Les autorités sénégalaises ont intercepté à l’aéroport de Dakar, une cargaison de devises étrangères, équivalentes à 4 milliards de francs Cfa. Les douaniers qui ont voulu confisquer l’argent ont été obligés de faire marche arrière quand de Conakry, on a expliqué que les montants étaient envoyés à Dubaï par ordre d'Alpha Condé lui-même.
En plus du virus Ebola, le Sénégal a failli trouver d’autres causes de friction avec son plus grand voisin du sud, la Guinée Conakry. A la base, un transfert de fonds assez litigieux.
En effet, les douanes sénégalaises ont intercepté il y a une dizaine de jours environ, l’équivalent de 4 milliards de francs Cfa, en dollars et en euros. Ce montant était transporté depuis Conakry, par un avion petit porteur qui s’était posé à l’aéroport Léopold Sédar Senghor.
Les dites devises étaient prévues pour prendre place à bord de l’avion de ligne régulière de la compagnie dubaïote Emirates, qui relie la capitale sénégalaise à la ville-mirage du Moyen orient. L’ennui est que ces devises n’étaient pas déclarées à l’entrée, et forcément, pas non plus à la sortie du territoire.
Et leur transport ne répondait pas aux normes internationales en matière de transfert des devises. C’est ainsi que les gabelous sénégalais ont décidé de confisquer et les montants et l’aéronef qui a servi à leur transport. Et ils ont avisé leur hiérarchie.
Et par acquis de conscience, les autorités sénégalaises ont demandé à leurs homologues guinéens si elles étaient informées du voyage de l’avion et du contenu de sa soute.
Grande a donc été leur surprise d’apprendre que non seulement les autorités guinéennes étaient bien informées du déplacement de l’avion, mais que mieux, c’est elles-mêmes qui l’avaient affrété. Et l’ordre aurait même été donné au plus haut niveau, depuis la présidence de la République.
C’est ainsi que les douaniers sénégalais n’ont pu que, la mort dans l’âme, assister à l’embarquement des 4 milliards de francs Cfa en devises, pour Dubaï. Et ce, sans préjudice aucun pour les transporteurs. En ces temps assez troublés, où Ebola rend déjà difficiles les canaux de communication, les dirigeants sénégalais n’ont surtout voulu donner aux Guinéens aucun motif de ressentiment à leur égard.
Pourquoi avoir fait transiter autant d’argent par Dakar au lieu de faire un simple transfert interbancaire, comme cela se fait couramment en matière de transferts de fonds importants d’Etat à Etat ? Les Guinéens ont expliqué que, du fait de la suspension par Emirates de son escale de Conakry, à cause d’Ebola (toujours !), ils sont obligés, pour envoyer de l’argent dans ce pays, de se rendre à Dakar, d’où ils peuvent prendre la correspondance pour les Emirats arabes unis.
Et pas besoin d’explications, officielles ou pas, pour comprendre que l’argent ainsi transféré ne passait pas par les circuits officiels, mais était destiné aux besoins personnels des dirigeants de Conakry. Ce qui peut très logiquement s’interpréter comme un trafic des devises.
Mais cela est une histoire dans laquelle Dakar n’a pas osé entrer.
Dakar, 23 août (APS) – Le plan de riposte mis en place par le Sénégal contre l’épidémie de fièvre Ebola, l’interdiction par le préfet de Dakar de la marche du Parti démocratique sénégalais (PDS, opposition) et l’arrestation d’individus présumés appartenir à une mouvance islamiste sont les principaux sujets abordés par les quotidiens reçus samedi à l’APS.
A propos de l’épidémie d’Ebola, Le Soleil note que le plan de lutte a été renforcé.
‘’Après la fermeture des frontières terrestres, aériennes et maritimes, le Sénégal a mis en place un plan de riposte contre l’épidémie de fièvre hémorragique à virus Ebola. Lequel est monté d’un cran, ont révélé hier, vendredi, le ministre de la Santé et de l’Action sociale, et son homologue du Tourisme et des Transport aériens. Ils ont assuré que toutes les dispositions sont prises pour protéger les populations de cette maladie’’, écrit Le Soleil.
Aucun cas d'Ebola n'a jusque-là été enregistré au Sénégal, assurent les autorités sénégalaises.
Sud Quotidien revient sur la fermeture de la frontière avec la Guinée en faisant état de ‘’passages incontrôlés’’. Le journal souligne qu’il ‘’faut avoir les moyens de fermer une frontière (car) qui ceux veulent contourner la mesure passent par des pistes incontrôlées pour ensuite se trouver’’ à Diaobé, le grand marché hebdomadaire dans la région de Kolda, ‘’où la plupart des acteurs viennent de la Guinée’’.
Le journal s’intéresse aussi à la politique et annonce que l’ancien président Abdoulaye Wade ‘’ne verra pas’’ la Place de l’Obélisque, le préfet de Dakar ayant interdit la marche que ses partisans projetaient d’organiser, ce samedi.
