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25 avril 2025
Développement
PAR Abdourahmane Sarr
FCFA : DÉBAT CLARIFIÉ, VICTOIRE D'ÉTAPE AVEC L'ÉCO
La question fondamentale sur laquelle tous les acteurs sont à présent obligés de se concentrer est la parité rigide de l’ECO, notre monnaie, par rapport à l’euro
La décision de renommer le FCFA ECO, de mettre fin à la centralisation d’une partie des réserves de change de la BCEAO au trésor français, ainsi qu’à la présence de représentants français dans les organes de gouvernance de la BCEAO malgré la continuité de la garantie de convertibilité française est une étape dans la bonne direction. Elle a l’avantage de clarifier le débat sur le FCFA qui était pollué par ces questions non essentielles, y compris celle du lieu d’impression de nos billets.
La question fondamentale sur laquelle tous les acteurs sont à présent obligés de se concentrer est la parité rigide de l’ECO, notre monnaie, par rapport à l’euro, parité qui ne sera pas dans les faits garantie par les nouveaux engagements de la France, pas plus qu’elle ne l’était avec la centralisation de réserves de change au trésor français. En effet, la France n’est que le garant politique de notre union monétaire et joue pour nous un rôle d’état central du fait d’un déficit de leadership politique assumé. Notre parité, ce sont nos réserves de change qui la garantisse et si nous devions être à court de réserves de change, comme tous les pays du monde, nous aurions recours au Fonds Monétaire International en dernier ressort. Le FMI a tous les instruments appropriés à cet égard. C'est ce qui explique certainement que la nouvelle garantie de la France soit assortie d'une nécessité de retour de représentants français dans notre gouvernance si elle devait s'exercer.
La décision prise par les chefs d’état est néanmoins une décision d’étape à saluer dans le processus devant mener à la libération totale de l’ECO, et donc de nos économies. Sur le plan pratique, cette libération ne pouvait se faire le même jour, d’où l’annonce d’une garantie française, mais la prochaine étape est la responsabilisation de la BCEAO avec une autonomie d’objectif sur le taux de change sans la France.
La Directrice Générale du Fonds Monétaire International dit également saluer «une étape importante dans la modernisation de notre arrangement monétaire avec la France…et son institution se tient prête à accompagner la mise en œuvre des réformes qui viennent d’être décidées». Dans la mesure où aucune décision techniquement difficile à mettre en œuvre n’a été prise et qui aurait nécessité une assistance du FMI, nous pouvons dire sans risque de nous tromper que nous allons vers la flexibilisation de l’ECO dans un avenir proche. Il faudra au préalable préparer la BCEAO et renforcer sa gouvernance pour lui permettre d’être à l’abri de ce que nous appelons «Fiscal Dominance » ou financement monétaire de déficits budgétaires, qui est souvent à l’origine de forts taux d’inflation dans les pays à régime de change flexible avec un leadership irresponsable.
Dans la mesure où nous sommes dans une union, nous pouvons espérer que dans une gouvernance nouvelle avec un collège de gouverneurs, aucun de nos états n’aura l’influence que la Côte d’Ivoire a eu dans la gestion de la BCEAO qui les 5 dernières années a indirectement financé des déficits excessifs de nos états. Un tel comportement dans le cadre d’un régime de change flexible nous vaudra bien évidemment une inflation forte à la place des réserves de change que nous avons perdues et l’endettement extérieur que la Côte d’Ivoire et le Sénégal ont dû encourir augmentant ainsi notre vulnérabilité extérieure pour les renflouer et soutenir la liquidité du secteur bancaire actuellement à rude épreuve.
Les rapports du FMI publiés il y a deux jours sur son programme avec la Côte d’Ivoire, programme allongé d’une année pour couvrir la période de l’élection présidentielle dans ce pays, donne l’opportunité aux acteurs de débattre des questions de fond. Nous pouvons leur dire d’ores et déjà que la stratégie d’endettement de la Côte d’Ivoire décrite dans son programme avec le FMI donne une place excessive à l’endettement extérieur en devises (euro ou dollar), et une stratégie incohérente sur la dette en FCFA/ECO qui ne sera pas possible si la parité fixe rigide sur l’euro est maintenue. Les investisseurs non-résidents n’achèteront pas notre dette en ECO dans un tel régime, et un endettement en euro sur la base de la fixité de la parité va hypothéquer le choix de régime de change des générations futures. Cette stratégie suppose donc une continuation d’un arrimage rigide sur l’euro à moyen terme qui ne doit pas être le choix du Sénégal, et par conséquent de l’UEMOA. Elle devra changer ou justifier la fin de notre compagnonnage avec la Côte d’Ivoire dans l’UEMOA (SENEXIT). Nous l’avons expliqué dans notre tribune intitulée « SENEXIT : Libéralisme Patriotique ou Socialisme? ».
