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4 mai 2025
par Jean Pierre Corréa
NDEER EN ACTIONS, POUR QUE LE 8 MARS NE SOIT PAS UNE FOLKLORIQUE SAINT VALENTIN
Il serait temps que l’on parle d’autre chose que de parité et d’égalité, et qu’on exige enfin du respect pour ce genre qui est avant tout celui de nos mères, de nos sœurs et de nos filles
Il est à redouter qu’encore cette année, le 8 mars soit une nouvelle fois une occasion ratée de remettre au milieu du village, la problématique récurrente des « Droits de la Femme », que l’on se plaît à célébrer au Sénégal sous le vocable forcément réducteur de « Journée de la Femme », fêtée avec le folklore qui sied aux traditionnelles gaudrioles avec lesquelles nous savons si bien dérouler notre sens aiguisé du futile et du vaporeux. Même sous des auspices proclamés de « Ruptures », nous n’échapperons pas aux cérémonies bruyantes et dissipées durant lesquelles des femmes de toutes organisations, drivées par le convenu et inévitable ministère de la Femme, sapées dans un dress-code grégaire et désuet, vont faire assaut des discours habituels vantant et relatant d’exceptionnels parcours de femmes, qui servent d’arbres à cacher la forêt dense qui enveloppe les tourments et les drames que vivent souvent la majorité d’entre elles.
Dans l’expression de mon métier, je plante ça et là, quelques « marronniers », et le 8 mars en fait partie, sauf qu’il me semble plus pertinent de proclamer mon amour pour les femmes, la veille, c’est-à-dire le 7 mars, date qui depuis 2015 marque Talaatay Ndeer, référence à la dignité conquise de haute lutte par ces femmes qui ont illuminé le sens aigu de la rébellion des Sénégalais, et que l’Association Ndeer en Actions a choisi pour célébrer les Femmes, en pointant ces faiblesses sociétales, qui comme des « cailloux dans nos babouches », nous empêchent d’avancer avec hardiesse et élégance sur les chemins qui balisent nos aspirations égalitaires.
Les engagements intelligents et dynamiques ayant pour vertus de s’agréger, la directrice du laboratoire genre de l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan), le professeur Fatou Sow Sarr diffuse cette conviction et accentue le plaidoyer pour l’intégration dans le calendrier républicain de la date du 7 mars pour célébrer la journée de la femme sénégalaise. Si la date du 8 mars est retenue, depuis 1977, à l’échelle internationale, en référence à la lutte des femmes ouvrières, elle estime « qu’il est temps pour le Sénégal de célébrer ces « Linguères » qui se sont immolées le 7 mars 1820 pour sauver l’honneur de leur patrie, et de consacrer la date du 7 mars au temps de la réflexion pour revisiter l’histoire des femmes de Talaatay Ndeer et faire du 8 mars un moment des festivités. Il est vrai que le brouhaha des tamas peut ne pas être propice à l’expression porteuse de changements audacieux et…urgents.
Hom-Deff : cela ne s’invente pas !
Loin des célébrations festives organisées par toutes sortes d’associations et groupements féminins, souvent issus d’entreprises ou d’institutions, cette date du 7 mars est épinglée dans le calendrier national par une association dénommée Ndeer en Actions, au sein de laquelle, c’est à souligner, des hommes et des femmes défendent, animés par leurs convictions, les principes qui sous-tendent la quête d’un certain égalitarisme entre hommes et femmes pour faire rimer femmes et démocratie. C’est d’ailleurs une singulière particularité de Ndeer en Actions, que d’accueillir en son sein l’Association des Hommes pour la Défense des Droits des Femmes et des Filles, Hom-Deff, comme pour dire « l’homme fait », ça ne s’invente pas, tout en décernant des « Diplômes de Reconnaissance » chaque année à des hommes qui ont par leurs actes, contribué à faire avancer la cause des femmes et des jeunes filles.
Mame Binta Cissé incarne dans un enthousiasme entraînant Ndeer en Actions. MBC est politique, d’essence et de nature. Parce que son environnement a toujours été politique, dans son sens premier et le plus noble, celui rattaché à la racine « polis » qui évoque la cité et donc ses citoyens.
Mame Binta Cissé est conquérante, au sens où elle aborde les problématiques qui lui tiennent à cœur, avec le goût du combat, et l’objectif de la victoire, à travers les résolutions des problèmes.
Les cercles de femmes, n’ont plus de secrets pour cette dame de Rufisque qui a toujours mis un point d'honneur à participer ou organiser la journée internationale des femmes, créant en outre l'association « Ndeer en actions » en 2015, avec pour mission de faire du 7 mars une journée nationale des femmes commémorant Talaatay Ndeer.
En 2022, les réflexions portaient sur le comportement que devraient avoir les jeunes filles en milieu scolaire sur internet pour éviter les dérives et promouvoir l’égalité, en 2024 sur le rôle des hommes dans l’émancipation des jeunes filles et l’autonomisation des femmes en milieu urbain.
La session de réflexion de 2025, inspirée du principe qu’il faut « continuer le début et que ce n’est qu’un combat », proposait en ce mois de Ramadan un thème d’une grande acuité : « Femmes et Islam. Quelles réformes pour le Code de la Famille ? ».
Qu’il se soit agi de Madame Sophie Cissé, modératrice, ou d’Alassane Niang, spécialiste en Charia et législation islamique, ou d’El Hadj Mbaye Bassine, Imam de la Mosquée de Keury Souf, tous ont évoqué la Sacralité de la Femme en Islam, et précisé sa place de choix, que certains ont choisi justement de ne pas voir… Il est vrai que notre particularité, réside dans le fait que les Sénégalais, souvent, ne comprennent pas…ce qu’ils savent.
Les acquis ne sont jamais définitifs et requièrent pour être pérennes, vigilance, sagacité et…convictions citoyennes.
Alors, que ce soit le 7 ou le 8 mars, ce qui est en jeu n’a rien à voir avec « la Fête des Femmes », mais avec « Le Droit des Femmes », lequel dans ce monde où le masculinisme à la Trump et à la Poutine pousse à chahuter certaines avancées acquises de haute lutte, nécessite vision, élégance, combativité et convictions.
