CHINAFRIQUE, UNE REMSIE GÉNÉRALE DE LA DETTE N'EST PAS ENVISAGEABLE
La Chine pourrait s'emparer des infrastructures africaines en cas de non-paiement de la dette, coronavirus ou pas

Alors que la Chine se serre la ceinture économiquement en réponse au coronavirus, les dirigeants africains s'inquiètent de l'avenir des projets d'infrastructure, du commerce et, dans certains cas, ils demandent carrément un allègement de la dette.
La Chine est le plus grand partenaire commercial de l'Afrique, avec plus de 200 milliards de dollars d'importations et d'exportations combinées par an. La Chine a également financé des projets d'infrastructure tels que des routes, des ports et des chemins de fer sur tout le continent. Le coût global de ces projets s’évalue à plusieurs milliards de dollars.
Mais à cause du coronavirus, l'économie mondiale a pris un coup. Les pays africains, déjà fragiles, se retrouvent dans l’incapacité de rembourser leur dette.
"L'économie chinoise est très touchée par la maladie COVID-19", selon Yun Sun, directrice du programme Chine du Stimson Center, un centre de recherche politique basé à Washington. "Cela va absolument réduire la capacité de la Chine à continuer à soutenir des projets d'infrastructure dans les pays en développement, y compris en Afrique, au même rythme qu’auparavant".
Au premier rang des préoccupations se trouve l’initiative "Belt and Road", ou la nouvelle route de la soie. A travers cette initiative, le gouvernement, les banques et les investisseurs privés chinois ont prêté environ 146 milliards de dollars aux pays africains entre 2000 et 2017. Mais en raison de la pandémie mondiale de coronavirus, nombreux sont ceux qui réclament une pause dans les remboursements ou une forme quelconque de remise de la dette.
"Il n'y a pas qu'un seul pays africain qui se réjouit de cet appel à l'allègement de la dette mondiale", explique Mme Sun. "Mais je dirais que le tableau est très différent du côté chinois. Tout d'abord, étant donné le montant massif de la dette que les pays africains doivent à la Chine, la question clé est de savoir s'il est financièrement faisable pour la Chine d'annuler ces dettes".
On estime que les pays africains vont dépenser en tout 44 milliards de dollars pour le service de la dette cette année.
Les créanciers mondiaux, dont le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et les prêteurs privés des pays du G20, dont la Chine, ont accepté de suspendre les paiements du service de la dette de 77 des pays les plus pauvres du monde. Beaucoup de ces pays sont en Afrique.
De son côté, la Chine s'est déclarée ouverte à un nouvel allégement de la dette, mais elle préfère négocier au cas-par-cas avec chacun des pays débiteurs. C’est d’ailleurs la même posture que le Club de Paris a annoncée récemment.