Nous réitérons notre ferme opposition à un libéralisme social internationalisé à taux de change fixe ou « croissance redistributive » extravertie, pour reprendre Macron, sans l’inclusion financière de nos entreprises comme c’est actuellement le cas. Nous lui préférons un libéralisme patriotique facilité par un régime de change flexible permettant d’amortir nos chocs extérieurs, la diversification de nos économies, leur résilience, et facilitant la transformation de notre inclusion financière en cette monnaie en un capital national qui sera complété par des investisseurs étrangers. Cette stratégie serait mise en œuvre dans un environnement de liberté économique ouvert sur le monde et l’Afrique. La jeunesse africaine veut prendre son destin en main, et totalement, subir les conséquences de ses choix, et corriger ses erreurs en toute responsabilité.
Librement
Abdourahmane Sarr est président CEFDEL, Moom Sa Bopp Mënël Sa Bopp
par Cheikh Tidiane Dièye
MACRON, OUATTARA ET CONSORTS VOLENT NOTRE MONNAIE !
Ils cherchent à nous couper l’herbe sous les pieds et à travestir l’ECO, en donnant l’impression que tout change alors que rien ne change - Rien dans l’ECO ne regarde la France
Le président français Emmanuel Macron et son homologue ivoirien Alassane Ouattara viennent d’annoncer à Abidjan la disparition du Franc CFA et son remplacement par l’ ECO en 2020.
Voici ce que Macron en dit : « C’est en entendant votre jeunesse que j’ai voulu engager cette réforme. Le Franc CFA cristallise de nombreuses critiques sur la France. Je vois votre jeunesse qui nous reproche une relation qu’elle juge post coloniale. Donc rompons les amarres »
Vous avez bien lu. Il dit bien « j’ai engagé cette réforme ». Une fois encore Macron fourre son nez et son nom dans ce qui ne le regarde pas. Lui et ses amis ouest africains cherchent à nous doubler en s’accordant la paternité de l’ECO. C’est une arnaque politique. Le processus devant conduire à la création de l’ECO est conçu, pensé et entretenu par la Cedeao hors de tout lien avec le CFA. Rien dans l’ECO ne regarde la France.
C’est pourquoi je voudrais exprimer, ici, mon indignation par rapport à cette décision politique opportuniste qui n’est rien d’autre qu’un viol. Un vol,aussi bien du nom que de toute la symbolique qui entoure la création et naissance de l’ECO. Ils cherchent à nous couper l’herbe sous les pieds et à travestir l’ECO, en donnant l’impression que tout change alors que rien ne change.
Ils peuvent, certes, supprimer le compte d’opération à la banque de France et retirer les représentants français qui siègent au sein des instances de la BCEAO. Mais ce serait une réforme du CFA et en aucun cas un avantage pour la création de l’ECO puisque ce dernier n’a jamais envisagé son existence par rapport à un quelconque lien avec la France. De plus leur « ECO détourné » garderait la parité fixe avec l’Euro avec une garantie assurée par la France alors que « l’ECO authentique » devrait être flexible et relié à un panier de devises.
Je suis de très près le processus de création de l’ECO depuis de nombreuses années. Il n’est pas destiné à remplacer le CFA. Son ambition est de doter la Cedeao d’une monnaie construite par elle-même pour les peuples qui la composent. J’avais écrit il y a quelques années que notre sortie du CFA était inéluctable, non pas en réaction ou opposition à qui que ce soit, mais parce que nous mettrions en place notre propre monnaie régionale dans laquelle les États de la Cedeao s’engageraient les uns après les autres en fonction de leur niveau de préparation et leur aptitude à atteindre les critères de convergence. C’est ce que nous avons appelé la « sortie du CFA par le haut ».
Si nous laissons Macron et ses amis faire, les autres pays de la CEDEAO pourraient ne jamais rejoindre l’ECO, qui est pourtant leur monnaie, notre monnaie.
Je reviendrai plus largement sur le long processus de création de l’ECO pour démontrer cette escroquerie.
Texte recueilli de la page Facebook de l'auteur.
par Demba Moussa Dembélé
COUP DE JARNAC CONTRE L'INTÉGRATION MONÉTAIRE !
EXCLUSIF SENEPLUS - L’accord signé entre Ouattara et Macron va perpétuer le même système sous une forme « rénovée » - Que les réserves de change quittent Paris ne change rien pour les pays africains
Lors de notre séance du samedi de l’économie du 14 décembre, je disais que la France était en train de manœuvrer avec Ouattara pour torpiller le projet de la CEDEAO. L’annonce d’aujourd’hui le confirme,
Ouattara est un cheval de Troie pour la France dans la CEDEAO.
L’accord va peut-être changer le nom du franc CFA mais la servitude monétaire va continuer.
En gardant un taux de change fixe avec l’Euro les banques centrales africaines vont mener les mêmes politiques monétaires en ayant comme objectif prioritaire la lutte contre l’inflation, comme la BCE.
Donc, que les réserves de change quittent Paris pour aller ailleurs ne change rien pour les pays africains. En fait, l’accord signé entre Ouattara et Macron va perpétuer le même système sous une forme « rénovée ».
