Au micro de Dame Babou sur African Time, comme chaque semaine, Pape Ndao fait un tour d'horizon de l'actualité de la semaine dernière en wolof pour vous. Écoutez.
Des ménages s’écroulent de plus en plus dans notre pays. C’est la nouvelle tendance qui donne des frissons aux traditionalistes. Les couples ne parviennent plus à surmonter leurs problèmes. La famille ne joue plus son rôle de régulateur. Les familles se nucléarisent. Les mariages durent le temps d’une rose. Pourquoi ? Comment remédier à ces situations ?
EnQuête donne la parole à des spécialistes du couple.
Quel virus a pu infecter les ménages sénégalais au point que certains ne tiennent plus que par un fil ténu ? Une question sans réponse qui pousse pour autant à se demander s’il ne faut pas réinventer la roue, voire le couple.
Rares sont, de nos jours, les couples qui parviennent à surmonter la série de crises qui les secoue. Pour éviter le clash, des jeunes Sénégalais organisent des séances de discussion, soit dans des restaurants, à la plage ou autre endroit, en vue d’affiner des stratégies qui puissent sauver un couple qui bat de l’aile 5 jours sur 7.
Malgré la crise ou l’ambiance électrique qui règne à la maison, ceux-là mettent en relief l’avenir de leurs enfants. Ils ne veulent pas les priver de la présence d’un des parents, même si le quotidien repose sur un “ring box”. Mais, à côté, d’autres jugent que la rupture est la meilleure solution.
Des ménages assis sur des braises
Partout, la même rengaine. Le mariage n’est pas un conte de fées, mais il a fini, pour un grand nombre, par se transformer en une prison. “On est tenu d’endurer. Nos mamans ont vu pire”, souligne-t-on du côté de la gent féminine.
“Nos papas ont avalé des couleuvres, mais ils n’ont pas détalé. On doit faire pareil”. Rares sont pour autant des hommes qui s’approprient un tel discours. Et pour cause, expliquent-ils, eux aussi ont été frappés par une crise identificatoire, en raison d’un vent égalitaire qui a tout chamboulé.
“Il faut reconnaitre qu’on ne se sent plus en sécurité, avec l’émancipation des femmes qui réclament une égalité des sexes. L’homme est de nature possessif et jaloux. Il est insupportable pour un homme de voir son épouse se faire belle et être appréciée par d’autres. On cherche à masquer nos faiblesses et on est sous l’emprise de plusieurs questionnements”.
Pour un autre, “l’idée de savoir que notre épouse travaille nous perturbe. On se demande toujours si elle ne nous abandonnera pas, un jour. Ce sont autant de questions qui nous contrarient et qui gâtent souvent les rapports dans le mariage”, croit savoir un jeune commercial.
Si l’autonomie financière des femmes a fini par perturber des hommes, ils sont nombreux à souligner qu’il est possible d’agrémenter la vie de couple, en usant d’ingrédients qui la consolident. Il est, dans cette foulée, question de faire des concessions, mais aussi de valoriser le partenaire. Il sera, dans ce cas, utile d’organiser des promenades en amoureux, d’offrir à l’autre des cadeaux ou de lui faire des remarques plaisantes.
“Tous les couples ont des problèmes, depuis l’aube des temps. Mais, il faut savoir rebondir, en montrant à l’autre combien il est spécial pour nous, en lui témoignant respect et gratitude. C’est bien d’organiser souvent de petites sorties avec le partenaire. Cela permet d’insuffler un nouveau souffle dans le ménage.”
En attendant, des couples, sous l’emprise de la crise, se regardent en chiens de faïence. L’un a du mal à comprendre que son partenaire ait pu se dévoiler sous une facette qu’il n’a jamais soupçonné. Et là bonjour les dégâts......
OUSTAZ ALIOUNE SALL
“L’école a brouillé les repères”
Pour préserver les couples des aléas du divorce, le célèbre islamologue, Oustaz Alioune Sall, animateur d’une émission religieuse sur Sud Fm, prône un retour aux enseignements islamiques.
Pour le prédicateur, une absence de préparation des deux partenaires à la vie conjugale est à l’origine des problèmes rencontrés par les couples dans notre pays. Il se désole que la culture occidentale ait pris le dessus sur les valeurs islamiques. “Les jeunes passent plus de temps à l’école française qu’avec leurs parents. Du coup, les repères sont brouillés et le couple a dû mal à résister”.
Oustaz Alioune Sall souligne que le mariage, appelé “nikah”, loin d’être un terreau de souffrance, doit être un havre de paix, même s’il est marqué par des hauts et des bas. Les deux partenaires ne doivent pas perdre de vue leurs droits et devoirs, selon lui.
S’il est du devoir exclusif de l’homme de nourrir, loger, habiller et soigner son épouse, il revient à celle-ci de jouer son rôle de maîtresse de maison en charge de veiller à l’éducation des enfants et de veiller à la bonne marche du foyer. Et si les deux partenaires doivent se témoigner amour et tendresse, il reste une exigence de taille : le respect mutuel.
D’ailleurs des injonctions divines sont précises. Le Coran dit :
“Et parmi Ses signes figure le fait qu'Il a créé pour vous, de vous-mêmes, des épouses afin que vous éprouviez le repos auprès d'elles et qu'Il a mis entre vous amour et miséricorde" (Coran 30/21). Avant d’ajouter “Quant à elles (les femmes), elles ont des droits comme elles ont des devoirs, conformément à la bienséance. Les hommes ont cependant une préséance sur elles" (Coran 2/228).
DR MASSAMBA GUEYE, MAISON DE L'ORALITÉ ET DU PATRIMOINE DU SÉNÉGAL
“Quand le mariage devient CDD, “kleneex”, “face 2 face” ou “stage à court terme”...
On le surnomme “La bouche de l'Afrique”. Détenteur du Micro d'or du meilleur conteur, le Manager général fondateur de la Maison de l'Oralité et du Patrimoine du Sénégal Kër Leyti et ancien Directeur général de la Compagnie du Théâtre national Daniel Sorano du Sénégal, le Dr Massamba Guèye, souligne, entre autres, que “ si le mariage est banalisé, c'est aussi parce que tout ce qui en fait la vraie base est rejeté. Le professeur, conteur, écrivain, dramaturge s’explique dans cette interview.
L a plupart des couples sont en difficulté dans notre pays, le nombre de divorces va crescendo. Qu'est-ce qui l'explique ?
C'est vrai qu'on n’a pas besoin d'aller loin pour constater que les divorces vont crescendo. Le caractère éphémère des couples se voit à travers le langage populaire, car le mariage est assimilé à un CDD (contrat à durée déterminé). A défaut on entend parler de mariage "kleneex", ou de “face 2 face”, ou encore de "stage à court terme". Les raisons en sont nombreuses, mais, parmi elles, on peut citer l'impréparation des jeunes couples avant d'attaquer les manigances familiales. Le plus souvent, la relation pré-conjugale est fondée sur le bonheur et le plaisir (aller à la plage, en boîte, au restaurant, célébrer la saint Valentin, etc.).
