LA SOCIETE CIVILE PRECONISE COMME PREALABLE UN TEC EN AFRIQUE DE L’OUEST
ACCORDS DE PARTENARIAT ECONOMIQUE

Les représentants de la société civile ne sont pas pour le moment convaincus de l’impact positif qu’auront les Accords de partenariat économique (Ape) avec l’union européenne sur les économies des pays ouest-africains. Ils proposent la mise en oeuvre d’un tarif extérieur commun (Tec) plus protecteur des économies.
« Les études qui ont été commanditées par la Cedeao montrent que ces accords ne sont pas profitables pour notre région. Et à l’heure actuelle, nous sommes au début du renforcement de notre intégration régionale. Des politiques sectorielles, comme celle agricole commune, ont été élaborées et sont en phase de mise en oeuvre. En plus, nous avons un sérieux problème de sécurité alimentaire, dû justement à l’incohérence des politiques », a souligné le vice-président du Réseau des organisations paysannes et de producteurs de l'Afrique de l'Ouest (Roppa), Ibrahima Coulibaly. C’était à l’occasion d’une réunion de consultation organisée, vendredi et samedi, à Dakar, par la Cedeao, en partenariat avec Enda Cacid. Pour ce dernier, la région doit d’abord mettre en place un Tarif extérieur commun (Tec) plus protecteur et créer les conditions pour que nos principaux produits de base soit bien protégés. « Pour nous, le Tec est la priorité des priorités. C’est pourquoi nous voulons le mettre en oeuvre afin de protéger nos frontières mais aussi développer la fluidité de nos échanges internes, pour qu’il y ait une dynamique dans l’économie sous-régionale », a soutenu M. Coulibaly. A son avis, il faudra d’abord construire notre économie régionale, le secteur agricole, le secteur des transports, la monnaie commune et la mise en place du Tec avant de parler d’accord de libre-échange.
« L ’Europe veut que nous lui donnions tout l’avantage préférentiel que nous donnerions à un partenaire des pays du Sud comme la Chine, l’Inde, le Brésil et autres, mais cela serait en contradiction avec notre volonté de diversifier nos partenaires commerciaux », a souligné le directeur exécutif du centre africain pour le commerce international et le développement (Enda Cacid), Cheikh Tidiane Dièye. « Nous devons laisser nos économies évoluer et aller dans la direction qui est la plus utile pour elle », at- il ajouté.
Se ressaisir pour pouvoir profiter des Ape
Le commissaire en charge du Commerce, des douanes et de la libre circulation au sein de la Cedeao, Ahmed Hamid, a noté que l’organisation a déjà exprimé sa position lors de la Conférence extraordinaire des chefs d’Etat tenue à Dakar en octobre dernier. « Nous avions exprimé notre position par rapport à l’offre d’accès au marché. Nous avions dit que nous ne pouvons pas aller au-delà de 75 %. Auparavant, nous étions à 70 % et nous avons évolué de cinq points pour décrisper les négociations. Nous attendons que notre partenaire observe une certaine flexibilité pour qu’on puisse trouver un point de rencontre », a-t-il souligné.
Les Ape peuvent bien profiter à la sous-région à condition que les pays membres de la Cedeao saisissent leur chance. « Si nous ne faisons rien d’exceptionnel, s’il n’y a pas de nouvelles impulsions économiques, s’il n’y a pas de nouvelles réformes économiques profondes, si nous ne nous ressaisissons pas et continuons à dormir comme on l’a fait par le passé, ce sera la catastrophe pour nous. Mais si nous nous révoltons économiquement, nous allons y arriver et cela va être positif pour nous », a-t-il soutenu.