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26 avril 2025
Développement
TOUBA, LA RANÇON DE L'ATTRACTIVITÉ
La ville est passée, presque sans transition, d’un hameau à un gros village puis à une grande ville de plus en plus moderne - Les immeubles y poussent de plus en plus, la faisant briller de mille attraits
Touba a fini de bâtir, depuis des lustres, sa réputation de cité religieuse. Cheikh Ahmadou Bamba en a fait un espace de dévotion. Sa descendance préserve ce legs tout en ne méprisant pas les avantages de la modernité. Les immeubles y poussent de plus en plus, la faisant briller de mille attraits. L’un des marqueurs de cette attractivité est la flambée des loyers.
Touba, terre de foi, exerce son attrait sur le monde ! Fondée en 1888 par Cheikh Ahmadou Bamba, elle brille de ses charmes qui en font un espace convoité. De nouvelles habitudes se créent et se défont pour laisser naître un nouveau mode de vie et son corollaire. Touba est passée, presque sans transition, d’un hameau à un gros village puis à une grande ville de plus en plus moderne. Elle est, après Dakar, la deuxième ville du Sénégal en termes de démographie, avec des données qui oscillent entre 880.000 et plus d’un million d’habitants sur 12.000 hectares. La manifestation la plus visible de cette évolution est l’habitat et les coûts qu’il entraîne surtout aux alentours de la majestueuse grande mosquée, l’une des plus imposantes d’Afrique au sud du Sahara, point d’attraction de milliers d’individus. Cette agglomération, retenue comme ville modèle en juin 1996 à Istanbul en Turquie, par l’Organisation des Nations unies pour les établissements humains lors du sommet de l’habitat II, présente une certaine ambivalence ; le rural côtoyant l’urbain.
Il n’est plus aussi aisé pour ceux qui viennent y chercher fortune et pour les fonctionnaires de trouver un local à usage d’habitation avec leurs revenus. Il faut désormais plus que de la menue monnaie ! Et l’ère de la gratuité est bien révolue. Autrefois, existaient à Touba des maisons entières, toujours à la disposition des familles et des personnes venues s’y établir. Aujourd’hui, se loger dans la cité religieuse peut être un casse-tête surtout aux alentours de la grande mosquée. La location est devenue chère en dépit de la floraison d’immeubles sortis de terre dans les grands quartiers. La raison est toute simple pour Serigne Moustapha Moussa Mbacké, chef du quartier de Darou Miname : «L’explosion démographique en est la cause. L’attractivité de la ville et la curiosité que suscite l’histoire fascinante de son fondateur ont donné une plus grande dimension à Touba».
Le dynamisme économique de cet espace qui abrite le grand Magal n’y est pas non plus étranger. Touba accueille des fidèles en quête de grâce, de bénédiction et de fortune, qui finissent par y élire domicile. La capitale du mouridisme est aujourd’hui en passe d’intégrer le cercle des villes les plus chères du Sénégal. Des immeubles à usage d’habitation voient le jour un peu partout. Les acteurs économiques y trouvent un marché, et les religieux et autres éducateurs un terreau fertile.
Touba 28, la cité des affaires
Le périmètre sacré de la grande mosquée est réservé à la descendance de Cheikh Ahmadou Bamba. C’est dans les quartiers de Darou Khoudoss, Darou Miname, Sourah, Mbal…que l’on trouve des studios, des appartements et des chambres à louer. Se loger dans le quartier résidentiel de Touba 28 et à la périphérie de la grande mosquée est un vrai casse-tête. Le quartier Touba 28 est l’équivalent du Plateau à Dakar. C’est la cité des affaires. Le marché Ocass est également un pôle d’attraction. Les grandes concessions aux alentours de ce lieu de commerce sont insuffisantes pour accueillir les commerçants. La tendance est de construire en hauteur d’où le nombre de plus en plus important d’immeubles et de centres commerciaux entre le boulevard 28 et le marché Ocass.
On est passé de la gratuité à la flambée des prix. Les appartements sont loués entre 100.000 et 150.000 FCfa, informe Souleymane Samb qui habitait, avec sa famille, un immeuble à moins de 800 mètres de la grande mosquée. Délogé par le propriétaire, M. Samb explique qu’une banque de la place est venue pour occuper le rez-de-chaussée et le premier étage pour ses bureaux en raison de 500.000 FCfa le mois ; une offre que le propriétaire s’est empressé de saisir. «Cela contribue aussi à augmenter le loyer», regrette-t-il. Plus on s’éloigne de la grande mosquée, davantage les prix deviennent abordables. Ils tournent autour de 60.000 et 80.000 FCfa sur la première corniche.
Une aubaine pour les «modou-modou»
Moustapha Samb gère une agence d’assurance à l’ancienne gare routière. Son local fait aussi office d’agence immobilière. «À une certaine époque, on imaginait mal créer une agence immobilière à Touba du fait du mode de vie qui a beaucoup évolué. L’urbanisation galopante a donné un regain d’intérêt à l’immobilier. Les demandes sont de plus en plus fortes», confie l’agent immobilier. Il devrait peut-être venir en aide à Fatoumata Sow, gérante d’un point de transfert d’argent, mère de deux enfants, qui vit dans une pièce avec salle de bains louée à 25.000 FCfa au quartier Ndamatou. «Depuis plusieurs mois, je cherche à avoir une chambre plus spacieuse mais je n’y arrive pas à cause de la cherté», dit-elle, désespérée.
Omar Fall, chef de service dans une structure, a eu plus de veine que la bonne dame. Il vient de déménager mais n’a pas pu avoir un local à sa convenance à Touba. Le sieur a trouvé son bonheur à Mbacké : «J’ai pu avoir un appartement à 80.000 FCfa. C’est moins cher qu’à Touba. L’appartement que j’y occupais, plus petit, me coûtait 100.000 FCfa. C’est moins cher qu’à Dakar mais ce n’est pas non plus donné à Touba».
Dans cette nouvelle configuration, les «modou-modou» (émigrés) ont beaucoup investi dans l’immobilier dans certains quartiers. Auparavant, dans ces endroits, confie le vigile Salam Diop, les maisons n’étaient pas louées. Elles abritaient gratuitement des personnes ayant quitté leur village pour habiter à Touba et qui n’avaient pas les moyens ou des étrangers en mission sur recommandation d’une autorité religieuse.