C’est un très mauvais coup porté contre le processus d’intégration en Afrique de l’Ouest.
La lutte continue contre la servitude monétaire et la tutelle de la France !
par Pape Demba Thiam
LES DÉFIS À RELEVER AVANT L'ÉCO
EXCLUSIF SENEPLUS - Une des grandes questions reste celle de savoir par quels instruments décider de maintenir ne serait-ce qu’une parité fixe avec n’importe quelle monnaie forte - Il faudrait que les leaders de la zone UEMOA en prennent la mesure
Je crois qu’il s’agit d’abord d’une décision politique dont les modalités pratiques de la mise en œuvre doivent encore faire l’objet de beaucoup de travail dans les prochains mois. Parce que la seule manière de changer du CFA à l’ECO du tic au tac, serait simplement d’en changer le nom tout en gardant les mécanismes de fonctionnement. Or ceci ne semble pas être le cas puisque le “Compte d’Operations” est prévu pour disparaître dans le même temps qu’on dit que la parité fixe avec l’Euro sera maintenue. Attention, on dit bien “la” parité, pas “une” parité, ce qui voudra dire qu’un Euro équivaudrait toujours à 655,956 ECO. Ce sont deux paramètres de travail qu’il faudrait pouvoir réconcilier par des stratégies qui conviennent à la diversité des économies de l’UEMOA.
Je retiendrais donc plutôt la volonté de ne pas abandonner un outil d’intégration monétaire important et indispensable tout en espérant que la nouvelle monnaie ira au delà d’un simple instrument de paiement pour devenir un instrument de politique économique. Pour ce faire, battre sérieusement la nouvelle monnaie ECO, ne pourrait pas s’affranchir des principes universels de la théorie quantitative de la monnaie dont la création dépend aujourd’hui de la volonté d’endettement de l’économie.
Monnaie et crédit étant inséparables, une des grandes questions reste celle de savoir par quels instruments décider de maintenir ne serait-ce qu’une parité fixe avec n’importe quelle monnaie forte. Ce défi est à portée de réflexion, une société ne se posant que des questions qu’elle peut résoudre. Il faudrait cependant que les leaders de la zone UEMOA en prennent la mesure et mettent en place une commission d’experts pour les aider à naviguer cette nouvelle perspective.
LE FCFA, TOUTE UNE HISTOIRE
Depuis les indépendances, la devise créée en 1945 par la France dans les deux régions africaines de son empire colonial a évolué en ne cessant de faire débat
Le président ivoirien Alassane Ouattara a annoncé, ce 21 décembre, aux côtés d'Emmanuel Macron, la disparition prochaine du FCFA au profit de l'éco, en Afrique de l'Ouest. La devise créée en 1945 par la France dans les deux régions africaines de son empire colonial circule dans 14 pays d’Afrique de l’Ouest et centrale qui forment la « zone franc », en plus des Comores. Soit 173 millions d’habitants. Depuis les indépendances, elle a évolué en ne cessant de faire débat.
Le franc des Colonies françaises d’Afrique (CFA) est né par décret, en même temps que celui des Colonies françaises du Pacifique (CFP, Indochine), le 25 décembre 1945. Ce jour-là, le gouvernement provisoire de la France dirigé par le général de Gaulle ratifie les accords de Bretton Woods. Il fait sa première déclaration de parité franc-dollar au tout nouveau Fonds monétaire international (FMI). Il s’agit d’une mesure technique sans grand débat, comme le signale l’intitulé du décret, « fixant la valeur de certaines monnaies des territoires d’outre-mer libellées en francs ».
La « zone franc » créée de facto par la France avec ses colonies, où elle émet localement des monnaies qui portent le nom de « franc », a déjà été officialisée en 1939, par le biais d’un autre décret instaurant le contrôle des changes en métropole et « Outre-Mer ». Cette zone se trouve scindée en deux en 1945 : l’inflation a été moins forte dans les colonies durant la Seconde Guerre mondiale que dans la métropole. Du coup, lors de sa création, le franc CFA est plus fort que le franc français (FF), puisqu’il vaut 1,70 FF. Il repose sur quatre grands principes : parité fixe garantie par le Trésor public français, convertibilité et liberté des flux de capitaux dans la zone franc, en plus de la centralisation des réserves de devises des instituts d’émissions locaux, déposées auprès du Trésor public français. Lorsque le franc français est dévalué le 17 octobre 1948 par rapport au dollar, la valeur du CFA se renforce encore, de manière mécanique. Elle passe à 2 FF.
Les indépendances
Au moment des Indépendances, les choses se compliquent. En 1954, l’Indochine disparaît et avec elle le CFP. Le Vietnam, le Laos et le Cambodge vont créer leurs devises respectives, le dong, le kip et le riel. Le Maroc et la Tunisie, indépendants en 1955 et 1956, remplacent les francs « tunisien » et « marocain », l’un en restaurant le dirham en 1959, l’autre en frappant sa monnaie, le dinar, en 1958. L’Algérie, colonie française de peuplement où le franc français se trouve en circulation, instaure le dinar en 1964, deux ans après son indépendance.
