Dakar, 9 mai 2014 (AFP) - La onzième édition du Dak'Art, une des plus importantes manifestations des arts visuels en Afrique organisée tous les deux ans au Sénégal, a commencé vendredi, avec la participation de plusieurs centaines d'artistes et professionnels des arts durant un mois.
Selon la télévision publique sénégalaise RTS, la cérémonie d'ouverture de l'édition 2014 de la biennale a été présidée par la Première ministre sénégalaise, Aminata Touré, au Grand Théâtre national de Dakar.
Pour cette biennale qui a pour thème "Produire le commun" et se poursuivra jusqu'au 8 juin, plusieurs centaines d'artistes et de professionnels des arts du monde entier ont convergé au Sénégal, selon les organisateurs.
Le programme officiel, le Dak'Art in, prévoit des activités sur plusieurs sites à Dakar et dans des villes de provinces, la principale étant l'Exposition internationale qui présentera plus de 60 artistes d'Afrique et de la diaspora ainsi que "des artistes invités", tous sélectionnés parmi plus de 600 candidatures d'artistes originaires de 70 pays.
Le volet "in" comprend aussi un salon de la sculpture africaine, des expositions d'hommages à "des personnalités de l'art contemporain en Afrique". Il s'agit de trois Sénégalais: le sculpteur Moustapha Dimé (décédé en 1998), le peintre-sculpteur Mbaye Diop (décédé en 2013) et le peintre Mamadou Diakhaté, qui vit et travaille en Allemagne depuis 1972.
Dak'Art comprend également un volet "off", qui permettra à plus de 500 artistes de s'exprimer ou d'exposer sur plus de 260 sites à Dakar, Saint-Louis (nord) et d'autres villes du pays, lors de manifestations mêlant diverses formes d'art: peinture, sculpture, musique, mode, notamment.
Dans le cadre du Dak'Art Off, la délégation régionale de la Wallonie-Bruxelles, basée à Dakar, présente une quinzaine d'évènements, dont dix autour du Bénin, sous le thème "Bois sacré". Plus de 200 oeuvres en tableaux, dessins, sculpture, masques, photo et installations scéniques seront présentées dans ce cadre, a expliqué à la presse le chef de la délégation, Christian Saelens.
L'ambassade américaine à Dakar a de son côté annoncé dans un communiqué vendredi qu'elle soutenait la participation de huit artistes américains à la biennale. Parmi eux, Ezra Wube, un trentenaire d'origine éthiopienne, qui utilise pour ses oeuvres "vidéo, installations, dessin, peinture et performance".
QUELLE (S) ESTHÉTIQUE(S) POUR QUEL (S) MARCHÉ (S) ?
Modèle en Afrique et dans le monde de par sa richesse allant de la tradition au contemporain, la création sénégalaise voire africaine est à la croisée entre esthétique (s) et quête de marché (s).
Loin du vacarme épouvantable de la ville et du bruit incessant des embouteillages, le Village des arts de Dakar, sis à quelques encablures de la route menant vers l’Aéroport Léopold Sédar Senghor, après le stade qui porte le même nom, se réveille ce matin dans un brouillard de douceur et de tranquillité.
Dans le feuillage des arbres ceinturant le local, dès fois, le bruit des oisillons vient donner à l’endroit un caractère voluptueux. Sur place, l’heure est au dernier réglage pour les artistes retenus pour participer à la 11 ème édition de la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar 2014.
L’occasion est très belle et est donc à saisir pour ces artistes, qui sont nombreux à se plaindre de l’inexistence d’un marché d’art sénégalais et qui, aujourd’hui, a fini de constituer un véritable obstacle pour ces maîtres de l’art. Et la création artistique d’une manière générale...
Clientèle étrangère
Venu très tôt ce matin, Daouda Ndiaye, artiste plasticien, tente tant bien que mal de remettre de l’ordre dans son atelier où se dégage une agréable odeur d’encens. L’harmonie des couleurs faisant la particularité de ses quelques tableaux exposés dans son lieu de travail en dit long sur son talent.
Pour celui qui a déjà totalisé plus de 20 ans d’expérience, parler d’un marché d’art dans notre pays relève d’une chimère. « Je pense qu’il faut d’abord la réalisation d’un certain préalable dont des salles d’exposition, des galeries en nombre suffisant et qui organisent régulièrement des expositions et des critiques d’art qui écrivent sur les artistes, avant de parler d’un marché d’art », tient-il d’emblée à préciser. Selon lui, l’art sénégalais est plutôt convoité par des acheteurs étrangers.
Et Moussa Tine, artiste plasticien, d’emboucher la même trompette. De l’avis de celui qui est connu pour avoir été le premier à décorer les célèbres « Cars rapides » dans les années 1970, les artistes sont souvent obligés de bazarder leurs œuvres parce que ne trouvant pas quelqu’un à qui les vendre. Pour Moussa, il faut que l’environnement qui entoure la création soit à la hauteur de la création artistique d’abord.
« Depuis les années 1960, les artistes ont fait des choses merveilleuses dans ce pays. Paradoxalement, ils sont moins connus des populations », soutient-il, ajoutant que la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar (Dak’Art), qui est l’un des résultats de ce travail, fait partie des institutions qui doivent asseoir un marché de l’art.
Toutefois, avance M.Tine, l’effet de la Biennale n’a pas été « à la hauteur des attentes du fait que la plupart des Sénégalais se sentent exclus par rapport à la manière dont elle a été diligentée ».
Au long chapitre des maux dont souffre aujourd’hui l’œuvre d’art sénégalais, il faut surtout ajouter l’insensibilité des populations devant la toile. Entre absence d’éducation artistique, ignorance, manque d’informations..., le Sénégalais n’est pas généralement amateur de l’œuvre d’art.
En atteste d’ailleurs, relève Mamadou Wade, grand artiste plasticien, le nombre insignifiant de Sénégalais qui vient souvent faire un tour au Village des arts de Dakar. « Ici, 80% de nos visiteurs sont des étrangers. Les Sénégalais ne sont pas habitués à aller dans les galeries », constate cet artiste dont les œuvres sont mondialement connus.
Indifférence des populations
Aux yeux de M. Wade, la musique et la danse ont été popularisées au grand dam des tableaux d’arts. De l’avis d’Idrissa Diallo, responsable de la Galerie Léopold Sédar Senghor, un tel comportement est lié au fait que les gens ne savent pas la portée d’une œuvre d’art, lequel est la conséquence d’une absence d’éducation à la culture de l’art.
