LES FEMMES FONT RENAÎTRE LA VALLÉE DU DIOBASS
RESTAURATION DES SOLS

A l’instar de la communauté internationale qui a fêté, mercredi dernier, la journée internationale de la femme rurale, 11 organisations non gouvernementales réunies autour d’une plateforme dénommée Synergie Diobass ont montré l’engagement des femmes de cette contrée dans les actions visant la revitalisation de la vallée du Diobass.
Dans cette zone écologique qui s’étend dans l’arrondissement de Notto composé des communes de Tassette et de Notto, des résultats visibles sont en train d’être enregistrés dans la restauration des sols et la prise en charge communautaire effective dans divers domaines déterminants dans l’amélioration des conditions d’existence des familles. Dans cette quête d’une vie meilleure, les femmes sont à la pointe du combat.
Avec le retour des pluies succédant au déboisement durant les longues années de sécheresse qui a déréglé tout le système de sécurité alimentaire de la zone, l’espoir renaît petit à petit.
Pour renforcer cette nouvelle dynamique, une synergie d’actions entre les partenaires privés, publics et communautaires, réunis dans un comité local d’orientation et de suivi- évaluation, est en train de porter ses fruits au grand bonheur des populations. Dans ce paquet d’intervenants, l’expérience du village de Pout Diack dans la commune de Notto sur la restauration des sols mérite l’attention.
Selon la dame Ndèye Pouye, la vitesse avec laquelle les eaux de ruissellement venant du plateau de Thiès traversaient leur village était telle qu’elles détruisaient tout le couvert végétal des champs touchés par ce phénomène. « A la place des aires cultivables fertiles héritées des anciens, il ne restait qu’un vaste trou lessivé et sans couvert végétal », rappelle-t-elle.
Engagement des femmes
A cela s’ajoute une baisse considérable de la nappe phréatique ayant entraîné le tarissement de l’essentiel des puits qui contribuaient non seulement à l’approvisionnement en eau des hommes et du bétail, mais surtout au développement des productions maraîchères pendant toute la saison sèche.
Vivant dans ce contexte économique difficile, les populations de Pout Diack et surtout les femmes ont été convaincues par l’Adt/Gert, une structure qui travaille dans la restauration des sols et leur gestion durable. Etant un élément de Synergie Diobass, elle s’est appuyée sur l’engagement des femmes pour s’attaquer au problème du ravinement.
Ainsi, sur environ 1 km, des diguettes en cordon pierreux en latérite renforcées par endroit par des haies vives d’euphorbe ont permis de casser considérablement la vitesse des eaux de ruissellement tout en favorisant l’infiltration d’une partie de ces eaux pluviales.
Dix ans après ces actions qui ont mobilise les hommes du village dans le concassage des blocs de pierres et beaucoup de femmes dans le transport et la mise en place sous forme de cordon, la végétation revient progressivement au grand bonheur des éleveurs et la terre arable des champs lessivés et abandonnés est en train de se reconstruire. « Vous voyez ces champs à l’Est du village reprennent du service peu à peu », indique-t-elle.
Et Nakhass Ngom, un leader communautaire de Pout Diack d’ajouter que « des puits asséchés sont en train de reprendre du service parce que nous avons senti une remontée réelle de la nappe phréatique ». C’est pourquoi il affirme que ce projet de restauration des sols est salutaire pour eux.
Agriculture biologique
A Tatène Sérère, un autre village visité, l’agriculture biologique est en train de changer la vie des 42 femmes membres du groupement d’intérêt économique et leurs fa- milles respectives. Dans leur potager d’environ 400 m2, après six mois d’activités sous l’encadrement d’une technicienne agricole de l’Ong Agrécol Afrique, de l’oignon, des aubergines, de la tomate, du poivron, du piment et des laitues ont été produits en quantité.
« Durant le mois de Ramadan passé, nous avons fait plaisir à nos familles avec les laitues, la tomate fraîche », souligne Fatou Diouf. Pour ces femmes de Tatène Sérère, le plus important est de pouvoir améliorer d’abord le bol alimentaire familial et ensuite pouvoir revendre le surplus dans le marché. « Aujourd’hui, nous avons 50.000 FCfa gardés dans la caisse du Gie, fruit de la vente du surplus de nos productions », ajoute la présidente.
Ne disposant que d’un puits qui fait une trentaine de mètres de profondeur, ces femmes font remonter l’eau à la force de leurs bras. Un travail lent et pénible qui ne leur permet pas de travailler sur une plus grande surface si, toutefois, les autorités locales décident de leur octroyer un espace plus vaste. En attendant, elles sollicitent tout partenaire à même de les doter d’une pompe pour faire remonter l’eau du puits.
Outre ces activités, les populations du village de Pout Ndoff et environs, dans la commune de Tassette, s’activent dans l’apiculture. Et pour coordonner toutes ces activités, des comités inter-villageois de développement contribuent à mettre de l’ordre.
Des mutuelles de santé portées par le groupe de recherches d’activités et d’initiatives mutualistes, d’épargne et de crédit, des coopératives, accompagnent les populations de la vallée du Diobass dans la lutte contre la pauvreté.
D’ailleurs, le lancement de la construction de 4 digues dans la vallée du Diobass, dans le cadre du projet de l’Etat du Sénégal Barvafor avec l’appui technique de la coopération belge, rentre dans la même dynamique de revitaliser la vallée du Diobass, un élément clef dans le réseau hydrographique national.