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5 mai 2025
Éducation
199 ENSEIGNANTS MISEREUX A CAUSE DE MAMADOU TALLA ET CHEIKH OUMAR ANNE
Encore un problème de coordination de l’action gouvernementale ! Il concerne cette fois-ci, particulièrement, les ministères de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur au niveau de la Fastef.
199 enseignants en position de stage à la Fastef depuis 2019 attendent toujours d’être édifiés sur leur sort par les ministres de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur qui seraient dans l’incapacité d’honorer la facture de plus de 500 millions francs CFA pour les frais de la formation. La réponse servie par le directeur de la Formation et de la Communication du premier ministère, Mouhamadou Moustapha Diagne, qui met tout sur le dos de la Covid-19 et la hausse du nombre de candidats, ne rasure guère les syndicalistes selon qui le gouvernement veut hypothéquer la carrière des enseignants.
Encore un problème de coordination de l’action gouvernementale ! Il concerne cette fois-ci, particulièrement, les ministères de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur au niveau de la Fastef. Et c’est à propos de la situation de 199 enseignants sélectionnés en 2019 pour subir la formation de mise en position de stage à distance, qui sont déjà détenteurs du certificat d’inscription depuis 2019, mais qui n’ont toujours pas démarré les cours depuis plus d’une année. Plus précisément, il y a deux catégories de candidats dont l’une devait faire une année de formation, et deux ans pour le reste du groupe. D’ailleurs, les candidats qui devaient valider une seule année de formation devraient en principe être déjà en possession de leur diplôme de fin de formation, tandis que les autres devaient en avoir pour une année encore. Hélas ! Une année s’est écoulée mais ces enseignants ne voient toujours pas l’ombre d’un calendrier leur annonçant la date de démarrage des cours pour espérer valider cette formation. Face à cette longue attente, ils ne savent plus à quelle autorité se fier entre les ministres Mamadou Talla et Cheikh Oumar Anne.
Incohérences et contradictions gouvernementales
Selon les syndicalistes du Cusems (Cadre unitaire des syndicats de l’enseignement moyen et secondaire du Sénégal) et du Saemss (Syndicat autonome des enseignants du moyen et secondaire du Sénégal), les deux ministres passent leur temps à leur fournir des « incohérences et des contradictions » par rapport à ce retard accusé dans le démarrage de leur formation. Chaque année, le ministère de l’Education nationale (Men) procède à la sélection d’un groupe d’enseignants éligibles à la formation de mise en position de stage. Des enseignants qui, pour la plupart, ont obtenu une licence, une maitrise ou un master pendant leurs années de classes. D’habitude, le nombre d’enseignants retenus sur toute l’étendue du territoire national ne dépassait pas la cinquantaine.
A titre d’exemple, ils étaient 39 pour l’année 2018-2019 dont cinq pour le Cae-Cem (enseignants avec niveau Bac), 14 pour le Caem (professeurs de l’enseignement moyen) et 20 pour le Caes. Un quota jugé dérisoire par les syndicalistes qui avaient fini d’acculer le gouvernement. Lequel l’a revu à la hausse jusqu’à 200 enseignants. L’Etat ayant toujours invoqué le coût exorbitant de la formation et le déficit de professeurs dans les classes pour se justifier, le Cusems lui avait proposé la formation à distance pour résorber le gap et permettre à beaucoup de candidats titulaires de nouveaux diplômes académiques de pouvoir subir une formation diplômante afin d’être reclassés dans un corps supérieur de la Fonction publique. Une requête satisfaite à presque cent pour cent par le ministère qui a procédé, en 2019, à la sélection de 199 enseignants pour suivre la formation à distance au titre de l’année académique 2019-2020.
Aucune explication ou information du ministère ou de la Fastef
Cette année scolaire étant écoulée, une autre a démarré depuis le 02 novembre dernier, mais ces candidats retenus et déjà inscrits n’ont toujours pas démarré les cours. Pis, « nous n’avons reçu aucune explication plausible ou information ni du ministère ni de la Fastef »,s’indigne un candidat à la formation. Le problème proviendrait de la ligne budgétaire qui était d’abord alloué au ministère de l’Education nationale avant d’être inscrite dans le budget de l’Enseignement supérieur avec l’érection de la Fastef en Faculté rattachée à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). Le secrétaire national chargé de la formation au Cusems, Modou Ngom, explique. « La somme budgétisée pour la mise en position de stage dans le budget de l’Enseignement supérieur est destinée à la formation en présentiel à la Fastef. Elle ne suffit pas pour couvrir la formation à distance demandée par le ministère de l’Education.
La formation à distance de la Fastef est logée dans la Fad de la Chaire de l’Unesco qui n’est pas totalement financée par la Fastef et qui n’entre pas dans les obligations de formation des formateurs de ladite Faculté. Elle nécessiterait donc des dépenses supplémentaires en termes d’indemnités pour les formateurs et de charge de fonctionnement pour la structure (Fad). Le ministère de l’Education nationale dit être dans l’impossibilité d’honorer la facture salée de près de 500 millions demandée par la Fastef pour assurer la formation à distance. Pour la formation en présentiel, c’était environ 100 millions. Et c’était pour former une cinquantaine d’étudiants. Mais pour 199 enseignants à former, il devait y avoir une coordination. Malheureusement, en élaborant les budgets, les ministres n’échangent pas sur les points communs. Or ils devaient s’accorder sur un certain nombre de points avant d’inscrire les nouvelles lignes budgétaires».
Au ministère de l’Education, on invoque la covid-19
Devant ce qu’il appelle un « tâtonnement », le Cusems fustige l’absence de coordination et de solidarité gouvernementale dont font preuve, dit-il, ces deux ministères concernés. Notamment « cette grosse farce mise sur le dos de la Covid-19 pour hypothéquer la carrière de ces enseignants », a renchéri, le secrétaire général adjoint du Saemss, son collègue enseignant-syndicaliste, Malick Youm. Interpellé sur la question, le directeur de la Formation et de la communication du ministère de l’Education nationale, Mouhamadou Moustapha Diagne, confirme que la formation devait bel et bien se tenir à distance. Mais à cause de la Covid-19, cela a été décalée. Et avec ce retard accusé dans l’ouverture des classes de cette année en cours, la formation en présentiel pose problème puisque le gouvernement ne pourra pas remplacer ces 199 enseignants « craie à main » qui doivent bénéficier d’une formation. Il assure que le ministère est en train de voir avec d’autres structures comme l’Ugb et la Fastef pour pouvoir régler ce dossier qui a pris du retard. « Ce n’est pas parce que nous ne voulons pas les former, mais c’est la Covid-19 qui a impacté sur ce projet.
Avec cette cohorte de 199 enseignants, il nous sera difficile de remplacer chaque enseignant pour chaque classe. Pour la formation à distance, les coûts sont parfois insupportables à distance, et parfois hors de portée. Donc ce qui risque d’arriver, si on ne paye pas les formateurs et les gestionnaires de la plateforme, c’est la rétention des notes ou la grève des formateurs. Ce qui va nous créer d’autres problèmes », se justifie Moustapha Diagne. Modou Ngom du Cusems trouve que « ce Diagne fait trop dans le sentimental et l’évènementiel pour une affaire aussi sérieuse ».
