«C’EST A L’ECOLE QUE LES ELEVES SONT EN SECURITE»
Dans cet entretien accordé à « L’As », Mohamed Moustapha Diagne, le directeur de la formation et de la communication du ministère de l'éducation nationale, rassure les parents que leurs enfants seront plus en sécurité dans les écoles que nulle autre part

Les élèves retrouvent le chemin de l’école ce matin après plus de six mois de vacances dus à la Covid-19. Une rentrée bien particulière qui intervient dans un contexte de crise sanitaire mondiale. Face à la crainte des parents d’élèves de voir une seconde vague de contaminations avec la reprise des classes, le ministère de l’éducation nationale en collaboration avec celui de la Santé a pris toutes les dispositions nécessaires pour assurer une bonne sécurité sanitaire à l’ensemble des personnels de l’éducation.
Dans cet entretien accordé à « L’As », Mohamed Moustapha Diagne, le directeur de la formation et de la communication du ministère de l'éducation nationale, rassure les parents que leurs enfants seront plus en sécurité dans les écoles que nulle part ailleurs.
«L’As» : Cette année scolaire va se dérouler dans un contexte particulier avec la Covid-19. il s'y ajoute que les enseignants se signalent déjà pour réclamer l'application du protocole d’accord signé avec l'état. Ne risque-t-on pas de vivre des perturbations d'ordre sanitaire et social ?
Pour la gestion de la Covid, le ministère de l’Education nationale a pris toutes les dispositions en relation avec celui de la Santé. Elle a élaboré un nouveau protocole sanitaire qui a été révisé, vu l’évolution de la pandémie. Aujourd’hui, les cas sont en train de baisser et le chef de l’Etat a ouvert le pays à toutes les activités. Dans ce nouveau protocole, le port du masque reste obligatoire pour les élèves de tous les cycles sauf pour le préscolaire. Ensuite, le dispositif de lavage des mains est mis dans toutes les écoles et établissements. Le lavage des mains reste donc obligatoire. Pendant la reprise de juin dernier, nous avions 551.000 élèves. Cette fois-ci c’est 4.000.000 élèves. Et comme nous voulons accueillir tous les élèves dans les écoles, il est clair que nous ne pouvons pas nous limiter à des classes de 20, ce n’est pas possible. Ce qui est recommandé, c’est que dans les classes les apprenants s’asseyent à deux par table tant que c’est possible. Mais que personne ne soit surpris si nous voyons les élèves s’asseoir trois par table. Donc, les conditions changent d’une école à une autre. A la limite, on peut même dire que c’est à l’école que les élèves sont en sécurité. Donc, le minimum de protocole sera respecté et le ministère a déjà acheminé le matériel dans toutes les écoles et dans tous les établissements du Sénégal. Pour ce qui est du protocole, les gens ont tendance à soutenir que l’Etat n’a rien fait. Le protocole c’est 33 points, et l’Etat a pris en charge les 32. Il y a trois ou quatre points qui sont extrêmement importants. Le premier, c’est la formation. Et sur cette question, l’Etat a énormément fait. 18.000 instituteurs adjoints ont été formés. Tous les titulaires de diplômes spéciaux ont été formés par la Faculté des Sciences et Technologies de l'Education et de la Formation (FASTEF) ou l'École Nationale Supérieure d'Enseignement Technique et Professionnelle (ENSETP). Les instituteurs adjoints sont formés par les centres régionaux de formation des personnels de l’éducation (CRFP). Les maîtres d’éducation physique sont formés par le Centre national d'éducation populaire et sportive (Cneps). Les animateurs polyvalents des cases des tout-petits sont formés par les CFT. Donc l’Etat a presque évacué toutes ces questions. Sans compter les mises en position de stage. Pour ce qui est des questions relatives aux lenteurs administratives, chaque mois les enseignants qui étaient contractuels deviennent fonctionnaires décisionnaires, chaque mois des enseignants reçoivent des millions de rappel, chaque jour des actes d’intégration, de validation, de reclassement sont pris par la fonction publique. Et des mises en solde sont opérées chaque jour. Tout cela représente plus de 250 milliards. Donc dire que l’Etat n’a rien fait relève un peu d’analyses qui sont hasardeuses. N’oublions pas que le chef de l’Etat a fait passer l’indemnité de logement de 60.000 à 100.000 F CFA et rien que 41.000 par mois pour chaque enseignant, c’est 3.000.000.000 par mois. Maintenant le seul point qui reste demeure la rémunération et la motivation des agents de l’Etat. Parce que les enseignants disent que d’autres fonctionnaires qui sont de même corps sont mieux payés qu’eux. C’est vrai qu’il y a des disparités qui ont été confortées par les études sur le traitement salarial des agents de l’Etat. Mais pour résoudre cette question, il va falloir que l’Etat augmente les salaires des enseignants à hauteur de 200.000 ou de 300.000 FCFA. Pour le moment, cela n'est pas envisageable. Néanmoins nous allons continuer les discussions.
