Dakar, 20 mai (APS) – Le représentant de l'Institut de RECHERCHE pour le développement (IRD) au Sénégal, le docteur Laurent Vidal, a appelé les chercheurs à avoir une politique intellectuelle d’anticipation des crises comme celle d’Ebola.
‘’Je pense qu’il faut même aller au-delà, parce qu’il est clairement défini dans la vision des sciences sociales de non pas expliquer ce qui s’est PASSÉ, mais essayer de comprendre ce qui va se passer et ce n’est pas tout à fait la même chose’’ a-t-il fait comprendre.
Le docteur Vidal s’exprimait mardi après-midi à l’ouverture du premier colloque régional en sciences sociales sur l’épidémie à VIRUS Ebola qui se tient à Dakar pendant 3 jours à l’initiative du Réseau ouest africain en Sciences humaines et sociales).
La RENCONTRE est organisée en collaboration avec le Centre régional de recherche et de formation à la prise en charge de Fann, de l’IRD et du Centre des opérations d’urgence sanitaire (COUS) du ministère de la Santé et de l’Action sociale sur le thème : ‘’Epidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest, études éthno-sociales comparées’’.
LES PAYS DITS EMERGENTS INVESTISSENT DANS UNE GESTION STRATEGIQUE DE LEUR MONNAIE
La problématique de la monnaie nationale a fait l’objet d’une lettre ouverte d’économistes africains, destinée à la Banque centrale des Etats de l’Afrique l’Ouest (Bceao). Ces derniers, constatant que les pays dits émergents disposent d’une monnaie nationale, revendiquent la nécessité de faire une critique nouvelle et interne du Fcfa. Ils considèrent que ces pays, par l’intermédiaire de leur banque centrale et de leurs ressources intellectuelles mobilisées, sont tous investis dans une gestion stratégique extrêmement fine et réactive de leur monnaie.
Les pays dits émergents semblent dégager de nouvelles politiques aboutissant à leur émergence économique. Ils développement un élan transcendant les colorations politiques, tout en accordant peu d’intérêt à la monnaie nationale, dont ils disposent.
La Bceao indexée dans cette logique, est l’institution d’émission de cette monnaie commune au Sénégal, à la Côte d’Ivoire, au Mali, au Burkina Faso, au Niger, au Bénin, au Togo et à la Guinée-Bissau. En Afrique centrale, six pays se partagent cette même monnaie avec leur propre institution d’émission. Il s’agit du Cameroun, du Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale, la République Centrafricaine et le Tchad.
Le Fcfa que partagent ces pays, qui signifie, le Franc des colonies françaises d’Afrique existe depuis 1945. Il devient en 1958 le franc de la Communauté financière d’Afrique. Ces économistes contestataires, signalent à travers la lettre adressée à la Bceao que par l’intermédiaire des banques centrales et des ressources intellectuelles mobilisées, les pays émergents s’investissent dans une gestion stratégique pour disposer d’une réactivité de leur monnaie.
Il s’agit de Chine, le Brésil, la Russie, l’Europe, le Japon, les pays du Golfe, les Etats-Unis d’Amé- rique. Les quatre économistes africains, dont Zé Belinga, Makhily Gassama, Demba Moussa Dembélé et Sakho Bamba, s’attaquant aux objectifs et fondements de la politique europé enne, n’excluent aucune possibilité, même un éclatement de la Zone euro.
Peuples avides d’effets concrets
La demande critique et citoyenne d’un débat sur la politique monétaire en Zone franc, disent-ils, se répand irréversiblement des minorités progressistes, partisanes de réformes ou de refontes des architectures monétaires, vers les peuples avides d’effets concrets sur leurs existences quotidiennes.
Ainsi, ils évoquent la manifestation étouffée par les forces de l’ordre à Yaoundé le 26 avril 2015. Celle-ci, exigeait la souveraineté monétaire avec des tee-shirts d’activistes, portant la mention : « 26 avril 2015: Mort du Fcfa ! ». Et, considérant la progression, notée au sein de l’Uemoa/Cemac, ils prônent une crique sociale externe sur la monnaie, imposée par le colonisateur français.