Et d’estimer que « si les enseignants éligibles ne subissent pas cette formation jusqu’à moins 10 ans de la retraite, ils vont être reclassés et perdre 40 ans de leur formation ». En tout cas, le Cusems exige le démarrage « sans délai » de la formation à distance dans le cadre de la mise en position de stage de ces 199 enseignants. « Cela doit démarrer immédiatement. Car tous les cours ont repris à la Fastef sauf pour ces enseignants. C’est de la discrimination », a martelé le chargé de la Formation au Cusems, Modou Ngom.
UNE VINGTAINE D’ENSEIGNANTS DECEDES DU COVID, SELON LE CUSEMS
Les syndicalistes ont fait ce constat à l’occasion d’une conférence de presse tenue mardi 16 janvier 2021
Le Cadre unitaire syndical des enseignants du Moyen-Secondaire (Cusems) est catégorique. Près de vingt enseignants ont succombé des effets du coronavirus au Sénégal. Et pour Abdoulaye Ndoye, le secrétaire général du syndicat, et ses camarades, « Le gouvernement qui a fait montre d’un formalisme total dans la gestion de la crise sanitaire tant au niveau de l’enseignement secondaire que privé… est le principal responsable ».
Les syndicalistes ont fait ce constat à l’occasion d’une conférence de presse tenue hier, mardi 16 janvier 2021. Lors de cette rencontre avec la presse, Abdoulaye Ndoye et Cie ont de fait tenu à informer l’opinion publique nationale sur les risques d’instabilité du système éducatif sénégalais qui serait d’après lui, le résultat « du mépris du gouvernement pour ses enseignants».
Aussi, ont-ils fait comprendre que « L’arrivée de cette deuxième vague de Covid-19 n’épargne pas le milieu scolaire qui avoisine 4.500.000 de personnes. Malgré les mesures prises par les autorités sanitaires et étatiques pour estomper la survie du virus dans le secteur éducatif, le suivi et l’application de façon exhaustive de ces précautions semble toutefois un moindre souci pour les autorités », selon les syndicalistes. Ce qui a poussé le SG du Cusems à constater que « si un protocole sanitaire rigoureux a été élaboré, sa mise en application souffre d’un laxisme indescriptible exposant les acteurs et au-delà toute la société en péril ». Pis, a-t-il relevé, « pratiquement dans aucune région du Sénégal, les établissements n’ont reçu de dotation conséquente en masques, gels hydro alcooliques … ».
Conséquence de cette négligence du gouvernement ; l’école a assisté à une importante perte d’enseignants à Dakar et à l’intérieur du pays. Le Cusems révèle ainsi que « vingt enseignants ont été emportés par la Covid-19 ». Face à cette incurie, le syndicat a tenu à faire part de son ras-le-bol : «On ne va plus regarder nos collègues mourir au sein des établissements. Tous les enseignants se sont mobilisés et si la situation persiste, on va tout suspendre, allant même jusqu’à boycotter les évaluations».
LE CUSEMS PRESSE L’ETAT
Après avoir observé un débrayage au niveau des différentes Inspections Académiques de la région de Dakar hier, mardi 16 février, le Cusems /section Dakar annonce une grève totale pour mercredi et jeudi
Après avoir observé un débrayage au niveau des différentes Inspections Académiques de la région de Dakar hier, mardi 16 février, le Cadre unitaire syndical des enseignants du Moyen et du Secondaire (Cusems)/section Dakar annonce une grève totale pour ce jour, mercredi, et demain, jeudi. Au centre du mouvement d’humeur des enseignants, le non-paiement depuis novembre dernier des indemnités liées aux examens du baccalauréat et du Bfem et diverses autres revendications non satisfaites.
L ’école sénégalaise renoue avec les perturbations, cette semaine, principalement dans la région de Dakar. Pour cause, après avoir arrêté les cours hier, mardi 16 février, à 10 heures, dans les établissements scolaires, le Cadre unitaire syndical des enseignants du Moyen et du Secondaire (CUSEMS)/section Dakar observe pour quarante-huit heures une grève totale.
Ce mercredi 17 février et demain, jeudi 18 février 2020, les enseignants grévistes entendent bloquer les enseignements apprentissages sur l’étendue du territoire régional.
En conférence de presse organisée hier, mardi, le secrétaire général Abdoulaye Ndoye et ses camarades ont exigé encore une fois le paiement de leurs indemnités liées aux examens du baccalauréat et du Bfem (Brevet de fin d’études moyennes), édition 2020, qu’ils devaient percevoir depuis le 30 novembre dernier. Les enseignants qui décrètent également le boycott de toutes les évaluations ont vivement condamné «le quasi immobilisme du gouvernement dans la mise en œuvre des accords consignés dans le protocole du 30 Avril 2018 ».
Des revendications dont les points nodaux s’articulent autour du système de rémunération, l’externalisation du DMC, la création du corps des administrateurs scolaires, l’octroi de parcelles non viabilisées, le reversement des MEPS. Or, sur ces différents points, ont fait comprendre les syndicalistes, « Aucune avancée n’a été notée ».
Pour rappel, le mouvement d’humeur des enseignants fait suite à un préavis de grève au sein du ministère de la Fonction publique et du renouveau du service public, pour non-satisfaction des différentes revendications, surtout le paiement intégral des indemnités liées aux examens du Bfem et du Bac. Dans cette dynamique par ailleurs, le Cusems compte mobiliser ses partenaires qui sont dans le G7, un autre cartel syndical de l’école, pour redonner « une reconnaissance sociale et publique aux enseignants après autant de sacrifices consentis surtout lors de la première vague de Covid-19».
J’EN VEUX AUX ÉPOUSES DE SONKO
Elie Charles Moreau n’exclut pas la thèse du complot agitée par les soutiens du leader du parti Pastef, visé par une plainte pour viol et menace de morts, par une jeune masseuse de 20 ans.
Une fois n’es pas coutume. L’affaire Ousmane Sonko, qui défraie la chronique, a été débattue dans l’mission Lr du Temps, ce dimanche, 14 février 2021. Elie Charles Moreau, Ecrivain et un des invités, n’y est pas allé avec le dos de la cuillère.
L’Ecrivain -Poète n’exclut pas la thèse du complot agitée par les soutiens du leader du parti Pastef, visé par une plainte pour viol et menace de morts, par une jeune masseuse de 20 ans. « Il n’y a pas de convention dans le champ politique. C’est la loi de la jungle qui y règne », rappelle Elie Charles Moreau. L’Ecrivain-Poète dit avoir l’impression qu’Ousmane Sonko n’a pas compris cela. Et, les militants du parti Pastef ne savent pas aussi ce qu’ils ont et ce qu’ils représentent au sein de la société. C’est dans cette perspective qu’il dit en vouloir aux épouses de Sonko. Pour lui, elles devraient aller apprendre le massage pour ne pas laisser leur époux fréquenter ces salons.
