Dakar, 24 avr (APS) - L’acteur français d’origine sénégalaise Ahmed Sylla, le nouvel adjoint du commandant Marquand dans la série ‘’Alice Nevers, le juge est une femme’’, diffusée tous les jeudis à 20 h 50 sur TF1, la première chaîne française, dit nourrir le rêve de jouer à Dakar, le pays de ses parents.
‘’Un de mes rêves notamment, c'est de jouer mon spectacle à Dakar’’, a déclaré Ahmed Sylla, 24 ans, né à Nantes, de parents commerçants qui se sont évertués à donner à leurs progénitures ‘’une éducation équilibrée : à la fois africaine et française’’.
‘’Ma première rencontre avec l'Afrique, et notamment le Sénégal, le pays de mes parents, remonte à 1997. C'est la première fois que j'y mettais les pieds. Je n'ai pas beaucoup de souvenirs de cette époque, car je n'avais que sept ans !’’, raconte-t-il dans des propos relayés par le site dédié à l’actualité africaine par l’hebdomadaire français Le Point.
‘’En 2009, j'y suis retourné, pour la seconde fois, avec un ami et ses parents. Là-bas, j'ai fait la rencontre d'une partie de ma famille. J'ai découvert mes racines et une nouvelle façon toute simple et agréable de vivre. Cela m'a forgé et marqué. C'est pour cela que j'espère y retourner très prochainement, même si aujourd'hui le temps me manque’’, dit-il.
‘’Ma mère tient un petit restaurant africain sur Nantes. C'est une femme assez active dans la vie nantaise. Elle aime faire découvrir l'Afrique à travers les produits qu'elle vend’’, a relevé le jeune acteur, comptant deux frères et une sœur.
‘’Je n'ai pas fait d'école de théâtre. Juste des cours au collège, à l'Externat des enfants nantais, avec une professeure exceptionnelle, madame Moneger (Christine Moneger, NDLR). C'est la première personne qui m'a poussé à monter sur les planches’’, témoigne Ahmed Sylla.
Il ajoute : ‘’Elle m'a dit : ‘On parle souvent de toi. Il paraît que tu adores faire le pitre en cours. Viens faire du théâtre avec nous. Cela va t'aider à extérioriser tout ce que tu as’’’.
‘’Au début, raconte-t-il encore, j'étais un peu réticent. Le théâtre, pour moi, c'était Molière et compagnie ! Mais, après mon premier cours, je me suis juré de ne jamais arrêter. Lors des représentations de fin d'année, élèves, professeurs et parents nous applaudissaient ! C'était ma première fois de ne pas prendre d'heures de colle parce que je faisais rire les gens’’.
Selon lui, sur le plan professionnel, tout a commencé pour lui en 2010, en postant des vidéos sur Facebook. ‘’C'était juste pour faire rire mes amis, pour les amuser. Un jour, un producteur m'a contacté. Il s'appelle Samba Kanté. Il m'a proposé de rejoindre sa troupe pour des scènes ouvertes’’, révèle le jeune acteur.
‘’Même si je ne voulais pas faire de l'humour mon métier, l'idée m'a plu. J'ai donc pris le premier train pour Paris où j'ai intégré Le Samba Show. J'ai eu l'occasion de me produire dans des salles comme le Casino de Paris, le théâtre Bobino ou encore le Cabaret sauvage’’.
‘’En 2011, poursuit Ahmed Sylla, j'ai intégré, suite à un casting, l'émission de Laurent Ruquier, On n'demande qu'à en rire sur France 2. Tout est véritablement parti de là. J'ai été de plus en plus sollicité. Mais je faisais les choses sans me prendre la tête, sans calcul, même si aujourd'hui j'ai une équipe autour de moi, notamment mon frère, Moussa, qui est devenu mon manager’’.
