La complainte de certains artisans au village artisanal de Soumbédioune qui n’ont pas été impliqués dans la Biennale «Dak’Art 2014» n’a pas laissé indifférent le ministre de la Culture. Interpellé sur la question, Abdoul Aziz a tempéré, avant d’expliquer la différence qu’il y a entre les acteurs devant prendre part à ce rendez-vous.
Selon lui, parmi les artisans, il y a ceux qui font de l’artisanat d’art incontestablement. Et il souligne qu’il y en a qui ont un contenu artistique moyen. «Mais ceci n’est pas un problème encore une fois. Ce qui est important, c’est la manifestation de la création, la créativité. Si vous revenez à la créativité, l’artisanat d’art et l’art tout simplement, c’est la même chose. Car, ces deux centres de créativité sont importants pour le Sénégal. Ce qui est important à tenir en considération, c’est de faire en sorte que tout le monde participe», souligne-t-il.
Quant à l’absence de communication et d’information en direction des artistes et artisans locaux, Abdoul Aziz Mbaye rétorque : «Ceux qui disent qu’ils n’ont pas été informés, maintenant ils le sont. Ils n’ont qu’à venir participer au maximum de leurs possibilités et surtout eux, les artisans d’art, qui ont un aspect important le fait que la Biennal n’est pas seulement la Biennale de l’art contemporain, c’est aussi un événement qui attire des touristes et des gens qui sont intéressés par la culture sénégalaise».
Pour le ministre de la Culture, les artisans ne doivent pas ignorer que le village des arts, c’est le village où logent les créateurs d’art et où on retrouve aussi des sculpteurs qui, peut être, note-t-il, sont des créatifs pures. «Deuxièmement, on y rencontre des peintres et des gens qui sont dans toutes les formes d’expressions culturelles. On trouve du tout dans le village d’art. Maintenant, le village des artisans, c’est autre chose. Car l’artisanat est plus proche du commerce. Cela veut dire qu’on reproduit des objets qui comportent un certain niveau de créativité, on les récrée pour les vendre en un nombre un peu plus important que le nombre classique dans lequel on vend une sculpture».
Et pour asseoir sa thèse, le ministre donne en exemple un sculpteur qui, dit-il, «va faire une sculpture, mais un sculpteur artisanal va reproduire la même sculpture, la reprendre 40, voire 50 fois, donc sa créativité doit être reconnue en tant qu’artiste. C’est ce qui le fait passer dans la catégorie des artistes. Mais il est aussi du côté commercial, beaucoup plus dans la manufacture qu’autre chose», explique M. Mbaye.
DES ARTISANS DU VILLAGE ARTISANAL DE SOUMBEDIOUNE INDEXENT LA CHAMBRE DES METIERS
La Biennale de Dakar, les artisans du village artisanal de Soumbédioune estiment en être exclu. Et ils indexent la Chambre des métiers, sans manquer de fustiger l’absence de communication de la part des organisateurs de la Biennale. Ce à quoi le ministre de la Culture répond que ce n’est pas un problème.
La 11e Biennale des Arts bat son plein dans les différents lieux où il est prévu des expositions soit en «in» ou en «off». Moment d’échange, de rencontre et de dialogue entre les différents artisans venus de divers horizons, la Biennale de Dakar n’est pourtant pas ouverte aux artisans sénégalais du village artisanal de Soumbédioune. Certains d’entre eux que nous avons rencontrés dénoncent ainsi leur non implication dans ce «Dak’Art 2014».
Selon eux, qui parle de cette Biennale fait allusion au savoir faire des artisans et créateurs venus d’autres contrées, mais certainement pas à eux. Cela, alors même c’est en premier les artisans sénégalais qui devaient ressentir le plus ce rendez-vous culturel. «Nous ne pouvons pas comprendre que pour un événement tel que la Biennale des Arts, les artisans de ce village de Soumbédioune ne soient pas associés. Et pourtant, nous avons de belles oeuvres à montrer au reste du monde. Et ce genre de rencontres est une occasion pour mieux vendre notre pays», fustige un sculpteur, vendeur d’œuvres d’art sous-verre et de tableaux de peinture.
Trouvé dans sa boutique, avec une diversité d’articles, Moukhamadan Mbaye, plus connu sous le nom de Dan Mbaye, qui a fait une décennie dans ce marché touristique, manifeste son désarroi. D’après lui, les artisans du village sont laissés toujours en rade pendant ce grand événement qu’est le «Dak’Art». Car ils n’ont jamais eu la chance d’y participer. «C’est à travers les medias qu’on entend qu’il y a la Biennale et on voit la participation d’autres artistes. Mais jamais ceux du village artisanal n’ont été impliqués dans la Biennale», se désole-t-il.
Pourtant, souligne Dan Mbaye, c’est le village artisanal qui coiffe le marché d’art qui existe au Sénégal. Et il en veut pour preuve que tous les marchands d’art font leurs emplettes au niveau de Soumbédioune. «Donc, c’est ici que se trouve la principale source d’approvisionnement d’articles d’art, mais ça n’existe que de nom», dénonce-t-il en confiant qu’«avant d’être ministre de la Culture, Youssou Ndour leur avait promis de leur aider à mieux structurer ce village en impliquant les artisans dans tous les rendez-vous importants. Toutefois, ce n’était que des paroles en l’air».
Selon Dan Mbaye, leur mise à l’écart de la Biennale incombe non seulement à leur ministre de tutelle, mais aussi et surtout à a chambre des métiers qui les coiffe. «C’est la preuve que la chambre des métiers ne travaille pas. Même dans leur gestion, ce village est mal reparti. Or, ici, c’est le fief du gouvernement. Alors, cela m’étonne qu’on ne nous implique pas. Il y a une affiche au niveau du village pour informer les artistes sur les formalités et les critères de participation à la Biennale. Mais
c’est tout», dit-il sans manquer de demander à ce que la chambre des métiers revoit sa politique pour le développement du village artisanal. «Car ce village regorge de beaucoup de revenus et participe à l’économie sénégalaise», affirme-t-il.
Respectivement, des vendeuses de colliers et de perles, Aïda et Bintou, ajoutent : «Nous avons toujours envie de participer à la Biennale. Mais il n’y a pas de communication et nous ne savons comment s’y prendre. Nous interpellons notre tutelle, la chambre des métiers afin qu’elles prennent mieux en considération les artisans du village de Soumbédioune, en leur permettant, entre autres, de participer à des événements pareils».
AUX ''MAMELLES'', OUSMANE NDIAYE DAGO SCULPTE LA ''FEMME TERRE''
Dans la partie « off» du Dak’art 2014, l’artiste plasticien, Ousmane Ndiaye Dago, présente, aux Mamelles l’exposition intitulée « Femme terre ».
L’artiste accorde un intérêt particulier à la gente féminine. D’où l’intitulé de l’exposition « Femme terre » inscrite dans la programmation Off du Dak’art 2014.
Le plasticien dit croire en la créativité des Africains, mais il pense qu’elle doit être doublée d’un enseignement didactique pour faire éclore le génie artistique. Ousmane Ndiaye Dago n’en est pas à son premier coup de pinceau. Depuis 1986, il a participé à 47 rendez-vous culturels.