Son co-débatteur abonde dans le même sens. La Sociologue, Dr Selly Ba relève quelques négligences du leader de Pastef. « Si je me sens viser, je ne fréquente pas n’importe quel endroit. Je vais faire très attention dans mes fréquentations. Je ne vais pas fréquenter n’importe quelle structure », a-t-elle déclaré, avant d’inviter l’Etat à réguler ces salons de massages. « L’Etat est interpellé pour organiser ce secteur. Il faudrait qu’on distingue ce qui est salon de beauté et le travail de kinésithérapeute », a-t-elle plaidé.
LE FOOTBALL AMÉRICAIN VU DES USA
Pourquoi ce sport suscite autant d'engouement aux Etats-Unis ? Qu'est-ce qui le différencie du soccer ? Quid de la politique de la NFL quant à l'intégration des minorités ? Décryptage sur VOA avec René Lake et Eugène Pehou-Pelema, deux passionnés
Pourquoi ce sport suscite autant d'engouement aux Etats-Unis ? Qu'est-ce qui le différencie du soccer ? Quid de la politique de la NFL quant à l'intégration des minorités ? Décryptage avec René Lake et Eugène Pehou-Pelema, deux passionnés, dans l'émission de VOA : l'Amérique et vous.
BOUBACAR BORIS DIOP, ÉLOGE DE LA DISSIDENCE
Le journaliste et écrivain revient sur l’héritage de Cheikh Anta, évoque Senghor sans complaisance, parle de la mondialisation et de la néocolonisation sans oublier de recommander aux lecteurs quelques auteurs - ENTRETIEN
Les devenirs africains sont au cœur des débats sur le continent. 60 ans après les indépendances, comme des marronniers en journalisme, les mêmes sujets reviennent continuellement. Franc CFA ou pas Franc CFA, langues nationales ou langues de l’ancien colon, enracinement ou ouverture, pour n’en citer que quelques-uns. En toile de fond, toujours, l’émancipation de l’Afrique. Parmi les intellectuels et penseurs contemporains qui interviennent le plus souvent sur la nécessité pour le continent de se prendre en charge, figure en bonne place Boubacar Boris Diop. L’écrivain nous a reçu dans les locaux de la maison d’édition en langues nationales, EJO, fondée il y a trois ans avec quelques amis.
Dans cette seconde et dernière partie de notre entretien, Boris Diop revient sur l’héritage de Cheikh Anta Diop, évoque Senghor sans complaisance, nous parle de la mondialisation et de la néocolonisation sans oublier, à notre demande, de recommander à nos lecteurs quelques auteurs.
Le temps passe et la discussion n’a pas l’air d’avoir commencé tant elle est passionnante. Parfois, le téléphone interrompt notre entretien. Parmi ces appels, celui de sa « sœur » Aminata Dramane Traoré avec qui il a écrit en 2014 La Gloire des imposteurs. Nous abordons plusieurs autres questions. Toujours les devenirs africains au cœur. La colonisation, les indépendances, la néocolonisation, la mondialisation sont au menu.
La colonisation, les indépendances, la néocolonisation, la mondialisation
Sur les indépendances Boubacar Boris Diop, même s’il comprend que nous en sommes encore aux « douleurs de l’enfantement d’une nation », n’en constate pas moins que « les pays anglophones sont beaucoup plus libres et souverains que les pays francophones. Chez eux l’ancien colonisateur n’a pas voix au chapitre et c’est une différence fondamentale avec ce qui se passe dans la Françafrique ». Il parle en connaissance de cause, ayant enseigné pendant quatre ans à l’Université américaine du Nigéria.
« Boris Johnson, alors ministre des Affaires étrangères, y est passé quand j’étais là-bas et les journaux ont à peine mentionné son séjour. »
Il raconte aussi une anecdote significative de l’état d’assujettissement des élites francophones. Un ancien ambassadeur de Grande-Bretagne à Dakar, devenu un ami proche, lui a confié :
« Avant de venir ici, j’ai été en poste à Abuja et si j’avais eu là-bas le même comportement que l’ambassadeur de France au Sénégal, on m’aurait égorgé dans mon propre bureau ! «
Senghor était un être à la fois complexe et complexé
Poussant plus loin son analyse, il observe que la France a eu la chance de pouvoir compter dans son pré carré sur les services d’un homme comme Senghor.
« C’est une chose de contrôler un pays en étant obligé de pactiser avec des soudards brutaux comme Bokassa ou Eyadéma et c’en est une autre de pouvoir s’assurer la même docilité de la part d’un Senghor, grand poète, personne intègre et digne de respect à tous points de vue. Ce qui importe pour le colonisateur, c’est que le résultat est le même, le Sénégal de Senghor n’était pas plus maitre de son destin que le Gabon de Bongo. »
Nous lui rappelons que dans son recueil d’essais L’Afrique au-delà du miroir, il en est un intitulé « Le Sénégal entre Cheikh Anta Diop et Senghor » et il dit avoir fait de son mieux pour être juste avec l’enfant de Joal. Il ne se gêne pourtant pas pour rappeler le fond de sa pensée.
« Senghor était un être à la fois complexe et complexé, c’est ce que j’ai retenu de l’importante biographie que lui a consacrée l’américaine Janet Vaillant. On peut avoir du respect pour l’homme Senghor, un être humain tout à fait décent et honnête qui n’a pas détourné les biens du pays mais qui, tout à son envie de servir la France, a violenté non pas les corps mais les esprits. Il a voulu faire de nous des Français à peau noire. Cette servitude volontaire est tout à fait incompréhensible. Je ne suis pas en train d’exprimer une rancœur personnelle, je n’ai vraiment pas de ressentiment contre Senghor mais tout de même celui qu’on veut nous présenter comme le libérateur de ce pays a clairement clairement exprimé son hostilité à l’indépendance. En témoigne ce passage de son discours de 1950 au Parlement européen de Strasbourg : ‘Au siècle polytechnique de la bombe atomique, le nationalisme apparait dépassé et l’indépendance n’est qu’une illusion.’ Il se fera plus sarcastique en 1956 dans cette déclaration reprise par Marcien Towa dans Léopold Sédar Senghor :Négritude ou servitude : ‘Parler d’indépendance, c’est raisonner la tête en bas et les pieds en l’air, ce n’est pas raisonner. C’est poser un faux débat. » Et Boris Diop de conclure :
« Inutile d’en dire plus, c’est la clarté même des propos de Senghor, la forte conviction qui s’en dégage, qui rendent sa cause si peu défendable. On ne va revenir sur son choix de diriger un pays souverain en continuant à se prévaloir de la nationalité de l’ancienne puissance occupante. »
Les dérives des politiciens ne disent rien de l’âme d’un peuple
Naturellement, Cheikh Anta Diop arrive dans la discussion. Pendant toute leur vie, Senghor et Diop se sont opposés sur la vision, sur la philosophie et sur la démarche capable de tirer l’Afrique du sous-développement. Notre interlocuteur appelle cela « une adversité fondatrice » et revient sur le sort injuste fait à l’auteur de Civilisation ou barbarie.