‘’L'équipe d'Alice Nevers recherchait quelqu'un pour remplacer Noam Morgensztern. Il jouait Max, l'adjoint du commandant Marquand. Il ne s'agissait donc pas de trouver un comédien noir ou issu de l'immigration. Le challenge, c'était de trouver un acteur drôle, mais crédible en tant que policier. Le rôle me plaisait. J'ai donc tenté ma chance’’, fait-il savoir.
‘’Je veux tout le temps surprendre les gens, être là où ils ne m'attendent pas. Avec ce rôle sur la première chaîne de télévision française, beaucoup m'attendent au tournant. Ils sont nombreux à se demander ce que ça va donner. Je suis impatient qu'ils me découvrent lors de cette saison, parce que je sais que je vais les surprendre’’, souligne celui qui veut juste faire son bout de chemin en restant lui-même.
‘’J'ai été triste, comme beaucoup, à la disparition de Mouss Diouf, une personne pour qui j'avais de l'admiration. Grâce à leur parcours et à leur visibilité, on se dit que c'est aussi possible pour nous. Je n'essaie toutefois pas de marcher sur leurs pas. Je ne veux pas copier ce qu'ont fait mes aînés. Je veux juste faire mon bout de chemin et être Ahmed Sylla, c'est-à-dire être moi !’’, déclare-t-il.
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TRANCHE DE VIE D’UNE TRIBU D’AMAZONIE
UN PEUPLE COUPÉ DU MONDE, UN MODÈLE DE VIE PRÉHISTORIQUE, LA LÈVRE INFÉRIEURE PERFORÉE POUR ENFONCER UN ''POTURU''
PAR FRÉDÉRIC ATAYODI DE SENEPLUS |
Publication 24/04/2014
Amazonie. La plus grande forêt tropicale du monde. Dans ce vaste écosystème, vit une tribu appelée les Zo. Ses membres mènent une vie modeste et paisible en parfaite osmose avec la nature. Ils sont "naturistes" nés, vivent de cueillette et de chasse. Un mode de vie bien éloigné du monde moderne de ce siècle.
Peuple de la vaste forêt amazonienne du Brésil, les Zo mènent une vie qui pourrait rappeler à certains celle de l’homme préhistorique. Bien loin du stress de la société postindustrielle. Une équipe journalistes asiatiques les a filmés dans leur environnement naturel. Un aventure menée en hélicoptère puisqu’il n’y a aucune route terrestre pour accéder à ce peuple atypique.
À la vue de l’hélicoptère qui vient de se poser, enfants et grandes personnes, visiblement subjugués par le "gros monstre" à moteur, accourent. Commence alors les échanges de "civilités".
Tout étonne les Zo chez l’homme ‘’moderne’’. Ils sont fascinés et émerveillés par leurs hôtes asiatiques. Ils essaient de toucher à tout : la montre, les lunettes, le téléphone portable, la caméra… Y compris les cheveux des visiteurs. Tant de nouveté ! Toujours est-il qu’ils dégagent la joie et semblent épanouis.
La date de découverte des Zo divise les chercheurs. C’est seulement en 1987 pour les Uns. Au début des années 60, pour les autres.
Cette tribu est très conservatrice. Dans leur jungle, ils tiennent à préserver leurs spécificités : coutumes, traditions, cadre de vie… Même si l’industrialisation outrancière devient une grande menace pour eux.
Ces objets blancs en forme d’entonnoir qu’ils ont enfoncé dans leurs lèvres inférieures perforées, c’est le "poturu", un signe ingresque de leur culture.
Notons qu'environ 240 tribus répertoriés vivent au Brésil aujourd’hui, soit 900 mille personnes, représentant 0,4% de la population. Le gouvernement a reconnu 690 territoires indigènes qui couvrent environ 13% de la superficie du Brésil. 98,5%, soit la presque totalité de ces territoires, se trouvent en Amazonie.