Entre autres événements : la Biennale des arts graphiques Bruno (Tchécoslovaquie), le festival des 3 continents de Nantes en France, l’exposition au centre culturel Ramon
Sala municipal de Carthagène, Espagne (1999), le vernissage à la Galerie Gala Cia Milan en novembre
En marge d'un panel portant sur « mécénat et développement par la culture », organisé par la fondation Sonatel hier, mardi 13 mai, dans le cadre de la biennal off, Mamadou Lamine Loum, Racine Senghor et d'autres artistes ont formulé un certain nombre de recommandations pour asseoir un développement culturel basé sur le mécénat.
Mamadou Lamine Loum, Racine Senghor, Ousmane Sow Huchard et d'autres artistes réunis en panel hier, mardi 13 mai 2014, ont au terme de leurs travaux dégagé des voies qui pourraient contribuer au développement du mécénat au Sénégal et impacter de manière positive sur la culture.
Ainsi, Racine Senghor et ses camarades trouvent que pour le développement du mécénat en milieu culturel, il faut impérativement le respect de treize recommandations. Entre autres, que la loi sur la mécénat soit réexaminée et réhabilitée, la doctrine sur l'achat des œuvres culturelles soit fondée sur des critères et qu'un musée d'art contemporain soit créé. Il s'y ajoute auss la promotion des instruments fabriqués au Sénégal. Pour que le mécénat puisse jouer son rôle dans le secteur de la culture, les artistes trouvent également opportun une synergie des actions entre acteurs culturels, autorités étatiques et fondations.
Dans la foulée, des artistes ont aussi exposé leurs productions. Dans l'exposition d'art plastique dénommée « cheminement artistiques », Adama Sylla, Issa Diop, Abdou Karim Fall, Khalifa Gueye, Tony Okujeni et Baba Ly ont présenté des sculptures et des tableaux. Issa Diop a évoqué des aspects de la vie culturelle sénégalaise telle que la lutte.
Dans le jardin de la fondation Sonatel servant de cadre à l'exposition, les œuvres de Khalifa Gueye se distinguent. Avec une collection de 6 œuvres, l'éducation du prince, la pêche, la Sénégalaise, la Linguère, le Mendiant et le Sacrifice, Khalifa avec une aptitude remarquable dans l'usage des couleurs rejoint les Sénégalais dans leurs vécus quotidiens. Le Nigérian Toni Okujeni quant à lui jette son dévolu sur les espaces bondés de personnes. Sur ce, il a présenté une représentation de la gare routière de Petersen et des rives st-louisiennes à ses heures de rush.
SENEGALAIS ET MALGACHES «EXHIBENT LEUR ART ET CULTURE»
Les galeries Kemboury 1 et 2 ont organisé, les 12 et 13 mai, le vernissage des expositions d'artistes sénégalais et malgaches, un plateau d'une diversité de peintures, de poterie, magnifiant les traditions des deux pays.
Trois artistes d’origine malgache ont présenté hier, mardi 13 mai, leur travail à la galerie Kemboury 2 logée à la piscine olympique de Dakar. Tahina Rakotoarivony a peint des visages de personnages connus tels que Martin L. King, Gandhi entre autres. L’artiste, en compagnie de ses compatriotes a travaillé sur le thème « Zé’ bu l’eau d’imangareza» qui est un fleuve à Madagascar. Selon la légende, quiconque boit de cette eau reviendra sur cette terre. Une manière pour les artistes de vendre leur pays à l’Afrique et au reste du monde.
Dans les œuvres de Tahina, on y retrouve une dominante des couleurs bleu, vert, jaune et marron. Selon le peintre, Madagascar est un pays parsemé de verdure avec un fleuve et le soleil. Les couleurs choisies ne font que l’aider dans la description de son pays. Il utilise de nombreuses métaphores, des chiffres, des symboles, tout en s’inspirant du quotidien des gens. Tout cela reste et demeure un message pour nos sociétés.
Isaac quand à lui a versé dans la récupération avec des techniques de collage et de vidéos projecteurs. Avec des tableaux moyens, l’artiste présente des œuvres plus ou moins gais, «heureux», «le sourire». Des thèmes qui rejoignent l’atmosphère de son pays où selon lui, il fait bon vivre et où tout départ renvoie à un retour. Pour Isaac , «le imangareza est un fleuve mystique qui n’existe pas chez eux. On l’a utilisé comme métaphore pour symboliser le départ, c'est-à-dire traverser la mer. Nous avons essayé de trouver cette fluidité en combinant nos styles et en essayant de traduire une belle image de ce qu’on pourrait avoir de Madagascar. Trois styles différents mais où on sent une certaine symbiose par le voyage».
A travers cette diversité de technique utilisée pour faire ressortir son message, l’artiste a avancé que le collage, le vidéo projecteur et le pochoir, sont différentes combinaisons techniques pour montrer le coté recherche et complexe. Temandrota pour sa part, fait de la peinture géométrique et utilise des matériaux de ''récupération naturelle et urbaine''. Sa collection est captivante avec une récupération de matériaux divers. Des œuvres qui renferment des secrets à la limite devenues des mythes.
Vernissage galerie Kemboury I
A la galerie kemboury 1, deux artistes sénégalais ont exposé leurs œuvres. Le vernissage a eu lieu lundi dernier en présence du ministre de la culture, Abdou Aziz Mbaye.
Kiné Aw et Mbaye Babacar Diouf, ont travaillé sur l’homme en général. Kiné Aw fait dans l’abstrait avec une technique qui réside dans la spontanéité. Elle travaille sur la déstructuration des formes en donnant à la femme une autre sensibilité. Pour le critique d’art, Massamba Guèye : «l’artiste soutient une démarche qui interroge les valeurs traditionnelles dans ses rapports avec nos usages quotidiens. Très sensible à la condition féminine, Kine Aw, influencée par les cubistes, compose puis décompose les formes, les corps et interroge le quotidien des femmes. Ses formes sont torturées, ses couleurs d’une forte densité. Nous sommes dans une sorte de cheminement intérieur qui dépeint des sentiments troubles».
Pour Mbaye Babacar Diouf, sa peinture reste un hommage à l’homme et son environnement. En plus de la peinture, il explore le graphisme, la texture. Massamba Mbaye parle de l’homme et de son travail en ces termes : « Dessinateur précoce, Mbaye Babacar Diouf, qui est sorti de la même école nationale des arts de Dakar que Kiné Aw, se cherche à travers sa peinture. Graphisme, texture, superpositions… tout en Mbaye Babacar Diouf est un véhicule de sa réflexion sur le monde et les humains. La spiritualité tient une part non négligeable dans sa démarche. Mais son traitement de la lumière se différencie de celui de Kiné Aw. Il met en lumière là où sa collègue tamise ses faisceaux avec ses tripes».
Dame Ndiaye, artiste autodidacte a exposé des œuvres à l’aquarelle en sous verre. Avec une précision sur le travail, l’artiste reproduit des architectures, des sujets qui sortent du quotidien. Dame Ndiaye, selon M. Guèye, a une maîtrise de sa technique qui éclaire toute l’équivocité du qualificatif : autodidacte. « Sa ligne est précise, ses couleurs d’une évidente harmonie et son sens du mouvement prenant. Il a découvert la peinture sous-verre dans l’atelier de Mbida, il se mettra, par la suite, dans une recherche de précision avec Daouda Ndiaye. Ses scènes communes sortent facilement de la banalité grâce à sa fine patte». Une potière, Marème Fall, membre de l’association des sourds du Sénégal, complète la liste des artistes sénégalais présentés par la Galerie Kemboury. Ses poteries sont chargées de charme. Une maîtrise technique certaine justifie cette aisance dans le modelage.