« Bien avant que le mot ne soit aujourd’hui à la mode, Cheikh Anta Diop a été confiné dans son laboratoire de l’IFAN par celui qui avait mis tout l’appareil de propagande de l’Etat au service de son propre prestige littéraire. En ce temps-là, il n’y en avait, on le sait bien, que pour lui. Mais le verdict de l’histoire est tombé et il montre à quel point ces manœuvres étaient finalement dérisoires. La postérité de Cheikh Anta Diop est tout simplement glorieuse, elle est à l’échelle du monde. En termes de projet pour la jeunesse africaine, celui qui a une proposition, c’est bel et bien Cheikh Anta Diop. »
Que dire alors des résistances et des forces qui, encore aujourd’hui, à l’image des défenseurs de Faidherbe ou du Franc CFA, sont favorables au statu quo ? Quid de ceux qui convoquent à tout bout de champ la mondialisation et le village planétaire pour canaliser les ardeurs d’une jeunesse africaine en quête de liberté et d’identité ? Pour Boris Diop, cela n’a aucun sens de gommer les identités particulières. Il rappelle une phrase de Birago Diop « Ce n’est qu’en enfonçant ses racines dans la terre nourricière que l’arbre s’élève vers le ciel ». En d’autres termes, on ne peut être universel qu’en étant soi-même »…Et notre interlocuteur de préciser :
« On a parfois l’impression que les intellectuels africains, et peut-être surtout les francophones, sont particulièrement friands de la globalisation, de ce monde débarrassé de ses aspérités identitaires vues comme des nuisances. Vous avez tous ces textes à la fois mièvres et prétentieux, faussement savants et qui au fond n’en finissent pas de supplier l’Occident : ‘Ne faites pas attention à la couleur de ma peau, c’est le soleil qui m’a brûlé !’ J’espère que l’actuelle pandémie ouvrira les yeux des plus honnêtes parmi ces gens. Par une chance à peine croyable, le Covid-19 est moins virulent avec nous qu’avec les autres mais qui ne voit, dans cette atmosphère de sauve-qui-peut universel, que même si nous devions y passer tous, faute par exemple de vaccin, cela n’intéresserait personne ? »
Pour être universel il faut être soi-même
À son avis, la mondialisation bien comprise n’a rien à voir avec l’occidentalisation du monde, qui est en fait le rêve secret de certains. Et Diop, semblant réfléchir à haute voix de se demander s’il ne faut pas mettre tout cela en lien avec les traumatismes d’une histoire particulièrement violente. « Nous avons survécu à la Traite négrière et à la colonisation mais nous n’en sommes apparemment pas sortis indemnes. » fait-il remarquer avec une certaine retenue. Une des qualités de cet intellectuel, c’est son effort pour analyser les phénomènes sociaux et historiques avec fermeté mais en restant pondéré. C’est le cas lorsque, pour conjurer la tentation de l’afropessimisme, Boubacar Boris Diop nous fait remarquer que « les dérives des politiciens ne disent au fond rien de l’âme du peuple sénégalais ». Pour l’anecdote, c’est ce qu’il aurait dit dans un pays européen à des jeunes de la diaspora qui n’arrêtaient pas de taper sur les citoyens sénégalais jugés presque tous malhonnêtes, cupides, paresseux et sans courage.
La place des journalistes
Selon Boubacar Boris Diop, le journalisme est par essence la bonne passerelle entre les dirigeants, la société civile organisée et la population mais malheureusement, constate-t-il, le monde médiatique a tendance à s’identifier à l’élite, créant ainsi un entre-soi dont une grande partie de la population est exclue.
« C’est une vision plutôt étriquée de ce noble métier. Les journalistes n’ont souvent d’yeux que pour Dakar et les politiques ont toujours vu l’arrière-pays comme un réservoir électoral inerte. En fait, il y aussi la couverture de l’actualité africaine. J’ai appelé récemment un ami patron de journal pour m’étonner que RFI soit seule à commémorer le soixantième anniversaire de l’assassinat de Lumumba ou à rappeler les grands moments de la vie de Jerry Rawlings. En vérité nous avons, nous les intellectuels ‘francophones’ des comportements quelque peu énigmatiques. Je crois que la seule exception que je connaisse c’est Barka Bâ qui en plus d’un documentaire sur le génocide des Tutsi, connaît sur le bout des doigts la situation dans des pays comme la Guinée-Bissau, la Guinée-Conakry ou le Mali, pays où il se rend régulièrement » assure l’ancien Directeur de publication du Matin.
Il dirige aujourd’hui defuwaxu.com le premier journal en ligne de langue wolof de l’histoire du Sénégal, fondé il y a trois ans avec des amis et où un groupe de ses anciens étudiants de wolof de Gaston Berger jouent un rôle central. Tout est par ailleurs fin prêt pour le lancement ce 7 février 2021 de cours en wolof en ligne.
Un des projets d’après-covid de la maison d’édition est l’organisation d’ateliers d’écriture dont Boubacar Boris Diop assure qu’ils seront surtout pour lui une occasion de partager son expérience de romancier avec ceux qui veulent embrasser une carrière d’écrivain.
Quoi lire ?
La discussion est si intéressante qu’on ne voit pas l’heure filer. Nous culpabilisons un peu de retenir notre hôte sans doute pressé de retourner à son prochain livre en wolof – « Un roman nigérian », précise-t-il – qu’il compte faire paraitre au mois de mai. Et puis, comme on dit chez nous « Mag dañ koy sakkanal »…
Mais nous ne pouvons pas prendre congé de Diop sans lui demander de conseiller à nos lecteurs quelques auteurs.
« Pour dire le vrai, je suis en général plus attaché à des textes particuliers qu’à un auteur, je crois qu’il est possible de n’aimer vraiment qu’un seul roman de tel ou tel écrivain en détestant tout le reste de sa production. Cela dit, en fiction je conseillerais bien le ghanéen Ayi Kwei Armah, puissant brasseur de mondes et d’époques, les romans en wolof de Cheik Aliou Ndao mais aussi l’argentin Ernesto Sabato, qui raconte quelque part, d’une façon saisissante, les derniers instants de Che Guevara. Je suis littéralement fou d’un roman comme Disgrace du sud-Africain John Coetzee et je place très haut Pedro Paramo de Juan Rulfo et Le monde s’effondre de Chinua Achebe. Pour les essais, je mets en tête Cheikh Anta Diop, Aimé Césaire et le kenyan Ngugi wa Thiong’o. »
Il commence à se faire tard. Pape Moussa Diop, alias « Pappaa », l’assistant éditorial de EJO, nous propose un chocolat chaud. Il est d’autant plus bienvenu qu’en le dégustant, nous pouvons glisser deux ou trois autres questions… sans problème de conscience…
Nous en venons ainsi à évoquer, par exemple, l’affaire Diary Sow qui est à ses yeux « une réussite individuelle exemplaire qui a fini par symboliser notre naufrage collectif. Et cela a eu lieu sous le regard éberlué et un rien moqueur du monde entier. On a beau vouloir éviter les raccourcis mais parfois on a l’impression que certaines choses ne peuvent arriver qu’au Sénégal, que si on peut dire d’un pays qu’il est farfelu, le nôtre l’est assurément ».
