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3 mai 2025
JE COMBATS L'ASSIGNATION IDENTITAIRE
Avec « Marianne face aux faussaires », l’écrivaine Fatou Diome dénonce à la fois le racisme et les formes radicales d’antiracisme dans une langue acérée
Jeune Afrique |
Clarisse Juompan-Yakam |
Publication 22/05/2022
En 2017, en pleine période électorale, Fatou Diome publiait Marianne porte plainte !, un poème en prose qui interrogeait le concept d’identité nationale, son omniprésence dans le débat politique et les excès de ses défenseurs. Cinq ans plus tard, dans un contexte similaire, l’écrivaine franco-sénégalaise de 54 ans revient avec Marianne face aux faussaires, un essai incisif et inquiet sur la défense des valeurs républicaines, dans une France prise en tenailles entre identitaires xénophobes brandissant la menace du « grand remplacement » et militants antiracistes prisonniers d’un passé colonial qui dévoient la lutte qu’ils prétendent mener. Une France qui doit supporter leurs discours amers, tristes et déclinistes.
Dans une langue acérée, l’autrice, entre autres, du Ventre de l’Atlantique et de Celles qui attendent, qui dit écrire pour réparer son chaos intérieur, s’interdit de regarder sans broncher les loups dépecer la Constitution et la transformer. Forte de sa double identité, elle tente de dessiner une autre France, la vraie, qui véhicule des valeurs humanistes et lui donne envie de se sentir pleinement française et sénégalaise.
Jeune Afrique : Qu’est-ce qui justifie ce nouveau rendez-vous avec Marianne ? Votre coup de gueule de 2017 contre la cristallisation du débat autour de l’identité, l’islamophobie et l’instrumentalisation de la laïcité a-t-il échoué à apaiser le climat politique ?
Fatou Diome : Il y a cinq ans, l’extrême droite, déjà fort inquiétante, n’avait encore qu’une branche. Aujourd’hui, elle s’est ramifiée, et sa progression dans les urnes apparaît absolument effrayante. Marine Le Pen s’est « normalisée » aux yeux de nombreux Français alors même que ses thèses n’ont pas changé. Je pensais naïvement que la période agitée qui avait motivé la rédaction de Marianne porte plainte ! disparaîtrait. La situation s’est plutôt envenimée, un discours violent et identitaire décomplexé a envahi l’espace médiatique. Je veux marquer ma désapprobation. Comme disait mon grand-père, l’inertie hâte le naufrage, même à terre. Alors, je fais ce que je peux pour tirer la sonnette d’alarme.
Vous dressez le portrait des faussaires qui, selon vous, menacent la cohésion de la République. Qui sont-ils ?
Ils appartiennent à deux camps opposés, mais s’entretiennent et s’alimentent mutuellement. D’un côté, les loups de l’extrême droite qui hurlent fort leur détestation de l’altérité. Ils désignent sans vergogne des boucs émissaires – forcément Noirs ou Arabes – qu’ils tiennent pour responsables de tous les maux, et n’aspirent qu’à les voir chassés hors du territoire. Face à ces loups, les faux bergers. Piètres activistes, ils détournent le militantisme des causes honorables qu’il défend pour l’installer dans l’invective, la haine et l’agressivité, lesquelles sont dirigées non seulement contre les loups, mais aussi contre toutes les personnes qui ne partagent pas leurs points de vue ou leurs méthodes – et qu’ils considèrent comme des traîtres à la cause noire. Ces faux bergers s’accommodent tellement de l’idée d’être des victimes désignées qu’ils ne peuvent plus se départir de leur posture victimaire.
Comment l’obsession identitaire s’est-elle progressivement installée en France ?
