloir, laisser l'enquête se faire dans la sérénité, éviter ces violations de procédures, éviter les fuites, parce que ça nous mènera à absolument rien.
Je pense que c'est une mauvaise année pour les fédérations internationales. Tout ce que je retiendrai c'est que c'était le destin. J'ai lu un article de Jacques Atali dans ‘L’Express’ qui disait que tous les secteurs de la vie sont régulés par des institutions. Il y a l'Omc pour le commerce, il y a l'Oms, la Banque mondiale, le Fmi, le Bit, et le sport est la seule activité qui n'est pas régulée par une institution supranationale. Et je pense que beaucoup de gens auraient voulu que le sport soit régulé alors que pour chaque fédération on a une charte olympique, il y a son statut. Alors cette indépendance et le fait qu'une association de droit privé puisse générer des milliards de dollars de revenus aujourd'hui attisent des convoitises et de la jalousie. Je pense qu'on est arrivé à un moment où avec ce qui se passe à la Fifa, on sent une volonté de reprise en main des gouvernements ou bien des institutions supranationales de vouloir avoir un droit de regard sur ce qui se passe. Parce qu'aujourd'hui pour être un grand pays, il faut organiser les Jeux olympiques, la Coupe du monde de football ou les Championnats du monde d'athlétisme».
Place de la Russie
«Aujourd'hui, non je n'ai pas ce pressentiment en Afrique mais j'ai eu la chance de rencontrer l'ancien Emir du Qatar en 1995 quand je m'occupais du championnat junior à la Fifa. Et lui, à l'époque, à travers un programme de tennis, il disait clairement qu'il voulait être la capitale du sport mondial. Il voulait que son pays soit connu à travers le sport. Il avait fait ce choix politique. Et cet enthousiasme, cette foi au sport je ne l'ai retrouvé que chez Vladimir Poutine en 2006, quand il a assisté à une conférence, il avait fait une déclaration sur sa volonté de faire que la Russie devienne une des grandes capitales du sport mondial. Je pense que c'est un sportif accompli. Deux, ce pays est le seul pays au monde qui a osé, pour organiser les Jeux olympiques, dépensé 50 milliards de dollars pour faire une université olympique, des infrastructures sportives à la dimension de la Russie. En Russie, il y a 287 écoles d'athlétisme c'est peu de pays au monde qui ont ça. Les Etats Unis, mon père a rencontré Barack Obama en septembre 2009 à Copenhague, à l'époque où Chicago était candidat pour les Jo de 2016. Quand il lui a dit qu'il faut qu'il lui soutienne pour ces Jo, il lui a répondu : ‘Vous ne respectez pas mon sport, les Etats-Unis n'ont jamais organisé les Championnats du monde, la Russie l'a fait. La Russie a organisé les Jeux olympiques d'hiver, les Jeux olympiques d'été, les Championnats du monde de natation, les Championnats du monde de basket, les Universiades. Vous nous dites que ce pays qui a autant investi dans le sport n'est pas fréquentable.
Cette accusation que les gens font, la chose qui indique il y a de la mauvaise foi, c'est quand 2013, l'Iaaf a fait ses championnats à Moscou, la Russie a devancé les Etats Unis, avec 9 médailles d'or et les Usa 8. Un an après, aux Jeux d'hiver de Schotchi, la Russie a eu 33 médailles en or. Et vous voulez dire que lors de ces championnats l'Iaaf et le Cio n'ont pas contrôlé les athlètes. Et quelques mois après, un journaliste allemand ose dire que 98% des athlètes Russes sont dopés. Je pense qu'il faut être très mesuré, ce serait aberrant, ce serait même insulter le Cio ou l'Iaaf que pendant que vous organisez les plus grands événements, vous ne contrôlez pas ces athlètes. Il y a eu une tempête médiatique créée par un journal allemand. Et je pense que le rôle de l'Ama était de dire à ce monsieur arrête (…).