SenePlus vous propose dans cette vidéo de découvrir cette tribu qui, sûrement, n'échangerait pour rien au monde son BIB (Bonheur intérieur brut) contre l'ensemble la somme des PIB (Produit intérieur) du monde industrialisé et dit "sophistiqué".
«A new day», c’est le titre du nouvel opus lancé hier mercredi 23 avril par le chanteur Ibrahima Loucard dit Carlou D, à Dakar. Un album sorti à l’international et qui a enregistré l’intervention de plusieurs pointures de renom dont le suédois Eagle Eye Cherry, l’israélienne Ester Rada et la Sud africaine Bérita.
Carlou D passe du national à l’international avec son nouvel album «A new day». Pour cette fois ci, le chanteur qui fait une fusion de sonorités acoustiques dans un style hip hop, a collaboré avec de grosses pointures de la musique mondiale. Enregistré entre Dakar et Stockholm, et mixé entre New York, Paris et Stockholm, l’album sort officiellement le 25 avril prochain au Sénégal, a renseigné l’artiste au cours d’une conférence de presse tenue hier à Dakar.
Au niveau international, il se fera en septembre avec le label de distribution Harmonia Mundi. Pour Carlou D, ce 6ème opus a été préparé de manière intensive durant ces dernières années afin d’apporter sur la scène musicale mondiale une nouvelle touche afro pop.
Dans cet album, l’artiste a collaboré avec de grands noms de musique dont Eagle Eye Cherry, l’auteur du single «save Tonight» certifié disque d’or dans de multiples pays, l’israélienne Ester Rada et le sud africain Berita dont son album «conquering spirit» a été élu récemment meilleur album pop africaine par le 12ème prix métro Fm. Pour cette production de Carlou D, aucun artiste sénégalais n’y a pris part. Le chanteur est parti cherché loin pour donner plus de tonus et de punch à son produit.
Pour Carlou D, une telle démarche s’explique par fait « qu’il vise loin et haut. Pour internationaliser sa musique, il faut s’adapter aux exigences de l’international. Je ne pouvais pas faire un tel produit avec des artistes de renom international et choisir une équipe technique locale pour faire le travail».
Pour le lancement de l’album à Dakar, le réalisateur Andreas Unge et Eagle Eye Cherry ont effectué le déplacement pour participer au concert du 25 avril à l’institut français de Dakar. Pour cet album chanté dans trois langues dont le wolof, le français et l’anglais, l’artiste rend un hommage à son pays le Sénégal avec le son « Begge sa Rew ».
Selon Carlou D, «aussi plaisantes et attirantes que sont les découvertes des richesses de ce monde, je garde toujours à l’esprit que mon port d’attache demeure et demeurera à jamais le Sénégal.» «Soldier», en duo avec Eagle Eye Cherry. Ce titre est un appel à la paix. Un appel à baisser les armes, «Wax» ou la parole. Dans ce titre, l’artiste appelle à bien murir la pensée avant de l’extérioriser car une pensée mal intentionnée, véhiculée par un mot inadéquat, peut créer tant de désastre autour de nous.
La «classe» dont il étrenne quelques règles d’or de «gentleman attitude», «Fah Yallahu» qui magnifie l’humilité de la réconciliation avec soi-même et les autres, «Baawu Naan» qui est un ode à la joie, un hommage à la nature, «Yalla Nay moom » pour montrer que Dieu est au début et à la fin de tout.
LA STRUCTURE «BUUR DALI» VEUT RENDRE HOMMAGE A JOHN WILLIAM COLTRANE
En prélude de la Journée internationale du jazz célébrée chaque année par l’Unesco le 30 avril, la structure «Buur Dali» productions, en partenariat avec l’orchestre national du Sénégal, organise un grand évènement pour rendre hommage à John William Coltrane, saxophoniste de jazz, compositeur et chef de formation américain. Il fut, en effet, considéré comme le saxophoniste le plus révolutionnaire et le plus influant de l’histoire du jazz.
