TOUS POUR UN
Les maires des communes de Dakar solidaires d'Alioune Ndoye de Dakar-Plateau, convoqué ce mercredi par la Sûreté urbaine

Les maires de Dakar se mobilisent pour aller ensemble répondre à la convocation du maire de Dakar-Plateau, Alioune Ndoye, par la Sureté urbaine (Su), demain, à 15h 30. En marge d’un «ndogu», ils ont prévenu que les intimidations et les manoeuvres ne passeront pas et que personne ne pourrait les dévier de leur trajectoire, c’està- dire améliorer le quotidien des populations.
À ce rythme, les maires de Dakar n’auront pas le temps de travailler. Après l’accalmie sur ce qui convient d’appeler le contentieux entre Barthélémy Dias et les régies publicitaires qui avait occasionné l’interpellation de 6 personnes, c’est au tour du maire de Dakar Plateau d’être convoqué par la police. En effet, Selon le maire de Dieuppeul Derklé, Cheikh Guèye, qui a porté la parole de ses collègues de Dakar, Alioune Ndoye est convoqué par la Sureté urbaine (Su), mercredi prochain, à 15h 30. Ce qui est inacceptable selon lui, même si pour le moment ils ignorent le motif de la convocation. «En tant que démembrement de l’État, nous avons essayé chaque fois que de besoin de travailler en relation avec l’administration. Nous ne pouvons pas comprendre dans l’exercice de notre fonction qu’on soit chaque fois interpellé ou convoqué. Cela nous semble inacceptable dans un pays de droit. C’est pourquoi, nous lançons un appel à l’opinion nationale et internationale. Cette fois-ci, nous allons ensemble répondre à la convocation. Cela ne passera pas», peste Cheikh Guèye. Qui rappelle qu’ils ont été investis par les populations pour contribuer à assurer leur bien-être. Il met ainsi en garde ceux qui seront derrière cette convocation. «Rien ne pourra nous dévier de cette trajectoire. Il faut que force reste à la loi. Et la loi, c’est qu’on accorde une considération aux maires, qu’on les accompagne pour leur permettre d’exercer de la façon la plus républicaine leur fonction de maire. Nous ne connaissons pas la raison, mais peu importe les raisons, nous considérons que c’est inélégant et inacceptable. Et nous soupçonnons des intimidations et des manoeuvres, mais cela ne passera pas», menace le maire de Dieuppeul/Derklé.
Soupçonnant que la convocation de Alioune Ndoye soit liée au déguerpissement des marchands ambulants, il précise : «on ne convoque pas un maire comme un voleur de poulet. La police est partie prenante de l’administration et nous autres maires nous sommes des démembrements de l’État. À ce titre, il y a un minimum de respect, d’élégance et de courtoisie surtout que nous travaillons ensemble pour le bien-être des populations. C’est parce que nous sommes des Républicains que nous irons répondre à la convocation, mais cela ne changera en rien notre volonté de servir les populations ».
L’édile de Dieuppeul se demande à qui le prochain tour après Barthélémy Dias et Alioune Ndoye ? «On joue à quoi ? C’est quoi cette théâtralisation ? Qu’on arrête. Nous sommes élus pour travailler et qu’on nous laisse travailler à défaut de nous accompagner», fulmine encore Cheikh Guèye. Il prévient qu’ils ne feront pas moins de ce qu’ils avaient l’habitude de faire en ce qui concerne le désencombrement de la voie publique. «La loi donne cette mission au maire et nous ne pouvons pas accepter l’encombrement de la voie publique. Dans un pays qui se respecte, le désencombrement doit être une affaire de tous. Je rappelle chaque fois que nous ferons des opérations de désencombrement de la voie publique, nous saisirons les autorités compétentes en la matière. Et à défaut de leur accompagnement nous prendrons toutes nos responsabilités parce que nous voulons donner une belle image de la capitale, changer le visage de Dakar et rien ne nous empêchera de le faire», dit-il en présence de ses collègues de Dakar.