Des activistes et universitaires appellent à la révision du code de la famille au Sénégal. Il semble exister une unanimité sur la nécessité de réformer le code de la famille. Mais conservateurs et progressistes ne s'entendent pas sur comment réformer ni sur quoi réformer. Selon le présent code de la famille au Sénégal, qui a pris un peu de poussières, seul un homme peut être reconnu comme chef de famille, décidant de quasiment tout. De l'endroit où vit la famille, à comment ou quand établir des documents administratifs à ses enfants, l'homme est le chef suprême de la famille. Ces réticences racontent quelque chose qui ressemble à une forme de régression.
« Touches pas à mon voile » !
La plateforme nationale des femmes musulmanes "Ndeyi Askann Wi" a pris des positions fermes contre l’agenda du genre et les politiques qu’elles jugent contraires aux valeurs traditionnelles sénégalaises.
Face à ce qu’elles considèrent comme une « propagande déguisée », alternant les termes « violences faites aux femmes » et « violences basées sur le genre », les membres de la plateforme dénoncent une tentative de normalisation des idéologies qu’elles rejettent. Selon elles, ces concepts sont utilisés de manière intentionnelle pour créer des amalgames et faire passer des idées contraires aux normes morales et religieuses du Sénégal.
« Nous refusons la féminisation de la famille », ont-elles déclaré, rappelant que pour elles, la quintessence de la cellule familiale réside dans l’union entre un homme et une femme, conformément aux valeurs islamiques et humaines universelles.
La ministre de la Famille et des Solidarités a été directement interpellée, à la limite de la menace : « Si vous choisissez l’agenda du genre, nous n’hésiterons pas à vous faire face ».
C’est la grande force du patriarcat et de notre société sexiste, qui est de réussir à diviser l’humanité en deux moitiés, puis de morceler l’une des deux moitiés en plein de petits groupes pour être sûr que les choses ne changent pas. Diviser pour mieux régner, en somme, et cibler l’influence des lobbies féministes et des organisations internationales, accusées d’imposer des idéologies étrangères au Sénégal.
Chronique du viol ordinaire
S’il existe un domaine où il est plus indiqué d’être de Ndeer du 7 mars, plutôt que de la bamboula du 8 mars, c’est assurément celui du grand danger, et du grand mépris que notre société sexiste et patriarcale destine et inflige à nos jeunes filles, nos très jeunes filles, violées dans une indifférence coupable, par des tontons, des « édukateurs » ou des précepteurs religieux, sans véritables châtiments, malgré l’adoption de la loi criminalisant le viol et la pédophilie. Malgré ces mesures draconiennes, les viols, les uns plus odieux que les autres, font légion dans le pays.
L'Association des juristes sénégalaises (AJS) rapporte que "sur 331 victimes de viol recensées en 2022, 43% avaient entre 4 et 14 ans". Plus inquiétant encore, selon un rapport de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) cité par le journal du soir, le Centre de guidance infantile et familiale de Dakar a comptabilisé "97 cas de viols ou d'incestes sur mineures et 21 cas de viols suivis de grossesse, avec une moyenne d'âge de 11 ans" sur la seule période 2016-2017 dans la région de Dakar.
Face à ce drame, les nouvelles autorités sénégalaises, élues en mars, restent muettes. Malgré la signature du protocole de Maputo en 2004, qui prévoit l'autorisation de l'avortement dans les cas extrêmes, aucun gouvernement n'a osé légiférer sur la question, craignant les pressions religieuses.
Malgré tout ce pouvoir des hommes, il serait temps que l’on parle d’autre chose que de parité et d’égalité, et qu’on exige enfin du respect pour ce genre qui est avant tout celui de nos mères, de nos sœurs et de nos filles. Quel que soit le niveau de pouvoir des hommes qui détruisent l’avenir de ces jeunes filles, quels que soient la beauté d’une jeune fille et l’attrait de ses atours, il faut que les hommes du Sénégal sachent que : « Un HOMME ça s’empêche ». Et comment « ça s’empêche » ? En calmant sa braguette en pensant à sa mère, à sa sœur, à sa fille. Tout simplement.
Le 8 mars c’est tous les jours qu’il faut le célébrer en faisant du respect absolu des femmes, de leur liberté et de leur dignité un enjeu essentiel de civilisation. Le Professeur Fatou Sow nous enseigne que « Cela permettra de reconstituer l’histoire de nos sociétés traditionnelles, qui a été construite par des femmes. A travers cette approche, il sera possible de restaurer des valeurs qui sont nôtres et de booster l’estime de soi des femmes et leur obligation à participer à la construction du pays ».
Et surtout, cela nous éviterait de vivre comme des bêtes.
PARITÉ DE DROIT, INÉGALITÉS DE FAIT
Les coutumes et traditions continuent de maintenir les femmes à l'écart du contrôle foncier, tandis que trois femmes sur dix subissent des violences physiques ou économiques
Les femmes sont à l’honneur, ce samedi 8 mars, correspondant à la Journée internationale dédiée à leurs droits. Pour cette édition, ONU-Femmes appelle à des «actions qui peuvent libérer les chances, le pouvoir et l’égalité des droits pour toutes les femmes…» Cette invite fait écho au thème de la journée : «Pour toutes les femmes et les filles : droits, égalité et autonomisation». Sud Quotidien revisite la condition féminine au Sénégal, en mettant l’accent sur des avancées et autres conquêtes de femmes mais aussi et surtout les nombreux défis qu’il reste encore à relever… Aussi est-il question de montrer des exemples de femmes leaders dans les régions, souvent inconnues du grand public, mais qui sont d’infatigables chantres de l’amélioration des conditions de vie et du respect des droits de leurs sœurs dans les zones rurales.
Politique, violences, acces à la terre - Les femmes à la merci des coutumes et traditions
La Journée internationale de la femme est célébrée ce samedi 8 mars dans le monde entier, sous le thème générique : «Pour toutes les femmes et les filles : droits, égalité et autonomisation». Au Sénégal, l’équité entre les droits reste un défi en dépit des avancées notées en politique. Les femmes continuent d’être victimes de violences conjugales. Leurs activités économiques, comme la transformation de produits halieutiques, restent confrontées aux défis des changements climatiques.
