On croyait avoir touché le fond à l’occasion de la cérémonie d’installation de la 14e législature, mais hier, un autre pas a été franchi dans le concours de barbarisme au Parlement
Alors qu’on croyait avoir touché le fond, lors de la cérémonie d’installation de la 14e législature, les députés ont franchi, hier, un nouveau palier, avec deux députés (hommes) de la coalition Yewwi Askan Wi qui ont infligé une gifle et un coup de pied dans le vendre de leur collègue de Benno Bokk Yaakaar qui, de surcroît, est une femme. Selon un communiqué des femmes parlementaires de BBY, la dame serait en état de grossesse.
Il ne leur reste plus qu’à prendre des armes et à s’entretuer comme des fauves dans l’enceinte même de l’Assemblée nationale. On croyait avoir touché le fond à l’occasion de la cérémonie d’installation de la 14e législature, mais hier, un autre pas a été franchi dans le concours de barbarisme au Parlement. La palme a été remportée par deux députés de Yewwi Askan Wi qui n’ont trouvé rien de mieux que de s’en prendre à une dame. L’un lui assénant une gifle, l’autre un coup de pied dans le ventre.
Selon les femmes parlementaires de Benno Bokk Yaakaar, c’est un acte barbare qui mérite une sanction exemplaire. ‘’Les députés Massata Samb et Mamadou Niang seront tenus responsables de tout ce qui arrivera à notre collègue Amy Ndiaye en état de grossesse. Il est important de rappeler que les leaders de Yewwi Askan Wi, lors de leur conférence de presse, avaient exhorté leurs militants et sympathisants à attaquer physiquement l’honorable députée Amy Ndiaye. Par conséquent, ils sont les premiers responsables de ce qui est arrivé’’, fulminent-elles dans un communiqué parvenu à ‘’EnQuête’’.
À l’origine de ces incidents, il y a eu la sortie de la députée Amy Ndiaye dans laquelle elle s’attaquait au guide religieux des Moustarchidines Wal Moustarchidati, par ailleurs Président d’honneur du Parti de l’unité et du rassemblement (Pur), membre de la coalition Yewwi Askan Wi. En conférence de presse dernièrement, un des responsables du parti disait : ‘’Nous tenons cette conférence à la suite des propos irrespectueux tenus par une députée à l’encontre du leader du Pur et responsable moral du dahira Moustarchidine Wal Moustarchidati. Ce dernier nous a toujours enseigné que l’Assemblée nationale ne doit pas être un haut lieu où la diarrhée de paroles ronge les parlementaires… Au niveau du Pur, il y a des choses que l’on n’acceptera jamais, ni pour ce député, ni pour son chef, ni pour personne.’’
Quand la société adoube les comportements violents
Dans cette 14e législature, les insultes et autres manques notoires de respect sont monnaie courante. Cette semaine même, lors du passage du ministre de l’Intérieur Antoine Diome, le député Abass Fall s’est le plus illustré. Répondant, selon son propos, à un responsable de la mouvance présidentielle qui leur aurait fait une leçon sur la lâcheté, il déclarait : ‘’Lui, il ne connait pas c’est quoi la lâcheté. La lâcheté, c’est quand un président de la République met les rapports d’audit sous le coude. La lâcheté, c’est quand un président de la République déclare qu’il va réduire l’opposition à sa plus simple expression. La lâcheté, c’est quand un ministre de la République, fût-il le ministre de l’Intérieur, a une épouse qui est mêlée au plus sale complot de l’histoire politique du Sénégal.’’
Très en verve, Abass Fall insistait face au ministre de l’Intérieur : ‘’La lâcheté, c’est quand nos enfants, nos femmes, nos frères sont assassinés à l’issue de certaines marches… La lâcheté, c’est quand on confisque les cartes d’électeur de citoyens pour les empêcher de voter. La lâcheté, encore une fois, c’est quand un ministre de l’Intérieur instrumentalise les préfets pour leur demander de faire des recours. C’est ça la lâcheté…’’
Telle est l’ambiance dans la 14e législature partie pour battre tous les records d’indignité de l’histoire du Parlement sénégalais. Si l’on n’y prend pas garde, les écarts verbaux comme physiques peuvent conduire à des catastrophes. C’est la conviction du coordinateur des non-alignés qui n’a de cesse rappeler la nécessité de mener un dialogue apaisé entre les différents acteurs.