‘’La marche interdite, les Libéraux menacent’’, relève La Tribune qui titre : ‘’Samedi de dangers à Dakar’’. Pour Le Populaire, ‘’les Libéraux défient le pouvoir’’. En effet, ‘’sauf revirement de dernière minute, les Libéraux et leurs alliés vont braver l’interdit préfectoral, aujourd’hui et tenir leur manifestation à la Place de l’Obélisque. Une rencontre qui sera présidée par l’ancien président Wade’’.
Après l’interdiction préfectoral, Walfadjri fait état de ‘’cafouillages au sommet’’ de l’Etat et s’interroge : ‘’De quoi le pouvoir a-t-il peur ?’’. Le journal explique : ‘’L’arrêté préfectoral appelle forcément une lecture politique. Et tout semble indiquer que le pouvoir est en train de perdre le nord’’.
Le PDS ‘’promet de braver l’interdit’’, annonce également Libération qui met en exergue la lutte contre le terrorisme et l’islamisme en titrant : ‘’Neuf +Tablikh+ tombent à Tattène’’. Selon le journal, ‘’Neuf membres du mouvement Jamah Al Moujahidine Tablikh, interdit par le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité publique, ont été interceptés dans le village de Tattène Sérére, dans le département de Thiès. L’affaire est gérée dans la plus grande discrétion’’.
Libération précise qu’il s’agit de 5 Malaisiens, d’un Sierra-Léonais et de 3 Sénégalais.
Clémenceau concevait l’université comme « un milieu où le développement de la culture mentale favorise le plus la liberté des jugements ». La nôtre a l’habitude de connaitre des crises où la liberté des jugements semble céder au culte de la violence destructrice et gratuite.
Les crises que nous vivons depuis l’année dernière revêtent cependant des caractéristiques particulières. Elles semblent tenir à la mise en œuvre des solutions préconisées par la Concertation nationale sur l’avenir de l’Enseignement supérieur. Qu’on la partage ou non, une vision de l’enseignement supérieur est clairement déclinée comme jamais elle ne l’a été depuis notre accès à la souveraineté internationale.
Son opérationnalité est établie à travers une carte universitaire qui, dans un proche avenir, verra la naissance de l’université du Sine Saloum, de celle de Tambacounda, de centres universitaires, d’Instituts supérieurs d’enseignement professionnel (ISEP) ayant vocation à former à divers métiers et de la montée en puissance des écoles d’ingénieurs. Cette mise en œuvre doit être précédée d’un assainissement. Celui-ci a commencé l’année dernière et a naturellement réveillé la colère de tous ceux qui se nourrissaient de certaines perversités du système.
La fonction de service
Si son rôle est important dans la mobilisation de ressources propres additionnelles pour les universités, son encadrement par une réglementation stricte et la transcription dans les budgets de l’université des ressources qu’elle génère étaient devenues indispensables. Pour ne heurter aucune susceptibilité, prenons un exemple anonyme dans lequel plusieurs facultés et unités de formation et de recherche pouvaient se reconnaitre, il n’y a pas si longtemps. Une faculté annonce qu’elle ne peut pas accueillir plus de 50 étudiants. Sur cette base, elle sélectionne les nouveaux bacheliers qu’elle inscrit « officiellement » et reçoit une subvention de l’Etat.
Parallèlement, elle en prend 500 (rien n’est exagéré !). Ces 500 qui ont le statut de « privés » payent chacun 75 000 F par mois ou 1 300 000 F par an, selon la formation suivie. Ils bénéficient des mêmes enseignements dispensés par les mêmes enseignants dans les mêmes locaux de l’université publique et obtiennent le même diplôme. L’argent qui en est tiré et qui se chiffre en centaines de millions (et même quelques milliards à l’échelle d’une université comme l’UCAD) n’est retrouvé que dans une faible proportion dans les caisses de l’université. Le reste sert évidemment au fonctionnement et même à des investissements importants dans ces services venus, mais il y a aussi un partage de fortes sommes entre une minorité d’enseignants initiateurs de la fonction de service, des personnels administratifs et aussi plusieurs personnes extérieures à l’université. Ce dernier aspect confère à l’affaire une allure maffieuse avec certaines tentacules qui font penser à la ‘Ndrangeta calabraise. Le crime de sang en moins, fort heureusement ! Il ne faut pas en parler au risque de recevoir les cailloux de certains collègues sur la tête.
L’année dernière, l’Etat prend l’initiative de payer des écoles privées dont les programmes sont évalués et approuvés par le Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (CAMES), pour accueillir les flux de bacheliers que le public n’a pas pu absorber. Ceci a eu au moins deux effets. D’abord, les parents ne payent pas. L’argent qu’ils payaient pour leurs enfants est un manque à gagner pour les fonctions de service. On pourra toujours nous rétorquer que par cette décision l’université est privée de certaines de ses ressources importantes et que l’Etat supporte des charges supplémentaires. Ensuite, l’herbe est coupée sous les pieds de ceux qui bénéficiaient exagérément de la manne des fonctions de service. On peut aisément imaginer le rôle de ces personnes dans la grève de la faim que des bacheliers avaient observée pour ne pas s’inscrire dans des écoles privées. Quand ces bacheliers ont compris leur erreur et ont demandé à être inscrits, leur année était déjà perdue. Ils ont mené un combat qui n’était pas le leur.
