L’ETUDIANT, VIGILE AU DOMICILE DE SERIGNE MODOU KARA, ECOPE DE 10 ANS DE TRAVAUX FORCES
BRAQUAGE DE L’AGENCE SGBS DES ALMADIES

La Cour d’Assises de Dakar s’est ouverte, hier, sur une affaire de vol en réunion commis avec usage d’arme et violence. Etant le seul à être interpellé parmi les malfrats qui ont dévalisé la Sgbs des Almadies, Alassane Ndiaye - étudiant au moment des faits et par ailleurs, vigile au domicile de son marabout Serigne Modou Kara Mbacké - a été condamné à 10 ans de travaux forcés .
Un étudiant devant la Cour d’Assises. Le fait est rare pour être souligné. Et pourtant, l’accusé Alassane Ndiaye, poursuivi pour les faits d’association ou entente dans le but de commettre un ou plusieurs crimes contre les personnes et les biens, vol en réunion avec usage d’arme et violence, détention d’arme de la 5éme catégorie sans autorisation administrative, était bel et bien inscrit à la Faculté des Lettres et Sciences humaines de l’Ucad, au moment des faits.
Placé sous mandat de dépôt depuis le 16 novembre 2006, l’accusé avait été déféré au Parquet par la brigade de gendarmerie de Ouakam qui l'avait, en effet, interpellé au moment où il tentait de fuir. Il avait été signalé comme faisant partie des braqueurs de l’agence Sgbs des Almadies. Un braquage digne des films hollywoodiens. Quoi qu’il en soit, il faut souligner qu’avant les débats d’audience, l’un de ses conseils, en l’occurrence Me Kayossi, a soulevé une exception de nullité de la procédure au motif que les articles 5 et 7 du Code pénal relativement à la garde-à-vue, ont été violés.
Selon l’avocat, la demande d’autorisation de prolongation de garde-à-vue n’existe pas dans le dossier, or, le mis en cause a été gardé-à-vue durant cinq jours dans les locaux de la brigade de Ouakam. Mieux, dit-il, l’accusé n’a, à aucun moment, été informé de la mesure de prolongation de garde-à-vue encore moins de son droit de constituer conseil et de se faire examiner par un médecin de son choix. «La violation de ces droits, entraîne de facto la nullité du procèsverbal », dira Me Kayossi.
Une préoccupation partagée par le Parquet qui souligne que c’est certainement un problème de mise à niveau du dossier. La cour ayant joint l’exception de la défense au fond, le procès de l’étudiant qui a été qualifié par le procureur général comme «un novice qui s’essayait au banditisme», pouvait dès lors commencer. Né en 1982, Alassane Ndiaye était à la fois étudiant et vigile au domicile de son marabout Cheikh Modou Kara Mbacké. Revenant sur son emploi du temps de cette fameuse matinée du 11 novembre 2006, le jeune homme frêle a soutenu à la barre : «Ce jour-là, je m’étais réveillé tôt à 6h du matin, car je devais aller prendre les résultats de mon examen de session d’octobre à l’université.
Puisque les résultats n’étaient toujours pas affichés, je suis sorti pour aller faire un tour. J’ai pris un car qui m’a mené jusqu’à la mosquée de la Divinité. Ensuite j’ai marché jusqu’aux Almadies, alors que je m’apprêtais à aller prendre un car pour rentrer, j’ai été interpellé par des gens, au motif que je faisais partie des individus qui venaient de braquer l’agence de la Sgbs sise aux Almadies».
Une opération savamment menée et à l’issue de laquelle, plus d’un million de francs a été emporté par les malfrats. En effet, ce jour là, des hommes armés (4 à 5 personnes) s’étaient introduits dans la banque pour tenir en respect tout le monde. C’est donc dans ces circonstances que l’un d’eux a menacé à l’aide d’une arme à feu, une cliente qui retirait de l’argent, tandis qu’un autre des assaillants a escaladé le comptoir pour subtiliser l’argent se trouvant dans la caisse. Les autres membres du groupe ont agressé le vigile des lieux et tenté de bloquer l’un des employés de la banque qui essayait de sortir pour chercher de l’aide dehors.
Finalement, tous les membres de cette bande ont pris la fuite à l’exception du sieur Alassane Ndiaye. Ce dernier a, en effet, été interpellé au moment où il tentait de fuir dans dans un car « Ndiaga ndiaye». Poursuivi par la clameur publique, il a été interpellé par un passager du car. Se disant surpris par de telles accusations, l’accusé qui nie les faits depuis le début, a néanmoins été retrouvé avec un couteau. Une détention d’arme qu’il a justifié par le fait qu’il vit à Grand-Yoff, une zone criminogène. Il faut dire que le mis en cause a été confondu par les différents témoignages servis à la barre.
En effet, il a été formellement identifié par le vigile Khalifa Kane, comme faisant partie des malfrats qui ont dévalisé la banque. «Des interprétations, des supputations et des suppositions » qui ne peuvent pas suffire pour justifier la peine de 10 ans de travaux forcés requise par l’Avocat général. Si ce dernier pense que dans cette affaire, ni l’emploi du temps encore moins son statut d’étudiant ne pouvaient justifier sa présence sur les lieux, les conseils de la défense ont, quant à eux souligné qu’il y a un problème d’imputabilité des faits.
Selon eux, ni la partie civile ni les témoins ne sont pas en mesure de dire avec exactitude si Alassane Ndiaye a réellement participé au braquage. Toutes choses qui font qu’ils ont demandé à la cour de l’acquitter et subsidiairement au bénéfice du doute, car la preuve de la culpabilité n’a pas été rapportée. Alassane Ndiaye - dont la mère est décédée au cours de sa détention - a finalement été condamné à 10 ans de travaux forcés.