L a 69ème Session de la Commission sur le statut des femmes, qui se tiendra du 10 au 21 mars 2025 à l'ONU, marquera les 30 ans de la Conférence de Beijing sur les droits des femmes. Elle sera l’occasion de mesurer les acquis pour une égalité des droits entre les hommes et les femmes. D’ailleurs, cette session se tiendra au lendemain de la Journée internationale de la femme, le 8 mars, célébrée cette année sous le signe : « Pour toutes les femmes et les filles : droits, égalité et autonomisation ». A travers ce thème, ONU-Femmes appelle à des « actions qui peuvent libérer les chances, le pouvoir et l’égalité des droits pour toutes les femmes, et augurer d’un avenir aux couleurs féministes où personne ne sera laissée de côté. L’autonomisation de la prochaine génération à savoir les jeunes, en particulier les jeunes femmes et les adolescentes, est au cœur de cette vision qui consiste à leur donner les moyens d’être les catalyseurs d’un changement durable». Au Sénégal, le respect des droits des femmes reste encore un défi, en dépit de nombreuses avancées surtout en politique. A la faveur de la loi sur la parité, les femmes sont beaucoup plus représentées dans les instances de décisions électives, avec une présence remarquée à l’Assemblée nationale et dans les collectivités locales et territoriales. A l’Assemblée nationale, elles sont au nombre de 73 sur un total de 165. Dans le gouvernement actuel, elles sont six (6) sur un attelage de 25 ministres et 5 secrétaires d’Etat. Selon une étude de l’Association des juristes sénégalaises (AJS), réalisée en 2020, le taux de présence des femmes par région dans les Conseils départementaux et municipaux varie entre 48,9% (Diourbel) et 44,6% (Dakar). Aucune région n’atteint le taux de 50% dans les instances locales. Cependant, Diourbel, Kaolack, Kaffrine et Kolda s’en rapprochent
Alors que la présence féminine dans les instances de décisions s’améliore, le regard de la société sur la femme politique sénégalaise, mérite une autre considération. Cette étude de l’AJS constate, pour le déplorer, que « vingt-cinq (25) ans après Beijing, le leadership politique des femmes est timide. Il est confronté́̀a plusieurs obstacles qui freinent la présence des femmes au niveau des postes de décision politique. Il s’agit des obstacles d’ordre socioculturels, juridiques ainsi que les pratiques discriminatoires dans les partis politiques ».
A côté de cette avancée, on note parfois une image peu glorieuse de la femme engagée dans la sphère politique. Les candidatures féminines à la Présidence de la République font l’objet d’un désintéressement et parfois de mépris. L’accès et le contrôle des terres restent toujours un défi, même si les textes juridiques ne font pas de différence dans l’octroi. Les coutumes et les traditions les éloignent du contrôle du foncier. Toujours un fléau, les violences faites aux femmes perdurent. En 2023, le Sénégal a réalisé́, pour la première fois, une Enquête nationale de référence, spécifiquement centrée sur les violences faites aux femmes : les Enquêtes Démographiques et de Santé (EDS). Selon l’enquête, au Sénégal, près de 3 femmes sur 10 ont subi au moins une violence physique ou économique les 12 derniers mois. Les violences sont de diverses formes : physiques, psychologiques et sexuelles. Ces chiffres confortent les actes de violences dénombrés.
Les effets des changements climatiques sont ressentis par les femmes qui perdent de plus en plus leurs activités. Dans les zones côtières, la transformation de produits halieutiques se heurte à la rareté du poisson, rendant difficiles leurs activités. L’avancée de la mer a aussi des impacts sur leur habitat. Souvent, dans les conséquences de cette avancée, des toilettes sont perdues, les plongeant dans une grande vulnérabilité sanitaire.
Féminisation de la pauvreté- Encore une réalité dans le monde rural
Malgré les mécanismes de financement pour l’autonomisation des femmes mis en place par les autorités, la féminisation de la pauvreté demeure toujours une réalité dans le monde rural. Ici, les femmes ont un accès très limité aux principaux facteurs de production agricole notamment le foncier, la main d’œuvre, le manque de formation, etc. Les incitations gouvernementales à la production favorisent le plus souvent les cultures de rente, alors que les femmes sont davantage engagées dans les cultures vivrières.
Au Sénégal, le niveau d’accès aux opportunités de création de richesses et d’emploi, est différent, selon que l’on soit un homme ou une femme. En effet, le crédit, la terre, l’héritage, les intrants agricoles, etc., sont plus aléatoires pour les femmes, compte non tenu de l’inégalité dans la prise de décision sur leur propre production et celle du ménage. Les incitations gouvernementales à la production favorisent plus souvent les cultures de rente alors que les femmes sont davantage engagées dans les cultures vivrières. La vie des femmes est très marquée par la reproduction/procréation qui a une influence directe sur leur état de santé et les opportunités d’accès à l’instruction, à l’emploi, aux revenus. Leurs droits sont confinés à l’unique statut de «femme au foyer», responsable de l’éducation des enfants, du petit élevage et du maraîchage de subsistance. Elles ont un accès limité aux principaux facteurs de production agricoles, notamment le foncier, la main d’œuvre, les intrants et matériels. A cela s’ajoutent le manque de formation et de services adéquats d’information, de vulgarisation et de conseil destinés aux femmes dans divers domaines. Tout en étant des actrices clés d’une économie fondée principalement sur l’agriculture, les femmes sont pourtant les grandes oubliées du secteur agricole. Exploiter les terres à travers une agriculture résiliente devient de plus en plus difficile, face à la rareté de l’eau.
En effet, depuis 2010, les Nations Unies mettent l’accent sur l’accès à l’eau potable pour tous comme un droit fondamental. Or, au Sénégal, comme dans la plupart des pays de la sous-région, ce produit demeure une préoccupation pour l’ensemble des populations, en particulier celles des zones rurales qui s’approvisionnent à partir de puits et de bornes fontaines. Les longues distances qu’elles parcourent pour aller à la recherche de l’eau ont un impact négatif, non seulement sur les femmes, car elles constituent un frein à leurs opportunités économiques, mais aussi et surtout entraînent de fâcheuses conséquences sur les efforts pour le maintien des filles à l’école. Mettre fin à cette corvée d’eau est un gage pour l’autonomisation et l’égalité des sexes, car le plus souvent, ces dernières abandonnent leurs études à cause de cette contrainte.
Toutefois, il faut reconnaître que, pour assurer l’autonomisation économique et l’inclusion financière des femmes, le Sénégal a mis en œuvre, depuis plusieurs années, des programmes et mécanismes de développement dans plusieurs secteurs d’activités, en accordant une place importante au financement des projets des femmes à travers la contractualisation de lignes de crédits avec les systèmes financiers décentralisés. Des efforts ont été ainsi faits pour l’épanouissement de la femme rurale en mettant en place des initiatives d’appui à leurs préoccupations, dont le Fonds de Garantie des Investissements Prioritaires (FONGIP) et la Délégation à l’Entreprenariat Rapide des Femmes et des Jeunes (DER-FJ). Seulement, force est de constater que les défis restent encore énormes.
