VIDEOPOURQUOI HADJIBOU SOUMARÉ A LÂCHÉ PRISE
Présidence de la commission de l'UEMOA

Le président de la Commission de l'Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa), Cheikh Hadjibou Soumaré, a annoncé, avant-hier jeudi, sa démission de son poste, à compter du 1er décembre 2016. D'après lui, cette démission relève "d'une convenance personnelle". Sauf que derrière ce motif "diplomatique", se cache une autre réalité bien plus complexe.
"J'ai jugé, en mon âme et conscience, que je n'étais plus dans les dispositions de continuer les missions qui m'ont été confiées à la tête de la Commission. C'est pourquoi, j'ai demandé aux chefs d'Etats de prendre cette liberté à partir du 1er décembre. Le premier Conseil de notre union se tiendra après le 1er décembre. Or, je ne souhaitais pas aller devant ce Conseil après décembre. C'est pourquoi, j'ai tenu à présenter ma démission au président de la République et à ses pairs à partir du 1er décembre. C'est pourquoi, j'avais demandé à venir le voir et le remercier", avait déclaré M. Soumaré sur la Rts, au sortir d'une audience avec le président de la République, Macky Sall.
"Je ne souhaitais pas aller devant ce Conseil après décembre"
Mais dans sa déclaration, l'ancien Premier ministre du Sénégal sous Abdoulaye Wade, a prononcé une phrase qui mérite interrogation sur les vraies raisons de sa démission à la présidence de la Commission de l'Uemoa. "Le premier Conseil de notre union se tiendra après le 1er décembre. Or, je ne souhaitais pas aller devant ce Conseil après décembre. C'est pourquoi, j'ai tenu à présenter ma démission au président de la République et à ses paires à partir du 1er décembre", a-t-il en effet lâché.
Selon les informations relayées par la Rfm, le Sénégalais a décidé de quitter son poste à la suite d'un accrochage verbal qu'il aurait eu avec le ministre nigérien de l'Economie et des Finances. En effet, lors de la dernière Conférence des ministres de l'Economie et des Finances de la zone Uemoa, ce ministre nigérien aurait tenu des propos discourtois à son égard. Même s'il avait décidé, dans un premier temps, de passer l'éponge après que ce dernier ait retiré ses propos, la pilule était trop amère à avaler pour M. Soumaré, rapportent nos confrères. Raison pour laquelle, il a décidé tout bonnement de rendre le tablier.
Les contre coups de la décision de Me Wade
Il faut préciser que le Sénégal et le Niger se disputent le poste de président de la Commission de l'Uemoa depuis le sommet de Cotonou (Benin), fin janvier dernier. En effet, lors de ce somment, le Niger avait brandi un document qui stipulait que l'ancien président de la République du Sénégal, Me Abdoulaye Wade, avait accepté de céder le fauteuil de président de la Commission, au nom du principe de la rotation, au Niger. Au même moment, le Président Macky Sall avait maintenu une position de principe, à savoir que dans un tel cas de figure, le poste de vice-gouverneur de la Beceao, détenu actuellement par le Niger, revienne en contrepartie au Sénégal.
Pour rappel, Hadjibou Soumaré est à la tête de la présidence de la Commission de l'Uemoa depuis 2011. Il avait alors succédé au Malien Soumaïla Cissé qui, lui même avait pris la place d'un autre Sénégal, Moussa Touré. Ce dernier avait fait les frais de la décision de Me Wade d'instaurer un système de rotation au sein des instances communautaires, telles que la Cedeao, la Bceao et l'Uemao. Sauf que les autres pays, et principalement la Côte d'Ivoire qui n'entendait pas perdre la Bceao n'avait pas souscrit à cette décision.
Malgré tout, Wade avait cédé la Commission de l'Uemoa au Mali, avant de s'engager, après le mandat de 5 ans de M. Soumaré (2011-2016), de laisser le Niger en prendre la présidence. Seulement, en janvier dernier, à la fin du mandat de Hadjibou Soumaré, les chefs d'Etats ne se sont pas entendus sur sa succession. Son mandat avait alors été prolongé jusqu'en juin. A cette date, un accord n'avait pas non plus été trouvé. D'où la décision d'attendre début décembre pour évacuer la question. Mais entre temps, M. Soumaré a lâché le morceau, sous la pression du Niger qui a désormais la voie libre pour imposer son candidat. A moins que Macky Sall n'ait un joker dans sa manche pour inverser le cours de l'histoire.