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3 mai 2024
Développement
par Moussa Bassel
LE CRÉPUSCULE DE L’EMPIRE FRANÇAIS EN AFRIQUE DE L’OUEST
EXCLUSIF SENEPLUS - L’accession au pouvoir de Diomaye Faye sonne le glas de la stratégie française centrée sur l’influence d'une élite politique favorable à ses intérêts pour la perpétuation de relations désavantageuses aux peuples africains
Le changement de régime au Sénégal vient d’ouvrir une boite de pandore pour la France avec le basculement progressif des pays de son pré-carré vers une doctrine souverainiste aux conséquences économiques significatives. Doctrine dont l’application peut être salvatrice pour les pays de la sous-région et compromettante pour les intérêts de l’ancien colonisateur.
Les élections du 24 mars dernier au Sénégal feront date dans l’histoire des relations entre la France et un de ses piliers ouest-fricains. Les résultats favorables au Pastef (Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité) viennent de marquer une rupture de taille dans le sillage des siècles de domination politique, économique et culturelle. Sur le plan politique, le Sénégal a toujours été considéré de l’extérieur comme un laboratoire de stabilité ; image qui cache mal en réalité la longue stratégie française de mise en place et de soutien d’élites politiques sentinelles et protectrices de ses intérêts à travers trois prismes : D’abord celui des accords de coopération mis en place au sortir des indépendances (politiques de défense, politiques économiques et monétaires, gestion des matières premières). Ensuite, un historique documenté dans la mise à l’écart de toute une génération de leaders nationalistes, progressistes, panafricanistes, farouchement opposés au pillage des ressources du continent et adeptes d’une ligne radicale de l’émancipation politico-économique. Enfin, une longue tradition d’eugénisme électoral visant à faire obstruction à la participation des masses populaires au choix de leurs représentants.
Hérité de pratiques coloniales de l’ancienne métropole, cet eugénisme électoral s’est perpétué sous les régimes successifs au Sénégal depuis l’accession à l’indépendance et même bien avant. Il a eu pour noms modifications de la carte administrative, bourrages d’urnes, bureaux de vote fictifs, rétention des cartes d’électeur pour certaines catégories de population jugées hostiles aux régimes en place, emprisonnement d’opposants ou charcutage électoral à l’endroit des primo-votants.
Néanmoins, la capacité du Sénégal à réussir des alternances par la voie des urnes peut s’expliquer en partie par un déclencheur de taille : l’instauration d’un multipartisme intégral par l’adoption de la loi du 6 mai 1981 - une longueur d’avance sur les voisins de la sous-région - qui a vu l’éclosion des partis d’opposition. Les formations politiques ont mené pendant des décennies une lutte sans relâche pour l’adoption d’un code électoral inclusif, transparent, permettant l’expression réelle de la volonté populaire. De nombreux combats ont abouti à engendrer un processus électoral « relativement » robuste qui rend difficile toute possibilité de fraude ou de manipulation des suffrages. Le corollaire dans le subconscient des Sénégalais est l’intériorisation d’une conviction forte qu’aucun pouvoir ne peut résister à leur mobilisation massive dans les urnes. C’est ce qui est au fondement même d’une tradition de luttes pré-électorales émaillées de violences et de pertes en vies humaines. Contrairement donc à un narratif biaisé, les Sénégalais ont souvent payé d’un lourd tribut l’accession au libre choix de leurs dirigeants et à une absence de mainmise extérieure sur le dénouement de leurs processus électoraux.
Par conséquent, si une des cartes maitresses de la France a toujours résidé dans sa capacité d’influence sur une élite politique favorable à ses intérêts pour la perpétuation de relations désavantageuses aux peuples africains, l’accession au pouvoir de Bassirou Diomaye Faye sonne le glas de cette stratégie. Élément majeur de son domino politique en Afrique subsaharienne, le Sénégal vient de prendre un tournant qui consacre une jeune génération décomplexée, ambitionnant de mettre fin aux relations économiques asymétriques avec la France.
Sur ce plan économique, le Sénégal représente avec la Cote d’Ivoire, un enjeu primordial pour la France. Cette dernière est le premier fournisseur du Sénégal avec une part de marché de 17% des importations. 38% de l’excédent commercial français avec l’UEMOA (Union Monétaire Ouest Africaine) est porté par le Sénégal. Le Sénégal représente 26% des ventes françaises au sein de l’UEMOA et concentre plus de 50% du stock d’investissements directs étrangers Français, sans compter plus d’une centaine d’entreprises françaises implantées sur son sol.
