L'IMPASSE DES RESTITUTIONS
Six ans après les promesses d'Emmanuel Macron à Ouagadougou, le retour des biens culturels africains pillés pendant la colonisation reste enlisé dans les procédures. La France, à l'origine de cette dynamique, semble désormais à la traîne

(SenePlus) - Six ans après les promesses d'Emmanuel Macron lors de son discours à Ouagadougou, la restitution des biens culturels pillés en Afrique pendant l'époque coloniale reste un processus complexe et lent. Selon un article publié par Le Monde, la loi-cadre facilitant ces restitutions, promise par le président français, n'est plus à l'ordre du jour.
Le cas du "djidji ayôkwé", surnommé le "tambour parleur", illustre cette lenteur. Cet instrument de 430 kilos, confisqué en 1916 par l'armée française à la communauté des Ebriés en Côte d'Ivoire, fait l'objet d'une proposition de loi spécifique qui sera examinée au Sénat le 28 avril avant de passer à l'Assemblée nationale.
Comme le rapporte Le Monde, l'ancienne ministre de la Culture Rima Abdul Malak avait bien rédigé un projet de loi-cadre en 2023, mais celui-ci avait été retoqué par le Conseil d'État pour un vice juridique. L'actuelle ministre, Rachida Dati, "n'en a toutefois pas fait une priorité", selon le quotidien.
Cette situation provoque l'impatience des pays africains, à l'image du Mali qui réclame depuis 2022 la restitution de 81 objets. "Les recherches de provenance ont été faites, les preuves établies, mais on attend", déplore Daouda Keita, directeur du Musée national du Mali, cité par Le Monde.
Face à cette situation, certains pays africains se tournent vers d'autres nations européennes. D'après l'artiste sud-africaine Molemo Moiloa, cofondatrice d'Open Restitution Africa, "aujourd'hui, les pays les plus actifs sur ces sujets sont l'Allemagne, les Pays-Bas et la Belgique."
La question de la destination finale des objets restitués fait également débat. Comme le souligne l'anthropologue camerounais François Bingono Bingono, "ce ne sont pas seulement des biens culturels qui ont été emportés. Ce sont aussi, souvent, des objets de culte, de liturgie, dont la place se trouve au sein des chefferies traditionnelles."
Dans ce contexte, la collaboration entre institutions africaines et européennes s'avère essentielle, à l'image du programme "Atlas de l'absence", mené conjointement par l'Université technique de Berlin et celle de Dschang au Cameroun.