En 1958, le « non » de la Guinée de Sékou Touré à l’Union française proposée par De Gaulle signifie une sortie de la zone franc, accomplie en 1960 avec la création d’un « franc guinéen ». Cette devise coupe les ponts avec l’ex-métropole, contrairement à ce que laisse supposer son nom. Au Mali de Modibo Keïta, le Parlement refuse de signer en mai 1962 le traité portant création de l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA), qui deviendra l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), en 1994. Le pays sort dans la foulée de la zone franc et fait fabriquer le « franc malien » en Tchécoslovaquie. Il rejoindra la zone franc bien plus tard, en 1984. Quant au président du Togo fraîchement indépendant, Sylvanus Olympio, il rejette aussi le traité UMOA et entend battre monnaie. Il est assassiné le 13 janvier 1963, dans des conditions restées mystérieuses, au moment où sont publiés les statuts d’une Banque centrale togolaise qui ne verra pas le jour.
De son côté, le CFA ne change pas d’acronyme, mais devient en 1958 le franc de la « Communauté française d’Afrique ». Après les indépendances, en 1962, son « F » correspond plutôt à « la Communauté financière d’Afrique » dans l’UMOA (Côte d’Ivoire, Dahomey, Haute-Volta, Niger, Sénégal, Togo). Nuance : le même franc est celui de la « Coopération financière en Afrique centrale » pour les membres de l’Union monétaire de l’Afrique centrale (UMAC), Cameroun, Gabon, Congo-Brazzaville, République centrafricaine et Tchad. Si l’on parle de CFA partout, la devise est scindée en deux, chaque région ayant son code ISO international, XOF et XAF. Les deux CFA sont convertibles avec toutes les devises, ainsi qu’entre eux. Le franc comorien (KMF) fait partie de la famille, en tant que cousin éloigné de la zone franc.
Nouveau franc français et vent de fronde
Lorsque le nouveau franc français est créé en janvier 1969 par le général de Gaulle, pour une valeur de 100 anciens francs, le CFA change encore mécaniquement de valeur, passant de 2 à 0,02 FF. Les critiques de la période des indépendances ressurgissent. L’économiste égyptien Samir Amin préconise en 1969, dans un rapport qui porte son nom, le passage à des monnaies nationales, avec le CFA comme monnaie commune et non plus unique. Il reprend des recommandations déjà faites en 1960 par le Sénégalais Daniel Cabou, gouverneur de Saint-Louis, qui plaidait pour une «union africaine des paiements».
Un mouvement de fronde part de la fin de la convertibilité du dollar en or, décidée par Nixon en août 1971, mettant fin au régime de change fixe hérité de Bretton Woods. À partir de cette date, le dollar se met à fluctuer. « Les Africains se disent qu’avec la hausse des cours des matières premières, ils perdent au change en raison de la parité fixe et non flottante du CFA par rapport au FF, explique l’économiste togolais Kako Nubukpo, de manière factuelle, sur un sujet qu’il connaît bien, étant l’un des principaux détracteurs actuels du CFA. Ils aspirent à une monnaie plus forte qui leur permettrait d’importer plus. »
Le président du Niger Hamani Diori, qui avait commandé le rapport Samir Amin, est soutenu par le Congo-Brazzaville, le Cameroun et le Togo. Il demande en janvier 1972 à Georges Pompidou, son homologue français, une réforme de la zone franc. La fronde incite la Mauritanie à quitter la zone pour créer l’ouguiya, et Madagascar à rétablir l’ariary en lieu et place du franc malagasy (ou « franc malgache ») en mai 1973.
La révision du système CFA est accordée en décembre 1973, mais pas dans les termes préconisés par Samir Amin, auteur de L’Afrique de l’Ouest bloquée, L’économie politique de la colonisation, 1880-1970 (Éditions de minuit, Paris, 1971). La principale mesure fait passer de 100 % à 65 % le niveau des réserves de devises placées auprès du Trésor français. La Banque ouest-africaine de développement (BOAD) est créée, avec son siège placé à Lomé, pour faire plaisir au général Eyadéma, qui a osé tenir tête à Pompidou sur le CFA lors d’une visite officielle, en novembre 1972. Le « rapatriement » des sièges des banques centrales africaines de la zone franc, situés rue du Colisée, dans le VIIIe arrondissement de Paris, est décidé. L’africanisation des cadres commence alors, même si physiquement, ce n’est qu’en 1977 que la Banque centrale des Etats d’Afrique centrale (BEAC) s’installe vraiment à Yaoundé et la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) en 1978 à Dakar.