Droits des femmes au Sénegal - Entre progrès et challenges
La place des femmes dans la société sénégalaise a évolué, grâce aux combats qui leur ont permis d’accéder à une égalité de droit avec les hommes, notamment avec la loi sur la parité et la transmission de la nationalité à son époux ou à son enfant de nationalité étrangère. En dépit des avancées, les inégalités demeurent tout de même nombreuses par rapport aux hommes.
D’indéniables progrès ont été réalisés quant à la place des femmes dans la société sénégalaise. On peut parler, par exemple, de la transmission de la nationalité. En effet, le vendredi 28 juin 2013, les députés avaient adopté, à l’unanimité, un projet de loi modifiant la loi n°61 du 7 mars 1961, et autorisant les femmes sénégalaises à octroyer la nationalité à leurs époux et à leurs enfants de nationalité étrangère. Cette modification du Code de la nationalité est perçue comme une avancée majeure vers l’égalité homme-femme. Dans l’ancienne loi, seuls les pères pouvaient transmettre la nationalité, à leurs enfants et épouses.
Autre acquis relatif aux droits des femmes, c’est l’adoption de la loi sur la parité qui répondait à une revendication des organisations de défense et de promotion des femmes dans la société et dans les instances électives et semi-électives. Votée en 2010, sous le régime de l’ancien président Me Abdoulaye Wade, cette loi portant parité absolue entre les hommes et les femmes constitue un tournant décisif dans l’histoire politique du Sénégal. Toutefois, le chemin est encore long pour atteindre l’objectif. Pour cause, une non-application de la loi est constatée parfois au niveau des conseils municipaux et départementaux. En dépit de ces avancées, demeurent encore de nombreuses inégalités par rapport aux hommes. Toutefois, même si l’on déplore une faible présence des femmes dans les plus hautes instances de décision, il est à relever que quelques femmes ont pu occuper des positions stratégiques à la tête de l’Etat. Il en a été ainsi à la Primature, au Conseil économique, social et environnemental (Cese), au Conseil constitutionnel, entre autres. C’est sous la mandature de l’ancien président Me Abdoulaye Wade que, pour la première fois, une femme a été nommée Premier ministre. C’était en 2001, en la personne de Mme Mame Madior Boye. Madame Mireille Ndiaye -Brenner, qui a siégé au Conseil constitutionnel à partir de 2002, deviendra la présidente de cette haute juridiction, à compter de 2004, et jusqu'à son départ à la retraite. Elle sera remplacée par Cheikh Tidiane Diakhaté en avril 2010. Son successeur, Macky Sall, élu à la présidence de la République en 2012, nommera Mme Aminata Touré au poste de Chef du gouvernement. Elle exercera la fonction de Premier ministre, de septembre 2013 à juillet 2014. Mieux, le chef de l’Etat fera de Anna Sémou Faye la première femme Directrice de la Police nationale, en juillet 2013, suite au scandale de trafic de drogue qui avait secoué la police sénégalaise. Mme Viviane Laure Elisabeth Bampassy Dos Santos, deviendra sous le régime de Wade, la Première femme préfète du Sénégal. Après avoir ensuite exercé la fonction de Secrétaire générale du ministère de la Jeunesse, de l’Emploi et de la Promotion des Valeurs Citoyennes, elle est devenue 2013, sous le magistère de Macky Sall, la première femme gouverneure de région du Sénégal, celle de Fatick notamment.
Caroline Faye Diop, la pionnière
Première femme de l’histoire de notre pays à siéger à l’Assemblée nationale en tant que député, de1963 à 1978, sous la mandature de Léopold Sédar Senghor, premier président de la République du Sénégal, Mme Caroline Faye Diop est aussi la première femme ministre à siéger au gouvernement en 1978. Elle sera ensuite nommée sous la mandature du président Abdou Diouf, ministre de l’Action sociale, puis ministre Déléguée auprès du Premier ministre de 1981 à 1982, ensuite ministre d’Etat de 1982 à 1983.
Mme Caroline Faye Diop s’est battue pour les Droits des femmes pendant les dix années où elle était seule à l’Assemblée nationale, notamment pour le Code de la Famille ou en faveur des Allocations familiales versées aux femmes. Une anecdote qui en dit long sur son tempérament de battante : C’était en 1957 à Thiès, où se tenait le Congrès de l’Union Progressite Sénégalaise (Ups). Elle proteste auprès du président Léopold Sédar Senghor car, malgré le nombre important de femmes présentes, aucune n’y a pris la parole. On se rappelle également de Maïmouna Ndongo Kane, ancien auditeur à la Cour suprême, ancien Substitut du Procureur de Dakar, ancien Conseiller à la Cour d’Appel de Dakar, Maïmouna Kane sera nommée en 1978 Secrétaire d’Etat en charge de la Condition féminine, de la Promotion humaine et de l’Action sociale auprès du Premier ministre. De 1983 à 1986, elle occupera, sous la mandature du Président Abdou Diouf, le poste de Ministre du Développement social. Pour la première fois de son histoire, Dakar la capitale emblématique du Sénégal sera dirigée, de 2018 à 2022, par une femme, Mme Soham El Wardini De grands combats pour l’égalité des droits des femmes ont donc été menés et témoignent des progrès dans les domaines du travail et de la vie politique. Cependant, derrière ces avancées, se cachent encore de nombreux défis qui doivent renforcer la détermination des femmes. Elles, qui sont toujours à la quête d’une liberté qui est souvent bafouée dans notre société.
Par Baba DIOP
CHARCUTERIE
Le péché mignon de Ton’s, c’est la charcuterie, mais il insiste en appuyant bien, sur le mot Halal pour ne point créer de confusion, surtout en ce temps de Ramadan
Le péché mignon de Ton’s, c’est la charcuterie, mais il insiste en appuyant bien, sur le mot Halal pour ne point créer de confusion, surtout en ce temps de Ramadan. Son penchant pour la charcuterie, lui vient de sa vie d’étudiant au pays des Blancs, mais il ne faisait pas de différence entre Halal et non Halal. Il était dans le tout-venant : charcuterie italienne, charcuterie board, anglaise, corse et tutti quanti. Il ne faisait point mystère de son attrait pour la charcuterie de porc. Il adorait surtout : le jambon blanc, cuit ou sec, saucisson sec ou cru, boudin blanc, andouille, rillette et terrine. Ton’s connaissait du bout des doigts les différentes sortes de charcuteries. Rien qu’à l’odorat, il pouvait donner et le nom et le label du produit.
