VIDEOMÉDECINS SANS FRONTIÈRES EN PREMIÈRE LIGNE CONTRE EBOLA

Paris, 18 sept 2014 (AFP) - Médecins sans frontières, dont une volontaire française a été contaminée par le virus Ebola, est en première ligne dans la lutte contre l'épidémie en Afrique, grâce à son expertise unique, même si les moyens manquent face à une crise de plus en plus aiguë.
"Nous sommes actuellement sur la ligne de front", a constaté jeudi Bertrand Draguez, directeur médical chez MSF France, lors d'une conférence de presse à Paris. "Le volume de moyens que MSF a mis en place depuis le début de l'épidémie en mars est sans précédent", a-t-il ajouté.
Plus de 2.000 collaborateurs de l'ONG française sont actuellement à l'oeuvre dans la région, dont environ 200 volontaires internationaux. Cette présence massive est saluée par de nombreuses sources humanitaires de la région, qui louent l'expertise unique de MSF sur Ebola, tant sur le plan médical que sur le savoir-faire logistique.
"MSF remplit une tâche remarquable", a salué jeudi devant la presse le président François Hollande, assurant que la volontaire de l'ONG touchée par la maladie serait "soignée dans les meilleures conditions". Elle sera traitée à l'hôpital militaire Bégin à Saint-Mandé (Val-de-Marne).
Cela fait plus de 30 ans que l'ONG livre bataille contre le virus, apparu pour la première fois chez l'homme en 1976 au Zaïre, aujourd'hui République démocratique du Congo. "Malgré tout, c'est une maladie que l'on ne connaît pas bien. Les besoins sont immenses", rappelle Bertrand Draguez.
L'organisation a déployé six centres de traitement dans les trois pays les plus touchés par Ebola (Liberia, Sierra Leone, Guinée). Sur ces zones, "nous avons une capacité de plus de 500 lits", dit Brice de le Vingne, directeur des opérations de l'ONG.
Malgré cet important dispositif, les moyens manquent face à une crise de plus en plus aiguë. Souvent, les patients qui affluent vers les centres de traitement trouvent porte close. MSF veut à tout prix éviter que son personnel soit débordé afin d'assurer le strict respect des protocoles de soins. "Il y a un risque d'amplification de l'épidémie au sein même des centres si tout n'est pas en place", explique M. de le Vingne.
Comme lutter 'contre un feu de forêt avec des pistolets à eau'
La mission de l'ONG ne s'arrête pas aux soins. "A Monrovia, nous sommes en train de mettre en place un crématorium. En plus d'isoler les cas, on doit aussi gérer les corps", a relevé Brice de le Vingne.
Sur les 4.985 cas d'Ebola recensés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) jusqu'ici, plus d'un tiers ont été pris en charge par MSF. "70% en sont morts", selon M. de le Vingne. Par ailleurs, l'ONG est touchée au sein même de ses équipes. Outre la coopérante française, MSF a enregistré neuf cas parmi son personnel local, dont quatre ont succombé.
Très exposé, le personnel médical se sent démuni face à l'ampleur de la crise. "Nous ne sommes pas assez nombreux. C'est comme si nous luttions contre un feu de forêt avec des pistolets à eau", a déclaré une volontaire MSF en poste en Sierra Leone, dans un témoignage publié début septembre sur le site de l'ONG.
Dans ce combat, MSF déplore l'absence d'engagement des gouvernements européens, jugés "trop frileux".
"Cela fait des semaines que MSF demande à l'Union européenne de mettre en place des moyens d'évacuation conséquents et efficaces et pour l'instant c'est trop long", a dénoncé le directeur des opérations.
Ainsi, faute d'un avion médicalisé à disposition dans la région, la volontaire française n'avait toujours pas été évacuée jeudi midi de Monrovia, devant attendre le secours d'un appareil en provenance des Etats-Unis.
"Quand on discute de la situation avec les différents acteurs, les différents gouvernements, personne ne nous dit +MSF, vous exagérez!+. Mais dès qu'on parle déploiements, peu de choses concrètes sont faites. C'est assez choquant", a estimé Brice de le Vingne.
Si MSF assure "ne pas en vouloir au gouvernement français", Bertrand Draguez s'attend à ce que les autorités françaises "apprennent" de cet épisode, "pour agir plus vite" la prochaine fois.