A ce désavantage structurel s’ajoute la question lancinante du franc CFA, arrangement monétaire conclu entre la France et ses anciennes colonies au sortir de la deuxième guerre mondiale, et adossé à une garantie institutionnelle du trésor Français. Les experts en pointent plusieurs éléments néfastes aux économies des zones de prévalence de cette monnaie. Arrimée à une monnaie forte (Euro) elle constitue tout d’abord une subvention pour les importations et une taxe sur les exportations des pays qui l’utilisent. En plombant la production intérieure de biens et services, elle empêche la promotion d’un socle industriel de transformation des produits primaires et confine les pays de la zone Franc dans un rôle de simples pourvoyeurs de matières premières. Par ailleurs, c’est une monnaie qui sert particulièrement les intérêts des investisseurs et entreprises étrangers, leur permettant un rapatriement facile des profits (par le biais de la parité fixe avec l’Euro) sans se soucier de la gestion des fluctuations monétaires et du réexamen des prix sur le marché international. Un autre enjeu de taille pour la France est de pouvoir effectuer l’achat de ses matières premières sans l’entremise des devises étrangères. Les arguments habituels portant sur la stabilité monétaire , la crédibilité internationale, la stabilisation de l’inflation – souvent brandis par les défenseurs du franc CFA – ne peuvent plus faire l’économie (voire la nécessité) pour le Sénégal et les pays de la zone Franc d’un recentrage radical de leurs priorités autour de l’accès au crédit des PME, la relance des productions locales, la création d’emplois pour les jeunes et la création d’une monnaie en adéquation avec ses réalités économiques propres.
La question de la dette constitue un autre écueil auquel devra faire face la nouvelle équipe. Cette dette vient de dépasser les 14 000 milliards de francs CFA (21 milliards d’euros), soit plus de 76 % du PIB en 2023, taux supérieur au seuil de convergence de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), fixé à 70 %. Ces montants ont été alourdis notamment par les investissements massifs dans les infrastructures dans le cadre du Programme Sénégal Emergent et le soutien à l’économie consécutif à la crise du covid et à la guerre en Ukraine.
S’attaquer à ces défis sur le plan économique est une tâche titanesque jamais entreprise par un gouvernement sénégalais compte tenue d’abord du niveau d’endettement abyssal hérité du régime précédent. Ensuite, il suppose de briser le paradigme de la dépendance/subordination économique qui a longtemps prévalu dans les relations avec la France. Confronté à la réalité du pouvoir, la nouvelle équipe pourra s’appuyer sur quatre leviers : une population jeune, dynamique et très réceptive au discours souverainiste porté par le duo Diomaye-Sonko, un contexte sous-régional marqué par la recrudescence d’une volonté de fédéralisme politique (exemple de l’Alliance des Etats du Sahel) dans laquelle le Sénégal peut jouer un rôle moteur - même s’il reste à en définir les contours – et en enfin l’exploitation imminente (en 2024) des ressources gazières et pétrolières qui peut être synonyme de rééquilibrage du ratio entre stock de dette extérieure et revenu des exportations.
Une partie du discours et des promesses de campagne du parti Pastef a consisté à dévoyer le paternalisme politique de la France et l’exploitation économique de son pré-carré en Afrique de l’Ouest. Fort d’un sentiment anti-Français très présent notamment chez les jeunes, il est sans nul doute que la nouvelle équipe matérialisera dans son programme des mesures phares pour l’instauration d’un partenariat « gagnant-gagnant », afin de sortir le pays de la spirale endettement/pauvreté/émigration.
LA CLÉ DE LA STABILITÉ SÉNÉGALAISE
Alors que l'insécurité gangrène le Sahel, comment le Sénégal y échappe-t-il ? Selon l'universitaire Papa Fara Diallo, son secret résiderait dans une politique de dialogue avec ses voisins immédiats
La politique de bon voisinage développée par le Sénégal depuis plusieurs années impacte sur la stabilité du pays et explique qu’il soit épargné jusque-là par les ”menaces” liées à la criminalité transfrontalière, estime l’universitaire Papa Fara Diallo.
“Le Sénégal, dans sa politique étrangère, a toujours développé une diplomatie de bon voisinage. Le Sénégal est réputé être un pays stable”, a dit cet enseignant en science politique à l’université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis.
“Si on a cette stabilité, c’est parce qu’on n’a pas de problème avec nos voisins. Donc, on peut avoir une bonne politique de gouvernance sécuritaire, transfrontalière avec nos voisins”, a déclaré Papa Fara Diallo, dans un entretien avec l’APS.
De l’avis du maître de conférences titulaire en Science politique, le Sénégal a une bonne politique avec ses voisins.
La criminalité transfrontalière et les menaces liées au terrorisme sont “très présentes dans le Sahel mais pour le moment, le Sénégal est épargné. Si on a ça, c’est parce qu’on a une bonne politique de bon voisinage”, a-t-il analysé.
Le Sénégal ne veut plus avoir de problèmes avec ses voisins immédiats, comme lors de la crise de 1989 avec la Mauritanie, qui a failli se transformer en “guerre ouverte” entre les deux pays, a souligné Papa Fara Diallo, maître conférences en science politique.
Le Sénégal doit aussi faire avec les “turbulences” dans sa partie sud, frontalière de la Gambie et de la Guinée-Bissau, avec notamment la question de la rébellion en Casamance. D’où la nécessité de faire en sorte que “les menaces transfrontalières ne puissent pas véritablement avoir un impact au Sénégal”.