Quand nous cherchons à savoir s’il y a selon lui des chances que la jeune fille reprenne une vie normale, il avoue, un peu surpris par la question, n’en rien savoir et ajoute : « Les choix de vie d’une personne majeure ne me regardent évidemment pas, à la fin des fins elle fera ce qu’elle voudra mais dans cette période de transition où elle se trouve, le plus urgent est de la protéger d’une société cannibale mais aussi, je crois, de son propre imaginaire. Mon sentiment est que, quoi qu’elle prétende, elle risque de se faire beaucoup de tort. Ce serait bien triste, car c’est l’une des plus belles intelligences produites par ce pays ».
«SI L’ON NE FEMINISE PAS DAVANTAGE LES SCIENCES, LA TECHNOLOGIE, L’INGENIERIE ET LES MATHEMATIQUES, LE MONDE CONTINUERA D’ETRE...»
Antonio Guterres, le Secrétaire général des Nations Unies (ONU), appelle à féminiser davantage les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques…
Dans un message rendu public à l’occasion de la Journée internationale des femmes et des filles de science, célébrée hier, jeudi 11 février 2021, Antonio Guterres, le Secrétaire général des Nations Unies (ONU), appelle à féminiser davantage les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques… Il reste convaincu que faire progresser l’égalité des genres dans les sciences et les technologies est essentiel pour bâtir un avenir meilleur. «Faire progresser l’égalité des genres dans les sciences et les technologies est essentiel pour bâtir un avenir meilleur. Nous l’avons constaté une fois de plus dans la lutte contre le COVID19.
Les femmes, qui représentent 70% du personnel de santé, ont été parmi les plus touchées par la pandémie et ont été souvent en première ligne des efforts pour la vaincre. Les inégalités entre sexes ont augmenté très fortement au cours de l’année écoulée, les femmes ayant le plus pâti des fermetures d’écoles et du télétravail. Beaucoup de femmes scientifiques ont vu leurs laboratoires fermer et ont dû s’occuper davantage de leurs enfants et de leurs proches, ce qui a amputé leur temps de recherche. Pour ces femmes, ces complications sont venues aggraver une situation déjà difficile.
Selon l’UNESCO, les femmes ne constituent qu’un tiers des chercheurs dans le monde et occupent dans les grandes universités des postes moins importants que les hommes. Ces disparités font qu’elles publient moins, sont moins visibles, obtiennent moins de reconnaissance et, surtout, reçoivent moins de financements. Parallèlement, l’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique perpétuent les préjugés existants.
Les femmes et les filles ont toute leur place dans les sciences. Et pourtant, les stéréotypes écartent les femmes et les filles des carrières scientifiques. Il est temps d’admettre qu’une plus grande diversité favorise une plus grande innovation. Si l’on ne féminise pas davantage les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques, le monde continuera d’être façonné par et pour les hommes et le potentiel des filles et des femmes restera inexploité. Nous devons faire en sorte que les filles aient accès à l’éducation qu’elles méritent et qu’elles puissent se projeter dans les métiers de l’ingénierie, de la programmation informatique, du cloud, de la robotique et des sciences de la santé. Cela est indispensable si nous voulons atteindre les objectifs de développement durable.
Augmenter le nombre de femmes dans les métiers scientifiques permettrait de combler l’écart de rémunération entre les sexes et d’accroitre les revenus des femmes de 299 milliards de dollars au cours des dix prochaines années. Les compétences scientifiques permettraient également de combler la fracture dans l’usage d’Internet au niveau mondial. Ensemble, mettons fin à la discrimination fondée sur le genre et permettons à toutes les femmes et les filles de réaliser leur potentiel et de participer pleinement à l’édification d’un monde meilleur pour toutes et tous.»
CES STEREOTYPES ET CONTRAINTES QUI FREINENT LES FEMMES
En cette période de pandémie à Covid-19 le thème de cette célébration a porté sur «Les femmes scientifiques à la pointe de la lutte contre la Covid-19»
La Journée internationale des femmes et des filles de sciences a été célébré hier, jeudi 11 février dans le monde entier. En cette période de pandémie à Covid-19 le thème de cette célébration a porté sur «Les femmes scientifiques à la pointe de la lutte contre la COVID-19».
En effet, bien qu’elles ne constituent qu’un tiers des chercheurs dans le monde et occupent dans les grandes universités des postes moins importants que les hommes, les femmes, qui représentent 70% du personnel de santé, ont été parmi les plus touchées par la COVID-19 et ont été souvent en première ligne des efforts pour la vaincre. Alors quelle est la place des femmes/filles dans les sciences au Sénégal ? Quelles sont les contraintes liées à leur accès aux filières scientifiques ? Comment les y intéresser ? Des acteurs posent le débat
AMINATA COLLÉ FAYE, PRÉSIDENTE DE L’ASSOCIATION DES FEMMES POUR LA PROMOTION DES SCIENCES ET DE LA TECHNOLOGIE AU SENEGAL : «Pour motiver les femmes et les filles à rester dans les filières scientifiques, il faut leur octroyées des bourses, des aides, parce que…»
«En ce qui concerne les études, je pense que les facteurs qui éloignent les femmes et les filles des domaines liés à la science, c’est surtout une peur, une peur qui n’est même pas motivée. Les filles vous disent toujours que les mathématiques sont très difficiles. Mais, ce n’est pas difficile, c’est comme le français, comme l’anglais. Vous apprenez, vous appliquez et vous y êtes. Il y a également les facteurs qui font qu’à la maison, les filles n’ont pas assez de temps pour étudier. Alors, elles sont confrontées aux travaux domestiques, surtout dans les campagnes. Alors là, quand elles sont en classe, peut-être que les garçons les dominent un peu. Dès qu’un garçon a une moyenne supérieure à la fille qui est a côté, elle se sent frustrée et se dit : «ce n’est pas la peine». Mais c’est bien la peine, il faut juste apprendre. Elles ont une peur qui n’est pas motivée et cette peur est en train de disparaitre. Parce que si on regarde maintenant autour de nous, elles sont en train d’embrasser les filières scientifiques. Pour motiver les femmes et les filles à rester dans les filières scientifiques, il faut leur octroyées des bourses, des aides, pour qu’elles puissent aller continuer leur études dans les écoles de sciences. C’est assez difficile pour certains parents ; mêmes s’ils veulent que les enfants fassent ces études-là, ils n’ont pas les moyens. Le thème de cette célébration porte sur les femmes scientifiques à la pointe de la lutte contre la COVID-19. C’est tout à fait un thème très pertinent. Parce que la femme est la base de la société. Elles sont capables d’expliquer aux autres ce qu’est un virus. Donc, ces femmes scientifiques au niveau du ministère de la Santé vont permettre une plus grande vulgarisation de ces mesures (édictées) pour la lutte contre la COVID-19, en respectant tout ce qui a été dit.».
