LA SIERRA LEONE LUTTE TOUJOURS CONTRE EBOLA, UN AN APRÈS SON APPARITION

Freetown, 25 mai 2015 (AFP) - Il y a un an exactement, deux femmes, dont l'une était enceinte, étaient admises, très affaiblies, à l'hôpital de Kenema, dans l'est de la Sierra Leone: le virus tropical Ebola avait fait son apparition officielle dans le pays.
12 mois plus tard, la Sierra Leone continue de lutter pour être déclarée "exempte" du virus - comme son voisin, le Liberia, le 9 mai - qui a fait près de 4.000 morts dans le pays.
Mais les derniers rapports de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) ont fait état la semaine dernière d'une hausse du nombre de cas déclarés, tout comme en Guinée où était apparue l'épidémie fin 2013.
Près de 27.000 personnes ont été infectés par Ebola, qui a fait au total 11.120 morts officiellement répertoriés (sans doute beaucoup plus en réalité), principalement dans ces trois pays d'Afrique de l'Ouest (Guinée, Liberia et Sierra Leone).
Les deux femmes diagnostiquées il y un an ont survécu, même si la plus jeune a perdu son bébé. Elles avaient assisté un mois plus tôt aux funérailles de Mendinor, une guérisseuse très respectée des deux côtés de la frontière entre Sierra Leone et Guinée.
La vieille femme, de son vrai nom Finda Nyuma, traitait les malades de fièvre dans son village natal, spécialisé dans le diamant, à quelques heures de marche de Gueckedou, en Guinée, où le virus avait fait son apparition en décembre 2013.
"Elle assurait avoir le pouvoir de guérir Ebola. Les malades venaient de Guinée pour se faire soigner", rappelait en août dernier à l'AFP Mohamed Vandi, le chef des services médicaux de Kenema.
Tombée malade le 28 avril, Mendinor est morte le 30. Deux jours plus tard, son mari et un de ses petit-fils décédaient à leur tour.
- 'Requin moléculaire' -
Un des vecteurs principaux de contagion - les fluides corporels - se révélait particulièrement actif lors des rites funéraires. 14 femmes ont ainsi été infectées aux funérailles de Mendinor, avant de propager de nouvelles chaînes d'infection dans tous les districts montagneux des environs.
Un mois après la mort de Mendinor, 30 cas étaient confirmés dans le district de Kailahun et cinq chaînes d'infection étaient identifiées, jusqu'au district de Port Loko, à l'autre bout du pays.
Véritable "requin moléculaire", comme le décrit la littérature médicale, le virus devait arriver à Kenema le 17 juin, prenant la petite ville totalement au dépourvu. En première ligne, plus de 20 travailleurs de la santé locaux allaient en être victimes.
Et durant l'été, le virus parvenait à la capitale, Freetown, où il allait faire des ravages dans des quartiers surpeuplés aux conditions sanitaires rudimentaires. Au pic de l'épidémie, en septembre et octobre 2014, des centaines de cas étaient rapportés chaque semaine.
Le Liberia, le plus touché des trois pays au pire de la crise, a été déclaré "exempt" d'Ebola le 9 mai par l'OMS. Mais Guinée et Sierra Leone ont connu une rechute.
Selon l'OMS, 35 nouveaux cas ont été enregistrés dans ces deux pays dans la semaine du 11 au 17 mai, contre seulement neuf la semaine précédente. A Freetown, pas question donc de célébrer le premier anniversaire de l'apparition officielle de la maladie.
"Nous sommes concentrés sur nos efforts de sensibilisation de la population, pour expliquer que la maladie frappe encore ici", explique Sidi Yaya Tunis, porte-parole du Centre national de contrôle d'Ebola (NERC).
Selon Ibrahim Sesay, de la section de Freetown du NERC, cinq patients restent en traitement dans tout le pays et 203 personnes sont en quarantaine dans la capitale.