MAHMOUD DICKO, L'OPPOSANT QUI DÉFIE BAMAKO DEPUIS ALGER
Ce religieux populaire, qui prône le retour des militaires dans leurs casernes, incarne une menace politique que le général Assimi Goïta prend très au sérieux

(SenePlus) - Une crise majeure et inédite secoue actuellement les relations entre le Mali et l'Algérie, avec au centre de ces tensions la figure de l'imam Mahmoud Dicko, opposant redouté par la junte militaire malienne et actuellement exilé en Algérie.
Selon un article publié par Le Monde le 15 avril 2025, les relations entre les deux pays voisins se sont considérablement détériorées depuis la nuit du 31 mars au 1er avril, lorsqu'un drone malien survolant la zone frontalière de Tin Zaouatine a été abattu par l'armée algérienne.
Mahmoud Dicko, imam septuagénaire et ancien président du Haut Conseil islamique malien (HCIM), s'est réfugié en Algérie en décembre 2023. Figure religieuse respectée et dotée d'une grande influence politique, il est considéré comme "la bête noire de la junte" au pouvoir à Bamako, selon un ancien ministre cité par le journal français.
Ironiquement, l'imam avait involontairement favorisé l'arrivée au pouvoir de la junte du général Assimi Goïta en mobilisant d'importantes manifestations contre le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) au premier semestre 2020, fragilisant ainsi le gouvernement avant le coup d'État du 18 août 2020.
En février 2024, l'annonce d'un possible retour de l'imam à Bamako avait provoqué une vive réaction des autorités maliennes. Le ministère de la sécurité l'avait accusé de s'être livré à des "activités subversives" en Algérie et un important dispositif sécuritaire avait été déployé dans la capitale. Sur les conseils de ses proches, Mahmoud Dicko avait finalement renoncé à revenir.
Selon ses partisans, l'imam, qui serait aujourd'hui "totalement guéri" après des problèmes de santé (son entourage évoque une tentative d'empoisonnement), continue de plaider pour "une transition civile" et souhaite que "les militaires retournent à leur place, dans leurs casernes".
L'article du Monde rapporte que l'imam est "logé et pris en charge par les autorités algériennes, qui s'en servent comme un moyen de pression sur la junte malienne en brandissant la menace de son retour", selon un confident du religieux.
Cette situation contribue à exacerber les tensions entre Bamako et Alger, déjà mises à mal par l'incident du drone frontalier et par la réception par les autorités algériennes de représentants de groupes indépendantistes du nord du Mali.
Malgré ces tensions, l'entourage de Mahmoud Dicko affirme qu'il finira par rentrer au Mali, et que "le jour où il reviendra, ce sera en héros".