Les sables du désert malien ont été les témoins muets des nombreuses souffrances qu’y ont vécues les migrants. Parfois, ils s’en sortent et font le récit de leurs calvaires. D’autres fois, ce sont des parents meurtris par la perte de leur enfant qui crient leur souffrance. Par-delà les frontières du Sahel, la romancière et journaliste sénégalo-malienne, Mame Diarra Diop, se fait l’écho de cette peine. Elle raconte le récit du voyage de Badu, Djibril, Mor et Lady dans son premier ouvrage, «Retour à Ceuta et Melilla».
D’où est venue l’idée de ce roman ?
L’idée de ce roman est venue après les assauts de Ceuta et Melilla il y a quelques années, en 2006 je crois. Plusieurs migrants ont trouvé la mort en tentant le passage. Ensuite, en 2009, il y a eu un jeune sénégalais, Alioune, le fils de Yayi Bayam Diouf, qui a embarqué dans une pirogue avec 80 jeunes et ils sont tous morts. Ces deux évènements m’ont vraiment marquée et m’ont donné envie d’écrire cette histoire de migrants qui tentent l’aventure, qui quittent leur pays et es¬saient d’arriver jusqu’en Eu-rope. D’abord, ils tentent par les Îles Canaries et ils échouent, ensuite, ils prennent la route du désert. L’idée du roman était de raconter leur périple de Dakar jusqu’à ces deux enclaves.
Une partie des bénéfices a été donnée à Yayi Bayam Diouf à qui le roman est dédié. Quels liens avez-vous avec elle ?
Effectivement, on a décidé de remettre une partie des bénéfices à Yayi Bayam Diouf. Parce que d’abord le roman lui est dédié et c’est aussi une façon de lui reconnaître son action autour de cette association qu’elle a montée, le Collectif des femmes contre la migration clandestine (Coflec) et qui emploie des jeunes et des femmes dans la transformation du poisson local, qui fait des formations dans des activités génératrices de revenus. Je n’ai aucun lien particulier avec elle si ce n’est que son histoire m’a profondément marquée et que j’ai suivi son parcours, et comment elle se bat au quotidien pour retenir les jeunes en Afrique. Ça m’a tellement émue que j’ai décidé de lui dédier le livre et de donner une partie des bénéfices pour soutenir son association. Une partie lui a été reversée pendant mon séjour à Dakar et nous reviendrons lui remettre encore une autre partie de la vente des livres. C’est simplement une manière de la soutenir et c’est purement symbolique.
Le roman a été écrit à la manière d’une enquête journalistique. Avez-vous suivi vous-même le parcours de ces migrants ?
C’est vrai que c’est écrit comme une enquête journalistique avec une sorte de road trip. Les quatre personnages quittent Dakar et prennent la route. On a Alain qui est journaliste, qui est un peu le fil conducteur. Il les suit pendant un moment et raconte son périple avec son carnet de notes. C’est une manière de comprendre le trajet que ces migrants font d’un pays A à un pays B avec tous les risques que cela comporte. Je n’ai pas suivi des migrants dans le désert, mais j’ai été aux Iles Canaries où j’ai rencontré beaucoup de migrants et j’ai essayé de comprendre comment ça se passait à leur arrivée là-bas dans les pirogues. J’ai aussi rencontré pas mal d’organisations comme la Croix-Rouge, des migrants sur place qui m’ont raconté comment ils ont réussi à arriver sur place en Espagne et pour le désert, j’ai interrogé beaucoup de rapports, fait de la documentation et parlé avec des journalistes, lu des articles de presse, appelé des organisations comme l’Oim, le Croissant-Rouge mauritanien et Médecins sans frontières. J’ai vraiment fait un travail de documentation très poussé et la géographie des pays, les villes que je mentionne, je les ai étudiées. Je me suis basée sur des faits et des chiffres pour pouvoir écrire et habiller la trame du roman.
Particularité de vos personnages, tous avaient une activité professionnelle avant d’aller à l’aventure. Que dit ce choix sur les motivations des jeunes migrants ?
Tous ces migrants avaient effectivement un métier. Il y a Badu qui était tailleur, Djibril qui travaillait comme mécanicien dans un garage, Mor qui travaillait dans les décharges publiques. Et il y a Lady qui est une jeune artiste qui rêve de se fixer à l’étranger. Ils ont tous des motivations personnelles. C’est pour dire que le profil des migrants est variable. Nous avons toutes sortes de gens qui un jour, ont envie de changer d’horizon, en ont marre de leur condition et rêvent à un mieux-être. Et ils se disent pourquoi ne pas tenter notre chance en Europe. Je pense qu’ils ne sont pas conscients des risques et même ce qu’ils voient à la télé et dans les médias, ne les démotive pas. Mais jusqu’où peut-on risquer sa vie pour atteindre cet eldorado quand on sait à quel point c’est difficile et comment les gens sont refoulés. Dans le désert, il y a des rapports effrayants de migrants qui sont rejetés, qui sont emprisonnés. Des migrants qui subissent des souffrances, des femmes qui sont violées. Quelque part, est-ce que cette jeunesse est consciente du danger qu’il y a à traverser un désert ou essayer d’embarquer dans une pirogue ? Les choix des migrants sont variables, les motivations sont variables et donc, je voulais un peu élargir à tout ça et aussi avec la forme, romancer mon récit parce que les personnages ont d’autres motivations. Et c’est un choix que je fais en tant qu’écrivaine. C’est moi qui dicte le destin de mes personnages.
Quelle leçon avez-vous apprise sur la migration dans nos pays en écrivant cet ouvrage ?