L'état a su bien gérer la reprise de juin dernier avec seulement des classes d'examen. Avez-vous vraiment les moyens pour cette grande rentrée de garantir l'hygiène et la santé de millions d'élèves et de milliers d'enseignants surtout que les établissements scolaires pour la plupart manquent de tout?
Même avant la pandémie, à chaque rentrée des classes, le ministère de l’Education nationale organisait la semaine de la propreté avec les collectivités territoriales et l’administration territoriale. Et cette année, on a renforcé ce dispositif là même si on n'a pas organisé la semaine de la propreté. On a mis en place dans toutes les académies des comités régionaux de gestion de la reprise ? Ce comité gère la désinfection, le nettoiement des écoles, etc. A cela s’ajoute le fait que, les directeurs d’école, les chefs d’établissements nettoient leur école, chaque année. Seulement cette activité a été renforcée cette année par l’Etat à cause de cette pandémie. Donc, que les parents nous fassent confiance, parce que le ministère est en train de prendre toutes les dispositions pour que les cours se déroulent dans l’hygiène, dans la sécurité et dans la santé pour les élèves, les enseignants et pour le personnel administratif.
Les parents d'élèves et les écoles privées ne parlent pas actuellement le même langage. Aujourd'hui qu'est-ce que le ministère de l'éducation nationale compte faire pour apaiser la tension ?
Je voudrais d’abord préciser que les informations faisant état que le ministère de l’Education aurait demandé aux parents d’élèves de porter plainte sont infondées. Le ministère n’a jamais demandé aux parents d’élèves de porter plainte. Mamadou Talla a toujours demeuré dans une ligne de consensus entre les deux parties. Les parents ont été impactés, les écoles privées ont été impactés, donc il faudrait que les deux se retrouvent. Le ministère de l’Education nationale peut fermer une école si les enseignants n'ont pas le profil, ou si le programme enseigné n’est pas le programme officiel. Aussi le ministère de l’Education peut fermer une école si les bâtiments menacent ruine. Mais il n’a pas de texte réglementaire sur lequel il peut se fonder pour arbitrer sur un différend commercial. Parce que le déclarant responsable rend un service, le parent d’élève achète un service. Donc s’ils ont un contentieux, il faut qu’ils se parlent comme ils l’ont fait avant d’établir le contrat. Donc ils peuvent se trouver autour d’une table pour le bien de l’enfant. Maintenant la précision de taille est qu'aucune école privée ne peut retenir le bulletin d’un élève ou le certificat de scolarité ou un quelconque document administratif. Si l’élève demande un document administratif, l’école privée doit le lui remettre sans contrepartie. Les Inspections d’académie, les inspecteurs de l’éducation et de la formation sont tenus de veiller à l’application de cette soumission-là.
L'année scolaire ne risque telle pas d’être perturbée avec les enseignants qui s'agitent déjà ?
Je ne crois pas en tout cas. En tout cas, le ministre de l'Éducation nationale est dans une dynamique consensuelle. Tout ce que nous faisons, tous les documents de politiques que nous élaborons aujourd’hui, toutes les initiatives de réformes nous le faisons avec les partenaires, les syndicats, les associations de parents d’élèves, les organisations de la société civile. Je pense donc que si nous restons dans cette dynamique-là, nous pouvons régler les problèmes sans aller dans des postures de conflits. Les syndicats du G7 sont assez conscients et pour permettre au président de la République de dérouler son plan de reprise, il serait bon que ce pays se trouve dans un climat apaisé. A commencer par l’école, le gouvernement a beaucoup fait et le protocole est dynamique. En tout cas nous appelons encore les gens patriotiques, les syndicats surtout ceux du G7 qui sont les syndicats majoritaires pour dire que nous sommes encore dans un contexte de pandémie et que l’Etat a fait énormément d’effort pour les enseignants et ça tout le monde peut l’attester. On devrait donc continuer cette année à ne pas aller dans le sens de déposer des préavis de grève ou de déclencher des mots d’ordre de grève. Vraiment c’est l’appel que je lance au ministre de l’Education nationale qui reçoit régulièrement les syndicats du G7. Pour qu’ensemble, nous réglons et traitons presque tous les problèmes liés à l’éducation et qu’il assure également le portage des autres problématiques pour les autres ministères.