C'est pour cette raison que les deux conjoints ne se découvrent mutuellement que pendant les conflits, dans un appartement coupé des parents, alors qu'avant, le jeune couple vivait avec des tuteurs qui savaient interpréter les faits et gestes pour prendre en charge le règlement du conflit. Les nombreux divorces sont souvent aussi causés par un manque d'accompagnement des adultes. Souvent aussi les jeunes se marient contre l'avis des parents, de façon tranchée. Une fois le mariage fait, ces derniers se lancent des quolibets à l'occasion des cérémonies de sorte à créer des tensions ingérables qui finissent par casser l'harmonie du couple. Il y a enfin le fait que beaucoup de mariages sont calculés et l'argent est mis en avant.
Qu'est-ce qui s'est passé pour que le mariage ait perdu ses lettres de noblesse ?
Si le mariage est banalisé, c'est aussi parce que tout ce qui en fait la vraie base est rejeté. L’aspect spectaculaire est mis en avant. On ne réfléchit pas profondément le projet de vie et l'idéal familial qu'on a, mais on s'épouse en mettant en avant le fait de s'aimer, alors que, comme on le dit souvent, c'est un respect de la différence qui enrichit le couple fondé sur l'amour. En plus de cela, je constate que les jeunes couples sont souvent surpris par le premier enfant. Notre société a perdu l'habitude de laisser la femme aller vivre le terme de sa première grossesse et les premiers mois de la vie de son premier bébé chez sa mère. Cela permettait de stabiliser les couples et aux familles de faire le point des difficultés du couple.
La vie de couple n’apporte plus réconfort et paix, mais elle s’est transformée en foyer de tensions. Votre avis ?
Les tensions on toujours existé dans les couples mêmes les chants traditionnels le disent "le mariage n'est pas un lieu de plaisir" "sey neexul" en Wolof. Les jeunes filles étaient préparées à cela par les mères et tantes, alors que les jeunes garçons qui entraient dans le bois sacré ou la case de l'homme recevaient les rudiments de la gestion familiale. Mais aujourd'hui rien ne prépare les couples à gérer ces tensions. Ces dernières peuvent naître des causes matérielles ou alors du problème de caste mal compris, ou enfin d'un manque d'autorité régulatrice des problèmes du jeune couple.
Que faudrait-il faire pour corriger une telle situation?
Je ne connais pas de solution miracle, mais je suppose que la supination est tellement grave que nous devons revoir notre système d'éducation familiale globale. Je souhaite que les jeunes couples identifient, chacun de son côté, une personne morale qui est le référent pour les aider à sortir des problèmes. Les jeunes couples doivent être accompagnés les dix premières années de leur vie conjugale. La vie urbaine a certes ses contraintes, mais il est temps que les deux conjoints cessent de raconter l'intimité de leurs problèmes aux membres de leurs familles qui en font le relais et aggravent souvent les problèmes. A ce titre, je dois rester modeste, mais il faut que chacun, dans un couple, prenne la décision ferme qu'il n'y aura pas de divorce. Nous voulons vivre en Occidentaux, mais notre structure mentale est très africanisée, c'est pourquoi je déconseillerai au jeune couple de mener un mode de vie à l'européenne.
Dr SELLY BA, SOCIOLOGUE
“Le meilleur allié du couple, c’est le couple lui-même”
Pourquoi les couples ne parviennent plus à résister à la rupture ?
Cette crise est à l’image de notre société qui est aujourd’hui en crise. C’est une loi sociologique toute naturelle et toute simple qui veut que quand la famille est malade, la société ne soit guère épargnée. La société sénégalaise est profondément traversée par des bouleversements et des mutations inhérents à toute société. Notre monde a bien évolué. Nous assistons à l’effritement des valeurs dites traditionnelles et de mauvaise transmission de celles-ci d’une génération à une autre.
L’éducation dite familiale n’a presque plus ni sens ni valeur. Les parents, dans leur quasi-unanimité, sont devenus inaptes à servir de modèle, parce que se disqualifiant eux-mêmes, ou se faisant disqualifier par leur propre progéniture, en démissionnant devant leurs responsabilités. C’est l’évidence même, cette disqualification et cette démission sont les conséquences les plus éloquentes de la faillite de la moralité et des vertus morales, dans l’optique de l’éducation traditionnelle.
Le processus qui a abouti à la corruption, à la perversion et à l’extraversion de la société sénégalaise contemporaine, a eu ses débuts profondément enracinés dans le cadre familial. Le divorce est devenu un phénomène récurent au Sénégal, dans la capitale Dakar, en particulier. Un couple sur trois se sépare avant même la cinquième année de vie conjugale, selon l’enquête menée par la sociologue Fatou Bintou Dial dans son ouvrage “Mariage et divorce au Sénégal : itinéraire féminin”.
Cette rupture légale du mariage, qui prend de l’ampleur de plus en plus dans notre société, a pour explication diverses raisons. Elle note le défaut d’entretien de la femme, l’immixtion de la belle-famille dans la vie couple, l’arrivée d’une nouvelle épouse, la non tenue des promesses faites lors des périodes de flirt, le maraboutage, les problèmes de castes ou la condamnation de l’un des époux à une peine infamante.
On a l’impression d’assister à une banalisation du mariage. Votre point de vue ?
C’est vrai qu’il y a une banalisation de l’institution du mariage. Certains ne mesurent pas l’importance du mariage. Ils ne mesurent pas la portée de leur engagement, de l’institution, avant de s’unir. Face à cette crise des valeurs, hommes et femmes ne sont plus préparés au mariage. Par ailleurs, il est important d’intégrer dans l’analyse d’autres facteurs, tels que la liberté de choisir notre partenaire (ce qui à une époque n’était pas évident), autrement dit, l’effritement des mariages arrangés ou forcés, même si je suis foncièrement contre, mais c’est une donne à prendre en compte dans l’analyse.
L’Internet aujourd’hui permettant de dépasser les frontières pour faire des rencontres. L’émergence de la société de consommation : le couple est un consommateur, la crise économique, le niveau d’éducation du couple, notamment de la femme et l’isolement des couples nucléarisés ne bénéficiant plus de soutien (conseils et droit de regard sur le comportement des conjoints) et d’interventions directes du couple parental (la famille), en cas de crise, où il y a de plus en plus une liberté dans la gestion du couple. Autant de faits à tenir en compte dans l’analyse, vu sa complexité...
Qu’est ce qu'il faudrait pour résoudre ces problèmes et bâtir des foyers qui s'inscrivent dans la durée ?
Le meilleur allié du couple, c’est le couple lui-même... quand il prend le temps de comprendre et de savoir. Il y a les problèmes et les crises. Les problèmes se situent dans le temps et la durée. Certains problèmes sont irrémédiables, alors que d’autres, non. Les problèmes non traités peuvent générer des crises. Une crise est ponctuelle et bouleverse l’équilibre du couple. Même si elle est souvent mal vécue, la crise est “bienfaitrice” dans certain cas, car elle permet la croissance du couple. C’est à dire de créer l’histoire du couple et son identité propre. Vous savez, les problèmes ne manquent pas dans le couple, vu que le couple constitue deux êtres imparfaits qui cherchent à se compléter ; et dans cette complémentarité, il y aura toujours des manquements. C’est tout à fait naturel.