A cet effet, le Ministre togolais de la prospective et de l’évaluation des politiques publiques, M. Kako Nubukpo, a pris sens et valeur. Au moment où, le monde entier tentent d’élaborer et d’actualiser des stratégies et tactiques monétaires gagnantes, les africains se refusent toute opportunité de débattre de leurs options monétaires.
Construction d’une postérité africaine
Alors que les flux de la globalisation, de la libéralisation des marchés, de la volatilité des avantages compétitifs et des crises systémiques deviennent une réalité. Ils exigent une nouvelle critique générationnelle des politiques monétaires dans l’optique d’alimenter le débat interne à l’Afrique.
Mais aussi, insister sur les solutions que le continent doit construire pour sa postérité. Ailleurs, ces économistes réformateurs regrettent la frilosité des groupes sociaux et administrations rentières ou bénéficiaires en ligne directe de la gestion du Fcfa qui ne devrait pas empêcher la nouvelle critique générationnelle des politiques monétaires.
Sur ce, ils apprécient la position du Ministre togolais, Nubukpo, tout en dénonçant le refus des africains de prendre dans une dialectique leur destin. « Les africains doivent éviter les calculs personnels, l’obsolescence des routines institutionnelles. Mais aussi, la peur d’assumer en responsabilité les conséquences d’une libération pleine », plaident-ils, tout en déplorant l’arrimage du Fcfa à l’euro.
LES CNO MISENT SUR LES MÉDIAS POUR L’ÉGALITÉ DES SEXES
Doha (Qatar), 18 mai (APS) - Les Comités nationaux olympiques (CNO) d'Afrique, d'Asie et d'Océanie invitent le Comité international olympique (CIO) et les associations sportives nationaux à collaborer davantage avec les médias afin de les encourager à contribuer à la promotion de l'égalité des sexes.
Cette recommandation résulte d'un atelier de deux jours (vendredi et samedi) consacré aux femmes dans le sport et les médias.
Cette manifestation s’était tenue à Doha, au Qatar, sous l’égide du Comité olympique du Qatar (QOC), de concert avec le CIO et le Conseil olympique d'Asie (OCA).
Au cours de ces deux jours, des tables rondes et discussions interactives ont été organisées, en présence de 113 représentants du CIO, des Comités nationaux olympiques (CNO) et de représentants de médias.
Des questions ont été abordées au cours de cette rencontre, qui concernent la sensibilisation sur le rôle des médias dans la promotion de l'égalité des sexes dans le sport, la couverture médiatique des événements de femmes, ‘’le rôle crucial’’ que les hommes peuvent jouer dans la promotion de l'égalité des sexes ainsi que l'importance de l'autonomisation des jeunes journalistes.
Parmi les intervenants, figuraient le secrétaire général de l'Association des comités nationaux olympiques d'Afrique (ACNOA), Thomas Sithole, le chef du CIO des Jeux olympiques d'opérations médias, Anthony Edgar, et le secrétaire général de l'Association internationale de la presse sportive (AIPS), Evelyn Watta.
Selon les délégués des CNO, les médias doivent être amenés à mettre l'accent sur les performances des femmes (sportives ou journalistes) qui évoluent dans le milieu sportif.
Ils ont également souhaité que le CIO et les fédérations internationales tiennent des rencontres régulières sur la couverture médiatique des événements de femmes, afin de faciliter le changement nécessaire dans la représentation stéréotypée des femmes.
Les représentants de trois continents concernés ont demandé à l’Association internationale de la presse sportive (AIPS) de prendre "des mesures nécessaires" pour qu’il y ait davantage de femmes dans les comités exécutifs des associations nationales de la presse sportive (ANPS).