Les droits d’inscription
Théoriquement, ils n’avaient pas varié depuis plus de 40 ans et tournaient autour de 5 000 F. Théoriquement seulement. A côté de ces droits, une panoplie de droits pédagogiques était exigée des étudiants pour permettre aux facultés de fonctionner. Le problème est que l’utilisation de ces fonds, et même leur montant, échappait totalement au comptable de l’Etat. Personne ne peut douter d’ailleurs qu’ils étaient utilisés à bon escient et ont même été toujours insuffisants. Mais l’Agent comptable particulier doit répondre de toute la comptabilité de l’université. En toute orthodoxie. Aujourd’hui, les droits ont certes augmenté. Les multiples droits pédagogiques ont disparu. Je ne m’aventure pas à dire si, l’un dans l’autre, l’étudiant y gagne ou y perd. Ce qui est sûr, c’est que le nouveau système est transparent.
Prenons l’exemple d’une autre faculté X qui ne relève pas du tout de la Science-fiction. Cette faculté a une grande réputation internationale et a formé de très nombreux cadres africains. Ces dernières années, son mode opératoire était le suivant. Un quart seulement des étudiants inscrits y subissaient une sélection stricte. Une partie importante des autres étudiants était composée des enfants des personnels et de leurs alliés. La dernière partie était composée des enfants dont les parents pouvaient payer un million de francs par an la place sans que l’université n’ait aucun contrôle sur les sommes ainsi amassées. Mais n’allez surtout pas croire que des collègues se les partageaient, l’accusation serait trop grave. Toujours est-il que l’Etat a augmenté le nombre de places et exigé que la sélection soit le seul critère d’accès. Conséquence : les grèves étaient bizarrement très nombreuses cette année dans cette faculté qui jadis, ne bougeait pas. Les étudiants ont encore mené un combat qui n’était pas le leur. Les commanditaires de leurs mouvements évoquent naturellement d’autres difficultés réelles ou supposées.
Les bourses
Au Sénégal, toutes les allocations sont appelées bourses. Peu importe qu’il s’agisse de vraies bourses ou d’aides. Or l’allocation qui a été généralisée par le régime de Me Wade est celle de 60 000 F par an. Ce qui est à son honneur. Cette généralisation n’est pas remise en cause, le montant des bourses n’a pas été diminué non plus, contrairement à une fausse rumeur savamment distillée par des faiseurs de crises aux motivations inavouables.
Ce qui a changé, ce sont les critères d’attribution dont voici la substance :
- un seul redoublement est autorisé par cycle. Tout second redoublement dans un même cycle (Baccalauréat + 2, licence, master, cycle préparatoire et cycle ingénieur), entraine la suppression automatique de la bourse qui ne peut plus être récupérée dans le même cycle.
(Cela signifie qu'au cycle suivant, l'étudiant peut prétendre à nouveau à une bourse).
- le redoublement en master 2 entraine la perte de la bourse
(Beaucoup d'étudiants s'inscrivaient en Master, touchaient 60 000 F par mois et allaient faire autre chose).
- la revalorisation de la bourse ainsi que l'attribution d'une bourse à la suite de réussite aux examens, sont accordés sur la base du nombre de bourses entières ou de demi-bourses qui est fixé, chaque année d'un commun accord, entre le Ministère de l'Economie et des Finances et le Ministère en charge de l'enseignement supérieur.
- tout étudiant âgé de plus de 30 ans ne peut plus prétendre à une bourse pour aucun cycle sauf dérogation exceptionnelle pour le cycle de doctorat.
- pour compter de cette année, le paiement de la bourse ne peut s'opérer que sur la base de la présentation d'un certificat d'inscription dûment établi par l'établissement de l'étudiant concerné pour la nouvelle année universitaire.
Il est difficile de déceler un scandale dans ces règles. Bien sûr, les quotas qui étaient réservés à des bureaux d’amicales et certains privilégiés n’existent plus. Bien sûr, les étudiants professionnels qui pouvaient rester plus de 15 ou 20 ans à l’université tout en bénéficiant de bourses et en contrôlant presque tout (chambres, bourses, etc.), vont devoir se mettre à la recherche d’un emploi. Mais le plus gros scandale se trouve dans les bourses qui étaient attribuées à des personnes qui n’ont rien à voir avec les institutions de l’enseignement supérieur, par un mode opératoire qu’une enquête va dévoiler mais dont on peut se douter déjà qu’il relève de méthodes mafieuses.
Des étudiants fictifs (combien ?), grassement payés par le contribuable avec l’utilisation de comptes dits dormants, ont toujours infecté les fichiers de la direction des bourses. Ces bourses ne servaient-elles pas d’ailleurs à rémunérer des personnels politiques. Quoi qu’il en soit, la violente levée de boucliers pour réclamer la tête du ministre qui a osé fouiner dans ce m…, dépasse largement les préoccupations des étudiants qui eux, ont souvent des revendications simples et légitimes. Les vérifications en cours vont aussi révéler le nombre d’étudiants fictifs inscrits sur les fichiers de certaines universités et qui sont boursiers de l’Etat. Cette révélation se fera par simple comparaison des fichiers des facultés qui recensent des « étudiants réels » et les fichiers centraux. Je puis affirmer que dans une petite faculté de l’UCAD, 400 étudiants boursiers fictifs sont d’ores et déjà recensés.