Ce qu’il faut éviter, c’est en arriver aux crises. Parce que si ces problèmes ne sont pas bien gérés, on aboutit à une crise dans le couple. C’est pourquoi, il est important que le couple puisse bâtir des éléments à savoir : la transparence dans le couple, c'est-à-dire le respect et la confiance mutuels. Il doit accueillir le changement et accepter que le couple ne reste pas comme au début de la relation. Il faut aussi éviter de ne pas réduire le partenaire à ses actes.
Il faut le respecter et continuer à l’aimer de façon inconditionnelle. S’il est important de développer une communication de qualité en parlant des faits et de nos émotions, le couple doit empêcher les éléments externes d’asphyxier le couple conjugal. Il gagnerait également éviter la notion de hiérarchie et de jeux de pouvoir dans le couple. Dans les couples durables, un équilibre naturel se crée entre le “dominant et le dominé.”
MOMAR CAMARA, PSYCHOTHÉRAPEUTE
“Il faut co-construire”
Le mariage n’est pas un parcours lisse. Pour le psychothérapeute Momar Camara, il est possible de tempérer les esprits et de sauver les meubles. Explications : “chez nous, on dit que le couple ce n’est pas 1+1 =2, mais 1+1=3, car les composantes du couple, c’est l’homme, la femme et le lien. En termes plus précis, il faut faire des concessions, discuter, négocier, c’est le couple modèle. Il faut co-construire.”
Momar Camara abonde ainsi dans le même sens que les thérapeutes familiaux. En fait, comme d’autres, il juge que les partenaires ne doivent pas se leurrer. La vie de couple n’est pas ce long fleuve tranquille. Pour cela, il faudrait que les partenaires se fassent à l’idée que le sentiment amoureux ne garantit pas une longue durée de vie commune.
Pour le psychothérapeute Momar Camara, il faut aussi savoir faire la part des choses et faire la différence entre l’amour et la vie de couple. Et pour cause, avance t-il, “le sentiment amoureux ne garantit pas la viabilité du couple. Le couple a besoin d’autres ressources pour survivre”.
Le modèle des parents
Pour aider les couples à s’inscrire dans la durée, il en appelle à la rationalité. “Les questions de couple sont très compliquées, mais les partenaires ne doivent pas perdre de vue qu’on ne se marie pas par hasard. Même si on épouse une femme qu’on vient de rencontrer 24h plus tôt, on ne doit pas croire que c’est le fruit du hasard ou d’un coup de foudre. Cela répond à une identité qu’on s’est faite, qui a évolué jusqu’à ce qu’on trouve la personne pour qui on a pu fantasmer jusqu’à l’épouser. C’est lié à notre conscient et notre inconscient”.
Le psychothérapeute de poursuivre : “C’est une logique très cohérente, chaque personne, que ce soit un homme ou une femme, a son histoire personnelle. L’imagination qu’on se fait du conjoint idéal, l’histoire qu’il a vécue avec ses parents sont les premiers modèles. On se fabrique des images de conjoint idéal, et la personne qu’on rencontre répond exactement aux critères qu’on s’est faits”.
Il évoque une autre réalité à prendre en considération par les deux partenaires. “L’autre ne peut pas régler tous nos problèmes existentiels”. Or nombreux sont des couples qui cognent le mur en s’adossant sur une telle croyance.
“C’est l’erreur commise par les couples. L’homme reste dans sa position, de même que la femme. Chacun pense qu’on aura plus de soucis avec la personne qu’on a épousé et quand la réalité se manifeste, qu’on redescende sur terre, qu’on commence à s’habituer l’un à l’autre, ce sont des sentiments qui disparaissent. Ce sont des erreurs fréquentes des jeunes couples. C’est la désillusion qui peut être à l’origine de plusieurs facteurs”.
Pour la plupart, c’est le clash. “Des couples disent qu’ils se sont trompés. “Ce que tu m’as montré au début est différent de ce que tu me montres maintenant, mais ils n’ont pas fait le mauvais choix. Ils ont voulu aller à la même vitesse. Or ces préliminaires visent seulement à favoriser la rencontre. Après, il faut autre chose”.
NDÈYE SECK, THÉRAPEUTE FAMILIALE
“Le couple sénégalais va mal : on se sépare après un an de mariage”
La thérapeute familiale Ndèye Seck, rencontrée à la clinique Moussa Diop de Fann, ne dit pas autre chose. Ayant eu à traiter des questions d’infertilité dans le couple, elle se désole de cette morosité qui a fini par déstabiliser les ménages.
“Si je prends comme référence le livre de la sociologue Fatou Bintou Dial, je dirais que le couple sénégalais se porte très mal. Les divorces sont de plus en plus notés. Auparavant, on se donnait un délai de deux ans et de façon empirique. Maintenant, on se sépare après un an de mariage. Pour dire que les mariages ne durent plus. La vie de couple a une durée qui est très courte.”
Pour la thérapeute, “cette situation résulte de plusieurs facteurs. Les sociologues parlent souvent d’incompréhension dans le couple, d’incompatibilité d’humeur. Au tribunal on parle souvent d’incompatibilité, insatisfaction, également d’ingérence des belles-familles qui ont un droit de regard dans le couple, la polygamie que les femmes n’acceptent plus. Mais vu que dans notre société, être femme célibataire est très mal vu, pour compléter notre féminité en passant par la maternité, ce sont les femmes qui sont tenues d’endosser au-delà de leurs capacités.
L’athlétisme sénégalais va mal. Les derniers championnats d’Afrique de Marrakech d’où le Sénégal n’est revenu qu’avec une seule médaille d’argent n’ont fait que le confirmer. Les pires résultats de l’histoire du pays. Amadou Diaw, ancien Directeur technique national (DTN) de 2001 à 2009, fait un diagnostic du mal.
“Depuis mars, on a sommé les athlètes de ne plus s’entraîner à Léopold Senghor”
“Aujourd’hui, quand vous regardez les résultats du Bac et du Bfem, on vous dit que c’est catastrophique : c’est la même chose pour l’athlétisme qui appartient à ce corps social. Il souffre de cette maladie qui gangrène la société sénégalaise. Maintenant, par rapport à notre spécificité, nous avons connu une année difficile. Je ne dis pas que c’est cela qui explique les résultats que nous avons eu à Marrakech, mais nous avons eu une année difficile avec un manque d’infrastructures dans la région la plus importante qui est Dakar. Depuis mars dernier, on a sommé les athlètes de ne plus s’entraîner au stade Léopold Sédar Senghor et cela n’inquiète personne. On a l’impression que dans ce pays, on ne construit des infrastructures que pour le football. Pour un pays sous-développé qui n’a pas de moyens, les infrastructures doivent être multi-fonctionnelles, utilisées par beaucoup de disciplines. Nous n’avons pas les moyens de construire des infrastructures spécialisées, même si par ailleurs la Fifa a tendance à vouloir dire qu’il ne doit plus y avoir de piste d’athlétisme dans ses terrains de football, c’est quelque chose qu’on ne peut pas accepter en Afrique. Non seulement elle exclut les athlètes du stade, mais ne les appuie pas. Après il y a des résultats catastrophiques et l’on se précipite à dire que l’athlétisme sénégalais est au bas niveau.
