VIDEOLE PÉROU, CE PETIT BRÉSIL OUBLIÉ

Le Pérou, c’est 28 millions d’habitants et 10 % d’Afro-descendants. Ce pays est absent du Mondial-2014. Mais, à l’instar de l’Uruguay et du Brésil, il était présent à la première Coupe du monde de 1930. Ses participations ont ensuite été rares. Il fallut attendre 1970 pour assister à son retour, puis 1978, avant une dernière participation qui date de 1982.
Ces longues absences ont empêché le reste du monde de bien apprécier les talents noirs qui ont émergé dans ce pays. En particulier Théophilo Cubillas, un footballeur de dimension mondiale, qui a brillé au temps des Pelé et compagnie. Au Mondial de 1970, les Péruviens sont allés jusqu’en quarts de finale, avec sur leur banc l’Afro-Brésilien Didi, stratège du milieu de terrain du Brésil des années 1958 et 1962. A l’époque, le Pérou était un petit Brésil.
Pour se qualifier au Mondial-1970, il n’y avait pas que les Cubillas et Gallardo. Ces Négro-Péruviens avaient à leurs côtés les Indiens Sotil et Chumpitaz. Pour aller au Mexique, ils avaient éliminé l’Argentine. Leur équipe était pleine de talent et de caractère. Un de leurs matches les plus accomplis, ils l’avaient livré contre la Bulgarie. Mené par 2-0, ils étaient revenus au score grâce à Cubillas. C’est là que le monde entier découvrit ce dernier.
Il fallut le talent des Brésiliens pour faire tomber ce Pérou en quarts de finale (4-2) avec les Pelé, Tostao, Paulo César, etc.
Cubillas, après ce Mondial, se retrouve en Suisse, au Football club de Bale, qui était la grande équipe de la fin des années 1960. Victime d’un ostracisme à son arrivée, il passa la plupart du temps sur le banc. Sa revanche, il l’a prise lors d’un match amical à Barcelone, entre la sélection d’Europe et la sélection d’Amérique du Sud. Dans le 4-4 qui a sanctionné ce match, c’est lui et Sotil qui avaient marqué tous les buts de la sélection sud-américaine. Mieux, c’est lui qu’on élit Meilleur joueur d’Amérique du Sud en 1972 et le Pérou remporta la Copa America en 1975 grâce à lui.
L’un de ses derniers exploits célébrés à travers le monde eut lieu au Mondial-1978, lors la victoire contre l’Ecosse. Le coup franc qu’il marqua de loin figure dans la collection des «plus beaux buts de la Coupe du monde». C’est au deuxième tour que les Péruviens s’étaient fait éliminer, dans une poule qu’ils partageaient avec le Brésil et l’Argentine en 1978.
A part le football, la reconnaissance a été tardive pour les Afro-Péruviens. C’est à partir de 2009 qu’on leur a demandé pardon pour l’esclavage et tant d’autres misères. Mais leur lutte remonte loin. Il est aussi important de signaler que le Pérou a donné à l’Amérique latine un grand peintre du nom de José Gil de Castro, né en 1785 et mort en 1850. Chef de guerre pour l’indépendance de son pays, il a aussi lutté aux côtés de Simon Bolivar. Le premier président libérateur du Chili, Bernardo O’Higgins, l’a décoré et il est considéré comme le père du portrait en Amérique latine.
Oumar DIOUME
Ingénieur, chercheur sur l’histoire de Noirs