La leçon que j’apprends, c’est que ce phénomène migratoire n’est pas encore bien maîtrisé. Et par nos Etats et par les jeunes eux-mêmes. Je pense qu’il y a beaucoup de «on-dit», beaucoup de non-dits. Des non-dits de la part de ceux qui sont partis et qui sont revenus ou bien de la part de ceux qui sont en Europe et qui peut-être, ne décrivent pas assez la réalité. Il y a aussi beaucoup de «on-dit» sur les passeurs, les conditions. Ceux qui vous racontent comment il faut y aller, qui il faut contacter. C’est véritablement un phénomène qui doit être mieux compris par la jeunesse. Et les Etats doivent s’en saisir parce qu’en dessous de tout ça, il y a des problèmes de gouvernance, de pauvreté, de chômage, de perspectives d’avenir pour les jeunes. Parce que si on se sentait bien là où on était, on n’aurait pas envie d’aller voir ailleurs. Aujourd’hui, il faut créer le débat davantage et ne pas laisser ce débat aller sur les sphères internationales. Ce débat doit aller dans les quartiers, dans les télévisions, partout. Les journalistes doivent s’en saisir, même s’ils le font déjà, mais ce débat doit arriver dans l’oreille des plus jeunes. On a des petits frères qui sont tentés de partir et il faut leur expliquer ce phénomène migratoire et quels sont ses composantes, dangers et risques. Il est important que chacun se saisisse de ces questions pour éviter ces drames qui surviennent davantage.
Il y a quelques semaines, au moment où votre ouvrage sortait au Mali, il y a encore eu des évènements tragiques à Ceuta et Melilla ! Que faut-il en penser ?
J’ai moi-même été surprise par ces évènements de Ceuta et Melilla. Et je me dis que plus que jamais, la question est d’actualité. Ce qu’il faut savoir, c’est que ces migrants sont terrés depuis des mois et des mois autour de Ceuta et Melilla en attendant le moment propice pour passer. Les autorités marocaines et espagnoles sont débordées. La question mérite d’être posée sur la table. Si ça s’est produit et qu’aucun de nos Etats ne réagit, il y a un problème. Cela veut dire que ces jeunes ne se sentent pas soutenus. Il y a vraiment un problème et les causes n’ont pas été attaquées. Il y a eu plusieurs assauts ces dernières années. Et il faut espérer que ça ne se reproduise pas. Mais que faut-il faire ? Il faut espérer que les pays africains se saisissent de cette question de la migration. De tout temps, les hommes ont migré mais il faut donner un visage plus humain à l’émigration et la rendre moins clandestine.
Quels espoirs avez-vous pour votre pays le Mali qui vit une situation compliquée ?
Mon espoir, c’est que le Mali retrouve sa stabilité très vite. Nous sommes dans une période de transition et qui dit transition, dit changements. Je prie pour que le pays retrouve sa stabilité parce que le Mali fait partie des pays sahéliens qui sont confrontés à beaucoup de défis. Défis sécuritaires, de gouvernance mais aussi pour les jeunes parce que parmi les migrants, il y a beaucoup de Maliens. Mon vœu, c’est que cet ensemble qui constitue le Sahel, retrouve sa stabilité. Mais les grands défis du Mali, ce sont la sécurité, la paix et le développement. Et c’est ce que je souhaite à ce pays qui est celui de ma mère.
Le maire de Missira gagne avec un score de 80%
Le maire de la commune de Missira (Département de Tambacounda) a confirmé hier, son leadership. Amadou Ba gagné haut la main dans sa commune avec plus de 80% devantla coalition Yewwi Askan-wi. La coalition Benno Bokk Yakaar (Bby) a remporté 39 bureaux de vote contre 07 bureaux de vote pour l’inter-coalition Yewwi-Wallu. L’édile de Missira qui a été élu sous la bannière de Nafore a fait mieux que lors des élections locales. Il a enregistré un bon de plus 400 voix. A travers ce scrutin des législatives, la population de Missira réaffirment sa confiance à son maire.
Mimi Touré battue dans son bureau de vote
La tête de liste nationale de la coalition Benno Bokk Yakaar a vécu un cauchemar hier, après la publication des résultats provisoires dans la commune de Kaolack. Aminata Touré a été battue dans son bureau de vote au centre école Elhadji Seck Faye de Kasnack par l’inter coalition Yewwi-Wallu avec 104 voix contre 76 pour Benno Bokk Yakaar.
Aïda Mbodj interdite d’accès au centre Dierry Fall de Bambey
Même si aucun incident majeur n’a été observé lors du déroulement du scrutin hier, à Bambey, Aïda Mbodj a déclaré qu’elle n’était pas du tout contente du traitement que lui ont réservé les forces de l’ordre. La lionne du Baol a déclaré : « situation que nous vivons depuis 2012.On a interdit à ma voiture d’accéder à mon centre de vote quand je suis venue m’acquitter de mon doit civique. Pourtant, un énergumène dont on dit qu’il est un beau-parent à Aliou Sall est entré avec son véhicule. On m’a aussi interdit d’accéder au centre Dierry Fall, alors que j’étais venue accompagner notre candidate. Au même moment, leur vendeur de beignets qu’ils ont amené au Haut Conseil des Collectivités territoriales est facilement entré, malgré le fait qu’il ne soit pas mandataire. Autant de choses qui ne sont pas normales, mais que nous sommes en train de vivre à Bambey».
Trois militants de Bby arrêtés à Touba
Pour assurer le bon déroulement des élections législatives dans la cité de Bamba durant la journée d’hier, les forces de l’ordre ont veillé au grain pour le respect strict de la loi. A cet effet, la police a mis la main sur trois militants de la coalition Benno Bokk Yakaar (Bby) au centre de vote de l'université de Touba. Ces jeunes de la coalition au pouvoir incitaient les citoyens à voter pour la mouvance présidentielle. Mais, ils ont fini par humer l’air de la liberté avant la fin de la journée. Le trio, après avoir passé quelques temps entre les mains des policiers pour une interrogation, a été finalement libéré.