CHEIKH MBOW DE LA COSYDEP : «La majorité des filles opte plus pour la littérature que pour les séries scientifiques et ce par manque de courage»
«Pour apprécier la place des femmes et des filles de la science au Sénégal, il faudra d’ores et déjà mettre l’accent sur les intentions, c’est-à-dire qu’est-ce que la politique éducative prévoit, pour ensuite terminer par la réalité, en l’occurrence ce qui se passe sur le terrain. Dans les Intentions, il faut noter que le Sénégal opte pour une bonne politique quant à l’insertion des filles dans les systèmes éducatifs, plus particulièrement dans les sciences et technologies notamment avec un certain nombre de quotas qui leur est destiné dans les lycées et établissements scientifiques. Mais, dans la réalité, il est à noter qu’en réalité le taux de scolarisation de ces dernières est très faible aussi bien à l’élémentaire qu’aux niveaux supérieurs… Il est aussi à noter que, dans la réalité, à travers les concours et évaluations organisés tant au niveau national que sous régional, les filles sont de loin devant les hommes pour ne pas dire qu’elles excellent dans ce domaine c’est-à-dire les séries scientifiques.
LES TROIS CONTRAINTE MAJEURES A L’ACCES DES FILLES AUX MATIERES SCIENTIFIQUES
Sur les contraintes liées à l'accès en nombre important de femmes/filles aux filières scientifiques et technologiques, je pense qu’il y en a beaucoup. D’abord il y a des contraintes d’ordres socioculturelles : beaucoup pensent que les sciences ne sont réservés que pour les garçons ; ce qui justifie, par ailleurs, la faible présence des filles dans les matières scientifiques. L’autre facteur socioculturel, c’est lié au travail domestique. Les filles ont moins de temps à consacrer aux études, surtout en milieu rural. Elles sont sur-sollicitées à la maison et elles ont moins de temps que les garçons. L’autre contrainte peut être la faiblesse du dispositif d’orientation. On se doit de les aider afin de résorber le gap notoire quant à leur présence sur les séries scientifiques mais aussi et surtout les aider à démystifier ces dites séries. Le troisième facteur peut être les méthodes pédagogiques : l’Etat doit entamer une politique de rénovation des méthodes pédagogiques par rapport au Curricula mais aussi par rapport au support pédagogique face au manque de matériel. Quand on dit sciences, cela nécessité un travail à domicile. Donc disposer de matériels à la maison, de suffisamment de matières, pour nous, c’est aussi un élément important. Il faut aussi noter que la majorité des filles opte plus pour la littérature que pour les séries scientifiques et ce par manque de courage.
«POUR SUFFISAMMENT DE PSYCHOLOGUES-CONSEILLERS ET PLUS DE FEMMES DANS LE CORPS ENSEIGNANT DES FILIERES SCIENTIFIQUES»
Pour intéresser les filles aux matières scientifiques et technologiques il faut voir le lien entre les dispositions littéraires et les sciences. Aujourd’hui, il y a des filles ou des jeunes, de manière générale, qui peuvent avoir des difficultés à performer en sciences, pas parce qu’elles en sont incapables, mais parce que la matière d’enseignement est faite telle sorte qu’elles ont des difficultés d’accéder aux connaissances. Aujourd’hui, pour nous, la langue d’apprentissage c’est un élément essentiel parce qu’elle va permettre aux enfants de mieux comprendre ses filières. Ça, c’est un élément. Pour un autre élément, il faut qu’on ait suffisamment de psychologues-conseillers. Au Sénégal, il n’y a qu’un psychologue-conseiller pour 9600 élèves. Vous voyez donc que les enfants ne sont pas tous suivis pour qu’on soit capable de détecter leurs talents et les mettre en confiance à l’école. Donc ça c’est un système d’orientation aussi qu’il faut interroger pour que les enfants puissent prendre conscience de leurs talents. Le troisième élément, c’est qu’il faut aussi lever les faux arguments. Tout ce qui est préjugés, il faut les lever à travers évidemment beaucoup d’initiatives. Déjà, si nous avons des femmes modèles qui ont réussi en sciences et qui portent leurs plaidoyers, ça peut être excellent. Mieux, plus de femmes dans le corps enseignant des filières scientifiques ça peut encourager. Il faut aussi Initier les enfants dans les matières scientifiques dès le bas âge. Il ne faut pas entendre qu’elles soient en classe de Terminale où en Seconde pour s’intéresser à la place des filles dans les sciences. Faites le dès le bas âge et puis le préscolaire ; il faut commencer déjà à les mettre dans des situations de recherche, de questionnement, de découverte… C’est ça qui fera que très tôt elles commencent à démystifier la science, à avoir l’amour de la science et, progressivement à l’élémentaire, au moyen et secondaire. Donc, pour nous, installer ce réflexe scientifique dès le premier âge, c’est aussi un élément essentiel si nous voulons y aller.»
EL KANTARA SARR, SECRETAIRE GÉNÉRAL DU SIENS : «Le développement des sciences et de la technologie est marqué par de grandes figures féminines de renom qui ont changé le monde, mais insuffisamment reconnues comme modèle…»
«Cette Journée internationale des femmes et filles de sciences contribue hautement à la promotion et au renforcement de la participation pleine et équitable des femmes et des filles à la science, en permettant de rappeler que les femmes et les filles jouent un rôle essentiel dans la communauté scientifique et technologique. En effet, le développement des sciences et de la technologie est marqué par de grandes figures féminines de renom qui ont changé le monde, mais insuffisamment reconnues comme modèle de sorte à susciter, malgré les multiples barrières socioculturelles et d’egos, des vocations chez les filles. Par ailleurs, malgré certaines avancées notables, il est établi, selon un rapport du Groupe de la Banque Africaine de Développement (BAD) que les besoins du continent africain, notamment le développement de ses infrastructures, son industrialisation, la modernisation de son agriculture, l’essor de son secteur privé et l’amélioration de ses systèmes de gouvernement et de redevabilité, ont pour dénominateur commun la nécessité de disposer de personnes en mesure d’acquérir des compétences scientifiques et technologiques. Aucune amélioration n’est envisageable dans la qualité de vie des africains sans que l’on ne consente des investissements en matière de compétences professionnelles, de matières scientifiques, de technologies et d’innovations. En effet, on constate que les investissements engagés par des pays dans ces domaines, ont apporté des gains indéniables en termes de développement économique. De la même manière, ces pays ont profité de l’inclusion de la dimension genre, par laquelle des femmes sont outillées au même titre que les hommes, en connaissances et en moyens d’accès à la science et la technologie dans tous les domaines ; ce qui leur permet de résoudre les problèmes auxquels elles sont confrontées dans leur vie de tous les jours.
