WOODSIDE DÉFIE LES VENTS CONTRAIRES AU SÉNÉGAL
Le géant australien, opérateur du gisement de Sangomar, envisage d'investir 2,5 milliards de dollars dans une seconde phase de développement. Un pari sur l'avenir qui intervient paradoxalement alors que Dakar souhaite renégocier ses contrats pétroliers

(SenePlus) - Le groupe pétrolier australien Woodside Energy s'apprête à entamer des négociations avec les autorités sénégalaises pour le développement de la deuxième phase du gisement offshore de Sangomar, premier projet pétrolier en eaux profondes du pays. Ces discussions surviennent dans un contexte particulier, marqué par la volonté du nouveau président Bassirou Diomaye Faye de renégocier les contrats pétroliers et miniers.
Selon les informations recueillies par Jeune Afrique, les discussions concernant le concept de développement de cette nouvelle phase devraient se dérouler « entre 2025 et 2026, après un rapport d'évaluation complet de 12 à 24 mois de production de Sangomar ».
Situé à 100 km au sud de Dakar, le développement de la phase 1 du gisement avait nécessité un investissement considérable de 5,2 milliards de dollars, soit une augmentation de 21% par rapport aux 4,1 milliards initialement prévus lors de la validation du décret d'exploitation en 2020 par l'ancien président Macky Sall.
Pour cette première étape, Woodside a réalisé « la construction de 23 puits, dont onze de productions, soutenus par 10 puits d'injection d'eau et 2 puits d'injection de gaz », rapporte JA. Le dispositif comprend également « l'installation du navire flottant de production, de stockage et de déchargement (FPSO) Léopold Sédar Senghor, doté de deux lignes de production en boucle, et des infrastructures sous-marines associées ».
Concernant la phase 2, les plans de la compagnie australienne prévoient la construction de « 33 puits sous-marins, 16 producteurs et 17 injecteurs d'eau, reliés au FPSO Léopold Sédar Senghor ». Selon une source officielle sénégalaise citée par le magazine panafricain, « le montant des investissements nécessaires pour la phase 2 avoisinera les 2,5 milliards de dollars ».
Les démarches de Woodside interviennent alors que d'autres acteurs internationaux comme BP semblent se désengager du pays. Le groupe britannique a notamment cédé l'exploitation de la découverte Yakaar-Teranga à Kosmos Energy et « songerait même à renoncer à la phase 2 de GTA », le méga-gisement gazier dont il est l'opérateur principal, indique Jeune Afrique.
Malgré ces mouvements et les tensions liées à une possible renégociation de son contrat ainsi qu'à un différend fiscal avec l'administration sénégalaise, Woodside affirme être « très fière de la relation que la compagnie a nouée avec Petrosen et le gouvernement du Sénégal pour développer Sangomar ».
Le potentiel du gisement semble d'ailleurs justifier cette confiance. D'après JA, « les réserves prouvées de Sangomar ont augmenté de 54,9 millions de bp/j en 2025 dans une récente mise à jour de Woodside » pour atteindre 1 975,7 millions de barils équivalent pétrole. La durée de vie de ces réserves est désormais estimée à 9,6 ans, tandis que « les réserves prouvées et probables, dont la quantité est estimée à 3 092,2 millions de bp/j a une durée de vie de 15 ans aux niveaux de production de 2024 ».
Lors de son discours à la Nation du 3 avril, à l'occasion de la fête de l'Indépendance, le président Bassirou Diomaye Faye a clairement affiché ses intentions : « Dans le cadre de la réappropriation de nos ressources souveraines, le processus de renégociation des contrats [pétroliers et miniers] suit son cours normal. Les résultats obtenus à ce stade sont plus que satisfaisants. Ils seront communiqués à temps opportun au peuple sénégalais ».
C'est Talla Gueye, qui a succédé à Thierno Seydou Ly à la tête de la branche exploration-production de Petrosen en mars 2025, qui pilotera les discussions avec le groupe australien concernant le concept de développement de cette nouvelle phase.
Avec une production mensuelle qui a atteint « 3,08 millions de barils de pétrole brut en mars dernier » et « pas moins de 100 000 barils par jour », le gisement de Sangomar représente d'ores et déjà « des revenus importants pour l'État sénégalais et Woodside », conclut Jeune Afrique.