La mafia a trouvé des accointances avec certains politiciens
Le plus drôle dans les réactions de politiques, c’est celle de cet ex-conseiller du président de la République, dont on se demande ce qu’il est capable de conseiller et qui pourtant a conseillé Diouf, Wade et… Macky. Ou, cet ex-futur 4ème Président qui s’emmêle les pinceaux dans sa nouvelle stratégie de conquête du PDS. Le PDS est le parti le plus intéressé par cette situation qu’elle n’a pas pu provoquer seul ; le contexte d’un certain procès en est la raison. Les motivations de tout ce beau monde procèdent de calculs qui n’ont rien à voir avec les revendications étudiantes.
Et puis, il y a eu malheureusement Balla Gaye et d’autres drames qui ont frappé des étudiants. Chaque fois, on réclamait la tête du ministre de l’intérieur. On pourrait aussi comprendre qu’on demande la démission de l’Argentier de l’Etat qui tarde tous les mois à payer les bourses des étudiants, alors que cette question est une source mensuelle de violences innommables. Mais pourquoi vouloir lyncher le ministre qui se contente d’envoyer la liste des boursiers à son collègue des finances ? La réponse est simple : il s’attaque à une mafia qui est prête à tout pour défendre ses intérêts. Les politiciens (pas les politiques) de l’opposition cherchent à empêcher la réussite des réformes engagées dans l’enseignement supérieur, sans se soucier de l’avenir de nos enfants. Ils sont naturellement aveuglés par le seul souci qui vaille pour eux : l’échec de l’adversaire.
J’appelle tous les patriotes, à commencer par mes collègues enseignants, quels que soient leurs parti, syndicat, organisation de la société civile, etc., à examiner sereinement le nouveau chemin emprunté par notre enseignement supérieur. J’appelle les étudiants, nos enfants, qui sont les éternels perdants de la violence, à user de leur liberté de jugement pour apprécier les situations avec discernement. Je leur demande de faire attention aux manipulations, de prendre la bonne information pour chaque chose et de privilégier les arguments à la violence. J’appelle tous les patriotes (mais seulement les patriotes) à faire fi de leur appartenance politique pour contribuer à la réussite des réformes en cours qui, si elles sont ratées, ne seront pas rattrapables avant de nombreuses générations. J’appelle le Président de la République, j’appelle le gouvernement de mon pays à assurer le paiement de toutes les bourses des étudiants avant le 5 de chaque mois. Ceci doit devenir une priorité absolue si on veut enrayer définitivement la violence dans nos universités.
Amadou Makhourédia DIOP
Département d’économie et sociologie rurales
Ecole nationale supérieure d’agriculture (ENSA)
Université de Thiès
Il y a un an que Thiemoko Coulibaly le reporter photographe de Sud Quotidien a été arraché de notre affection. En ce Dimanche 24 Août, la rédaction de Sud Quotidien et tout le groupe Sud Communication se souviennent de lui et prient pour le repos de son âme.
24 Août 2013-24 Aout 2014. Un an que Thiémoko Coulibaly, le reporter photographe de Sud Quotidien a été arraché à notre affection. C’était un samedi du mois d’aout, quand la nouvelle est tombée comme un couperet sur la tête des parents, amis et collègues du reporter photographe chevronné de Sud Quotidien. Un voyage sans retour puisqu’il s’est arrêté à Kidira, à 193 km de Tambacounda, loin des yeux de ses proches. Il se rendait au Mali pour les besoins de la cérémonie du quarantième jour du décès de sa mère que la faucheuse avait emportée pour de bon.
Thié, comme l’appelle affectueusement ses collègues était un homme passionné par son boulot, un professionnel dans l’âme. C’est d’ailleurs, ce qui lui a valu de remporter en 2000 le concours de la photo officielle du président de la République de l’époque, Me Abdoulaye Wade
Militant du Parti démocratique sénégalais jusqu’au bout des ongles, il a su en faire abstraction car cela n’avait rien d’alimentaire, pour se mettre dans la seule posture du reporter afin de livrer l’information. L’accession au pouvoir du président Macky Sall en 2012 n’a rien changé dans ses convictions politiques. Il était libéral sous le régime de Abdou Diouf, sous Wade et il est resté libéral jusqu’à son dernier souffle.
Il aura été de tous les combats du « groupe Sud Communication ». Les brutalités policières sur le terrain ne freinaient en rien son enthousiasme et sa détermination dans l’exercice de son métier. Toujours disponible et serviable envers ses proches, sa bonté et sociabilité ne sont pas à démontrer.