ALIOUNE NDOYE : «POURTANT, C’EST LE PRÉFET QUI AVAIT ORDONNÉ LE DÉSENCOMBREMENT, MAIS…»
Pour sa part, le maire de Dakar-Plateau, Alioune Ndoye, rappelle que la responsabilité de la police appartient au maire, mais pas au Préfet ou Sous- préfet. Ce que le maire du Plateau ne comprend pas dans cette affaire, c’est qu’il a agi sur instruction du Préfet et fait comme s’il s’agissait d’une initiative personnelle. «Je rappelle que le Préfet de Dakar nous avait saisi par courrier du 23 avril pour une visite de reconnaissance. Le 8 mai, la visite a été effectuée et une autre par la suite ; un avis de la commission nous a été servi par l’intermédiaire du Sous-préfet. Dans la lettre, on nous ordonne de mener des opérations de désencombrement. On organise tout ensemble, maintenant ils se retirent. Mais que Dieu soit loué parce que nous avons la documentation et tout est filmé», se désole Alioune Ndoye. Pour le maire de la Médina, la convocation de Alioune Ndoye est intrigante parce qu’elle survient le lendemain de sa sortie dans la presse pour prendre position dans le compagnonnage entre le Parti socialiste (Ps) et l’Alliance pour la République (Apr).
BRAS DE FER AVEC LES MAIRES DE DAKAR : Des régies publicitaires commencent à se régulariser
On commence à lâcher du lest. Si certains propriétaires de régies publicitaires sont déterminés à aller jusqu’au bout dans leur bras de fer avec les maires de Dakar, d’autres ont fait machine arrière. Certains maires de Dakar qui avaient envoyés des mises en demeure de 72h aux régies publicitaires pour qu’elles se régularisent ou enlèvent leurs panneaux, ont commencé à recevoir des lettres afin d’entamer les formalités. La révélation a été faite, hier, par les maires de Dakar en marge de leur «ndogu» sur invitation du maire de Mermoz/Sacré-Coeur, Barthélemy Dias. «Pour ce qui est de la mise en demeure de 72h des régies publicitaires, nous sommes en train d’évaluer. Car après notre conférence de presse, beaucoup de régies nous ont écrit. Voilà des lettres datées par exemple du 1er et du 2 juillet pour déclaration de taxes publicitaires, des demandes d’autorisation d’installation de panneaux publicitaires. Si nous n’avons pas agi après les 72h, c’est parce que nous sommes en train d’évaluer. On commence à savoir qui est propriétaire de quoi», soutient le maire de Dakar-Plateau, Alioune Ndoye. Et ils ne demandent pas mieux, selon Alioune Ndoye qui prévient les récalcitrants. «S’ils ne se mettent pas en règle, nous appliquerons la loi. Et une installation irrégulière sur la voie publique, je pense que c’est de l’encombrement. Certains ont commencé à payer, mais d’autres ont envoyé des lettres qui montrent qu’ils ne sont pas en règle. Après l’évaluation, nous allons nous organiser de façon concertée pour enlever les installations irrégulières. Il fallait donc leur donner un délai et ce qui est fait pour se couvrir du point de vue de la loi». Le premier magistrat du Plateau se dit surpris de recevoir des lettres de propriétaires de régies qui demandent une autorisation d’installation de panneaux publicitaires alors que les panneaux sont installés depuis longtemps. «Il a fallu donc qu’on fasse une conférence de presse pour qu’ils se signalent. Je suis outré de voir des responsables défendre les régies», s’indigne-t-il.
À souligner qu’il y avait à ce «ndogu» Jean Baptiste Diouf de Grand- Dakar, Bamba Fall de la Médina, Madiop Diop de Grand-Yoff, Santy Agne des Sicap Liberté, Cheikh Guèye de Dieuppeul/Derklé, le maire de Fann/Point E, Mamoudou Wane 1er adjoint au maire des Parcelles Assainies, Barthélemy Dias de Mermoz/Sacré Coeur, Me Demba Siré Bathily, entre autres. Faisant allusion, par ailleurs, au patron D-Médias sans le citer nommément, Barthélémy Dias révèle qu’il y a une demi-dizaine de régies dont il est propriétaire. Ce qui est une violation, selon l’édile de Sacré Coeur/Mermoz, des textes de l’Ohada qui n’autorisent que trois entreprises par personne. C’est cette situation qui explique, selon lui, la pertinence de sa saisine de l’Ofnac.