Mais une fois de retour au pays, Ton’s creusa un énorme trou et y enterra ce passé en claironnant urbi et orbi : « Il fallait que jeunesse se fasse ». Son futur se plaça dès lors sous le sceau de l’Islam. Il ouvrait et refermait les portes de la mosquée, après de bons et loyaux services à la Poste. En ce vendredi, après la prière de tisbar, il passa devant une charcuterie bien achalandée. Ton’s fit de la lèche vitrine devant la charcuterie, passant et repassant. Comme « cheytan dafa baré dolé », Ton’s saliva, resaliva. Il fouilla dans sa poche, se rendit compte que charité bien ordonnée commence par soi-même. Il avait tout donné aux mendiants. Subitement il se sentit vertigineux et s’écroula. Quand on vint lui prêter assistance, Ton’s désigna le rayon des saucissons et murmura : « socisson momay ximali » et une femme qui passait par là se contenta d’un « xalass ma waru » !
LE MONDE DOIT ECOUTER L’AFRIQUE
L’annonce est du ministre chinois des affaires étrangères Wang Li qui a fait face à la presse hier, vendredi 7 mars. Sa rencontre avec les médias s’inscrit dans le cadre des activités de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC),
La coopération sino-africaine sera maintenue. Mieux, les recommandations du sommet Chine-Afrique du mois de décembre dernier seront mis en œuvre. L’annonce est du ministre chinois des affaires étrangères Wang Li qui a fait face à la presse hier, vendredi 7 mars. Sa rencontre avec les médias s’inscrit dans le cadre des activités de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC), une rencontre qui sert à faire le bilan des réalisations gouvernementales et d’ouvrir des perspectives.
La République populaire de Chine poursuit ses sessions de bilans de l’année 2024 et de perspectives pour 2025. Ses relations avec le continent africain en été abordées hier, vendredi 7 mars 2025, lors d’une conférence de presse animée par le ministre des Affaires étrangères Wang Li. Contrairement à des ruptures ou de relations controversées comme il en est le cas avec d’autres pays, Wang Li, souligne que la Chine aura l’Afrique au cœur de sa politique internationale. « L’Afrique est la terre de l’espoir au XXIe siècle. Sans modernisation de l’Afrique, il n’y aura pas de modernisation du monde. La stabilité et le développement de l'Afrique sont liés au destin commun de l'humanité. Le monde doit écouter la voix de l'Afrique et prêter attention à ses préoccupations. L’Afrique connaît un nouvel éveil et tous les pays doivent l’aider à s’engager sur une nouvelle voie de développement indépendant et autonome », a-t-il dit. Cette année est la première année de mise en œuvre des résultats du Sommet sino-africain de Beijing tenu en décembre 2024. Wang Li affirme ainsi, « Nous sommes prêts à suivre les « Dix actions de partenariat » de la Chine et de l'Afrique pour promouvoir conjointement la modernisation, aider l'Afrique à accélérer le processus d'industrialisation et de modernisation agricole, mettre en œuvre l'initiative de produits 100 % exempts de droits de douane, cultiver de nouveaux pôles de croissance tels que le numérique, l'écologie et l'intelligence artificielle, promouvoir 1 000 petits et beaux projets qui profitent aux populations, renforcer l'échange d'expériences en matière de gouvernance et améliorer la gouvernance». Le partenariat entre la Chine et le continent africain sera aussi marqué, dit-il, par «l’aide chinoise à l’Afrique pour qu’elle ait plus de représentativité dans les instances de décision à l’international». Selon toujours Wang Li, «La Chine et l’Afrique ont toujours été de bons amis, de bons partenaires et de bons frères qui partagent un destin commun. Sous la direction conjointe du président Xi Jinping et des dirigeants africains, les relations sino-africaines sont entrées dans la meilleure période de l'histoire. La Chine et tous les pays africains entretenant des relations diplomatiques ont atteint la «couverture complète» du partenariat stratégique, et la position de la communauté de destin sino-africaine a été élevée au niveau «à toute épreuve ».
Les différentes entreprises chinoises présentes en Afrique ont permis la réalisation de plusieurs kilomètres de route et de chemin de fer, dit Wang Li. « Au cours des 25 dernières années, la Chine a aidé l’Afrique à construire et à moderniser près de 100 000 kilomètres de routes et plus de 10 000 kilomètres de voies ferrées. Au cours des trois dernières années, les entreprises chinoises ont créé plus de 1,1 million d'emplois en Afrique ». Mieux ajoute-t-il, « La Chine est restée le premier partenaire commercial de l'Afrique pendant 16 années consécutives».
UNE DIPLOMATIE D’OUVERTURE, CONTRE LA PRISE DE GAZA AUX PALESTINIENS
Le ministre des Affaires étrangères de la Chine Wang Li dit que son pays est contre toute hégémonie d’une grande puissance. A l’en croire, les perspectives diplomatiques chinoises pour cette année 2025 sont « de bâtir des liens solides partout dans le monde, promouvoir un système de libre échange multi usage, préserver la stabilité de l’humanité et un bien être mondial». Sur ce, Wang Li souligne, «qu’il est nécessaire que les grandes puissances promeuvent des politiques pour renforcer les prérogatives de l’Organisation des nations unies (ONU) au lieu de semer des divisions qui peuvent plonger le monde dans une crise». Wang Li d’affirmer ensuite que «la Chine est convaincue de l’importance de l’existence de l’organisation des Nations Unies, un principe d’équité et de justice».
Les relations diplomatiques tendues avec les Etats-Unis (USA) ont été également abordées par le ministre chinois. Wang Li, tout en affirmant que son pays reste ouvert à une coopération pacifique basée sur le respect mutuel a estimé, « qu’aucune menace ne fera reculer la Chine dans sa marche pour le développement », faisant ainsi référence aux menaces de sanctions du président américain Donald Trump. Faisant toujours référence à la politique américaine, Wang Li, a montré toute son opposition à l’annonce du président américain Donald Trump de transformer la bande de Gaza en une station balnéaire. « Le monde ne peut pas être en paix si le Moyen orient ne l’est pas. La communauté internationale doit soutenir la création d’un Etat palestinien. Elle doit forger la paix entre la Palestine et l’Israël. Gaza appartient aux Palestiniens. Tout acte qui ne prend pas en compte cette dimension, est contraire à la volonté de tout un peuple », a-t-il soutenu en demandant plus d’aides humanitaires pour les Palestiniens. Wang Li a annoncé également plusieurs tournées du président chinois Xi Jinping en 2025.