Depuis mon arrivée en France, en 1994, le champ sémantique du discours politique n’a cessé d’évoluer. On est passé de la « fracture sociale » de Jacques Chirac, lors de la campagne présidentielle de 1995, à « l’identité nationale » de Nicolas Sarkozy, en 2007 et en 2017, puis au « grand remplacement » en 2022. Au fil des ans, à cause du terrorisme, on a stigmatisé tous les musulmans et évoqué la déchéance de nationalité. Et, parce que quelques Africains ne parvenaient pas à s’intégrer – souvent faute d’emploi ou de logement –, on a dénié aux autres leur nationalité française. Comment voulez-vous que celui à qui on répète à longueur de temps qu’il est un étranger développe un réel sentiment d’appartenance à la nation ?
AAR SÉNÉGAL RÉAFFIRME SON ATTACHEMENT AU RESPECT DES RÈGLES
La loi est générale et impersonnelle. C'est pourquoi la jurisprudence du « chacun peut désormais se prévaloir de sa propre turpitude » ne passera pas sous l'autel de combines - COMMUNIQUÉ DE PRESSE
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué de la coalition AAR Sénégal, daté du 21 mai 2022, appelant à la stricte application des lois dans le cadre du processus électoral en cours.
« Les situations d'irrecevabilité constatées sur des listes candidates aux prochaines élections législatives, sont les conséquences d'erreurs humaines qui ne peuvent échapper à l'expression jurisprudentielle selon laquelle « nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude ».
AAR SÉNÉGAL condamne énergiquement la position inacceptable d’Alioune Tine d’AFrikajom Center invitant, à travers des dispositions juridiques glanées pêle-mêle mais complètement décalées du contexte, le Conseil constitutionnel à un déni de justice au nom d'une paix sociale que seul le règne de l'État de droit peut assurer.
AAR SÉNÉGAL rappelle son attachement au respect de la loi dans la conduite du processus électoral.
La loi est générale et impersonnelle. C'est pourquoi la jurisprudence du « chacun peut désormais se prévaloir de sa propre turpitude » ne passera pas sous l'autel de combines et de compromissions sur le dos des populations.
AAR SÉNÉGAL fera face à la presse ce dimanche 22 Mai à 17h au iège de Awalé sis Villa 8253 Sacré-cœur1-Dakar.
Il faudra qu'on nous explique un jour pourquoi Biya aime tant la lointaine Suisse, 12 fois plus petite que son si beau Cameroun. Pourquoi cette fixation sur une Suisse, qui l’aime de moins en moins, ou ne l’a peut-être même jamais aimé que pour son argent
Alors qu'il s'achemine, à 89 ans, vers le quarantième anniversaire de son accession à la magistrature suprême, Paul Biya vient d'effectuer un épuisant aller et retour, qui est le signal qu'il doit à présent (bien) gérer la fin de son très long règne, s'il veut éviter au pays une guerre féroce entre les prétendants, après lui. Il devra aussi gérer le sort des nombreuses personnes qui l'ont servi, et dont certains meurent en prison, pour des péchés qu'il sait répandus à davantage de dignitaires que ceux qui se font prendre.
RFI : À l’approche du cinquantenaire, ce 20 mai, de la réunification, le chef de l’Etat camerounais a effectué à Genève un « court séjour privé », peu commenté au pays, mais qui a fait l’objet d’un traitement peu flatteur dans la presse helvétique. C’est courant, dites-vous Jean-Baptiste. Mais, alors, pourquoi dites-vous aussi que les Camerounais auraient tort d’ignorer les leçons de ce dernier épisode.
Parce que ce voyage illustre quelques-unes des plus attristantes réalités des quarante ans de pouvoir de Paul Biya. Ce déplacement ne visait qu’à remettre le président d’aplomb, afin qu’il tienne la forme lors du défilé commémorant ce que l’on appelait autrefois « La révolution pacifique du 20 mai ». Le pouvoir non seulement s’est évertué à ne pas expliciter l’information, mais a brouillé les pistes tandis que ses proches faisaient « avaler » à Paul Biya, 89 ans, près de 14 000 kilomètres en l’espace de cinq jours. C’est donc la presse genevoise qui s’est chargée de préciser la destination, et de détailler, avec ses mots, les réelles motivations de ce voyage. Avec un résultat peu avantageux pour le Cameroun et son président, donc, peu avantageux pour l’Afrique.