Il s’y ajoute qu’avec la Mauritanie, où le président Bassirou Diomaye Faye a effectué jeudi sa première visite hors du territoire sénégalais depuis son installation, “on a un contrat d’unitisation pour l’exploitation du pétrole et du gaz, notamment le projet Grand Tortue Ahmeyim (GTA) que nous partageons 50/50 avec la Mauritanie”.
“Donc, c’est un pays voisin contigu au Sénégal mais qui est un allié stratégique pour l’exploitation du gaz et du pétrole offshore”, a fait observer l’universitaire sénégalais, selon lequel le projet GTA est “le plus important et le plus avancé du Sénégal”, en matière d’hydrocarbures.
Un autre élément à prendre en compte dans l’analyse de cette visite concerne les accords de pêche, a relevé Papa Fara Diallo, en rappelant qu’en 2020, “plus de huit pêcheurs” de Guet-Ndar avaient été tués par les garde-côtes mauritaniens parce qu’ils avaient “violé l’espace maritime d’un pays souverain”.
La Mauritanie applique le repos biologique, qui favorise le renouvellement de la ressource halieutique, “contrairement peut-être au Sénégal”, où la surpêche fait que la ressource “devient de plus en plus rare”.
“On a donné beaucoup de licences de pêche à des bateaux étrangers qui viennent pêcher chez nous. Les pêcheurs sénégalais ont vu leurs débarquements journaliers drastiquement baisser depuis 2014. Donc, ils vont suivre le poisson jusqu’en Mauritanie parce que la Mauritanie applique le repos biologique”, dit-il.
Le Sénégal a aussi besoin de négocier avec la Mauritanie sur les accords de pêche, notamment pour les licences, poursuit-il, pour parler de l’importance de la première sortie officielle du président Faye.
DES INTOX POLLUENT LE DÉBAT FRANCE-SÉNÉGAL
Des rumeurs infondées attribuant à Diomaye Faye des propos qu'il n'a jamais tenus. Des centaines de messages anonymes affirmant à tort que des entreprises françaises contournaient l'impôt local. Africa Check a démêlé le vrai du faux
(SenePlus) - Des entreprises françaises installées au Sénégal paient-elles vraiment leurs impôts en France ?
Cette question, devenue virale ces dernières semaines sur les réseaux sociaux, a été soumise à l'analyse du site de fact-checking Africa Check. Plusieurs fausses déclarations ont en effet circulé, attribuant notamment au nouveau président Bassirou Diomaye Faye l'intention de contraindre les entreprises françaises à payer désormais leurs impôts au Sénégal.
Pour faire la lumière sur ces allégations, Africa Check a mené une enquête rigoureuse, contactant différentes sources officielles. Tout d'abord, l'organisation a cherché à vérifier le nombre souvent avancé de "250 entreprises françaises installées au Sénégal", mais n'a pu trouver de chiffres fiables et récents auprès des organismes statistiques des deux pays.
Africa Check s'est ensuite entretenu avec la Direction générale des Impôts et Domaines (DGID) sénégalaise. Celle-ci a confirmé de manière catégorique que "les entreprises françaises opérant au Sénégal paient bien leurs impôts dans le pays". Selon Mouhamedou Lamine Sy, directeur de la législation et de la coopération internationale à la DGID, "il est erroné de penser qu'une entreprise française puisse être exempte d'impôt au Sénégal".
La DGID a précisé que le Sénégal avait signé vingt conventions fiscales, dont celle avec la France en 1974, visant justement à éviter les doubles impositions. Ainsi, une entreprise française installée via une filiale au Sénégal est assimilée à une société locale et soumise aux mêmes obligations fiscales. Cette interprétation a été validée par l'ambassade de France à Dakar et des filiales comme Auchan et Sonatel, qui ont confirmé leur paiement régulier d'impôts au Sénégal.
Africa Check a pu démontrer que les allégations sur un prétendu non-paiement d'impôts par les entreprises françaises étaient dénuées de fondement. Le cadre juridique actuel garantit au contraire leur contribution aux finances publiques sénégalaises, dans le respect des conventions internationales. Le journaliste Mame Birame Wathie, à l'origine de certaines des rumeurs, a reconnu s'être exprimé "pour aider les gens à comprendre" de manière transposée, sans réelles preuves. Quant au président Bassirou Diomaye Faye, il n'a tenu aucune des déclarations qui lui ont été attribuées sur le sujet.
Ces dernières semaines, plusieurs rumeurs concernant les entreprises françaises au Sénégal ont largement circulé sur les réseaux sociaux.
Nous avons vérifié trois d’entre elles.
Dans un contexte où la protection des données devient une préoccupation mondiale, les récentes directives du président Bassirou Diomaye Faye, lors du Conseil des ministres du 17 avril 2024, soulignent l'urgence pour les nations de renforcer la sécurisation de leurs données, en particulier celles considérées comme vitales pour leur fonctionnement et leur sécurité. À l'échelle mondiale, plusieurs pays ont déjà franchi des étapes significatives dans l'élaboration de politiques de gouvernance des données vitales. La France, par exemple, a établi une liste de systèmes d'information stratégiques et critiques, protégés par des mesures spécifiques de cybersécurité. De même, les États-Unis ont adopté des lois visant à protéger les infrastructures critiques et à renforcer la résilience face aux cybermenaces.
