AHMED SOUMARE DEMONTE LE REQUISITOIRE DU PROCUREUR
AUDITION SUR LE FOND DES COLLABORATEURS DE BARA SADY

Les quatre (4) collaborateurs de l’ancien Directeur général du Port Bara Sady ont été entendus hier sur le fond dans le dossier de complicité d’escroquerie et de détournement de deniers publics portant sur plus de 48 milliards, qui leur vaut un séjour en prison depuis quelques semaines. C’est l’ancien secrétaire général Oumar Diagne Thiam qui a ouvert le bal.
Selon nos informations, le directeur de la Comptabilité Ahmed Soumaré a délivré un cours magistral en finances publiques et management au juge pour démonter le dossier. Autre fait à signaler, Me Boubacar Wade a été littéralement humilié par le juge qui lui a demandé de quitter son bureau lors de l’audition d’Ahmed Soumaré .
Oumar Diagne Thiam, Ahmed Soumaré, Abdoulaye Gningue et Daouda Ndiaye sont passés devant le juge Samba Sall pour s’expliquer sur leurs responsabilités dans le dossier du Port. Leurs conseils vont déposer une demande de liberté provisoire aujourd’hui ou au plus tard lundi prochain. Mais leur audition à la suite de celle de leur ancien patron Bara Sady n’a pas été un fleuve tranquille.
Le passage du directeur comptable du Port a été le plus houleux nous dit-on, puisque l’avocat Me Boubacar Wade a été expulsé de la salle par le juge. Conseil du Port et de Bara Sady, Boubacar Wade, on ne sait pour quelle raison, a voulu participer à l’audition de Soumaré alors que ce dernier ne l’a pas constitué. Un conflit d’intérêts signalé par Me Kouressy Bâ qui a menacé de se déporter si Boubacar Wade ne quittait pas la salle. Le juge a dû intervenir pour calmer les esprits. Interpellé, le prévenu dit n’avoir pas constitué Me Wade. Séance tenante, le juge Samba Sall lui a demandé de quitter son bureau. Ce qu’il fit sans broncher.
Soumaré : «Il faut être un profane en finances publiques pour inculper des gens sur la base de ce réquisitoire»
Ahmed Soumaré, spécialiste des finances publiques dont l’expertise est sollicitée partout en Afrique, a été époustouflant devant le juge, confie une source. En effet, il a démontré de bout en bout que le dossier qui lui vaut la prison est cousu de fil blanc. «Il faut être un profane en finances publiques pour inculper des gens sur la base de ce réquisitoire», a t-il dit devant le juge Samba Sall.
Son exposé était si clair que ses avocats Me Souleymane Ndéné Ndiaye, Me Seck représentant le bâtonnier Me Ahmed Bâ, Me Souley Mbaye, Me Bâ et Me Dramé n’ont pas eu besoin de poser une quelconque question pour apporter des éclaircissements. Soumaré qui a été à l’origine de la réussite de l’emprunt obligataire de 30 milliards lancé par le Port en 2006 et dont le remboursement a été effectué trois ans avant son échéance, a démonté toutes les accusations contenues dans le réquisitoire du procureur de la République.
D’ailleurs, les avocats n’ont pas manqué de fustiger l’attitude du maître des poursuites qui n’a pas pris en compte le procès-verbal de la Division des investigations criminelles (Dic) qui disculpe les mis en cause, ni même exécuté la demande d’expertise sollicitée par son prédécesseur sur les travaux immergés au Port. Après avoir séduit le juge, Soumaré a dit ceci : «Même si le Dg me demandait de faire quelque chose d’illégal, ma formation et mon éducation m’auraient empêché de le faire».
Les entrepreneurs passent lundi prochain
Abdoulaye Gningue, retiré de sa retraite paisible et jeté en prison pour un marché qui date du temps où il était secrétaire général, a également été entendu longuement. Tout comme Daouda Ndiaye le chef du service marchés et contrats, dont le rôle n’a été que de servir d’archiviste. Quid des marchés fictifs ? Conscients de l’innocence de leurs clients, les avocats ont décidé de demander une liberté provisoire en leur faveur en attendant d’engager la bataille du non-lieu. Lundi prochain, le ballet des 20 entrepreneurs incriminés va démarrer au deuxième cabinet.