Très apprécié par les mélomanes de la musique jazz au Sénégal, grâce à son album intitulé «Dakar», du nom de la capitale sénégalaise que l’artiste a célébrée et qui a connu un succès incommensurable, «Buur Dali» veut ainsi l’honorer à son tour. Cet évènement d’hommage, selon Lat Ndiaye, régisseur général de spectacle, «a pour objectif de promouvoir la musique jazz au Sénégal, en renforçant la culture et la formation des jeunes musiciens dans le domaine du jazz, et particulièrement dans les techniques d’improvisation».
C’est dans la période du 24 au 27 avril prochain, à la Maison de la culture Douta Seck, au Warc et au Just 4 U que cet hommage aura lieu. Il verra la participation de plusieurs artistes en provenance de la Nouvelle Orléans, de Seattle, de New York, mais aussi du Sénégal, annonce Lat Ndiaye d’après qui, «une restitution et des workshops par les musiciens sénégalais autour des instruments comme le piano, la guitare, le solo, la basse et les drums de l’orchestre national seront présentés».
Par ailleurs, une conférence internationale sur le Congo Square et la problématique des origines du jazz sera au programme. «L’évènement mettra à contribution plusieurs musiciens sénégalais et étrangers, des intellectuels et des acteurs culturels à travers une conférence qui sera animée par Freddy William Evans de la Nouvelle Orléans, sur l’improvisation du jazz. Avec le Congo Square, qui est aujourd’hui autour d’une problématique, plusieurs questions se posent sur ce lieu. Car c’est un lieu de recherche, un mémorial dans lequel se retrouvaient tous les esclaves pour pratiquer leur idéologie, leur religion, leur culture, etc.», soutient M. Ndiaye qui faisait face à la presse.
Knal 4 vient de lancer un nouvel single «Art Garab». Un produit qui entre dans le cadre du projet «une maison un arbre» dans la région de Tambacounda. Les différents acteurs de ce rendez vous ont fait face à la presse hier mardi 22 avril sur l'île de Gorée.
Sauvez, prolongez des vies et améliorer les conditions des habitants de Tambacounda, ce sont quelques objectifs que s’est assigné le centre d’énergie solaire d’hygiène et de formation professionnelle da Tambacounda dans son projet «une maison, un arbre».
Cette institution a choisi l’arbre comme vecteur de développement dans le cadre de sa mission de contribution au service public. A cet effet, le projet d’une durée de trois ans compte valoriser l’amélioration et la croissance du peuplement d’arbres fruitiers comme le manguier, l’oranger, l’acajou, le goyavier entre autres et aussi sensibiliser la population, sur l’importance de l’arbre. Pour le directeur du centre Abdou Karim Sané : « l’objectif général du projet est par conséquent de contribuer à l’amélioration de la situation environnementale, intercommunautaire et sociale de la ville de Tambacounda.»
Dans son projet qui a déjà démarré depuis février dernier, les organisateurs ont avancés qu’ils sont à 80% de réussite. « La phase test avait pu se réaliser en de petits projets de plantation d’arbres étalée en six mois, dans les lieux suivants : centre d’énergie scolaire d’hygiène et de formation professionnelle et les écoles élémentaires et a connu un immense succès» a fait remarqué M. Sané en conférence de presse hier, mardi à Gorée. Il a profité de l’occasion pour lancer un single produit par le label Knal 4. Le son «art Garab» chanté en rap par de jeunes talents, natif du terroir de Tambacounda et d’autres régions du Sénégal va l’accompagner dans sa phase de sensibilisation.
A cet effet, M. Sané a avancé que : « le single peut avoir deux significations, l’un l’art et l’arbre dans le domaine de la culture, et l’autre la protection de l’arbre qui consiste à l’entretenir.» Pour ce qui concerne le projet, M. Sané a souligné qu’il devra être porté par des élèves qui vont entretenir les plantes. «Les enfants sont la clé de la réussite. Nous avons décidé de le les confier en les responsabilisant. Ils vont assurer le développement dans les écoles, les maisons, les places publiques et privées afin de contribuer à la protection et à l’amélioration de l’environnement».
