“Momé vent”, vous avez du en entendre parler. C'est le titre du nouvel album de Fallou Dieng qui est en promotion sur les radios et chaînes de télévision. Il a été présenté à la presse la semaine dernière. Une occasion saisie par EnQuête pour revenir avec l'artiste sur la situation de la musique sénégalaise, sa longue absence, son projet d'album folk avec Madou Diabaté et bien évidemment de “Momé vent”. Il y évoque également les relations particulières qu'il a tissées avec Macky Sall et la première dame.
Quatre ans d'absence du marché sénégalais du disque, vous faisiez quoi ?
Les gens parlent de quatre ans et cela coïncide avec la sortie de mon album “Maana”. J'ai fait la promotion de cette production pendant deux ans. Donc, je n'ai été absent que pendant 2 ans. J'ai fait un break musical après la promotion de “Maana” et je faisais des recherches dans autre chose. C'est dans cette perspective que j'avais monté le groupe Fallou Folk. Il est différent de mon groupe le Dakar loisir club (DLC). Pendant cette période, je me suis fait rare et les gens ont cru que j'avais délaissé la musique, alors que j'étais juste dans un autre créneau. J'avais monté le groupe avec Madou Diabaté et on jouait dans les cabarets de Dakar. On avait prévu de sortir un album de dix titres. Malheureusement, Madou est décédé après la réalisation de l'album. Cela m'a pris encore du temps. Je suis revenu au mbalax et je préparais mon album. C'est ce qui explique le silence noté.
Pourquoi vous être tourné vers le folk, le mbalax va si mal que ça ?
Non, ce n'est pas parce que le mbalax ne marche plus. Moi, je n'ai plus rien à prouver dans la musique mbalax. Je l'ai fait pendant 20 ans. Je n'étais plus en concurrence. Aussi, on ne peut pas tout avoir dans la vie. Il faut penser aux autres. Ceux qui n'ont pas compris pensent que tu as perdu de la cote. Alors que ce n'est pas cela. C'est juste que j'étais dans des recherches. Un chanteur confirmé qui a sorti une vingtaine d'albums a fini de se faire un nom et de s'imposer sur la scène musicale. Beaucoup de gens n'ont pas pu supporter mon absence, surtout mes fans qui croyaient que j'étais dans des problèmes. Il n'en était rien. Il n'y a qu'au Sénégal qu'on voit des artistes sortir un album tous les ans. Pour moi, l'on peut se permettre de s'absenter du marché pendant 4 ans, surtout quand on tourne régulièrement. Quand on ne me voit pas au Sénégal, c'est parce que je suis à l'étranger où je me produis régulièrement.
Donc, votre carrière n'est pas plombée ?
Non, du tout. Au contraire je rends grâce à Dieu.
Mais pensez-vous avoir connu l'ascension qui devait être la vôtre ?
Quelque part, je reconnais que c'est difficile. Vous savez, dans ce monde de la musique, quand vous ne faites pas partie d'un label, les choses ne vous sont pas données facilement, même si vous le méritez. Et aujourd'hui, au Sénégal, on assiste à la guerre des labels ou disons plutôt à la guerre des médias. Alors que ce sont ces gens là qui doivent respecter tout le monde et mettre tous les artistes au même pied. Un artiste talentueux vit et évolue avec son talent. Seulement, pour avancer, il faut un soutien. Quelqu'un comme moi, par exemple, n'a ni label ni sponsor. Mais grâce à Dieu, on parvient à tirer notre épingle du jeu.
Pourquoi ne pas intégrer les labels dans ce cas ?
Non, je ne vais pas mener une carrière de 25 ans pour faire “acte d'allégeance” auprès d'un quelconque label. Je ne vais pas accepter que le label me trace ma voie. Je suis indépendant. Je veux rester libre et je me contente de ce que j'ai. Je ne vais pas me mettre derrière quelqu'un qui me valorise quand il veut et fais le contraire quand ça lui chante. J'ai dépassé ce stade.
Donc, selon vous, travailler avec une label implique la perte de sa liberté d'expression ?
C'est à cela que ça ressemble. Je ne dis pas qu'il n'est pas bien de travailler avec un label. Pas du tout. Mais moi je ne le ferais pas dans ces conditions là. Car les choses ont changé. Il faut définir son camp. Nous ne sommes plus des enfants. Ce qu'on acquiert, on doit l'avoir à la sueur de notre front et grâce à notre talent. Chaque artiste est libre de faire ce qu'il veut. Moi, je ne peux parler qu'en mon nom propre. Si certains considèrent qu'ils doivent passer par les labels pour se faire un nom, qu'ils le fassent. Mais moi je pense que nous qui avons duré dans ce métier ne pouvons aller dans les labels et qu'on nous mette au même niveau que la nouvelle génération. C'est impossible.
Que vous inspire la nouvelle génération qui ne cesse de monter en grade ?
Elle se débrouille vraiment bien. C'est mon sentiment. Elle représente l'avenir comme je l'ai dit. Ceux qui sont là aujourd'hui, ont été enfants et c'est parce qu'on les a soutenus qu'ils ont pu réussir aujourd'hui. Il faut donc qu'on continue de les soutenir.
Revenons à votre projet d'album acoustique, est-il tombé à l'eau ?
J'ai déjà enregistré un album de dix titres. Je veux d'abord me concentrer sur l'album “Momé vent”. Ensuite, d'ici décembre, sortir l'album acoustique. Comme je l'ai réalisé avec quelqu'un qui n'est plus parmi nous, je veux lui rendre hommage à travers cette production. Donc, il sera intitulé “hommage à Madou Diabaté”.
Ne pensez-vous pas qu'il était plus opportun de sortir d'abord cet album ?
En fait, il était prévu de sortir les deux albums en même temps. Mais les moyens n'ont pas suivi. J'ai préféré sortir en premier l'album mbalax. Aussi, comme les gens disaient que je ne faisais plus du mbalax, j'ai voulu montrer que je suis et reste le maître de l'ambiance.
Comment appréciez-vous l'évolution de la musique sénégalaise ?
