CELEBRITES ET FAUX BILLETS DE BANQUE, LE VER EST DANS LE FRUIT !
Le faux monnayage est sévèrement réprimé par le code pénal sénégalais ; une manière sans doute de dissuader les adeptes de l’argent facile. Mais de plus en plus, les célébrités et autres personnalités sont citées et même emprisonnées pour ce délit.

Le faux monnayage est sévèrement réprimé par le code pénal sénégalais ; une manière sans doute de dissuader les adeptes de l’argent facile. Mais de plus en plus, les célébrités et autres personnalités sont citées et même emprisonnées pour ce délit. Voie facile ou cupidité, la plupart d’entre elles en ressortent l’image écornée ; même si elles tentent, bon an mal an, de se trouver une nouvelle virginité.
Bougazelli en possession de faux billets en dollars, euros et Cfa ! Fait ne pouvait être aussi surprenant, surtout venant d’un élu du peuple : député. Pris en flagrant délit, jeudi dernier, il a été relâché pour être convoqué de nouveau, hier. Et selon la gendarmerie, le député a été balancé par six individus interpellés au King Fahd Palace. Mais le tonitruant député nie le fait, en arguant que c’est un coup monté. Tout compte fait, au-delà de tout le bruit que cela a suscité dans le pays, cet avènement appelle à réfléchir sur le rapport entre les célébrités et les faux billets de banque. D’autant que ce n’est pas la première fois qu’un homme public soit cité dans une affaire du genre.
A vrai dire, la célébrité a un prix qui peut se ressentir dans les relations interpersonnelles. Tout comme la célébrité requiert un certain standing de vie, qui peut pousser la personne à user de moyens illicites pour se faire de l’argent. L’un dans l’autre, les personnalités et autres célébrités peuvent être vulnérables face à l’argent. Et elles sont de plus en plus nombreuses à être citées dans des affaires de faux monnayage. Thione Seck, les organisateurs de spectacle et les faux billets On se rappelle que l’artiste Thione Seck avait été arrêté le 27 mai 2015 par la section de recherche de la gendarmerie de Colobane. Il sera poursuivi pour détention de faux signes monétaires, de blanchiment d’argent, de tentative d’escroquerie et d’association de malfaiteurs. Placé sous mandat de dépôt, ce chanteur va bénéficier d’une liberté provisoire le 12 février 2016 ; puis libéré définitivement pour vice de forme le 23 mai 2019. Le lead vocal du Ram Dan a été sauvé par l’application de l’article 55 du code de procédure pénale. En effet, l’affaire n’a même pas été examinée au fond, parce que le juge a estimé qu’il n’a pas été assisté par son avocat lors de l’enquête préliminaire. Mais ce qu’il faut retenir de ce dossier, et à en croire les PV, Thione Seck avait affirmé que cet argent, constitué de faux billets de banque d’une valeur de cinquante millions (50 000 000), n’était rien d’autre qu’une avance de 50% sur le payement d’une série de concerts que son groupe de musique le “Raam Daan” devait honorer en Europe. Les organisateurs de spectacle étaient Abou Shérif SAKHO et un certain Derick, que les enquêteurs qualifiaient de maillons forts du réseau de trafic de faux billets. Thione Seck était convaincu qu’il a été piégé par des faussaires. Toutefois, selon les enquêteurs, à l’époque, à la suite d’une perquisition effectuée chez le chanteur, un sac contenant quarante-trois paquets emballés avec un papier transparent portant des impressions de billet de cent euros a été découvert et saisi, en plus d’une somme de vingt-sept millions de FCFA(27.000.000) qui était dans une sacoche. Il a été également retrouvé dans un coffre-fort une somme de cinq millions neuf cent un mille deux cent cinquante FCFA. Des faits qui malheureusement ne seront jamais clarifiés.
NGAAKA BLINDE ET LE TOURNAGE DU CLIP AVEC DE FAUX BILLETS DE BANQUE
Un autre artiste arrêté et emprisonné pendant un moment sur des faits similaires, c’est le jeune rappeur Ngaaka Blindé. Il était poursuivi avec un de ses amis pour contrefaçon, falsification et altération de signe monétaire et complicité de ces chefs. Le rappeur a été arrêté par la police à bord de sa voiture, en compagnie de 4 autres personnes en possession de faux billets de banque d’une valeur de 5 360 000 francs. Interpellé, le jeune rappeur Baba Ndiaye, connu sous le nom de Ngaaka Blindé, indique que ces billets ont été confectionnés par son ami Khadim Thiam pour les besoins de tournage d’un clip. Une descente effectuée au domicile de ce dernier a permis de trouver une autre somme de 360 000 francs et deux coupures de billets de 5000 et 500 francs. Ils ont été ainsi arrêtés avant d’être déférés pour ces motifs, objet de leur comparution devant la barre du Tribunal correctionnel. Finalement, ils seront, purement et simplement, relaxés le 27 décembre 2018 de toutes les charges retenues contre eux par le tribunal correctionnel de Dakar.