“L’université un ghetto de 80 000 étudiants, sans espace d’épanouissement sportif”
Le bas niveau, c’est tout un processus de dégradation qui s’installe. Peut-être qu’il s’est installé quand j’étais Directeur technique, mais on n’y a pas fait attention parce qu’on glanait quelques résultats. La dégradation c’est comme la naissance. C’est possible de redresser l’athlétisme sénégalais, mais cela ne se fera pas en restant sur la touche et en critiquant. Les vieux qui critiquent les jeunes n’ont qu’à descendre sur le terrain, appuyer les jeunes et partager leurs expériences avec eux. C’est comme ça qu’on peut avancer. La critique ingrate qui se fait dans la rue ne m’intéresse pas. Il faut venir directement voir les dirigeants pour échanger pour qu’on trouve des solutions à la situation qui n’est pas si critique que cela. Regardez ce que l’on a au niveau de la relance des cadets et des juniors. Vous regardez la Côte d’Ivoire qui a connu une guerre civile. Pendant longtemps, tout était bloqué. Mais en moins de 3 ans, ils se sont remis au travail, ils ont une championne qui appuie la fédération dans les structures de développement pour les enfants et cela commence à donner une forme et une revitalisation de l’athlétisme ivoirien. En revanche au Sénégal où depuis bientôt 15 ans, la base de pratique du sport en général est ignorée. C’est-à-dire que l’Etat a une fédération des sports scolaires et universitaires mais ce sport là à l’université comme à l’école n’existe plus. Qu’est-ce qu’on a fait pour que le sport revienne à l’école. Sans cela, ce sera extrêmement difficile. On sera obligé de chercher des athlètes binationaux. Et dans ce cas, les Champions d’Afrique vont se transformer bientôt en expatriés qui, ne pouvant pas intégrer les équipes de France, Belgique ou Allemagne, viennent représenter le pays d’origine de leur père. Dans ce cas, mieux vaut encadrer les enfants du pays et voir comment on peut bâtir pour avoir les conditions de performances. Quand vous allez à l’université vous avez le cœur gros : le terrain est bazardé, un pavillon est en train d’y être construit, la piste va disparaître. L’université est un ghetto avec 80 000 personnes et aucun lieu d’épanouissement sportif. Cela pose problème. Il faut mettre des infrastructures dignes, avec une excellente pelouse. C’est à l’école qu’on peut détecter les futurs talents. Sur les 80 000 étudiants, il y a peut être 2000 qui sont intéressés par l’athlétisme. Mais comment les détecter sans infrastructures, ni personnels qualifiés ?
“Mutualiser les expériences”
Les conditions de performances, c’est aussi l’entourage comme les parents, les entraîneurs, l’Etat, les infrastructures, les médecins. Si on a tout cela, on peut relancer notre athlétisme. Peut-être aussi que le déclic viendra de la jeune génération d’encadreurs qui est prête à mouiller le maillot. Il ne faut pas se dire que cette jeune génération ne peut rien faire, notre rôle c’est de l’aider et non la rejeter. Pour s’en sortir, il faudra, au-delà des athlètes, que les entraîneurs se parlent. On peut mutualiser les expériences et les connaissances pour pouvoir travailler sur une relève. Cela passera par un collectif d’entraîneurs pour encadrer l’équipe pendant 15 mois. Parce qu’il y a 15 mois cruciaux devant nous et si on ne maîtrise pas ce temps, on aura beau mettre un Directeur technique, on n’avancera pas. Il y a 5 ou 6 échéances d’ici à 2016 et 15 mois nous séparent de 2016(JOdeRio). Il y a la Francophonie, le Cinquantenaire des Jeux africains, les Championnats d’Afrique de 2016, ceux des juniors et cadets à Maurice”.
“Un plan de développement de l’athlétisme (Pda)”
L’athlétisme est une discipline où on ne peut pas venir en1 an et 2 ans pour performer. Le minimum, c’est 10 ans pour être dans le haut niveau. 10 ans pendant lesquels l’athlète a besoin de calme, de stabilité sur le plan financier et familial. Ce que réussit la France aujourd’hui, on peut le faire. Il faut juste tabler sur le long terme et théoriquement je pense qu’on a réglé ces problèmes de planification sur le long terme. Il y a un plan de développement de l’athlétisme (Pda) mis en place par la fédération. Il y une coopération anglaise qui se met en place pour 3 ans et qui va accompagner la fédé. Nous avons un bon package de programme qui peut nous permettre donc d’aller sur 15 mois. L’important, c’est d’avoir des gens compétents, humbles qui participent. Il ne faut pas se diviser en deux camps : le camp des anciens ici, celui des jeunes encadreurs là-bas. On a qu’à tous travailler ensemble, un jeune peut être Directeur technique, tout autant qu’un vieux. Regardez la France par exemple, leur Directeur technique vient de la lutte ; si c’était au Sénégal, on aurait crié au scandale. C’est un problème de conception, de management des hommes et des activités. Si je suis capable de concevoir des programmes de plans de développement, pourquoi pas ?
“Nous semblons prêcher dans le désert”
L’argent est important, mais il n’est pas déterminant pour être champion. Parfois, on voit des pays qui ont tous les moyens et ne gagnent rien tandis que d’autres qui n’ont pas de moyens remportent des médailles. Cette situation est douloureuse pour nous qui aimons le sport en général et l’athlétisme en particulier. Nous semblons prêcher dans le désert, pas écouté ni soutenu par les autorités. Et nous avons renvoyé notre meeting à cause du football. Ce n’est pas juste, il n’y a pas de solidarité entre les disciplines. L’Etat, son devoir, c’est d’être équitable, juste et à équidistance par rapport aux citoyens, de l’ensemble de ses structures qui gèrent le sport. Quand on gagne une compétition internationale, qui en gagne le plus de gloire ? C’est l’Etat, c’est l’hymne national qu’on entend. Tous ceux qui crient au scandale ne s’interrogent pas sur comment on est allé là-bas, dans quelles conditions ? Comment s’entraînent nos athlètes et comment sont-ils sélectionnés ? Réaliser des minima pour aller en Championnats d’Afrique, c’est nécessaire mais insuffisant. Il faut corser les minima. Quand on demande 7 mètres à la longueur, nous devons exiger 8 m aux athlètes.