SEULS 34% DES CHERCHEURS SONT DES FEMMES, EN AFRIQUE
Pour les contraintes liées à l’accès en nombre important de femmes/filles aux filières scientifiques et technologiques, aujourd’hui encore, des femmes et des filles se heurtent à des obstacles supplémentaires rien que pour bénéficier d’une éducation de base. La répartition traditionnelle des rôles selon le sexe se manifeste également dans le monde scolaire et universitaire où seule une minorité de femmes s’engage dans des disciplines scientifiques et technologiques avec des effets négatifs sur nos sociétés. Partant, seul le tiers des chercheurs du monde sont des femmes. Et, en Afrique, le pourcentage est de 34%. Cette situation découle principalement de l’existence d’un «plafond de verre» pour les femmes dans certains domaines, la faible sensibilité au genre et de fortes inégalités dans l’offre de services éducatifs et dans la mise en œuvre des politiques éducatives, la discrimination en défaveur des filles dans l’accès à certaines filières pour plusieurs raisons qui peuvent être liées à des croyances et réalités socio culturelles, de modèles éducatifs incitatifs à l’orientation et au maintien des filles dans les filières scientifiques,…
«DES DONNEES MONTRENT QU’IL EST PLUS QU’URGENT D’OPTIMISER LE POTENTIEL LATENT DES FILLES/FEMMES…»
Le Sénégal a une structure de population (2019) légèrement en faveur des femmes (50.2%) par rapport aux hommes (49.8%). En écho à cette vision, l’Etat ambitionne à tous les niveaux d’enseignement, de réorienter le système éducatif vers les sciences et la technologie, (CNAES et ANEF) et formule dans ses documents de politique éducative, l’ambition de promouvoir l’inclusion des filles ainsi que la lutte contre les inégalités et les discriminations tout en œuvrant à l’égalité des genres et l’autonomisation des filles et des femmes, ainsi que le renforcement de l’accès et du maintien des filles dans les filières de Sciences et Techniques Industrielles (STI). Du point de vue des performances scolaires, le dernier rapport d’évaluation du PASEC a révélé sur un échantillon aléatoire avec un indice de parité en faveur des garçons/hommes (élèves/enseignants), qu’il n’y a pas eu de différence significative absolue entre les filles et les garçons en mathématiques et en fin de cycle primaire contrairement aux résultats enregistrés en début de cycle. Ces données montrent qu’il est plus qu’urgent d’optimiser le potentiel latent des filles/femmes de sorte que la tendance positive constatée en début de scolarité se maintienne jusqu’au supérieur et que cela se traduise concrètement dans le choix des filières prioritaires et en termes de performances et débouchés.
COMMENT INTERESSER LES FILLES AUX MATIERES SCIENTIFIQUES ET TECHNOLOGIQUES ET INVERSER LA DYNAMIQUE NEGATIVE ?
Pour intéresser les filles aux matières scientifiques et technologiques, il faut informer et travailler à démontrer en : 1, qu’ il convient de recruter les meilleurs talents pour la science et la technologie abstraction faite du genre ; deuxièmement, que l’investissement dans l’éducation des filles et la formation des femmes apporte des bénéfices à la société ; troisièmement, que plus une communauté de chercheurs est diversifiée, plus ses résultats et les questions étudiées seront diversifiés et intéressants pour le développement des connaissances et enfin en 4, que chaque individu a le droit de réaliser son potentiel, quel que soit son sexe. La création d’écoles d’excellence uniquement réservée aux filles et une politique systématique de modélisation d’exemples de réussite dans les créneaux d’excellence, la détection précoce des talents, leur accompagnement, orientation et protection contre les risques de décrochage socialement provoqués pourraient, entre autres éléments, contribuer à inverser la dynamique négative de ce point de vue.».
USA - FEMMES DE SECIENCES : Distinction de la mathématicienne sénégalaise Marième Ngom (31 ans)
La jeune sénégalaise Marième Ngom, 31 ans, titulaire d’un doctorat en mathématiques de l’Université de l’Illinois à Chicago, figure parmi les 28 mathématiciens noirs nominés ce mois de février, par le réseau des minorités en Sciences Mathématiques. D’après le communiqué parvenu à Emedia, l’institut Mathematically Gifted and Black célèbre la diversité dans le domaine universitaire en Sciences Mathématiques, et met en lumière des mathématiciens et mathématiciennes noirs talentueux qui contribuent fortement à l’avancée de la recherche pure ou appliquée.
Dr Marième Ngom a grandi à Mboro, dans la région de Thiès, et est titulaire d’un baccalauréat S1. Ayant fait les classes préparatoires aux grandes écoles, elle quitte la France avec un diplôme d’ingénieur et deux masters en informatique et mathématiques, avant de s’envoler aux Etats-Unis pour y faire un PhD. "Nous sommes ravis de mettre en lumière 28 mathématiciens noirs chaque février et de partager leurs histoires avec vous. Vous pouvez voir des visages familiers ou inconnus, et nous espérons que vous apprendrez quelque chose de nouveau", lit-on sur leur site.
«CHEIKH ANTA DIOP NE REPOSERA JAMAIS EN PAIX SANS LA CREATION DE L’INSTITUT D’EGYPTOLOGIE !»
Invité de l’émission matinale d’Iradio, Aboubacry Moussa Lam, professeur et égyptologue de classe exceptionnelle à l’UCAD et disciple de Cheikh Anta Diop, ne fait pas dans la langue de bois pour asséner ses vérités à qui veut l’entendre
35 ans après la mort de l’éminent savant africain, Cheikh Anta Diop, la conscience historique qui est la seule arme pour se départir du rouleau compresseur de l’occident tarde à prendre forme. Invité de l’émission matinale d’Iradio ce lundi 08 février, Aboubacry Moussa Lam, professeur et égyptologue de classe exceptionnelle au département d’histoire à l’UCAD et disciple de Cheikh Anta Diop, ne fait pas dans la langue de bois pour asséner ses vérités à qui veut l’entendre. A l’en croire, « sans l’Institut d’Egyptologie pour pérenniser la pensée de cheikh, ce dernier ne se reposera pas dans sa tombe. Ce qui fait que Cheikh Anta Diop est mort de désespoir ».
« Le Blanc te tue spirituellement, culturellement puis physiquement. Ils ont créé un vide autour de lui. Le dernier jour de sa mort, il n’y avait que ses proches. Du point de vue politique, Cheikh Anta Diop avait le malheur d’avoir le président Senghor comme adversaire. En effet, le président Senghor avait le soutien de la métropole. Par contre, Cheikh Anta Diop était aux antipodes du système mis en place par la puissance coloniale ». Ces propos sont du professeur Aboubacry Moussa Lam.
A en croire l’éminent historien, disciple de Cheikh Anta Diop, le projet de musellement du savant était manifeste. Car la pensée de Cheikh Anta était perçue à l’époque comme une menace pour l’Occident. De ce fait, dès son retour au pays pour participer à la formation des jeunes cadres, le système d’alors sous la direction du président Senghor, avec la complicité de l’hexagone, avait isolé le savant Cheikh Anta Diop à l’IFAN. « Ils étaient convaincus que l’enseignement de Cheikh allait influencer la jeunesse estudiantine d’alors. Et cela continue jusqu’à présent. Mais il faut reconnaitre que l’ancien président Abdou Diouf avait beaucoup fait pour que le savant puisse enseigner à l’université » reconnaît le disciple du « Pharaon du Savoir ». Ce n’est qu’en 1981, en effet, que Cheikh Anta Diop a commencé à enseigner à l’université qui porte aujourd’hui son nom, dix ans après la sénégalisation en 1971 de cette dernière.
