LE COLLECTIF DES ENSEIGNANTS DE L’ENDSS APPELLE A UNE REFORME URGENTE
L’Ecole nationale de développement sanitaire et social (Endss) qui assure la formation des professionnels de santé au Sénégal et en Afrique, traverse une crise sans précédent, selon le collectif des enseignants dudit établissement

Le collectif des enseignants de l’Ecole nationale de développement sanitaire et social (Endss) a animé hier, lundi, un point de presse à Dakar pour réclamer de meilleures conditions de travail mais aussi la lumière sur la gestion de l’établissement avec des retards et arriérés de salaires notés.
L’Ecole nationale de développement sanitaire et social (Endss) qui assure la formation des professionnels de santé au Sénégal et en Afrique, traverse une crise sans précédent, selon le collectif des enseignants dudit établissement qui a tenu un point de presse hier, lundi. Aux dires des camarades de Boubacar Diedhiou, cette situation est « alarmante » et résulte « d’un enchevêtrement de défaillances structurelles, de dérives administratives et d’atteintes graves à la transparence et à l’éthique institutionnelle » M. Diedhiou, président dudit collectif, a évoqué une gouvernance paralysée par l’absence de cadre réglementaire. « Depuis la publication du décret n°2023-347 érigeant l’Endss en faculté rattachée à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), aucun décret d’organisation n’a été signé.
Cette situation crée un vide juridique et une dualité de tutelle entre le ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (Mesri) et le (Msas), rendant tout pilotage efficace impossible.
En parallèle, les organes collégiaux sont soit absents, soit marginalisés, concentrant le pouvoir décisionnel entre les mains d’une seule autorité, le Directeur ». M. Diedhiou a aussi fait ressortir des pratiques managériales en contradiction avec l’éthique administrative. Sur ce point, le collectif a déclaré : « plusieurs pratiques préoccupantes ont été relevées dont les nominations cumulatives incompatibles avec les règles de bonne gouvernance car un enseignant à la fois chef du personnel et chef des admissions et de la scolarité, la création de postes non réglementaires tels que responsable du recouvrement des recettes sans base légale, la suppression unilatérale des primes et indemnités, affaiblissant la motivation du corps enseignant».
Et d’ajouter une opacité inquiétante autour de la gestion financière : « malgré des recettes significatives générées par des concours, formations payantes, prestations, aucune traçabilité claire n’est assurée. En 2022, plus de 2 200 candidats ont payé chacun 10 000 FCFA pour un concours, sans que les fonds n’apparaissent dans le budget officiel. Les vacations sont plafonnées arbitrairement à 20 heures, peu importe le volume réel de travail, avec des paiements souvent incomplets voire absents ».
DES CONDITIONS DE TRAVAIL EN CHUTE LIBRE
Dans son point de presse, le collectif des enseignants de l’Endss a estimé qu’eux et les personnels administratifs subissent un environnement dégradé qui se matérialise par la réduction de moitié des effectifs enseignants qui était de 67 à 34 entre 2012 et 2025. L’absence d’équipements de base a aussi été notée avec une seule photocopieuse fonctionnelle, matériel pédagogique quasi inexistant en plus des contractuels et vacataires parfois non payés depuis des années. «Depuis 2012, plusieurs facteurs ont contribué à cette perte d’attractivité dont les réformes engagées sans feuille de route claire. Les logiques financières à court terme prenant le pas sur la mission pédagogique. L’absence de mécanismes de contrôle externe favorisant l’installation d’une gouvernance autocratique », a fait remarquer le collectif. Et de préconiser la signature du décret d’organisation pour une sortie de crise. « Nous appelons solennellement les autorités à signer dans les plus brefs délais le décret d’organisation de l’école, pour permettre son intégration définitive à l’Université Cheikh Anta Diop, de lancer un audit indépendant, condition indispensable à la restauration de la transparence et de la bonne gouvernance ».