L'Exemple de la France : Une approche proactive en matière de protection des données stratégiques
La France se distingue par son approche proactive en matière de protection des données stratégiques. À travers la Loi de Programmation Militaire et la Stratégie Nationale pour la Sécurité du Numérique, le pays a établi une liste de systèmes d'information stratégiques et critiques. Ces systèmes sont protégés par des mesures spécifiques de cybersécurité, visant à garantir leur intégrité et leur disponibilité face aux menaces émergentes.
L'Exemple des États-Unis : une législation renforcée pour protéger les infrastructures critiques
Les États-Unis ont adopté une série de lois visant à protéger les infrastructures critiques et à renforcer la résilience face aux cybermenaces. Le Federal Information Security Modernization Act (FISMA) et l'Executive Order 13636 sur l'amélioration de la cybersécurité critique en sont des exemples significatifs. Ces mesures fournissent un cadre réglementaire solide pour identifier, évaluer et protéger les données et les systèmes d'information vitaux pour la sécurité nationale.
L'exemple de la Côte d'Ivoire : Le socle d’une PSSI
En Afrique, la Côte d'Ivoire se distingue également par ses efforts en matière de protection des données vitales. Le pays a récemment mis en place une Politique de Sécurité des Systèmes d'Information (PSSI) pour l'administration publique, offrant ainsi un cadre juridique solide pour la sécurisation des informations sensibles. De plus, la Côte d'Ivoire a lancé des initiatives visant à renforcer la cybersécurité et à sensibiliser les acteurs concernés aux enjeux liés à la protection des données.
L'importance des cadres de gouvernance solides dans la protection des données
Ces exemples mettent en évidence l'importance cruciale des cadres de gouvernance solides dans la protection des données vitales. En identifiant les actifs numériques critiques et en adoptant des mesures de protection appropriées, les nations peuvent renforcer leur résilience face aux cybermenaces et assurer la continuité de leurs opérations essentielles.
Une approche holistique pour assurer la sécurité des données
Face à ces défis, il est impératif que notre nation adopte une approche holistique pour assurer la sécurité de ses données vitales. Cela inclut la mise en place de mesures techniques avancées, telles que le cryptage et la surveillance des réseaux, ainsi que des initiatives de sensibilisation pour renforcer la culture de la sécurité au sein des institutions publiques et privées.
En conclusion, la sécurisation des données vitales est un enjeu crucial pour la sécurité nationale dans un monde de plus en plus numérisé. En s'inspirant des meilleures pratiques mondiales, notre nation peut renforcer sa résilience face aux cybermenaces et protéger ses intérêts stratégiques à long terme.
par Elimane Haby Kane
LEÇONS DE LA CRISE POLITIQUE ÉLECTORALE
L’espoir d’aboutir à des réformes décisives et transformationnelles est encore permis grâce à l’engagement du nouveau président pour la mise en œuvre des différentes propositions citoyennes dont certains principes sont déjà pris en compte dans le Projet
Le 3 février 2024, le Sénégal a été secoué par une déclaration brutale du président de la République en exercice dont la teneur remettait en cause l’intégrité du processus électoral et la tenue de l’élection présidentielle préalablement fixée au 25 février 2024. Cette déclaration surprenante intervenait à dix heures seulement du démarrage de la campagne électorale précédant le scrutin. Le président qui a évoqué dans son discours des faits graves ayant émaillé l’organisation de l’élection présidentielle, remettait en cause la régularité de la validation des candidatures par le conseil constitutionnel et entérinait des accusations de corruption impliquant le premier ministre et candidat de la majorité présidentielle et deux juges du conseil constitutionnel.
En prenant la décision d’abroger le décret portant convocation du corps électoral et en annonçant la préparation d’un projet de la loi qui sera votée dès lundi 5 février, le chef de l’Etat, gardien de la constitution, venait de violer son serment et de créer une crise inédite au Sénégal en annulant l’élection du cinquième président de la République du Sénégal. Une situation bouleversante et alarmante qui a mobilisé des franges importantes de la société dont des organisations de la société civile qui se sont concertées pour mettre en place un cadre pour dénoncer cet acte et arrêter le vote de la loi. Cette réaction fut par la suite déterminante car ayant favorisé une mobilisation massive des citoyens et des médias nationaux et internationaux pour alerter l’opinion et dissuader les autorités exécutives et parlementaires. La vague d’indignation et de manifestation d’un désaccord populaire a aussi certainement eu son pesant d’or dans les décisions rendues par le Conseil constitutionnel. Décisions qui ont abouti, malgré le dilatoire présidentiel, à réhabiliter le calendrier républicain et faire organiser le scrutin de l’élection présidentielle avant le terme du second mandat du président Macky Sall.
Les péripéties résumées ainsi sur ce long mois de février qui, pourtant est le mois le plus court de l’année, révèlent certes une forte capacité de résilience des citoyens sénégalais mais surtout mettent en exergue des défis majeurs en matière de gouvernance démocratique et interpellent sur la nécessité de renforcer notre système national d’intégrité.