Dans le monde d’aujourd’hui, lorsque vous pensez tenir votre peuple dans l’ignorance de réalités qui le concernent, d’autres se chargent de les lui révéler, souvent sous un angle déplaisant. Le président était un peu fatigué, c’est un être humain ! Il avait besoin d’un peu de repos, ou même d’un bilan de santé. C’est tellement plus simple ! Et plus sincère que ce communiqué alambiqué, qui tendait à traiter les Camerounais comme des demeurés.
Aujourd’hui, c’est Idrissa Gana Gueye, qui est trop Noir pour avoir son idée du monde pourtant exprimée sans prosélytisme. On est en plein délire colonial d’infantilisation du nègre ignorant, incapable de penser par lui-même
Tous ceux qui me connaissent et me lisent depuis des années savent que, chez moi, « Noir » ne désigne pas une couleur, mais un état historique et social. L’idée que va défendre cette tribune, je la veux claire et sans ambiguïté : être Noir en Europe, c’est, au moindre écart, continuer à prendre bien plus de coups – même s’ils ne sont plus de fouet – que les autres.
Les footballeurs Noirs, riches, célèbres et surexposés, payent le plus visible et médiatique tribut à cet état de racisme rampant. Dans ces mêmes colonnes, je dénonçais l’acharnement contre Kurt Zouma, trop Noir pour frapper son chat sans inspirer la marque atavique du bon sauvage. Aujourd’hui, c’est un autre footballeur, Idrissa Gana Gueye, qui est trop Noir pour avoir son idée du monde, pourtant exprimée sans prosélytisme, sans outrance. L’ironie est qu’il est voué aux gémonies par des gens qui, justement, réclament la liberté de choix intimes, qui ne devraient regarder personne d’autre. Comme on dit à Abidjan : « Le thon qui se fout de l’huile chaude ».
L’affaire commence au conditionnel, de surcroît. Gueye ne se « serait » pas présenté à un match de foot à cause d’un maillot floqué aux couleurs arc-en-ciel de la cause gay mondiale. De déclaration du joueur, il n’en existe aucune. On parle de son « entourage » qui aurait invoqué des raisons religieuses. Aucun nom n’est cité. Un peu comme si moi, Gauz, mécréant animiste libertaire patenté et revendiqué, je me « serais » exprimé au nom des convictions religieuses de mon petit frère Landry Gbaka-Brédé, prêtre catholique.
En moins de temps qu’il ne faut à un ballon pour faire un tour sur lui, le pauvre Gueye s’est vu tailler un costume d’homophobe suprême par des témoins d’un sport qui fait hurler aux foules des diatribes antigay et racistes tous les weekends depuis la fin du XIXe siècle. Eurosport pose en grand titre que le joueur sénégalais est à l’origine de l’impossibilité des « coming out » en France. Rien que ça. Un président de fédération d’associations sportives LGBT+ va plus loin en « exigeant » des sanctions financières (??) et même des classes à Gueye pour être « formé aux questions LGBT » (!!) Consciemment ou inconsciemment, on est en plein délire colonial d’infantilisation du nègre ignorant, incapable de penser par lui-même. Le thon qui se fout de l’huile chaude, je vous dis.
Deux poids, deux mesures
Et pourtant… en mai 2019, la LFP avait « invité » les capitaines d’équipes à arborer un « bout de tissu qui devait rassembler, fédérer autour d’une cause » (je cite Le Parisien). Jérémy Morel et Edinson Cavani (entre autres) avaient refusé le « bout de tissu » sans soulever le moindre début de polémique. Allez, concédons que les mentalités ont évolué en trois ans, et cela est une bonne chose dans l’absolu. Mais, en juin 2021, c’est l’UEFA, instance suprême du foot européen qui refusait que l’on habille le stade de Munich aux mêmes couleurs.
