Long et peu cher
EMPRUNT OBLIGATAIRE DE 50 MILLIARDS

5 millions de titres de créances, c’est ce que l’Etat du Sénégal met sur le marché financier régional pour récolter 50 milliards de FCfa remboursables sur 10 ans et rémunérés (taux d’intérêt) à 6,5% l’an. Une opération qui est en droite ligne de la dynamique gouvernementale de re-profilage de la dette publique jusque-là malmenée par une utilisation abusive des emprunts à court terme et à des taux élevés.
Au moment où Amadou Kane, Ministre de l’Economie et des finances lançait officiellement, hier vendredi à Dakar, l’Emprunt obligataire par appel public à l’épargne de 50 milliards de FCfa Etat du Sénégal 6,5% 2013-2023, le Comité de stabilité financière dans l’Uemoa (CSF-UEMOA) venait, quelques heures plus tôt, au terme de sa sixième réunion ordinaire, de noter la « poursuite du redressement de la situation du marché financier régional ». C’est dire le contexte favorable dans lequel intervient cet emprunt obligataire, cinquième du genre depuis 2005, à la différence que celui-ci s’inscrit dans une dynamique de re-profilage de la dette publique.
Une situation macroéconomique caractérisée par un taux de croissance en progression et qui est passé de 2,3% en 2011 à 3,5% en 2012 et projeté à 4% en 2013 ; un déficit budgétaire qui était de 6,4% en 2011 et qui a été ramené à 5,8% en 2012 avec une projection à 5,3% en 2014 ; un taux d’inflation qui avait crevé le plafond communautaire à 3,4% en 2011 et qui a été contenu cette année à un niveau en deçà de la norme communautaire ; et une dette publique « soutenable » avec un ratio de 42,9% en 2012 (contre une norme communautaire de 70%) et qui est attendu à 41,9% en 2013. Cerise sur le gâteau, la signature du Sénégal vient de bénéficier d’une note B1 et B+ de la part respectivement des agences de notation Moody’s et Standard and poors.
Sous ce rapport et à la faveur de la défiscalisation des revenus à percevoir par les souscripteurs dans cette opération, l’Etat devrait connaitre voire dépasser le succès enregistré le 8 novembre dernier lorsqu’il recherchait 50 milliards de FCfa sur le même marché financer et qu’il se retrouvait avec un montant souscrit de 88,103 milliards FCfa soi un taux de couverture de 175%. Onze pays avaient souscrit à l'opération avec des montants variés, mais le Sénégal état venu en tête avec 47,532 milliards FCfa.
Pour la présente opération qui est partie intégrante au titre de l’année 2013, du Programme d’émission de titres de créances de l’Etat portant sur un montant global de 232 milliards de FCfa, celui-ci compte financer avec les ressources collectées, des projets à fort taux de rentabilité économique, entre autres priorités, des investissements dans le cadre de la phase d’urgence du programme décennal de lutte contre les inondations ainsi que les infrastructures et l’énergie.
En lançant officiellement hier l’emprunt obligataire, le ministre de l’Economie Amadou Kane a voulu la cérémonie « populaire » afin que la souscription se fasse de façon « populaire et massive ». Aussi, a-t-il invité les membres du consortium arrangeurs et chef de file du placement à savoir IMPAXIS, BICI BOURSE ET ACTIBOURSE, « à engager favorablement toutes les mesures de gestion propres à inciter fortement les éventuels investisseurs et souscripteurs à s’intéresser à cette opération. » Concrètement, il s’agit, selon le ministre, d’exhorter les arrangeurs et autres syndicats de placements, à minimiser les frais d’ouverture de comptes-titres notamment. Ce d’autant plus que les mesures prises récemment par la Banque centrale à travers la baisse de ses taux directeurs vont dans ce sens, a rappelé le ministre.
IMPAXIS SECURITIES, BICI BOURSE et ACTIBOURSE
L’arrangement et le placement de l’Emprunt obligataire 2013/2023 ont été confiés, cette fois-ci, au Consortium chef de file formé par les Sociétés de gestion et d’intermédiation (Sgi) IMPAXIS SECURITIES, BICI BOURSE et ACTIBOURSE. Quand on sait que les dernières opérations du genre en date ont, jusque-là, toujours été arrangées et placées par un Consortium dont CGF BOURSES était chef de file, l’absence de celle-ci apparaît quelque peu curieuse. En poussant un peu plus loin la réflexion, nous avons pu apprendre d’une source proche du dossier que la sélection a été faite sur la base d’un processus « transparent » qui a mis en jeu CGF BOURSES, le Consortium qui a été retenu et même CITY BANK.
Les éléments déterminants de la sélection, eu égard à l’évaluation des offres techniques et financières, sont relatifs entre autres à la stratégie d’endettement public, des conditions financières et des objectifs poursuivis en termes de maturité. Il se trouve que la maturité de 10 ans proposée par le Consortium adjudicataire a été le mieux disant tandis que les autres proposaient une maturité de 7 à 8 ans. Idem pour le taux de rémunération pour lequel le Consortium IMPAXIS SECURITIES, BICI BOURSE et ACTIBOURSE a raflé la mise en proposant 6,5% contre 6,7 voire plus pour les autres. Quand on sait que les taux de 6,7 correspondent à une maturité plus courte… Il convient de souligner que les obligations souvent émises par les Etats ou de grandes entreprises comportent des risques de défaillances beaucoup moins élevés que les petites entreprises. Cependant, le rendement (intérêt acquis) y est le plus souvent inférieur aux actions du fait, justement, que le risque est moindre.
Toujours est-il que la première émission obligataire 2005-2010 de 45 milliards de FCfa a été entièrement remboursée, de même que la deuxième (2007-2012) de 51,2 milliards de FCfa tandis que celle de 2010-2015 (76 milliards de FCfa) a aussi également été remboursée. En revanche, pour celle de 2012-2019, l’encours est toujours de 88,1 milliards de FCfa avec un remboursement en cours du principal.