Les propriétaires d’immeubles se frottent les mains à l’occasion du grand Magal de Touba qui accueille, chaque année, entre trois et quatre millions de personnes. Le comité d’organisation, pour loger ses hôtes, prospecte, à la veille de cet événement religieux, les immeubles à proximité de la grande mosquée. Une partie des 1.000 journalistes et envoyés spéciaux occupent ces locaux. Ainsi, Touba se reconfigure en préservant son âme et en admettant la réalité de son temps.
par Macky Sall
LE SOLEIL, AU-DELÀ...
J’en appelle à la responsabilité de chacun d’entre nous. Prenons garde à ne pas tomber encore davantage dans les pièges que nous tendent quotidiennement la pratique des médias et l’exigence démocratique !
La naissance d’un organe de presse dans toute communauté humaine constituée en Nation et aspirant à assurer la conduite de son destin dans un cadre démocratique, est un heureux événement.
Cette naissance est surtout le marqueur d’une option irréversible tendant à faire de la liberté le moteur de la société, le facteur décisif, disons-nous, susceptible de catalyser toutes les dynamiques enclenchées, à la fois en interne et à l’extérieur de cette même société, en vue de la rendre encore plus homogène et plus viable.
Et c’est ainsi que le jeune État indépendant du Sénégal, à peine dix ans d’existence, eût l’intelligence pratique de faire naître un titre quotidien, Le Soleil, dont nous fêtons, aujourd’hui, et à juste titre, les cinquante ans d’existence. 14 915 éditions. Créé le 14 février 1970, ses numéros zéro et un sortiront respectivement des rotatives les 17 et 20 mai 1970.
Il s’agit, naturellement, de reconnaître, d’abord, et de magnifier, ensuite, les multiples et utiles services que cet organe de presse a rendus pendant un demi-siècle au pays. Services rendus avec rigueur, efficacité et régularité, disons avec professionnalisme, dans son rôle affirmé d’accompagner l’entité nationale naissante dans sa quête quotidienne de progrès, d’unité et d’harmonie !
Unité et harmonie nécessaires pour assurer la construction achevée, certes graduelle, mais impérative et irréversible d’une Nation solidaire, dans laquelle nous avons tous, jusqu’ici, accepté d’assumer, avec fierté et dignité, «notre commune volonté de vie commune», pour reprendre les mots de feu le Président Léopold Sédar Senghor.
Et l’on comprend ainsi pourquoi Aly Dioum, alors Directeur de publication, dans la première parution datée du mercredi 20 mai 1970, en titrant son éditorial «Le journal du Sénégal», a pu écrire, pour expliquer le rôle assigné au Soleil, ceci : «Notre rôle sera donc de faire connaître les réalités sénégalaises à tous : au grand public et, pourquoi pas, au Gouvernement qui ne sait pas toujours par les canaux des services administratifs tout ce qui se passe. Par-là, nous espérons animer la Nation, l’inciter à réfléchir à ses problèmes et à agir pour les résoudre».
Il s’agissait donc, dès le départ, pour les dirigeants du nouveau quotidien, de lui faire jouer une fonction d’information, d’éducation et de sensibilisation des populations par rapport aux enjeux fondamentaux du développement. Enjeux qui, loin d’exclure les dimensions politique et démocratique de la jeune Nation en construction, les intégraient, au contraire, pour en faire une donnée cruciale sur le difficile chemin menant à la création et à la consolidation d’un authentique état de droit.
Que dire, aujourd’hui, du Soleil au terme d’un parcours de cinquante ans ?
En mai 1970, l’éditorialiste du journal laissait entendre, dans son propos, que la Rédaction, dans sa tâche d’évaluer le travail accompli, se soumettra, volontiers, au jugement du peuple, en général, et à celui de ses lecteurs, en particulier. De façon inexorable, le temps a fait son œuvre et autorise, aujourd’hui, avec le recul, de porter un jugement informé sur le parcours professionnel de l’organe de presse qui prit le relais de Dakar-Matin sorti des entrailles de Paris-Dakar, éléments marquants du vestige colonial légué au jeune État indépendant.
Cinquante ans d’existence ont permis au Soleil de produire et de diffuser, dans un bel esprit de service public, des informations majeures qui auront largement contribué, d’une certaine façon, à l’éclosion d’une Nation solide, solidaire et au progrès indéniable de celle-ci. Ce qui est remarquable et mérite d’être souligné à cet égard, c’est le fait que tout a été réalisé et rendu, sans aucune concession, dans la rigueur journalistique, avec un respect total de l’éthique professionnelle et des citoyens. Sans compter l’esprit de retenue et de mesure élégante manifestée par le journal à l’égard de toutes les institutions du pays, qu’elles soient officielles ou sociales.
De ce point de vue, Le Soleil demeure un symbole reflétant une bonne pratique du métier. Il est important de le souligner : Le Soleil brille de mille feux et irradie le paysage médiatique dans un contexte de modernité dans lequel ne cessent d’éclore des canaux d’«informations» de toutes sortes, avec des pratiques parfois douteuses et charriant des comportements aux antipodes des valeurs de nos sociétés et en contradiction notoire avec les exigences du journalisme. La presse a changé. Avec ce changement, tous les acteurs concernés par son existence, voire sa survie, doivent faire une introspection en vue de la préserver davantage face aux périls qui la menacent.
Dans la pratique du métier, l’éditorial est un genre rédactionnel conçu pour donner l’occasion au propriétaire d’un organe de presse, en l’occurrence, dans le cas d’espèce, l’État, au nom de qui je parle, d’exprimer une prise de position. Cette position peut être ainsi résumée : au-delà du cas spécifique du Soleil dont nous parlons, vous conviendrez avec moi qu’au regard de ce que nous venons de souligner, nous nous devons d’interroger le rôle de la presse dans nos sociétés démocratiques actuelles afin de le rendre plus en adéquation avec nos réalités, nos besoins et nos aspirations.