Parlant des détracteurs de Cheikh Anta Diop, son disciple estime qu’il est difficile de critiquer le savant. Car, les faits lui ont donné raison. Sur l’Afrique berceau de l’humanité mais également sur la civilisation égyptienne qui est négro-africaine.
L’absence de nationalisme, le mal dont souffre le continent
Le professeur Aboubacry Moussa Lam ne fait pas dans la langue de bois. « A la différence des Asiatiques qui se réclament du nationalisme avant toutes ces idéologies que sont le capitalisme, le socialisme ou le libéralisme, les Africaons, eux, manquent de nationalisme. Par contre l’Afrique est le laboratoire de toutes ces idéologies étrangères » s’étrangle de colère l’historien. Selon lui, dans le livre de Cheikh Anta Diop intitulé « Les fondements économiques et culturels d’un Etat fédéral d’Afrique noire », le savant avait donné les solutions économiques afin de sauver le continent des prédateurs qui le dépècent. Le professeur Aboubacry Moussa Lam est allé plus loin dans sa logique.
A l’en croire uta, l’une des preuves manifestes du manque de volonté politique de l’Etat du Sénégal se trouve dans la non construction de l’institut d’égyptologie de Dakar afin de pérenniser la pensée de Cheikh Anta Diop. La non-existence d’un tel institut fait qu’il n’y a que des maitres assistants dans cette spécialisation. De ce fait, l’enseignement de l’égyptologie est menacé à Dakar selon le doyen Aboubacry Moussa Lam. Et de crie avec force que « rien ne vaut la conscience historique, de ce fait sans l’institut d’égyptologie le savant Cheikh Anta Diop ne se reposera pas dans sa tombe. Il est mort dans un profond désespoir » se désole le disciple de l’éminent savant africain Cheikh Anta Diop qui fut de son vivant un « Pharaon du Savoir »…
ÉTUDIANTS SÉNÉGALAIS EN FRANCE, UN MAL ÊTRE TABOU
La médiatisation de la disparition de Diary Sow a mis en lumière les difficultés que rencontrent les 9.000 Sénégalais qui partent étudier dans les grandes prépas ou à la fac, du choc culturel à la pression familiale
Libération |
Marie Piquemal |
Publication 08/02/2021
«Au Sénégal, ils ne comprennent pas. C’est tout le problème.» Modou (1), 21 ans, glisse ces mots au sujet de Diary Sow, cette étudiante sénégalaise, en prépa à Louis-le-Grand, qui s’est volatilisée un matin de janvier. Elle a donné signe de vie depuis et s’apprête à publier son deuxième roman. Modou est sur la réserve, il ne tient pas à parler d’elle et veut rester anonyme pour qu’on ne le contacte pas. Mais leurs parcours sont similaires, et racontent les espoirs que nourrissent les jeunes Sénégalais en venant étudier en France. Et le choc, souvent, à leur arrivée.
Diary et Modou étaient dans la même promo au lycée d’excellence de Diourbel, à l’est de Dakar. L’un et l’autre sont arrivés en France en septembre 2019, à quelques jours d’intervalle, parachutés dans des prépas scientifiques d’élite, dans les beaux quartiers parisiens, sans bien savoir où ils mettaient les pieds. «Je ne connaissais même pas le nom des grandes écoles. Il y a beaucoup de choses que l’on découvre seulement une fois en France, raconte Modou. Au Sénégal, tu déposes juste un dossier pour une demande de bourse. Et on te dit : «Toi, tu es orienté dans telle ou telle prépa, tu as le niveau pour.» Rien d’autre. On ne te donne pas le choix.» Bien sûr, il est toujours possible de refuser, «mais comment rejeter une telle opportunité ? Ta famille nourrit beaucoup d’espoir».
Modou se souvient de son arrivée, «quand tu te retrouves à l’aéroport, seul, sans savoir où aller. Tu suis la masse des Sénégalais». Pourtant, comme Diary Sow, il fait partie des privilégiés : les 60 élèves aux résultats scolaires les plus prometteurs, qui se sont distingués par leurs moyennes au bac et au concours général. L’Etat sénégalais leur verse une bourse d’excellence et les envoie poursuivre leurs études en France dans des grandes prépas, où des places leur sont réservées dans le cadre d’accords binationaux. «On reçoit 600 euros par mois, une somme énorme pour nous : ça représente quasiment le salaire d’un professeur au Sénégal.»
Un démarrage abrupt
Modou s’exprime avec une voix grave et posée. Il reprend sa respiration : «La famille considère que tu as déjà réussi ta vie. Ils ne peuvent pas concevoir qu’avec tout cet argent, tu ne puisses pas aller bien. Ils ne s’imaginent pas ce que l’on traverse. Comment leur dire ? Ça ne sert à rien, ils ne comprendraient pas.» Quand il téléphone à sa famille, il a appris à contenir, à dire «ça va» et à faire semblant. Le soir, il se répète qu’il doit tenir, qu’il n’a pas le choix. «Abandonner la prépa, ça voudrait dire perdre la bourse et redevenir un poids pour ta famille. Seuls les fortunés peuvent se le permettre.» Il insiste aussi sur «la pression» de la famille, même inconsciemment, «dans ce que représente la France. Ils ne connaissent pas le système des prépas, l’exigence qui est demandée. On croit avant d’arriver qu’il suffit de travailler dur, mais ce n’est pas que ça.»
Le démarrage est toujours abrupt dans les grandes prépas. Encore plus pour les étudiants étrangers : la majorité des Sénégalais ratent la première semaine de cours, les visas n’ayant pas été délivrés dans les temps. Modou se souvient aussi de ce vertige, quand il s’est aperçu une fois en classe qu’il y avait des œuvres à lire pendant l’été et des exercices à faire. «Personne ne nous l’avait dit. Tu découvres en arrivant que tu as déjà du retard. Et que tu n’auras pas le temps de le rattraper.»
Il évoque aussi ces «petites choses» du début, «quand tu arrives sans rien et que tu ne sais pas où aller». Où acheter des draps, des habits chauds, une casserole ? A l’internat d’excellence où sont hébergés des étudiants boursiers venus de toute la France, et la petite poignée d’étrangers méritants, comme lui ou Diary Sow, l’équipe est pourtant aux petits soins, avec des moyens qui feraient rêver n’importe quel établissement : cours de soutien à volonté par des profs de prépa, salle de sport flambant neuve, psychologue en accès libre, programme culturel mirobolant… «On fait tout ce qu’on peut pour les aider, mais pour les étudiants sénégalais, c’est extrêmement difficile. Certains débarquent dans le dénuement le plus total, en tongs et chemise. On leur avance de l’argent les premiers temps car, souvent, ils n’ont pas de quoi manger. La bourse met plusieurs semaines avant d’être versée et sans qu’ils aient été prévenus», raconte Yann Marolleau, CPE de l’internat.