FATOU NDIAYE (ENVOYÉE SPÉCIALE À BEIJING)
Par MMAH AÏSSATA BANGOURA
GERMAINE ACOGNY, REINE DE LA DANSE CONTEMPORAINE AFRICAINE
En ce 8 mars, Journée internationale des Droits des femmes, nous avons choisi de rendre hommage à la mère de la danse contemporaine africaine, Germaine Pentecôte Marie Salimata Iya Tunde Acogny
En ce 8 mars, Journée internationale des Droits des femmes, nous avons choisi de rendre hommage à la mère de la danse contemporaine africaine, Germaine Pentecôte Marie Salimata Iya Tunde Acogny.
De sa grand- mère Iya Tunde, prêtresse Yoruba dont elle porte le nom, elle sera inspirée par la gestuelle et la conviction que la spiritualité permet de surmonter les difficultés dans la vie d’un artiste. Elle ouvre son école en 1968 et avouera qu’à cette époque, elle était loin de penser être une grande artiste. Au moment où je l’ai connue dans les années 70, elle avait une réputation dans le monde des arts et nourrissait le désir de transmettre sa passion de la danse à ses élèves, en leur offrant la possibilité d’aller au plus profond de leur corps, d’accueillir la richesse et la diversité de leur patrimoine culturel. C’est ce qui va la mener en 1975 à la création des majorettes du Lycée John Kennedy à Dakar, avec une touche africaine perceptible dans le choix des pas de danse et la tenue vestimentaire. Pour le rythme elle a sollicité la collaboration du célèbre tambour-major Doudou Ndiaye Coumba Rose. Son passage en Casamance qui lui fait découvrir les danses traditionnelles de cette région va influencer sa créativité et l’inciter à inventer de nouveaux mouvements mixant danse africaine et européenne. Contrairement à ce qui se pratiquait à cette période au Sénégal, Germaine fait le choix d’enseigner la danse africaine et non la danse classique. Venu assister à un des cours qu’elle dispensait dans sa propre école fondée en 1968, Roger Garaudy, philosophe et ami de Léopold Sédar Senghor, fut si émerveillé qu’il lui dit : « ce que vous êtes en train de faire, c’est une technique ». Il confia ses impressions à Senghor, qui a son tour apprécia la qualité du travail et la méthode de Germaine.
Dans la préface de l’ouvrage de Germaine, « La danse africaine » paru en 1980, il écrit ceci : « Mme Acogny a parcouru le chemin inverse de Béjart. Elle est partie de la danse négro-africaine, des pas négro-africains, pour y intégrer ceux du ballet européen ».
Senghor qui avait un projet pour le développement des arts, souhaitait faire du Sénégal, « la Grèce de l’Afrique », selon son expression, mais il manquait la danse. Aussi, en 1975, a-t-il tenu à présenter et surtout à montrer le travail de Germaine à Maurice Béjart, estimant qu’il n’était pas suffisamment qualifié dans le domaine de la danse. « C’est extraordinaire » aurait dit Béjart, selon Senghor, pour qui, « la tradition doit être une vague qui vient, qui rejaillit, pour redonner vie à la contemporanéité ».
Ce message, Germaine l’a compris en créant sa propre technique, celle qui porte son nom et est enseignée à travers le monde. Elle confirme les propos de son critique : « J’ai pris l’essence des danses traditionnelles d’Afrique de l’Ouest et des danses que j’ai apprises en Europe, et j’ai créé ma propre technique ». La création de Mudra Afrique va lui donner un autre rayonnement. En effet lorsque Senghor et Béjart ont décidé de créer Mudra Afrique avec l’appui de l’Unesco et de la fondation Gulbenkian, elle était toute indiquée pour en assurer la direction accompagnée par Julien Jouga et Doudou Ndiaye coumba Rose. Mudra Afrique, une antenne de Mudra Bruxelles, ouvrit ses portes en 1977 et va proposer une formation artistique. Senghor décrit l’esprit de cette école en ces termes : « Il nous faut dans une entreprise plus délicate, parce que plus imaginante, intégrer, avec les pas, les valeurs des autres danses, pour en faire une danse nouvelle, négro africaine, mais sentie, goûtée par tous les hommes, de toutes les civilisations différentes, parce que participant de l’universel ». Et d’ajouter que c’est ce travail de création que Mme Acogny a commencé de faire.
En 1979, Alioune Diop de la revue Présence africaine et Aimé Césaire vont visiter l’Institution qu’ils qualifient de « capitale du monde noir ».
La réalité humaine est faite de souffrances et de contradictions. Cette belle aventure prendra fin brutalement. Sa passion pour la danse la pousse à surmonter cette nouvelle difficulté et à ouvrir l’École des sables. Elle va créer sa compagnie « Jant Bi » avec laquelle elle va faire plusieurs tournées internationales. Depuis son premier solo Femme noire en 1972, plusieurs autres créations vont suivre, Yewwi, Thiouraye, Songho yakar etc, elle va travailler avec des chorégraphes et des metteurs en scène européens, africains, asiatiques dont Mikael Serre, Olivier Dubois, Salia Sanou, Kota Yamasaki.
L’École des sables va assurer le rayonnement de la culture et de la danse africaine. Cette visibilité va contribuer à pérenniser la tradition du Sénégal comme pays de culture, premier pays d’Afrique francophone à avoir une politique culturelle en accordant une place importante à la danse. Cette reconnaissance internationale, elle le doit à son travail. Germaine a travaillé, beaucoup travaillé et continue à le faire. Celle, que les danseurs appellent affectueusement MAMAN ne désarme pas. Il lui a fallu sans cesse démontrer que la danse s’apprend, et surtout que la danse est un métier et mérite respect et considération. Et à travers la danse, les artistes. Malgré tous ses succès, elle a dû surmonter des difficultés d’ordre financier pour faire fonctionner l’école au point de lancer des appels. Son exemple fait des émules dans le milieu de la danse. Nous lui devons la floraison de groupes de danse toutes techniques confondues. Elle a formé plusieurs générations de danseurs qui a leur tour, continuent d’exercer et d’encourager à la pratique.