« Les Sénégalais ne consomment pas leur patrimoine culturel. Les œuvres d’art dans leur essence véhiculent des notions de valeurs et d’éducation », laisse-t-il entendre.
Le céramiste Alpha Sow, pour sa part, y voit, en dehors d’une absence de culture de l’art, un problème de priorité, de combat pour la survie. « Si les gens ne mangent pas à leur faim, c’est difficile qu’ils puissent manifester un quelconque intérêt vis-vis des tableaux d’art », confie-t-il dans une voix à peine audible.
Contrairement à l’idée avancée par bon nombre de ses pairs, l’artiste plasticienne Kiné Aw, de son coté, estime qu’il y a actuellement un marché qui se fait tout doucement. Et ce, dans le sens où les collectionneurs qui s’y activent ne sont pas encore nombreux. « Les gens commencent à s'intéresser aux œuvres d’art.
De plus en plus, on voit des élèves et des étudiants venir au Village des arts », soutient-elle. A l’en croire, le contexte social joue aussi en défaveur de l’éclatement d’un marché digne de ce nom, car la plupart du temps, c’est le cadet des soucis des gens, qui sont plutôt préoccupés par autre chose.
La création de la Galerie nationale d’art depuis 1983, pour rendre visible le travail des artistes et créer un marché, n’a pas eu l’effet escompté, selon l’artiste plasticien Moussa Tine. « La Galerie n’a pas développé la cote de popularité des artistes.Je pense qu’il faudrait des galeries plus fortes et pour une créativité soutenue et développée. A défaut de cela, les artistes seront obligés de faire leur propre promotion », souligne- t-il.
A cela s’ajoute un problème de structuration du milieu de l’art. D’où, à en croire M. Tine, l’absence d’une véritable politique culturelle de la part des autorités. « Un marché d’art ne se décrète pas, mais c’est avec la volonté des autorités, à travers une bonne politique culturelle, et de l’ensemble des acteurs, qu’il se met en place », fait-il comprendre, fustigeant l’absence d’espaces culturels et de galeries assez conséquentes.
Alpha Sow, lui, pense que l’Etat doit continuer à acheter les œuvres de certains artistes pour le patrimoine culturel national. « L’Etat doit accompagner les artistes. Depuis 1992, on a arrêté d’acheter des œuvres pour le patrimoine culturel », argue-t-il.
Pour Mamadou Wade, la Biennale aurait dû constituer un déclic aux difficultés auxquelles est confronté aujourd’hui l’art sénégalais pour trouver son marché. « Si l’on veut aller de l’avant et réussir à créer un marché, il faut qu’on travaille ensemble entre autorités, acteurs culturels, amateurs d’art... », avance-t-il.
De son côté, Mansour Ciss Kanakassy, artiste et curator vivant en Allemagne, établit un parallèle : « En 2013, le marché de l'art contemporain asiatique en Chine et à Hongkong, toutes maisons de ventes confondues, s'élevait à 1 milliard de dollars (730 millions d'euros). En octobre 2013, un tableau de Zeng Fanzhi, « The Last Supper », s'est adjugé pour quelque 23,1 millions de dollars chez Sotheby's. »
Cependant, la question que se pose Ciss est : « A quand le marché de l'art africain ? Pourquoi l’Afrique peine tant à se tailler sa part du gâteau ? » Autant de préoccupations que devrait prendre en charge la 11ème Biennale de l’art africain contemporain qui s’ouvre ce matin.
C’est un récit poétique, un film touchant, des images qui poussent les cinéphiles à sentir les odeurs et à traverser les horreurs. Mbeubeuss, le terreau de l’espoir de Nicolas Sawolo Cissé a été présenté hier à l’Institut français, à la presse. Le réalisateur a voulu dans un premier temps recueillir des impressions, avant la première de ce long métrage qui pose avec acuité la problématique de l’environnement, mais aussi de certains maux qui gangrènent la société sénégalaise.
Une fiction, qui traite des nombreux problèmes liés à l’environnement au Sénégal, a été projetée hier à l’Institut français de Dakar. En attendant la grande première prévue le 12 mai prochain au Grand Théâtre national, le film de Nicolas Sawolo Cissé a été soumis à l’œil critique des journalistes.
Sous forme d’un singulier document qui dépeint dans le réel, la vie des habitants de la plus grande poudrière qui se trouve au cœur de la capitale sénégalaise, Mbeubeuss, le terreau de l’espoir est surtout un classique qui offre à voir une histoire à la fois banale et sérieuse.
En réalité, ce long métrage d’1 h 35 mn, qui a eu pour décor la grande décharge de Mbeubeuss, met en scène la vie des enfants travaillant dans la plus grande poubelle de Dakar. Et, dans cette mise en scène de vies, se profile l’histoire du jeune héros, Yadikoone.
Tout est parti d’une histoire de viol sur Awa, dans les décharges de Mbeubeuss. Une grossesse inattendue et indésirable s’en suit. La jeune dame dont le mari se trouve à l’étranger pour les besoins de ses études en environnement, se résout à jeter le bébé né de ce viol qu’elle a subi.
Elle jette l’enfant dans la décharge de Mbeubeuss, le lieu du drame. Mais cet enfant fut récupéré par Ramagelissa, le poète de la nature. "Je serai le premier maçon et toi, le premier architecte de la nature" dit-il, en tenant de ses mains tremblantes ce nouveau-né récupéré dans les immondices.
Il le nomma Yadikoone et l’éduqua jusqu’à l’âge adulte lui inculquant l’amour de la nature. Pour le vieil homme, (incarné par l’acteur El Hadj Dieng), cet enfant n’est ni un garçon ni une fille. C’est "un ange" venu accomplir "la prophétie".
Mbeubeuss, le jardin d’Eden
Ramaguelissa veilla sur Yadikoone jusqu’à l’âge de la raison. Mais très vite, l’enfant fut confronté à la loi de son environnement : Mbeubeuss, le siège de tous les vices.
Engagée dans l’armée du colonel qui exploite la main d’œuvre des enfants pour se faire de l’argent, la jeune demoiselle se rebelle contrairement aux mômes de son âge, préférant fuguer pour entretenir dans la Cité interdite de Mbeubeuss, un jardin. Elle orne en toute discrétion de fleurs son fief, jusqu’au jour où le colonel bourreau des enfants perd son pouvoir sur la cité.
Ceci coïncida avec l’arrivée d’un projet de restauration du site, parrainé par l’époux de sa mère, entre-temps revenu au pays. Yadikoone eut alors le plaisir de faire découvrir à ses proches, son jardin d’Eden, sous le regard de sa mère qui entre temps l’avait retrouvée...