Pour cette seconde phase, d’autres villes vont entrer dans la danse dont Gorée. Un geste apprécié par le directeur de cabinet du maire de la ville Tidiane Camara qui a montré toute sa disponibilité au nom de Gorée pour accompagner le projet.
Pour le chanteur Shaka Babs, directeur du label Knal 4 production, «défendre l’environnement, c’est penser aux autres, à la vie. Nous avons pris part au projet à travers le single et c’est avec le cœur qu’on l’a réalisé. Ma structure travaille avec de jeunes talents pour les offrir une visibilité. Le choix des artistes est venu naturellement. C’est des jeunes que je connaissais que j’ai côtoyé ou encore ce sont des gens qu’on a beaucoup suivi.» Dans cet opus, il faut noter la participation de Michael Soumah, Shaka Babs, Master Melody, By Mic, Stone B, Real Bizon, Cheikh Tama et le groupe Mia’Moctar.
Hurricane Carter est mort dimanche. Il avait 76 ans. Au commun des sportifs, cela ne dit absolument rien. Ceux qui adorent Bob Dylan trouvent dans ce nom quelques sonorités familières. Oui, c’est le Hurricane que chante «le pape» dans son monumental album Desire.
Celui-là qui, à la fin des années 1970, faisait dormir dans les bras du/de la partenaire quand, sous les lumières tamisées ou dans le noir absolu, la voix nasillarde la plus envoûtante au monde distillait Sara, One More Cup of Coffee, Romance in Durango, ou Oh, Sister. Pour toute une génération, le culte dylanien a commencé dans la reprise maladroite de ces refrains sublimes.
Dans cette symphonie de ballades pures et éthérées, Hurricane est une plage qu’on sautait allégrement sur le «33» tours. Le son était trop speed, trop rock pour la mélancolie qui fait le charme de Dylan. Mais il n’y avait pas une autre tonalité que cette violence rythmique pour crier la révolte au nom d’une étoile de la boxe qui aurait pu être champion du monde et dont la vie fut broyée par l’injustice du système judicaire américain.
On a tous en mémoire ce refrain qu’on massacrait dans un mauvais anglais de lycéen : «Here comes the story of the Hurricane.» Dylan l’a chanté, Muhammad Ali a porté le combat pour sa libération, des millions de voix ont crié leur rage et enflammé les ghettos pour sa cause, mais dix-neuf ans de prison ont brisé sa carrière.
Un soir de juin 1967, des coups de feu éclatent dans un bar de Paterson, dans le New Jersey. Trois Blancs sont tués. Des indics balancent Rubin «Hurricane» Carter et un de ses amis. Dans l’Amérique raciste des années 1960, la machine infernale se met en branle. Les accusations sont légères, mais être noir aux Etats-Unis, c’est être un criminel en puissance. Le reste tient aux circonstances. Cela n’a pas trop changé aujourd’hui, mais c’était pire à l’époque.
L’écrivain-historienne Michelle Alexander le souligne dans The New Jim Crow (2010) : l’Amérique d’aujourd’hui compte plus de Noirs en prison ou en liberté conditionnelle qu’il n’y avait d’esclaves en 1850. Les vicissitudes de la misère et l’exclusion du système déterminent le destin de beaucoup d’entre eux, mais le fait d’être Noir constitue déjà une forme de prédestination.
En 1967, un jury exclusivement composé de Blancs condamna ainsi Hurricane à perpétuité. Devant l’indignation et la mobilisation mondiales, le verdict est cassé dix ans plus tard. Second procès en 1976 et nouvelle «perpet».