La dévaluation du 12 janvier 1994
La Guinée équatoriale, seul pays hispanophone d’Afrique, entre dans la zone d’influence de la France et adopte le CFA en 1985, onze ans avant la découverte de ses gisements de pétrole. Sur le continent, les années 1980 sont celles de l’ajustement structurel, une mise au pas des pays endettés selon la doxa libérale en cours au FMI et à la Banque mondiale, avec dérégulation de l’économie et ouverture au libre marché. Cet effort d’ajustement réel est fait au prix de nombreux sacrifices, au lieu d’une dévaluation monétaire que rejettent les chefs d’État de la zone franc. Les salaires sont bloqués, les embauches gelées dans l’administration et des coupes claires faites partout, notamment dans les dépenses sociales.
La chute des cours des matières premières et la dépréciation du dollar, à partir de 1985, font que les recettes à l’exportation diminuent, mettant à mal les budgets, et par ricochet le niveau de la dette extérieure. L’échec de l’ajustement structurel conduit la France à envisager une dévaluation monétaire, sous les auspices du FMI, qui suspend son aide aux pays de la zone franc à partir de 1991. Dès août 1993, la convertibilité du CFA est suspendue, en raison des rumeurs de dévaluation, sur fond de fuite des capitaux hors de la zone franc. Il devient impossible de changer des CFA contre toute devise hors de la zone franc, et impossible de convertir des XOF en XAF, même dans la zone franc – une mesure contre la spéculation qui n’a jamais été levée par la suite. En septembre 1993, la « doctrine d’Abidjan », ou « doctrine Balladur » - du nom du Premier ministre français Edouard Balladur -, conditionne le soutien financier de la France à l’adoption de programmes du FMI.
Dévaluer ou pas ? Edouard Balladur est pour, mais le président ivoirien Félix Houphouët-Boigny est farouchement contre. Le président français François Mitterrand écoute les deux avis, mais ne tranche pas. En décembre 1993, la mort d’Houphouët donne les mains libres aux partisans de la dévaluation. Sous couvert d’un sommet des chefs d’État de la zone franc au sujet d’Air Afrique à Dakar, une dévaluation de 50 % du CFA et de 33 % du franc comorien est imposée le 11 janvier 1994 à 14 chefs d’État africain, qui signent à contrecœur en présence de Michel Roussin, ministre français de la Coopération et de Michel Camdessus, directeur général du FMI. Du jour au lendemain, le CFA passe de 0,02 FF à 0,01 FF. Les populations des pays de la zone franc voient leur pouvoir d’achat divisé par deux. Des mesures d’accompagnement suivent, de même qu’un coup de fouet à l’exportation des matières premières, mais le choc est brutal.
Arrimage à l’euro en 1999 et polémiques
En 1997, c’est au tour de la Guinée-Bissau, ancienne colonie portugaise, d’entrer dans la zone franc, ce qu’elle demande depuis la fin des années 1980 pour sortir de sa spirale inflationniste (45 % en 1995). Au moment du traité de Maastricht, Paris a fait valoir le principe de « subsidiarité » pour continuer à gérer la zone franc, qu’elle ne peut plus réformer, en principe, sans consulter ses partenaires européens. Que signifie la subsidiarité ? « La responsabilité d’une action publique, lorsqu’elle est nécessaire, revient à l’entité compétente la plus proche de ceux qui sont directement concernés par cette action », renseigne Wikipédia. Le principal argument de la France en faveur du CFA : la stabilité économique et l’assurance d’une bonne gestion, en raison des critères de convergence en vigueur dans la zone franc, avec une inflation en principe limitée à 3 % par an, une dette publique qui ne peut pas dépasser 70 % du PIB et un déficit budgétaire limité à 3 % du PIB.
Les débats, portés entre autres par des économistes africains tels que Kako Nubukpo et Mamadou Koulibaly, opposant ivoirien, ont gagné en intensité en 2015, dans un contexte de croissance non inclusive en Afrique et de crise en Europe (dette publique en Grèce, campagne du Brexit). Ces économistes estiment que le CFA est trop fort, par rapport à la faiblesse des économies où il circule, et qu’il pénalise les exportations. Reprise par les tenants d’un certain nationalisme africain comme Kemi Seba, qui a brûlé un billet de FCFA en septembre 2017, la polémique ne fait qu’enfler, alors qu’elle ne devrait, en toute logique, ne pas avoir de raison d’être. Le sociologue sénégalais Lamine Sagna, spécialiste de l’argent, rappelle en effet que ces débats vont devenir caducs avec l’adoption de la monnaie commune ouest-africaine, l’éco, prévue par la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest pour 2020. Ce 21 décembre, le président Ouattara a donc annoncé, en présence du chef de l'Etat français Emmanuel Macron, que l'éco remplacera le FCFA prochainement en Afrique de l'Ouest. Les huit pays de l'actuelle zone franc dans cette partie du continent vont, par ailleurs, couper les liens techniques avec le Trésor et la Banque de France, ils géreront eux-mêmes cette monnaie sans interférence de la France.
