LOIN DE L’EQUITE !
Trois (3) millions d’élèves sur toute l’étendue du territoire national sont concernés par l’initiative «apprendre à la maison» du ministère de l’Education nationale.

Trois (3) millions d’élèves sur toute l’étendue du territoire national sont concernés par l’initiative «apprendre à la maison» du ministère de l’Education nationale. Des contenus pédagogiques préparés par les inspections générales de l’Education et de la Formation (IGEF), sont disponibles sur education.sn, à l’aune de l’absence de l’électricité dans certains foyers ou de problème d’accès à l’internet. Une initiative loin de s’arrimer aux principes de l’équité.
«Apprendre à la maison !» C’est l’initiative mise sur pied par le ministère de l’Education nationale pour assurer la continuité pédagogique. Le ministère s’appuie sur son Système d'Information et de Management de l'Education nationale (SIMEN) pour permettre aux élèves d’accéder à des ressources numériques gratuitement en ligne. Les contenus pédagogiques sontils accessibles à tous les élèves, à l’aune de la promotion de l’équité dans le secteur éducatif ? Le ministère s’y est-il pris très tôt pour l’effectivité de sa mesure ? En tout cas, le conseil d’administration de la COSYDEP estime qu’il n’y a pas à ce stade péril en la demeure, surtout si toutes les dispositions nécessaires à l’accompagnement de la mesure sont prises.
En effet, la mesure du gouvernement du Sénégal impacte sur une semaine d’enseignements dans le quantum horaire. Il est clairement indiqué dans le décret relatif aux trimestres et à la durée des congés et vacances dans les établissements pour l’année 2019/2020, que les élèves prendront les fêtes pascales à partir de samedi 21 mars à 12 heures jusqu’au lundi 06 avril à 8heures. Le préjudice sur les apprentissages ne peut pas être minoré ici, dans la mesure où les 1296 heures de cours prévues, commençaient à prendre un sacré coup avec le mouvement des syndicats d’enseignants. La situation causée par le Covid-19 donne une autre perspective à l’école publique sénégalaise : la suspension des grèves du G7 et un élan de solidarité sur la démarche à adopter pour occuper les élèves pendant cette période. La mobilisation des énergies est désormais orientée vers la digitalisation des contenus. Les potaches sont invités à consulter le site www.education.sn, pour accéder à des ressources numériques gratuitement en ligne préparées par les inspections générales de l’Education et de la Formation (Igef). D’autres initiatives comme télé-école aident aussi la vulgarisation des cours. Ces nombreuses actions peuventelles atteindre plus de 3 millions d’élèves sur toute l’étendue du territoire national ? Peuvent-ils suivre concomitamment les cours mis en ligne ? A l’heure d’une école de l’équité et de l’égalité des chances, les initiatives sont loin de garantir l’accès à l’éducation.
Notamment, l’équité tant chantée dans le référentiel de la politique publique en éducation, précisément le Programme d’amélioration de la qualité, de l’équité et de la transparence (Paquet). Beaucoup d’élèves sont exclus par ce mode de transmission des connaissances et des compétences prévues dans les curriculums. Les conditions nécessaires à une simple égalité d’accès ne sont pas réunies. Beaucoup d’élèves n’ont pas accès à l’électricité, tout comme encore certains d’entre eux n’ont pas accès à internet ou ne disposent pas de smartphone. Ce qui repousse les limites d’une Ecole pour Tous notamment améliorer l’équité dans l’accès. L’environnement scolaire du milieu urbain diffère celui du rural. COVID-19 : UN DECLIC DU NUMERIQUE DANS LE DISPOSITIF EDUCATIF Si la question de l’équité mérite une attention particulière eu égard aux difficultés liées à la question des enfants issus de milieux défavorisés et ceux à besoins éducatifs spéciaux, il va s’en dire que la pandémie du COVID-19 devrait constituer un déclic pour mettre l’accent sur le numérique dans le dispositif éducatif. La maladie à coronavirus ne donne aucune visibilité claire sur la situation nationale pouvant permettre aux autorités de réajuster le calendrier scolaire.
MAMADOU LAMINE DIANTE : «Cette continuité pédagogique n’est pas démocratique»
«L’initiative en soi est une bonne chose. L’école est fermée pour une durée déterminée mais on ne sait pas quand les élèves vont reprendre le chemin des classes. Dans la réalité, l’école ne ferme qu’une semaine étant entendu que les élèves devraient prendre les fêtes pascales les 20 et 21 mars. Nous pouvons dire que cette continuité pédagogique n’est pas démocratique. Techniquement, ce n’est pas réalisable. L’absence d’électricité et d’internet dans certaines zones ne facilite pas les choses. Ce qui veut dire que cette plateforme a des limites sachant que le taux de pénétration de l’internet laisse à désirer. Beaucoup d’élèves ont-ils cette volonté de suivre convenablement les cours ? Ont-ils un suivi régulier des parents dans les foyers ? Les élèves n’ont aucune contrainte à travers cette plateforme. L’enseignement en ligne a connu d’énormes difficultés avec l’université virtuelle du Sénégal (Uvs). Les étudiants avaient du mal à s’adapter à la formation à distance à plus forte raison des élèves de cycle inférieur. Je ne vois comment cela puisse être une réussite».
ABDOU FATY, SG SELS/A : «Une fracture loin d’être démocratique pour la majeure partie des élèves»
«A l’impossible nul n’est tenu. Cette initiative « apprendre à la maison » encadrée par le ministère, est une réponse à la mesure du gouvernement de suspendre les enseignements pendant 03 semaines. Nous avons tenu hier (jeudi) une rencontre au ministère pour organiser les enseignements. Nous avons constaté que des initiatives sont notées dans les médias sans un encadrement et les normes pédagogiques requises. Il était question d’harmoniser. Nous avons constaté qu’il y aura une fracture loin d’être démocratique pour la majeure partie des élèves notamment ceux dans les zones où il y a une absence d’électricité. C’est pourquoi nous avons proposé le concours des radios pour une large dissémination des contenus. Cette initiative devrait être prise en compte depuis longtemps dans le cadre de la numérisation des contenus. Le Sénégal est en retard sur le numérique. La digitalisation de l’enseignement est primordiale. Heureusement, à cause de ce virus, nous sommes en train de prendre les dispositions nécessaires de cette politique incontournable à l’avenir»