En effet, la facilité avec laquelle le président de la République a pris une décision unilatérale avec des implications aussi graves sur la souveraineté populaire révèle l’immensité des pouvoirs qui lui sont conférés dans l’organisation constitutionnelle de notre république.
L’hyperpresidentialisme
La problématique de la concentration des pouvoirs entre les mains du président de la République est une préoccupation récurrente dans le débat public et serait un véritable goulot dans la mise en œuvre des politiques publiques du fait de la centralisation des processus de prise de décisions à tous les niveaux, mais aussi des larges possibilités données au président de la République à agir seul sans engager sa responsabilité judiciaire et politique. Il ne rend compte à aucune institution et bénéficie de l’immunité dans l’exercice de ses fonctions. Dans ce cas, la personnalité du Président de la République ainsi que sa propension à privilégier les intérêts partisans constituent des menaces graves à la stabilité nationale comme c’est le cas avec monsieur Macky Sall. Une analyse récente de la gouvernance de la riposte nationale à la pandémie à Covid-19 a permis de démontrer que dans ces situations complexes, le Président Sall a tendance à poser des actes égoïstes qui renforcent toujours ses propres pouvoirs au détriment des libertés individuelles et collectives.[1] Le développement et l’aboutissement de la crise nous laisse croire que tout ceci a été fomenté pour permettre au Président de la République de sécuriser sa sortie de pouvoir.
L’équilibre des pouvoirs
Ce principe de l’Etat de droit qui se fonde sur la séparation des pouvoirs exécutif, parlementaire et judiciaire a été particulièrement éprouvé pendant cette crise. Les différentes institutions se sont frottées dans l’arène politique, avec au départ, la décision du président qui agresse la constitution, suivi du vote du projet de loi par lequel l’Assemblée nationale qui revendique sa souveraineté à légiférer contre la posture du Conseil constitutionnel, qui en sa qualité de gardien de la constitution, de veilleur de la sécurité juridique et de la stabilité institutionnelle et de juge électoral a fait prévaloir son autorité ultime en la matière. La posture de la plus haute institution judiciaire du pays a permis de réhabiliter la perception populaire qui a manifesté dernièrement des doutes sur ses compétences à arbitrer les litiges politiques. La crise politique électorale de février 2024 a ainsi permis de démontrer l’effectivité de l’équilibre des pouvoirs.
L’expression responsable des droits civils et libertés fondamentales
Les libertés et droits consacrés par la constitution ont été lourdement entamés ces dernières années. Des marches interdites, des regroupements dissipés jusque dans des lieux privés, des acteurs politiques et journalistes emprisonnés sur la seule base d’informations divulguées ou d’opinions politiques exprimées,…A ce propos, l’exceptionnelle mobilisation des citoyens et le leadership éclairé de la plateforme AarSunuElection a permis de reconquérir la liberté de manifester et de marcher dans la paix. La forte mobilisation de la marche silencieuse du 17 février a été un déclic décisif dans la suite des évènements.
En définitive, la crise électorale de février 2024 a permis de revenir aux fondamentaux de la stabilité institutionnelle, de l’équilibre des pouvoirs et de l’expression responsable des libertés et droits civils qui constituent les piliers de la charpente républicaine. L’aboutissement de cette crise est certes une issue heureuse mais nous interpelle sur l’impérieuse nécessité de procéder à des réformes profondes qui permettront de sortir définitivement de l'hyperprésidentialisme », d’aller au-delà de la jurisprudence créée par les décisions du Conseil constitutionnel en mettant en place une instance plus forte et totalement indépendante pour l’exercice du pouvoir judiciaire, et de sacraliser définitivement les libertés individuelles et collectives, tout en aménageant des mécanismes d’expression directe du pouvoir citoyen sur les décisions publiques. Cette tâche pourrait être aisée si l’on fait recours aux propositions de réformes déjà avancées par des organisations de la société civile en rapport avec les conclusions des Assises nationales (2009) et de la Commission nationale de réforme des Institutions (2016), mais aussi d’autres propositions récentes comme les « 64 Mesures pour un Sénégal souverain et solidaire dans la prospérité durable » de l’initiative de Mobilisation nationale pour l’engagement citoyen la Souveraineté, l’Unité et la Refondation (MESURe-2023). La refondation des institutions de la République est le concept fédérateur de ces propositions qui appellent à un véritable changement de paradigme de la gouvernance democratique au Sénégal. L’espoir d’aboutir à des réformes décisives et transformationnelles est encore permis grâce à l’engagement du président nouvellement élu pour la mise en œuvre des différentes propositions citoyennes dont certains principes sont déjà pris en compte dans le “Projet”, son programme politique proposé aux électeurs.