TAMBA, DEUX DEALERS SE FAUFILENT ENTRE LES DOIGTS DES POLICIERS
Evasion au commissariat central de Tamba. Arrêtés par la brigade régionale de l’Office central de répression du trafic illicite de stupéfiants (Ocrtis), deux dealers présumés se sont évadés des locaux de la police
Evasion au commissariat central de Tamba. Arrêtés par la brigade régionale de l’Office central de répression du trafic illicite de stupéfiants (Ocrtis), deux dealers présumés se sont évadés des locaux de la police alors qu’ils étaient sur le point d’être déférés au parquet.
Les évadés, M. D et un autre individu dont le journal ignore le nom, ont été arrêtés mercredi dernier. Ils étaient en possession de 11 kg et 40 cornets de chanvre indien.
Conduits au commissariat central, ils seront placés en garde à vue pour trafic, offre et cession de drogue. Entendu jeudi, le duo a été reconduit dans sa cellule en attendant son déferrement au parquet, prévu le lendemain.
Mais le jour J, hier vendredi donc, les éléments de l’Ocrtis venus récupérer le colis n’en reviennent pas : les deux suspects se sont évadés du commissariat central.
Informé, le procureur de la République ordonne l’ouverture d’une enquête. Une demande d’explications est adressée au chef de poste en service le jour de l’évasion des mis en cause. Les recherches sont lancées pour retrouver les fugitifs.
POURQUOI NOUS DEMANDONS L’ANNULATION DE LA LISTE NATIONALE DE BENNO
Moussa Taye, conseiller politique de Khalifa Ababacar Sall a été l’invité du Jury du Dimanche. Sur les ondes de la 90.3 Iradio, il est revenu sur les prochaines législatives avec la liste de la coalition présidentielle, Benno Bokk Yaakar
Moussa Taye, conseiller politique de Khalifa Ababacar Sall a été l’invité du Jury du Dimanche. Sur les ondes de la 90.3 Iradio, il est revenu sur les prochaines législatives avec la liste de la coalition présidentielle, Benno Bokk Yaakar, qui n’aurait pas respectée la loi sur la parité. « Ce qui s’est passé à la direction générale des élections est tout à fait normal. La loi permet aux mandataires d’aller contrôler les autres listes concurrentes. C’est ainsi que notre mandataire, Déthié Fall, est parti vérifier si la liste de Benno Bokk Yaakar était en conformité avec la loi.
Et il a pu débusquer quelques anomalies, incohérences qui font que cette liste est devenue irrecevable », a-t-il dit. Avant d’enchaîner : « parce que dans la liste des suppléants où il y’a 50 personnes, on devait avoir 25 hommes et 25 femmes. Finalement, il y’a eu 26 femmes et 24 hommes. Parce qu’il y’a deux femmes qui se suivent sur la liste nationale au niveau des suppléants. Puisque la parité elle doit être intégrale, la liste est donc devenue irrecevable. C’est pourquoi notre mandataire a demandé devant la commission l’annulation de toute la liste nationale. La liste nationale est unique parce qu’elle comporte les titulaires et les suppléants ».
Selon lui, Déthié Fall a fait le constat devant la commission qui, a reconnu que cette liste n’a pas respecté la parité. Il leur a adressé une lettre pour demander l’irrecevabilité de la liste de Benno Bokk Yaakar. « J’ai entendu par la suite le mandataire de Benno Bokk Yaakar, Benoît Sambou, dire que Yewwi Askan Wi a des listes non paritaires dans 15 départements.
