LES NOUVEAUX HABITS DE DAK’ART
BIENNALE DE L’ART AFRICAIN CONTEMPORAIN

C’est parti pour un mois d’expositions et de rencontres. Du 9 mai au 9 juin. Les «In» et «Off» de la 11e Biennale de l’art africain contemporain (Dak’art) rythment la vie artistique sénégalaise.
L’exposition internationale, c’est le must de la Biennale. Soixante deux artistes africains et de la diaspora, choisis par trois commissaires, y exposent. Le site se trouve cette année dans la zone industrielle. Ce sont d’anciens entrepôts de la société d’abattage, la Séras, qui appartiennent aujourd’hui à la chaîne privée 2S.
Le lieu a été magnifiquement relooké par le scénographe Khalifa Ababacar Dieng. Le visiteur en a plein la vue. Difficile de trouver une ligne directrice dans cette mosaïque éclectique qui concentre toutes les expressions et les tendances de l’art africain contemporain : les performances, les installations, la vidéo, le dessin, la céramique, la peinture… et même la danse !
La tunisienne Roussi Faten présente sans doute l’une des œuvres les plus curieuses de ce 11ème Dak’art. Née en 1967, diplômée en architecture, elle campe Le fantôme de la liberté ou Malla Ghassra, en arabe. C’est une installation saisissante, constituée d’assemblages de 17 chaises de toilettes en céramique avec du papier hygiénique et des micros. Faten Rouissi dénonce ainsi la confiscation de la révolution tunisienne.
Pour le Grand Prix du Dak’art, le jury a flashé sur les œuvres de l’Algérien Driss Oudahi et du Nigerian Olu Amoda. Ils sont co-lauréats, ex-æquo, du prix Léopold Sédar Senghor. Les travaux de Driss Ouadahi sont des compositions abstraites dont la densité évoque l’architecture des périphéries des grandes métropoles. Les vibrations de la lumière et la composition des couleurs rompent la rigidité et la monotonie des constructions.
Olu Amoda, lui, est un sculpteur nigérian, muraliste, concepteur de meubles et artiste multimédia. Son travail utilise des matériaux récupérés et du métal. Son œuvre est emblématique et exprime le meilleur de la sensibilité africaine moderne.
Un Sénégalais remarqué dans le «In» : c’est le peintre et sculpteur, Amary Sobel Diop. A 43 ans, il est lauréat du Prix «Oumar Ndao» décerné par Vive Voix. L’œuvre, Apologie pour la paix, présentée à cette onzième Biennale (Dak’art 2014) est une série de portraits de personnalités féminines charismatiques, comme Ellen Johnson Sirleaf, présidente du Libéria, la résistante sénégalaise anti-coloniale Aline Sitoe Diatta ou Rigoberta Menchu, prix Nobel de la paix en 1992,… Le matériau de Sobel est un assemblage de tôles d’alu recyclées sur des tubes de déodorants, fils de cuivre.
Le musée Théodore Monod, à l’Ifan, est l’autre point focal de ce «In». Il abrite dans le jardin le salon de la sculpture africaine. Les œuvres exposées dans ce salon sont le résultat du Symposium sur la sculpture africaine, organisé en 2013 à Dakar. Il regroupe des sculpteurs sénégalais et d’autres en provenance du Ghana, du Bénin, de la Côte d’Ivoire, du Mali et du Burkina Faso.
A l’intérieur du musée est installée l’expo, intitulée «Diversité culturelle», qui accueille 33 artistes de différentes nationalités. Le créateur sénégalais, Mbaye Babacar Diouf, né en 83, y présente deux œuvres en peintures : Méditation sur l’humanité et Signes et symboles. Dans sa peinture, Diouf essaie de capter un langage pour déchiffrer les formes produites par les civilisations et «rappeler notre responsabilité individuelle face à l’humanité».
Palmarès du Dak’art 2014
- - Grand prix Léopold Sédar Senghor : Driss Ouadahi (Algérie) et Olu Amoda (Nigeria)
- - Prix ministre de la Culture : Justine Gaga (Cameroun)
- - Prix OIF : Sidy Diallo (Sénégal)
- - Prix ville de Dakar : Faten Rouissi (Tunisie)
- - Prix Fondation Blancher : Milumbe Haimbe (Zambie)
- - Prix Omar Ndao : Amary Sobel Diop (Sénégal)
- - Prix UEMOA : Djibril André Diop (Sénégal)
- - Prix ministre de la Culture : Justine Gaga (Cameroun)