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LE CFA, C'EST TERMINÉ
URGENT - Aux côtés d'Emmanuel Macron, le président ivoirien Ouattara a annoncé ce 21 décembre la fin prochaine de la monnaie de l'UEMOA qui sera remplacé par l'éco
Aux côtés d'Emmanuel Macron, le président ivoirien Ouattara a annoncé ce 21 décembre la fin prochaine du franc CFA qui sera remplacé par l'éco. Les huit pays de l'actuelle zone franc en Afrique de l'Ouest vont couper les liens techniques avec le Trésor et la Banque de France, ils géreront eux-mêmes cette monnaie sans interférence de la France.
Le franc CFA va disparaitre de l'Afrique de l'Ouest. Le président Ouattara l'a annoncé ce vendredi 21 décembre : « en accord avec les autres chefs d'État de l'UEMOA, nous avons décidé de faire une réforme du franc CFA ». Les huit pays qui utilisent cette monnaie vont adopter une nouvelle devise qui sera baptisée l'éco. Cet éco à huit pays deviendra donc le noyau dur de la future devise de la CEDEAO.
Les liens techniques avec la France sont en grande partie coupés, c'est-à-dire que Paris ne cogérera plus la monnaie de ces huit pays. Les réserves de change ne seront plus centralisées par la France et l'obligation de verser 50 % de ces réserves sur le fameux compte d'opération du Trésor français disparait.
C'était une revendication forte d'une partie de l'opinion publique ouest-africaine. « Paris voulait désamorcer cette critique », comme l'explique un diplomate. De plus, la France se retire des instances de gestion du CFA. Jusqu'à présent, Paris avait un représentant à la BCEAO, la Banque centrale des états d'Afrique de l'Ouest, un autre à la commission bancaire, et un dernier au conseil de politique monétaire.
Paris, de cogestionnaire à garant
L'éco conservera une parité fixe avec l'euro, ce qui garantit la même valeur de la monnaie pour les consommateurs. Cette disposition pourrait évoluer avec le temps et en fonction de la volonté des autres pays de la CEDEAO lorsqu'ils voudront rejoindre l'éco.
Enfin, la France garde un rôle de garant en cas de crise. Si jamais les pays de la zone éco n’ont plus de quoi payer leurs importations, la France le fera. Reste que si l'on en arrive là, Paris se réserve le droit de revenir dans une instance de décision, en l’occurrence le conseil de politique monétaire.
LE PLURALISME, VALEUR ESSENTIELLE DE NOTRE ÉPOQUE
Le philosophe, Souleymane Bachir Diagne, insiste sur la nécessité d’introduire dans les écoles l’éducation au pluralisme en vue de renforcer le vivre-ensemble dans ce monde où s’affirment des identités en tout genre
Le philosophe sénégalais, Souleymane Bachir Diagne, a souligné samedi à Dakar, la nécessité d’introduire l’éducation au pluralisme dans les programmes scolaires afin d’assurer une meilleure préparation des nouvelles générations au ’’vivre ensemble’’ dans un monde où s’affirment ’’des identités en tout genre’’.
Le spécialiste de la philosophie et de la mystique islamiques introduisait une conférence portant sur ‘’le pluralisme dans la tradition philosophique et spirituelle de l’Islam’’. Une manifestation entrant dans le cadre des célébrations du premier anniversaire de l’ouverture du Musée des civilisations noires de Dakar.
’’La valeur du pluralisme est sans doute une des valeurs les plus importantes de notre époque’’, a estimé le professeur Diagne devant une assistance constituée d’intellectuels, d’universitaires du Sénégal et de l’étranger, d’étudiants ainsi que de religieux.
Dans son exposé, l’intellectuel sénégalais chargé de cours à l’Université de Columbia aux Etats unis a notamment insisté sur la nécessité d’introduire dans nos écoles ’’l’éducation au pluralisme en perspective de renforcer notre vivre ensemble dans ce monde où s’affirment des identités en tout genre’’.
L’auteur du livre ’’Comment philosopher en Islam’’ a ainsi proposé l’éducation au pluralisme comme une solution à moyen et long terme contre l’extrémisme religieux dans un contexte de limite de l’efficacité de l’option sécuritaire.
’’Nous vivons dans une époque où nous voyons la fragmentation de l’humanité selon les identités meurtrières qui ont souvent comme soubassement la religion’’, a déploré le professeur Souleymane Bachir Diagne.
Dans son analyse il a cité la récurrence des crises à caractère identitaires observables par exemple quand ’’la société birmane se veut homogène en procédant au nettoyage du pays de la minorité musulmane des Rohingya’’.
’’On le voit également quand aujourd’hui l’Inde décide que +l’indianité+ doit être la même chose que l’hindouisme, en prenant des lois scélérates consistant à faire de sa communauté musulmane des citoyens de seconde zone’’, a encore fait remarquer le Pr Diagne.
Toutes choses montrant que le défi auquel nous faisons face actuellement, c’est le défi de faire en sorte que nous soyons dans une société d’ensemble, avec nos différences, a-t-il laissé entendre.