Loin des films clichés dont la trame du récit est dictée par des producteurs européens, ce long métrage offre aux cinéphiles, une histoire touchante.
Nicolas Sawalo Cissé, tout en mettant le doigt sur une plaie écologique, réussit à aborder plusieurs maux qui gangrènent la société sénégalaise. Son film sonne comme un cri du cœur pour préserver la nature, mais aussi un appel à changer la société sénégalaise. En témoignent les nombreux clichés qui rendent finalement cette œuvre produite sur deux ans (7 Mai 2012-7 Mai 2014), exceptionnelle.
"C’est une production indépendante, financée rien que par des Sénégalais", a confié en marge de la projection M. Cissé. Il ne manque pas de souligner qu’en termes d’investissement, le film a coûté 150 millions de francs Cfa.
Regards critiques
Pour Baba Diop, journaliste et critique de cinéma, "ce film signe le retour du cinéma sénégalais". "C’est un film qui n’est ni sombre ni très gaie", a-t-il analysé avant de noter que "le générique du film pose ce qui nous reste à faire pour améliorer l’avenir".
M. Diop n’a pas manqué de saluer la diversité des thèmes abordés dans ce long métrage, allant jusqu’à dire que cette diversité se dessine comme "le tout" que l’on voit dans Mbeubeuss.
C’est également l’avis de Thierno Diagne Ba, représentant du directeur de la Cinématographie Hugues Diaz. Pour M. Ba, Mbeubeuss, le terreau de l’espoir est non seulement "une claque", mais c’est surtout un film qui "fait la promotion du développement durable".
Le premier long métrage du cinéaste Nicolas Sawalo Cissé, "Mbeubeuss, le terreau de l’espoir", a été projeté en direction de la presse hier, mercredi 7 mai.
En attendant la grande première qui sera diffusée au grand théâtre de Dakar, lundi 12 mai à 20 h 30 mn, dans le cadre de la Biennale de l’art contemporain, les journalistes ont pu visionner le film "Mbeubeuss, le terreau de l’espoir", en exclusivité hier mercredi, dans les locaux de l’Institut Léopold Sédar Senghor de Dakar.
Premier long métrage (1h35mn) de Nicolas Sawolo Cissé, ce film joue dans la dualité, entre cruauté et espoir. D’abord dans cette décharge d’ordures de Mbeubeuss, c’est un autre monde. Tout s’y passe, des choses les plus ignobles aux plus fabuleuses. La vie des enfants travaillant dans la plus grande poubelle de Dakar est mise en scène.
Ainsi, dès le début du film, on est confronté au viol d'une femme mariée à un immigré, à l'aube, de retour de la boulangerie. L'agression est brutale. Sur la table de fortune, les coups saccadés du viol ont eu raison du meuble. La femme vivra cette scène sur son lit et reverra en rêve le viol abominable.
Dans sa belle famille, avec une belle sœur qui la soupçonne d’adultère, elle décide malgré tout de garder sa grossesse. Après la naissance de l’enfant, elle le fera disparaitre dans les poubelles après avoir pris toutes les précautions pour la survie du bébé.
Elle le couvre et l'installe dans une caisse pour le déposer en haut d’un camion de poubelle. Le bébé atterrit à Mbeubeuss sous l’aile protectrice de Ramagélissa, le poète du quartier qui, arpentant les cimes des collines de détritus de Mbeubeuss, déclinait ses vers dédiés à la Terre, grande victime de la folie des hommes.
Soudain, un cri attire son attention. Dans une caisse, il découvre un nourrisson abandonné. Il l'adopte, l'éduque, et lui transmet son amour pour la nature. Dans ce milieu hostile et inquiétant, l'enfant baptisé "Yadikoone" recrée peu à peu un univers particulier en s’intéressant à l’environnement. Elle crée un espace vert dans cette décharge où des enfants travaillent, s’adonnant au ramassage d’ordures pour se procurer de l’argent.
Par un pur hasard elle va rencontrer sa maman à Mbeubeuss pendant une visite que cette dernière a rendu à Ramagélissa, pour les besoins de lettres qui s’étaient retrouvées dans cette décharge. Elle reconnait la broche qu’elle avait mise sur l’enfant à sa naissance et demande à son hôte de l’aider à retrouver sa fille.
De retour à la maison, elle retrouve son mari de retour de voyage. Très heureuse de revoir son homme, elle lui raconte son histoire. Ce dernier qui était au courant de tout, la console et lui témoigne encore plus son amour avant de l’inviter à participer à son projet pour Mbeubeuss.
Outre son caractère ludique, le film innove aussi par le fait qu’il se présente comme étant une des premières fictions sénégalaises traitant des nombreux problèmes liés à l’environnement au Sénégal. A ce titre, l’auteur voit son film comme un véritable document d'archives qui dépeint dans le réel la vie des habitants de cette grande poudrière au cœur de la mégapole.
M. Cissé a aussi souligné de ce film qui lui a pris deux ans et lui a coûté 150 millions FCFA, rend un hommage à trois grands noms du cinéma sénégalais dont Sembène Ousmane à travers Borom Sarrette, Djibril Mambéty Diop à travers Yaadikoone Issa Samb à travers Ramagélissa.
LAPPA DIAGNE RESTE EN CURE À REBEUSS
CONDAMNÉ À 15 JOURS FERME POUR DÉTENTION ET USAGE DE DROGUE
L’ex-batteur du Super Diamono a été reconnu coupable des faits de détention et usage de drogue. Lappa Diagne a été condamné, en compagnie de Malick Sène à 15 jours ferme. Kader Touré et Babacar Fall, leurs deux autres co-prévenus sont relaxés.
Visage barré par la peine, horripilé par la détresse, Lappa Diagne est un homme condamné par la douleur. Le verdict du Tribunal des flagrants délits a exacerbé ce chagrin qui le cloue à la marge de la société.
Condamné à 15 jours ferme (peine d’avertissement), l’ex-batteur du super Diamono est tombé du haut de la scène pour se retrouver au cœur des pages de faits divers. C’est une chute vertigineuse de cet as de la batterie.
A la barre du tribunal, il a avoué sa faute pour espérer un pardon du juge. Il a fait profil bas au moment de reconnaître les faits à lui reprochés. Sans ambages, El Hadji Ousmane Diagne, à l’état civil, a réitéré ses regrets et a bénéficié de la clémence du Tribunal. Et Malick Sène aussi. Leurs co-prévenus, Kader Touré et Babacar Fall, ont bénéficié de la relaxe du Tribunal. Ils comparaissaient pour détention et usage d’héroïne.