MAME GOR DIAZAKA : «J’AI REÇU LES FAUX BILLETS D’UN FAN»
Mars 2010, le chanteur sénégalais, Mame Gor Diazaka est arrêté et entendu par les éléments de la brigade des recherches de la sureté urbaine de Dakar, pour détention de faux billets d’euros. Une arrestation intervenue après celle de son manager du nom d’Aziz Diack qui s’était présenté à la station d’essence de liberté 6 pour qu’on lui change des billets de 100 euros en francs Cfa, qui étaient malheureusement des « faux ». Il déclarera que c’est Mame Gor Dazaka qui les lui a remis. Celui-ci avait été par la suite arrêté par la police, puis déféré avec son manager, Aziz Diack, pour détention de 500 euros en faux billets. Lors de son jugement, le chanteur avait expliqué avoir reçu ces euros d’un fan, lors d’une soirée de gala. Finalement, après 48 heures de détention, il a été condamné à un mois de prison avec sursis pour détention et mise en circulation de faux billets en euros. Interpellé plus tard sur cette affaire, le chanteur en rastas avait dédramatisé pour dire que la police et la justice n’avaient fait que leur travail et qu’il prenait cette affaire comme un incident de parcours.
LE LUTTEUR «BRISE DE MER», SON AMI ET LES FAUX 200 DOLLARS
En définitive, le dernier cas est celui du lutteur El Hadji Dieng, connu sous le nom de Brise de Mer, qui été arrêté avec un de ses amis le 24 décembre 2018 pour avoir effectué des achats au supermarché «Exclusive» avec des faux billets de 200 dollars. Ils ont été ainsi poursuivis pour mise en circulation de faux billets de banque. Pour se tirer d’affaire, devant la barre, ils ont soutenu qu’ils étaient employés pour la sécurité lors de l’édition de la foire de l’époque. Et qu’après avoir aidé un homme dont la voiture était en panne, ce dernier, en guise de remerciement, leur a remis à chacun un billet de 100 euros. Un argumentaire qui avait convaincu le Tribunal, qui avait relaxé les prévenus en ordonnant la confiscation des billets de banque.
LE DELIT DE FAUX MONNAYAGE SEVEREMENT SANCTIONNE
Toutefois, force est de constater que les infractions relatives au délit de faux monnayage est sévèrement condamné par le Code pénal. Elles sont punies conformément à la loi 84-11 du 4 janvier 1984. Entre autres articles qui prévoient de telles sanctions, on peut relever l’article 119 du Code Pénal(CP) dans lequel il est écrit que « quiconque aura contrefait, falsifié ou altéré des signes monétaires ayant cours légal sur le territoire national ou à l’étranger sera puni des travaux forcés à perpétuité et d’une amende décuplée de la valeur desdits signes et au moins égale à 20 millions de francs CFA. Si le coupable bénéficie de circonstances atténuantes, poursuit l’article, la peine ne pourra être inférieure à cinq ans de travaux forcés et à 1 million de francs d’amende.» L’article 119 bis dispose : «Quiconque aura : - soit contrefait ou altéré des monnaies d’or ou d’argent ayant eu cours légal sur le territoire national ou à l’étranger; - soit coloré des pièces de monnaies ayant ou ayant eu cours légal sur le territoire national ou à l’étranger, dans le but de tromper sur la nature du métal, sera puni d’un emprisonnement de cinq à dix ans et d’une amende de 4.000.000 à 10.000.000 de francs ou de l’une de ces deux peines seulement. La tentative sera punie comme le délit consommé. »
Enfin, l’article 119 tertio indique : «Quiconque aura contrefait, falsifié ou altéré des billets de banques ou des pièces de monnaie autre que d’or ou d’argent ayant eu cours légal sur le territoire national ou à l’étranger sera puni d’un emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende de 2.000.000 à 1 0.000.000 de francs ou de l’une de ces deux peines seulement. La tentative sera punie comme le délit consommé.» Toujours parmi les articles qui sanctionnent les délits relatifs au faux monnayage on peut citer l’article 120 du Code pénal qui martèle : « Quiconque aura participé à l’émission, l’utilisation, l’exposition, la distribution, l’importation ou l’exportation de signes monétaires contrefaits, falsifiés, altérés ou colorés sera puni des peines prévues aux articles ci-dessus, selon les distinctions qui y sont portées. La tentative sera punie comme l’infraction consommée ».
Aussi, l’article 121 du CP dispose : «Celui qui, ayant reçu pour bons des signes monétaires contrefaits, falsifiés, altérés ou colorés, en aura fait ou tenté de faire usage après en avoir connu les vices, sera puni d’un emprisonnement de six mois à un an et d’une amende quadruple au moins et décuplé au plus de la valeur desdits signes, sans que cette amende puisse être inférieure à 200.000 francs ou de l’une de ces deux peines seulement. S’il les a conservés sciemment ou a refusé de les remettre aux autorités, il sera puni d’une amende double au moins et quadruple au plus de la valeur desdits signes, qui ne pourra être inférieure à 100.000 francs.
Enfin, l’Article 122 prévoit : Quiconque aura fabriqué, souscrit, émis, utilisé, exposé, distribué, importé ou exporté: - soit des moyens de paiement ayant pour objet de suppléer ou de remplacer les signes monétaires ayant cours légal sur le territoire national ou à l’étranger; - soit des imprimés, jetons ou autres objets qui présenteraient avec lesdits signes monétaires une ressemblance de nature à faciliter leur acceptation ou utilisant aux lieu et place desdits signes, sera puni d’un emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende de 2.000.000 à 1 0.000.000 de francs ou de l’une de ces deux peines seulement. La tentative sera punie comme le délit consommé.