C'est comme on dit la double mesure, sur cette affaire. Michel Platini avait la prétention de devenir président de la Fifa, je pense qu'il y a deux poids deux mesures. C'est un fait que vous me rappelez, mais que le président du Comité olympique a si bien décrit lors de son intervention dans la presse».
L’affaire de 2002
«Dans le domaine du sponsoring, j'ai largement généré pour le compte de la Fédération, entre septembre 2001 et décembre 2006, 7 milliards 349 millions. Un rapport de la Cour des comptes aurait dit que Papa Massata Diack n'aurait pas versé dans les comptes de la Fédération 54 millions 850 000 francs Cfa, alors que j'ai recouvré 7 milliards. Et un juge m'a convoqué un jour pour me dire qu'à titre de témoin, on veut vous enquêter, est-ce que vous avez lu le rapport de la Cour des comptes, j'ai dit non, parce que je ne suis pas un agent de l'administration, je ne suis pas délégataire des pouvoirs publics, je suis un privé qui travaille avec la Fédération. Mais ils m'ont dit que vous avez été accusé et à titre conservatoire on vous met en prison. Ils m'ont mis en prison pendant 9 jours. Mais quand il a fait son enquête, il s'est rendu compte que c'était juste une déclaration qui a fait que l'objet d'une enquête qui a été faite à dessein. Mais au bout de 9 jours je suis sorti de cette épreuve, mais ça m'a beaucoup marqué et le reste ça été de l'histoire, quand on a fait nos comptes avec la Fédération, il me devait 266 millions. Ils m'ont payé jusqu'à ce qu'il reste 48 millions. J'attends toujours le chèque de Augustin Senghor.
Ça me choque de voir que le marketing est inexistant dans le football sénégalais. Je ne savais pas qu'il n'y a pas d'équipementier et ça me surprend pour une équipe nationale qui a une valeur commerciale aussi importante que le Sénégal, parce qu'elle fait partie des meilleures équipes d'Afrique. Je pense qu'ils ont assez d'arguments pour se vendre un équipementier, même des équipementiers chinois qui font de très bons équipements.
Je me réserve de continuer de travailler dans le monde du sport pour le moment. Parce que je vois tellement d'ingratitude et de coups bas (…). Dire que nous avons fait 350 milliards de chiffre d'affaires dans le compte de la Fédération d'athlétisme et être accusés d’être compromis dans une affaire de 180 millions de francs Cfa, c'est un peu trop exagéré. Je retiens la leçon de 2005, ça se passe en 2015, je me dis que c'est le moment pour moi de tirer ma révérence du sport et d'aller vers d'autres horizons (…)».
Le tort causé par l’article du «Le Monde»
«(…) Il faut être très prudent dans la presse. Cet article du ‘Le Monde’ qui a été mal informé, a causé tellement de tort au peuple sénégalais, il y a même des gens qui sont allés en prison. Laissons le temps aux juges, aux enquêteurs, de faire une investigation à charge et à décharge, mais pas dire des choses qui ne sont pas vraies.
Mon père, il est humain, il est très âgé à cette époque. Cette personne pendant 16 ans a fait 4 mandats successifs. S'il n'avait aucune intégrité, je ne pense pas que ses collègues lui auraient donné 4 mandats successifs. Je ne peux faire son bilan, c'est lui seul qui peut faire son bilan. Je pense qu'il fallait le faire, je suis une des personnes qui lui disait le bilan de ton mandat. Lui, il disait Massata c'est l'exubérance, l'histoire retiendra que j'ai passé 39 ans de vie dans cette institution, j'y ai tout consacré, j'ai tout donné, je peux lister 59 réalisations lors de mon magistère, on peut faire des bouquins. Mais aujourd'hui, je peux marcher sous l'ombre, m'occuper de mes petit-fils. Mais, malheureusement, le destin. Et comme le dit l'adage wolof : ‘gor lañuy tumal, natu julit lay dal’. Ça, c'est le décret divin, personne n’y peut rien».