Thiémoko Coulibaly est parti en laissant derrière lui un grand vide qui sera difficile à combler. Le groupe Sud Communication ainsi que la rédaction de Sud Quotidien se souviennent de lui. Qu’il repose en paix et que la terre lui soit légère.
Le Sénégal a fini de fermer sa frontière avec la République de Guinée, mais la psychose autour de la fièvre Ebola persiste. Aussi, faut-il avoir les moyens de fermer une frontière. Ceux qui veulent contourner la mesure passent par des pistes incontrôlées pour ensuite se retrouver à Diaobé.
La frontière avec la République de Guinée est officiellement fermée. Mais hier vendredi, jusqu’aux environs de 13h 30mn, le passage au niveau de Kalifourou ne semblait pas concerné par la mesure.
Le trafic se déroulait normalement, sans qu’aucune autorité n’accepte de se prononcer sur la situation. Le Sénégal partage près de 60km de frontière avec la Guinée et les échanges entre les deux pays sont très intenses. Notamment au niveau du marché de Diaobé où la plupart des acteurs viennent de Guinée. Une gare routière qui accueille plusieurs dizaines de taxis-brousse assurant le trafic entre ces deux pays. Pour la communauté guinéenne, ceux qui n’ont pas les moyens de prendre les airs, Diaobé reste le passage obligé. Avec cette nouvelle fermeture de la frontière, les affaires vont à coup sûr être affectées.
Beaucoup de personnes avaient déjà commencé à prendre des dispositions en suspendant tout échange avec la Guinée. Mais il y a ceux qui refusent de saluer cette décision fortement appréciée dans la zone. Ce sont paradoxalement les plus exposés, les chauffeurs guinéens qui ne comprennent pas les raisons de cette décision. C’est le cas de Papis Diallo qui a quitté la ville de Labé, en Guinée, depuis 4 jours. « Le Sénégal a pris de bonnes dispositions sanitaires. Mais il ne fallait pas fermer la frontière, car il y a des pistes qui seront utilisées par les voyageurs. Personne ne peut empêcher ces pistes de fonctionner. », fait-il remarquer.
Pour Ibrahima, « la mesure est importante pour le pays, car ce sont les transporteurs qui viennent avec le gros des passagers”. Mais, encore faudrait-il, «plus de vigilance et de moyens humains pour réussir cette fermeture. » Pour cet autre policier à la retraite, notre pays n’a pas la volonté de fermer ses frontières. « On ne peut fermer une frontière si dans les postes de police vous ne trouvez qu’un ou deux agents, sans aucun moyen de transport. Il faut beaucoup plus de moyens humains et militaires pour faire face à cette situation. Encore qu’il y a ici souvent des attaques armées qui méritent un déploiement militaire pour fermer les pistes de brousse, combattre les braconniers et autres coupeurs de routes. Sinon les mesures seront simplement inutiles et inefficaces », a-t-il souligné.
Reste aussi la question des compatriotes en séjour actuellement en Guinée ? Comment vont-ils faire pour rentrer au pays ?
SATISFACTION EDULCOREE PAR DES FACTEURS A RISQUE
SEDHIOU : FERMETURE DES FRONTIERES AVEC LA GUINEE CONAKRY
La fermeture, par les autorités sénégalaises, des frontières avec la Guinée Conakry le jeudi 21 août dernier est accueillie avec beaucoup de soulagement chez les populations. Caléfourou/Linkéring est le principal point officiel de passage au niveau de la frontière. Il est bouclé et surveillé comme du lait sur le feu. Les services médicaux et paramédicaux veillent au grain pour détecter et prendre en charge tout cas suspect du virus Ebola. Cependant, l’existence de multiples points de passage clandestins et la propension des commerçants à fréquenter Diaobé, le plus grand marché hebdomadaire de la sous région ouest africaine, inquiètent nombre de populations.
Après avoir fermé ses frontières avec la Guinée Conakry en mars dernier pour les rouvrir dans les deux semaines qui avaient suivi, le Sénégal vient à nouveau de prononcer le bouclage des points de passage avec ce pays, jeudi. Décision notifiée par un communiqué du ministre de l’intérieur et de la sécurité publique. Sur le terrain, cette mesure était ardemment attendue eu égard à la propagation de la fièvre hémorragique à virus Ebola qui sévit dans ce pays ainsi que ses voisins de la Sierra Léone et du Libéria.
Cela dit, la mobilité est complètement réduite si l’on en croit plusieurs sources contactées sur place. Caléfourou/Linkéring qui se trouve être le principal point de passage avec la Guinée Conakry est surveillé comme du lait sur le feu et pendant ce temps, les services médicaux et paramédicaux rassurent des dispositions de veille et d’alerte pour circonscrire tout cas suspect à physionomie Ebola. Une source digne de foi annonce l’occupation par l’armée de certaines positions pour veiller au respect de la mesure de fermeture des frontières. Toutefois, il va falloir mettre l’accent sur la sensibilisation des populations établies en zones de frontière qui tiennent beaucoup sur les alliances congénitales avec leurs voisins de la Guinée Conakry. Cette conscientisation des masses est d’autant plus pertinente que les cérémonies rituelles mobilisent beaucoup de communautés de cette zone de l’Est du Sénégal.