Interpellé sur l’avenir de cette législature, il peste : ‘’Si on n’arrête pas le théâtre auquel nous assistons, ces députés vont installer à l'Assemblée nationale une violence porteuse de danger pour la stabilité de notre pays. Il revient aux responsables des coalitions présentes à l'hémicycle de rappeler aux élus la signification du mandat confié par le peuple souverain.’’
Tout droit vers la catastrophe
À en croire le non-aligné, le peuple doit davantage surveiller ses représentants et les sanctionner, positivement ou négativement, en fonction de leurs comportements à l’Assemblée nationale. ‘’Si les leaders ne recadrent pas les députés qui les représentent à l’hémicycle, l'opinion devra comprendre qu'ils soutiennent ces comportements désolants. Ce qui les disqualifierait de toute prétention légitime à conduire demain les destinées de notre pays’’, peste l’ancien membre de Yewwi Askan Wi.
Il faut noter que cette violence est congénitale à l’installation de cette législature. Dans les rangs de Yewwi Askan Wi, rares sont les députés qui arrivent à prendre de la hauteur pour essayer de décanter des situations de blocage. Pendant ce temps, dans la majorité, il y a des pyromanes comme Farba Ngom qui ne manquent jamais une occasion d’envenimer la situation, de mettre l’hémicycle sens dessus dessous.
Dans un article intitulé ‘’Le paroxysme de la médiocrité’’, publié le jour de l’installation, ‘’EnQuête’’ décrivait déjà ‘’un hémicycle transformé en arène de gladiateurs ; des parlementaires prêts à toutes les bassesses pour la défense de leurs chapelles respectives et non de l’intérêt supérieur de la Nation…’’.
Hier encore, les parlementaires se sont signalés de la plus triste des manières, avec des ‘’échanges d’insultes, des jets de chaises... Un décor triste dans l’enceinte de ce qui était présenté comme une Assemblée de rupture.
SERIGNE BASSIROU GUÈYE, NOUVEAU PRÉSIDENT DE L'OFNAC
Selon un communiqué du Ministre, Secrétaire général de la Présidence de la République, Oumar Samba Ba, cette mesure a été prise ce jeudi 1er décembre à travers le décret n°2022-2010. Le magistrat remplace à ce poste Mme Seynabou Ndiaye Diakhaté
L’ancien procureur de la République, Serigne Bassiou Guèye, est nommé président de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac). Selon un communiqué du Ministre, Secrétaire général de la Présidence de la République, Oumar Samba Ba, cette mesure a été prise ce jeudi 1er décembre à travers le décret n°2022-2010. Le magistrat remplace à ce poste Mme Seynabou Ndiaye Diakhaté.
Détaché à la Présidence de la République en novembre 2021, depuis son départ du poste de procureur de la République, Serigne Bassirou Guèye avait atterri en mai dernier à la Cour d’appel de Thiès comme procureur général.
LE SÉNÉGAL ET LE MAROC, SEULES ÉQUIPES AFRICAINES EN HUITIÈMES DE FINALE DU MONDIAL
C'est la deuxième fois dans l'histoire de la Coupe du Monde que deux formations africaines passent les phases de groupes
Les représentants du continent ont fait plus qu'en 2018, en plaçant deux équipes, le Sénégal et le Maroc, en huitièmes de finale de la Coupe du monde Qatar 2022.
Le Sénégal et le Maroc sont les deux équipes africaines sur les cinq à se qualifier pour le second tour.
C'est la deuxième fois dans l'histoire de la Coupe du Monde que deux formations africaines passent les phases de groupes.
En 2014, le Nigéria et l'Algérie avaient passé cette étape.
En 2022, la Tunisie, le Ghana et le Cameroun n'ont pas franchi la phase des poules.
Le Sénégal, champion d'Afrique en titre, a fait mieux qu'en 2022 en se qualifiant au second tour comme en 2002 lors de sa première participation où il s'était arrêté en quart de finale.
Les Lions ont obtenu deux victoires et une défaite et ont terminé deuxième de la Poule A.
Dimanche, ils vont rencontrer l’Angleterre.
Les Lions de l'Atlas sont l'une des sensations du mondial qatarie. Avec deux victoires et un match nul, le Maroc a terminé premier de son groupe E. C'est la première équipe africaine à finir en tête de son groupe depuis le Nigeria en 1998.