La police et le coordonnateur de Pastef à Touba
Réunissant des journalistes, quelques heures après le démarrage du scrutin, pour dénoncer des couacs notés lors du démarrage du vote à Touba, le coordonnateur communal de Pastef dans la ville sainte, a été chassé du centre de vote Keur Baye Lahad à Ndamatou par les forces d’ordre. Cheikh Thioro Mbacké a été interrompu au moment où il tenait son discours. Les policiers sont venus se mettre entre lui et les journalistes, sommant tout le monde de quitter les lieux. Réagissant sur l’attitude des policiers, le marabout investi sur la liste de la coalition Wallu Sénégal a déclaré : «C’est de la provocation. Si certains éléments des forces de l’ordre font leur travail correctement, d’autres sont des militants de l’Apr. Ce sont des fils de Antoine Diome. Ils veulent que l’Apr gagne à Touba, mais ce n’est pas possible».
Des nervis chassés de l’école 16 de Guédiawaye
Les populations de Guédiawaye se sont érigées hier en boucliers contre les nervis qui sillonnaient les centres de vote durant les élections. Hier, elles ont chassé des gros bras qui rôdaient aux alentours de l’école 16 où le maire Ahmed Aïdara a voté. Dans une vidéo largement partagée sur les réseaux sociaux, on voit les badauds pourchassés par les jeunes, prendre la poudre d’escampette avant de monter dans un pick-up blanc pour se fondre dans la nature. A préciser que l’un d’entre eux était armé et qu’il n’avait pas hésité à la dégainer sans effectuer le moindre tir.
Rufisque : Les tendances favorables à Yaw
C’est la continuité dans le département de Rufisque où la coalition Yewwi Askan wi avait gagné largement lors des élections locales. Hier, les populations du département ont voté majoritairement en faveur de l’inter coalition Yewwi-Wallu, d’après les premiers résultats sortis des urnes. Par exemple, dans les centres témoins, elle a remporté la plupart des bureaux. A Rufisque Nord, plus précisément au centre Ousmane Mbengue, Yaw a gagné les 14 bureaux de vote sur les 15. Dans la commune de Rufisque Est, Yewwi Askan wi arrive en tête dans les 10 bureaux sur les 16 que compte le centre Gouye Mouride. C’est la même tendance à Rufisque Ouest où Yaw a remporté les 11 bureaux de vote du centre témoin de Moussa Diallo et les six bureaux du centre Aliou Dia. Ce sont les mêmes tendances qui sont notées dans la commune de Bargny où la coalition Yewwi Askan wi a gagné tous les bureaux de vote du centre du Cem Bargny et devance Bby dans les autres centres.
Rufisque : Les tendances favorables à YAW (bis)
Par contre, la commune de Bambilor échappe de peu à la coalition Yaw, même si elle a remporté Deni Malick Guèye et Deni Biram Ndao en plus de Gorom 1. L’autre Gorom (2) est remporté par la mouvance présidentielle. Dans la commune de Sébikhotane, les résultats provisoires donnent la coalition Yaw gagnante dans les huit centres de vote. Le ministre Oumar Guèye maintient sa suprématie dans le village de Sangalkam où la coalition Bby a obtenu 1664 voix contre 1153 pour l’inter coalition Yewwi-Wallu. Mais les résultats à Kounoune, Keur Ndiaye Lô et Keur Daouda Sarr vont faire tomber la commune de Sangalkam dans l’escarcelle de Yaw. Par contre, la mouvance présidentielle arrive en tête dans les communes de Yenne et Sendou. Le taux de participation dans les départements de Rufisque est 50,37%.
Insolite au centre de vote de l’école 8 des Parcelles Assainies
En plus des pluies qui ont retardé le démarrage du scrutin d’hier dans plusieurs lieux de vote, aux Parcelles Assainies notamment à l’école 8, les électeurs du bureau du n°13 ont été bloqués pendant plusieurs heures. Pour cause, les bureaux 12 et 13 ont le même nombre d’inscrits. «Dans le cahier d’émargement, il est écrit bureau n° 13, mais il se trouve que sur la liste, on retrouve des électeurs du bureau n° 12. Cela veut dire que ce bureau-là n’a pas de liste», souffle l’un responsable du bureau n°13. Une situation que déplorent certains électeurs. «C’est décourageant ! Nous sommes là depuis presque 6 heures du matin, mais nous n’arrivons toujours pas à voter. Pourtant, on a tous constaté que beaucoup de Sénégalais ne sont pas sortis pour voter à cause des pluies dans certaines localités. Malgré cette situation, nous sommes sortis et on devrait nous mettre dans les meilleures conditions pour que nous puissions exprimer nos choix», a fulminé l’un d’entre eux.
Pas d’affluence au centre Malick Diop de Thiaroye sur Mer
Centre témoin de la commune de Thiaroye sur mer, l’école Malick Diop a enregistré hier un faible taux de participation. Les rares personnes qui étaient sorties pour voter sont du 3e âge. Le responsable du centre, M. Gadji, soutient que tous les bureaux ont démarré à temps, car ils avaient pris les devants. «La seule chose à relever est qu’il n’y a pas d’affluence. Le 3e âge est sorti massivement voter. Il n’y a même pas de queue devant les bureaux de vote et c’est grave», soutient-il. Faible taux de participation à Thiaroye sur Mer Centre témoin de la commune de Thiaroye sur mer, l’école Malick Diop a enregistré hier un faible taux de participation. Les rares personnes qui étaient sortis pour voter sont la 3é âge. Cependant, le responsable du centre M. Gadji estime que très tôt les bureaux ont démarré car nous avions pris les devants la veille en vérifiant tout le matériel qui manquait. «La seule chose est qu’il n’y a pas d’affluence. La 3é âge est sortie massivement voter. Il n’y a même pas de queue dans les bureaux de vote et c’est grave».