Je dois dire que ceux qui gèrent les élections à Benno n’ont pas souvent la compétence avérée en la matière. La revenante Mimi Touré a perdu la main à cause du chômage politique assez long dont elle a été victime. Benoît Sambou n’a aucune expertise en matière électorale sauf d’animer des polémiques. Il faut distinguer la liste des titulaires et la liste des suppléants », a indiqué l’invité du Jury du Dimanche selon qui, Benoît Sambou parle d’erreurs matérielles antérieures à ce qu’on a constaté. Il n’a pas évoqué le problème de la parité. Mais, insiste Moussa Taye, les deux femmes qui se suivent on ne peut pas les changer. C’est une liste qui a été déposée qui est incohérente, incorrecte et qui doit être sanctionnée.
Sur une question de savoir qui est-ce qu’il attend du conseil constitutionnel, il a rétorqué : « D’un point de vue personnel, je ne m’attends pas à grand-chose par rapport à l’administration électorale. Mais, on va les obliger à respecter la loi. Je n’ai jamais eu aussi confiance au ministre de l’intérieur. Et je l’ai dit depuis sa nomination le danger c’est Antoine Felix Diome. Il n’a pas les épaules pour gérer ce ministère ».
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EMPLOIS, CES PROFILS MANQUANTS POUR LES ENTREPRISES ESPAGNOLES AU SÉNÉGAL
Selon le président de la Chambre de commerce d'Espagne, leurs entreprises ont parfois du mal à trouver certains profils lors des recrutements, notamment dans le domaine touristique. Le nouvel hôtel Riu en a fait, par exemple, l'expérience
La chambre de commerce d’Espagne au Sénégal et le Centre culturel espagnol ont décidé de s’engager dans un partenariat afin de favoriser l’employabilité des jeunes étudiants de langue et civilisations espagnoles du Sénégal.
Cette semaine, les entrepreneurs membres de la chambre ont été reçu au siège de l’Instituto Cervantes de Dakar, première rencontre de ces entrepreneurs depuis l’avènement de la COVID-19, afin de lancer des discussions à cet effet.
En marge de cette rencontre, AfricaGlobe a interviewé Rafael Rodriguez Tomas, le président de la cambre de commerce d’Espagne à Dakar. Il explique les objectifs de sa rencontre, les rasions de l’attractivité du Sénégal pour les entrepreneurs espagnols. Mais il se désole aussi du manque de ressources humaines requises dans certains domaines pour les entreprises espagnoles.
La Camara de comercio oficial de Espana pourra proposer des stages aux étidiants renfoncés à l'Instituto Cervantes, qui pourront plus tard accéder à des recrutement, a-t-il expliqué.
Les détails dans cet entretien.
LES INQUIETUDES D'ALIOUNE TINE
Afrikajom Center exprime « sa grave préoccupation face à l’aggravation du contentieux préélectoral qui durcit chaque jour et crée une fuite en avant de la logique d’exclusion des listes électorales
Afrikajom Center exprime « sa grave préoccupation face à l’aggravation du contentieux préélectoral qui durcit chaque jour et crée une fuite en avant de la logique d’exclusion des listes électorales, qui risque de devenir une menace pour la survie de l’État de droit au Sénégal », dans un communiqué reçu à Emedia. Dans lequel le fondateur du think-tank, Alioune Tine, inquiet, indique qu’ « aujourd’hui, on a atteint un seuil critique de l’autodestruction du système politique et démocratique au-delà duquel il n’existera plus de démocratie, ni d’État de droit au Sénégal. Jamais l’horizon d’élections législatives au Sénégal n’aura été aussi incertain, sombre, confus et indécidable au regard des menaces réelles d’effondrement du système auxquelles on assiste en direct avec des révélations tonitruantes portant sur les difficultés liées à l’application du parrainage ou de la loi sur la parité, par certains acteurs politiques. Ce qui peut entrainer de façon absurde et catastrophique l’absence d’une représentation légitime et inclusive des citoyens sénégalais à l’Assemblée Nationale. »
Or, « l’élection doit être une fête pour le citoyen électeur et une célébration de l’État de droit démocratique. Tout concourt à se mettre dans une logique absurde et insensée d’autodestruction de l’Etat de droit, du système politique et démocratique sénégalais, que rien ne semble pouvoir stopper pour le moment », relève-t-il.