[1] Etude d’évaluation de la riposte de l’Etat du Sénégal. Redevabilité active de la gouvernance sanitaire, économique et sociale de la pandémie de la Covid19 au Sénégal ; LEGS-Africa, 2021. Rapport de redevabilité Covid-19 (citizenlegs.org)
L'ONU REFUSE L'ADHÉSION DE LA PALESTINE
Le Conseil de sécurité avait ouvert la voie à l'entrée de la Palestine dans le concert des nations. Mais c'était sans compter la ferme opposition de Washington, défenseur historique d'Israël
(SenePlus) - Le 18 avril 2024, les Etats-Unis ont opposé leur veto à la demande d'adhésion pleine et entière de la Palestine aux Nations Unies, portant un coup dur aux aspirations palestiniennes d'obtenir un Etat souverain reconnu par la communauté internationale.
Depuis plusieurs semaines, les Palestiniens, qui ont actuellement le statut inférieur d'« Etat non membre observateur » depuis 2012, ainsi que les pays arabes, "imploraient le Conseil [de sécurité] d'accepter qu'un 'Etat palestinien' prenne sa place 'légitime' au sein des Nations unies", selon Le Monde. Mais leurs efforts ont été vains face à l'opposition américaine.
Après le veto américain, l'Autorité palestinienne a vivement dénoncé cette décision. "Cette politique américaine agressive envers la Palestine, son peuple et ses droits légitimes représente une agression flagrante contre le droit international", a déclaré le bureau du président palestinien Mahmoud Abbas, cité par l'AFP.
L'ambassadeur palestinien à l'ONU, Riyad Mansour, a lancé en pleurs : "Ce rejet ne brisera pas notre volonté, ne stoppera pas notre détermination. Nous n'arrêterons pas nos efforts. L'Etat de Palestine est inévitable, il est réel."
Explication du veto américain
Les Etats-Unis ont justifié leur veto en affirmant que "ce vote ne reflète pas une opposition à un Etat palestinien, mais est une reconnaissance qu'il ne peut naître que de négociations directes entre les parties", selon l'ambassadeur adjoint Robert Wood, cité par Le Monde.
Washington craint également que l'admission de la Palestine à l'ONU ne déclenche des coupes budgétaires selon la législation américaine, qui "leur imposerait de couper leur financement à l'ONU en cas d'une adhésion palestinienne en dehors d'un accord bilatéral".
Réactions internationales
Malgré le veto, l'ambassadeur algérien Amar Bendjama a salué "le soutien 'écrasant' des membres du Conseil" qui "envoie un message très clair : l'Etat de Palestine mérite sa place à l'ONU". Il a promis de "présenter à nouveau cette requête ultérieurement".
De son côté, l'ambassadeur chinois Fu Cong a déploré "une triste journée" où "le rêve du peuple palestinien a été anéanti".
Israël s'est également opposé avec force à l'initiative palestinienne. Son ambassadeur Gilad Erdan a estimé que le soutien au projet palestinien allait "encourager les Palestiniens à ne pas revenir à la table des négociations et rendre la paix presque impossible".
Le gouvernement israélien reste opposé à la solution à deux Etats, contrairement à la position défendue par une majorité de pays dont les Etats-Unis. 137 des 193 Etats membres de l'ONU reconnaissent déjà unilatéralement un Etat palestinien.
LE FRANC CFA FACE À SES CONTRADICTIONS
Pour Kako Nubukpo, la donne change avec l'élection au Sénégal d'un président hostile au franc CFA. Dans une interview au Point Afrique, il décrypte les options désormais sur la table et les réformes à engager pour sortir de ce régime monétaire colonial
(SenePlus) - Des changements majeurs semblent se profiler concernant le franc CFA en Afrique de l'Ouest. Dans une interview accordée au Point Afrique, l'économiste togolais Kako Nubukpo, reconnu pour ses travaux sur cette monnaie, revient sur les enjeux en cours.
"C'est une très bonne nouvelle que des acteurs politiques clairement engagés contre le franc CFA, en tout cas dans sa mouture actuelle, puissent accéder aux responsabilités", souligne d'emblée Nubukpo. L'élection de Bassirou Diomaye Faye, qui souhaite sortir du franc CFA, "crédibilise les débats" selon l'économiste.
Cependant, Nubukpo s'interroge : "Le sujet pertinent est de savoir si les nouveaux dirigeants sénégalais souhaitent une sortie isolée ou mener des réformes dans le cadre de la Cedeao." Deux options aux conséquences différentes.
Pendant ce temps, le Mali, Burkina Faso et Niger, réunis au sein de l'Alliance des États du Sahel, ont annoncé vouloir créer une monnaie commune pour remplacer le franc CFA. Un projet que Nubukpo juge "légitime" : "Le pouvoir de battre monnaie est un privilège régalien."
Mais il prévient : "Si le Sénégal prenait cette décision, l'avenir de l'UEMOA serait clairement en sursis, avec 45% de son PIB qui partirait."
Côté Cedeao, qui devait créer l'eco dès 2020, "rien n'a bougé depuis 2021", déplore Nubukpo. Il pointe "une absence de leadership et de consensus" pour expliquer ce statu quo.
La France dit avoir "fait sa part" selon Nubukpo, qui précise : "Le débat ne porte pas là-dessus." Pour lui, des réformes sont nécessaires, comme le changement de nom, l'abandon de la garantie française jugée caduque, la fusion des traités monétaires et un nouveau régime de change.