On essaie de garder le cap. C'est ce que je constate. Seulement, beaucoup de choses ont changé. Les donnes ne sont plus les mêmes. Musicalement, on découvre des tempos jeunes. C'est la jeunesse qui porte le flambeau et j'encourage cela. Moi, j'ai aidé beaucoup de jeunes parce que je crois qu'ils représentent l'avenir. Je n'ai plus rien à prouver dans ce métier. Je fais de la musique pour mes fans, les mélomanes et les Sénégalais qui tiennent à moi. Je ne suis pas dans une logique de concurrence. On parle de musique internationale, mais pour moi, c'est la musique nationale qui est la base et c'est elle qu'on doit exporter.
Dans “Momé vent”, vous chantez le Président Macky Sall et un des ministres de son gouvernement Aly Ngouille Ndiaye. Êtes-vous un militant de l'APR ?
Non, je ne suis pas un apériste. C'est juste qu'ils sont mes amis. Encore que je n'ai pas chanté Macky Sall dans tout l'album. Il y a un titre dans lequel je rends hommage à mes amis et je l'y ai associé.
Qu'est-ce qui vous lie au Président Sall ?
Notre amitié remonte à très loin. C'est avant qu'il ne soit Premier ministre sous l'ancien régime que je l'ai connu. Sa femme, Marième Faye Sall est une de mes fans. D'ailleurs, c'est une chanson “koleré” qui est la sonnerie d'appels de son téléphone. C'est comme cela que j'ai connu Macky Sall et on a cheminé jusqu'à ce qu'il soit élu Président. Depuis son accession au pouvoir, je ne l'ai pas vu vraiment. Mais on échange quand même. Cette chanson n'est qu'un hommage à cette amitié.
Que pensez-vous de la situation du pays ?
Je demande juste à Macky de prendre en compte les complaintes de ces concitoyens. Je lui demande de les aider et de les soutenir. Qu'il évite les tiraillements car cela plombe l'avancée du pays. Qu'il diminue les prix des denrées de première nécessite. Je tiens quand même à dire que le Macky que je connais est un travailleur très posé et est quelqu'un qui aime son pays.
Venons en à “Momé vent”, votre nouvelle production. Traduit-elle un Fallou Dieng new look ?
C'est vrai que “Momé vent” est un nouveau concept que je propose à mes fans. Il coïncide avec un changement physique chez Fallou Dieng. Une personne ne peut garder éternellement le même physique. Peut-être que maintenant, je ressemble plus à un “kilifeu”. Mais avant tout “Momé vent” est plutôt une sensibilisation. Je parle à tous ceux qui un jour ont connu la célébrité. Il faut avoir en tête que le vent tourne et qu'on peut se retrouver de l'autre côté, ailleurs. Il est bien de rester humble quand on est porté au pinacle. Car, un jour, on peut connaître le déclin.
Vous parlez en connaissance
de cause, vous avez vécu personnellement cela, peut-être ?
C'est possible que ce soit quelque chose que j'ai vécu. Car j'ai connu l'apogée et le déclin. Je pense qu'en composant cette chanson je pensais d'abord à moi. Je suis le premier à être sensibilisé. Cela me permet de savoir comment me comporter pendant mes moments de haut et de bas. Quand on est humble pendant les moments de haut, les gens ne se rendent pas compte de ce qui vous arrive quand le contraire s'opère. Il faut toujours rester modeste. C'est important.
C'est au moment où l'on disait que le DLC est en perte de vitesse que vous avez perdu une partie de vos instrumentistes. Comment avez-vous vécu ces moments ?
Cela ne m'a pas déstabilisé. Dans un groupe, tant que le leader est actif, le groupe marche. Car, le leader peut travailler avec n'importe quels instrumentistes. C'est dire que tant que Fallou Dieng existe, le groupe DLC existera. J'ai connu beaucoup de départs, mais le groupe est encore là. Le DLC, c'est différentes générations. Je suis habitué aux départs.
Quelle danse accompagne “Momé vent” ?
C'est la danse du “compas”. C'est moi-même qui l'ai créée. L'inspiration m'est venu naturellement. Vous savez, quand je sors, c'est pour suivre l'évolution de la musique et cela m'aide dans mon travail. Et ceux qui veulent découvrir et maîtriser cette danse peuvent venir samedi au Yeungoulène (NDLR : aujourd'hui).
Le tandem Nicolas Sawalo Cissé - John Njaga Demps se poursuit dans une grande complicité créatrice. Après «Blissis La visite de la dame », voici que le réalisateur Nicolas Cissé fait encore appel au directeur de la photo africain-américain, John Njaga Demps, pour les images de Mbeubeus, son premier long métrage, placé sous le signe du cinéma indépendant. La projection a lieu ce lundi 12 mai 2014 à 20 h au Grand Théâtre à Dakar.
Désastre écologique. Images apocalyptiques de terre brulée. De terre en flamme. Le pied nu des enfants sur les détritus et tout au sommet de la montagne d’ordures, le chant du poète qui bute sur l’insouciance de l’homme qui n’a pas en conscience « Qu’on ne lègue pas la terre à nos enfants, ce sont bien eux qui nous la prêtent ». Dans ce premier long métrage fiction du réalisateur Nicolas Sawalo Cissé, nouvellement arrivé au cinéma, sont plantés dans la toison du mammouth Ecologie, de disgracieuses oriflammes que sont le viol, les enfants soldats, la drogue, l’hypocrisie, la jalousie, la mégalomanie. Mais, sous la crasse se cachent des pépites d’or que sont l’amour, l’adoption, la tolérance et la rédemption qui ouvre les portes d’un Mbebeus, Jardin d’Eden.
Tout part d’une interview à l’occasion de la parution du livre autobiographique de la maman de Yadicone, femme sexuellement agressée d’où naitra le bébé Yadicone ( en wolof : la revenante ou la ressuscitée) qu’elle « confiera » à un bac à ordures avec pour berceau, non pas un panier en osier, mais une boite en carton. Il y a dans la trajectoire de Yadicone, quelque chose de biblique, tout au moins une allusion à Moïse qui conduit son peuple vers la terre promise : le jardin d’Eden.