Citant le préambule de l’UNESCO, il a fait savoir que c’est dans la tête des gens que les guerres prennent forme, c’est donc dans la tête des gens qu’il faut agir pour faire barrage à ces violences et à cet exclusivisme, par le biais de l’éducation.
Le conférencier a également souligné l’importance de faire en sorte que ce discours de pluralisme ne reste pas dans les cénacles fermés entre savants et gens instruits.
Il a ainsi invité à faire à ce que ’’ce discours philosophique se traduise dans l’éducation de base, mais également pour qu’il soit amplifié par les professionnels des médias pour qu’il se diffuse, au plus large, dans la société.’’
Le professeur Souleymane Bachir Diagne a salué la ’’laïcité bien comprise’’ en vigueur au Sénégal, qui n’a rien à voir avec celle dite ’’agressive’’ de la France.
Une laïcité qui tend à la limite vers une forme de laïcisme qui est devenu une religion et d’intolérance’’, a-t-il pointé.
Il a ajouté : Au Sénégal nous avons ici une laïcité ouverte, laquelle, loin d’écarter les religions dans l’espace public, les invite, au contraire, à participer avec leurs œuvres d’éducation à la construction continue de notre Nation’’.
LE MINISTÈRE DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR SECOUÉ PAR LA DÉMISSION DU DIRECTEUR DES BOURSES
Lassana Konaté ne veut plus faire partie d’une direction qui n’a pas suffisamment de moyens, et surtout ne souhaite plus attribuer des bourses à des étudiants qui ne seraient pas éligibles
Le directeur des bourses, Lassana Konaté, a quitté ses fonctions ce jeudi 19 décembre. L’homme était à la tête d’un poste stratégique, doté d’un budget annuel de 70 milliards de francs CFA, plus de 10 millions d’euros. Un départ en pleine crise à propos du versement des bourses aux étudiants du pays.
C’est un document révélé par la presse. Il s’agirait de la lettre de démission de Lassana Konaté. Le fonctionnaire s’adresse au ministre de l’Enseignement supérieur Cheikh Oumar Hanne. L’homme ne veut plus faire partie d’une direction qui n’a pas suffisamment de moyens, et surtout ne souhaite plus attribuer des bourses à des étudiants qui ne seraient pas éligibles.
Contacté par RFI, Lassana Konaté confirme être démissionnaire. Mais il refuse d’authentifier ou non le document. « C’est une lettre confidentielle, remise à mon ministre de tutelle. Je me demande d’ailleurs qui aurait pu la faire fuiter », s’étonne l’ancien directeur, qui précise avoir démissionné pour des raisons personnelles : en six ans, il affirme avoir fait le tour de sa direction. Le fonctionnaire refuse de dévoiler ses projets de carrière.
Silence radio au ministère
L’entourage du ministre, visiblement mal à l’aise, refuse de commenter cette démission. L’acte intervient en tout cas au plus mauvais moment. Plusieurs étudiants de l’université de Saint-Louis ou de Dakar demandent depuis deux mois le paiement de leurs bourses. Le conflit s’enlise. L’État avait promis le versement avant la fin de l’année.
’’NIO LANK’’ VA POURSUIVRE SON COMBAT
Le collectif contre la hausse du coût de l'électricité n’entend pas arrêter ses manifestations en dépit des arrestations, selon un de ses membres, Mamadou Miniane Diouf
Le collectif ’’Nio Lank’’ n’entend pas arrêter les manifestations contre la hausse des prix de l’électricité en dépit des arrestations, selon un de ses membres, Mamadou Miniane Diouf.
Le collectif ’’Nio Lank Nio bagne’’ n’a pas pu tenir son rassemblement à la Place de l’Indépendance pour protester contre la hausse des prix de l’électricité, vendredi après-midi, la police ayant bouclé les lieux et interdit tout rassemblement.
Le rassemblement du collectif +Nio Lank+ a été interdit par le préfet de Dakar.
La Police a fait usage de bombes lacrymogènes pour interdire la Place de l’Indépendance aux manifestants.
Les policiers ont même fait usage de gaz lacrymogène pour disperser la presse. Les journalistes Ablaye Ndiaye de DTV et Migui Marame Ndiaye de E-Média ont été arrêtés puis libérés, ce qu’a dénoncé vivement le Secrétaire général du Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (SYNPICS).
’’Quel que soit le nombre d’arrestation de personnes parmi nous, le collectif n’entend pas arrêter cette revendication légitime face à l’augmentation illégale, immorale et injustifiée du coût de l’électricité qui, déjà est suffisamment cher’’, a déclaré Mamadou Miniane Diouf, responsable du Forum social sénégalais.
’’Il y a quinze arrestations que nous avons notées (…)’’, a-t-il déclaré, lors d’une conférence de presse.
Selon lui, ’’les gens qui ont été arrêtés par la police avaient juste fait le déplacement pour pouvoir faire entendre leur mécontentement contre la hausse injustifiée du coût de l’électricité’’.
