OU ETAIENT CES NOUVEAUX INDIGNES ?
Il est des silences qui deviennent des fautes. Et face à certains jugements injustes, se taire, c’est parfois faire plus de mal que ceux qui alimentent les procès d’intention.

Il est des silences qui deviennent des fautes. Et face à certains jugements injustes, se taire, c’est parfois faire plus de mal que ceux qui alimentent les procès d’intention.
Voir le Président Malick Ndiaye être attaqué pour un prétendu non-respect du règlement intérieur, pour un supposé manque de capacité intellectuelle ou encore pour une absence de vision, est tout simplement sidérant.
Sidérant, parce que cette posture efface d’un revers de main les profondes mutations que l’Assemblée nationale a connues depuis décembre 2024.
Depuis sa prise de fonction, le Président Malick Ndiaye a redonné à l’Institution parlementaire sa dignité, sa rigueur, et surtout son sens. Son attachement scrupuleux – presque organique – au respect du règlement intérieur est connu de tous. Il a œuvré à faire en sorte que l’Assemblée nationale remplisse enfin les missions que la Constitution lui assigne.
Garder le silence face aux attaques dont il est aujourd’hui la cible serait non seulement coupable, mais complice d’un révisionnisme politique qui tente de faire oublier ce que nous avons tous vu ces dernières années dans l’hémicycle surtout lors de la 14e législature.
Où étaient les nouveaux indignés quand, le 12 septembre 2022, lors de l’installation de la 14e législature, des députés de l’opposition ont été interdits de vote et brutalisés par la force publique réquisitionnée pour imposer un Président d’Assemblée nationale ? En toute violation du règlement intérieur.
Où étaient-ils quand les voix discordantes des députés de l’opposition étaient systématiquement interrompues, moquées, invectivées et menacées sous le regard passif du Président de séance ? En toute violation du règlement intérieur.
Où étaient-ils, quand un député de l’ancienne majorité remplissait les travées de l’Assemblée nationale, lors des grands événements, dès l’aube, de militants bruyants et surexcités, applaudissant et criant à gorge déployée ? En toute violation du règlement intérieur.
Où étaient-ils quand ce même député (qui n’était ni membre du bureau ni Président de Commission) occupait un bureau de plus de 50 m² pendant que ses collègues députés, notamment ceux de la diaspora, devaient se contenter, à quatre (4), d’un bureau de moins de 30 m²? En toute violation du règlement intérieur.
Où étaient-ils quand la force publique était régulièrement réquisitionnée pour brutaliser les députés de l’opposition à l’intérieur même de l’hémicycle alors que leur seul tort était de réclamer le respect de la loi organique ? En toute violation du règlement intérieur.
Où étaient-ils quand la liste des intervenants en séance plénière était établie pour permettre un « marquage systématique » de certains députés de l’opposition ? Afin de faire suivre leur intervention par celle d’un député de la majorité pour battre en brèche tout son argumentaire. En toute violation du règlement intérieur.
Où étaient-ils quand le rôle d’évaluation des politiques publiques introduite depuis mars 2016 dans les missions de l’Assemblée nationale n’a jamais été mis en œuvre ? Aucune politique publique n’a été évaluée en 8 ans. En toute violation du règlement intérieur.
Où étaient-ils pour ne pas exiger ne serait-ce une fois une réunion de la Commission de Comptabilité et de Contrôle chargée du contrôle, de la comptabilité et de la gestion des crédits inscrits au budget de l’Assemblée nationale ? Pas un seul papier ne figure dans les archives de cette Commission pourtant vitale dans la gestion des fonds allouée à l’Institution parlementaire.
Où étaient-ils pendant toutes ces années où l’Assemblée nationale, qui vote seule la loi, n’en respectait presque aucune. Même pas la loi organique qui organise son fonctionnement.
Tout ce qui précède est à rebours de ce que le Président Malick Ndiaye incarne.
Le Président Malick Ndiaye incarne aujourd’hui une rupture.
Une rupture avec ces pratiques honteuses, une réconciliation entre l’Institution et la légalité.
En effet, dans toutes les séances plénières qu’il a présidées, les interruptions brutales, les invectives des députés de l’opposition pendant leurs prises de parole ont cessé. Tous les députés qui vont à l’encontre de cette discipline risquent l’exclusion, même ceux de son propre camp.
La gestion de la parole dans l’hémicycle ne relève plus de la discrétion du Président de séance. Le système est désormais entièrement automatisé : chaque député fait sa demande d’intervention directement depuis son micro, et les noms s’affichent à l’écran dans l’ordre strict des inscriptions. Il est techniquement impossible pour le Président de modifier ou manipuler la liste des orateurs.
Quant à l’interdiction des manifestations bruyantes dans les travées de l’hémicycle, elle est clairement inscrite dans le règlement.
Mais il faut rappeler que, depuis plusieurs législatures, seul le Président Amadou Mame Diop a eu à expulser le public pour des manifestations d’approbation. Et c’était dans un contexte post-électoral marqué par la victoire du candidat Bassirou Diomaye Faye à l’élection présidentielle du 24 mars 2025.
Tous les autres présidents qui se sont succédé ont toujours eu à brandir les rappels à l’ordre et les menaces d’expulsion, sans jamais passer à l’acte.
Le Président Malick Ndiaye a aussi donné vie à une mission essentielle : l’évaluation des politiques publiques. Une commission Adhoc inclusive, rassemblant majorité, opposition, non-inscrits et société civile a été créée pour son implémentation et sa mise en œuvre effectives.
La Commission de Comptabilité et de Contrôle, jusque-là fantôme, s’est réunie pour la première fois. Elle a pu accéder aux documents comptables. Une première. Une révolution silencieuse mais déterminante.
Ces transformations, loin d’être exhaustives, ne passent pas inaperçues. L’opinion publique, lassée d’une Assemblée nationale hors-la-loi, redécouvre une Institution qui fonctionne, qui débat, qui contrôle.
Une Institution réhabilitée
Merci, Monsieur le Président, de nous avoir redonné envie de travailler pour cette Assemblée nationale.
Merci de lui avoir redonné sa place, son rang, son honneur dans l’esprit du JUB/JUBBAL/JUBBANTI.
Par Ababacar Safy NGOM
* Conseiller spécial de Monsieur le Président de l’Assemblée nationale
* Ancien Directeur de l’Informatique de l’Assemblée nationale
* Auteur du livre « L’Assemblée nationale du Sénégal : relecture d’une longue pratique de la représentation parlementaire »
Email : ngom.ababacar@gmail.com