Victorine Ndèye félicite Guy Marius Sagna
Dans un message posté sur sa page facebook, la tête de liste départementale de Ziguinchor de la coalition Benno Bokk Yakaar a reconnu sa défaite à l’issue du scrutin de ce 31 juillet 2022. Victorine Anquediche Ndèye a fait savoir qu'elle s’est entretenue au téléphone avec son adversaire Guy Marius Sagna, à qui, il a adressé ses félicitations. La secrétaire d’Etat chargée du logement a souhaité bon vent à la tête de liste départementale de la coalition Yewwi Askan Wi. Victorine Ndèye a remercié les populations de Ziguinchor, non sans, réaffirmer son engagement à poursuivre son combat pour le développement de la région.
Ndioum : BBY récolte 5529 voix sur les 6633 votants
La coalition Benno Bokk Yakaar est sortie victorieuse dans les 05 centres de la commune de Ndioum. Elle a récolté 5529 voix sur les 6633 votants dans les 20 bureaux de vote. La mouvance présidentielle obtient un taux de 84,61% dans cette commune du département de Podor. Contrairement au reste du pays, le taux de participation est à 60%. Malgré ce taux de participation, le mandataire de la coalition de Yewwi Askan wi, Elimane Birame Ndiack souligne que certains de leurs militants sont allés aux champs et d’autres ont amené leurs troupeaux en pâturage. A l’en croire, cela a impacté négativement sur le taux de participation dans la commune de Ndioum et les villages environnants. Pour sa part, le responsable de la coalition Bby, Ibrahima Ndiack a déploré les difficultés de déplacement des électeurs du Diery et du Walo qui, selon lui, n’ont pas pu accomplir leur droit civique.
Bby perd la commune de Kolda, mais gagne le département
La grande mobilisation des Koldois lors de la caravane d’Ousmane Sonko a été traduite dans les urnes hier. Les trois ténors de la coalition Benno Bokk Yakaar de la commune de Kolda à savoir Abdoulaye Bibi Baldé, Pr Moussa Baldé et le maire Mame Boye Diao ont été battus par la coalition Yewwi Askan wi. L’édile de la capitale du Fouladou a été battu même dans son bureau de vote. Cependant, ce sont les communes rurales qui ont sauvé la face à Bby. Car, selon Abdoulaye Bibi Baldé malgré la défaite dans la capitale régionale, la mouvance présidentielle sort victorieuse dans le département de Kolda. A l’en croire, Bby a gagné les 14 sur les 15 communes. Le département de Médina Yoro Foulah est également resté dans l’escarcelle de Benno Bokk Yakaar.
Yaw prend la commune de Vélingara
Restons dans la région de Kolda pour souligner que la commune de Vélingara a échappé à la coalition Benno Bokk Yakaar. La coalition Yewwi Askan wi dirigée par Abdoul Aziz Sabaly, a obtenu 2242 voix dans les 6 centres de vote contre 1621 pour la mouvance présidentielle. Toutefois, selon Abdoulaye Bibi Baldé, finalement, la mouvance présidentielle a gagné le département.
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IL FAUT ACCEPTER QUE LA CONFIGURATION DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE VA CHANGER
Le premier vice-président sortant du parlement, Abdou Mbow, est conscient des résultats qui se dessinent en défaveur de la coalition Benno Bokk Yakaar dans le département de Thiès
Il a été vice-président durant la treizième législature. Malgré cela, Abdou Mbow a été battu jusque dans son bureau de vote. Même s'il ne s'agit que de tendances, le premier vice-président de l'Assemblée nationale a accepté les résultats qui se dessinent en défaveur de la coalition Benno Bokk Yakaar dans le département de Thiès. Un département qui était pourtant favorable à la coalition présidentielle lors des élections locales. Même s'il reste mitigé s'agissant de la cohabitation tant vantée par l'opposition, Abdou Mbow accepte le fait que le pouvoir soit en difficulté. "Pour le moment, j'exclus toute possibilité de cohabitation. Je dis bien pour le moment. Mais il faut accepter que la configuration de l'Assemblée nationale va changer", reconnait Abdou Mbow dans une édition spéciale sur Seneweb.
Par ailleurs, Abdou Mbow considère normal que le mandataire national de Benno Bokk Yakaar fasse une sortie pour proclamer des résultats. "J'appuie les résultats annoncés par Aminata Touré parce qu'étant issu des PV que nous avons reçus. Nous attendons tout de même les confirmations des commissions de recensement du département... Il faut aussi dire que de la même manière que la presse a la latitude de proclamer des résultats au fur et à mesure, le candidat a aussi le droit de donner les premières tendances qu'il a reçues".
S'agissant de la leçon qui doit être tirée du scrutin, Abdou Mbow préfère attendre les résultats définitifs pour une analyse plus lucide.
DANS L'UNIVERS DES CHARPENTIERS DE RUFISQUE
Faisant de la fabrique des pirogues leur métier de toujours, ils peinent cependant à vivre correctement parfois. Aujourd’hui, ils veulent une meilleure considération
Grâce à une expertise avérée, les charpentiers de la ville de Rufisque reçoivent des commandes d’un peu partout. Faisant de la fabrique des pirogues leur métier de toujours, ils peinent cependant à vivre correctement parfois. Aujourd’hui, ils veulent une meilleure considération.