’’Lorsque nous avons reçu la notification comme quoi la manifestation n’a pas été autorisée, nous avions saisi la Cour suprême. Nous avons fait ce que la loi nous permet de faire et dans de pareils cas la Cour suprême à l’obligation de traiter le dossier au plus tard dans huit jours’’, a-t-il souligné.
Les médias font état de nombreuses arrestations dont celles de Alioune Sané, le coordonnateur du Mouvement ‘’Y en a marre’’, de Thierno Bocoum, leader du parti AGIR, Cheikh Sadibou Diop, du mouvement Alerte, du rappeur Cyril Touré alias Thiat, du mouvement ’’Y en a marre’’.
Pour le coordonnateur du Mouvement Génération des forces citoyenne (GFC), membre du collectif ‘’Noo Lank’’, Mame Cheikh Seck ‘’la manifestation a été sabotée par les gens du pouvoir’’ qui ont introduit une autre requête similaire à leur demande d’autorisation de marche.
Selon lui, ’’le dispositif sécuritaire déployé par la police aurait été largement suffisant pour couvrir une manifestation pacifique dont le but est de dénoncer la hausse du coût de l’électricité’’.
Il a déploré ‘’l’arrestation des manifestants’’, avant de demander leur libération ‘’dans les plus brefs délais’’.
Le collectif ’’Nio Lank Nio bagne’’ avait organisé une marche contre la hausse des prix de l’électricité le vendredi 13 décembre. La manifestation autorisée était partie de la Place de la Nation au rond-point de la RTS.
En dépit d’une interdiction préfectorale de leur marche pour ’’imprécision de l’itinéraire, risque réel de trouble à l’ordre public’’, des manifestants avaient réussi, le 29 novembre, à s’accrocher aux grilles du palais de la République pour protester contre la hausse annoncée du prix de l’électricité.
Guy Marius Sagna, Babacar Diop et 7 autres individus avaient été arrêtés et placés sous mandat de dépôt.
Babacar Diop et 4 manifestants ont bénéficié ce vendredi d’une liberté provisoire.
Une hausse de 6% sur la Moyenne et la haute tension et une hausse de 10% sur la Basse tension en épargnant les consommateurs des clients domestiques sur la 1ere tranche sont entrées en vigueur depuis le 1er décembre.
La Société nationale d’électricité (Senelec) évoque un manque à gagner de 12,191 milliards de FCFA enregistré par ses services depuis le début du dernier trimestre 2019.
7 LEADERS DE AAR LINU BOKK ARRÊTÉS À THIÈS
Ces militants tentaient de manifester devant la Senelec pour protester contre la hausse du prix de l’électricité
La police a arrêté vendredi à Thiès sept membres de la plateforme Aar Linu Bokk de Thiès, dont son coordonnateur Saliou Ndiaye.
Ces militants tentaient de manifester devant la Senelec pour protester contre la hausse du prix de l’électricité. Ils ont été arrêtés avant d’arriver sur place.
Les sept personnes, dont Saliou Ndiaye, coordonnateur de la section régionale de Aar Linu Bokk, Ndiaga Diaw du PDS et Sidy Dembélé de Rewmi, ont été arrêtées par la police, alors qu’elles s’adressaient à la presse.
Les membres de la plateforme Aar Linu Bokk de Thiès qui s’étaient donné rendez-vous mercredi, pour un rassemblement ce vendredi à 16 heures dans le jardin public faisant face à l’agence régionale de la Senelec, en ont été empêchés par un important dispositif policier qui avait quadrillé toute la zone.
Face à la faible mobilisation, la dizaine de personnes présentes, se sont résolues à transmettre leur message à leur manière.
’’Nous refusons ! Non à la hausse de l’électricité !’’, ont-ils scandé, l’un d’eux brandissant le drapeau national en face des forces de l’ordre. Sur intimation d’un responsable de la police, ils ont reculé pour se retrouver de l’autre côté de la route.
Dénonçant la mobilisation de policiers pour les ‘’intimider’’, Ndiaga Diaw a jugé ‘’inacceptable’’ ce niveau de la démocratie du pays.
’’Nous ne sommes pas des criminels, nous ne brûlons pas de pneus et nous ne saccageons pas d’édifice. Ce que nous demandons, c’est que le gouvernement revienne sur sa décision d’augmenter les factures d’électricité’’, a-t-il dit.
’’Qu’ils nous emprisonnent tous, nous allons continuer le combat’’, a-t-il encore martelé, faisant noter qu’après l’annonce d’une baisse de l’électricité, c’est le contraire qui se produit.
Comme lui, Sidy Dembélé n’a pas eu le temps de terminer son interview qu’il a été entraîné manu militari dans la fourgonnette de la police.
La police avait aussi interdit l’accès au jardin faisant face à la Senelec à Aar Linbu Bokk Thiès, pour la tenue de son point de presse, mercredi deernier. Les responsables de Aar Linu Bokk s’étaient alors retrouvés à la place Mamadou Dia située à quelques mètres.
Le dispositif policier est toujours en place pour veiller au grain.