“Il y a des opportunités sur les instances internationales”
Quand j’étais Directeur technique, on avait une politique avec le CIAD (Centre international d’athlétisme de Dakar). Il ne faut pas dire que nos relations avec cette structure se sont dégradées : les entraîneurs du CIAD sont des entraîneurs africains qui sont là pour l’athlétisme continental. S’il y a des Sénégalais qui sont bons et qui veulent travailler avec ces entraîneurs là, ces derniers doivent les encadrer parce que le centre est implanté au Sénégal. Il y a des opportunités sur les instances internationales qui sont installées au Sénégal et on doit pouvoir s’appuyer sur cela pour développer notre athlétisme. Depuis 15 ans, Lamine Diack est président de l’Iaaf, quelles vont être les retombées ? Il va se retirer l’année prochaine, qu’est-ce que cela va donner dans 2 ans, 3 ans. Il faut que l’Etat comprenne que l’athlétisme est une discipline très exigeante. Un cycle est clos, il faut en ouvrir un nouveau. Le nouveau cycle pour moi ne s’ouvre pas aujourd’hui, mais on va gérer une transition qui va durer 15 mois. C’est mon point de vue pour éviter des couacs d’ego entre les individus”.
UNE PLAINTE CONTRE MIMI TOURÉ
AFFAIRE HABRÉ : CONTESTATION DE L’ACTE DE CRÉATION DES CHAMBRES AFRICAINES EXTRAORDINAIRES
Hissein Habré compte se battre avec tous les moyens que lui offre le droit. Ses avocats ont contesté hier l’acte de création des Chambres africaines extraordinaires. Accusant Mimi Touré de faux et usage de faux, ils se réservent le droit d’ester en justice.
Lors d’une conférence de presse tenue hier, au Casino du Cap-Vert, les avocats d’Hissein Habré ont interpelé l’ancien ministre des Affaires étrangères, Me Alioune Badara Cissé, sur les circonstances et l’acte de création des Chambres africaines extraordinaires (CAE). Les avocats de l’ex président tchadien ont remis en cause la délégation de pouvoir reçue par l’ancien ministre de la Justice, du président de la République, Macky Sall, au moment de la création des CEA.
Selon les conseils, Alioune Badara Cissé était au Sénégal, le 22 août 2012, date de la création des CEA. Pour eux, cette présence à Dakar ce jour-là rend illégal l’acte d’engagement du Sénégal portant création des Chambres extraordinaires africaines au sein des juridictions sénégalaises. “Le jour de la signature de l’accord entre le Sénégal et l’Union africaine, le ministre des Affaires étrangères de l’époque, Me Alioune Badara Cissé, était présent et en bonne santé à Dakar. Etant présent, on ne pouvait plus parler de délégation à une autre personne”, a soutenu Me El Hadj Diouf. Selon ses dires, la défense dispose aujourd’hui des nombreuses preuves qui consolident sa position dans la contestation de la légalité de l’accord portant création des CEA.
La défense annonce une plainte contre Mimi Touré La défense a soutenu par ailleurs que l’ancien ministre de la Justice, Mme Aminata Touré, n’avait pas reçu mandat de souscrire un tel acte au nom du Sénégal. A en croire les avocats de l’ex-dirigeant tchadien, qui disent détenir des preuves, Mimi Touré a fait usage d’un faux document. Ils avancent ainsi la nullité de l’acte. “Mme Aminata Touré n’avait aucune compétence pour signer un tel acte. Son forcing par la fabrication et l’usage d’un faux dans le cadre d’une procédure judiciaire apporte la preuve de la nullité de l’accord portant création des CEA”, a insisté Me El Hadj Diouf.
Dans la même veine, Me Ibrahima Diawara a argué que Mme Touré ne pouvait pas signer ledit accord, car cette prérogative est dévolue au président de la République par l’article 95 de la Constitution. Le chef de l’Etat peut suivant cette disposition chargé le ministre des Affaires étrangères de signer un tel acte. Ainsi, selon Me El Hadj Diouf, son client se réserve le droit de déposer une plainte contre l’ex-ministre, garde des Sceaux, pour faux et usage de faux ayant entrainé sa détention “illégale” depuis plus d’un an. La défense entend ainsi dénoncer ce qu’elle appelle des manœuvres illégales contraires aux principes démocratiques auprès de l’Union africaine et la communauté internationale.
Les Chambres africaines extraordinaires ont été crées le 22 août 2012, au sein des juridictions sénégalaises pour la poursuite des crimes internationaux commis au Tchad sous le régime de Hissein Habré, entre 1982 et 1990.
AMINATA TOURÉ
“Ils veulent justifier une hausse de leurs honoraires”
Réponse de la bergère au berger ! Aussitôt après l’intention déclamée des défenseurs de l’ex-Président du Tchad de porter plainte contre l’ancienne ministre de la Justice, la cellule de communication d’Aminata Touré est sortie du bois pour fustiger une “argutie juridique” sous-tendue par des “attaques crypto-personnelles en lieu et place d’arguments de droit solides”, indique le communiqué reçu dans la soirée d’hier à notre rédaction.
“Les avocats de Hissein Habré savent pertinemment que Mme Touré, ministre de la Justice d’alors, travaillait sous les instructions du président de la République”, ajoute la même source. D’autre part, ils “savent tout aussi bien que l’accord entre l’Etat du Sénégal et l’Union africaine établissant les Chambres africaines du procès Habré a été ratifié par l’Assemblée nationale du Sénégal.” Partant de ces réalités, l’ex PM du Sénégal estime que “vouloir porter plainte contre (elle), c’est faire preuve de peu de courage...”
Du reste, la cellule de communication parie sur la vanité d’une “soi-disant plainte” et la considère comme “un bon moyen de justifier une hausse d’honoraires.”
UN BUDGET DE TRANSITION DE PLUS DE 2 MILLIARDS MIS EN PLACE
La toute nouvelle municipalité de Touba a adopté hier son projet de budget de transition. Il s’équilibre pour les quatre mois qui restent de l’année 2014 en recettes et dépenses à la somme de 2 193 850 652 FCFA. Abdoul Ahad Ka, le tout nouveau maire de la cité religieuse, a axé ses priorités sur quatre domaines que sont la santé, l’éducation, l’éclairage public et l’assainissement.
Pendant 7 tours d’horloge, 76 conseillers municipaux sur les 100 que compte le conseil se sont penchés sur le projet de budget qui leur a été soumis pour vote.
C’est à l’unanimité qu’ils ont en effet voté les 2 193 850 652 FCFA qui permettront à la toute nouvelle équipe municipale de pouvoir prendre en charge, pour les quatre mois qui restent de l’année 2014, les préoccupations des citoyens de la commune de Touba Mosquée.
Donc cette somme représente le budget de transition pour terminer la gestion 2014. Le premier budget voté depuis janvier 2014 étant celui d’une communauté rurale. A noter qu’avec l’application de l’acte 3 de la décentralisation, la communauté rurale de Touba Mosquée est devenue une commune de plein exercice.
Cette nouvelle donne n’a pas manqué d’avoir, à bien des égards, une certaine incidence sur la gestion et l’administration de la nouvelle collectivité. Ainsi, la partie dédiée au fonctionnement dans ce budget est estimée à 1 098 850 652 CFA, soit 50,08% des recettes globales.
Tandis que la partie investissement s’octroie 1 095 000 000 CFA, dont les 360 millions représentent les fonds de concours de l’Etat et du Programme national de développement local (PNDL) et du Budget consolidé d’investissement (BCI). Pour ce qui est des dépenses de fonctionnement, elles restent dans les limites supportables par les finances de la ville.