Comme le notent plusieurs penseurs et le constatent de nombreux citoyens, la presse est l’institution non établie dans la structure étatique à la fois la plus indispensable et la plus redoutable pour la démocratie. Et elle l’est encore davantage de nos temps. La presse est certes indispensable, car elle structure et anime principalement le débat démocratique qui est, entre autres, la principale sève nourricière de la contradiction démocratique porteuse de progrès pour notre société. Elle assure la production et la circulation des informations, la diffusion et la confrontation des opinions, en un mot, l’institution des conditions du débat public nécessaire à la formation des volontés individuelles et collectives des citoyens.
La presse est, cependant, redoutable parce qu’elle peut casser l’harmonie sociale, en mettant en péril les grands équilibres d’une Nation. Elle y arrive facilement surtout quand celle-ci est encore fragile dans ses bases. Il lui suffit de déformer, de désinformer, d’escamoter, de colporter des rumeurs, d’opposer les citoyens les uns aux autres, d’attiser des conflits factices pour manipuler l’opinion et exercer une influence néfaste sur la formation de ces volontés.
Tout est ainsi dit !
J’en appelle, par conséquent, à la responsabilité de chacune et chacun d’entre nous. Prenons garde à ne pas tomber encore davantage dans les pièges que nous tendent quotidiennement la pratique des médias et l’exigence démocratique ! Une pratique et une exigence rendues encore plus redoutables par les nouveaux moyens de communication de masse bâtis notamment autour d’un réseau internet. Les professionnels devront réfléchir avec le Gouvernement, pour tenter de mettre davantage à l’abri notre système médiatique et démocratique, ainsi que notre légendaire stabilité sociale.
Et pourquoi pas la tenue des états généraux de la presse ?
Je ne saurais, évidemment, conclure cet éditorial sans rendre un hommage appuyé au père fondateur, feu Léopold Sédar Senghor, et aux Directeurs généraux successifs du quotidien national Le Soleil : feus l’Ambassadeur Aly Dioume et Bara Diouf ; Alioune Dramé, Ibrahima Gaye, El Hadji Hamidou Kassé, Mamadou Sèye, Cheikh Thiam et Yakham Mbaye ; toutes ces plumes sublimes, célébrées ou discrètes, qui ont dessiné le parcours élogieux de ce journal. Leur leadership et leurs compétences managériales ont fait de l’«Astre de Hann» ce qu’il est aujourd’hui. À ceux parmi ces managers hors pair qui sont dans l’autre monde, je prie pour le repos de leur âme au Paradis éternel. Je confonds dans cette reconnaissance les équipes techniques qui se sont relayées dans l’animation du Soleil, non sans rappeler à l’équipe actuelle la nécessité de sauvegarder et de promouvoir cet outil devenu une véritable institution, un patrimoine national, devrais-je dire.
Maintenez Le Soleil au-dessus et qu’il illumine la mêlée !
Je ne doute pas que sous la conduite éclairée de l’actuel Directeur général, le défi sera relevé.
JOYEUX ANNIVERSAIRE !
À LA DÉCOUVERTE DE GRAND TORTUE/AHMEYIM
Structuration, quantité, montants des transactions de BP et Kosmos, rôle des ports de Noukchoot et de Dakar.. Hassana Mbeirick, spécialiste des négociations commerciales internationales, dresse les enjeux du projet gazier entre la Mauritanie et le Sénégal
Financial Afrik |
Adama Wade |
Publication 14/02/2020
Spécialiste des négociations commerciales internationales et ancien Directeur de SNC-Lavalin Mauritanie, Hassana Mbeirick justifie d’une expérience de plus de 25 ans dans le développement du secteur privé mauritanien dont 17 ans dans le secteur minier et pétrolier. Il est aujourd’hui le Directeur-Fondateur de Meen & Meen, une firme d’Ingénierie-Conseil dans le secteur Oil&Gas. Polyglotte, Hassana Mbeirick est un fin connaisseur des rouages de l’économie mauritanienne, de son potentiel économique ainsi que de son environnement des affaires. Sa faculté d’analyse prospective et son esprit indépendant le placent aujourd’hui parmi les rares spécialistes du secteur dont l’objectivité fait référence. En sa qualité de consultant indépendant, ses multiples mandats nationaux et internationaux l’ont mené aux quatre coins du monde au grand bénéfice d’une expertise qui s’affine jour après jour. Dans cet entretien réalisé à son bureau de Nouakchott, l’expert nous entraine à la découverte du projet Grand Tortue/Ahmeyim.
Comment est structuré le projet gazier Grand Tortue Ahmeyim entre la Mauritanie et le Sénégal?
A la genèse, c’est un schéma classique observé partout dans le monde dans le secteur de l’exploration/exploitation des hydrocarbures. Très souvent, ce sont les juniors qui partent investir dans ce que le jargon désigne par Upstream ou Amont (Autrement dit, exploration, les études géophysiques, bref la recherche dans son ensemble). Quand ces juniors découvrent un gisement, elles doivent passer à l’exploitation ; ce qui bien entendu nécessite des moyens plus conséquents. Le plus souvent, ces juniors n’ont pas accès à la ressource financière suffisante et se voient obligés ou jugent plus intéressant de faire appel aux majors. Il n y a pas un gisement détenu à 100% par un seul groupe. Excepté les très gros gisements qui sont seulement entre les majors. En Russie, ce type de gisement est détenu par Total et Gazprom ou Rosneft. C’est le même schéma dans le secteur minier où les Big Four du secteur comme BHP Billiton, Rio Tinto ou encore Vale détiennent les plus grands gisements.
Quelles sont les quantités de gaz découvertes sur le gisement Grand Tortue/Ahmeyim et d’une manière générale entre la Mauritanie et le Sénégal?
Il y a d’abord plusieurs gisements potentiels entre les deux pays dont Marsouins, Teranga, etc. côté Sénégal. Sur le champ gazier GTA proprement dit, le gisement est évalué à 15 milliards de mètres cubes sur 33 000 km2. C’est un projet d’une durée de vie de 30 ans dirigé par BP. Je salue ici l’accord inter-Etat conclu entre les deux pays et qui témoigne d’une grande maturité de part et d’autre ainsi que d’une clairvoyante vision prospective pour nos deux peuples.
Comment est structuré le projet GTA ?
