VIDEOISMAÏLA MADIOR FALL DÉNONCE UNE DÉLATION
L'ancien Garde des Sceaux a répondu vendredi aux accusations de corruption qui le visent lors de son passage sur 7TV. Il pointe un dossier "vide" et suggère un règlement de comptes au sein du ministère qu'il a dirigé par deux fois

L'ancien ministre de la Justice Ismaïla Madior Fall était l'invité de l'émission MNF animée par Maimouna Ndour Faye, vendredi 25 avril sur 7TV. Appelé à s'expliquer sur les accusations de corruption qui pèsent contre lui, le professeur agrégé de droit a livré sa version des faits, à quelques semaines de sa comparution attendue devant la Haute Cour de justice.
Ismaïla Madior Fall a fermement nié les accusations portées contre lui concernant un projet de centre de surveillance électronique au tribunal. "C'est une délation et ça doit être classé. Il n'y a absolument rien, c'est un dossier vide", a-t-il déclaré avec véhémence.
Selon l'ancien garde des Sceaux, l'affaire concerne un projet d'aménagement d'un espace de 8000 m² au tribunal pour y installer un centre de surveillance électronique. Un projet qui, selon lui, entrait dans le cadre de la valorisation du patrimoine, sans aucune dépense pour l'État. "L'État n'a déboursé rien, il n'y a pas d'argent à voler, il n'y a pas d'argent à détourner", a-t-il insisté.
L'ancien ministre a également évoqué une seconde accusation concernant l'achat de 1000 bracelets électroniques supplémentaires, qualifié d'"inopportun" par les autorités actuelles. Il défend cette décision comme relevant de la politique pénale définie par le président de la République et exécutée par le ministre de la Justice, dans un contexte de surpopulation carcérale.
"L'inopportunité n'est pas l'illégalité", a-t-il souligné, expliquant que ces bracelets étaient nécessaires pour désengorger les prisons sénégalaises.
Ismaïla Madior Fall n'a pas caché son sentiment que ces poursuites pourraient avoir des motivations personnelles. Sans accuser directement, il a rappelé ses relations avec l'actuel ministre de la Justice, Ousmane Diagne, laissant entendre que des désaccords passés pourraient expliquer les poursuites actuelles.
"C'est le ministère que moi, Ismaël Madior Fall, j'ai dirigé à deux reprises qui me poursuit aujourd'hui. Les Sénégalais qui ont dirigé à deux reprises le ministère de la Justice ne sont pas nombreux, s'il y en a deux, il y en a maximum trois", a-t-il souligné.
L'ex-ministre a profité de cette tribune pour critiquer le système actuel de la Haute Cour de justice, qu'il juge dépassé. Il a notamment pointé l'absence de double degré de juridiction, ce qui contreviendrait aux standards internationaux des droits de l'homme.
"La haute cour de justice qu'on a au Sénégal aujourd'hui est fragile. S'il y a une exception d'inconstitutionnalité devant le Conseil constitutionnel, on peut tout annuler et tout s'effondre", a-t-il averti.
À la question de savoir s'il craint d'être incarcéré, Ismaïla Madior Fall a répondu avec philosophie : "Je crois en Dieu, c'est Dieu qui détermine le destin des gens. Et je crois aussi en la justice sénégalaise."