Le commerce en veilleuse
Le marché hebdomadaire de Diaobé à échelle sous régionale en Afrique de l’ouest regroupe des milliers de personnes chaque mardi et mercredi. Des articles de toutes sortes ainsi que des denrées, du bétail, des changes de monnaies s’y développement à côté des transactions illicites telles que la prostitution clandestine, le trafic de drogue et de plusieurs autres actes délictueux pour rentrer les poches bien garnies. A l’exemple de la précédente mesure de fermeture des frontières, celle-ci n’est pas tout aussi du goût de certains comme Aliou Baldé de Diaobé visiblement très soucieux de la chute de ses chiffres d’affaire.
Toutefois, pour l’essentiel, le commun des habitants reste préoccupé par leur santé et l’urgence de se barricader contre ce virus à fort taux de létalité.
LES ETUDIANTS EXIGENT LES TETES DE MARY TEUW NIANE ET ABDOULAYE DAOUDA DIALLO
Les étudiants de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) n’entendent pas répondre à l’appel du président de la République qui a entamé des concertations sur la crise universitaire avec les acteurs concernés suite à la mort de Bassirou Faye, tué par balle, lors d’un affrontement entre étudiants qui exigeaient le paiement des bourses et forces de l’ordre. En plus de l’inhumation de leur camarade originaire de Diourbel, ils exigent la démission de Mary Teuw Niane (ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche) et de Abdoulaye Daouda Diallo (ministre de l’Intérieur) avant d’entamer toute négociation avec les autorités.
Annulant sa tournée économique dans la vallée du fleuve Sénégal, le président de la République a entamé depuis jeudi dernier des concertations avec les acteurs concernés sur la crise universitaire qui s’est soldé par la mort de l’étudiant Bassirou Faye. Après avoir reçu le médiateur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), le professeur Mamadou Ndiaye et son prédécesseur, Boubacar Diop dit Buuba, c’était au tour du nouveau Recteur de l’Ucad, Ibrahima Thioub et des Doyens des facultés de faire face à Macky Sall pour discuter sur la situation hier, vendredi. Selon toujours certaines informations, les professeurs et étudiants sont attendus aujourd’hui samedi, au Palais.
Toutefois, ces derniers n’entendent pas répondre à l’appel du locataire du Palais de la République. Pour cause, ils exigent la démission de Mary Teuw Niane (ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche) et de Abdoulaye Daouda Diallo (ministre de l’Intérieur) avant de nouer un quelconque dialogue avec une quelconque autorité. Et cela, après l’inhumation de leur camarade Bassirou Faye.
« Nous ne sommes pas au courant de cette rencontre avec le président de la République. Ce sont des rumeurs pour l’instant. Nous n’avons pas été informés de cette rencontre. Il y’a lieu de se calmer et d’inhumer notre mort », a fait savoir Tidiane Cissé. Etudiant de la Faculté des Lettres et des Sciences humaines (Flsh), au cœur du collectif des étudiants de l’Ucad, il se veut clair : nous campons sur notre position de ne rencontrer le président qu’après qu’il ait démis Mary Teuw Niane et Abdoulaye Daouda Diallo de leurs fonctions ministérielles. Ce sont des conditions sine qua none. Nous ne sommes pas des gens qui se dédisent. Nous ne rencontrerons pas le président tant que notre camarade Bassirou Gaye n’est pas inhumé ».
Quid de la rencontre avec le président ? Les étudiants de l’Université de Dakar comptent mettre sur pied une commission pour mieux prendre en charge leurs problèmes. A cet effet, une plateforme revendicative est en gestation. « Les amicales ont été dissoutes raison pour laquelle il n’y avait pas un collectif. Nous sommes entrain de nous réunir pour mettre sur pied une commission », a affirmé Tidiane Cissé. Non sans préciser : “nous ne sommes pas pour l’instant organisés pour avoir une coordination au sein de l’Ucad pour la gestion de nos revendications. Ce mouvement a été simultané ».
«APRES LA NOTIFICATION…LES MAIRIES VONT S’EXECUTER»
FATOU K. CAMARA DE L’AJS SUR LA SANCTION DE L’ABSENCE DE PARITE, LORS DES LOCALES
L’Association des femmes juristes a tenu à exprimer toute sa satisfaction à l’annulation par la Cour d’appel de Dakar des bureaux de certains centres de vote qui n’ont pas respecté la parité. Ainsi, elle compte sur la compréhension des mairies concernées pour une application de la décision rendue.
L’Association des femmes juristes vient de marquer toute sa satisfaction, suite à la décision de la Cour d’appel de Dakar obligeant les mairies à respecter la loi et le décret régissant la parité. Selon Fatou Kiné Camara, présidente de ladite association, les règles doivent être respectées. « Force doit respecter à la loi. La loi et le décret d’application sur la parité existent. Il faut aller vers leur exécution » tonne-t-elle avant de poursuivre : « les politiciens ne peuvent pas faire ce qu’ils veulent. L’Etat de droit est au-dessus de tout le monde ».