C’est aussi un film duel dans tous les sens du mot. Duel parce que s’entrechoquent les forces du Mal et du Bien ( horreur et beauté aussi bien dans le paysage que dans les actes des personnages) ,une conception sur laquelle reposait déjà « Blissi Ndiaye, la visite de la dame » son premier court métrage; duel, aussi en référence à la catégorie des nombres ( les deux jumelles et l’évocation des deux cheminées de l’empereur) et enfin duel dans les oppositions : réalisme / onirisme ; raison / folie ; cruauté/ lyrisme ; tension /relâche. Les retrouvailles de Yadicone et de sa mère , comme celle de la mère avec son mari , auraient mérité une tension plus soutenue.
Nicolas Sawalo Cissé s’appuie sur son intelligence d’architecte doublé de designer pour habiller l’univers de cette méga décharge d’un halo esthétique bien particulier aidé en cela par son ami et directeur de la photo l’africain-américain John Njaga Demps et aussi par la Directrice artistique Selly Raby Kane, l’une des stylistes les plus audacieuses en matière de création sur la place, de Dakar. «Le tournage de ce film fut un véritable challenge pour moi. Entre la fumée, l’odeur âcre des détritus et pendant quinze jours à filmer avec un masque sur le nez pour se protéger de l’odeur nauséabonde des ordures tout en respectant la conception esthétique de Nicolas», explique John Njaga Demps. Le film est tourné en décor naturel avec des enfants qui vivent et travaillent sur la décharge.
Le réalisateur Nicolas Sawalo Cissé a mis toute son énergie dans ce film (dont le coût est évalué à 150 millions cfa = 230 mille euros par le réalisateur qui en est le producteur) pour y avoir travaillé sans relâche deux bonnes années durant. Film tourné avec une grande économie de moyens en recourant à des effets spéciaux par transparence dans la reconstitution en images de Mbeubeus Jardin d’Eden. « Nous n’avons pas eu à construire un décor puisque la décharge à elle seule nous servait de décor. Le film aurait coûté très cher, s’il fallait construire, un décor à l’identique. Nous n’avons pas le budget de Hollywood pour le faire. Il en est de même pour les effets spéciaux.», a expliqué le réalisateur au cours du visionnage presse. Le film se situe dans la lignée du travail de Djibril Diop Mambetty et de Ameth Diallo , deux réalisateurs qui avaient à cœur de renouveler constamment le langage cinématographique dans une démarche toute personnelle.
Pour vous mettre l’eau à la bouche et pour vous faire découvrir Liou la coquine, nous vous proposons de suivre, tous les lundis, la petite Québécoise chocolat au lait. Retrouvez les personnages drôles et sympathiques : Liou, petite fille curieuse qui ne laisse jamais son imagination dormir.
La maîtresse Adèle, institutrice de Liou qui lui demande parfois de laisser son imagination se reposer. Le papa de Liou, alimente l’imagination de Liou, est à l’origine de ce projet : créer un livre où la petite métisse chocolat au lait se "retrouverait" enfin. La maman de Liou, alimente l’imagination de Liou, mais aimerait parfois qu’elle la laisse aussi se reposer.
Les amis de Liou, sont curieux, ouvrent grand leurs yeux, bouches et oreilles quand Liou débarque en classe avec un objet insolite.
ÉPISODE 4 : LA BOUILLIE DE MIL
_Maman ! La maitresse Adèle a demandé qu’on apporte une bouillie qu’on aime bien manger quand il fait froid pour faire goûter aux autres.
_D’accord Liou, veux-tu apporter du gruau ?
_Ah non! Je veux apporter ma bouillie de mil
_Je ne sais pas si tes amis connaissent ça !
_Je veux leur faire découvrir.
Le lendemain, Liou arrive avec un petit pot de bouillie de mil, sucrée, chaude, douce. Les amis font « oh » avec leurs yeux et demandent pourquoi ça a une drôle de couleur Liou dit :
_Parce que c’est de la bouillie de pattes d’éléphant cuites avec…
_Liou ! dit Adèle
_D’accord, c’est de la bouillie de crocodile noyé dans l’eau du…
_Liou!
_Bon d’accord, en fait, c’est de la poussière d’étoiles fondue dans un chaudron et mélangée avec un peu de nuit noire dit Liou très très vite avant qu’Adèle ne l’arrête.
La maîtresse Adèle ne rigole plus, alors Liou dit :
_D’accord, c’est de la bouillie de mil, ça a une magnifique couleur terre d’Afrique arrosée et ça peut se boire avec du lait.
Les amis entourent Liou pour goûter sa bouillie, vite avant que ça ne refroidisse
LE GROUPE FUKNKUK PRONE LA RECONVERSION ET LA REINSERTION DES PROSTITUEES ET DELINQUANTS
Mettre leur musique au service de la population de Dalifort. C’est le credo dans lequel s’inscrit le groupe de rap Fuknkuk, dirigé par Ernest Bamaye Mendy, alias Kab2 Seus. Avec ses deux compères Mansour Mballo dit Free Loader et Pape Abdoulaye Diop alias Pidi Nef, ils veulent se servir de la musique comme vecteur de reconversion et de réinsertion des couches marginalisées telles que les prostituées et les délinquants élargis de prison.
Ainsi, à travers une série de manifestations qu’ils organisent depuis samedi dernier dans la banlieue, notamment à Guédiawaye, ainsi que dans leur localité de Dalifort, où un forum sur le thème : «Yaw ak Mbed» (toi et la rue), qui a été animé par Fou Malade et Bab2 Seus, ils cherchent à conscientiser la jeunesse. Ils ont d’ailleurs ajouté un nouveau projet intitulé «Wessuwul » à leur programme. Parce qu’estimant qu’il n’est jamais trop tard pour se rattraper. «Notre cible principale, c’est les anciens détenus et les prostituées. C’est une manière de les réinsèrer dans la vie professionnelle et pour servir leur pays», déclarent les animateurs du groupe Fuknkuk.
Selon ces jeunes rappeurs, Dalifort est réputé être un quartier dangereux, où l’insécurité continue de gagner du terrain. «C’est ainsi que nous nous sommes dit que ce n’est pas au système de renverser la tendance, mais c’est à nous la jeunesse de le faire. C’est à nous de prendre notre destin en main pour pouvoir effacer le visage négatif qu’on colle à Dalifort. Nous sommes des artistes et nous avons un grand rôle à jouer, surtout en venant en aide à nos frères qui sortent de prison, pour leur dire qu’on peut toujours se rattraper et servir son pays de façon honnête», expliquent-ils.