Le projet GTA est structuré en 03 phases. Et Tout le tapage auquel nous assistons depuis deux ans ne concerne que la phase 1 qui prévoit la production de 2 500 000 mètres cubes dont la commercialisation débutera en 2022. Au terme des phases 2 et 3 la production devra passer à 10Millions de mètres cubes. Je rappelle ici que les études de préfaisabilité (FEED) sont déjà en cours et ont été confiées à KBR, déjà auteur de celle de la phase I. L’incidence en termes d’investissement est énorme entre la première et la deuxième et Troisième phase ; sachant que BP est aujourd’hui à presque déjà 10 milliards d’investissement (phase 1). Il est à noter que le champ gazier GTA est constitué de 12 puits et la phase actuelle d’investissement porte sur l’exploitation de seulement quatre (04) puits.
Justement, quelles sont les parts des deux Etats (Sénégal et Mauritanie) dans ces projets?
Dans un cas comme dans l’autre, la participation des deux Etats est de 10% gérée côté Sénégal par Petrosen et côté Mauritanie par SMH-PM. La petite différence porte sur le profit share entre BP et Kosmos. Sur le Sénégal, c’est 60% BP, 30% Kosmos et 10% Etat du Sénégal. En Mauritanie, c’est 62% BP, 28% Kosmos et 10% Etat de Mauritanie. Le schéma est à peu près le même. Le ticket d’entrée de BP était de 1 milliard de dollars au profit de Kosmos Energy. Dans ce partenariat, il est stipulé que Kosmos continuera de s’occuper de toute la partie exploration (Upstream) et à BP reviendra la responsabilité de l’Intermédiaire (Midstream) ainsi que de l’Aval (Downstream).
Est-ce que la Mauritanie et le Sénégal ont reçu une part du montant de la transaction entre BP et Kosmos, à savoir le Milliard de Dollars qu’à empocher cette dernière ?
Autant que je sache, non. A ce propos, je me rappelle qu’en 2010, au moment du rachat de la mine d’or de Tasiast par Kinross à Redback Mining pour 7 milliards de dollars à la bourse de Toronto, j’avais posé cette question lors de la première édition des « Mauritanides ». Je trouvais et je trouve toujours illogique que les gouvernements ne trouvent pas leurs parts d’une quelconque façon dans de telles transactions de Cession-Fusion-Acquisition. Pour en revenir au cas de Redback Mining, elle a investi en Mauritanie et s’est consituée une substantielle plus-value, soit. Mais il est tout aussi logique que l’Etat qui leur a accordé beaucoup d’avantages y gagne quelque chose. Les législations minières et pétrolières doivent prendre en compte cette problématique de la phase de prospection. Quant à la phase d’exploitation, il n’y a pas de problèmes puisque les Etats disposent de 10% de prise de participation.
Est-ce que dans les codes pétroliers et gaziers des deux pays, les transactions portant sur ces blocs en prospection ou en exploitation sont fiscalisés ou défiscalisés?
Intéressante question. Il y a en effet tout un mécanisme de privilèges fiscaux inhérents à ce type d’investissement ; et c’est normal. En l’occurrence, L’Accord de coopération inter-Etats (ACI) entre le Sénégal et la Mauritanie relatif au développement et à l’exploitation conjointe du champ GTA a été signé en février 2018 et plus tard on y a greffé un acte additionnel relatif au régime fiscal et douanier applicable aux sous-traitants. Autrement dit, les sous-traitants devront – par voie de conséquence – bénéficier des avantages fiscaux dont bénéficie leur commanditaires (ici BP).
Est-ce qu’il y a eu des bonus de signature lors de l’entrée de BP dans le projet?
A priori non, pour la simple raison que BP a racheté des parts d’une entreprise qui opérait déjà. Les bonus concernent le plus souvent les nouveaux contrats de licence.
Comment le gouvernement mauritanien doit-il utiliser les recettes issues de ces ressources?
Cette question renvoie à la notion de Bonne Gouvernance. Et il y a plus qualifié que moi pour en parler. Je dirai seulement que la « malédiction du pétrole » ou l’oil curse se fonde essentiellement sur les appareils statistiques des économistes. Elle est souvent assez théorique, comparatiste et internationaliste, réduisant la question des effets politiques du pétrole à la corruption et à l’autoritarisme.
Ceci dit, nous devons déconstruire certaines idées reçues et tordre le coup à la vision, communément partagée, de la production pétrolière et gazière comme facteur de corruption et d’autoritarisme. Certes, nous ne sommes pas encore épargnés par un tel stéréotype qui appauvrit l’analyse en occultant les autres mécanismes de production du politique et d’appropriation des ressources extractives.
L’économie politique des hydrocarbures est bien trop complexe pour qu’on la limite à des rapports d’exploitation entre des multinationales «modernes» et des communautés d’autochtones plus ou moins «traditionalistes». A nos gouvernants de prendre leurs responsabilités vis-à-vis de la postérité.
Comment associer le secteur privé ?
C’est la question la plus qu’intéressante, car elle touche à une dimension plus fondamentale et plus pertinente que celle concernant la bonne gouvernance. Ceci est valable autant pour la Mauritanie que pour le Sénégal qui – soit dit en passant – a déjà une bonne longueur d’avance sur nous concernant le développement de ce que l’on appelle communément le Local Content. Je vous préviens que sur ce sujet, je pourrais m’attarder un petit peu. C’est, pour ainsi dire, ma corde sensible.
Vous savez, ce type de projets suscite des fantasmes qui donnent lieu à toutes sortes de théories plus ou moins fantaisistes. Mais tout réside dans le rapport de l’Etat aux citoyens.
Cette notion englobe des aspects comme l’emploi et la formation des travailleurs locaux, l’approvisionnement et les opportunités d’affaires pour les entreprises locales. Ce concept qui est un véritable moyen pour les populations locales et les opérateurs économiques nationaux d’être directement impliqués dans les activités
Le contenu local se définit comme la somme des biens et services produits dans le pays, des salaires et des dividendes perçus respectivement par les employés et les entrepreneurs nationaux.
Dit autrement, le contenu local est la composante privée des retombées économiques des projets pétroliers et gaziers. Cette composante privée vient s’ajouter aux revenus de l’État pour faire “tourner la machine économique“ du pays.
Ainsi, il faudra que notre secteur privé soit présent sur toute la chaine de valeur mais de manière compétitive. Cela veut dire qu’il faudra qu’il soit formé au gré des exigences spécifiques du secteur de l’exploitation des hydrocarbures.