Et Mme Camara de se réjouir de la décision rendue par la Cour d’appel. « La Cour d’appel a montré qu’elle sait tenir son rôle en tant qu’élément du pouvoir judiciaire chargé de veiller aux droits et libertés des citoyens ».
Par rapport à l’éventuelle inexécution des mairies concernées par l’irrespect des normes sur la parité, l’Association des femmes juristes (Ajs) dit garder la sérénité et compte sur l’appui des autorités exécutives pour une application de la décision rendue par la Cour d’appel. « Après la notification de la décision, si on est dans un Etat de droit, elles vont s’exécuter. En tout cas, des autorités exécutives chargées de veiller à l’application des lois et règlements, veilleront. A priori, nous espérons que les mairies vont s’exécuter »
''LE SÉNÉGAL, APRÈS BASSIROU FAYE, NE DOIT PAS ÊTRE LE MÊME QUE CELUI D’AUJOURD’HUI''
MOUSSA BALDE, COORDONNATEUR DU RESEAU DES UNIVERSITAIRES REPUBLICAINS
M. Baldé, vous êtes le coordonnateur du Réseau des universitaires républicains (Rur). Quel commentaire vous inspire la situation qui prévaut ces temps-ci à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, avec notamment la mort de l’étudiant Bassirou Faye ?
Oui, un drame de plus, un mort de trop à l’Ucad. Il se trouve que Bassirou Faye était étudiant à la Faculté des sciences et techniques, ma Faculté, et au département de Mathématiques et Informatique, c'est-à- dire mon département. Vous comprendrez donc combien je suis choqué et peiné par cette disparition tragique.
Je m’incline devant la mémoire du disparu, prie pour le repos de son âme et présente, au nom de mes collègues universitaires républicains, mes sincères condoléances à sa famille, aux étudiants, à la communauté universitaire et au peuple sénégalais. Cela dit, depuis plus d’une décennie, l’espace universitaire sénégalais glisse, de façon inexorable, vers un champ de bataille.
On y parle d’ouverture de front où de je ne sais quels autres termes guerriers qui rap- pellent des périodes sombres et révolues de l’histoire de humanité. Donc, on peut presque affirmer que cette mort était prévisible.
Cependant, aucune Nation n’est à l’abri d’un tel drame. Cette même semaine, à Fergusson, aux Usa, un jeune garçon a été tué par un policier.
Dans un Etat organisé comme le nôtre, un tel drame doit nous pousser à nous poser les bonnes questions et prendre les bonnes décisions, pour que notre Nation fasse un bond en termes de sécurité intérieur, de justice. Bref, le Sénégal après Bassirou Faye ne doit pas être le même que celui d’aujourd’hui. C’est sur ce registre que notre président est attendu, et je suis convaincu qu’il prendra les bonnes décisions.
Une telle répression policière ne peut-elle pas ternir l’image de notre pays et avoir des conséquences politiques pour le président Macky Sall ?
Evidemment ! Avec l’émotion et la récupération politique inacceptable orchestrée par une frange de l’opposition, cela peut nuire momentanément à l’image de notre démocratie, voire à celle de notre pays.
Mais si dans quelques semaines une enquête sans failles aboutit à des conclusions incontestables aux yeux de l’opinion publique sénégalaise et internationale, que la justice soit rendue correctement, la mort de Bassirou Faye deviendra pour notre pays une épreuve qui nous aura permis de progresser sur la voie de la construction d’une démocratie moderne au Sénégal.
Que propose le Rur pour mettre un terme à la crise dans les universités ?
Vous savez, le président Macky Sall a décliné sa vision et son ambition pour notre enseignement supérieur dans 11 décisions prises lors d’un conseil présidentiel concluant les Concertations nationales sur l’avenir de l’enseignement supérieur (Cnaes). Ces concertations ont vu la participation de tous les acteurs majeurs de ce sous-secteur et même au-delà. Nous sommes dans la phase de mise en œuvre, qui est une mission du gouvernement.
Beaucoup de réformes jugées impossibles il y a quelques années ont été opérées déjà. Le talon d’Achille semble être le problème des bourses des étudiants. Ma conviction est que lorsqu’un étudiant demande une bourse, on doit lui op- poser les critères académiques établis par le gouvernement.
Mais une fois qu’un étudiant est bénéficiaire d’une bourse, le gouvernement doit prendre toutes les mesures idoines pour que la bourse soit payée et à temps, comme sont payés à temps les salaires des fonctionnaires de l’Etat. Je pense que le chef de l’Etat doit donner des instructions fermes pour que toutes les contraintes techniques liées au payement des bourses soit dépassées définitivement et ce, dans les meilleurs délais.
Vous venez d’être élu président du Conseil départemental de Kolda. Quelles sont vos priorités ?
Je profite de l’occasion que vous m’offrez pour remercier encore une fois les populations du Fouladou qui ont massivement voté pour la liste de « Benno Bokk Yaakaar » (Bby) que j’ai eu l’honneur de conduire lors des élections locales du 29 juin dernier. Comme nous fait savoir pendant la campagne électorale, nous avons quatre grandes priorités : l’éducation, la santé, l’environnement et la culture.