«Mais, indiquent-ils, notre rôle, c’est de conscientiser la jeunesse qui est une couche très vulnérable. On constate qu’il y a trop d’influence dans la rue. Or la place de la jeunesse ce n’est pas les prisons ou de faire la prostitution. Mais c’est d’être un modèle. Et on sait que le mouvement hiphop est solidaire et social pour nous permettre de toucher la cible et de relever le défi», confient-ils, sans manquer d’indiquer que c’est un budget de plus de 2 millions de francs Cfa, mobilisé sur fonds propre, qui a été dégagé pour la série d’événements prévue dans le cadre de la campagne de sensibilisation.
«C’est le moment d’interpeller les bonnes volontés à participer. Car depuis le début, on court derrière les partenaires, mais on n’a pas eu de retour. Le ministère de la Culture fait savoir qu’il va réagir, mais jusque-là nous n’avons encore rien vu. Mais nous, on travaille avec les moyens du bord, sans attendre», lâchent-ils.
LE NIGÉRIAN OLU AMODA ET L’ALGÉRIEN DRISS OUADAHI LAURÉATS
GRAND PRIX LEOPOLD SEDAR SENGHOR
Ibrahima Ba et Massiga Faye |
Publication 10/05/2014
La cérémonie d’ouverture de la 11ème édition de la Biennale de l’art africain contemporain a été une occasion, hier, pour dévoiler la liste des lauréats du Dak’Art 2014. Le sculpteur nigérian Olu Amoda et le peintre algérien Driss Ouadahi sont les deux lauréats du Grand prix Léopold Sédar Senghor.
Abdelkader Damani, commissaire représentant le jury du Dak’Art 2014, a dévoilé, hier, le nom des lauréats de la Biennale de cette année. Le Grand prix Léopold Sédar Senghor a été remporté par le sculpteur nigérian Olu Amoda et le peintre algérien Driss Ouadahi.
« Les artistes que nous avons sélectionné sont des artistes de la synthèse et sont en train de nous montrer une nouvelle représentation du monde. Le Grand prix Léopold Sédar Senghor offert par le président de la République est revenu à deux artistes qui ont eu le même nombre de voix », a-t-il indiqué.
L’œuvre de Amoda, qui est un sculpteur nigérian de renommée internationale, muraliste, concepteur de meubles et artiste multimédia, est, d’après le commissaire, la synthèse de toute l’histoire de cette « peinture qui veut quitter l’objet du dimensionnel pour aller vers le sculpteur, mais qui résiste à cette migration. Elle crée surtout cette sorte d’ambiguïté très étrange avec un pouvoir de critique politique et intensité esthétique exceptionnelle ».
Quant à Driss Ouadahi, a soutenu Abdelkader Damani, il a su résumer toute l’histoire de la peinture traversant les peintures des peuples africains.
Le prix de l’Organisation internationale de la Francophonie a été remporté par le Sénégalais Seydou Diallo et le Prix du ministre de la Culture et du Patrimoine la Camerounaise Justine Gaga.
''LA BIENNALE A BESOIN D’UNE AUTONOMIE''
THERESE TURPIN DIATTA, PRESIDENTE DU COMITE D’ORIENTATION
Ibrahima Ba et Massiga Faye |
Publication 10/05/2014
La présidente du comité d’orientation du Dak’Art a souligné la nécessité pour la Biennale d’avoir son autonomie. Selon Mme Thérèse Turpin Diatta, cela permettrait d’aller à la recherche de financements extérieurs.
S’exprimant à l’ouverture de la 11ème Biennale de Dakar, la présidente du comité d’orientation du Dak’Art a relevé la pertinence, pour cette plateforme, d’avoir son statut et d’être autonome.
« La Biennale est placée sous l’autorité du ministère de la Culture et du Patrimoine dont nous saluons le travail. Toutefois, cette tutelle de l’Etat pose problème à la Biennale, car elle ne nous permet pas d’atteindre une autonomie qui l’autorisait à faire de recherches de financements extérieurs.Nous sommes convaincus que lorsque cette autonomie sera trouvée, elle pourra, tout en restant un démembrement de l’Etat, être un nouveau souffle de vie », a fait savoir Mme Thérèse Turpin Diatta, précisant que autonomie ne veut pas dire privatisation.
Cette autonomie, a-t-elle poursuivi, placera, de façon définitive, le Dak’Art dans la sphère des plus hautes biennales de cette planète.
Par ailleurs, Mme Diatta a insisté sur la nécessité, pour notre pays, d’avoir un musée d’art contemporain ainsi que la réouverture du musée dynamique de Dakar.
« Le président de la République nous avait promis la réouverture du musée dynamique qui abrite aujourd’hui la Cour suprême. Nous aurions souhaité que ce musée soit réutilisé dans sa vocation première et parallèlement à cela, qu’un musée réservé exclusivement à l’art contemporain soit également construit à Dakar », a-t-elle dit, rappelant que la Biennale est la plus grande manifestation artistique en Afrique et, paradoxalement, il n’existe pas de musée d’art contemporain au Sénégal.
Selon la présidente du comité d’orientation de la Biennale, des artistes comme Moustapha Dimé dont les œuvres sont revenues à Dakar et Iba Ndiaye, qui a fait don de ses œuvres à l’Etat du Sénégal, méritent que leur création soit sauvegardée par leur pays pour la postérité, et cela ne peut être possible que grâce à la création d’un musée.
D’après elle, la réouverture du musée dynamique de Dakar et la construction d’un musée d’art contemporain « nous permettront de participer au développement économique de notre pays, en maintenant à Dakar la valorisation et la promotion de l’art africain contemporain ».
'' LA DIVERSITÉ, SOCLE DE LA POLITIQUE DE DÉVELOPPEMENT CULTUREL''
AMINATA TOURE A L’OUVERTURE DU DAK’ ART 2014
Ibrahima Ba et Massiga Faye |
Publication 10/05/2014
Le Premier ministre, Aminata Touré, a présidé, hier, au Grand Théâtre national, la cérémonie d’ouverture de la 11ème édition de la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar (Dak’art). A cette occasion, le chef du gouvernement a rappelé que la diversité doit être le socle de la politique nationale de développe- ment culturel du Sénégal.