Avec une stratégie réaliste et ambitieuse, nous y arriverons au fur et à mesure du développement de ce projet et d’autres.
Malgré des lois souvent ambitieuses et volontaires, le taux moyen de contenu local en Afrique ne dépasse probablement pas 20% des coûts de développement et de production.
Le développement du contenu local a été au coeur des accords entre BP et les deux Etats mauritanien et sénégalais et a été un des principaux leviers des négociations. Afin de soutenir les deux pays dans cette voie, La Banque Mondiale a octroyé un don de 20 millions de dollars pour chacun des pays. Côté mauritanien, on n’a pas encore avancé dans ce sens. Le processus d’élaboration d’une stratégie pour le développement du local content en Mauritanie n’a même pas encore été enclenché sans parler de l’adoption d’une loi y afférent. Le Sénégal – qui bénéficie au moment où je vous parle d’un financement de la BAD pour son projet PADCEJ – a d’ores et déjà adopté sa loi en la matière !
Est-ce que chacun des pays va commercialiser de son côté sa quote-part de la production du gaz ?
Pas du tout. La commercialisation de la production du gaz a déjà fait l’objet d’un appel d’offres international qui a été remporté par BP Gaz Marketing (une filiale de BP) et le contrat définitif devra être signé en début 2020 pour une durée de 20 ans.
Comment le projet a-t-il été structuré dans ses différentes composantes?
Le projet GTA s’articule autour de quatre (04) principales composantes: la construction d’un brise-lames en haute mer qui va abriter l’usine de liquéfaction. Ce contrat de type EPC a été confié au consortium franco-italien Eiffage-Saipen pour un montant de 350 millions de dollars (contrat EPC). La composante ingénierie sous marine d’extraction de gaz a été remportée parMcDermott en partenariat avec Baker Hughes (filiale de Général Electric) pour 750 millions de dollars en mode EPCI (engenering, procurement, construction and installation). La troisième composante est le navire flottant FPSO pour un contrat d’environ 1 milliard de dollars remporté par TechnipFMC en mode EPCIC qui va de la construction à l’opérationalisation. Et la quatrième composante est le FLNG (l’usine flottante de liquéfaction du gaz), un contrat remporté par Golar LNG, via sa filiale à 100% GIMI Corporation. D’une valeur de 1,3 milliard de dollars, ce contrat est de type location et exploitation ou LOA (Lease and Operate Agreement) pour une durée de 20 ans. Le FLNG sera construit en partenariat avec le singapourien Keppel Shipyards. Rien que sur ces contrats, le volume d’investissement s’élève déjà à presque 04 milliards de dollars.
Les ports de Nouakchott et de Dakar sont-ils assez équipés pour un volume d’activités de cette envergure ?
Le port de Nouakchott a l’avantage d’être moins congestionné que celui de Dakar. En revanche le port de Dakar est mieux équipé que celui de Nouakchott qui manque cruellement d’infrastructures et d’aménagements adéquats. Pour vous donner des ordres de grandeur, les chiffres sont déjà éloquents : Rien que pour la partie logistique de McDermott, il est question d’acheminer 250 000 tonnes d’équipements qui doivent arriver principalement au port de Nouakchott dans un intervalle de temps d’une année et demi au plus tard. Dans ce total, il y aura 110 000 tonnes de pipe pour relier 80 à 100 km de conduites sous-marines. Le défi logistique à relever est tout simplement énorme. Il y aura par exemple des équipements qui pèsent 350 tonnes/pièce. Ajoutez à cela l’activité d’acheminement des roches par Eiffage et la congestion portuaire est garantie.
Par contre, la Mauritanie a l’avantage du port de Ndiago dont la proximité du site offshore d’exploitation constitue un premier avantage. A mon humble avis, c’est le futur grand hub offshore de la sous-région. Car dans un proche avenir, l’essentiel des services logistiques lié à l’industrie gazière et pétrolière sera abrité dans ce port. Il est vrai que cela suppose d’énormes investissements pour en faire une véritable zone économique spéciale et un pôle de développement économique à l’image de Saldanha Bay en Afrique du Sud.
A propos justement de McDermott, qu’en est-il réellement de sa faillite en janvier dernier qui a semé un vent de panique dans les milieux boursiers internationaux ?
Pas tant que cela. Il y a eu certes quelques sueurs froides mais plutôt du côté des partenaires opérationnels de McDermott. A l’origine, cette dernière avait fait l’acquisition en début 2018 de Chicago Bridge & Iron (CBI) pour une transaction d’une valeur de Six (06) Milliards de Dollars et depuis McDermott n’est pas arrivé à équilibrer ses finances et trainait des créances globales de quatre (04) Milliards de Dollars dont 02 milliards 600 Millions particulièrement nocifs. Cette situation a perduré jusqu’en début décembre 2019 où elle a vu sa cotation à la bourse de New York chuter en une journée de 47 Dollars à moins de 1 Dollars l’action ! En réaction à une telle situation, la SEC (Security Exchange Commission) qui est le gendarme boursier de New York leur a notifié un ultimatum de redressement de situation ou à défaut d’annoncer la faillite en invoquant l’article 11 y afférent. Acculée, McDermott a fini – en janvier dernier – par activer l’article 11 relatif à la faillite. Une solution a vite été trouvée et tout s’est joué en presque une journée. Ainsi, le calme est vite revenu.
Cette faillite aura-t-elle une incidence sur le bon déroulement du projet GTA ?
Absolument pas. Car, l’accord de négociation pour éviter une faillite totale réelle portait principalement – entre autres – sur la conversion des créances en actifs, la vente de certaines de ces filiales et en contrepartie McDermott recevra un montant de 500 Millions de Dollars d’argent frais pour renflouer ces caisses vides. A la suite de cela, il y a eu des annonces officielles de BP et d’autres voies autorisées pour garantir que tous les engagements de McDermott vis-à-vis de ses clients, partenaires, sous-traitants, employés, etc. seront respectés. Ainsi, tout le monde a retrouvé le sourire et McDermott est reparti du bon pied au grand plaisir des Mauritaniens et des Sénégalais. C’est vrai que cela a été une semaine de panique générale.
Pour finir, Comment le défi environnemental sera-t-il géré compte tenu des aires marines protégées comme le Banc d’Arguin ?
