Coupe du Roi: le Basque Williams, à toute vitesse

Iñaki Williams arrive lancé: le jeune Basque d'origine ghanéo-libérienne, l'un des attaquants les plus explosifs d'Espagne, a brûlé les étapes, passant en six mois de l'équipe réserve de l'Athletic Bilbao à la finale de Coupe du Roi, samedi face au FC Barcelone.
Auteur d'un sprint mémorable mesuré à 35,7 km/h par le quotidien sportif Marca, Williams, 20 ans, s'est rapidement fait un nom en Liga. Lors de la victoire de l'Athletic contre le Real Madrid (1-0) en mars, sa grande performance, tant offensive que défensive, lui a d'ailleurs ouvert les portes de l'équipe d'Espagne Espoirs (2 sélections).
Et dire qu'en début de saison, le natif de Bilbao évoluait encore en Segunda B, la troisième division espagnole!
Mais la réserve du club basque était sans doute un peu étroite pour son talent: 13 buts en 18 matches à l'automne, avant d'être convoqué pour la première fois en équipe première début décembre.
"On sent le changement entre la Segunda B et le très haut niveau, a-t-il reconnu en mars, sans pour autant se démonter. Je travaille pour marquer des buts. Et si les buts n'arrivent pas, eh bien, avec du travail tout arrive".
A l'évidence, c'est la grande révélation de la saison à l'Athletic, comme l'a reconnu l'entraîneur Ernesto Valverde.
"En peu de temps, Iñaki est devenu un joueur, je ne dirais pas fondamental, parce qu'il y en a d'autres... Mais c'est une immense surprise, a fait valoir le technicien. Il nous apporte beaucoup de profondeur et de travail. Il peut jouer dans l'axe ou bien sur l'aile".
- Symbole à Bilbao -
Né d'un père ghanéen et d'une mère libérienne, ayant grandi à Pampelune, Williams fait aussi figure de symbole dans un club où seul les joueurs nés ou formés au Pays basque peuvent porter le maillot des "Lions".
Une politique désuète qui vise en principe à défendre le football du cru et la formation locale mais qui a parfois valu à l'Athletic d'être accusé de discrimination, jusqu'en 2011, année où le métis Jonas Ramalho a débuté en équipe première.
Le stade San Mames, lui, a rapidement balayé ces soupçons en faisant de Williams l'un de ses favoris, scandant son prénom au fil de titularisations de plus en plus fréquentes.
Avec un premier but en Europa League en février contre le Torino (2-2), puis un autre en Liga il y a quinze jours à Elche (3-2), suivi d'une passe décisive contre Villarreal (4-0), Williams semble aller crescendo avant la finale de Coupe du Roi samedi.
A Bilbao, on le voit déjà comme le successeur de l'incontournable Aritz Aduriz (34 ans), auteur de 26 buts cette saison.
"Cela me flatte et me ravit, a commenté Williams. Mais je suis encore loin d'être la relève d'Aduriz (...) J'ai encore beaucoup de choses à améliorer, comme mon jeu de tête".
Cela tombe bien: Aduriz est considéré comme l'un des meilleurs joueurs d'Espagne dans le jeu aérien et Williams dit "apprendre de lui".
Ensemble, ils espèrent faire vaciller le grand Barça samedi au Camp Nou, histoire d'offrir à l'Athletic Bilbao son premier titre majeur depuis 1984.
C'était il y a une éternité. Mais avec Iñaki Williams, tout va plus vite.