AGENDA IN BIENNALE
Mercredi 14 mai
Journée à Saint Louis, découverte des expositions off
Programme Off à Dakar
17h
Banque de l'habitat avec Kalidou Kassé
Espace public Ouakam avec transatlantic connections, cie 1er temps
17h30
Chambre de commerce avec des artistes présentés par Mamadou Ndiaye
Centre Delafosse «Doom Doomla», collectif d'artiste
Jokkolabs exposition rencontre autour de la création numérique
18h
Sup'Imax «spirale de vie» de Khadidiatou Sow
Samu social exposition collective organisée par idrissa Diallo
Petit keur ; Archibald Aki
19h00
Biscuiterie Médina dialogue artistique
LA PROBLÉMATIQUE DES REVUES CULTURELS AU CŒUR DE LA BIENNALE 2014
Dans le cadre de la 11 è édition de l’art africain contemporaine de Dakar, la revue d’art contemporaine Afrikadaa, en partenariat avec l’université de Michigan tient une table ronde pour se pencher sur la question des magazine culturels. Il s’agit d’une rencontre scientifique portant sur la thématique des publications d’art africain, afro-américaines et caribéenne.
Ce rendez-vous scientifique a regroupé les historiens d’art, les éditeurs, les directeurs de publication, les critiques d’art. A travers cette table ronde, il s’agissait surtout de mener une réflexion sur la production d’art contemporain par les revues africaines, afro-américaine et caribéenne dans une approche axée sur l’émergence des nouveaux médias et de plateformes dédiées à la création contemporaine. La finalité étant de produire un document destiné aux archives dont les participants ont déploré le manque. Il est aussi question de travailler sur une nouvelle pratique éditoriale dans une approche prospective, note Frieda Ekotto,professeur de littérature comparée à l’université de Michigan, représentant la revue Africadaa.
Parlant spécifiquement d’Afrikadaa qui est un magazine culturel en ligne Frieda Ekotto a estimé que ce qui est important c’est moins ceux qui sont dans le magazine que la réflexion qui est derrière ce qui se fait. Selon elle, les artistes viennent et mettent en pratique ce qui est publié. ‘L’’art permet aux jeunes africains de rêver’’ et le rêve est important’’, relève-t-elle.
Différents artistes ont présenté leurs revues en ligne et expliqué leurs projets éditoriaux et favoriser la discussion. C’est le cas de la sud-africaine Paula Akugizibwe qui produit des chroniques sur les business ou encore de son compatriote Mario Pissarra. Pour Seloua Luste Boulbina du Collège international de philosophie (France), elle a insisté ‘’la migration des idées’’ à travers les productions artistiquess véhiculées par ces revues, pour faire ressortir leur importance.
Le critique d’art Massamba Mbaye, a, en ce qui le concerne, expliqué qu’il est urgent que les magazines culturels puissent mieux s’organiser en ayant un business plan capable de les rendre en même temps rentables que viables. Puisque ces supports devront permettre l’émergence de nouvelles signatures d’artistes très peu connus qui ont autant valeur que ceux qui ont une certaine notoriété. De ce point de vue, il est important de décloisonner les habitudes. Selon lui, faut lier un management fort à un marketing agressif le tout combiné à une bonne communication. ‘’On ne peut pas faire économise de ces facteurs’’ note Massamba Mbaye.
A l’ère du numérique, tout support papier doit s’inscrire dans une approche futuriste. Il faut valoriser ce que nous savons faire sinon les autres qui le feront à notre place et de très bonne manière’’, a joute Massamba Mbaye.
Les revues spécialisées en culture concentrent en leur sein les difficultés inhérentes à la presse de façon générale dans les pays du sud, notamment dans le monde noir : difficulté de rentabilité et de viabilité entre autres.
Sur ce plan, M. Mbaye a souligné le coût de production élevé, qui est de l’ordre de 40% tandis que la distribution, elle, avoisine les 30%. Au finish, il ne reste que 30% pour l’entreprise comme fonds propre. Et ce sont ces 30% qui servent à prendre en compte les charges fixes (salaires, factures diverses, etc.).
Dans un tel contexte, pour tenir le coup et continuer à exister, le critique d'art préconise la diminution des couts de production, l’apport de l’Etat tel qu’il finance la formation pour l’université, la participation du secteur privé. Les revues doivent aussi travailler sérieusement sur leur business plan. Par ailleurs, il faut des projets éditoriaux pertinents pour capter les annonceurs qui vont faire vivre le journal. Mais en retrour il faut que l'annonceurs ait la vsisbilité qu'il attend de la revue
Les jardins de l’hôtel de ville de Dakar ont accueilli, hier lundi, une exposition de sculpture faite à partir du fer, du béton et de la taule. Avec des œuvres gigantesques qui interrogent notre univers, l’artiste Soly Cissé plus connue dans la peinture, a montré une autre facette de son art. A la gare ferroviaire de Dakar, l’artiste Balla Ndao a aussi présenté des créations sculpturales avec comme matière, le fer. Des actions qui entrent dans le cadre de la biennale de l’art contemporain ouverte depuis le 09 mai dernier à Dakar.
La biennale de Dakar continue de livrer ses surprises aux adeptes de la culture. Lundi dernier, lors du vernissage de l’exposition dans les jardins de l’hôtel de ville de Dakar, Soly Cissé a présenté des œuvres en sculpture. Très connu dans la peinture, l’homme a livré une autre facette de son art. Avec des œuvres géantes, Soly a interrogé l’univers, la relation entre l’homme et son environnement.
Faites à base de fer, béton et de taule, les créations prennent la forme humaine avec un visage animal. Le thème de reproduction y est bien développé avec des dualités dans les œuvres. L’artiste expose deux créations, qu’elle met cote à cote, l’une symbolisant la gente masculine et l’autre féminine. La cour royale est bien représentée avec le roi, la reine et ses sujets. Des thèmes qui renvoient à la tradition et à la culture africaine. Avec une précision sur le travail, l’homme reproduit les écailles sur de la taule pour leur donner leur forme et leur nature originale.
Pour Soly Cissé, un artiste doit être polyvalent, il doit pouvoir toucher à toutes les formes d’expressions artistiques. « C’est une manière de montrer à la jeune génération qu’il ne faut pas camper sur une seule chose. Beaucoup de gens me connaissent dans la peinture, mais aujourd’hui, j’ai présenté autre chose. J’aime être libre et je l’exprime sur mes œuvres. Mais, cela ne veut pas dire que je quitte la peinture », a indiqué l’artiste. Et de poursuivre : « dans cette collection, j’ai tenté de reproduire l’univers. L’homme est au centre mais là, il s’agit d’interroger la relation entre les hommes mais aussi entre l’homme et son environnement avec la présence de deux espèces, l’homme et l’animal. Certes la notion de dualité y est très présente, mais c’est une manière de faire un focus sur la reproduction».
A la gare ferroviaire de Dakar, un autre artiste expose sur le thème «Afrique Debout». L’artiste utilise le fer comme support pour des créations sculpturales géantes. Ici, l’homme est au centre de la nature. Riche de cinq œuvres majeures composée d’une trentaine de pièces, Balla Ndao donne vie au fer, manie avec dextérité le métal pour faire surgir des personnages qui incarnent une Afrique créative, productive et un monde en pleine mutation. La sculpture titrée «La femme libre» invite à la pleine participation des femmes dans les centres de décision et les processus de développement. Avec « le voyage », l’artiste met en relief la richesse des échanges culturels, économiques, sociaux qu’offrent les rencontres humaines à travers le monde.