Au final, Nubukpo plaide pour un vrai débat ouvert : "On a l'impression que les bienfaits du franc CFA sont simplement postulés." Il appelle à des "référendums" pour que les populations puissent choisir en "décidant de manière souveraine".
Quant à la stabilité souvent vantée, "C'est un leurre" tranche-t-il, rappelant que le franc CFA fluctue en réalité au gré de l'euro. "Si vous avez des prix bas mais pas de revenus élevés, vos revenus réels seront très bas."
par baba Zoumanigui
PRIÈRES CITOYENNES
Le Sénégal vit sa quatrième alternance. Comme une jeunesse en renaissance. Nombreuses sont les doléances. Et moi comme un sage je médite en silence. Comment concilier le droit la justice et l’équité Comment rendre au travail toute sa dignité
Le Sénégal vit sa quatrième alternance
Comme une jeunesse en renaissance
Qui vit l’aboutissement de ses rêves
Ndiaganio désormais sur une carte du continent
Par la force des urnes et celle du divin
Un fils issu de ce bourg veille sur notre destin
Le peuple des profondeurs se reconnait dans son président
Nombreuses sont les doléances
Profonds sont les besoins de savoir
Gloutons sont les appétits de pouvoir
Énormes sont les espérances
Sur les frêles épaules de son leader le pays attend
Des réponses et surtout des actions
Des décisions pour sauver la nation
Dont la jeunesse vibrante n’a plus de temps
Et moi comme un sage je médite en silence
Comment concilier le droit la justice et l’équité
Comment rendre au travail toute sa dignité
Et permettre à chaque citoyen de garder l’espérance
Je voudrais que partout résonne le cri de ceux qui ont faim
Pour éveiller les cœurs et les consciences
Que la solidarité dans le partage des abondances
Permette à ceux qui ont tout de penser à ceux qui n’ont rien
Que les terres ancestrales arrachées sur la foi d’un titre foncier
Comme preuve ultime de propriété héritée du colonisateur
Au mépris de l’Afrique et ses valeurs
Soient rendues aux communautés au nom de l’histoire et de la vérité
J’observe impuissant des guides dits spirituels
Passeports diplomatiques en main
Sillonnant les capitales en quête de l’aumône du lendemain
En échange d’une prière vers le ciel
J’entends la détresse des familles éplorées
Dont les fils agglutinés dans des pirogues à la merci des vagues
Ont préféré défier la mort et les langues
Plutôt que l’inutilité d’une vie sans opportunités
Je vois tous ces politicards sans convictions
Qui retournent leur veste pour le son des espèces
Qu’importe le projet pourvu qu’ils aient l’ivresse
Celle du pouvoir de l’argent et des oripeaux de la Nation
Je perçois la désespérance et l’instinct de survie
Dans les banlieues périphériques
Quand dans les beaux quartiers des politiques
Dépensent sans compter des biens mal acquis
Alors je prie pour que ceux qui ont le pouvoir
Et guident notre chemin vers l’avenir
Ne cèdent jamais à leur bon plaisir
Et veillent à la flamme et l’espoir des gens du terroir
Je prie pour le courage de leurs décisions
Je prie pour leur sens de l’équité et de la tolérance
Je prie pour leur clairvoyance et leur pertinence
Je prie pour que l’intégrité soit au cœur de leurs actions
Puisse l’étoile polaire guider le berger et son peuple
Que jamais nul ne s’écarte du but
Et que rien ne nous détourne de la foi
MYTHES ET RÉALITÉS DES LANGUES AVEC SALIKOKO S. MUFWENE
Les langues sont des virus selon le linguiste congolais. Transmises de personne à personne, leur survie dépend de nos interactions plus que de leur prestige. Retour sur cette vision originale à travers son analyse de l'histoire du français et des créoles
(SenePlus) - Salikoko S. Mufwene, professeur linguistique à l'université de Chicago et invité cette année de la chaire annuelle Mondes francophones du Collège de France, a une vision originale de l'évolution des langues. Dans un entretien accordé au site du Collège de France, il explique que "les langues n'ont pas de vie indépendante de leurs locuteurs. Comme les virus, nous nous les transmettons d’une personne à l’autre, ou surtout nous les apprenons des personnes avec lesquelles nous interagissons. Si nous mourons, les langues que nous parlons meurent." Selon le linguiste, "nos interactions qui assurent une certaine vitalité à ces dernières, comme pour les virus."
Titulaire de la chaire Edward Carson Waller Distinguished Service Professor of Linguistics à l’université de Chicago, S. Mufwene remet également en cause l'idée reçue selon laquelle le prestige d'une langue garantirait sa survie. "L’Allemagne est une importante puissance économique, mais l’allemand reste peu parlé à travers le monde", fait-il remarquer. Pour le chercheur originaire de la République démocratique du Congo, "c’est un ensemble d’étapes historiques qui, les unes suite aux autres, ont contribué à diffuser l’anglais et à en faire la langue dominante", alors que le français a perdu de sa diffusion notamment avec la vente de la Louisiane par Napoléon Bonaparte aux États-Unis en 1803.