Les Marocains retrouvent les huitièmes de finale pour la première fois depuis 1986. Les Lions de l'Atlas seront opposés lundi à l'Espagne.
L'autre équipe du Maghreb, la Tunisie malgré sa performance, une victoire, un match nul et une défaite, a été éliminée de justesse.
Comme les Aigles de Carthage, les Black stars du Ghana ont été sorties (0-2) par l'Uruguay qui avait privé le Ghana d'une demi-finale en 2010.
Du coup, ils sont privés de huitièmes de finale.
Comme eux, les Lions indomptables ne franchissent pas les phases de poule.
Les Camerounais ont battu (1-0) le Brésil. Avec cette victoire historique, le Cameroun ne valide pas son ticket pour les huitièmes de finale. Avec une victoire, un match nul et une défaite, le mondial qatari est terminé pour le Cameroun.
#FREEPAPEALÉ
À l’heure où la liberté de la presse consubstantielle à la liberté d’expression est malmenée au Sénégal, SenePlus s’élève pour dire non. Non, à une démocratie dépouillée de sa substance au profit de coteries diverses et variées
À l’heure où la liberté de la presse consubstantielle à la liberté d’expression est malmenée au Sénégal, SenePlus s’élève pour dire non. Non, à une démocratie dépouillée de sa substance au profit de coteries diverses et variées.
Le droit du public à l’information ne doit pas obéir à l’agenda politique. Il ne doit souffrir d'aucune entrave. Le journaliste a le devoir d’informer sur tout sujet d’intérêt public.
C’est malheureusement cette mission qui vaut à notre confrère Pape Alé Niang d’être incarcéré depuis le 6 novembre 2022 pour des accusations de «divulgation d’informations non rendues publiques par l’autorité compétente de nature à nuire à la défense nationale », « recel de documents administratifs et militaires » et « diffusion de fausses nouvelles de nature à jeter le discrédit sur les institutions publiques ». Autant d’artifices destinés à maquiller les faits, à la manière des démocraties d’apparat.
SenePlus prend position afin que la liberté de la presse et toutes libertés plus généralement soient préservées, en ces temps troubles pour la démocratie.
PAR Nioxor Tine
PAIN ET JUSTICE POUR LE PEUPLE
Le caractère devenu presque systémique des atteintes aux libertés semble avoir atteint son acmé durant le règne abominable du successeur de Wade. Il n’est même plus exagéré d’évoquer une progressive "duvaliérisation" de notre système politique
Au moment où les performances de notre équipe nationale au Qatar nous font rêver et croire au miracle, l’urgence pour la majorité de nos concitoyens ne saurait se réduire à du pain et des jeux (panem et circenses) comme dans la Rome antique.
C’est dans ce contexte d’euphorie nationale que sont survenus, au niveau du parlement, les fâcheux incidents du jeudi 1er décembre, qui suscitent tant d’indignation de la part de l’opinion dans sa diversité, car rien ne peut justifier un tel niveau de violences verbales et physiques dans une Assemblée d’adultes responsables et matures, surtout à l’égard de femmes. Et ce d’autant qu’il s’agit d’un lieu symbolisant la vie démocratique de notre pays, où des citoyens, d’appartenances politiques diverses, sont censés délibérer, sereinement, sur le sort de la nation.
N’oublions pas qu’il s’agit du deuxième pouvoir dans l’architecture institutionnelle de notre République, dont beaucoup de personnes sensées et d’analystes éclairés pensent qu’elle devrait même être placée au-dessus de l’institution présidentielle !
Il est vrai que, depuis soixante ans, nos chefs d’État, incapables de se détacher des logiques néocoloniales, nous auront valu beaucoup de déceptions et de déboires, tant et si bien qu’il saute aux yeux, que le principal obstacle à l’épanouissement des libertés et au parachèvement de nos souverainetés est à chercher dans cette tare congénitale de notre système politique qu’est l’hyper-présidentialisme.
C’est cette concentration abusive de pouvoirs entre les mains d’un seul homme, qui plombe outrageusement l’approfondissement de la démocratie dans notre pays et fait de nos alternances successives autant de douloureux moments d’exacerbation de tendances tyranniques et d’accentuation de dynamiques frisant les modèles autocratiques.