Les différents pouvoirs traditionnels, religieux, mystiques, contemporains n’échappent pas à l’œil de l’artiste qui, à travers sa sculpture « le Pouvoir », déplore l’abus de certains tenants du pouvoir. « La famille », quant à elle, nous interpelle et nous exhorte à cimenter les relations parentales voire humaines dans un monde en pleine mutation.
D’ailleurs, avec la création « la Mondialisation » symbolisée par les cartes de l’Afrique, l’Europe, l’Amérique, l’Asie et l’Océanie autour d’une table ronde et de cinq chaises en fer, le sculpteur suggère l’humanisation de la globalisation. Pour l’artiste Balla Ndao, l’Afrique, continent d’une richesse diverse marquera son empreinte dans la marche du monde si les différentes composantes jouent leurs partitions.
Le Dak’art est aussi le moment de découvrir des artistes venus des autres contrées du continent. L’illustration est de Zinkpe et de Tchief, deux artistes béninois qui ont exposé leurs œuvres hier, lundi 12 mai, en marge de la biennale off. Zinkpe, artiste béninois présent à la 11 ème biennale de l’art africain contemporain, a hier lundi , présenté une exposition de peinture et de sculpture reflétant le mode de vie de ses compatriotes.
Le but visé est, selon l’artiste, de présenter la capitale béninoise au public sénégalais et ceux de la diaspora. Intitulée Cotonou, l’œuvre de Zinkpe tente d’offrir aux Sénégalais un aperçue sur les pensées et les croyances dans cette ville. Pour ce faire, Zinkpe a fait recours à une combinaison de couleurs vives dans ses peintures. Un autre artiste venu du Benin, lui également, a présenté ses oeuvres.
Tchief a fait une exposition basée sur la peinture. L’œuvre de l’artiste se focalise sur la personne humaine dans son cadre de vie.
Par la magie des couleurs, il essaie de suivre l’homme dans sa progression, faite souvent d’incertitudes. Les deux artistes béninois, à l’image de leurs 18 autres compatriotes, ont tenu à être présents à la biennale de Dakar. Une telle décision reste guidée, selon Zinkpe, par le fait que « la biennale de l’art africain contemporain est devenu un cadre de retrouvaille des artistes africains, mais également une vitrine de l’art du continent ».
Agenda Dak’Art :
Vernissage de l’exposition “Art-vert” à l’UCAD, mardi
Le vernissage de l’exposition “Art-vert”, organisé dans le cadre du Dak’art 2014, aura lieu mardi à 18 h 30, au jardin de la faculté de médecine, de pharmacie et d’odontologie de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, a-t-on appris des initiateurs. Pour cette édition, la biennale d’art contemporain africain ‘’sera marquée par une grande innovation consistant à investir le campus de l’ucad avec le projet +Art vert+’’, souligne la même source.
Fondation Sonatel
La Fondation Sonatel s’honore de vous compter parmi ses invités au vernissage de l’Exposition “Cheminements Artistiques” qu’elle organise dans le cadre de la Biennale 2014 en partenariat avec Typic Arts Gallery, le mardi 13 mai 2014 à 17h00 dans ses locaux, sise à Stèle Mermoz sur la route de Ouakam.
Vernissage d’une exposition de sculptures
L’administration du Monument de la Renaissance africaine organise, mardi, le vernissage, de l’exposition “Sociosculpture” de l’artiste Djibril Goudiaby, pour le programme “Off” de la 11ème édition de la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar (Dak‘Art, 8 mai-9 juin). Outre “Sociosculpture”, le Monument de la Renaissance africaine abrite l’exposition collective des artistes Jean Cassien Guèye, Mbaye Ndoye, Pape Magueye Guèye.
Exposition d’art visuel
L’association “Le Soumbé-Art” organise à partir de mardi une exposition d’arts visuels, sur le thème “La randonnée lébou en Afrique et ailleurs”, a-t-on appris de son président, Ousmane Sow “Soleil”. Cette exposition est prévue dans le hall de la Maison de la presse, sur la corniche ouest dakaroise, dans le cadre de l’édition 2014 de la Biennale de l’art africain contemporain (Dak’art). Selon Ousmane Sow “Soleil”, “Le Sombé-Art” va procéder, à l’occasion du vernissage de cette exposition, au lancement de son projet “Dak-arbre”, qui vise à contribuer à reboiser la capitale sénégalaise.
ISMAEL LO DEMANDE LA LIBÉRATION IMMÉDIATE DES OTAGES DE BOKO HARAM
Dakar, 12 mai (APS) – L’artiste sénégalais Ismael Lô se dit ‘’très préoccupé'' par le rapt de jeunes filles et élèves nigérianes dont il demande la libération immédiate, a-t-on appris de son manager.
''Très préoccupé par le rapt de jeunes filles et élèves au Nigeria, l'artiste sénégalais exprime toute sa solidarité aux familles des enfants et se joint à elles pour demander leur libération immédiate’’, selon le communiqué de son manager transmis à l’APS, lundi.
Ismael Lô s'exprime ‘’en tant que père de famille, éducateur, promoteur d'une école privée et panafricaniste’’ et assure qu’en tant qu'artiste international, il ‘’ne ménagera aucun effort pour faire entendre la voie des familles.
‘’En ce jour dédié aux mères, Ismael Lô salue le courage des mamans africaines et du monde entier sans qui il n'y aurait pas de vie. A ce titre, il engage toutes les bonnes volontés quelle que soit leur situation à travailler pour la liberation des jeunes filles nigérianes’’, écrit son manager.
Le musicien ‘’demande aux gouvernements africains, à la communauté internationale, à la société civile, aux artistes, aux médias de soutenir toutes les bonnes initiatives qui ont pour objectif la protection des femmes, des filles, des enfants, des personnes vulnérables pour un monde meilleur’’.
Quelque 200 lycéennes nigérianes, âgées de 12 à 18 ans, ont été enlevées, le 14 avril dernier, dans l'Etat de Borno, dans le nord du Nigeria, fief historique de Boko Haram, une organisation dont l’ambition est d’instaurer et de faire appliquer la loi islamique dans ce pays. De type islamiste, cette organisation promeut le Jihad et rejette l’éducation occidentale assimilée à "un péché".
Boko Haram s’illustre ainsi, depuis 2009, par une série de violences à l'encontre du gouvernement et des populations du nord du Nigeria. L'insurrection menée par l’organisation a fait des milliers de morts dont plus de 1.500 depuis début 2014, selon des chiffres officiels.
Des associations féminines sénégalaises ont battu le rappel de leurs troupes, lundi à Dakar, lors d'un rassemblement tenu aux environs de l'ambassade du Nigeria, pour demander la libération de ces otages.
Les protestataires, affiliées à une vingtaine d'associations féminines, se sont massées finalement à quelques jets de pierres de l'ambassade pour dire leur indignation devant les journalistes.
Elles ont invité les autorités nigérianes et la communauté internationale à "prendre des mesures immédiates" pour venir au secours de ces "filles mineures et innocentes".
La solitude construit un socle de silence et donne à tout artiste un regard particulièrement aiguisé.