Né en 1956, El Hadji Ousmane Diagne a reconnu qu’il est accro à la drogue. Mais, admet-il, il avait arrêté de consommer l’héroïne depuis... 3 mois. Il est néanmoins tombé avec le produit prohibé au moment de son arrestation par la police de Grand-Dakar.
Ce jour-là, dit-il, il était parti acheter cette drogue pour la consommation personnelle d’un ami pour se disculper. Malick Sène embouche la même trompette. "J’ai un ami qui est malade et qui m’a demandé de lui en trouver. Il souffre d’un mal de dos chronique et prenait des comprimés qui n’ont pas soulagé sa souffrance. Et comme il n’arrive pas à bouger, il m’a prié de lui en trouver", a-t-il expliqué.
En fin de compte, il a reconnu que la police a trouvé par devers lui deux képars de drogue. Il a révélé, en outre, qu’il est en contact avec l’héroïne depuis 1973. Alors qu’il était à l’école primaire. Même s’il n’a jamais été un consommateur.
De fil en aiguille, les aveux se succèdent et la vérité finit par transparaître sans aucun doute aux yeux des juges. Dans son réquisitoire, le procureur de la République a insisté sur la constance des faits. A l’endroit de Lappa Diagne, il dit "qu’il est encore plus grave d’acheter de la drogue pour une autre personne". Il a requis 1 mois pour Lappa Diagne et Malick Sène, et la relaxe pure et simple pour Kader Touré et Babacar Fall.
Aveux
Me Bassirou Ngom, conseil de Malick Sène, a invité le Tribunal à faire preuve "de socialisation en ce sens que les prévenus ont collaboré à la manifestation de la vérité" et a sollicité la clémence. Au bout de sa plaidoirie, il a demandé une application bienveillante de la loi.
Me Souleymane Ndéné Ndiaye, avocat de Lappa Diagne, pense que la drogue est un cas de pathologie. Pour lui, son client, qui avait arrêté de la prendre depuis 3 mois, a rencontré le jour des faits le diable de midi et s’est retrouvé en détenteur de drogue. Me Ndiaye estime que son client a plus besoin de cure que de la prison. "C’est un monument de la musique sénégalaise", rappelle-t- il.
C’est la raison pour laquelle, il s’est constitué pour assurer sa défense. Il a aussi sollicité la clémence du Tribunal.
Cette affaire a dévoilé la fragilité de ce virtuose de la batterie qui a longtemps enchanté les soirées du Super Diamono de Dakar. Dans la nuit du 2 au 3 mai, l’icône s’est retrouvée à terre et dans le panier à salade après une filature des flics de Grand-Dakar.
C’est dans ce quartier qu’il caresse son génie et peine à étouffer ses démons destructeurs qui l’ont rattrapé trois mois après avoir arrêté de consommer de la drogue. Le malheureux hasard l’a mis sur le chemin des policiers.
Informée de la présence d’un vendeur de drogue quelque part à la Médina, la police se déporte sur les lieux. Pas de bol : le présumé dealer a déjà quitté sa planque. Les policiers poursuivent alors Malick Sène et El Hadji Ousmane Diagne.
Fouillant le domicile du batteur, il y trouve 1 képar d’héroïne et deux chez Malick Sène. Dans leur Pv, les limiers expliquent que les deux autres prévenus, Kader Touré et Babacar Fall, avaient jeté la drogue quand ils ont fait irruption dans la chambre de El Hadji Ousmane Diagne.
Devant la barre, MM Fall et Touré ont nié avoir été trouvés en possession de la substance prohibée. Contrairement à leurs co- prévenus qui sont passés aux aveux avant de se retrouver avec 15 jours de prison.
"700 MILLIONS POUR LA BIENNALE, C’EST PEU !"
BABACAR MBAYE, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE LA BIENNALE DES ARTS (DAK’ART)
Gilles Arsène Tchédji et Nafissatou Dièye |
Publication 07/05/2014
A quelques jours du lancement officiel de la 11e édition de la Biennale de Dakar, le secrétaire général Babacar Mbaye Diop se penche sur les préparatifs. Un entretien à bâton rompu dans lequel il invite les mécènes à l’échelle nationale à s’intéresser à la chose culturelle.
Où en êtes-vous avec les préparatifs de la biennale ?
Disons qu’on est en avance. On est en plein préparatif de la biennale. Pour votre information, mardi (Ndlr : aujourd’hui), on invite toute la presse locale à venir visiter les quatre sites retenus. Je peux dire que les préparatifs techniques sont en avance. Les artistes commencent à venir. Ceux qui font les créations sont déjà là. Normalement, tout est fin prêt pour qu’on ait une bonne biennale.
Quand vous parlez des quatre sites, quels sont-ils ? Ce sont les sites pour les «In» ?
Effectivement ! Ce sont les sites pour les «in». Mais cette année, il y a une innovation. Le 1er site c’est le village de la biennale qui se trouve sur la route de Rufisque et ce site reçoit l’exposition internationale. Ce sera avec 62 artistes.
Et là aussi, les travaux sont en avance. Le second site c’est le musée d’art de l’Ifan qui abritera l’exposition de la diversité culturelle. On y reçoit 33 artistes. Pour une fois on reçoit des artistes qui viennent du monde entier. On a dans cette exposition des Japonais, des Chinois, des Français, des Danois… C’est vraiment un mélange important, un métissage d’une grande importance.
Ce sera une totale réussite. Et le quatrième site, c’est la Place du Souvenir qui recevra quatre grandes expositions. Il y a aussi l’hommage à Mbaye Diop et à Amadou Diakhaté. Mais aussi, il y a le pavillon rame et le pavillon Algérie. Il y aura un cinquième site du Dak’art au campus où on a invité huit artistes dont six étrangers.
Ils sont là depuis un mois à la Faculté de médecine dans une zone qui a été totalement délaissée. Cette zone, la biennale l’a complètement aménagée avec nos frais, il y a quatre mois. On ne pouvait même pas marcher dans le jardin de cet espace. Aujourd’hui, c’est bien aménagé. Je vois les étudiants l’occuper et nous espérons bien qu’après cette biennale ces étudiants pourront en prendre soin.
Pourquoi avez-vous senti le besoin d’amener le village de la biennale un peu loin du centre-ville de Dakar ?
Ce n’est pourtant pas si loin du centre-ville. Car c’est à 5 mn d’ici. C’est à côté de la Senelec de Bel-Air. Quand on dit route de Rufisque, les gens pensent automatiquement à Rufisque. Mais ce n’est pas loin. C’est juste à côté.