S'il reconnaît que le français "conserve ses fonctions vernaculaires" en France, en Belgique et en Suisse, S. Mufwene estime néanmoins que "l’avenir du français comme langue impériale ou mondiale dépend de plusieurs enjeux politiques et économiques, en particulier des réponses de la France à ces enjeux, car elles influencent les attitudes autochtones à sa langue." Pour le linguiste, les langues évoluent en fonction des structures de population dans lesquelles elles s'insèrent et non uniquement de leur prestige. Il prend l'exemple du français au Québec, où la langue "a été revitalisée parce que les Québécois francophones ont exigé que le français fonctionne aussi comme langue de travail".
S. Mufwene a par ailleurs étudié comment les parlers locaux ont été influencés par les colonisations européennes à partir du XVe siècle. S'intéressant aux créoles, ces parlers coloniaux mêlant plusieurs langues, il souligne que "les Européens ont à leur tour aussi appris des langues locales", et que "les langues se sont mutuellement influencées" dans les colonies. Pour le linguiste, "les créoles (...) nous donnent une idée de l’évolution langagière en général" car ils montrent que "les langues modernes sont le résultat des contacts langagiers".
Ainsi, dans cet entretien accordé au Collège de France, dont il est l'invité cette année, Salikoko S. Mufwene propose un éclairage original sur l'évolution des langues, remettant en cause certains mythes et mettant en lumière l'influence décisive des structures de population dans la survie ou la diffusion des langues.
CUBA : L'ÉCOLE INTERNATIONALE DE CINÉMA ACCEUILLE LE CINÉASTE CHRISTIAN THIAM
Le réalisateur sénégalais s'immerge dans la création audiovisuelle cubaine, à la découverte des studios, cinémathèques et des figures tutélaires de l'industrie cinématographique de l'île
Cette semaine, le réalisateur et professeur sénégalais Christian Thiam visite la prestigieuse École Internationale de Cinéma et de Télévision de San Antonio de los Baños, l'EICTV, où il s'est entretenu avec ses directeurs, professeurs et étudiants dans un environnement créatif.
La possibilité de mettre en place des actions conjointes d'échanges académiques avec l'Université Numérique du Sénégal Cheikh Hamidou Kane, UN-CHK, où Christian Thiam est responsable de l'unité d'enseignement numérique et de la formation en Arts Graphiques et Numériques, ainsi que le partage de son initiative de Master Erasmus sur la création et la réalisation de films, ont fait partie des dialogues de mardi dernier.
De même, les projets de collaboration visant à tirer parti des capacités de l'EICTV dans la formation des étudiants du Sud contribuent directement à l'une des missions de l'important centre créé par le Comité des cinéastes latino-américains en tant que filiale de la Nouvelle Fondation du Cinéma Latino-américain en 1986.
Une visite des installations de l'école, y compris les salles de classe, la postproduction, les espaces sociaux et récréatifs, sans oublier la médiathèque, qui conserve l'histoire audiovisuelle de ces presque quatre décennies de travail.
Ce mercredi, dans la salle Glauber Rocha, il y aura une conférence sur "La composition de l'image, la théorie et l'esthétique du montage dans l'œuvre de Cristian Thiam", qui sera le prélude à la projection, pour la première fois dans la plus grande des Antilles, de "Mami Watta", le dernier long métrage de fiction du réalisateur.
Delia, -lit-on dans le synopsis-, est une jeune fille issue d'une communauté de pêcheurs de la banlieue de Dakar. Elle découvre rapidement qu'elle a le pouvoir de prédire l'avenir, et une tragédie frappe à sa porte, générant des conflits qui auront des conséquences néfastes pour le quartier. Le film porte également un regard lucide sur la situation religieuse, sociale et familiale des femmes sénégalaises d'aujourd'hui.
Jusqu'à vendredi prochain, M. Thiam passera du temps avec des étudiants et d'autres créateurs de l'EICTV, où il devrait également discuter du concept de "nationalité cinématographique" et de l'établissement de cadres pour des actions conjointes d'un point de vue académique.
Le séjour d'un mois à Cuba comprendra des réunions professionnelles avec la Faculté des Arts des Médias Audiovisuels (FAMCA) et les directeurs de l'Université des Arts (ISA), ainsi qu'à l'Institut Cubain de l'Art et de l'Industrie Cinématographiques (ICAIC).
L'un des moments les plus attendus sera la discussion sur le patrimoine cubain avec Francisco Cordero, qui sera reçu par Luciano Castillo, directeur de la Cinemateca de Cuba. Des visites des studios d'animation, de la cinémathèque et des chambres fortes feront également partie des journées du cinéaste à La Havane.
La visite de Christian Thiam à Cuba s'inscrit dans le cadre des activités de l'Ambassade de Cuba au Sénégal en collaboration avec l'UN-CHK, à l'occasion de la célébration d'un demi-siècle de relations bilatérales entre les deux gouvernements, et dans le cadre du 65ème anniversaire de l'ICAIC, première institution culturelle créée par la Révolution. (EmbaCuba Sénégal).