Osons donc affirmer que les œuvres exposées, dans le cadre de cette 11e Biennale de l’art contemporain africain, sont autant de solitudes que de silences.
On ne crée pas dans le bruit, mais dans la solitude. Si bien vrai que l’écrivain d’origine égyptienne Edmond Jabès disait : «On parle pour rompre le silence, on écrit pour le prolonger.» L’artiste, qui décrit des formes et des volumes sur la pierre, la toile, le fer ou autre support, prolonge le silence, élément dans lequel se construisent les grandes choses. Trouver le silence, c’est se mettre en solitude. Cette solitude qui affirme et inspire le créateur. C’est en écoutant le silence que s’instaure le dialogue intérieur, que se développe la pensée. Il n’est point étrange ou asocial, pour l’artiste, de s’entourer du halo de la solitude, du recueillement, de la concentration, de la magnificence et du respect dû à la matière qui exprimera ce qu’aucun mot ne pourra traduire.
Alors, s’il vous arrive de voir un artiste au travail, ne troublez point son silence, ne perturbez pas sa solitude. Respectez son silence. Baba DIOP
ÉDITORIAL
L’ARTISTE ET LE GALERISTE
Entre relations d’affaires et promotion d’ART
SILENCIEUSE Parole
R E F L E X I O N LE QUOTIDIEN DE LA BIENNALE DES ARTS DE DAKAR
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ACTUALITÉ
EXPO INTERNATIONALE
En Bref
PEINTRE SENEGALAIS
Amary Sobel Diop, fabricant de paix
Le peintre Amary Sobel Diop, 43 ans, vit et travaille dans son atelier à Keur Mbaye Fall, en banlieue dakaroise. Habitué du Off, il expose pour la première fois dans le In de Dak’art. Le travail qu’il présente à cette 11e Biennale, Apologie pour la paix, rend hommage aux femmes. Il propose des portraits de fortes personnalités féminines, comme Ellen Johnson Sirleaf, Présidente du Liberia, ou la résistante sénégalaise anti-coloniale Aline Sitoe Diatta. Ses œuvres sont conçues à partir d’assemblages de tubes en alu de déodorants et de fil de cuivre.
Amary Sobel Diop explore ainsi une nouvelle esthétique axée sur la récupération. Sa technique, dénommée «assemblage-couture», lui permet de coudre, de coller et de peindre le matériau recyclé pour exprimer ses émotions et véhiculer des messages de paix et d’humanisme.
Amary Sobel Diop est le lauréat 2014 du Prix Oumar Ndao, offert par Vives Voix.
Fatou Kiné SENE
(Sénégal)
SCULPTURE ALGERIENNE
Yahiaoui,l’insoumis
A la fois peintre et sculpteur, le travail de l’Algérien Kamel Yahiaoui se développe sur des supports et des matériaux anciens. Baptisée, Le poids des origines, l’œuvre qu’il présente à ce Dak’art 2014 est une installation à la technique mixte sur une vieille balance en ferraille. «C’est une bascule des années 20 que j’ai récupérée. J’aime prendre une distance par rapport à l’histoire immédiate», explique l’artiste. Yahiaoui intègre divers éléments, physiques ou virtuels, détournés de leurs fonctions initiales, comme le masque et le casque colonial. Son langage pictural décrit une esthétique de l’engagement. «Je suis un insoumis, je suis contre la domination», dit-il.
Cet admirateur de Fanon et de Césaire vit et travaille à Paris depuis près d’un quart de siècle. Un peu malgré lui. Après ses études en France, il a voulu rentrer au pays. Sous la menace des islamistes, qui lui reprochent ses prises de position, il est contraint de rester dans l’Hexagone. Depuis, il travaille beaucoup sur l’exil, la justice, l’identité. «Sur le commun et sur ce qui nous ressemble», résume Yahiaoui. Cette vieille bascule détournée, il la présente somme une affirmation de l’identité africaine de l’Algérie. «Il faut que le pouvoir algérien sache que l’Algérie est définitivement africaine», proclame Yahiaoui.
Abdou Rahmane MBENGUE
(Sénégal)
L’art contemporain dans tous ses éclats
Le samedi 10 mai 2014, l’expo internationale, qui réunit 61 artistes, a été ouverte au Village de la Biennale sous la présidence du ministre de la Culture et du Patrimoine du Sénégal.
C’est une sélection riche, une mosaïque éclectique accueillant les arts les plus classiques et aussi les plus révolutionnaires. Des performances, des installations vidéo, du dessin, du design, de la BD, de la céramique, de la peinture. En somme, l’art contemporain africain s’épanouit en un vaste éventail à cette Biennale tel un feu d’artifice. Mais, de manière générale, c’est un art qui questionne un quotidien éminemment politique et qui est ouvert sur l’histoire de l’art.
On peut relever quelques œuvres qui ont fortement impressionné le public. La performance de l’Algérien Slimane Raïs, avec son installation Célébration, est un hommage aux tirailleurs sénégalais. L’artiste en treillis fait exploser des grenades, et, de leur déflagration, naît une pluie de 54 000 étoiles d’or. Et l’installation Le Fantôme de la liberté de la Tunisienne Faten Rouissi faite avec une table ronde avec de bidets comme sièges, du papier hygiénique et des micros pour dénoncer la confiscation de la révolution tunisienne.
Un clin d’œil à la Fontaine de Duchamp, mais en lestant la subversion du ready made une charge plus politique. Et l’installation My Dream, my words must tell after hell de l’Américaine Simone Leight, qui montre un dos de femme dont la tête disparaît sous les gravats. Cette œuvre fait la nique à l’Origine du monde de Courbet en dynamitant la représentation voyeuriste du nu féminin dans l’art.
Le public adhère et se retrouve dans ces œuvres, car comme le souligne fort justement le critique d’art ivoirien Yacouba Konaté : «On ne doit pas pour autant oublier que la réception d’une œuvre ne dépend pas exclusivement de son origine ou de sa teneur, mais aussi de sa capacité à faire entrer le public dans le dispositif des rêves qu’elle propose.»
Saïdou Alcény Barry
(Burkina Faso)
Trois Question à....
SLIMANE RAÏS, ARTISTE ALGERIEN
«Mes créations se spécifient à un espace»
Célébration est le titre de l’installation sélectionnée à la Biennale de Dakar. Comment la résumez-vous ?
J’étais invité à Dak’art, il y a quelques mois, pour y participer, et la première chose qui m’est venue en tête, c’est de penser à une œuvre uniquement et spécifiquement pour le Sénégal. J’ai repensé très vite à mon grand-père qui fut tirailleur sénégalais dans l’armée française. A travers cette œuvre, je rends donc un triple hommage : à mon grand-père, aux 70 soldats massacrés en 1944 dans la banlieue de Dakar (Thiaroye) et aux 54 000 tirailleurs sénégalais morts sous le drapeau français, entre la Première et la Seconde Guerre mondiale.
Quelle est la particularité que l’on retrouve dans vos différentes réalisations ? Sachez, tout d’abord, que je refais rarement les mêmes œuvres. Mes créations se spécifient à un espace, à un lieu, à un contexte, à un pays. Il est très rare que je présente deux fois une même pièce où alors c’est exceptionnel. Je m’intéresse avant tout à un art qui fait réagir, interagir avec le monde qui nous fait réfléchir.