Pour avoir bénéficié de son encadrement lorsque j’étais à Mudra Afrique, elle m’a influencée, elle reste une ainée et je suis très honorée aujourd’hui de lui rendre cet hommage.
Je voudrais lui exprimer toute ma reconnaissance à travers cet hommage, en y associant Helmut, son époux dont j’apprécie l’écoute, l’attention et la disponibilité pour le succès de la danse au Sénégal.
MMAH AÏSSATA BANGOURA
Docteur en Sociologie de l’Education. Spécialité Danse Institut Supérieur des Arts et des Cultures ISAC-UCAD
Honneurs et distinctions
En 1992, Germaine Acogny livre au monde le message de la journée internationale de la danse célébrée tous les ans, le 29 Avril.
En 2014, elle est classée parmi les « 50 personnalités africaines les plus influentes dans le monde », selon le Journal Magazine « Jeune Afrique ».
En 2019, elle reçoit le Prix d’excellence de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dans la catégorie Arts et Lettres.
En 2021, lors de la Biennale de Venise, il lui sera décerné, le Lion d’or de la danse. Voici les termes par lesquels Le jury a salué son œuvre : « Sa contribution à la formation en danse et en chorégraphie des jeunes d'Afrique occidentale et la large diffusion de son travail ont fait d'elle l'une des voix indépendantes qui ont le plus influé sur l'art de la danse." Le Prix Nonino ‘’Maître de notre temps’’ 2025 lui a été récemment décerné.
Par Vieux SAVANE
LE POIDS DES MAUX
La violence faite aux femmes est justement dans cette manière de vouloir les confiner et les enfermer dans les représentations masculines.
Une tiktokeuse, vendeuse de produits cosmétiques, en ligne et au marché de Pikine, a été condamnée le 7 février dernier à 2 ans de prison dont six mois ferme, pour «mise en danger de la vie d’autrui, exercice illégal de la profession de pharmacien et administration de substances nuisibles à la santé publique». Elle proposait des suppositoires sous forme de boulettes qui avaient la capacité de transformer les candidates en Venus callipyges dotées d’une belle paire de fesses, galbées et charnues, à damner un saint.
Il est cependant interdit d’en rire puisque, dans le sillage des comprimés et autres sirops, tout est bon pour prendre du poids et développer de généreuses rondeurs conformes aux standards de beauté autochtones. Pour y arriver, elles se livrent à une course à la séduction qui n’est pas sans danger du fait de risques divers : problème cardiovasculaire, insuffisance hépatique, obésité, diabète, hypertension artérielle, etc. Tout cela pour plaire à leurs hommes au détriment de leur santé, empêtrées qu’elles, sont dans une sorte de relation marchande rythmée par une offre et une demande soumises aux critères de beauté masculine. La violence faite aux femmes est justement dans cette manière de vouloir les confiner et les enfermer dans les représentations masculines. Ainsi en est-il du fameux « Dieguene sopal waye buul woolou* » de Kocc Barma qui sous-entend que l’homme est préposé à toutes les audaces et la femme, à la soumission.
Au Sénégal mais comme partout ailleurs, ce rapport de domination perdure. En France, tout récemment la justice s’est saisie d’une affaire hors-norme opposant une femme, Gisèle Pellicot, plongée dans une soumission chimique par son mari Dominique Pellicot, pour la violer et la faire violer dix années durant à son domicile par des dizaines d’inconnus contactés sur Internet. Il a voulu a-t-il expliqué " soumettre une femme insoumise"
Cette femme de 74 ans, que son mari livrait à une cinquantaine d’inconnus après avoir anesthésié sa conscience est devenue une icône. Elle a estimé qu'elle n'avait pas à se cacher, ni à avoir honte encore moins à culpabiliser. La honte devant plutôt changer de camp, s’extirper du corps de la victime pour se dresser avec force et obliger le bourreau à rendre gorge. Pour ce faire, Gisèle Pellicot a tenu bon, droitement, debout, soutenue par ses deux fils et sa fille qui eux aussi ont fait face. Par son attitude empreinte de dignité et de courage, forçant ainsi l'admiration de l'opinion nationale et planétaire, elle a suscité une émotion mondiale comme en attestent les médias de tous les continents qui ont consacré des éléments à cette affaire
C’est dire que cette journée du 8 Mars doit nous faire réfléchir sur la condition des femmes et des hommes, sur l’égalité des droits et des devoirs. Surtout, lorsqu’une circulaire de service accorde aux employées femmes un réaménagement horaire en ce mois de Ramadan, en prenant toutefois le soin de préciser que c’est à titre exceptionnel et dérogatoire. Même à supposer que cette circulaire soit mue par une intention bienveillante, une telle mesure en dit long sur l’idée que l’on s’y fait du rapport hommes/femmes. Pour un pays qui a plutôt accompli d’énormes progrès dans sa volonté de lutter contre les inégalités entre hommes et femmes, vouloir confiner ces dernières dans un espace domestique perçu comme le lieu naturel de leur expression, qu’on le veuille ou non, fait désordre. Parce qu’elle revêt le visage d’une régression qui ne dit pas son nom, une telle mesure appelle par conséquent, à une vigilance soutenue pour que ne soient pas banalisés ces petits gestes qui se veulent empathiques ou sans grande signification, mais qui dans la réalité des faits sont discriminatoires puisqu’ils portent atteinte à l’égalité des droits entre les femmes et les femmes.
*Tombe amoureux, mais ne lui fait pas confiance
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LES UNES DE LA PRESSE DE CE WEEK-END
Sud Quotidien, Walf Quotidien, Yoor-Yoor Bi, L'Observateur, Libération, Le Quotidien, Enquête, Vox Populi, Le Verdict News, L'As, Record, Le Soleil,
Amadou Tidiane Gaye a levé le voile sur l'intrusion qui a ciblé les systèmes informatiques de son administration. Si des ordinateurs et téléphones portables ont bien disparu, le haut fonctionnaire affirme que les données critiques restent intactes
Le mystère qui entourait l'intrusion dans les locaux du Trésor public sénégalais vient d'être partiellement levé. Face aux caméras de la RTS vendredi 7 mars 2025, le directeur général de la comptabilité publique et du Trésor, Amadou Tidiane Gaye, a livré sa version des faits concernant cet incident qui alimente les rumeurs depuis plusieurs jours.
