LES BAILLEURS DES AGROPOLES DU SENEGAL BLOQUENT LEURS FONDS
Pour « sanctionner » le ministre coupable d’avoir nommé un DG sans appel à candidatures. L’argent ne coule plus au niveau des Agropoles du Sénégal

Une situation inédite est en train de se produire au niveau des Agropoles du Sénégal. Cette structure chargée d’impulser une nouvelle dynamique pour l’économie nationale est en train de mourir de sa belle mort. Les bailleurs refusent de débloquer les fonds nécessaires pour la continuation du projet et exigent un appel à candidatures pour le poste de directeur général.
L’argent ne coule plus au niveau des Agropoles du Sénégal. Et pour cause, les premiers décaissements qui avaient été octroyés pour le projet vont bientôt s’épuiser. Les partenaires que sont la BID (Banque islamique de développement), la BAD (Banque africaine de développement) et ENABEL (coopération Belge) ont décidé de ne plus injecter de l’argent au niveau des Agropoles du Sénégal. A l’issue de l’élection présidentielle du 24 mars dernier, Bassirou Diomaye Faye a été élu président de la République. Un nouveau gouvernement a été formé ayant à sa tête le Premier ministre Ousmane Sonko. Et Serigne Gueye Diop, exmaire de Sandiara, a été nommé ministre de l’Industrie et du Commerce. Il a fait remplacer l’ex-DG, El Hadj Djily Mbaye Lô, à la tête des Agropoles du Sénégal par Mme Aïssatou Diallo, ingénieur en agro-industrie, une ancienne de Nestlé Sénégal. Ça tombe bien puisque Serigne Guèye Diop est lui-même un ancien de la multinationale Nestlé basée à Vevey, en Suisse ! Tout ceci pourrait sembler normal. Le seul hic c’est que, dans les accords avec les bailleurs, ces derniers avaient exigé un appel à candidatures pour la nomination du directeur général de la structure. Or, dans le cas d’espèce, l’actuel ministre de l’Industrie et du Commerce, Serigne Gueye Diop, n’a pas respecté cette procédure. Ce qui n’est pas au goût des bailleurs comme la BAD et ENABEL qui exigent un appel à candidatures pour le poste de DG. Ils ont décidé de ne plus mettre un copeck dans le projet une fois que les financements déjà débloqués auront été consommés.
Pour rappel, dans le cadre de l’opérationnalisation du Plan Sénégal Émergent (PSE), le Gouvernement du Sénégal a mis en œuvre le Projet de zone de transformation agro-industrielle (PZTA) ou Agropole. Ce projet phare du PSE vise à contribuer de manière significative à l’amélioration du bien-être des populations, surtout celles vivant en milieu rural. Il cherche plus particulièrement à asseoir les conditions d’un développement durable de l’agro-industrie qui constitue une niche importante d’emplois, notamment pour les femmes et les jeunes. Ainsi, on a assisté à la naissance de cinq Agropoles intégrés compétitifs au Nord, Sud, Centre, Est et Ouest qui encouragent le développement et l’industrialisation régionale par l’amélioration de la valeur ajoutée agricole créée au niveau local sur les chaînes de valeur aux potentiels de développement élevés tels que l’élevage, les fruits et légumes, la pêche et l’aquaculture, les céréales, les oléagineux, etc. (mise en réseau de tous les acteurs des chaînes de valeurs situées ou non dans un même espace géographique, à travers des partenariats verticaux et horizontaux visant à construire des synergies d’affaires en vue de la réalisation d’objectifs communs). Les agropoles ont principalement 5 objectifs : d’abord contribuer à la transformation structurelle de l’économie nationale, développer l’écosystème de l’investissement privé dans le secteur agro-industriel, augmenter la production des filières prioritaires, augmenter le taux de transformation des produits agricoles et contribuer à la création d’emplois décents et durables.