LES ŒUFS QUASI INTROUVABLES SUR LE MARCHE…
PENURIE

Les aviculteurs au Sénégal avaient suffisamment approvisionné le marché en oeufs. Mais le constat est que depuis presque un mois, même plus, une pénurie d’œufs est observée sur le marché. Ce qui suscite bien des questions. Car si l’unité est passée de 100 à 125 francs Cfa par ci est par là, la tablette d’œuf, quant à elle, a grimpé de 2.500 à 3.000 francs Cfa.
Une pénurie conjoncturelle sur le marché des œufs est à l’origine d’une hausse des prix de ce produit très consommé par les Sénégalais. En effet, malgré le nombre de sociétés qui s’activent dans ce domaine, dont certaines sont même des majores, à l’image de la Sedima, la production des œufs est en stand by depuis plus d’un mois. Le marché est très tendu et la pénurie s’installe. Ce qui cause bien des soucis autant aux vendeurs qu’aux clients.
N’ayant plus qu’un stock de cinq tablettes d'œufs dans son magasin au marché Dior, ce vendeur en gros du nom d’Ablaye Fall a livré les raisons de cette pénurie. «Les œufs se font rares et cela a commencé au début du mois de décembre, donc bien avant les fêtes de fin d’année. Et tout ça, c'est à cause des nombreux revendeurs. Je veux dire que si un vendeur achète un nombre de tablettes et les distribuent à d'autres vendeurs et qu’eux aussi refont la même procédure, cela provoque immanquablement une hausse du prix des œufs. Parce qu’il y a trop d’intermédiaires dans le processus».
Poursuivant ses explications, il s'alarme en soulignant: «Du moment que la situation sur le marché est tendu, parce que la demande est en ce moment largement supérieur à l’offre vu qu’il n’y pas assez d’œufs, la conséquence c’est que cette pénurie sera accentuée par la hausse inévitable des prix. Moi, je vends en gros, mais aussi en détail. Par exemple, un tas constitué de trois œufs, je vendais ça à 250 francs Cfa avant. Mais depuis qu'il y a cette augmentation sur la tablette qui est passée de 2.500 à presque 3.000 francs Cfa, j’ai revu le coût. Donc, de 250 francs Cfa, c'est désormais 275 francs Cfa qu’il faut payer pour un tas de trois œufs. Pour l’unité, l’œuf que je vendais à 100 francs Cfa, je le cède maintenant à 125 francs Cfa».
La pénurie plombe le business des œufs
Ablaye Fall confie: «Cela fait deux semaines que je pratique ces nouveaux prix, parce que je ne pouvais pas continuer à vendre à perte. Il faut quand même que les clients nous comprennent. Ils se lamentent tout le temps sur le prix d'œufs lorsqu'ils viennent acheter. Mais c’est à contre cœur qu’on pratique cette hausse. Pour vous dire, ce que je gagnais avant par jour, c’est maintenant à peine si j’arrive à avoir la moitié à cause de cette pénurie qui plombe nos affaires. Franchement, le business des œufs se porte mal en ce moment».
Dans le même sillage, Bassirou Niang, également grossiste en œuf au marché Dior, de rejeter la faute sur la société Sedima, principale pourvoyeuse du marché nationale et même des pays de la sous-région. «Les deux évènements religieux qui viennent de finir, à savoir la Magal de Touba et le Maouloud, font partie des causes de cette insuffisance d’œufs sur le marché. Et mon avis est que c’est la Sedima, qui fournit des œufs au Sénégal et même à la sous-région, qui n’a pas fait le nécessaire pour nous prémunir d’une pénurie. Avec toute cette succession d’événements majeurs depuis la Tabaski jusqu’à ces fêtes de fin d’année, elles aurait pu prendre les devants et prévenir cette insuffisance de la production».
Ce commerçant est d’ailleurs d’avis que «le Sénégal manque des poulaillers. Peu de Sénégalais gèrent des poulaillers. Or, c'est ça qui produit des œufs. Une tablette d’œufs coûte aujourd’hui quasiment 2.700 à 3.000 francs Cfa, alors qu’avant c’était entre 2.200 francs et 2.500 francs. Ce n’est pas normal dans un pays comme le Sénégal qui avait atteint l’autosuffisance, jusqu’à devenir
exportateur».
Gargotière, Ngoné Youm se désole de cette augmentation du prix des œufs. D'après elle: «La rareté des œufs sur le marché ne date d’aujourd’hui. C’est depuis le mois de Ramadan que les premiers signes de cette pénurie ont commencé à se faire jour. Mais on a réellement commence à sentir qu’il y a un problème dans l’approvisionnement du marché en œufs depuis un à deux mois maintenant. Et face à cette situation, la hausse du prix était inévitable».
«Au début, moi, je vendais les œufs déjà bouillis à 100 francs Cfa, mais vu que je n’avais plus de bénéfice après la vente, j'ai décidé d’opérer une petite hausse. Je vends désormais à 125 francs Cfa. Car la tablette d'œufs me revient à 2700 francs Cfa alors qu'avant je l'avais à 2200 francs Cfa chez mon grossiste qui m’approvisionne depuis des années», a-t-elle confié.