Benno Bokk Yakaar (BBY, coalition au pouvoir) et Yewwi Askan Wi (YAW, opposition) s’accusent de non respect de la parité sur les listes de candidats aux élections législatives du 31 juillet prochain, chaque partie invalidant la liste de l’autre.
Le défenseur des droits de l’homme, qui appelle à « sortir de la logique d’autodestruction du système politique et démocratique sénégalais », recommande au Conseil constitutionnel, « organe de régulation du Contentieux électoral, d’agir de manière à apaiser les tensions politiques grandissantes et les risques de violences politiques », de « renforcer le système démocratique, la paix et la sécurité », de « contribuer à l’avènement d’une institution parlementaire plurielle et inclusive ».
par Bruno d'Erneville
UN SÉISME ÉLECTORAL EN VUE
Accepter la liste BBY dans ces conditions signifierait ni plus ni moins que de jeter aux orties l'État de droit. J'invite Macky Sall à reconnaître publiquement la faute de sa commission des investitures et à en tirer les conséquences
Nous avions pressenti une période de transition 2022-2024 marquée par un équilibrage des forces pouvoir-opposition, mais de là à imaginer l'absence totale des députés de la coalition du pouvoir à l'Assemblée nationale, cela ne pouvait effleurer nos esprits cartésiens. Pourtant, à la faveur des contrôles de conformité des candidatures par les parties en compétition, il apparaît que la liste nationale de BBY ne respecte pas la parité au niveau des suppléants. Quelle énorme bévue !
En effet, cette erreur gravissime rend d'office la liste nationale de BBY non conforme. Aucune modification n'étant à ce stade possible, il devient évident que BBY ne peut plus présenter aucune liste, pas même dans les départements ou circonscriptions, la liste nationale étant indispensable pour pouvoir concourir.
Si donc, le Conseil constitutionnel pouvait encore tenter un subterfuge afin de faire valider la liste BBY malgré le "parrain de trop", là il s'agit d'une faute rédhibitoire qui ne saurait passer sous silence sans causer des remous sociaux d'une ampleur non maîtrisable. Accepter la liste BBY dans ces conditions signifierait ni plus ni moins que de jeter aux orties l'État de droit. Ce serait une forfaiture légalisée par une institution reconnue comme le dernier rempart pour notre jeune démocratie. Aller à l'encontre de l'évidence serait juridiquement insoutenable et appellerait naturellement une réponse violente d'un peuple déjà frustré par les iniquités.
J'invite le président Macky Sall à reconnaître publiquement la faute de sa commission des investitures et à en tirer les conséquences. En effet aucune institution internationale, aucun état partenaire (encore moins la France déjà malmenée dans son pré-carré francophone) ne prendrait le risque de soutenir un forcing. Les quelques raisons à cela sont :
- le Sénégal constitue un modèle de démocratie pour la communauté internationale ;
- le président Macky Sall, président en exercice de l'UA ne peut prendre le risque de ternir l'image de l'UA en posant des actes antidémocratiques et surtout anti-républicains ;
- l'instabilité politique de plusieurs pays voisins constitue une menace qui grandit avec la présence de troubles sociaux internes ;
- les perspectives d'exploitation effective des ressources pétrolières et gazières dès 2023 plaident pour une pacification du champ social. Or le pays ne peut s'offrir le luxe de reporter cette exploitation qui apporte un bol d'air frais à la soutenabilité de la dette ;
- le président Macky Sall doit envisager une carrière post présidentielle et, à cet effet, sortir par la grande porte.
Ainsi donc, au-delà du caractère burlesque de cette situation, le président de la République n'aura d'autre choix que de rassurer les esprits quant à son rôle de gardien de la Constitution et d'accepter de vivre pour les deux prochaines années avec un gouvernement d'opposants !