La menace n’est pas seulement pour le littoral mais elle englobe tout aussi les fonds marins. Toutefois, Toutes les parties prenantes au projet mettent cette question en tête de liste des priorités. C’est une problématique majeure prise en compte dans les études environnementales préalables et le spectre d’une potentielle catastrophe écologique est toujours présent à l’esprit. J’espère seulement que toutes les précautions ainsi que les dispositions nécessaires ont été prises à l’effet de conjurer pareil sort.
Il est vrai que BP traine encore dans les esprits le sinistre souvenir de la tragédie de Deepwater Horizon en 2010 dans le golfe du Mexique. Une tragédie causée par une erreur humaine et qui peut arriver partout. Que Dieu nous en garde.
"S'IL Y A UNE VILLE QUI A BESOIN D'UN STATUT SPÉCIAL, C'EST TOUBA"
Barthélemy Dias estime qu'il y a une «volonté manifeste de vouloir empêcher les Dakarois de choisir leur maire», à travers la proposition de statut spécial pour la capitale
Le «statut spécial» de Dakar, proposé par la présidente du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct), continue de faire débat. Hier, c’est Barthélemy Dias, invité de l’émission Yoon wi de la Rfm, qui y a vu une «volonté manifeste de vouloir empêcher les Dakarois de choisir leur maire». En fait, ce proche de Khalifa Sall estime que Aminata Mbengue Ndiaye n’a fait que porter la parole de Macky Sall qui souhaite que le maire de Dakar soit nommé par décret et non élu. «C’est quand même le Haut conseil des collectivités territoriales, une institution de la République, même si on pouvait s’en passer, qui en fait la proposition. A ce titre, on ne peut pas évoquer un tel débat sans l’onction du chef de l’Etat. C’est que le Président Macky Sall ne peut pas concevoir que quelqu’un qui ne soit pas de son camp dirige la capitale. Il sait que perdre Dakar est une grosse erreur. Mais c’est surtout parce qu’il n’a pas une culture démocratique», a-t-il dit. L’édile de Mermoz-Sacré Cœur souligne qu’«en France, de Mitterrand à Macron, le maire de Paris a été toujours été de l’opposition sans que pourtant cela dérange le pouvoir». Barthélemy Dias invite donc, Aminata Mbengue Ndiaye à «renouveler le bureau du Hcct et ses commissions au lieu de s’occuper de choses qui ne la regardent pas».
Dans tous les cas, Dias-fils voit dans cet éventuel projet de nommer le maire de Dakar un «recul» de la décentralisation et de la démocratie. «C’est extrêmement dangereux. Dakar n’a pas besoin d’un statut particulier car c’est la seule ville qui a un statut constitutionnel. Il est écrit clairement dans la Constitution que Dakar est la Capitale du Sénégal», souligne-t-il. En revanche, Barthélemy Dias voit ce statut ailleurs. «S’il y a une ville qui doit avoir un statut spécial, c’est bien Touba qui, depuis 30 ans, réclame ce statut spécial. Avant de le donner à quelqu’un qui ne l’a pas réclamé autant le donner d’abord à celui qui le demande depuis des années», ajoute-t-il. Le responsable de Taxawu Senegaal rappelle d’ailleurs que rien que pour la liste unique du Khalife où il y a opposition et pouvoir et sans parité, Touba peut revendiquer un statut spécial.
par Ousseynou Nar GUEYE
L'AVENTURE AMBIGUË DE MACKY SALL FACE À L'OCCIDENT
Confronté à la mainmise occidentale sur l’économie sénégalaise, le président fait le grand écart entre une opinion demandeuse de gages de souveraineté et des « partenaires » qui n’hésitent pas à donner leur avis sur la conduite des affaires du pays
Jeune Afrique |
Ousseynou Nar GUEYE |
Publication 14/02/2020
Confronté à la mainmise occidentale sur l’économie sénégalaise, le président Macky Sall fait le grand écart entre une opinion demandeuse de gages de souveraineté et des « partenaires » qui n’hésitent pas à donner leur avis sur la conduite des affaires du pays.
Dans son roman L’Aventure ambiguë, étudié par des générations d’étudiants africains, l’écrivain sénégalais Cheikh Hamidou Kane fait dire à son héroïne emblématique, la Grande Royale, que les Africains doivent aller apprendre en Occident « l’art de vaincre sans convaincre ». Cette semaine, Macky Sall aura fait tout l’inverse : il aura manié l’art de convaincre sans vaincre.
Convaincre son opinion publique. Ou à tout le moins aller dans le sens des convictions profondes de celle-ci. Sans pour autant vaincre le lourd tribut concédé à la mainmise occidentale sur l’économie sénégalaise.
Tout d’abord, Macky Sall, par l’entremise de son ministre des Infrastructures, a fait tenir une lettre de protestation à l’ambassadeur de France. La réalité de cette lettre n’a pas été confirmée officiellement. Toutefois, le quotidien le plus lu du pays, L’Observateur, indique que celle-ci existe. Une source officielle le confirme également.
Bras de fer autour du TER
Le crime de « lèse-Mackyesté » de l’Excellence française ? Il a contredit les autorités sénégalaises, en disant lors d’une émission radiophonique dominicale que le TER, Train Express Régional, ne pourra pas procéder à du transport commercial de passagers dès avril 2019. Or, début novembre, le ministre Abdou Karim Fofana, en charge entres autre de l’Urbanisme, avait indiqué que le TER roulera « dans trois ou quatre mois ».
L’ambassadeur de France à Dakar, Philippe Lalliot, n’a pas mis que ce coup de canif à la sérénité diplomatique habituelle avec le Sénégal. Il a aussi indiqué que son ambassade avait fait savoir à l’État sénégalais que le rétablissement des visas d’entrée au Sénégal n’était pas opportun du point de vue économique, car il avait nui au tourisme, en faisant baisser le nombre d’entrées de visiteurs, lorsqu’il avait été mis en place en 2012.
Si l’ambassadeur a pris le soin d’emmailloter tout cela d’un « Nous ne nous immisçons pas dans les affaires intérieures du Sénégal », ce n’en est pas moins l’inverse qui a été compris par les Sénégalais. La lettre de protestation s’imposait donc, envers cet ambassadeur de l’ex-puissance coloniale qui se comporte en VRP des entreprises françaises installées au Sénégal.