Devant un parterre de personnalités du monde l’art, le Premier ministre a salué, après 24 ans d’existence, la Biennale de Dakar comme un lieu de rassemblement planétaire qui fait de la créativité plastique universelle un lieu magnifique de brassage d’artistes de tous horizons.
« Aujourd’hui, nous entrons dans une nouvelle phase de la Biennale, a estimé Mme Aminata Touré. Une phase de rupture où l’universalité de l’art reprend droit de cité. » Elle est impulsée, a soutenu Mme A. Touré, par une modernisation qui rassemble les cultures dans un processus d’enrichissement mutuel.
Le chef du gouvernement a rappelé que le Président Macky Sall, lors de son récent séjour en Casamance, a fait un vibrant plaidoyer pour la conservation impérative du patrimoine culturel, notamment des socio-cultures en raison de leur importance dans la construction et l’affirmation de l’identité culturelle. Selon le chef du gouvernement, le président a invité à revisiter nos cultures, les revitaliser, les revaloriser.
Ainsi, Aminata Touré a rappelé au ministre de la Culture et du Patrimoine que le gouvernement, sur instruction du Chef de l’Etat, a un souci, avec l’appui des professionnels, de faire de la protection et de la promotion de la diversité culturelle le socle de la politique nationale de développement culturel.
Le Premier ministre a souligné que l’artiste doit pouvoir vivre de son art tout en saluant les efforts déployés par Abdoul Aziz Mbaye pour bâtir une politique culturelle moderne et novatrice.
Le chef du gouvernement a rappelé la détermination de son équipe à placer la culture au cœur du développement économique et social du Sénégal.
Cela traduit une forte volonté du président de la République. Au regard de Mme Aminata Touré, grâce aux brassages, au respect mutuel des identités, les arts plastiques sont un moyen sûr pour mettre en place et concevoir une poli- tique performante de développement de l’économie culturelle.
« VIVRE DE SON ART »
Le Premier ministre a invité son collègue de la Culture à finaliser, au sortir de cette Biennale, la préparation du Conseil interministériel sur les indus- tries culturelles et créatives.
« Il est heureux que la modernisation de l’environnement juridique à laquelle les acteurs culturels ont toujours aspiré soit associée à la mise en place de la nouvelle Société de gestion collective du droit d’auteur et droits voisins », a remarqué Mme A. Touré.
Elle a ajouté que cette entreprise sera accompagnée de programmes particuliers avec des formations, renforcement des capacités des managers des entreprises culturelles mais aussi offrir un cadre d’épanouissement pour la créativité pour un égal accès à tous à la vie culturelle.
C’est pourquoi, a déclaré le Premier ministre, « nous nous emploierons pour que chaque collectivité locale soit dotée d’un musée, un théâtre, un cinéma et autre salle d’exposition ».
Evoquant le thème de cette 11ème Biennale, « Produire le commun », le chef du gouvernement a jugé qu’il est très symbolique. Car, a-t-elle dit, l’art rapproche les peuples. « Chaque artiste participe à donner ce qu’il a de parti- culier mais également à recevoir ce que les autres ont à lui offrir », a déclaré Mme Aminata Touré.
Selon elle, avec la mondialisation, les voyages, les créateurs se créent une identité plurielle à partir de leurs différentes rencontres. « Les arts plastiques africains constituent désormais un enjeu international », a analysé Mme A. Touré insistant sur l’art africain comme un modèle d’une mondialisation réussie.
Les Sénégalais nés à l’aube de l’an 2000, pour n’avoir pas vécu l’âge d’or des salles de cinéma du pays, seront naturellement indifférents à la disparition en cascade de celles-ci. Mais, s’il s’agit de leurs ainés, ils vivent, la mort dans l’âme, ce triste phénomène. C’est le cas des habitués d’un «Grand place» de Liberté 2, implanté juste en face de l’ancienne salle de cinéma du même nom, jadis très fréquentée. Ces cinéphiles n’ont presque que leur passion pour alimenter leurs palabres. Entre souvenirs, nostalgies et lamentations, ils content, comme dans un film, les beaux comme les mauvais jours des salles de cinéma de Dakar. Clap !
Sur l’avenue Bourguiba, les travaux d’une salle de spectacle érigé sur le site de l’ancien cinéma Liberté avancent à grands pas, certainement au grand bonheur de son promoteur. Qui envisage l’exploitation du futur bâtiment par le biais de la location pour la tenue de mariages, anniversaires, soirées dansantes, entre autres manifestations culturelles.
Pourtant, juste à la Grand’ place d’en face, un sentiment de peine, voire de colère anime un groupe d’amis qui s’y retrouve quotidiennement. C’est parce qu’ils partagent tous la même passion : le cinéma. D’ailleurs, c’est ce qui leur avait permis de fréquenter presque toutes les salles de cinéma de Dakar et de certaines des régions du Sénégal.
Evidemment, la salle qui se trouve en face d’eux en fait partie. Tombée aujourd’hui entre les bras d’un promoteur blanc qui va en faire autre chose qu’une salle de cinéma, Liberté a bercé la jeunesse de cette bande d’amis qui assiste à sa démolition avec indignation et impuissance.
Trouvé au milieu d’une charpente de fortune soutenue par quatre barres de fer et malmenée de temps à autre par le vent, Abdoulaye Diallo, est un des leurs. Assis sur une chaise soudée aux pieds, cet ancien employé de la Société d’importation, de distribution et d’exploitation cinématographique (SIDEC) est très habile dans son caftan blanc dont les manches volent au rythme du vent qui balaie les artères.
Petit par la taille, l’homme maitrise bien ce secteur dans lequel il a fait valoir ses compétences d’ouvrier, de contrôleur et enfin de chef de salle.
Toutes ces raisons font qu’il suffit d’ébaucher les problèmes du cinéma avec lui, particulièrement du sort des salles de projection de films, pour le sortir de ses gonds.