Pouvez-vous revenir sur le thème de cette 11e édition qui sera axée sur les métiers des arts ?
Cette année, les thèmes des rencontres scientifiques sont différents de ceux des expositions. Dans ces dernières, on a un thème général pour produire le commun, c’est-à-dire comment les artistes d’horizons divers qui viennent du monde entier se retrouvent autour d’un seul thème, d’un seul objectif et créent ensemble.
Le thème des rencontres scientifiques est alors axé sur les métiers des arts visuels et il y a beaucoup de métiers qui tournent autour des arts visuels. Ce sont des métiers dont on ne parle pas et qui font que l’artiste existe. Sans ces métiers, l’artiste n’existe pas. Je veux parler des galeristes, des marchands d’art, du collectionneur, de l’historien d’art …
Tous ces métiers existent parce que l’artiste est au cœur. Donc le but, c’est vraiment de donner plus de poids à l’artiste et pendant 3 jours, du 10 au 13 mai, on va vraiment discuter sur ces métiers. Le commissariat d’exposition aussi, les revues d’art… tout cela existe parce que l’artiste est au cœur. Nous voulons à travers ces débats donner plus d’importance à l’artiste.
Vous débattrez d’un thème important : «Comment éviter les pièges du marché de l’art ?» Quel est votre avis sur le sujet ?
Je le dis toujours aux artistes : un artiste doit être encadré, avoir un agent comme le footballeur a son propre agent. L’artiste doit avoir un agent pour qu’il s’occupe de sa carrière. L’artiste ne peut pas créer et en même temps s’occuper des sponsors et partenaires. Car son rôle est de créer.
Maintenant pour les expositions et voyages, c’est un agent qui doit s’en occuper. Si l’artiste est bien encadré, il perce. Ces artistes qui réussissent dans le monde sont bien encadrés et savent éviter les pièges du marché de l’art. C’est important, car aujourd’hui il y a tellement de pièges. Il y a des artistes à qui on demande leurs œuvres et qui envoient comme ça sans contrat.
Beaucoup d’artistes ne sont pas conscients qu’on ne peut pas exposer quelque part sans signer un contrat. Il y a beaucoup d’artistes qui exposent dans le monde entier et qui n’ont même pas de contrat alors que c’est celui-ci qui peut à l’avenir justifier tous les problèmes. Si le contrat est bien fait, si l’artiste est bien encadré, tout se passe bien.
Ce n’est pas à l’artiste de gérer ou signer un contrat. Ce n’est même pas à l’artiste d’écrire un cv ou une lettre de motivation. C’est à son agent de le faire. Si toutes ces conditions sont réunies, je pense que les artistes peuvent éviter les pièges du marché.
Vous prévoyez une conférence inaugurale qui sera faite par Yves Michaud… Beaucoup de personnes ne le connaissent pas au Sénégal…
Yves Michaud sera effectivement là pour la conférence inaugurale. Je peux dire que c’est mon maître. C’est avec lui que j’ai fait mon doctorat en philosophie et il a été mon professeur d’art.
Donc, c’est un philosophe très connu qui a beaucoup écrit sur la morale, la violence et qui dernièrement s’est consacré entièrement à l’art. C’est pour cette raison que je l’ai invité à venir faire une conférence inaugurale. Ce sera au vVillage de la biennale, le 10 mai au matin.
Il y aura aussi de grands artistes pour le «in» de la biennale. Pouvez-vous nous révéler un peu l’éventail que vous avez retenu ?
On a quand même de grands artistes. Franchement, je pense que c’est une première dans cette biennale de Dakar qu’on ait beaucoup de jeunes qui viennent tout juste de sortir de l’Ecole des beaux arts. C’était un choix. Et l’autre choix, c’est qu’on a voulu inviter des artistes qui ne sont jamais venus à la biennale de Dakar. C’était un pari.
Tous les artistes que vous verrez dans l’expo internationale ne sont jamais venus avant et on verra la qualité des créations artistiques. Il y aura 62 artistes, mais qui sont de partout d’Afrique, des Etats-Unis, d’Europe… Après 20 ans, il y a nécessité que la biennale s’ouvre au monde entier et ne pas s’enfermer entre Africains et entre le ghetto africain. Donc, il faut s’ouvrir et c’est pour cette raison qu’on l’a ouverte aux Japonais, Chinois, Israéliens et même aux Syriens.
Vous avez innové avec la composition d’une chanson autour de l’évènement ; expliquez-nous cette démarche ?
Cette démarche est faite pour la communication. D’abord, une biennale doit faire une bonne communication. Cette chanson, je vais vous surprendre, c’est un de mes étudiants qui l’a écrite. A la faculté un jour, il est venu me voir et m’a dit monsieur, j’ai écrit une chanson, si vous voulez, je peux trouver une fille qui peut la chanter. Je regarde la chanson, je rectifie juste quelque chose et je dis, ok et maintenant, qui est la fille ?
Il m’emmène la fille, puis elle chante extraordinairement bien. J’étais vraiment impressionné. Je dis au gars, écoutez, vous vendez la chanson à la biennale et on va en faire un clip et c’est comme ça que cela a eu lieu. Donc, c’est une première et quand je vais sur Youtube et que je vois qu’en une semaine, il y a eu plus de mille vues, je me dis voilà, c’est important. Il faut aussi que la biennale sorte du plateau et qu’elle aille dans la banlieue et dans les quartiers populaires.
J’ai envie que cette biennale ait un cachet populaire. La publicité, la communication ne vont pas s’arrêter là. Vous verrez que dans deux ou trois jours dans Dakar, sur une centaine de taxis, vous verrez le logo de la biennale parce que je veux que les gens se demandent ce qui se passe à Dakar. Les gens ignorent encore l’importance de la biennale.
Je dis toujours que la biennale, c’est 30 000 visiteurs. Tous ces visiteurs sont logés dans nos hôtels. Ils mangent dans nos restaurants, paient nos taxis, donc, il y a une activité économique importante en une semaine. Pour le moment, on n’a pas de vrais statistiques, mais cette année 2014, j’ai vraiment envie de faire savoir au public que cette biennale a des enjeux socio-économiques et touristiques.
Tout cela a un coût. Est-ce que vous avez vraiment les reins solides ?
Le budget de la biennale pour cette année s’est augmenté jusqu’à 700 millions. Mais c’est peu avec ce qu’on veut faire. Toutefois, on va essayer de le gérer. La chance qu’on a, c’est que la Royal air Maroc (Ram) nous offre 167 billets d’avion gratuits.