Au milieu des pirogues éparpillées sur une surface restreinte, un groupe de personnes est en pleine discussion sous un hangar. De temps à autre, une tasse de thé passe d’une main à l’autre. L’ambiance est bonne. Et la brise marine fouette les visages décontractés. Nous sommes chez les charpentiers de Rufisque. L’atelier est coincé entre le quai de pêche de Ndeppe et l’aire de transformation des produits halieutiques. «Aujourd’hui, on n’a pas travaillé, c’est pourquoi on est tous là pour profiter de ces instants», confie Birane Sarr, le maître des lieux. Ce matin, l’atelier est calme, contrairement aux jours de travail où règne une grande frénésie avec des coups de marteau qui se mêlent aux autres instruments servant à couper le bois. Ces artisans qui maîtrisent parfaitement leur art sont très sollicités. «On reçoit des commandes partout à travers le pays, notamment à Kayar, Saint-Louis, Fass Boye, Bargny et ici à Rufisque», soutient Birane qui loue le matériel avec lequel les artisans travaillent dans cet atelier naval. Le caïlcédrat et le bois «samba» importé de la Côte d’Ivoire sont principalement utilisés ici.
Cette recherche de la qualité est le souci permanent de ces travailleurs qui ont en tête la sécurité des pêcheurs en mer. «Une fois fabriquées, ces pirogues ne peuvent jamais couler facilement en mer. Même si un accident peut arriver en haute mer, comme il en arrive sur la route, chaque jour. Mais en ce qui nous concerne, nous faisons de notre mieux pour mettre les hommes de mer dans les meilleures conditions de sécurité», explique Birane Sarr.
En face de lui, le vieux Baba Diagne coupe en petits morceaux, un sac de riz vide. Ce charpentier qui fut l’un des premiers apprenants de cet atelier s’est reconverti dans le colmatage des trous et autres fentes des pirogues une fois les premiers travaux terminés. «C’est un travail minutieux qu’il faut pour à colmater les trous. Car, il faut bien le faire à l’intérieur comme à l’extérieur de la pirogue pour éviter que l’embarcation ne prenne l’eau», explique cet artisan expérimenté.
Ni retraite ni allocation
Pour avoir été dans ce chantier naval plusieurs années durant, Baba Diagne n’a plus la force physique d’exercer. «C’est un métier difficile, risqué et qui ne rapporte pas d’argent», reconnaît Birane Sarr. Selon lui, ce métier est plutôt destiné aux jeunes, car il ne peut être exercé une fois qu’on atteint la cinquantaine. «Le risque réside dans le fait qu’on travaille avec des instruments tranchants qui ont déjà causé plusieurs accidents ici. Mon jeune frère a la main droite complètement sectionnée par un instrument. Moi-même, j’ai beaucoup de cicatrices au niveau de mon pied», dit-il en soulevant un pan de son pantalon de la jambe droite. «Tout ça, c’est à cause du travail difficile que nous faisons ici», ajoute Birane.
En tant qu’artisans, ces charpentiers se sentent toujours oubliés dans les programmes et appuis de l’État. «Or, reconnaît Malick Mbathie, un des leurs, nous sommes incontournables dans l’approvisionnement de poissons aux populations. Parce que sans charpentier, le pêcheur ne peut aller en mer, le mareyeur ne peut faire son business. Encore moins le revendeur avant de parler de la consommation». Les acteurs de ce corps de métier ne disposent pas d’une structure qui peut défendre leurs intérêts ou leurs droits en tant que travailleurs. «Nous n’avons ni retraite ni allocation. Quand on est malade ou blessé, on se prend en charge tout seul. À l’heure actuelle, on devait avoir un vaste chantier naval avec toutes les machines et l’électricité», regrette Baba Diagne.
Pour l’heure, ce n’est pas encore le cas dans cet atelier qui vit au jour le jour et en fonction des commandes. À ce titre, un problème récurrent vient bloquer le travail de ces ouvriers. «Nous disposons de moins en moins de bois, car la coupe est interdite et cela est un frein pour le métier qu’on est en train de faire», estime Birane Sarr. Un autre problème que ces artisans craignent, c’est l’avènement des pirogues en fibres de verre. La plupart d’entre eux pensent que ces embarcations ne sont pas adaptées avec les méthodes de pêche actuelles. «Beaucoup de pêcheurs ne connaissent pas ces pirogues qui sont d’un autre genre, mais avec celles que nous fabriquons ici, ils peuvent tout faire en haute mer, sans courir des risques inutiles», assure le vieux Baba Diagne.
Baye Bara, le «père» et le «fondateur»
Birane Sarr est l’aînée d’une fratrie de neuf enfants dont le père, Bara, est le fondateur de cet atelier de charpenterie. «Tous mes frères sont des charpentiers comme moi. Ils sont un peu partout au Sénégal à faire ce métier, notamment en Gambie, en Casamance, à Joal et Fass Boye», soutient le bonhomme avec un ton modeste. Selon lui, son père Bara, natif de Dakar, fut le premier à implanter un tel atelier à Rufisque. Et depuis lors, plusieurs dizaines de personnes ont reçu une formation dans ce métier. Baba Diagne qui a été avec le vieux Bara Sarr depuis ses débuts, perpétue le travail avec les fils de ce dernier. «Bara m’a formé et grâce à lui, j’ai pu fonder une famille et je vis à Rufisque», témoigne-t-il. En effet, avant d’être implanté dans la «vieille ville», l’atelier était d’abord à Dakar, puis à Bel Air. «C’est en 1974 que nous sommes venus à Rufisque», fait savoir Baba Diagne. Depuis lors, plusieurs pêcheurs venant d’un peu partout du Sénégal font appel à ces braves gens. «Une fois, un navigateur allemand m’a fait faire deux grandes pirogues. C’est aussi une reconnaissance de l’expertise que nous avons dans ce domaine», reconnaît Birane, digne héritier du grand charpentier Bara Sarr. À Rufisque où il a vécu une grande partie de sa vie avant de tirer sa révérence, Baye Bara était connu de tous.