«Excusez-moi pour mon agitation de tout à l’heure. Il se trouve que je ne peux pas me retenir quand je parle de cinéma», nous a-t-il demandé à la fin de la discussion.
LA SIDEC, LE FER DE LANCE DES SALLES.
Effectivement, il y avait de quoi demander pardon puisque avant d’en arriver là, le sieur s’emportait comme s’il se disputait avec son pire ennemi. Pourtant non, c’est parce qu’il ne cautionne pas la descente aux enfers de sa passion depuis des années.
Et il ne mâche pas ses mots quand il s’agit de parler de la disparition de ces salles. «Les autorités ont détruit les salles de cinéma qui étaient les monuments de la culture. C’est de l’ingratitude envers le septième art», s’est-il indigné d’emblée.
Remontant à la genèse de la SIDEC, Diallo de rappeler que cette société nationale était précédée par deux autres. Il se rappelle : «Avant la SIDEC, c’était des promoteurs français et libano-syriens qui avaient le monopole de l’exploitation et de la diffusion cinématographiques.
Ces derniers avaient deux sociétés dénommées Comenciko et Segment». Selon lui, il va falloir attendre des années après l’indépendance, précisément en 1971, pour assister à la création de la SIDEC par l’État du Sénégal.
«En ces temps, poursuit Diallo, le cinéma marchait bien au Sénégal grâce au dynamisme de la nouvelle société et de certains exploitants de salles comme Ablaye Dieng qui en avaient quatre. C’était les salles dénommées Vox, Abc, Roxy et Pikine».
A en croire toujours l’ancien de la SIDEC, ce succès enregistré avait faire dire en ce moment au président Senghor que «le cinéma est la troisième industrie qui apportait le plus de revenus à l’État».
LA PRIVATISATION DE LA SIDEC OU LE DEBUT DU DECLIN.
Mais au moment où Diallo feuilletait les plus belles pages de la promotion du 7ème art au Sénégal, un homme de teint clair, moins jeune que lui, interrompt son passionnant récit. Ce, pour lui rappeler les jours sombres de l’exploitation cinématographique au Sénégal avec la privatisation de la SIDEC, en 1991, qui fut un coup dur pour le cinéma.
«Tout était si bien parti, mais il faut savoir que les choses avaient commencé à ralentir lorsque la SIDEC fut remplacée par une structure privée dénommée SIMPEC et qui avait Mamour Cissé comme directeur».
En effet, selon eux, si la SIDEC, gérée tour à tour par Abdourahmane Touré, Tidiane Ly et Yves Badara Diagne, a pu maintenir le flambeau, c’est parce qu’elle était entre de bonnes mains. Chose dont ne bénéficiait pas beaucoup sa devancière.
«La SIMPEC était pour l’essentiel confiée à des autorités qui vont sacrifier l’industrie cinématographique sénégalaise. La preuve, la majorité des salles de cinéma qui vont être vendues par la suite seront achetées à des prix dérisoires par ces autorités ou des membres du gouvernement d’alors», renseigne Diallo.
CHRONIQUE DE L’AGE D’OR DU CINEMA.
Comme Diallo et son ami, Pape Ndiaye est aussi un cinéphile jusqu’au bout des ongles. Mais lui préfère revenir sur le riche contenu qui poussait les jeunes de son âge à prendre d’assaut les écrans géants. D’un teint noir qui cache bien son nez et très jouflu, le septuagénaire cache mal son embonpoint dans un ensemble bleu marine froissé par ses activités de commerçant.
À l’écouter parler du septième art, on se convainc qu’il n’est pas exagéré de dire qu’entre lui et le cinéma, c’est une longue histoire d’amour. Cette idylle, elle remonte aux périodes coloniales. «En ce moment, j’étais un adolescent qui aimait bien les bonnes choses et se sapait pour aller regarder un film», évoque-t-il avec une large banane aux lèvres.
«Les premiers films diffusés dans les salles étaient dépourvus de sons. On n’entendait rien mais cela ne nous décourageait pas. C’est par la suite que les blancs qui géraient les salles, avaient réussi à régler le problème mais on regardait toujours des films en noir et blanc», ajoute-t-il. Balançant légèrement sa tête pour savourer encore les vestiges du passé cinématographique, Pape Ndiaye de continuer : «J’ai regardé le premier film en couleur vers 1979 avec Mangala.
C’est un film hindou qui avait fait gagner beaucoup d’argent aux exploiteurs de salles de cinéma. Je me rappelle que le prix du billet était de 300 francs pour la matinée et 400 pour la soirée. Les places ordinaires valaient elles, 150 francs. Mais dans certaines salles comme Le Paris, Vogue ou Plazza, on payait entre 1.000 et 1.500 francs».
A l’image de Pape Ndiaye, tous les autres membres de la Grand place se souviennent, avec une maitrise rare, de cette prise de contact de Dakar avec le septième art.
Preuve qu’ils étaient familiers de ces lieux de projection, aucun d’eux n’a oublié les noms ni les synopsis des premiers films qui ont inauguré les salles de cinéma de la capitale. Dans ce voyage du passé, chacun a amené le film qui lui plait.
«Le dernier train de Gun-Hill était un film sorti en 1959 et qui m’a beaucoup marqué. C’est un film fantastique», se rappelle Diallo, les yeux pétillants de bonheur. Un autre vieux assis à ses cotés lui emboîte le pas. «C’est plutôt Les titans qui a marqué toute notre génération».
«Si si ! Tu as raison», acquiesce Pape Ndiaye. Qui ajoute : «Le Mandat de Ousmane Sembene et A toi de faire mignonne, sont des films sur lesquels, j’ai dépensé beaucoup d’argent». «Toutes ces productions dont vous parlez, n’arrivent pas à la cheville de I comme Icare, qui était projeté en boucle dans les salles pendant des mois, tellement le scenario est unique», tranche Diallo.
Non sans rappeler à ses amis des chefs d’œuvres oubliés comme Les 7 gladiateurs, Au nom de tous les miens ou encore Full Contact, joué par Jean Claude Van Dam et qui a été diffusé pendant 15 jours au cinéma Le Paris et au théâtre national Daniel Sorano.
UN MOYEN D’EDUCATION DES JEUNES.