Donc, tous nos artistes sont supportés gratuitement par la Ram. L’autre grand partenaire qu’on a, c’est l’Algérie. Le ministre de la Culture d’Algérie est aussi un partenaire important. L’Oif qui est un partenaire habituel, il y a aussi les partenaires locaux. Tout cela nous permet de combler notre budget qui n’est pas énorme. Disons que l’Etat nous donne les 50% du budget.
Entre-temps, on a senti les grands mécènes partir et ne plus soutenir la biennale ; avez-vous à présent trouvé une autre stratégie ?
On ne voit plus certains partenaires, mais les autres sont revenus. J’ai signé avec la Ram un contrat pour trois éditions (2014, 2016 et 2018). Et c’est ce que j’ai envie de faire avec d’autres partenaires. Mais ce que je voudrais dire ici, c’est que j’ai du mal à comprendre qu’au moment où les partenaires étrangers courent vers la biennale, on ne voit pas les partenaires nationaux.
La Ram, c’est une organisation étrangère, l’Oif, pratiquement tous nos partenaires, ce sont des étrangers. Pourtant, on a dans ce pays, de grandes sociétés, nous avons de grandes banques qui ne font rien pour la culture. Il est temps qu’ils savent que cette biennale, c’est la nôtre et que si elle est financée par des partenaires étrangers, il n’est pas normal qu’ils ne fassent rien.
A la veille de ce rendez-vous, quel appel désirez-vous lancer au public de Dakar, et à ceux qui viennent de l’étranger ?
D’abord, pour le public de Dakar, j’aimerais dire que cette biennale, après 24 ans, il faudrait que tout le monde se l’approprie. Elle n’est pas réservée à une élite. Tout le monde peut y participer. J’invite vraiment toute la population de Dakar et du pays à venir visiter les sites.
Pour une fois, on a vraiment une grande biennale. On a de grands artistes et c’est le moment de venir découvrir ce que nos artistes savent faire. Pour les étrangers, je leur souhaite la bienvenue à Dakar, et qu’ils en profitent pour visiter toutes les expositions et notre belle ville qui est Dakar.
LUCIANO BENETTON FAIT DECOUVRIR LE MONDE PAR L’ART
Le cofondateur de la maison de prêt à porter Luciano Benetton veut faire découvrir le monde en misant sur l’art. C’est l’objectif de la collection d’art contemporain « Imago Mundi » composée de milliers d’oeuvres que L. Benetton veut faire voyager à travers le monde.
Dans le cadre de la partie Off de la biennale de Dakar, la collection « Dokh dadjé » (la rencontreen wolof), dédiée aux artistes sénégalais, sera présentée ce samedi 10 mai dans le cadre d’une exposition.
La collection « Dokh dadjé » regroupe 145 artistes. Parmi eux, des talents confirmés et émergeants :Amadou Seck, Ibrahima Gingue, Anta Germaine Gaye, Abdoulaye Kane, Kalidou Kassé, Lena Mboup, Moussa Sakho.
Dans leur démarche plastique, ils ont confronté techniques, styles, couleurs et matériaux, avec un format de 10 centimètres x 12. Au sein de cette diversité de profils, comme l’observe dans l’introduction du catalogue de la collection la plasticienne Anta Germaine Gaye, se profile également l’important terrain de rencontre et de dialogue entre les genres : la « forte présence des femmes est significative du refus des préjugés, de l’aspiration à la parité et de la liberté d’expression qui s’affirment de plus en plus en terre sénégalaise ». Il y a aussi la rencontre entre la tradition, avec ses contenus historiques d’accueil et de tolérance, l’aspiration à la liberté et à l’ouverture au monde.
La collection « Imago Mundi », sous l’égide de la Fondazione Benetton Studi Ricerche, n’a pas de visées commerciales mais propose de réunir la diversité du monde au nom de l’expérience artistique commune.
D’autres zones géographiques comme l’Amérique latine, la Corée du sud, l’Australie, la Russie, les Etats- Unis sont concernées par ce projet artistique.
LA GALERIE "KEMBOURY" PRÉSENTERA "LA RENCONTRE" AVEC 7 ARTISTES
La galerie Kemboury présente pour la biennale 2014 des expositions sur trois sites à Dakar. Des rencontres qui seront animées par sept artistes dont des sénégalais, des malgaches et une coréenne. L'information a été donnée hier, mardi 6 mai, par Thérèse Diatta, lors d'une conférence de presse dans ses locaux.
A deux jours de la biennale de Dakar, les différents exposants s’affairent aux derniers réglages. A la galerie Kemboury, la directrice a convié la presse à une conférence hier, mardi.
Son site va présenter le travail de sept artistes dont des sénégalais, des malgaches et une coréenne dans l’agenda off de la biennale 2014. Pour Mme Thérèse Diatta, il a été décidé de montrer le travail de sept artistes issus de deux continents dont l’Afrique et l’Asie.
Pour Mme Thérèse Diatta, les rencontres vont se dérouler sur trois sites différents dont la galerie, à la rue du canal 4, l’annexe Kemboury à la piscine olympique et au Terrou-Bi. "Nous avons choisi de présenter des artistes issus de deux continents pour favoriser les échanges. Une manière pour nous de favoriser la diversité culturelle", a-t-elle soutenu.
En plus des œuvres d’arts qui seront présentées au public, Mme Diatta a indiqué que les expositions vont aussi accueillir des artisans d’art qui vont exposer des colliers et autres objets. Et c’est dans cette logique que le Niger va proposer des bijoux Touareg avec Alassane Athié. Au niveau de la galerie Kemboury sur la rue du canal 4, Mbaye Babacar Diouf va présenter une collection de "être et paraître" avec de petits tableaux très facile à transporter ainsi que des grands. Selon l’artiste, sa technique réside dans la spontanéité. L’homme est son domaine de prédilection.
Toutefois, dans ces dernières réalisations, Mbaye Babacar s’aventure au graphisme. A ses cotés, il sera avec Kiné Aw qui travaille sur la déstructuration des formes. Cette dernière choisit la femme et la définit dans ces tableaux avec des perceptions qui lui sont propres. Elle travaille dans l’abstrait et promet des œuvres avec des lignes plus audacieuses pour cette biennale qui s’ouvre ce 08 mai. Le vernissage est prévu le 12 mai à 19h.
Le lendemain du 13 mai, le public va migrer à la piscine olympique au niveau de l’annexe de la galerie avec les expositions des trois malgaches : Temmandrota, Tahina Rakotoarivony et Azaly Zakaria (Isaac) qui vont présenter en plus des expositions, une performance collective qui dure 20mn. Le thème va tourner autour de "J’ai bu l’eau" de Mangareza.