Dura lex, sed lex.
Bruno d'Erneville est président du PAC, membre fondateur de la coalition BUNT-BI.
SORTIR DE LA LOGIQUE D’AUTODESTRUCTION DU SYSTÈME DÉMOCRATIQUE SÉNÉGALAIS
Nous recommandons au Conseil constitutionnel d'apaiser les tensions politiques grandissantes et les risques de violences politiques ; de contribuer à l’avènement d’une institution parlementaire inclusive - COMMUNIQUÉ
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué d’Afrikajom Center reçu le 21 mai, relatif appelant à un processus pré-électoral apaisé dans le cadre des prochaines législatives.
« Afrikajom Center exprime sa grave préoccupation face à l’aggravation du contentieux préélectoral qui durcit chaque jour et créée une fuite en avant de la logique d’exclusion des listes électorales, qui risque de devenir une menace pour la survie de l’État de droit au Sénégal. Aujourd’hui, on a atteint un seuil critique de l’autodestruction du système politique et démocratique au-delà duquel il n’existera plus de démocratie, ni d’Etat de droit au Sénégal.
Jamais l’horizon d’élections législatives au Sénégal n’aura été aussi incertain, sombre, confus et indécidable au regard des menaces réelles d’effondrement du système auxquelles on assiste en direct avec des révélations tonitruantes portant sur les difficultés liées à l’application du parrainage ou de la loi sur la parité, par certains acteurs politiques. Ce qui peut entrainer de façon absurde et catastrophique l’absence d’une représentation légitime et inclusive des citoyens sénégalais à l’Assemblée nationale. Or, l’élection doit être une fête pour le citoyen électeur et une célébration de l’État de droit démocratique.
Tout concourt à se mettre dans une logique absurde et insensée d’autodestruction de l’État de droit, du système politique et démocratique sénégalais, que rien ne semble pouvoir stopper pour le moment.
Afrikajom Center
Considérant que la Constitution sénégalaise en son article 3 garantit la liberté de candidature ;
Considérant que l’article 13 (1) de la Charte africaine des droits de l’Homme et de peuples intégrée dans le préambule de la Constitution stipule que : « tous les citoyens ont le droit de participer librement a la direction des affaires publiques de leur pays, soit directement, soit par l’intermédiaire de représentants librement choisis, ce, conformément aux règles édictées par la loi » ;
Considérant qu’en outre, la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance prône l’instauration sur le continent une culture politique de changement de pouvoirs, fondée sur la tenue d’élections régulières, libres, équitables et transparentes, conduites par des organes électoraux nationaux compétents, indépendants et impartiaux ;
Considérant qu’aux termes de l’article 25 du Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques : « Tout citoyen a le droit et la possibilité, sans aucune des discriminations visées à l'article 2 et sans restrictions déraisonnables :
a) De prendre part à la direction des affaires publiques, soit directement, soit par l'intermédiaire de représentants librement choisis;
b) De voter et d'être élu, au cours d'élections périodiques, honnêtes, au suffrage universel et égal et au scrutin secret, assurant l'expression libre de la volonté des électeurs… »
Considérant la décision de la Cour de Justice de la CEDEAO relative au parrainage ;
Prenant en compte la nécessité absolue de la continuité de l’Etat de droit, de la démocratie et de la survie de notre système politique bâti dans la durée pour garantir la paix civile et la stabilité de la Nation ;
Prenant en compte également l’intérêt supérieur de la Nation ;
Afrikajom Center recommande au :
Conseil Constitutionnel du Sénégal, organe de régulation du Contentieux électoral, d’agir de manière à :
Apaiser les tensions politiques grandissantes et les risques de violences politiques,
Renforcer le système démocratique, la paix et la sécurité,
Contribuer à l’avènement d’une institution parlementaire plurielle et inclusive. »