LA MISE EN GARDE DE DÉTHIÉ FALL
Quelques heures après la sorties de Aminata Touré, tête de liste de la coalition Benno, le mandataire de la coalition Yewwi Wi a fustigé cette attitude et met en garde contre magouille électorale
Après les premières tendances, la tête de liste de la coalition BBY, Aminata Touré a fait face à la presse, dimanche tard dans la nuit. C’est pour annoncer la victoire de la majorité présidentielle. De son côté, le mandataire de la coalition Yewwi Wi a dénoncé l’attitude de Mimi Touré. Avant de la mettre en garde contre toute "tentative de manipulation des résultats".
« Nous avons suivi avec stupéfaction la sortie de Madame Mimi TOURÉ qui, non seulement viole la loi en proclamant la victoire de BBY dans certains départements, mais se présente en porte-parole du Président Macky SALL qui cherche encore une fois à confisquer les suffrages des sénégalais qui viennent de donner une majorité confortable à l’Assemblée Nationale à l’inter-coalition YEWWI WALLU vues les tendances lourdes tirées des PV en notre possession et bien relayées par la presse nationale notamment dans les départements de Mbour, Tivaouane, Louga, Kaolack. Goudomp. Sédhiou, Afrique du Nord. Saraya, etc. Et cela en plus des départements qu’elle a implicitement reconnu avoir perdu », a écrit Déthié Fall dans un communiqué.
C’est sur ces entrefaites qu’il dit tenir à témoin l’opinion nationale et internationale contre « toute tentative de manipulation des résultats » de ces élections législatives. Sur ce, il a lancé un appel à tous les Sénégalais à « rester debout pour la sécurisation de la victoire du peuple ».
L’HOMMAGE DE GUY MARIUS SAGNA À VICTORINE NDEYE
Élu député après la razzia de l’inter-coalition Yewwi-Wallu, à Ziguinchor, Guy Marius Sagna s’engage à "servir exclusivement" le peuple sénégalais, à l’Assemblée nationale.
Élu député après la razzia de l’inter-coalition Yewwi-Wallu, à Ziguinchor, Guy Marius Sagna s’engage à "servir exclusivement" le peuple sénégalais, à l’Assemblée nationale.
Dans son message, l’opposant a rendu hommage à la candidate de Benno Bokk Yakaar (BBY), Victorine Anquediche Ndeye. Qui a déjà reconnu sa défaite.
"Cette femme a accepté avec tous les risques de débattre avec moi. Quelle leçon ! Mais encore, à 20h25 minutes hier, Madame Victorine Anquediche Ndeye m’a appelé pour reconnaître sa défaite et me féliciter.
Mes hommages madame Victorine Anquediche Ndeye !", a posté Guy Marius Sagna, sur les réseaux sociaux.
L’opposition, qui crie victoire, attend la publication des résultats.
POURQUOI AAR SENEGAL ETAIT DANS LE DECOR
Au sein de la coalition ‘’Aar Sénégal’’, conduite par Thierno Alassane Sall, l’ancien ministre du président Macky Sall, on rumine sa déception, au lendemain du scrutin.
Au sein de la coalition ‘’Aar Sénégal’’, conduite par Thierno Alassane Sall, l’ancien ministre du président Macky Sall, on rumine sa déception, au lendemain du scrutin. Les premiers résultats issus des urnes des élections Législatives du 31 juillet 2022 ne satisfont pas ses membres.
Invité de l’édition spéciale d’iRadio, l’analyste politique, Ibrahima Malick Thioune, explique pourquoi ses leaders n’ont pas bénéficié de l’effet de la nouveauté qui a souvent prévalu.
« Là, il faut revenir à la sociologie du vote sénégalais, a-t-il rembobiné. Les Sénégalais votent toujours de la même manière. Cela veut dire qu’ils ont toujours une appétence particulière pour la nouveauté. Souvenez-vous de Djibo KA, de Moustapha Niasse. À chaque fois qu’ils sont venus avec des nouveautés, les gens ont suivi. C’est cet effet-là qui a profité à Pape Djibril Fall et à sa liste. »
Mais, pour ce qui est de ‘’Aar Sénégal’’, ils n’ont pas pu profiter de cette effet nouveauté. Selon le juriste, « ils étaient lus comme des acteurs politiques, mais la faiblesse de ‘’Aar Sénégal’’ contrairement à Yewwi, c’est qu’ils n’ont pas d’ancrage national. Ils sont des dissidents d’une opposition globale qui s’était faite contre Macky Sall. N’ayant pas cet ancrage national-là, il leur était difficile de battre campagne. Après, la figure de Ousmane Sonko a été trop envahissante dans cette élection. Du coup, les gens ont lu l’opposition qu’à travers la figure de (Sonko). »
Autre frein à l’expansion de ‘’Aar Sénégal’’, selon lui, ses membres « ne sont pas des politiciens typés mais des intellectuels qui ont voulu se mêler à une chose politique dont ils ne maitrisaient pas les arcanes. Ils en ont payé les frais ».
LUEUR D'ESPOIR POUR LES SERVITEURS
Le mouvement Les Serviteurs dirigé par le journaliste Pape Djibril Fall, tire un bilan satisfaisant de sa première participation à une élection. Il est loin du trio gagnant : Yewwi - Wallu et Benno. Mais, il coiffe au poteau des coalitions d’envergure
Le mouvement Les Serviteurs dirigé par le journaliste Pape Djibril Fall, tire un bilan satisfaisant de sa première participation à une élection. Il est loin du trio gagnant : Yewwi - Wallu et Benno. Mais, il coiffe au poteau des coalitions d’envergure comme Aar Sénégal et Bokk Gis Gis.
