LES HABITANTS D’ARAFAT MANIFESTENT LEUR COLERE DEVANT LA POLICE A DIEUPPEUL ET A GRAND-YOFF…
SUITE A LA MORT DE MATAR NDIAYE QUI A RECU UNE BALLE TIREE PAR UN POLICIER

Une descente de la police a viré au drame, avant-hier soir, à Grand-Yoff. En effet, un policier a ouvert le feu, atteignant d’une balle un jeune homme de 23 ans, Matar Ndiaye dit Ndiaga, qui a rendu l’âme, hier, en début d’après-midi à l’hôpital. Ce qui a occasionné une réaction des populations du quartier Arafat où habite la victime. Elles ont, en effet, assiégé le poste de police de Grand-Yoff et assailli le commissariat de Dieuppeul pour réclamer justice.
La fin de journée a été très rude, hier, à Grand-Yoff, ainsi qu’à Dieuppeul. Et pour cause, les populations du quartier Arafat de Grand-Yoff, principalement les jeunes, ont pris d’assaut le poste de police de Grand-Yoff à coups de pierre, obligeant les forces de l’ordre à riposter à coups de grenade lacrymogène. Et c’est le même spectacle qui s’est reproduit au même moment à quelques encablures de là, au commissariat de Dieuppeul, également assailli par un groupe de manifestants venant de Grand-Yoff. Et là aussi, c’est un violent affrontement qui s’en est suivi entre jeunes armés de pierres et policiers usant de grenades lacrymogènes.
Jets de pierres contre grenades lacrymogènes
En fait, la police avait mobilisé des renforts dans les deux sites pour faire face à la foule, après qu’il a été constaté le décès d’un jeune du nom de Matar Ndiaye, dit Ndiaga. Un jeune homme atteint par une balle tirée par un policier, jeudi soir, aux environs de 22 heures, à Arafat Grand-Yoff, lors d’une opération de sécurisation de la police de Dieuppeul. L’annonce de la mort de Ndiaga Ndiaye au service des urgences de l’hôpital général de Grand-Yoff, où il avait été admis, s’est, en effet, répandue comme une traînée de poudre et les jeunes du quartier ont aussitôt dénoncé la bavure policière et crié vengeance.
Criant au meurtre, les jeunes qui qualifiaient les policiers de «criminels», ont voulu se faire justice eux-mêmes. Selon eux, il ne fait aucun doute que Ndiaga a été froidement tué par les policiers. «Je suis vraiment en colère contre la police. Car, en dehors d’avoir tiré une balle avec son pistolet sur Ndiaga, qui a perdu la vie, les policiers ont maltraité mon grand frère et l’ont traîné derrière les barreaux alors qu’on était-la pour leur rendre compte de la situation finale. Franchement, c’est tout à fait anormal et c’est du n’importe quoi. Mais on ne se laissera pas faire», clame un jeune manifestant trouvé devant la police de Dieuppeul.
Un policier aurait tenté «d’acheter le silence» des jeunes
Un autre jeune du nom de Souleymane Kaba de dire : «Ça va leur coûter cher. Ils vont payer pour ce crime. Qu’ils sachent qu’on va suivre cette affaire jusqu’au bout». Et Kaba d’ajouter que «tout le quartier de Arafat est mobilisé pour dire son mécontentement face à cette situation. Parce que c’est inadmissible que dans ce pays un policier puisse dégainer son arme à 22 heures, alors qu’il ne fait même pas tard, pour tirer sur un jeune homme de 23 ans à peine qui est l’unique soutien de ses frères et sœurs depuis le décès de leur mère et le tuer de la sorte. Et c’est ce que ce policier à fait. Il s’est même permis, après l’avoir atteint par balle, de venir proposer de l’argent pour qu’on puisse le prendre en charge pour les soins. Ce n’est pas acceptable. On réclame justice. On veut l’arrestation immédiatement et le jugement de ce policier criminel pour ce meurtre gratuit. Parce que Ndiaga n’a rien fait pour mériter de mourir ainsi».
Pour les jeunes qui ont assailli la police de Dieuppeul, leur action se justifie par le fait que celle-ci n’avait rien à faire à Grand-Yoff. «C’est anormal que les policiers de Dieuppeul fassent cette descente au niveau de notre secteur. Ça incombe plutôt à la police de Grand-Yoff de faire ce genre d’opération à Arafat. On ne comprend pas du tout pourquoi ils étaient là. Le pire, c’est que le policier qui a tiré sur Ndiaga est venu au niveau même de l’hôpital pour nous remettre une somme d’argent pour nous corrompre. Vraiment, c’est la honte. Ce n’est pas l’argent qui va nous faire reculer. On va porter plainte et on ira saisir le Procureur afin qu’il applique la loi contre cet agent de police», ajoute Pape Pouye.