Le caractère devenu presque systémique des atteintes aux libertés semble même avoir atteint son acmé durant le règne abominable du successeur de Me Wade, qui semble très réfractaire à l’idée de rendre le tablier, en février-mars 2024, comme prévu par la loi.
Pire, de nombreux signes comme les rapts suivis d’embastillements arbitraires d’activistes et du journaliste Pape Alé Niang, les disparitions inexpliquées et qui sait, peut-être des empoisonnements ou accidents déguisés, donnent l’image de dictatures sud-américaines de triste mémoire. Pensons aux mères des disparus de la Plaza del Mayo à Buenos Aires en Argentine !
Il n’est même plus exagéré d’évoquer une lente et progressive "duvaliérisation" de notre système politique, du nom de cette dictature haïtienne instaurée en 1957 par Papa Doc et ses tontons macoutes, auquel succèdera son rejeton joufflu, Bébé Doc et qui finira par être renversée en 1986, par une révolution populaire.
Ici, les thuriféraires du régime de Benno Bokk Yakaar et leurs nervis pensent prolonger le règne de leur mentor abusivement dépeint sous les traits d’un messie, jusqu’au-delà de 2035 !
Il ne faut surtout pas croire qu’il s’agirait de simples canulars portés par des clowns insulteurs quasi-analphabètes, comme le dirigeant "occulte" du groupe parlementaire de Benno Bokk Yakaar et ses sœurs de parti, dont l’une vient malheureusement de faire les frais de son insolence intrépide.
Il s’agit, d’abord, de tenter de compenser la perte de majorité par une agressivité verbale sans précédent, reposant sur le socle de l’instrumentalisation des FDS et de la Justice, du moins de ses secteurs les plus corrompus. Mais plus grave, il est question d’initier, à la faveur des découvertes de nos nouvelles ressources pétrolières et gazières, une entreprise systématique de dévoiement de notre vie démocratique ressemblant, à s’y méprendre aux théories de "l’illibéralisme", portées par Viktor Orban, actuel président de la Hongrie et super-fan de Trump et ...Poutine.
Ces ténors de la nouvelle extrême droite prônent un régime respectant strictement la tenue d’élections régulières, - même si elles sont manipulées (comme le parrainage version Macky, l’éviction judiciaire d’adversaires politiques, le trucage du fichier électoral...) -, mais se préoccupant très peu des libertés, encore moins du respect des droits économiques et sociaux. Les outils démocratiques sont détournés selon le principe de la fin, qui justifierait les moyens.
C’est ainsi qu’il faut comprendre le fait, que malgré une majorité étriquée, à la limite introuvable, le régime APR, arrive encore à faire passer ses lois au parlement, dont les sessions se suivent et se ressemblent, faisant de plus en plus penser à un cirque tragique, avec des personnages grotesques, as de l’injure et de l’invective.
On assiste, dans la même veine, à une autre instrumentalisation, celle de la cause féminine à des fins politiciennes, grâce à un procédé déloyal, qui transforme des contradictions politiques et des divergences idéologiques en "guerre des sexes", en présentant les opposants comme de machistes violents et violeurs, de surcroît.
Au moment où elles initient des campagnes médiatiques de dénigrement des adversaires politiques, on note une omerta troublante des autorités étatiques sur des scandales avérés, lourds de dangers pour la stabilité de notre pays, comme les détentions arbitraires, la criminalité à col blanc de l’élite au pouvoir que vient de confirmer l’ARMP, la disparition inexpliquée de deux membres des FDS, l’achat d’armes par le ministère de l’Environnement...etc.
Ainsi, de lourdes menaces pèsent sur la nation et sur notre sécurité à tous, comme l’a si pertinemment dit une ancienne ministre membre du parti présidentiel. C’est pour cette raison, que l’opposition a l’obligation de déjouer les pièges de la démocratie représentative bourgeoise, avec ses fausses querelles, qui éludent les débats de fond.
Il s’agit, au-delà de la posture de dénonciation et d’alerte, de se mettre à la hauteur des véritables enjeux en élaborant un programme commun de rupture, mobilisateur de tous les segments du peuple, particulièrement la classe ouvrière, la paysannerie et l’intelligentsia progressiste, qui sont les plus intéressées à une véritable alternative politique en 2024.