Desire de Dylan était déjà dans les charts. Ses paroles sont acides. Elles détaillent le scénario du crime et le broyage d’un homme «mis dans une cellule de prison (alors qu’) il aurait pu être le champion du monde». Il chante la pression des policiers sur les témoins pour qu’ils enfoncent le «chien de Noir» : «N'oublie pas que tu es Blanc (…) Tu feras une faveur à la société (…) Ce fils de chien est courageux et devient de plus en plus courageux (…) Nous voulons le mettre sur la touche.»
Dylan fut accusé d’avoir brodé et laissé libre court à son imagination. Son interprétation traduisait le fond d’une cruelle réalité : «Ils l'ont mis dans une cellule de prison, mais il aurait pu être une fois / Le champion du monde…»
Hurricane était un poids moyen. Au début des années 1960, il faisait partie des dix meilleurs aux Etats-Unis. Un soir, il massacra Emile Griffith, futur champion du monde. Jimmy Ellis, devenu champion du monde des lourds (1968-1970) avait aussi plié l’échine devant lui. Son surnom d’Ouragan traduisait les qualités d’un boxeur déterminé, puissant, agressif, avec une rapidité de frappe inouïe. Quand il boxait, Muhammad Ali était parfois aux premières loges. A le voir évoluer, on a l’impression de voir le Marvin Hagler qui planera sur les rings vingt-cinq ans plus tard.
Hurricane est sorti de prison en 1985. La justice américaine avait annulé sa seconde condamnation de 1976, estimant que le jugement survenu dix-neuf ans plus tôt avait été entaché de racisme. Comble de perfidie, l’Etat du New Jersey l’a poursuivi jusqu’en 1988, pour le renvoyer en prison.
Le reste de sa vie, Rubin «Hurricane» Carter l’a consacré au militantisme pour lutter contre les décisions de justice iniques. Il a pu savourer le fait de voir Glen Ford recouvrer la liberté le mois dernier. Condamné à mort en 1984, ce dernier a passé trente ans dans le couloir de la mort avant d’être reconnu innocent. D’autres luttes continuent, comme celle concernant Mumia Abu Jamal.
Au moment de son arrestation en 1966, Hurricane était 7e mondial. Sa vie brisée s’est reconstruite ailleurs. Et Dylan chantait : «C'est l'histoire d'Hurricane/Mais ce ne sera pas terminé jusqu'à ce qu'ils blanchissent son nom/Et lui redonnent le temps qu'ils lui ont pris.» Ce fut fait.
Dimanche passé, Rubin «Hurricane» Carter est mort à Toronto, au Canada. Il avait 76 ans. Au-delà de Dylan, Denzel Washington l’a campé au cinéma en 1979, pour remporter le Golden Globe du meilleur acteur. De la même manière qu’il s’était mis dans la peau de Malcolm X. Salut Champ !
Et si cet homme était dépourvu de squelette ? Il s’appelle Mukhtar. C’est l’homme le plus désarçonné au monde. Il peut tordre presque toute partie de son corps : un vendre qui danse, un pied soulevé et porté jusque dans le dos. Mukhtar peut faire un grand creux avec son ventre, tout comme, il peut se faire un ventre ballonné. L’artiste, tout souriant, se recroqueville sur lui-même à la façon d’un hérisson
Ça se passe au grand Cabaret de Paris, sous le regard intéressé du public, émerveillé, suivi des commentaires de Patrick Sébastien.
Cet ado danse en faisant des mouvements inimaginables avec son corps. C'est comme si celui-ci n’était pas pourvu d’os. Dans sa technique de danse, il donne l'impression de marcher sur l'air. Emu lui-même par ses performances, il laisse couler des larmes alors que le jury donne son appréciation de la prestation.
Regardez !