Pensez-vous disposer de moyens pour relever les défis et atteindre les objectifs que vous vous êtes fixés ?
Les moyens existent, mais c’est à nous d’aller les chercher. En plus de ce que nous aurons de l’Etat, nous devrons faire preuve d’imagination et d’innovation pour capter toutes les recettes qui nous sont dues et attirer des investisseurs privés.
Sur quoi allez-vous mettre l’accent pour atteindre vos missions ?
J’ai déjà indiqué que nous ne sommes pas là pour jouer aux potentats locaux, mais pour servir nos populations. Ainsi, nous allons instaurer une démarche participative pour que les populations se sentent impliquées dans nos initiatives et accompagnent nos actions. A cela s’ajoutera une gestion sobre, judicieuse et vertueuse des moyens qui seront mis à notre disposition.
La mort prématurée de Pape Seck « Serigne Dagana », dans les années 90, arrachait à la musique sénégalaise une icône incontestable. Saxophoniste hors norme, chanteur et compositeur de renom, l’homme était l’incarnation d’un talent achevé à tout point de vue.
Qui n’a jamais entendu, ne serait-ce qu’une fois, cette voix voluptueuse et palpitante derrière le fond musical du magnifique morceau « Thiély » ? précurseurs de la musique moderne au Sénégal , personnage emblématique, Pape Seck alias « Serigne Dagana » reste une légende.
Le talent, il l’avait. Le succès et la notoriété, l’artiste les a connus à travers le monde, à tel point que l’Orchestra Aragon de Cuba lui a rendu hommage à sa mort, en reprenant un de ses titres, « Yaye Boye ».
Né en 1946 à Saint Louis, Pape Seck quitte, et ce, pour toujours, la scène en 1995, suite à un long combat contre le cancer, laissant derrière lui une musique aux airs endeuillés. Figure incontestable du Star Band de feu Ibra Kassé, au début des années 70, « Serigne Dagana » a plutôt fait les beaux jours de la Star Jazz de Saint-Louis.
Mais, sa véritable dimension artistique commence à prendre forme après un passage chez Bamba Seck Walo et Adja Mbalo Diop. Sa rencontre avec ces deux icônes a été comme un déclic. La musique de Pape traduisait, de manière subtile, ses origines « walo-walo », rappelle Guissé Pène, secrétaire général de l’Association des métiers de la musique du Sénégal (Ams).
Entre une personnalité imposante et un professionnalisme émouvant, l’interprète de la chanson « Thiély » a largement contribué à l’hégémonie du Groupe Africando ainsi qu’à la mise en place des premiers disques qui ont définitivement permis à la musique sénégalaise de rayonner. Pour Guissé Pène, l’artiste a laissé une œuvre incommensurable.
C’était quelqu’un de très accessible. Un chanteur complet qui faisait de la recherche un sacerdoce. « Il reste caractérisé par un esprit fécond en matière de chants et s’est imposé comme lead au Star band. Beaucoup de ses morceaux ont résisté au temps.
Au finish, son œuvre est devenue immortelle et constitue une source d’inspiration intarissable. « Son tube « Yaye Boye » a été repris par beaucoup de chanteurs », avance Alassane Cissé, journaliste culturel. Elégant, Pape Seck était toujours bien habillé, notamment en costume.
D’ailleurs, soutient Yakhya Fall, un de ses amis, il était rare de le voir en caftan. La générosité faisait aussi partie de ses qualités. « Il était d’un commerce facile et avait un cœur d’or. Il ne se fâchait presque jamais quoi qu’on puisse faire contre lui », évoque son ancien compagnon.
A ce propos, Balla Sidibé, un autre parmi ses amis, raconte : « Il est arrivé un jour, après un spectacle, que pour le transport, Pape ait partagé tout l’argent de la soirée. Il ne lui restait plus rien ! Par la suite, je lui ai demandé : « Et nous (lui et moi), comment allons-nous faire pour rentrer ? » Il m’a répondu : « Mais nous allons marcher » ».
La voix fluette de celui qu’on considère comme l’un des concepteurs du groupe Baobab, devient plus tard rauque sous le poids de la maladie. Mais, génie qu’il a été, l’homme a pu l’adapter, de très fort belle manière d’ailleurs, à sa personnalité.
Aujourd’hui, regrette Yakhya Fall, « c’est dommage que dans notre pays on ne puisse pas rendre hommage, au moment où d’autres le font à travers le monde entier, à une personnalité aussi importante de la musique sénégalaise, africaine. Un artiste qui, par sa personnalité et sa voix, a amené la musique sénégalaise par- tout ».
Selon lui, Pape Seck a représenté dignement son pays, et c’est regrettable qu’on ne puisse pas « rendre à César ce qu’est à César ».
Par ailleurs, c’est en reconnaissance de la dimension monumentale de ce grand saxophoniste, ce chanteur à la voix de velours, que Balla Sidibé a décidé de re- prendre une de ses chansons, « Thiély ». La sortie est prévue prochainement.