Il convient de souligner que les recettes de la ville sont constituées à près de 80% de ressources propres, provenant des taxes communales, des produits domaniaux et des impôts locaux, qui représentent 73,5% des recettes propres.
Le reste des recettes provient des produits divers et de la dotation de fonctionnement que verse l’Etat à la ville pour la prise en charge des compétences transférées. Seulement, le maire a reconnu que le recouvrement de cette manne financière va poser problème du fait de la spécificité de Touba en matière fiscale.
Toutefois, il a déclaré avoir bon espoir et compte sur les institutions financières, le foncier bâti, les TOM (taxes sur les ordures ménagères) pour recouvrer cette somme et terminer l’année.
Désaccord avec la Senelec
Abdoul Ahad Ka, maire de la nouvelle commune de Touba Mosquée, a axé cependant ses priorités sur quatre domaines que sont la santé, l’éducation, l’éclairage public et l’assainissement.
Toutefois l’édile de la ville religieuse a profité de la session pour dénoncer l’attitude de la Senelec qui, selon lui, manque notoirement de considération pour Touba. A l’en croire, la Senelec n’a pas effectué d’entretien sur le réseau bien avant le grand Magal de Touba.
“En dépit des nombreuses injonctions des autorités locales, la Senelec continue de faire profil bas”, s’est-il désolé. Pire selon toujours Abdou Lahad Ka, la Senelec enjoint la mairie de lui payer une enveloppe de 2,9 milliards représentant la facture de l’éclairage public alors que “paradoxalement la Senelec doit à la mairie plus, concernant les redevances”.
Le conseil municipal a terminé la session de ce vendredi par l’installation officielle des commissions techniques au nombre de 18.
MULTIPLE PHOTOS
"LES SÉNÉGALAIS DOIVENT BOYCOTTER LA STATION TOTAL SUR L’AUTOROUTE À PÉAGE"
La station Total érigée sur l’autoroute à péage est une “aberration” qui n’a pas respecté les conditions de concurrence régulière, à en croire, le président de l’Association sénégalaise des pétroliers (ASP), Ameth Guissé. Dans cet entretien, il demande aux Sénégalais de boycotter cette station et passe au peigne fin les problèmes du secteur pétrolier.
Pourquoi le besoin de créer une association de pétroliers autre que celle existante ?
L’Association sénégalaise des pétroliers est née de la volonté des acteurs du secteur, pour la plupart des entreprises sénégalaises évoluant dans le sous secteur de la distribution des hydrocarbures. Ces acteurs ont senti le besoin de s’organiser en une association autre que celle existante pour défendre les intérêts de la profession. Mais, également, essayer de créer un cadre de concertation, d’harmonisation et créer des synergies permettant aux sociétés de la place de se promouvoir. Outres ces aspects, nous avons fait le constat que beaucoup de sociétés pétrolières ne s’étaient affiliées à aucune organisation existante. Le besoin de réunir toutes ces sociétés se présentait de manière urgente. L’ASP, c’est aujourd’hui 19 sociétés pétrolières sur les 26 opérant dans le secteur de la distribution. Ainsi, de part sa composition, l’ASP devient donc la première société pétrolière du Sénégal.
Quels sont aujourd’hui les problèmes liés au secteur du pétrole au Sénégal ?
Le principal problème du secteur du pétrole, c’est la position dominante d’un des majors qui est Total. L’introduction de l’opérateur de téléphonie dans le secteur fausse aussi la règle du marché et de la concurrence.
Vous parlez de quel opérateur ?
C’est Orange. Mais aujourd’hui, on constate une certaine évolution. Le constat est qu’Orange est en train de proposer un partenariat à d’autres sociétés pétrolières, oubliant que quand on dénonce l’illégalité, on ne s’y installe pas (...) Sachant que nous évoluons dans un régime de grilles encadrées, ou les marges sont déterminées par la structure qui en elle-même est définie par un arrêté ministériel, cela pose des problèmes de dysfonctionnement dans le marché.
Et, ce qu’Orange commence à faire, il fallait s’y mettre dès le départ. Il est encore à rappeler à la jeune génération que Sonatel/Orange est héritière de la société des télécommunications TELESENEGAL ; et sans le travail d’expertise mené des années auparavant par cette société pionnière, avec l’argent des contribuables sénégalais, elle n’aurait pas sa dimension actuelle. En cela et pour cette raison, son devoir n’est pas d’introduire dans un secteur où des nationaux opèrent avec succès, des règles qui s’appliquent au détriment des sociétés sénégalaises.
Que dire des autres problèmes du secteur ?
Les autres problèmes du secteur sont liés à l’approvisionnement de certains produits comme le super carburant qui depuis l’arrêt métal de la Sar n’arrive pas à être distribué de manière régulière. Le problème c’est que tant que la Sar fonctionne, il n’y a pas de problème, mais quand la Sar a des contraintes, les gens sont obligés de se rabattre sur certains importateurs de la place, en l’occurrence certains majors qui commercialisent le produit à des prix non réglementaires. A ce niveau, je pense que l’Etat doit intervenir pour réguler.
On a suivi dernièrement une guéguerre opposant les pétroliers à Total. Pouvez-vous revenir sur cette affaire ?
Le problème est d’abord lié au partenariat entre Orange et Total, à travers le produit “Orange money”. Nous avions démontré qu’économiquement, la société Orange subventionnait Total. L’autre problème est lié à la station Total installée sur l’autoroute à péage. A ce niveau, ce n’est pas seulement Total, mais c’est aussi Senac Eiffage. Pour nous, Total et Senac, c’est une alliance française installée sur l’autoroute à péage. Si cela s’était fait dans des conditions normales de concurrence, on ne nous entendrait pas parce que nous sommes des professionnels, mais cela n’a pas été le cas. Nous aurions souhaité que l’installation d’une station sur l’autoroute à péage se fasse par appel d’offres.
Mais il y a eu effectivement appel ...
...Oui. Mais ce qui s’est passé est vraiment bizarre. L’appel d’offres qui a été fait a exclu les sociétés sénégalaises, il s’est fait entre des sociétés dites de dimension internationale. C’est une aberration pour une autoroute qui a une clientèle locale. Et si tant il est vrai qu’avoir une dimension internationale, c’est opérer hors de ses frontières, il y a des sociétés sénégalaises qui opèrent au delà de leurs frontières et qui auraient dû au moins participer à cet appel d’offres.
Rien de cela n’a était fait et la place a été attribuée à Total. Alors qu’on le sait, avant la construction de l’autoroute à péage, il y avait des sociétés de pétrole qui étaient sur l’axe de l’autoroute. Elles ont été démantelées pour des raisons d’intérêt national. Ces gens devaient être prioritaires une fois l’autoroute à péage ouverte. Ou bien même être associés. Voilà la situation et aujourd’hui, nous continuons à dénoncer avec la dernière énergie cet acte. A partir du moment où cet axe principal est construit en grande partie avec l’argent du contribuable sénégalais, il serait normal que des sociétés sénégalaises puissent en profiter.