VINGT ANS APRES SA MORT, LE DIALOGUE CONTINUE AVEC SANOKHO
Dakar, 21 avr (APS) - Il y a 20 ans, le 21 avril 1994, décédait à Dakar, l’imitateur Sanokho, un artiste total, visionnaire mais controversé, dont l’influence demeure toutefois intacte encore aujourd’hui, à travers les nombreuses vocations qu’il a suscitées.
Deux décennies après sa mort, Sanokho continue outre-tombe de dialoguer avec ses compatriotes, par le biais de ses nombreux disciples assumés ou non, qui continuent de fructifier ses thématiques originales et de plus en plus intemporelles, à mesure que la nouvelle génération continue de découvre le legs de l’artiste.
Sanokho ou Mamadou Sanokho de son vrai nom est né le 8 avril 1955 à Dakar au quartier populaire de la Médina. Décédé le 21 avril 1994 à l’hôpital Principal de Dakar, à la suite d’un accident de la circulation intervenu le 15 avril 1994, il est enterré au cimetière de Pikine.
Selon certains témoignages, il aurait commencé ses prestations en prison avant d’être révélé, vers 1981, par l’émission Télé variétés de l'ex-ORTS. Même condamné plusieurs fois à des peines de prison, Sanokho ne peut malgré tout être considéré comme un criminel, mais plutôt ‘’un bandit sympathique’’, si l’on en croit l’universitaire Omar Guèye, qui vient de consacrer un livre à ce précurseur de l’art de l’imitation au Sénégal.
‘’Il (Sanokho) portait en lui les stigmates de la prison, mais aussi les préjugés et les tares qui accompagnent les repris de justice et qui l’ont peut-être empêché de jouir de la notoriété comme il se devait. Mais il a quand même connu la célébrité de son vivant, et ses imitateurs le maintiennent en vie’’, relève l’historien sénégalais dans cet essai intitulé ‘’Sanokho ou le métier du rire’’.
Paradoxe et signe du destin pour celui qui assimilait les cars de transport urbain sénégalais, à l’ange de la mort, Sanokho a été renversé par un ‘’car rapide’’. Il a fini à la morgue, en mort anonyme, le temps d’être identifié des jours après son décès, rapporte M. Guèye.
‘’Ni Dieu ni car rapide+, disait-il pour faire allusion à l’ange de la mort auquel il assimilait les cars de transports urbains, réputés pour leur conduite dangereuse et parfois meurtrière : une journée d’avril 1994, au printemps de sa vie, il sera lui-même fauché par un +car rapide+, au propre comme au figuré’’.
‘’Comme dans les faits divers où il excellait, rapporte encore l’auteur, il succombera une semaine après son accident, inscrit à la rubrique des +accidentés anonymes+ comme pour les +chiens écrasés+ : le chauffeur ayant pris la fuite. Toujours sans en donner l’air, il est parti à l’âge de la quarantaine, comme un messager qui inspire toujours à ses compatriotes … le rire’’.
‘’Plus connu pour sa maîtrise de l’improvisation et du rire, il maîtrisait le sketch, aussi bien qu’il excellait aussi dans les autres registres des artistes comme le chant et la percussion. Sanokho était un théâtre à lui seul’’, relève Omar Guèye en évoquant l’art de cet amuseur public, délinquant sympathique, moraliste, messager caché ou artiste incompris. Sanokho a été, selon lui, ‘’(…) été le miroir de son temps, un témoin de son époque, un riche en thèmes, un régulateur social (…)’’.
‘’En effet, bien plus tard, à la fin des années 1990 et surtout au début des années 2000 jusqu’à nos jours, les pouvoirs publics sont confrontés aux problèmes que Sanokho posait en faisant rire (…)’’, argumente ce chercheur, enseignant au département d’histoire de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar.
Il cite la question de l’encombrement urbain de la capitale, le débat sur l’exode rural, le chômage des jeunes, le développement du monde rural, l’inadéquation des infrastructures à l’évolution urbaine, les ordures, la mendicité, la prostitution et la petite délinquance, entre autres.