Abdoulaye Cissé, tête de liste proportionnelle (Suppléants) du mouvement exulte. « On avait fait notre déclaration le 22 mai 2022 à deux semaines de la clôture des parrainages. Par la suite, on a réussi à franchir toutes ces étapes. Beaucoup de personnes ne nous attendaient pas », a-t-il réagi, ce lundi, lors de l’édition spéciale d’Iradio, décryptant les élections Législatives 2022.
Pour lui, cette percée augure des « lendemains meilleurs » pour les Serviteurs.
par Momar Dieng
POUR MACKY SALL ET BBY, LA GRANDE DÉSILLUSION DE JUILLET
L’affinement des résultats devrait donner un aperçu des rapports de forces dans une Assemblée nationale largement renouvelée. Pour le chef de l'État, c’est peut-être le temps des grandes remises en cause et des incertitudes
A l’issue des élections législatives sénégalaises de ce 31 juillet 2022, on se dirige vers un bouleversement des forces au niveau de l’Assemblée nationale, suivant les tendances provisoires des résultats égrenés par les médias après la fermeture des bureaux de votes à 18 heures. La coalition d’opposition Yewwi Askan Wi regroupée autour d’Ousmane Sonko ferait une entrée fracassante au parlement au détriment de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY) du président Macky Sall.
Pour l’heure, difficile de donner avec exactitude la répartition des sièges entre les protagonistes dans la nouvelle assemblée, mais il semble que la majorité écrasante de BBY dans la législature sortante (127 députés sur 165) soit passée de mode. En cela, la mise en œuvre d’une inter-coalition inédite entre Yewwi Askan Wi (YAW) dirigée par le duo Ousmane Sonko/ Khalifa Sall et Wallu de l’ancien président Abdoulaye Wade.
Largement favorite dans les grands centres urbains, Yewwi Askan Wi a remis Dakar dans sa poche (après les élections de janvier 2022) et propulsé Guy Marius Sagna à Ziguinchor. Elle a fait sauter le verrou qui maintenait encore des départements comme Saint-Louis, Louga et Sédhiou dans la mouvance présidentielle. Pour sa part, Wallu s’est adjugée le département de Pikine.
Si elle a arraché la commune de Guédiawaye en janvier dernier des mains d’Aliou Sall, frère cadet du président Macky Sall, la coalition d’opposition a fini le travail en conquérant le département du même nom au nez et à la barbe des multiples figures du pouvoir dans cette grande banlieue de la région dakaroise confrontée à toutes sortes de difficultés.
L’offensive électorale de YAW s’est même prolongée jusqu’à Mbour où le département est tombé dans son escarcelle alors que la commune lui avait échappé aux élections locales de janvier dernier. Tout à côté, le département de Thiès devrait également tomber dans l’escarcelle de Yewwi Askan Wi vainqueur de la quasi-totalité des centres de votes, urbains comme ruraux.
Dans la soirée, l’affinement des résultats devrait permettre de voir plus clairement dans la répartition des sièges de députés et donner un aperçu des rapports de forces dans une assemblée nationale largement renouvelée. Pour Macky Sall, c’est peut-être le temps des grandes remises en cause et des incertitudes.
Dans la Diaspora, une majorité des 15 sièges de députés devrait également aller à l’inter-coalition Yewwi-Wallu, un autre échec qui rend plus béante la grande désillusion de juillet 2022 pour Macky Sall et Benno Bokk Yaakaar.
par Madiambal Diagne
UNE SI COURTE MAJORITÉ POUR MACKY SALL
Le président porte une grande responsabilité dans le recul de son camp aux législatives. Il s’était gardé de tirer les enseignements des élections locales de janvier. Il a eu tort de différer son remaniement, ménageant les carences de ses collaborateurs
Les électeurs ont fini de voter dans le calme et la sérénité pour choisir les députés de la nouvelle législature. Les résultats provisoires indiquent un vote quasi identique à celui du scrutin du 23 janvier 2022. Les électeurs ont voté de la même manière hier qu’ils ne l’avaient fait en janvier 2022. Les trois pôles politiques que sont les coalitions Benno Book Yaakaar (Bby), Yewwi Askan Wi (Yaw) et Wallu Sénégal ont pratiquement gardé leur électorat. Au finish, le camp du président Macky Sall semble sortir de ce scrutin avec une majorité absolue. L’opposition a conforté sa victoire au niveau des principales circonscriptions qu’elle avait gagnées aux dernières locales.
C’est ainsi que Yaw a remporté les suffrages à Dakar, Ziguinchor, Guédiawaye, Keur Massar, Rufisque. La coalition Wallu Sénégal a gagné le département de Mbacké grâce notamment aux votes massifs des électeurs de la commune de Touba traditionnellement favorables à l’ancien président Me Abdoulaye Wade qui ont fait basculer la balance du côté de l’opposition. Yaw a pu aussi gagner à Saint-Louis et Sedhiou. Ses bons scores de janvier 2022 ont donc été amplifiés. Le ralliement à la dernière minute de l’ancien ministre Marie Teuw Niane au camp de Yaw s’est révélé fatale au maire de Saint Louis Mansour Faye. À Louga, le ministre Moustapha Diop qui n’a pas été investi a pu sauver les meubles grâce aux résultats du département, en plus du soutien de Mamour Diallo à la liste Bby et qui était en dissidence lors des locales. L’opposition doit-elle sa victoire à Louga à la disgrâce des responsables socialistes ? À Kébémer, Modou Diagne Fada a lui aussi essuyé un revers à Darou Mousty, mais a pu se rattraper avec les résultats du département. D’un autre côté, la coalition Bby a réussi à inverser la tendance à Thiès, et à Kaolack.