Mais ici, ce n’est pas le cas. Dans la situation actuelle, à défaut de pouvoir compter sur un patriotisme économique formalisé, décliné par une volonté politique, nous ne pouvons appeler les Sénégalais qu’à un patriotisme économique. Les Sénégalais sont suffisamment dotés de bon sens et de patriotisme, je leur demande de ne pas fréquenter ce point de vente tant que les conditions d’une concurrence régulière ne seront installées sur cet axe permettant aux sociétés sénégalaises d’opérer et d’offrir un choix pluriel aux citoyens.
Etes-vous en train d’appeler les Sénégalais à boycotter cette station érigée sur l’autoroute à péage ?
Oui ! Bien sûr ! A travers un sursaut nationaliste, je demande aux Sénégalais de boycotter la station Total sur l’autoroute à péage. C’est avec l’argent du contribuable sénégalais qu’elle a été construite. Il n’est pas normal qu’on autorise seulement une société française à capter les ressources des Sénégalais. Il faut qu’on mette en place des conditions de concurrence régulière permettant à tout le monde d’opérer de façon tranquille et organisée. Et surtout d’offrir aux automobilistes sénégalais de faire le choix de leur distributeur. Je pense que c’est important. Si ce point de vente a été octroyé dans des conditions de concurrence régulières, il n’y aurait pas de problème. Nous serions les premiers à applaudir. Tel n’a pas été le cas. Aujourd’hui, c’est à nous Sénégalais de pouvoir faire la lecture des choses et adopter un comportement conséquent.
D’ailleurs, Gérard Senac, PDG de Eiffage Senac, dans la livraison du quotidien “Walfadjri” du 01/07/2014, déclare en réponse au Collectif des pétroliers indépendants que pour la construction de la station sur l’autoroute à péage, il y a eu bel et bien un appel d’offres sur “les entreprises qui sont considérées comme les plus importantes” suivant le cahier des charges du concessionnaire. Car il souligne : “nous devons rendre compte au concédant, à l’Etat. Ce cahier de charges est parfaitement en règle. S’il faut poser des questions, c’est à l’Etat du Sénégal qu’il faut les poser...” Manifestement, M. Senac charge l’Etat du Sénégal.
Justement quels sont vos rapports avec l’Etat ?
Avec l’Etat, c’est des rapports tout à fait normaux. Je pense que l’Etat, c’est l’autorité de tutelle du secteur. Notre rôle en tant qu’acteurs de la profession, ce n’est pas simplement d’interpeler l’Etat. C’est aussi de lui suggérer des solutions. Le rôle de l’Etat, c’est d’encadrer. Pour cela, il faut avoir toutes les informations et les bonnes informations. Il appartient aux professionnels de fournir à l’Etat les informations nécessaires. Et de travailler en étroite collaboration avec lui, de manière à ce que les décisions soient prises dans le bon sens. Parfois, l’Etat n’a pas la bonne information.
Et qu’en est-il de vos rapports avec les compagnies comme Total et Shell ?
Nous avons des rapports professionnels avec Total et Shell. Beaucoup d’entreprises de la place entretiennent des rapports normaux avec les majors, que ce soit Total, Shell et même Oilbya. Nous avons des relations professionnelles.
Aujourd’hui, on assiste à une cherté du carburant. Tout le monde s’en plaint. C’est quoi la solution adéquate à votre avis ?
Tout le monde sait que le prix du carburant est plus cher au Sénégal qu’au Mali, qu’en Côte d’Ivoire. Alors que les produits transitent au Sénégal avant d’être acheminés au Mali. Je pense que c’est une question autour de laquelle on a souvent discuté. On sait qu’une des raisons de la cherté du carburant au Sénégal est liée à sa fiscalité qui impacte lourdement sur le prix de cession du carburant aux consommateurs. A terme, il faut souhaiter une diminution de la fiscalité. Pour pouvoir alléger le pouvoir d’achat des Sénégalais.
Cependant, il faut reconnaitre que depuis bientôt plus d’un an, après la seconde alternance, les prix sont bloqués. Aussi bien le super et le gasoil n’ont subi aucune variation. Est-ce à dire que les prix pouvaient augmenter ou baisser, c’est selon. Une comparaison avec les prix des différents pays fait constater de façon nette que la différence réside au niveau de la fiscalité. Est-ce que l’Etat a les moyens de faire réduire la fiscalité ? Il est le seul à pouvoir le déterminer, compte tenu de ses engagements et de son cadre normal. Si c’est possible, il est souhaitable de le faire.
Des gérants de stations déplorent la faiblesse de la marge bénéficiaire sur le carburant. A titre d’exemple, sur chaque 1000 litres écoulés, le gérant de station ne gagne que 10,5 F soit 10 500 F. Quelle analyse faites-vous de cette situation ?
Aussi bien la marge bénéficiaire du gérant que celle du distributeur sont faibles. Sur ce point, tout le monde est d’accord, de même que les autorités de tutelle. Si on enlève les passages et le transport pour les produits, on se retrouve avec une marge d’environ 30 francs. Tu déduis de cette marge les frais de fonctionnement et les fonds d’amortissement, il ne restera plus beaucoup. Je pense qu’il faut une réflexion globale qui prenne en charge à la fois la marge distributeur et celle des gérants pour voir comment les améliorer de façon à ce que les gens puissent tirer leur épingle du jeu. Les autorités sont assez sensibles sur la question. Des travaux sont en cours pour essayer de réfléchir sur ce problème de la marge.
A l’origine, le souhait officieux du président de la République de ne pas donner l’impression de s’acharner sur la famille de Me Abdoulaye Wade. Une posture qui aurait permis à Sindiély Wade de transiger en douceur pour échapper au glaive de la justice dans le scandale Fesman. Alors seul en piste, Karim Wade, considéré comme le symbole de la traque des biens supposés mal acquis, se devait de payer pour tous les siens.
C’est le ministre-conseiller du président de la République, Arona Coumba Ndoffène Diouf qui a vendu la mèche. Dans un entretien accordé au journal EnQuête dans son édition d’hier vendredi, le collaborateur du Président Sall soutient que “la fille de l’ex-président de la République (...), Sindiély Wade, a remboursé l’intégralité des sommes dont on l’accusait”. Le montant ? Mystère et boule de gomme, d’autant plus que l’opacité absolue cultivée par le pouvoir sur cette question est assez épaisse pour que rien ne filtre d’une possible transaction.
Le Festival mondial des arts nègres (Fesman) de 2010 est considéré comme l’un des plus grands scandales financiers de l’histoire du pays. Sous la conduite de Sindiély Wade, déléguée générale adjointe, il a été surtout marqué par ce que l’Inspection générale d’Etat (IGE) appelle des “pratiques inédites et malsaines”.
D’ailleurs, dans son rapport public sur l’état de la gouvernance et de la reddition des comptes de 2013, l’IGE a révélé “une gestion du Fesman totalement opaque des opérations et délibérément entretenue par un lobby bien identifié”.