L’incident survient en plein moment de tension entre l’État sénégalais et Senac SA, qui exploite l’autoroute à péage de Dakar (« l’autoroute à pillage », ironisent les activistes), dont le gouvernement sénégalais veut renégocier les tarifs à la baisse. Ce à quoi le directeur de Senac SA s’est publiquement opposé.
Mais dans le même temps, l’opinion publique sénégalaise nourrit de la sympathie pour le combat de Guy-Marius Sagna, actuellement emprisonné, dont le slogan simpliste du mouvement citoyen est tout simplement « France dégage ! ».
Un oxymore face à Justin Trudeau
Macky Sall a fort à faire pour satisfaire une opinion demandeuse de gages de souveraineté. Il aura aussi eu l’occasion de s’y exercer lors de la visite, cette semaine, du Premier ministre canadien Justin Trudeau. Auquel il a opposé que s’il respectait sa défense des droits (des homosexuels), « une gay parade n’était pas possible au Sénégal » en raison « des valeurs » du pays.
Là aussi, Macky Sall a abondé dans le sens de l’opinion majoritaire au Sénégal, qui ne veut pas de ce que la loi qualifie pudiquement d’actes contre-nature. Le président Sall indique qu’« interdire l’homosexualité n’est pas homophobe », même s’il ne s’est pas expliqué plus en avant de cet oxymore.
Sur un autre registre, Macky Sall a déclaré que le Sénégal soutient la candidature du Canada au Conseil de sécurité de l’ONU. Un soutien quelque peu bizarre, quand on sait que quelques semaines plus tôt, le Sénégal accueillait une conférence qui a eu pour conclusion la demande véhémente de trois sièges permanents pour l’Afrique au Conseil de sécurité des Nations unies.
Alors, il faudrait savoir ; car il n’y aura pas de sièges pour tout le monde. Un bon point pour Macky Sall ? Lors du 33ème Sommet de l’Union Africaine, il a proposé au FMI d’autoriser les États africains à laisser filer un point au-dessus du déficit public plafonné à 3%, pour servir à financer une force militaire africaine qui interviendrait notamment au Sahel. La gestion des relations avec l’Occident est un exercice d’équilibriste. Une aventure ambiguë, à laquelle Macky Sall se sera prêté avec un bonheur inégal, cette semaine.
UNE AVANCE DE DÉMARRAGE DE 2,5 MILLIARDS DÉGAGÉE
L’Etat du Sénégal a dégagé 2,5 milliards de francs CFA, en guise d’avance de démarrage pour permettre à l’entreprise en charge de la stabilisation de la brèche de Saint-Louis, de commencer les travaux, annonce Mansour Faye.
Thiès, 14 fév (APS) - L’Etat du Sénégal a dégagé 2,5 milliards de francs CFA, en guise d’avance de démarrage pour permettre à l’entreprise en charge de la stabilisation de la brèche de Saint-Louis, de commencer les travaux, annonce le ministre de l’Equité sociale et territoriale et maire de la capitale nord, Mansour Faye.
"Ce sera réglé, parce que ministère de la Pêche est là-dessus. L’Etat a dégagé à peu près 2,5 milliards pour avance de démarrage, afin que l’entreprise démarre" les travaux, a dit Mansour Faye, interpellé sur la question.
Il s’entretenait avec des journalistes, à Keur Daouda Cissé, peu après avoir lancé des travaux et inauguré un réseau électrique dans les départements de Thiès et Tivaouane.
Selon le maire de Saint-Louis, les sondages ont déjà commencé au niveau de la brèche, sous la direction du ministère en charge de la Pêche et de l’ANAM.
"J’ai bon espoir qu’au courant de l’année, les travaux de dragage et de balisage vont démarrer et s’achever", a indiqué Mansour Faye en langue nationale wolof.
La brèche de Saint-Louis a été ouverte en 2003 sur la Langue de Barbarie, une bande de terre séparant la mer du fleuve, pour épargner une inondation à la capitale nord du Sénégal.
Elle ne cesse depuis de s’agrandir, au point de menacer de disparition l’ancienne capitale du Sénégal, sans compter que cette brèche est le théâtre de beaucoup d’accidents de pêcheurs.
DES DÉCHETS MÉDICAUX JONCHENT LA PLAGE DU CAP MANUEL
Des seringues, des flacons encore remplis de sang. Les internautes ont été horrifiés début février en découvrant les photos prises sur cette plage du centre-ville de Dakar
Des seringues, des flacons encore remplis de sang. Les internautes sénégalais ont été horrifiés début février en découvrant les photos prises sur une plage du centre-ville de Dakar, jonchée de déchets médicaux.
TIDJANE THIAM PRÉSENTE DES RÉSULTATS RECORDS À LA VEILLE DE SON DÉPART DE CRÉDIT SUISSE
La banque a publié un bénéfice avant impôts de 4,7 milliards de francs, contre 3,4 milliards en 2018. Il s'agit d'un plus haut depuis 2010. De quoi offrir une sortie au sommet pour le patron du groupe, éclaboussé par des affaires d'espionnage
Les Echos |
Gabriel Nedelec |
Publication 13/02/2020
Partir avec panache. C'est ce qu'a voulu faire Tidjane Thiam en présentant en personne ce jeudi les résultats 2019 de Credit Suisse, ses derniers en tant que patron du groupe. Et pour cause, le dirigeant franco-ivoirien poussé vers la sortie par une rocambolesque affaire d'espionnage, peut se targuer de chiffres qui valident la stratégie qu'il a mise en place durant ses quatre ans à la tête du groupe.
Credit Suisse a en effet publié un bénéfice avant impôts de 4,7 milliards de francs suisses, en hausse de 40 %. Il s'agit d'un record depuis 2010. Le bénéfice net s'est élevé à 3,4 milliards de francs suisses, en hausse de 64 %. En outre, les revenus de la banque se sont accrus de 7 %, à 22,48 milliards de francs, notamment grâce à ses activités de gestion de fortune.