Nous avons appris qu’après Dak’art, une autre exposition vous attend. Vous le confirmer ?
Exactement. Je prépare une exposition qui aura lieu très prochainement avec l’un des commissaires de cette 11e Biennale, Abdelkader Damani. Une autre exposition m’attend aussi à Paris.
Patrick Nzazi
(RD Congo)
2 Dak’art actu N°4 Lundi 12 mai 2014
ACTUALITÉ
EXPO «DIVERSITE CULTURE»
Regard croisé d’artistes sur
les problèmes environnementaux
Le musée Théodore Monod baigne dans un décor multicorps, multiforme, à cette 11e Biennale de l’art africain contemporain. Il bouillonne de créations artistiques aux formes, couleurs et styles assez diversifiés. Sculptures, peintures, installations et vidéos donnent à manger aux yeux dans cet espace très célèbre par son pacte avec l’art. De la réunion de toutes ces œuvres, une idée majeure se dégage : la défense de l’environnement. Ici, l’environnement est à la fois atmosphérique, psychique et organique.
Il faut partir de l’installation sculpturale du Béninois Zount pour rentrer dans cette exposition. Il présente les Messagers de l’environnement. Trois musiciens avec gongs, trompette et tambour à qui tournent le dos un éléphant et un grand oiseau. Nous sommes dans le «temps présent», un appel à la fin de la destruction très avancée de l’écosystème. L’œuvre de Zount pose la même problématique que celle de
MBAYE BABACAR DIOUF
Momar Seck, qui donne une belle caricature du bouchon au quotidien dans les différentes capitales du monde. Il baptise d’ailleurs son œuvre Embouteillage, une installation impressionnante de ce que peut-être un embouteillage aux heures de pointe ou pendant les grands travaux urbains. De ces bouchons résultent la pollution atmosphérique, des affections pulmonaires et autres. De là à aborder les toiles La malédiction des ressources naturelles, Julien Grossmann et Flou-net de Barkinado Bocoum, on se retrouve toujours dans le débat sur les questions environnementales. Du coup, Zount voit l’homme au cœur de la destruction du monde. Mais de cet homme, il extirpe des artistes musiciens pour agir sur les consciences avec des instruments sonores qui ont été souvent utilisés par les peuples pour appeler à la paix, pour porter loin un message. Tout comme Mbaye Babacar Diouf, ils font une Médiation sur l’humanité. Le tout couronné par le Mal chauvinisme du Ghanéen Ray Agbo. Ici, il s’agit d’une installation qui choque, repousse et attire à la fois. La matière est le sexe masculin sculpté massivement. Pour l’artiste, c’est un hommage à la femme détentrice du pouvoir et l’homme de la force. Et Nico vient tout apaiser avec son Pousse-pousse d’amour.
Fortuné SOSSA (Bénin)
Mémoire et richesse des signes
Pour sa première participation au In à Dak’art, Mbaye Babacar Diouf a choisi d’offrir aux regards des visiteurs l’humanité en interrogation à travers ses peintures Méditation sur l’humanité et Signes et symboles visibles au musée Théodore Monod, dans le cadre de l’exposition «Diversité culturelle» qui réunit 33 artistes de différentes nationalités.
Les deux œuvres du jeune artiste sénégalais – il est né en 1983 impriment une force d’expression des lignes, empreinte de spiritualité, puisée aux sources de la lecture du signe et de l’écriture, lieu-mémoire de la condition humaine, de la transpiration de l’humanité dans la marche du temps. C’est peut-être pour des raisons de scénographie ou de faire peser l’image et son discours que Diouf a mis en rapport des formats d’inégale dimension, mais aussi en opposition de ton.
Si Méditation sur l’humanité, (200 x 150 cm) est très vive par la variété des tons et imposante par son envergure, Signes et symboles, de format moyen (80 x 60 cm), attire le visiteur sur une surface picturale visuellement beaucoup plus simple, mais dense dans sa composition en noir et blanc.
«Nous sommes toujours avec les signes depuis la peinture rupestre jusqu’à l’écriture numérique. Je ne crée pas un langage pour déchiffrer, mais pour toucher autant de formes produites par les civilisations humaines, rappeler notre responsabilité individuelle face à l’humanité», explique Diouf, enseignant d’art, par ailleurs étudiant en Master 2 en Art et Culture à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Martin ANGUISSA (Cameroun)
Dak’art actu N°4 Lundi 12 mai 2014 3
NEWS & CRITICS
Kenyan Debate Finds Space at the Dak’Art Biennale
It is funny that political conversations that I have been involved in for the last six to seven months should follow me (or is it the other way round) to Dakar. When I left Kenya for my “art pilgrimage” to courtesy of the Dak’Art 2014, part of the political discourse in the country then was on the new regulatory legal framework that is supposed to help improve the Public Benefit Organisations also known as the Non-Governmental Organisations (NGOs) to serve the public better.
The hot debate around this new legal framework has been heightened by the government’s attempt, late year, to try and introduce some amendments that were by and large going to either cripple or kill the NGOs sector, inspite of their significance and input to development.
There is now a new confrontation pitying the government that argues that they need more regulations that to reform the sector and the stakeholders with the NGOs who argue that the move
Ezra Wube is a stop action animation video artist who hails from Ethiopia but now calls the USA home. Of life in America, he said “I just don’t want to be called ‘the Ethiopian artist’ I feel like that’s becoming problematic for me I just want to be ‘artist’”.
He is exhibiting two video installations at this year’s Dakar Biennale, which are inspired by traditional Ethiopian folklore and the desire to preserve stories. The one video features stop frame animated paintings and tells the story of three animals: a dog, a goat and a donkey catching a taxi ride. Wube said that the story is a is ill timed. Those opposed to the government move argue that the new regulation that become law early last year (2013) has not been tested because the government minister in charge has been reluctant to commence the new law.
The opponents argue that changing the new law and making it more punitive before it is even tested is insensitive. Supporters of the new law argue that it was developed in a participatory way. It took about four years to develop it and the process brought together representatives of a wide spectrum of NGOs and even government bodies and departments. NGOs maintain that the new law is good.
However, even as this debate goes on in the government offices and NGOs spaces, ordinary citizens are holding their own debates and points of view. One of this point of view by the citizen has received space at this year’s Dak’Art biennale and while subtle, it speaks volume. The role and significance of NGOs is discussed by Kenyan- common story in Ethiopia, “... it’s something you would hear in a coffee house or on a bus something like really very mundane it’s not taken seriously ... it actually interests me because like it’s so insignificant but if you really look at it, I feel like it’s actually very poetic and it has lots of larger social political context.”
The story is also symbolic on a deeper level. “It’s also about this never ending tension between tradition and modernity, between nature and machine you know because you always struggle with people and progress,” explained Wube.
The second video, a more perso based artist Sam Hopkins with his installation Logos of Non Profit Organisations working in Kenya (some of which are imaginary). A silk screen measuring 80x230x5 cm each and started in 2010, the project is an ongoing interrogation.
“That the NGO sector is very important in Kenya is without doubt,” Sam pointed out. “However, what is not clear is what qualifies as charity, development or aid.”
Sam Hopkins addresses this wide assortment of NGOs and their diverging missions by focusing on the aesthetics of their logo designs.
It is not only Sam Hopkins, who discussed politics at this year’s Dak’Art biennale. It is a recurring theme that is openly discussed by some artists and others are subtle. The work is presented as paintings, sculptures, installations and even videos.