Sanokho décrivait Dakar, la capitale sénégalaise, ‘’comme un milieu de débrouille, de confrontation de toutes sortes, voire un milieu de perdition pour des jeunes sans repères’’. Il évoquait aussi, signale Omar Guèye, le thème tabou du mépris culturel, considéré comme le lit de nombreux préjugés négatifs sur certaines communautés, le rôle corrupteur de l’argent. Figuraient également au nombre de ses thématiques, l’appel à l’unité nationale (lépp sunu biir) et la primauté qui doit être accordée à l’éducation.
Au total, on peut dire avec l’auteur que ‘’Mamadou Sanokho n’a pas inventé le rire, mais il fait partie de ceux qui lui ont le plus rendu ses lettres de noblesse, particulièrement en élevant le métier de l’imitation en véritable profession. Il n’en demandait pas tant d’ailleurs’’.
Il ‘’fait penser aux artistes maudits, comme les peintres et poètes qui n’ont connu que les galères de leur vivant, et ne furent reconnus qu’après leur mort. Ces génies peu reconnus de leur vivant par leurs contemporains furent tous +condamnés+ par des sociétés +bien pensantes+ dont ils révélaient souvent les angoisses, les hypocrisies et les fantasmes’’, commente l’historien. ‘’Mais toujours, l’œuvre et le temps, impérissables, sont là pour témoigner et rendre compte des malentendus générés par le métier d’artiste’’, ajoute-t-il.
‘’A l’instar de ces poètes et artistes +maudits+, fait-il valoir, Sanokho a vécu écartelé et solitaire dans son art, sans présager de ce que sera son héritage : il était sans doute heureux à sa façon.’’
‘’Puissions-nous désormais, chaque année, le 21 avril, à l’anniversaire de sa disparition, nombreux, aller prier sur sa tombe au cimetière de Pikine où il repose depuis 1994 et œuvrer pour que ce caveau ne soit plus, lui aussi, anonyme’’, écrit de son côté le poète Amadou Lamine Sall, dans la préface du livre du professeur Omar Guèye.
‘’Né au mois d’avril comme notre fête de l’indépendance, il nous a quittés un mois d’avril à l’âge de 39 ans. Un météore…un peu comme tous ces génies que Dieu aime à rappeler très tôt à Ses côtés, nous laissant si seuls’’, note le poète.
‘’J’ai toujours souris en lisant dans notre Constitution où il était presque clandestinement inscrit – comment le dire autrement ? – que le président de la République était le protecteur des arts, des lettres et des artistes’’, avance Amadou Lamine Sall.
‘’Dès lors, pourquoi d’ailleurs les écrivains, les artistes n’attaqueraient-ils pas la République qui ne les protège point et qui pourtant ose le proclamer dans sa Constitution ?’’, se demande le préfacier, avant de répondre pour lui-même et ses lecteurs : ‘’Mon intime conviction pourtant, est que tout ce que l’Etat protège meurt. C’est à chaque artiste d’aller chercher dans sa jeunesse et son temps de gloire le bois qui le réchauffera dans sa vieillesse’’.
S'inspirant particulièrement de Sanokho ou Mamadou Sanokho, M. Sall conclut que malgré tout, ‘’(…) il serait juste de dédier une place, un monument, une institution ou une simple stèle à tous ces artistes sénégalais morts dans l’anonymat, l’oubli, alors que d’autres ont connu la notoriété et l’honneur’’.
Des corps humains dans une représentation chorégraphique exceptionnelle, qui vous laisse ébahis et aphones. Ces corps d’une grande souplesse et d’une adresse à vous couper le souffle dessinent des objets : du cœur à l’avion en passant par des animaux,une voiture, des militaires, des tombes.... Le spectacle est tout simplement magnifique.
Plusieurs spectateurs médusés, extasiés, n’ont pas réussi à retenir leurs larmes. C’est émouvant. Regardez !