Pour l’artiste Isaac : "le Madagascar est peint négativement. Pour paraît à ça, nous avons décidé de présenter notre pays autrement." Il est aussi prévu un déjeuner Malgache afin de découvrir la cuisine de leur pays. Pour les œuvres des invités Malgaches, elles auront une touche de récupération, de collage. La nature sera bien représentée dans toutes ses formes. Le 22 mai à partir de 18h, la galerie sera au Terrou-bi avec la coréenne du Sud Eun Jung Park et le Sénégalais Dame Ndiaye.
Soulignons que tous les artistes étaient présents lors de la conférence de presse.
Selon l'étude conduite par Ousmane Thiam, expert en gestion de l'environnement et diplômé de l'Université Léopold Sédar Senghor d'Alexandrie, et publiée dans l'ouvrage, «Le Barrage de Diama: Evaluation des avantages sociaux et environnementaux de la retenue d'eau», (Harmatan, 2013, 238 pages), le barrage anti-sel de Diama a favorablement répondu aux attentes de l'Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) et des pays membres, notamment le Sénégal et la Mauritanie. En atteste, la disponibilité d'eau douce, qui confère à la zone d'influence un potentiel économique consistant, constitué essentiellement de la biomasse et de ressources piscicoles y compris les multiples usages notamment, de la ressource en eau. Toutefois, il existe un potentiel de risques de conflits et de compétition entre les usagers qui peuvent être à l'origine de dégradations de la ressource et de l'écosystème.
«Après deux décennies de service, le constat peut être fait que l’ouvrage de Diama a répondu favorablement aux attentes de l’OMVS et des pays membres principalement, le Sénégal et la Mauritanie», selon Ousmane Thiam, expert en gestion de l’environnement et diplômé de l’Université Léopold Sédar Senghor d’Alexandrie. Aujourd’hui, l’expert environnementaliste de l’Agetip et de l’Apix, est auteur d’une étude sur «Le Barrage de Diama: Evaluation des avantages sociaux et environnementaux de la retenue d’eau», l’Harmatan, 2013, 238 pages.
Cet ouvrage préfacé par Mohamed Salem Merzoug, ancien Haut Commissaire de l’OMVS, arrive à son heure, en ce sens qu’il est la première grande étude scientifique sur les impacts du barrage anti-sel de Diama sur les écosystèmes de la zone fluvio-deltaïque. Il vient combler un vide: celui du besoin d’inventaire économique et social, faire le point sur les impacts environnemental et écologique depuis la construction de la retenue, sur le delta du fleuve Sénégal et sa mise en service.
Dans l’ouvrage, Ousmane Thiam souligne: «à la lumière de cette étude d’évaluation économique de la valeur de la retenue de Diama ou du potentiel économique découlant de la présence de la disponibilité d’eau douce, nous avons pu constater que la zone d’influence, bien que réduite, dispose d’un potentiel économique consistant». En effet, le barrage de Diama dont la construction a duré quatre longues années (1981-1985) a été mis en service en novembre 1985. Situé sur le fleuve, dans le Delta, en amont de Saint-Louis et à 50 km environ de l’embouchure, il a pour objectifs spécifiques: «d’empêcher, en période d’étiage, la remonté des eaux salées dans le Delta et la basse vallée du fleuve Sénégal ; de permettre l’irrigation de 120.000 ha de terres dans sa zone d’influence ; de permettre la satisfaction des besoins en eau des centres urbains et ruraux ; d’améliorer les conditions de remplissage des lacs et dépressions liés au fleuve Sénégal, notamment le lacs de Guiers, le lac de R’kiz, la dépression de l’Aftout es Sahel, le parc du Djoudj, le parc de Diawling, les défluents en rive droite et en rive gauche, ainsi que de réduire les hauteurs de pompage dans la zone d’influence».
Un outil d’aide à la prise de décision
Le livre de Ousmane Thiam qui répond à plusieurs autres questions, constitue un outil d’aide à la prise de décision, la bonne décision, pour la mise en place de projets et programmes ambitieux pour repenser la contribution de ce joyau à l’économie locale et nationale. A travers des connaissances fiables, les décideurs ont à leur disposition des moyens d’une bonne maîtrise de la qualité de l’eau qui doit être une tâche permanente du fait de la multiplicité des usages, et dont dépend la survie de tous les autres usages identifiés dans l’environnement immédiat de la retenue de Diama.
L’ouvrage oriente et alerte les autorités sur les usages, la pertinence et l’opportunité de l’option de l’Etat pour le «tout riziculture», le prélèvement d’eau de subsistance qui est un autre usage qui ruine les populations rurales (elles paient plus cher l’eau qui d’ailleurs n’est pas de bonne qualité, le riz sénégalais n’est pas compétitif), la rentabilité et les avantages économiques de la filière tomate industrielle de la zone d’étude. Celle-ci concerne la zone fluvio-deltaïque de la rive gauche qui borde le fleuve Sénégal entre Rosso et Diama, c’est-à-dire du côté du territoire du Sénégal. Il s’agit du moyen delta et une partie du bas delta notamment de Diama Amont à la commune de Rosso. Ce choix est guidé par le centre d’intérêt de l’étude.
La riziculture… appauvrit les populations
D’ailleurs, «annuellement, les populations rurales (environ 135 000 habitants), donc les plus démunies, paient l’équivalent de 750 000 F Cfa. (…) l’eau. Le comble de cette injustice à l’endroit des populations de la zone d’étude est bien qu’elles paient plus cher, elles reçoivent cependant une eau de très mauvaise qualité (…) Les populations à proximité du plan d’eau n’ont aucune garantie quant à l’accès à l’eau». Mieux, «la valeur de maintien de l’équilibre écologique dépasse de loin toutes les autres valeurs d’usages réunies et constitue la première valeur économique. D’une manière générale, on trouve des usages non rentables qui appauvrissent les populations et d’autres qui le sont réellement et une troisième catégorie qui présente des manques à gagner. C’est notamment le cas de la pêche et le développement des filières agricoles à travers les spéculations qui rapportent plus» comme la tomate, renseigne le document.
L’étude relève que l’agriculture irriguée est le premier poste utilisateur d’eau parmi l’ensemble des usages identifiés dans la zone environnante de la retenue de Diama. En revanche, «c’est le poste qui appauvrit le plus par ses déficits liés à l’excès d’eau dédié à la riziculture. Un tel excès rime indubitablement avec un gaspillage de ressources. Quant à la culture de la tomate industrielle, elle consomme moins d’eau que la riziculture et génère plus de ressources financières pour l’ensemble des deux types de riz». C’est pourquoi, dans ce contexte de non compétitivité du riz sénégalais à cause de coûts de production très élevés, Ousmane Thiam invite les autorités au sommet à un véritable courage politique en vue de «développer à la place du riz d’autres spéculations qui assurent des revenus beaucoup plus importants aux producteurs. Economique, la culture du riz n’est pas encore viable dans le cadre du libre marché».
