«L’ETAT PERD DES CENTAINES DE MILLIONS A CAUSE DES FETES»
DEMBA MOUSSA DEMBELE, ECONOMISTE, SUR LES JOURS CHOMES ET PAYES

Au Sénégal, la pléthore de jours fériés portent un sacré coup à l’économie nationale. Au moment où beaucoup de pays comme la France envisage à les réduire de 11 à 9, certains sénégalais sous des prétextes fallacieux en rajoutent (fête saint valentin, fête des mères). Ce qui n’est pas sans conséquence sur la productivité et l’économie nationale. Telle est la conviction de l’économiste Demba Moussa Dembélé.
Le porte-parole du Khalif général des Tijanes, Sérigne Abdoul Aziz Al Amine, ne savait si dire en déclarant qu’il y avait trop de fêtes religieuses au Sénégal et que ces dernières coûteraient trop chères à l’Etat.
Cette sortie a été confortée par Demba Moussa Dembélé. L’économiste qui soutient mordicus que même si l’impact négatif pesant dans l’économie nationale n’est pas encore chiffré, force est d’admettre, selon lui que cette désinvolture porte un sacré coup à l’économie nationale. Selon lui, «Aspirer au bien être sans l’effort fourni relève purement de l’utopie».
L’économiste Demba Moussa Dembélé relève par la même occasion, le manque à gagner dans l’économie nationale par rapport à quelques 15 jours déclarés chômés et payés par an au Sénégal. «En réalité, dans ce pays les gens ne travaillent pas, hormis même les jours déclarés chômés et payés. Et c’est au niveau de l’administration que l’on travaille le moins».
Cette dépravation de la notion du travail ne saurait mener à l’émergence tant aspirée. A ce titre, l’économiste déclare: «Les sénégalais n’ont pas encore fini de comprendre que leur autonomie est largement tributaire à leurs efforts de travail. Un pays ne peut se développer si ses fils n’ont pas la notion du travail bien fait. Or, dans ce pays, les gens prétendent avoir plus de foi que les autres. Oubliant même que travailler c’est prier et que c’est par le travail qu’on rende grâce à Dieu. Lui (Dieu, Ndlr), qui le premier a demandé à Adam (ancêtre des hommes) d’aller travailler pour l’adorer», a martelé le spécialiste de l’économie.
Confortant ses propos, il a rappelé la sortie au vitriol du chef de l’Etat Macky Sall réprouvant l’absentéisme en ces mots: «On ne peut pas payer des gens qui ne travaillent pas. Ce n’est pas normal ! Ou alors qu’on défalque ces jours sur leurs congés. Vous avez une fête religieuse, vous partez la veille pour rester encore le lendemain. Trois jours sans travailler, ce n’est pas possible, il faut mettre des compteurs dans les administrations pour que les travailleurs soient pointés», avait dit Macky Sall à l’ouverture de la conférence sociale en avril 2014.
Ainsi, selon ses explications, «pendant les jours fériés, le transport est au ralenti, les stations d’essence encaissent moins, les banques et même le petit commerce très actif devient modéré. Si nous tenons vraiment à l’émergence, il faut qu’on se donne les moyens de notre autonomie financière. Ce, en travaillant convenablement», a-t-il suggéré. Toutefois, il précise que «jusqu’ici, il n’y a pas encore d’études estimatives sur la perte exacte que subit l’économie nationale pendant un jour férié. Tout de même, a priori, la perte peut s’estimer à des centaines de millions», a-t-il soutenu.