Amary Sobel Diop’s Apologie pour la paix (Apology for Peace) pays tribute to the women of the past few decades responsible for a fragile that is maintained through their actions. These women include Tawakal Karman, Alione Sitoe Diatta, Ellen Johnson Sirleaf, Leyman Roberta Gbowee and Rigobert Manchu Tum.
Halida Boughriet’s HD video dubbed Transit touches on politics. Linked to both her Arabic background and Western culture, Halida shows how human relationships are powerful and violent. Her work involves political, social and aesthetic matters.
Serge Olivier Fokoua’s installation Emprise falls into this category too. Emprise questions the motives of democratic representatives. How can we trust those who “only think with their gut?”
Kimani J. LEVIS (Kenya)
Ezra Wube
Ethiopian folklore brought back to life in stop action animations
4 Dak’art actu N°4 Lundi 12 mai 2014
Note
In the last edition of Dak'art Daily News, we've made a mistake about a story on page 5. Notice that the author of the story untitled '' Global Unity and accountability tacled throught artworks '' is written by Kyla Hermannsen and not Kimani wa Wanjru.
nal piece, is based on a story Wube’s grandmother told him while sitting in her kitchen one day. After her death, Wube decided to visually depict the story – animating it with objects from a kitchen. “I was using elements in the kitchen like the food like types of grains likes beans all that stuff she raised me with,” said Wube, “its about modernity and tradition, keeping the past and moving forward.”
Explaining his love for animation, Wube said “Traditional culture is not a static one-faced reality it’s always losing and gaining I think animation for me kind of has that its morph-able it’s adding, losing and it kind embraces it and celebrates it.”
This is Wube’s first time in West Africa and he said it is an honour to be part of the Biennale. “It’s so amazing just being on the continent and just meeting all these various points of views and perspectives, it has huge symbolism for me emotionally, you know,” said Wube.
Kyla HERMANSSEN
DECOUVERTE
FLASHBACK
Younès Baba Ali
«Un jeune artiste a besoin de cette reconnaissance»
Que vous a apporté le Grand Prix Léopold Sédar Senghor remporté à la dernière édition ? Qu’est-ce que cela a changé pour vous ?
Plein de choses... Sur le moment, c’était une belle surprise. On était dans une énergie de travail de dernière minute, mais cela m’a beaucoup boosté ; c’était un soutien énorme. Un jeune artiste a besoin de ce type de reconnaissance, c’est sa nourriture, surtout dans mon champ de travail qui utilise le son, la vidéo, c’était frais et c’est bien d’exister en tant qu’artiste avec ces médiums. C’est une valorisation, il y a eu un intérêt pour mon travail et cela m’a surtout beaucoup lié à la ville de Dakar, j’ai une belle relation avec cette ville, notamment grâce à ma résidence à Vive Voix et le travail effectué avec Kër Thiossane...
Justement, votre présence à Dakar et plus particulièrement lors de votre résidence à Vive Voix, a-t-elle influencé votre travail ?
Cette résidence m’a permis de réfléchir à de nouveaux projets avec la ville de Dakar. J’ai fait quelques essais, je voulais travailler avec les lutteurs professionnels dans l’espace public, les mettre en situation, les faire lutter avec des objets du quotidien, contre une chaise en plastique, un téléphone portable... Cela sous forme d’interventions dans la ville, des combats avec tout le rituel : préparation, bénédiction, gris-gris... Ma démarche met à jour les relations de consumérisme avec les coutumes du pays. La lutte est ici vraiment le sport national, comme le football au Maroc. Cela révèle beaucoup de choses sur la relation au corps, la dimension spirituelle... C’est un projet en cours, quelque chose que j’aimerais travailler sous forme d’actions. J’ai également un deuxième projet sur le marchandage, la négociation, où on retrouve une notion de survie où l’on négocie sa propre existence. Cela prendra la forme d’une performance où je me promènerai en acceptant toutes les propositions des marchands ambulants rencontrés sans négocier. J’accepterai tout d’emblée ! La forme finale du travail sera un témoignage vidéo ainsi qu’une accumulation de tous ces objets, qui prendra la forme d’une sculpture sociale.
Quel est votre sentiment sur la nouvelle édition de cette année ?
Les commissaires ont fait un travail très important. J’apprécie beaucoup la démarche d’Abdelkader Damani – chargé de la sélection des artistes d’Afrique du Nord que j’ai eu la chance de rencontrer lors de la dernière édition. Il y a une continuité dans l‘engagement à défendre l’art contemporain africain comme il est, ainsi que celui de la diaspora. Cette année, il y a un équilibre dans le choix des artistes, qui mélange artistes confirmés et plus jeunes. J’aime beaucoup le travail de Mehdi-Georges Lahlou par exemple, c’est une audace de montrer son travail... Moimême, j’avais été surpris d’avoir été primé pour ma pièce Call for Prayer – Morse, qui est un questionnement critique. Il y a une audace sincère dans cette Biennale et on en a besoin. Il y a une grande qualité des choix curatoriaux qui promeuvent des travaux ancrés et non des «copier/coller», et il y a une belle confrontation entre l’art africain contemporain et son esthétique, et un art plus conceptuel, influencé par les écoles européennes.
Syham Weigant
(Maroc)
La 4e table-ronde des Jean Loup Pivin a indiqué d’années de galeriste, qui guette Malemba. A sa suite, rencontres scientifiques de cette 11e Biennale de l’art africain contemporain a cristallisé, hier, les réflexions des participants sur la relation entre l’artiste et le galeriste. Une «idylle» souvent contrariée par les contingences du marché de l’art.
Entre l’artiste et le galeriste, ce devrait être l’accord parfait. Le premier a besoin du second pour s’offrir une visibilité sur le monde. Le second s’appuie sur le premier pour faire de bonnes affaires, tout en promouvant la création artiste. Entre ces deux entités, la relation est si étroite et si complexe, que la Biennale a décidé, cette année, de poser le débat sur les liens du couple artistegaleriste.
Ainsi, pour cette 4e tableronde des rencontres et échanges du Dak’art 2014, sept panélistes, dont deux artistes, ont porté, chacun, sous la modération d’Alioune Badiane, un regard sur la collaboration entre l’artiste et le galeriste.
Architecte et critique d’art,
qu’un artiste inconnu et un artiste largement reconnu n’ont pas la même relation avec un galeriste qui achète et vend les œuvres. «Indépendamment de la reconnaissance de l’artiste, il y a aussi des pratiques artistiques qui ne sont pas liées au marché de l’art, et où le galeriste deviendra plus agent d’artiste que réel vendeur», a-t-il ajouté.
Selon Pivin, les grandes galeries d’aujourd’hui suivent et accompagnent les carrières des artistes reconnus, tandis que les petites jouent le rôle de découvreuses. Et entre les deux, il y a «toute la variété des pratiques». Jean Loup Pivin précise également que les grandes galeries ne signent pas de contrats d’exclusivité avec les artistes, ce sont les petites galeries qui le font, même si elles ne peuvent pas empêcher les artistes de partir.
Toutefois, il reste convaincu que les galeries sont les seuls outils pour les artistes d’aller plus loin.
Ensuite, Jean-Philippe Aka, Directeur de la Heart Galerie à Paris, a partagé succinctement son expérience d’une quinzaine
«vend» divers artistes en Europe, aux Etats-Unis et en Afrique, où il commence à s’installer depuis 4 ans.