« Nous avons remis Credit Suisse à l'endroit, s'est félicité Tidjane Thiam lors de la conférence de presse téléphonique avec les analystes, insistant sur les 3 milliards de pertes qu'affichait le groupe il y a quatre ans. Nos résultats 2019 montrent que nous pouvons être rentables sur le long terme. »
Le futur ex-patron a souligné qu'il s'agit des premiers résultats annuels depuis la douloureuse restructuration lancée par la banque à son arrivée en 2015, et clôturée fin 2018. Seul point noir au tableau de l'homme de 57 ans : la banque d'investissement, qui a encaissé une perte surprise d'environ 60 millions de francs au dernier trimestre, en deçà des prévisions des analystes.
Affaire d'espionnage
« Je n'ai jamais cherché à me rendre indispensable, a souligné Tidjane Thiam qui, une fois les chiffres avancés, a donné une tournure personnelle à cette présentation de résultats. J'ai simplement voulu bâtir quelque chose qui tienne dans le temps long ». Le banquier de 57 ans quittera son poste ce vendredi, poussé vers la sortie par le conseil d'administration du groupe.
Les révélations sur les différents cas d'espionnage menés par la banque auront finalement eu raison de sa position. Une première affaire, à l'encontre d'Iqbal Khan, l'ancien directeur de la gestion internationale de fortune qui venait de rejoindre la banque concurrente UBS, a éclaté en septembre, suivi trois mois plus tard d'une seconde affaire de filature visant cette fois le directeur des ressources humaines. Enfin, début février, un dernier cas est mis au jour ciblant l'ONG Greenpeace.
Un long silence
Interrogé sur son long silence tout au long de l'affaire, Tidjane Thiam s'est défendu en affirmant qu'il y avait été contraint pour ne pas « donner l'impression de chercher à influencer une enquête dans laquelle [il] était placé sous surveillance ». C'est seulement début février qu'il s'est exprimé sur le sujet, surprenant la place financière suisse en choisissant de le faire sur Instagram.
C'est également via Instagram que le banquier aurait tenté son dernier « coup » pour se maintenir à la tête de la banque en publiant, le 4 février, une photo tout sourire avec son comité exécutif. Se réunissant le lendemain pour trancher son avenir, le conseil d'administration n'aurait pas apprécié, selon la presse suisse.
Tidjane Thiam a cependant affirmé ne partir avec aucune rancoeur, et a dit « respecter la décision du conseil d'administration ». Il a d'ailleurs salué son remplaçant, Thomas Gottstein, qui dirige actuellement la filiale helvétique de Credit Suisse.
FRANCE, LE BUSINESS DES FAUX MARABOUTS
Venus d’Afrique ou du Maghreb, ces voyants et guérisseurs autoproclamés le jurent : Aucun cas n’est désespéré. Mais attention: les sommes demandées peuvent atteindre des niveaux astronomiques !
VOA Afrique |
John Lyndon |
Publication 13/02/2020
Elles font souvent sourire, avec leurs coquilles et fautes d’orthographe. Ce sont les cartes de visite des marabouts. Des publicités que l’on retrouve sur internet, sur les pare-brise ou encore dans les boîtes aux lettres. Venus d’Afrique ou du Maghreb, ces voyants et guérisseurs autoproclamés le jurent : Aucun cas n’est désespéré. Mais attention: les sommes demandées peuvent atteindre des niveaux astronomiques !
L'AFRIQUE PORTE LA CROISSANCE D'ORANGE
Sur le continent, l’opérateur voit son chiffre d’affaires progresser de 8,8 %, en particulier grâce à une hausse des services « mobile seul »
Orange a publié jeudi 13 février un bénéfice net en nette progression de 53,8 % sur l’ensemble de l’exercice 2019, à 3 milliards d’euros, grâce en particulier à de bonnes performances en Afrique et au Moyen-Orient, ainsi que sur les services à destination des entreprises. Sur l’année écoulée, l’opérateur de télécoms a vu son chiffre d’affaires progresser de 2,1 %, à 42,24 milliards d’euros. « Au regard du contexte de marchés très concurrentiels, 2019 a été une année réussie pour Orange. Cette année encore, l’Afrique et le Moyen-Orient sont les principaux moteurs de croissance du groupe », s’est félicité le PDG du groupe, Stéphane Richard, cité dans un communiqué.
Sur la zone Afrique et Moyen-Orient, l’opérateur voit son chiffre d’affaires progresser de 8,8 % (+6,2 % en données comparables), en particulier grâce à une hausse des services « mobile seul », qui intègre par ailleurs Orange Money, en forte hausse, et une amélioration de la base clients sur le continent, qui atteint 122 millions de clients mobile, avec une hausse des clients avec abonnement.
Sur son principal marché, la France, l’opérateur historique voit son chiffre d’affaires se replier très légèrement, de 0,3 %, avec cependant une reprise de la croissance sur le dernier trimestre, grâce en particulier aux offres convergentes, combinant fixe et mobile, qui sont en augmentation, et une amélioration du revenu moyen par abonné.
500 000 clients pour Orange Bank
En Espagne, le deuxième marché du groupe, Orange voit ses ventes se replier de 1,3 %, dans un contexte de concurrence très forte et une croissance du bas de marché nettement moins rémunératrice. Cela entraîne un recul de la base de clients, partiellement compensé par une amélioration du revenu moyen par abonné.
« Nous avons de belles performances sur le haut de marché, que l’on va continuer à conforter et on va chercher à mieux adresser le bas de marché, notamment avec des offres convergentes, qui est un élément d’attractivité auprès de nos clients espagnols. Nous prévoyons un retour de la croissance de l’EbtidaaL [excédent brut d’exploitation après loyers] pour 2021 », a détaillé Ramon Fernandez, le directeur financier du groupe, lors d’une conférence de presse téléphonique.
Concernant Orange Bank, dans un contexte d’acquisition de clients, Orange voit l’EbitdaaL reculer de 8,5 % sur un an, à -186 millions d’euros. Le service dépasse les 500 000 clients au 31 décembre, dont 29 % ont contracté un prêt à la consommation, plus rémunérateur que les services bancaires.
En matière de perspectives, le groupe anticipe un EbtidaaL « stable positif » pour 2020 et un flux de trésorerie organique supérieur à 2,3 milliards d’euros, « en amélioration par rapport à l’objectif annoncé lors de la journée investisseurs » en décembre. Orange va par ailleurs lancer un plan d’économies de 1 milliard d’euros d’ici à 2023 et assure viser un ratio de dette nette sur EbitdaaL à moyen terme autour de deux fois.