641 milliards envoyés
TRANSFERT DES MIGRANTS SENEGALAIS ENTRE 2000 ET 2011

Entre 2000 et 2011, les Sénégalais de la diaspora ont transféré près de 641 milliards. Mais cette mine d’or ne contribue point à la croissance. Elle est utilisée pour les dépenses de consommation des ménages.
Les Sénégalais sont connus pour être de grands voyageurs, mais aussi leur contribution à l’économie sénégalaise est plus que précieuse à travers les envois d’argent qu’ils effectuent notamment chaque année. D’après une étude réalisée par la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (Bceao) intitulée «Enquête sur les envois de fonds des travailleurs migrants dans les pays de l’Uemoa», le montant des fonds reçus des travailleurs migrants a quadruplé entre 2000 et 2011. Les flux recensés sont passés de 323,1 milliards en 2000 à 1.353,0 milliards en 2011. Rapportés au PIB, ces fonds sont évalués à 3,6% en 2011 contre 1,7% dix ans plus tôt.
Dans cette cagnotte, le Sénégal se taille naturellement la part du lion avec 47,4%. Le transfert de fonds par les migrants sénégalais est estimé à quelque 641 milliards de Fcfa. Rapporté au Produit intérieur brut (Pib), cela correspond à 7,3% sur les onze dernières années. Le Sénégal est suivi de loin par le Mali qui capitalise 13,9% et le Togo 11%. «L’importance des émigrés pour ces pays et la densité du réseau bancaire expliquent notamment leurs premières positions dans l’Union», renseigne l’étude. En effet, 86% des envois d’argent hors-Afrique passent par des circuits formels, là où 13% seulement sont transférés par des circuits informels.
Une mine d’or qui ne contribue pas à la croissance
Pour le Sénégal, le continent européen fournit plus des quatre cinquièmes des fonds reçus (82,1%), dont 10,6% empruntent les circuits informels. Il est suivi de l’Afrique avec 9,8% et du continent américain pour une part estimée à environ 6,7% du total global. D’après toujours le rapport, environ 70% des fonds reçus au Sénégal sont destinés à la consommation courante des ménages. La couverture des événements religieux vient en deuxième position avec 8,2% des flux, suivie des acquisitions immobilières (7,6%) et des soutiens scolaires et sanitaires (7,4%).
La dimension religieuse des envois occasionnels de fonds dans ce pays s’explique, en partie, par la prépondérance de ce type de transferts reçus dans la région de Diourbel, avec la forte mobilisation de la communauté mouride, établie dans la diaspora, lors des cérémonies de commémoration. En outre, les événements comme la Tabaski et la Korité sont des moments généralement privilégiés par les migrants, pour participer aux dépenses de la famille. Par ailleurs, les motifs d’épargne et de financement d’investissements sont négligeables.
Dès lors, il apparaît que les transferts d’argent ne contribuent guère au secteur productif. Raison pour laquelle les rédacteurs du rapport indiquent à l’endroit des Etats de l’Union qu’ils doivent concentrer les investissements dans les secteurs productifs afin de soutenir la croissance. Mais aussi, cela peut constituer une opportunité pour une implication accrue de la diaspora dans l’activité économique, le développement, voire un retour et une réinsertion réussie de certains migrants.