Y’EN A MARRE ÉCLAIRE SAINT-LOUIS
La 16e édition du St-Louis’Docs, le Festival international du film documentaire de Saint-Louis, a été lancée ce mardi à l’Institut Français, avec la projection du film «Afrikki», de Gaëlle Leroy, consacré à l’odyssée de «Y’en a marre» né en janvier 20211

Jusqu’au 3 mai prochain, la ville de Saint-Louis sera à l’honneur. La 16e édition du St-Louis’Docs, le Festival international du film documentaire de Saint-Louis, a été lancée ce mardi à l’Institut Français, avec la projection du film «Afrikki», de Gaëlle Leroy, consacré à l’odyssée de «Y’en a marre», un mouvement citoyen et artistique né en janvier 2011.
La 16e édition du Festival international du film documentaire de Saint-Louis, communément appelé Stlouis’Docs, a démarré, ce mardi à l’Institut français de Saint-Louis, par la projection du film documentaire Afrikki, de la réalisatrice française Gaëlle Leroy. Stlouis’Docs, qui célèbre cette année le centenaire du réalisateur Paulin Soumanou Vieyra, a projeté par la même occasion Afrique sur Seine, un film en noir et blanc qui est venu rappeler la question de l’identité culturelle des jeunes africains vivant en France dans les années 1950 et réalisé par un collectif d’étudiants africains dont Mamadou Sarr et Jacques Melokan. Pour cette 16e édition, plus de 50 films documentaires de 24 pays seront projetés gratuitement en présence de nombreux cinéastes à l’Institut français, sur le Quai Masseck Ndiaye, au Centre culturel Le Château, dans plusieurs quartiers de Saint-Louis (Guet Ndar, Goxu-Mbacc, Diawling) et au Centre culturel Aminata de Gandiol. Ainsi, la compétition nationale mettra en avant 6 courts et longs métrages sénégalais, tandis que la compétition internationale accueille 15 courts métrages et 8 longs métrages dont Afrikki, le film de Gaëlle Leroy consacré au mouvement «Y’en a marre» qui, d’ailleurs, a lancé les festivités.
Dans ce documentaire d’une heure et demie, Gaëlle Leroy cherche à suivre l’évolution du mouvement citoyen et artistique créé en janvier 2011 par une bande d’amis, de journalistes et rappeurs populaires. Avec Afrikki, Gaëlle Leroy a filmé dans la durée. Dix années à filmer, à suivre l’évolution du mouvement, à capter ses forces et ses fragilités. «Après le 23 juin, j’ai décidé de venir les filmer. Je les ai suivis pendant 10 ans. J’ai voulu restituer une aventure de mobilisation inédite, portée par des jeunes innovants, des artistes et surtout des rappeurs», dit-elle. A travers ce film, elle revient sur l’épopée d’un mouvement citoyen dont l’action consistait à mettre la pression contre la candidature de Abdoulaye Wade pour un troisième mandat. Afrikki raconte une aventure, une expérience de mobilisation, d’organisation, d’engagement politique des jeunes, artistes et rappeurs. Il s’agit de Fadel Barro, Thiat, Kilifeu, Fou Malade, Aliou Sané, Simon, Mollah Morgun et tant d’autres jeunes anonymes qui, vêtus de tshirts frappés du slogan «Y’en a marre», ont fait face aux Forces de défense pour barrer la route à un troisième mandat de Abdoulaye Wade. D’autres personnalités, à l’image de Macky Sall, parmi les 14 candidats à la Présidentielle de 2012, Cheikh Tidiane Dièye, apparaissent par moments dans le film.
Un cours d’histoire
Le documentaire est un cours sur l’histoire politique du Sénégal à partir de 2011 avec le 23 juin, la Présidentielle de 2012, jusqu’en 2022 avec les élections législatives. La caméra de Gaëlle Leroy éclaire ce mouvement qui s’est battu pour rester non violent. «Ils ont inventé des mots, des concepts qui ont été repris par tout le monde. La force du hiphop a servi de réseau, de tissu militant dans chaque recoin du pays», explique-t-elle. Pour Gaëlle Leroy, Afrikki est une restitution d’une aventure qui est déjà de l’histoire, mais qui peut être inspirante pour d’autres formes de mobilisation, d’engagement dont le monde ne cessera d’avoir besoin. «C’est vraiment un cours d’histoire, à mon sens. C’est l’histoire qu’ils ont portée de la décennie 2010 et qui a essaimé sur tout le continent à cette époque. «Y’en a marre» a quand même été une vraie dynamique, un vrai élan. Après, une partie de leur discours, je pense, reste très actuelle et parle à tout le monde», a témoigné Gaëlle Leroy, autrice également du film Quand les Lions mangent le Coq, son premier documentaire, réalisé en 2002 pour France Télévisions au Sénégal, qui revenait sur l’effervescence à Dakar autour de la participation des Lions à une phase finale de Coupe du monde. Pour Souleymane Kébé, co-organisateur du festival, le choix d’Afrikki allait de soi. «C’est un film qui nous plonge dans l’univers de «Y’en a marre», mais vraiment en immersion dans la création de ce mouvement là, dans leur stratégie et dans leur sacrifice surtout», explique-t-il. «Pour nous, c’était important d’inviter Gaëlle Leroy et de montrer ce film aux Sénégalais et aux Saint-Louisiens. Et la réaction du public nous a rassurés. C’était un bon film pour l’ouverture du festival», conclut-t-il.