"C'est une intrusion dans les locaux de la direction de l'informatique du Trésor qui est un bâtiment annexe au bâtiment principal situé à l'avenue Pompidou", a précisé d'emblée M. Gaye. L'incident s'est produit "exactement la nuit du dimanche", selon ses déclarations.
Le haut fonctionnaire a confirmé qu'il s'agissait bien d'un vol ciblant "des ordinateurs portables et des téléphones portables". Toutefois, il s'est voulu rassurant quant aux conséquences de cette effraction : "Les données financières et comptables du Trésor public ont été préservées et sauvegardées. Il n'y a eu aucune interruption dans l'exercice du service public au niveau du Trésor."
Face aux interrogations sur un possible lien avec la récente publication du rapport de la Cour des comptes, le directeur général s'est montré prudent : "On ne peut pas faire le lien a priori", a-t-il indiqué, précisant que "l'enquête en cours permettra de savoir exactement les motivations de ceux qui ont commis cet acte."
M. Gaye a également évoqué brièvement "l'affaire Tabaski", concernant une inspectrice du Trésor, tout en refusant de s'étendre sur ce dossier distinct "en cours de procédure judiciaire".
Pour rassurer les usagers, le responsable a détaillé les mesures de sécurité en place : "Nous avons mis en place un dispositif de sécurité qui concerne d'abord l'intégrité des données et la continuité du service avec ce que nous appelons un plan de continuité de l'activité." Il a ajouté que le Trésor dispose "d'un dispositif de sauvegarde permanente des données financières et comptables."
Une enquête de la police scientifique est actuellement en cours pour déterminer l'ampleur exacte du préjudice et identifier les auteurs de cette intrusion.
LA GUERRE DES COMPTABLES
Après le point de presse avorté du Syndicat unique des travailleurs, l'Amicale des inspecteurs récuse les accusations du président de l'Ordre national des experts-comptables et appelle ces derniers à balayer devant leur porte
La pilule ne passe toujours pas en travers la gorge des agents du Trésor public. Après le point de presse du Syndicat unique des travailleurs reporté à la dernière minute, avant-hier, c'est l'Amicale des inspecteurs qui est montée au créneau pour porter la réplique aux experts-comptables agréés et à leur président Mor Dieng. Dans la mise au point envoyée à ‘’EnQuête’’, hier, les inspecteurs dénoncent vigoureusement ce qu'ils qualifient comme un manque de respect. “... Nous tenons à exprimer notre profond désaccord avec ces affirmations infamantes et irresponsables (les accusations du président de l'Onecca, voir notre édition d'hier) totalement désaxées des véritables problématiques posées par le rapport de la Cour des comptes”, proteste l'amicale.
Les camarades de Diomourou Dia en veulent particulièrement au président de l'Onecca qui les a présentés comme des comptables d'épicerie. Ils rappellent à l'Ordre des experts “qu’une autorité de la stature de leur président” est surtout “attendue sur des contributions de nature à enrichir le débat”. Selon l'Amicale des inspecteurs, la sortie du président de l'Onecca ne reflète, en réalité, qu’une profonde méconnaissance des finances publiques et de ses subtiles particularités. “Autrement, comment comprendre cette homélie nauséeuse d’abord soutenue par un de ses collègues lors d’un débat télévisé et ensuite confirmée par leur président. L’on déduit, dès lors, qu’il s’agit d’une sournoise stratégie de faux-fuyant pour éviter de s’appesantir sur les véritables problématiques que pose le rapport de la cour”, ont-ils fulminé.
De l'avis des inspecteurs du Trésor, les experts-comptables agréés devraient plutôt balayer devant leur porte avant de s'intéresser à celle de leurs voisins. “La charité commençant par soi, il est aujourd’hui évident que vous avez suffisamment de défis internes à relever, surtout dans le contexte de digitalisation des processus “métiers clients” et du nombre important d’entreprises actuellement redressées du fait d’une mauvaise application de la loi fiscale ou des normes comptables, alors que leurs états financiers sont certifiés par des 'cabinets d’experts’”, poursuivent M. Dia et Cie.
De nombreuses entreprises redressées malgré des comptes certifiés par les experts-comptables
Pour eux, les experts-comptables se méprennent complètement sur le professionnalisme des agents du Trésor qui mènent, depuis des années, des réformes en vue d’améliorer la transparence et l'efficacité de la gestion des finances publiques. “Vos collègues de l’ordre, dont les cabinets ont eu l’occasion de travailler avec l’administration du Trésor, dans le cadre de la réforme comptable, n’auront certainement pas la même appréciation des améliorations substantielles apportées par notre structure dans la tenue des comptes publics”, indiquent-ils dans la mise au point.
À en croire les inspecteurs du Trésor, le président de l'Onecca fait fausse route dans son analyse des conclusions de la Cour des comptes. À leur avis, ce rapport constitue principalement une invite aux acteurs des finances publiques “à mettre fin aux pratiques non orthodoxes de contournement du Trésor public à travers l’exécution de dépenses publiques hors de son circuit normal et en violation manifeste des règles de la comptabilité publique”.
Pour autant, les agents du Trésor se disent conscients des enjeux et défis, et expliquent s'être inscrits “dans une dynamique de réforme constructive et d'amélioration continue des finances publiques”. Lesquelles réformes portent pour l’essentiel sur certains aspects réglementaires et sur l’écosystème de la gestion publique soulevés par la Cour des comptes.
“À ce jour, elles nous ont valu la certification de l’essentiel de nos processus métiers à la norme internationale ISO-9001 version 2015 de plusieurs directions comptables et administratives du Trésor. Pionnière dans ce domaine, la Direction générale de la Comptabilité publique et du Trésor est aujourd’hui la seule entité de l’Administration publique à avoir certifié autant de processus métiers, incluant tous les aspects du management stratégique et opérationnel, à une norme internationale de référence comme ISO”, fulminent-ils dans la note envoyée à ‘’EnQuête’’.
Les inspecteurs invitent, par ailleurs, “à recentrer le débat sur les véritables défis et enjeux de la gestion des finances publiques au Sénégal”. À en croire l'amicale, le problème, c'est plutôt “des pratiques généralisées de contournement des circuits budgétaires et des procédures du Trésor public” qu'eux-mêmes n'ont eu de cesse “de dénoncer dans les limites que leur impose leur obligation de réserve.