DE LA MERE DE FAMILLE A L’INCARNATION DE LA PROSPERITE…
ROLE ET PLACE DES FEMMES DANS LE PROCESSUS DE PAIX

Sur la question relative au «Rôle et la place de la femme dans le processus de paix», les panélistes soutiennent que les femmes sont impliquées pour la stabilité de la famille où de la communauté. Toutefois, elles ne sont pas suffisamment impliquées par les gouvernants dans le processus de recherche de paix notamment en Casamance.
Pour Odile Tendeng, consultante à Gorée Institute, la femme diola intervient à deux niveaux: elle joue le rôle de la femme dans la famille et celui de la femme en public. «Pour le premier, explique-t-elle, dans les sociétés du Sud du pays, la femme constitue l’élément central de la famille. En plus d’être épouse, elle incarne la prospérité de son mari dont elle gère la richesse. Et, comme toute mère, par les enfants qu’elle donne à la concession, elle contribue à la reproduction du groupe», soutient Odile Tendeng.
Elle poursuit: «en tant que sœur, ce sont ces enfants qui ont la responsabilité d’assurer la cohésion dans la concession d’où leur mère est originaire». Elle conclut en disant que dans cette même société, les femmes ont toujours eu une parole publique. Selon la chercheure, l’attitude des femmes et la prise de position qui s’ensuit est le fait d’une culture qui donne à chacun sa place.
Dans cette même veine, la panéliste Ndèye Marie Thiam a, quant-à elle, centré son intervention sur le rôle des femmes de religions différentes dans le processus de paix en Casamance. Ce membre de la Plateforme des femmes pour la paix en Casamance a souligné les efforts consentis par la gente féminine pour la fin du conflit dans la région méridionale vieux de plus de 30 ans. «Elles ont travaillé de manière fusionnelle, au point que j’oublie qu’elles sont de religions différentes», dira-t-elle. Depuis l’éclatement du conflit en 1982, plusieurs stratégies de résolution ont été mises en œuvre.
Utiliser les différences confessionnelles comme atout
Dans la première partie de son exposé, Ndèye Marie Thiam a exploré le dialogue interreligieux dans la société casamançaise multiconfessionnelle. Dans cette société, reconnaît Mme Thiam, «globalement, l’Islam, le Christianisme et les religions traditionnelles cohabitent en harmonie, comme en témoigne le cimetière commun des trois communautés à Santhiaba (Ziguinchor). Il est aussi courant de constater dans une même famille que les membres soient de confessions différentes».
D’ailleurs, a-t-elle ajouté, de nombreux adeptes des religions traditionnelles se convertissent régulièrement à l’Islam ou au Christianisme. Selon son constat, les femmes transcendent les barrières religieuses, ce qui explique un «syncrétisme» religieux. «La société casamançaise compte une majorité de musulmans et une minorité de chrétiens. Il y a, par contre, 100% d’adeptes des religions traditionnelles», a-t-elle expliqué. A en croire Ndèye Marie Thiam, les femmes ont utilisé ce substrat culturel pour entreprendre des initiatives pour la paix.
Les premières victimes des conflits exclues des processus de paix
Rabbin Nava Hafetz a pour sa part partagé l’expérience des femmes du Proche-Orient dans le processus de paix. Mme Hafetz fait remarquer que partout dans le monde, les femmes sont exclues des processus de paix, alors qu’elles paient un lourd tribut dans ces conflits. A l’exemple de la guerre en Syrie où on décompte plus de 2000 femmes victimes.
Les recommandations
Des recommandations ont été formulées au cours de ce colloque. Il s’agit entre autres d’avoir une meilleure connaissance des textes sacrés, la connaissance et la reconnaissance de l’autre, de créer un pont entre le discours religieux et la réalité. Il est également recommandé de décloisonner la religion, de ne pas confiner les femmes dans des discours sexistes, de rendre accessible ce type de réflexion, de renforcer le processus de paix et de sensibilisation des futurs conjoints. S’y ajoute le respect de l’esprit du Code de la famille, faciliter l’accès à la justice des femmes divorcées et revoir le cas des talibés.