Alors qu’il était évalué à 5 milliards de francs CFA, le Fesman a fini par coûter au contribuable sénégalais plus de 80 milliards, en lieu et place du montant de 7 milliards annoncé au départ et qui devait représenter le soutien d’autres Etats et institutions à la manifestation.
L’ampleur du préjudice économique et financier étant énorme, le rapport de l’IGE avait jugé utile d’éclairer cette nébuleuse par le recours à des poursuites judiciaires contre les personnes responsables des manquements constatés.
Au cœur de ces malversations, l’ancien président de la République, “ordonnateur et exécutant des dépenses, même étrangères à cette manifestation, pour un montant total de 6,4 milliards de francs CFA”, et pour l’occasion agent immobilier acquéreur “à titre personnel, à partir de ressources publiques” d’un terrain de 5435 mètres carrés évalué à 1 milliard de nos francs.
Initiateur de la traque des biens mal acquis dès son installation au pouvoir, le président de la République, Macky Sall, s’était engagé à recouvrer tout l’argent spolié par des caciques de l’ancien régime libéral et/ou par l’ex famille présidentielle qui était au cœur de la gestion étatique.
Mais cette volonté affichée semble s’être dissipée entre les strates du pouvoir, surtout après que le chef de l’Etat a révélé lui-même, il y a trois semaines, qu’il avait personnellement classé sans suite un nombre important de dossiers qui seraient liés à la traque des biens mal acquis.
Celui de Sindiély Wade et du Fesman en fait-il partie ? Macky Sall a-t-il épargné la sœur de Karim Wade pour ne pas donner l’impression de s’acharner sur la famille de son prédécesseur à la tête de l’Etat ? Et si finalement l’ex-ministre d’Etat tout puissant, dont le procès pour enrichissement illicite et actes de corruption est en cours depuis le 31 juillet, devait, lui seul, payer pour tous les siens ?
LE FORUM CIVIL DÉNONCE DES VELLÉITÉS D’ÉTOUFFEMENT
L’État a le dessein d’étouffer l’affaire de la Gendarmerie en faisant du Colonel Ndaw un bouc-émissaire, selon le Forum civil.
Défense d’oublier ! Le Forum civil ne souhaite manifestement pas que la bombe à fragmentations déposée par le Colonel Abdoulaye Aziz Ndaw sur les sentiers fréquentés de la République soit peu à peu repoussée dans les bas fonds de l’actualité jusqu’à dépérissement. L’urgence est plutôt à son désamorçage avant une explosion brutale qui affecterait négativement le pays et ses institutions, après la parution de l’ouvrage “Pour l’honneur de la gendarmerie”.
Dans une note parvenue hier à notre rédaction, le Forum civil dit regretter en effet “le traitement dont a fait l’objet le colonel Ndaw depuis son retour au Sénégal.” L’ex n°2 de la Gendarmerie nationale a été mis aux arrêts par sa hiérarchie pour une durée de trente jours. Selon l’organisation dirigée par Mouhamadou Mbodj, “les autorités militaires qui se sont empressés d’appliquer le règlement intérieur par la mesure d’arrêt de rigueur afin de ranger ce dossier aux oubliettes, confortent l’Etat dans son choix de laisser pourrir cette situation.”
Selon le Forum civil, “l’Etat s’est encore emmuré dans ses procédures classiques de sanction (...) au lieu de s’intéresser davantage à établir la part vérité sur les révélations fracassantes contenues” dans le livre précité et “relatives à des actes graves posés dans la conduite des affaires publiques par la hiérarchie militaire.” Ce “mode de traitement”, ajoute le communiqué, incite à croire que “les autorités veulent étouffer les scandales mis à nus courageusement en déployant toute une stratégie de musèlement du Colonel Ndao.”
Le Forum est d’autant plus fondé à privilégier cette option de l’Etat que, “à ce jour, toutes les personnes citées et particulièrement le Général (Abdoulaye) Fall (Ndlr : ancien Haut commandant de la Gendarmerie) auraient dû être interpellées et entendues pour établir la part de vérité sur les accusations portées à leur endroit.” C’est pourquoi, et contre “un traitement parcellaire et expéditif à l’encontre du Colonel Ndaw”, poursuit la note, “la Gendarmerie à elle seule ne devrait pas se charger du dossier” car “elle ne peut être juge et partie” à la fois.
Cette nécessité de justice et d’équité impose donc des mesures à l’Etat dont la mise en place d’une “commission d’enquête indépendante sur les faits allégués”, et l’audition des personnes accusées comme le Général Fall.
Dans cette perspective, le Forum civil invite citoyens et organisations de la société civile à “former un bouclier autour du Colonel Ndaw afin que toute la vérité soit établie”, mais aussi pour “éviter que les autorités ne fassent de lui un bouc-émissaire, pour décourager les futurs lanceurs d’alertes”.
UN NAVIRE BATTANT PAVILLON TANZANIEN COULE AU LARGE DE DAKAR, OPÉRATION DE RENFLOUEMENT EN COURS
Dakar, 22 août (APS) - Le comité national de coordination de l'action de l'Etat en mer travaille présentement sur un projet de renflouement de la quarantaine de conteneurs qui a coulé avec un navire battant pavillon tanzanien dénommé "SEASOUL 1" au large de Dakar, a-t-on appris vendredi à Dakar.
Selon la Haute autorité chargée de la coordination de la sécurité maritime, de la sûreté maritime et de la protection de l'environnement marin (HASSMAR), cette opération est exécutée avec le concours de sociétés de la place, face à la "défaillance de l'armateur dont la responsabilité reste totalement engagée".
Le navire battant pavillon tanzanien dénommé "SEASOUL 1", arrivé en rade extérieure du port de Dakar le 9 août à 05h10, a coulé trois jours suivant, vers 14h25, au niveau du point de mouillage qui lui a été assigné, en attendant son entrée au port, indique la HASSMAR.
Elle fait savoir que les 12 membres de l'équipage ont été secourus et mis à la disposition de la Gendarmerie nationale.
"Selon le manifeste, le navire transportait une cargaison en transit à Dakar, constituée de quarante-cinq conteneurs de vingt pieds dont trente-sept contiendraient des cartouches de chasse, quatre des fusils de chasse et quatre autres de la poudre de chasse conditionnée dans des fûts en carton", note la HASSMAR, soulignant avoir reçu l'alerte du Centre de coordination des opérations de la Marine nationale, cinq minutes après l'incident.
"Conformément aux dispositions du Plan national d'interventions d'urgence en mer, la HASSMAR a aussitôt mis en place un comité national de coordination (CNC). Ce comité est constitué de toutes les parties prenantes à la gestion d'un tel incident et travaille dans le cadre d'une démarche interministérielle, à la fois inclusive et participative", ajoute la source.
Le CNC "reste actif et une posture opérationnelle permanente est adoptée par les structures impliquées, pour assurer la sécurité des populations ainsi que celle des usagers de la mer et en même temps protéger l'environnement marin".
Dans ce cadre, est-il indiqué, trois des quatre conteneurs qui étaient à la dérive ont été retrouvés et sécurisés, après le constat de l’ouverture d'un parmi eux".