«Notre reconnaissance doit venir de l’Occident»
Responsable des arts vivants et visuels à l’OIF (Organisation internationale de la Francophonie), Huguette Malemba a rappelé que l’approche de son institution se décline en trois volets : la formation des artistes, l’accès au réseautage international et l’appui structurel aux artistes et aux grands rendez-vous, comme la Biennale. Selon elle, l’OIF accorde une attention particulière à la créativité, à l’innovation. «Ce qui nous intéresse, c’est le regroupement des projets communs portés par plusieurs structures», a-t-elle précisé, notant au passage que l’OIF accompagne, par exemple, la Biennale. «Nous sommes passés de l’appui ponctuel à l’appui structurel. Nous intervenons sur plus d’une centaine de projets. Notre apport à la Biennale est importante parce qu’elle nous permet de gagner de la visibilité et aussi d’accompagner les artistes», a conclu Hu-
M. Francisco d’Almeida, expert OIF, a relevé la nécessité pour ce secteur de mettre en place des stratégies d’accompagnement. Et sa vitalité, aux yeux de M. d’Almeida, dépend justement de l’accompagnement qui lui est fait.
Très concernée par cette thématique, Mme Thérèse Turpin Diatta, Présidente du Comité d’orientation de Dak’Art, et également galeriste, a déploré l’absence d’appui au secteur privé, qui devrait permettre aux galeries d’accompagner les artistes. Et elle encourage la coopération Sud-Sud parce que, ajoute Mme Turpin Diatta, «il ne faut pas penser que notre reconnaissance doit venir de l’Occident, elle doit venir plutôt du continent». Enfin, deux artistes photographes, l’Ethiopienne Aida Muluneh et l’Ivoiro-Français François-Xaviert Gbré ont partagé avec l’auditoire leurs expériences de collaborations avec des galeries, qui, si elles sont fructueuses, peuvent aider l’artiste à émerger.
Yacouba SANGARE
(Côte d’Ivoire)
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Dak’art actu N°4 Lundi 12 mai 2014
OFF
A LA BISCUITERIE DE LA MEDINA
Les Congolais s’unissent AUTOUR DE L’ART
A l’occasion du Dak’art 2014, des artistes des deux Congo parlent d’une voix, à l’initiative du centre d’art Les ateliers Sahm que dirige la plasticienne congolaise Bill Kouélany.
Au total, quinze artistes brazzavillois et Kinois conjuguent leurs ef-
forts pour offrir aux biennalistes une exposition de haute portée, avec pour titre : Congo (s), esthétiques en partage ; audelà des géographies. Le vernissage a eu lieu le samedi 10 mai 2014 à la place de la Biscuiterie de la Médina, en présence de plusieurs amoureux des arts visuels contemporains.
Sur place, Frangeska Mbouma, Boris Diaboua, Van Andréa, Doctrovée Bansimba, Paul-Alden M’vout, Gad Louckombo, Shaggy Luamba, Jordy Kissy Moussa, Pierre Man’s et Ori Huchi Kozia, Eddy Kamwanga, Ange Swana, Jusie Nsana, Jérémie Kum’s, Francis Tenda et autres nous plongent dans une universalité des techniques et médiums. Peinture, sculpture, vidéo, installation... sont au rendez-vous.
Sur le site, plusieurs créations sont à découvrir absolument.
C’est le cas de l’œuvre de Paul Alden intitulée Chiffre 3. Ce travail artistique décrit clairement la situation sociale de certains jeunes Africains. Leurs préoccupations se résument à trois choses : la bière, la femme et le vêtement. Au détriment de certaines vertus pouvant développer le continent. Ce n’est pas tout ! Il y a encore de plus captivant. Comme la création proposée par Eddy Kamwanga, qui revient sur le métissage culturel.
Pour les initiateurs de cette exposition Off, l’enjeu, avec ce projet, est d’inviter les participants à réinvestir la pluralité de sens du mot atelier. Il renvoie à un lieu de travail, à une communauté plus ou moins restreinte, regroupée pour œuvrer à une même entreprise.
La plupart de ces artistes ont déjà participé activement à des rencontres internationales d'art contemporain initiées par Les ateliers Sahm. D’où leur sélection.
«C’est un cheminement. Ces sont des artistes que j’ai eu à découvrir, il y a plus d’une année, et je connais l’évolution de leur travail. Certains d’entre eux ont été en résidence au centre», souligne Bill Kouélany, Directrice artistique des ateliers Sahm. Elle ajoute : «Dak’art 2014 n’est qu’un premier acte que fixe notre centre d’art. Il s’agit de soutenir et d’accompagner les jeunes talents à représenter le grand Congo aux plus hautes instances de la création artistique contemporaine.»
Cette exposition se tient au moment où les relations diplomatiques entre la république du Congo et la République démocratique du Congo sont presque brouillées. Malgré cette petite crise passagère, les artistes des deux rives parlent d’un même langage. Ce, avant que l’option du dialogue entre les acteurs politiques soit prise. Vu que les deux peuples sont dans l’obligation de faire de ces pays un moteur du développement économique de l’Afrique centrale.
Patrick NZAZI (RD Congo)
RENCONTRES ET ECHANGES
Monde multipolaire, inter-culturalité, esthéticiens...
Ces défis qui interpellent l’historien d’art
La posture de l’historien d’art a connu une évolution qui a épousé les différents contours de la marche du monde. Si les années 1960-1970 ont été marquées par l’apparition d’un courant artistique lié à l’art abstrait, celles qui ont suivi ont vu une multiplicité de pratiques artistiques.
Ainsi, le monde de 1960, qui était unipolaire, va devenir multipolaire aussi bien sur le plan politique qu’artistique. Ce monde multipolaire partage ses «exotismes» et va enregistrer des «productions artistiques mondialisées, mais aussi et surtout localisées».
Professeur d’esthétique et d’histoire de l’art à l’Université Bordeaux-Montaigne, Bernard Lafargue, qui livre cette analyse, note que l’historien d’art est appelé à réussir son insertion dans ce monde multipolaire, marqué par une «infinité de critères» ; en plus de devoir travailler de concert avec des anthropologues, esthéticiens, entre autres. Chaque artiste, appartenant à un contexte, une entité locale, doit pouvoir se renseigner sur tout ce qui se fait de par le monde. Et suivant cet esprit, note le Pr. Lafargue, l’historien d’art doit faire sien le concept «glocal» ; autrement dit «globalisation et localisation».
Ce débat autour de l’historien d’art posé dans le cadre de la 11e Biennale de Dakar aura permis au sculpteur nigérian, le Pr. Frank Ugiomoh, de repréciser le rôle de ce rendez-vous de l’art contemporain : «Etant donnée la réalité de l’inter-culturalité et de la politique de reconnaissance, le Dak’art est une arène africaine à l’intérieur de la modernité globale.» En plus d’encadrer le modernisme africain, la Biennale offre «un espace particulier (...) pour l’art africain en tant que pratique au sein du discours de l’art mondial contemporain». Aujourd’hui, la «biennalisation» fait que «l’historien d’art est agressé par les œuvres qu’il doit comprendre et faire comprendre».
Mbagnick NGOM
(Sénégal)
Dak’art actu N°4 Lundi 12 mai 2014 7
INFOS PRATIQUES
AGENDA DES VERNISSAGES Dak'art 2014 (OFF DU 12 MAI)
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