Hélas, aujourd’hui le cinéma a perdu de son lustre d’antan. Et pourtant, cela n’aurait pas dû être le cas. D’autant que les salles ont toujours été des lieux d’éducation pour les jeunes et des pourvoyeurs de culture générale pour les adultes.
«Les jeunes qui fréquentaient les cinémas étaient les plus civilisés car il était inconcevable d’y aller avec des tenues sales. En plus, il fallait ne pas être bavard», rapporte Pape Ndiaye. Qui pense à cet effet que les salles doivent revenir en grand nombre. Non sans ajouter que «la projection de film au cinéma se diffère de leur diffusion sur lecteur DVD dans les maisons car en salle, on est sûr de ne pas être dérangé par les enfants ou les invités. De ce fait, on médite beaucoup plus sur les scénarii».
De son coté, Abdoulaye Diallo, bien que conscient de l’utilité du cinéma pour la société, est pessimiste à propos du retour des salles de cinéma pour le grand bonheur des cinéphiles. «Je recevais pas mal de chefs religieux dans la salle du cinéma Le Paris.
Cela prouve que le cinéma est quelque chose de bon. Mais du moment que toutes les salles ont été vendues, il faut avoir une très longue vie pour assister à la renaissance du cinéma», sert-il. Avant d’ajouter avec une mine triste : «Quand tout est fini, c’est la culture qui reste. Malheureusement, les salles qui représentaient un patrimoine matériel ont été détruites».
Après leur disparition en cascade intervenue au début des années 2000, la réouverture des salles de cinéma ne cessent d’être réclamée aussi bien par les exploitants et producteurs de films que les cinéastes. De 34 salles de cinéma d’exclusivité en 1974, Dakar n’en compte aujourd’hui que quatre. Avec la subvention d’un milliard de francs CFA octroyé en 2013 par l’État du Sénégal pour booster la production cinématographique, la question du manque de salles de cinéma revient à l’ordre du jour. D’autant que beaucoup de cinéphiles se demandent où va-t-on regarder les films financés avec l’argent du contribuable sénégalais?
En longeant l’avenue Bourguiba, précisément en face du stade Demba Diop, un bâtiment en construction semble être celui qui attire le plus les attentions. Contigu à la station d’essence Shell et clôturé avec des zincs, le chantier en question augure un bâtiment imposant.
Et les longs échafaudages qui le cintrent sur tous les cotés, prouvent de l’importance des travaux. Tout comme les volumineuses décharges de ciment et de fers.
Avec les vrombissements de moteurs des voitures qui passent et repassent comme un cortège de fourmis et les coups de marteaux donnés ça et là, impossible d’entendre les voix des passants qui n’hésitent pas à jeter un coup d’œil sur les travaux.
A l’image de l’infrastructure sportive qui lui fait face, ce lieu où est érigé le nouveau chantier était aussi un espace de divertissement. Il s’agit de la mythique salle de cinéma «Liberté», qui a fermé depuis belle lurette comme la majeure partie des salles du Sénégal.
En se rapprochant de la porte où les entrées sont filtrées pour se renseigner auprès des ouvriers à quoi va servir le futur bâtiment, Mor Ndiaye, le chef de chantiers, nous renseigne : «Nous construisons une salle des fêtes pour un promoteur français. Maintenant vous pouvez partir !». Pas plus.
ABECEDAIRE DES SALLES FERMEES.
Ainsi, on vient de se mettre à l’évidence que la descente aux enfers de l’industrie cinématographique sénégalaise n’est pas encore finie. Car à l’image de «Liberté» qui va être remplacée par une salle des fêtes, la quasi-totalité des salles de cinéma du Sénégal ont été transformées en d’autres structures commerciales.
C’est le cas des cinémas Al Akbar de Niary Tally et U3 des Parcelles assainies, toutes devenues des temples évangéliques. Parallèlement à ces deux, les salles comme El Malick de Sandaga, Roxy de Tiléne sont devenues des centres commerciales, là où Vox de Pikine et Le Paris du Plateau sont complètement rasées.
S’agissant du cinéma El Hadji de la Gueule Tapée, elle est devenue le dancing Penc Mi. Et il en est ainsi pour les autres, sauf quatre qui maintiennent le flambeau. Il s’agit des cinémas Le Médina, Christa de la cité millionnaire, Awa de Pikine et l’Institut Français.
LE FOPICA OU L’ESPOIR DE LA RENAISSANCE DU SEPTIEME ART.
Ce manque criard de salles de diffusion de films est le signe évident que le cinéma sénégalais va de mal en pis. C’est certainement ce dont s’est rendu compte le président Macky Sall qui a décidé de la mise sur pied du Fonds de Promotion de l’Industrie Cinématographique et Audiovisuelle (FOPICA) enrichi d’un budget d’un milliard.
Cette subvention exclusivement dédiée au financement de tournages de films est bien appréciée par les promoteurs sénégalais du secteur.
Pour Khalilou Ndiaye, secrétaire général de l’Union des exploitants de cinéma et exploitant du cinéma Le Médina, cette subvention vient à son heure. «Le président a fait une bonne chose avec cette subvention», magnifie-t-il.
«Seulement, poursuit-il, il faut que l’État pense l’année prochaine à accorder une autre subvention pour la construction de nouvelles salles». Selon lui, le secteur est difficile et les promoteurs qui sont restés l’ont fait par passion. «On a de gros problème de trésorerie», a-t-il informé.
Dégageant d’autres pistes de relance de l’industrie cinématographique, l’exploitant est d’avis qu’il faut même encourager l’État à créer des structures d’appui au secteur.
Avec cela, il estime que «les promoteurs pourront prendre le risque de solliciter des crédits et d’être autonomes dans leur travail». Même son de cloche chez Ndiouga Makhtar Ba.
Pour ce producteur de films et directeur de Médiatik Communication, il est tout à fait normal de penser d’abord au contenu en subventionnant la production de films qui reflètent notre tradition. «Il est pertinent de commencer par le contenu car il ne servira à rien de construire des salles pour y faire passer des produits étrangers disponibles sur Internet et ailleurs», pense-t-il.