Pêche: la concurrence déloyale des oiseaux migrateurs
Aussi, en termes de potentiel de développement, la retenue détient une grande valeur économique, constituée essentiellement de la biomasse et de ressources piscicoles. Cependant, «la plus grande part de ces poissons ichtyologiques est très importante dans la zone, environ une valeur de plus de 8 milliards F Cfa. Sur cette valeur, la pêche n’en tire que 331 000 000 F Cfa et le reste correspond à la valeur de la nourriture des oiseaux ichtyophages, notamment du Parc national des oiseaux de Djoudj. En d’autres termes, les oiseaux capturent à eu seuls 95% de la valeur des prélèvements de poissons de la zone ! La concurrence déloyale pour la nourriture que livrent les oiseaux ichtyophages (migrateurs pour la plupart) aux humains pose le problème de l’estimation de la valeur réelle de ces oiseaux. (…) Ces prélèvements importants de poissons que les oiseaux migrateurs substituent aux populations locales qui n’ont pas accès, constituent un manque à gagner certain et réelle pour l’activité de pêche».
Cet argument peut être important dans les négociations environnementales entre les défenseurs des oiseaux et du parc et des populations et pêcheurs à qui devaient revenir ces importants stocks de poissons. De même, la pêche peut aussi gagner en valeur, en faucardant les typhas qui empêchent les pêcheurs d’accéder aux lieux de regroupement des poissons. Mieux, ces plantes envahissantes peuvent être valorisées. Au-delà de l’artisanat, selon le principe environnemental consistant à transformé un problème en opportunité, elles peuvent être utilisées dans le domaine du fourrage et de la production d’énergie domestique (charbon, etc.) et électrique.
Polémique et avis divergents sur les retombées des barrages
Cependant, le chercheur reconnaît que la mesure des retombés des infrastructures de développement sur le fleuve Sénégal est souvent source de polémique et les avis, quant aux avantages ou aux inconvénients, sont jusqu’ici divergents. Et ce, selon qu’on soit producteur, décideurs nationaux, internationaux du côté de l’OMVS, bailleurs de fonds, populations locales, groupements socioprofessionnels (pasteur, paysans et pêcheurs), (…) «deux grandes catégories d’appréciation des retombées des barrages de l’OMVS se dégagent. Toutefois, loin de concilier ces avis divergents, l’objectif du chercheur est de participer modestement au travail d’évaluation de manière générale des avantages et des inconvénients entraînés par la construction de ces grands ouvrages (barrages de Diama et de Manantali) qui auront coûté en investissement en capital plus de 400 milliards de F Cfa aux Etats riverains membres de l’OMVS».
Bref, alors qu’après plus d’un quart de siècle de mise en service du barrage, une véritable évaluation économique, en termes de coûts et avantages des aménagements hydro-agricoles de l’OMVS attend d’être faite, le constat c’est qu’il est «extrêmement difficile à l’heure actuelle de se prononcer avec précision sur ce que les barrages (Diama et Manantali au Mali) ont apportés aux populations et au bassin versant sur toute sa longueur et dans sa globalité». Même si ces deux infrastructures d’envergure ont considérablement amélioré les hauteurs d’eau et facilité l’irrigation, elles ont, cependant, profondément modifié le fonctionnement hydrologique du fleuve et la qualité des eaux y compris la vie des populations.
Existence d’un potentiel de risques de conflits et de compétition…
Donc, disposer d’un potentiel est une chose certes, mais pouvoir en profiter utilement en est une autre. Dès lors, il est nécessaire d’identifier les meilleures utilisations souhaitables pour l’exploitation optimale de ce potentiel en tenant compte de la fragilité du milieu, et nonobstant les intérêts contradictoires des Etats et des populations riveraines qui partagent la même ressource. Car il existe un potentiel de risques de conflits et de compétition entre les usagers qui peuvent être à l’origine de dégradations de la ressource et de l’écosystème, conseille Ousmane Thiam dans l’ouvrage.
C’est pourquoi, le principe de la précaution doit être au centre de la méthodologie dans la gestion de la ressource en eau, la première identifiée, qui assure les principaux usages par prélèvement (agriculture irriguée, l’alimentation en eau des populations de la zone). Car, avec l’importance des plans d’aménagement sur les deux rives et le troisième objectif fondamental de l’OMVS, le transport fluvial y compris la production d’électricité par Manantali, des pénuries d’eau peuvent se présenter durablement dans le futur, même si, actuellement, l’eau est encore en mesure de satisfaire toutes les activités de prélèvement en vigueur dans la zone d’influence, prévient Ousmane Thiam, dans le livre. D’ailleurs, «la maîtrise de la qualité de l’eau doit être une tâche permanente du fait de la multiplicité des usages, la survie de tous les autres usages identifiés dans l’environnement immédiat de la retenue de Diama en dépend».
Mouhamed Salem Merzoug qui salue la démarche de l’acteur du développement de la région qu’est Ousmane Thiam, note que les «précieux résultats de ces recherches permettent, tout en assumant les choix stratégiques de l’OMVS et de ses Etats membres, de dessiner des perspectives permettant d’en mitiger, durablement les implications à tous les étages. Là réside l’originalité de ce travail de qualité comme transcription contingente de l’approche renouvelée du développement en Afrique avec comme colonne vertébrale la recherche/développement».
FESTIVAL OKOFILM DE BERLIN: MOUSSA TOURE REÇOIT LE PRIX DU PUBLIC
Dakar, 6 mai (APS) - Le cinéaste sénégalais Moussa Touré a décroché le Prix du public du 9ème Festival écologique "Okofilm" de Postdam, à Berlin (Allemagne), pour son dernier long métrage "La Pirogue", a appris l’APS de source informée, mardi à Dakar.
‘’Le prestigieux trophée du public très convoité par les cinéastes a été remis, le mardi 29 avril 2014, au professeur Maguèye Kassé qui a représenté le réalisateur Moussa Touré à la cérémonie solennelle de remise des prix’’, a annoncé le journaliste culturel Alassane Cissé.
Pr Kassé, enseignant au Département de langues et civilisations germaniques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), a animé en outre des sessions avec l’écrivain allemand Juergen-Leskïn, lors de ce festival qui portait sur le développement durable.