Macky Sall paie l’absence d’une nouvelle offre politique…
La mayonnaise de l’élan unitaire au sein de Bby n’a pas pris. Les chiffres indiquent pertinemment que les différentes coteries politiques au sein de Bby qui s’étaient farouchement combattues lors des élections locales sont restées sur leurs hostilités. C’est notamment le cas à Dakar et à Ziguinchor. Les soutiens des autres responsables de Bby n’ont manifestement pas suffi pour permettre à Victorine Ndèye de gagner mais elle aura participé à limiter les dégâts !
Au demeurant, le président Macky Sall porte une grande responsabilité dans ces reculs pour ne pas dire dans ces nouvelles déconvenues électorales. En effet, il s’était gardé de tirer les enseignements des élections locales de janvier 2022. Il était attendu un remaniement gouvernemental pour nommer un Premier ministre et impulser dans la foulée une nouvelle dynamique politique. Le chef de l’État avait choisi de garder le statu quo, en ignorant le coup de semonce des électeurs. Qu’est ce qui expliquerait que les électeurs changent de perception alors que rien de nouveau ne leur a été proposé ? Les électeurs se sont-ils sentis snobés ? Le président Sall avait tort de choisir de différer son remaniement, ménageant les carences de ses collaborateurs et fermant les yeux sur des comportements d’arrogance décriés par les populations. En outre, les démarchages de responsables de Yaw qui ont été débauchés n’ont pas apporté de nouveaux électeurs. Si ces maires et autres leaders ont «transhumé», les masses d’électeurs ont continué à garder leur vote protestataire. On peut même augurer que ce débauchage a été contreproductif et a ainsi davantage pu renforcer un sentiment de révulsion. La facilité avec laquelle des maires élus de Yaw avaient rejoint le camp adverse renseigne sur le fait d’un racolage de Yaw qui avait investi des candidats ramassés au bord de la route et avec lesquels cette coalition n’avait pas de grands liens affectifs ou de réelle camaraderie ou de compagnonnage ou véritable ancrage politique. Ces maires ne pouvaient alors emporter avec eux les électeurs vers leur nouvelle destination.
On aura sans doute remarqué un relatif faible taux de participation, d’un peu plus de 40%, dans les mêmes eaux que celui des élections municipales du 23 janvier 2022 qui était de l’ordre de 48%. Il est également à rappeler qu’en 2007, le taux de participation aux législatives qui étaient boycottées par une bonne frange de l’opposition était de 34,7%. Le taux de participation aux législatives de 2012 a été de 36,67%. D’aucuns ont cherché à expliquer le fort taux d’abstention par l’alibi des intempéries météorologiques. Il a abondamment plu dans la journée d’hier, 31 juillet 2022, dans divers endroits du Sénégal mais force est de rappeler que lors des élections législatives du 30 juillet 2017, de fortes pluies s’étaient abattues sur tout le pays et pourtant, le taux de participation était de 53,66%.
Les scores de l’opposition sont respectables et donnent une configuration nouvelle à l’Assemblée nationale avec une forte représentation de députés qui vont occuper les bancs réservés à l’opposition. Si l’opposition a raté ses paris ou ses objectifs déclarés d’imposer une cohabitation au président Macky Sall, c’est parce que ses différentes franges n’arrivaient pas à s’entendre sur les conditions minimales pour constituer des listes encore moins sur un programme de gouvernement. On a vu la coalition Yaw voler en éclats dès la publication des listes. De même les invectives entre les différentes coalitions de l’opposition surtout entre Yaw et Aar Sénégal ont été acerbes tout le long de la campagne électorale. L’inédite initiative de l’inter coalition Yaw-Wallu a pu engendrer des gains électoraux et a permis à Wallu de revenir avec fracas sur le jeu politique.
L’opposition a fait quelques nouvelles conquêtes comme à Pikine et Sédhiou mais elle aurait pu faire plus mal. Elle a péché dans sa stratégie de campagne. Ousmane Sonko a manifestement confondu ces élections législatives à une présidentielle. Il a axé toute la campagne électorale de sa coalition exclusivement autour de sa propre personne. Le fait ne constitue pas une surprise car l’égocentrisme de l’homme est bien connu mais il apparaît assez surréaliste de demander à faire voter pour des personnes qui ne sont apparues nulle part dans la campagne. Ousmane Sonko s’est comporté comme un gourou qui inhibe ses fidèles alors que chaque candidat devrait pouvoir se prévaloir d’un coefficient personnel ou de relations de proximité ou de voisinage qui auraient pu lui permettre d’engranger des voix dans leurs milieux socio-professionnels. L’attitude de Ousmane Sonko a pu être délibérée car il se pose déjà en candidat de sa coalition pour la prochaine présidentielle.
…mais garde toutes les cartes en main
Le camp du président Sall devra faire le deuil des majorités « à la soviétique » mais elle peut s’adosser à une majorité parlementaire pour gouverner. La situation politique est porteuse d’un renforcement du modèle démocratique. Il appartiendra au chef de l’État de faire une lecture pointue de ces suffrages et d’en tirer les conséquences pour la suite de son mandat. Il a les coudées franches pour mettre en place l’équipe gouvernementale de son choix car n’étant tributaire ou dépendant d’aucune hégémonie politique, même dans son propre camp, qui pourrait lui en imposer. Il aura alors compris la nécessité de donner une nouvelle impulsion ou un nouvel élan à son action politique.
Le président Sall ne devrait pas manquer d’apprécier à sa juste valeur le vote que les populations viennent d’exprimer. Il est alors de la responsabilité du chef de l’État de veiller à garantir le fonctionnement normal et régulier des institutions républicaines et leur donner la plénitude de leurs missions. On devrait pouvoir considérer qu’il a bien pris la mesure du rejet par les populations de toutes les dérives tendant à instaurer une terreur dans ce pays et que l’État qu’il incarne ne devra pas hésiter à assurer la mission régalienne de les protéger.