Le suspense sur la liberté d’Aïdara Sylla maintenu jusqu’au 25 juin
RECOURS POUR ANNULATION DE LA PROCEDURE

Alioune Aïdara Sylla peut croiser les doigts et prier. La Chambre d’accusation a statué hier sur la requête aux fins d’annulation de la procédure, introduite par ses conseils. Ces derniers ont attaqué avec virulence le procédé par lequel les agents de la Dic ont interpellé leur client, tout comme ils se sont attaqués à la manière par laquelle le Parquet sous Ousmane Diagne a géré le dossier. La douane également en a eu pour son grade, considérée comme une intruse. La juridiction du second degré rendra son verdict le 25 juin prochain.
Le 25 juin prochain, c’est la date retenue par la chambre d’accusation pour rendre sa décision sur la requête aux fins d’annulation de la procédure, introduite par les conseils d’Alioune Aïdara Sylla. La juridiction du second degré s’est penchée hier sur le dossier. Et lors de la première audience, le Parquet général s’est opposé à la requête des conseils de l’ancien député libéral. C’est la même posture qu’a adoptée, du reste, la douane qui s’est invitée à la partie.
En effet, les gabelous qui poursuivent le président du Conseil rural de Thilmakha pour infraction sur la législation douanière se sont immiscés aux débats le jour même où la chambre d’accusation devait rendre son verdict. La douane avait demandé la réouverture du dossier, au motif qu’elle avait des documents à produire. Les conseils de l’émissaire de Abdoulaye Wade s’en étaient offusqués, estimant que les gabelous cherchent juste à corser le dossier, ou alors à apporter un soutien aux avocats de l’Etat.
Hier, si l’on en croit une source proche du Pcr de Thilmakha, la douane a brandi un document portant organisation du service du bureau contentieux pour s’adjuger le droit à la parole, histoire également de consolider le délit douanier pour lequel elle poursuit l’ancien député libéral. Cependant, les conseils d’Alioune Aïdara Sylla ont dégagé en touche, soutenant que ce document n’avait aucune valeur, puisque la loi parle d’arrêté émanant du ministre du Budget pour désigner les agents habilités à poursuivre. Mieux, pour les avocats du Pcr de Thilmakha, la douane parle d’importation de marchandise, alors qu’il n’y a aucune marchandise, mais seulement deux chèques qui n’ont aucune valeur, en fin de compte. Ce, pour deux raisons.
Les chèques sont libellés en dirham
En effet, à en croire notre source, les chèques sont libellés en dirham, pour le compte de la société Al Fattah sise aux Emirats. Mieux, les chèques ne pouvaient pas être encaissés puisqu’il y avait une erreur sur le nom du bénéficiaire, c’est à dire de la société. En somme, pour ce proche d’Alioune Aïdara Sylla, ce dernier n’a pas sa place à la prison puisqu’il n’a été que l’émissaire de l’ancien président de la République qui a toujours revendiqué la propriété des chèques.
La procédure initiée par les conseils de l’ancien député libéral, faut-il le rappeler, porte sur la violation des droits de la personne et de ceux de la propriété. Le procédé par lequel, le Pcr de Thilmakha a été arrêté par les éléments de la Division des investigations criminelles (Dic) est en violation, selon eux, des règles prévues par les textes. Idem pour le droit de la propriété. Car, pour les avocats d’Alioune Aïdara Sylla, les enquêteurs ont fouillé dans les biens du Pcr de Thilmakha pour y trouver un terrain sis sur la corniche, qu’il aurait illégalement acquis. Or, il y a une décision de la commission domaniale qui lui a attribué le terrain, ainsi qu’une lettre du ministre du Budget qui demande aux services des domaines de procéder à la mutation au nom d’Aïdara Sylla.
Deux réquisitoires pour une même procédure
Par ailleurs, les conseils du Pcr de Thilamkha ont attaqué également le Parquet sous le règne de Ousmane Diagne, qui a fait un premier réquisitoire par lequel il vise les délits d’escroquerie portant sur les deniers publics, le détournement de deniers publics ainsi que le blanchiment de capitaux. Le Parquet a fait un deuxième réquisitoire pour greffer le délit douanier après avoir fait extraire Aïdara Sylla de sa cellule. Pour les conseils de ce dernier, c’est une violation du secret de l’instruction et une violation du principe de saisine irrévocable du juge d’instruction. Autant de raisons pour demander l’annulation de la procédure.