A l’en croire, c’est la production de films sénégalais et africains qui va permettre aux salles de cinéma de se réconcilier avec le public. Apres lui, le cinéaste Ousmane William Mbaye lui emboite le pas.
Comparant d’emblée la disparition des salles de cinéma à «un scandale négligé aussi bien par le public que l’État du Sénégal», l’auteur de «Président Dia» pense que cette subvention constitue un grand pas dans la renaissance du cinéma sénégalais. «Nous tous qui travaillons autour du cinéma, devons dépasser le stade de lamentation pour aller de l’avant», pense-t-il.
En ce qui concerne la construction de nouvelles salles de cinéma, Mbaye propose une nouvelle architecture de ces lieux afin qu’elles soient en phase avec les exigences d’un monde qui bouge.
Il donne les détails : «Si jamais de nouvelles salles devraient être construites, il faut qu’elles soient modernes car le modèle des salles classiques qu’ont connu les Sénégalais, est révolu. Maintenant, dans les cinémas du monde entier, on a des bibliothèques, des salles de fêtes, des restaurants et tout ce qui peut créer une ambiance pour le plus grand bonheur du public».
Toujours dans la perspective de doper le secteur cinématographique sénégalais et africain, l’auteur de «Xalima» (la plume) suggère la coproduction de films entre africains. «Un film coproduit par le Mali et le Sénégal aura plus de visibilité et de rentabilité car il sera suivi par un public sénégalais et malien», fait-il savoir.
11 mai 1981 - 11 mai 2014. 33 ans après le décès du pape du reggae, qu’est devenu l’héritage musical, philosophique et politique légué à ceux de ses enfants qui se sont à leur tour lancés dans une carrière musicale ? Ky-Mani, David (alias Ziggy), Damian (alias Jr. Gong), Julian et Stephen (“Raggamuffin”) Marley sont tous, aujourd’hui, des stars dans leur domaines respectifs... Mais qu’en est-il des “roots” (NDRL : racines) de leurs reggaes ?
“ZIGGY”, L’AÎNÉ
Né en 1968, c’est au tendre âge de 11 ans que David Marley, alias Ziggy, intègre sa première formation musicale, qu’il partage avec Cedella, Stephen et Sharon Marley, tous des enfants de Rita et de Bob (à l’exception de Sharon, qui a été adoptée par le chanteur à la suite à leur mariage).
Baptisée “The Melody Makers”, ce quatuor de frangin a eu le privilège de partager un morceau avec Bob Marley lui-même, “Children playing in the Streets” avant le décès de ce dernier, 2 ans plus tard.
Après 4 Grammys et un Emmy award, Ziggy Marley en est aujourd’hui a son 4e album solo, sorti en 2013 sous le nom de “Wild and Free”.
STEPHEN, LE VIRTUOSE
Également un membre fondateur des Melody Makers, Stephen “Raggamuffin” Marley est également un artiste et producteur solo. Il est né en 1972 à Wilmington, ville de l’Est des États-Unis, mais a grandi en Jamaïque, à Kingston. Aujourd’hui, le 2e enfant de Rita et de Bob est retourné aux USA, où il vit et possède un studio privé d’enregistrement à Miami, sur la Côte Est.
Stephen n’a, à ce jour, sorti qu’un seul album solo, “Revelation Pt.1 - the Root of Life” (NDLR: révélation, 1ère partie: la racine de vie). Son second album est en préparation est sortira au cours de l’été de cette année, il est pré- senté par l’auteur comme une suite à son premier opus et, logiquement, a été baptisé “Reveation Pt.2 - the fruit of Life” (NDLR: révélation, 2e partie: le fruit de vie).
JULIAN, L’ENGLISHMAN
Ayant grandi entre l’Angleterre (où il est né, à Londres, en 1975) et la Jamaïque, Julian Marley est le musi- cien le plus polyvalent de la fratrie Marley.
Militant, il est engagé avec ses frères Damian et Ziggy dans le projet Ghetto Youth Internation (cf. plus haut) et compte 3 albums studio au compteur dont “Awake”, en 2009, qui lui a valu une nomination aux Grammy awards.
Son premier album, “Lion in the morning”, date de 1998.
KY-MANI, LE SPORTIF
Avant d’embrasser la musique, Ky- Mani Marley s’est d’abord dévoué corps et âme à son premier amour, le sport. En effet, ce n’est qu’après avoir été footballeur puis footballeur américain dans les équipes de ses établissements scolaires respectifs que Ky-Mani s’est rendu compte qu’il avait, effectivement, des dispositions musicales.
Sur conseil de sa mère, Anita Belnavis, il va donc prendre des cours de piano, de guitar et même de trompette avant de finalement trouver sa voix dans le deejaying et le rap.
Considéré comme l’une des grandes figures de la nouvelle scène reggae, Ky-Mani a aujourd’hui 4 albums studios sous la ceinture (le dernier, “Radio”, est sorti en 2007).
DAMIAN, LE CHOUCHOU
Le dernier né de la fratrie Marley n’est pas le plus prolifique du lot, mais, de loin, le plus célèbre... Surnommé “Jr. Gong” en l’honneur de son père, “Tuff Gong”, Damian Marley est né en 1978, de la brève idylle entre ce dernier est celle qui fut Miss Monde 1976, en plus d’être une musicienne de Jazz confirmée.
Cindy Breakspeare, sa mère, était alors une jeune et jolie demoiselle issue des quartiers riches de Kingston sous les fenêtres de laquelle Bob Marley, fils des quartiers pauvres, venait souvent jouer au football.
Il a été le 1er artiste jamaïcain de l’histoire à emporter 2 Grammies, la même année, pour son single “Welcome to Jamrock” (certifié disque d’or avec plus de 500 000 copies vendues).
Après un 1er album, “Mr. Marley”, et un second, “Halfway Tree”, Damian a sorti son dernier album en date “Distant Relative”, en 2010, avant d’être intégré au groupe SuperHeavy, formation de stars internationales de la musique dont le lead vocal n’est autre que Mick Jagger, des Rolling Stones.
Rastafari convaincu, fait qui se reflète dans sa musique et ses croyances, Damian Marley a un fils, Elijah, né en 2009 et un frère et un sœur, Christian et Leah, en plus des 10 qui lui viennent de son père.