L’ETAT MITONNE SA RIPOSTE CONTRE LE CHÔMAGE
Entre qualifications insuffisantes, décalage criant entre formation et marché du travail, et pénurie d’opportunités, le chômage persistant des jeunes reste l’un des défis majeurs du Sénégal

Le chômage constitue un frein au Sénégal, accentué par l’insuffisance de formations adaptées et la pénurie d’opportunités concrètes. Inquiet de cette réalité, l’État entend y remédier. Hier, jeudi 24 avril, à Diamniadio, le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, a ouvert la 4e conférence sociale, placée sous le thème : « Emploi et employabilité : défis et perspectives pour un Sénégal souverain, juste et prospère ». Il a réaffirmé sa volonté d’en faire un axe central de son action.
Entre qualifications insuffisantes, décalage criant entre formation et marché du travail, et pénurie d’opportunités, le chômage persistant des jeunes reste l’un des défis majeurs du Sénégal. Et cela, en dépit des nombreuses politiques publiques mises en œuvre par les régimes successifs. La 4e édition de la Conférence sociale, ouverte hier, jeudi 24 avril à Diamniadio, a été l’occasion d’en dresser un état des lieux lucide. Le thème de cette rencontre : « Emploi et employabilité : défis et perspectives pour un Sénégal souverain, juste et prospère ».
Mody Guiro, secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (CNTS), a donné le ton d’une situation critique : « Près de 200 000 nouveaux demandeurs d’emploi arrivent chaque année sur le marché, alors que seules 34 000 offres émanent du secteur privé. Le déséquilibre est énorme, et il se répète chaque année. » Selon lui, plus de 20 % de la population active est aujourd’hui au chômage, d’après les chiffres de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD).
Le syndicaliste a mis en exergue le manque de qualifications : « Plus de 30 % des demandeurs d’emploi n’ont ni formation, ni compétence, ni activité. C’est un goulet d’étranglement majeur. » Il pointe également l’inadéquation persistante entre la formation et les besoins du marché. « Cette déconnexion explique en partie le fort taux de chômage chez les diplômés de l’enseignement supérieur, alors même que des ressources colossales sont investies dans ce secteur », a-t-il souligné.
Du côté du patronat, même constat. Le président de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (CNES), Adama Lam, insiste sur la nécessité de repositionner le secteur privé comme moteur de l’emploi. « La vraie question, dit-il, est de savoir comment l’État et les acteurs économiques peuvent créer les conditions pour que le secteur privé joue pleinement son rôle. » Il rappelle que même les emplois publics dépendent de la collecte d’impôts, lesquels sont générés par l’activité privée. Pour lui, seule une synergie entre l’État et les forces vives permettra de booster la dynamique de création d’emplois. « Il faut bâtir une complicité vertueuse entre les autorités publiques et les entreprises, dans le respect des lois, pour faire de l’économie le levier principal des politiques publiques », a-t-il ajouté, appelant à un changement de paradigme.
Le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, présent à l’ouverture des travaux, a dressé un tableau sans complaisance de la situation : « Le recensement de 2023 révèle que 75 % des Sénégalais ont moins de 35 ans. En milieu urbain, le taux d’emploi atteint 44,3 %, contre 33,6 % en zones rurales. Les femmes, en particulier, sont durement touchées avec un taux de chômage de 36,7 %. »
Pour lui, l’emploi des jeunes est un chantier prioritaire. Il promet des réformes en profondeur pour y répondre. Parmi elles, la refonte du Code du travail et celui de la sécurité sociale, avec pour ambition d’offrir une couverture à l’économie informelle, souvent laissée-pour-compte. Mais, a-t-il prévenu, aucune solution ne sera durable sans un climat apaisé. D’où l’importance cruciale du dialogue entre l’État, les syndicats, les employeurs et la société civile. « C’est ensemble que nous relèverons le défi de l’emploi », a conclu le chef de l’État.
LE PRESIDENT FAYE APPELLE A UN SURSAUT COLLECTIF
Face au fléau du chômage, le président Bassirou Diomaye Faye prône une mobilisation générale. Selon lui, « la lutte contre le chômage ne relève pas du seul ressort de l’État ». C’est un chantier collectif, a-t-il martelé, qui nécessite patience, cohésion et persévérance. S’exprimant à l’ouverture de la quatrième édition de la Conférence sociale consacrée à l’emploi et à l’employabilité, le chef de l’État a salué un rendez-vous porteur d’espoir pour une jeunesse en quête d’avenir.
À l’endroit des jeunes, le président a tenu un message direct et engagé. Il les a assurés que leurs attentes en matière d’emploi sont bien comprises : « Mon gouvernement est pleinement conscient de vos aspirations légitimes à participer au développement de vos familles, de vos communautés et de votre pays », a-t-il affirmé. Dans un contexte difficile, il s’est voulu rassurant : « Quelles que soient les épreuves, l’État restera engagé à vos côtés. ».
Le président a également invité le secteur privé à prendre sa part de responsabilité. Aux chefs d’entreprise, il a lancé un appel clair à favoriser la formation continue et l’émergence d’environnements de travail inclusifs : « En investissant dans les compétences de vos salariés, vous améliorez non seulement la performance de vos entreprises, mais vous participez à la valorisation du capital humain, pilier de notre stratégie nationale de développement. » Le président de la République Bassirou Diomaye Faye a aussi insisté sur la nécessité d’ancrer une véritable culture de l’apprentissage et de l’innovation, à travers stages, mentorats ou autres dispositifs de formation. Il a encouragé les jeunes à élargir leurs horizons, à se réinventer, à s’ouvrir à de nouvelles voies professionnelles. En parallèle, l’État, a-til promis, s’attèlera à mieux aligner les formations avec les réalités du marché de l’emploi. Une orientation qui, selon lui, contribuera à réduire les écarts structurels et à renforcer durablement la compétitivité du pays sur les plans économique et social.