Au terme de cette rencontre, les délégués ont demandé au vice-président de l'Association des comités nationaux olympiques (ACNO), Lassana Palenfo, de porter le plaidoyer relatif à ces recommandations, en perspective de la prochaine Assemblée générale de l'ACNO, prévue à Washington (Etats-Unis), en septembre prochain.
"Les recommandations faites durant cet atelier peuvent garantir l'autonomisation des femmes", a soutenu M. Palenfo, également président de l'Association des comités nationaux olympiques d'Afrique. Il a annoncé la tenue d’autres rencontres similaires.
Peu avant, Lassana Palenfo avait invité les comités nationaux olympiques à faire la promotion des femmes dans tous les domaines d'activité, notamment dans les sports et les médias.
PAR BALLÉ PREIRA
COMMENT SORTIR "INDEMNE" DE LA LANCINANTE CRISE DE L'ÉCOLE SÉNÉGALAISE
Tel un serpent de mer, la crise qui secoue notre école revient chaque année. C'est à se demander si la grève ne fait pas désormais partie intégrante du programme scolaire et universitaire? On a encore frôlé le pire avec des menaces réelles sur la "couleur" de l'année scolaire qui a failli être "blanche" ou invalide. Ouf ! Heureusement que les parties au conflit sont revenues à de meilleurs sentiments pour sauver une fois de plus ladite année. Ne faisons pas la fine bouche. Il faut s'en réjouir.
Mais aussi disons le tout net : cette stratégie du bord du précipice entamée depuis plusieurs années n'est pas viable. Elle est intenable ! Nous ne pouvons continuer à jouer dangereusement avec notre école sans y laisser une ardoise sociale, économique et politique qui sera difficile à éponger.
En réalité, le coût de ces grèves interminables constitue un sacré coup à la qualité du produit issu de cette fabrique sociale que constitue l'école. Des centaines de milliards sont dépensés annuellement sans qu'on puisse soutenir un réel retour sur investissement.
Le quantum horaire n'est plus respecté depuis belle lurette. Le niveau des apprenants et des maîtres va decrescendo. A juste titre, le Professeur Mame Moussé Diagne avait bien raison de sonner récemment l'alerte sur la reconnaissance internationale des diplômes sénégalais notamment universitaires.
Ce serait dangereux de croire qu'il joue les oiseaux de mauvais augure en agitant le spectre d'une invalidation de nos parchemins par le Conseil africain et malgache pour l'enseignement supérieur (CAMES). Le risque est loin d'être hypothétique.
Par voie de conséquence, il devient absolument nécessaire de nous ressaisir et recentrer nos efforts sur l'essentiel qu'est l'intérêt collectif. Chaque citoyen a le droit de revendiquer des avantages accrus pour améliorer ses conditions de vie et de travail. Quoi de plus normal ? Mais pas à tous les prix !
Les syndicalistes doivent revoir leur stratégie de lutte en faisant preuve de plus de créativité, d'inventivité et de générosité. Faire un bon diagnostic et appliquer une mauvaise thérapie ne guérit pas un mal. La grève, aussi efficace soit-elle, a ses limites en termes d'impact négatif sur la productivité et les retards difficilement rattrapables qu'elle occasionne.
L'alignement de l'indemnité de logement que revendiquent à cor et à cri nos valeureux enseignants,aussi légitime soit-il, passe après la formation qu'ils doivent aux élèves, pour bâtir une nation instruite, forte et prospère.
Il est vrai qu'il y a certaines disparités dans le traitement des agents de l'État que l'étude commanditée à cet effet doit corriger. Mais pour autant cela ne saurait justifier que des travailleurs prennent pour autant en otage le système dans lequel ils se meuvent.
Le Gouvernement s'est engagé à achever cette fameuse étude d'ici la fin du mois. Espérons que ce travail débouchera sur de bonnes, justes et consensuelles recommandations pour éloigner le spectre de la crise scolaire.
En effet, l'État, dans son rôle de régulation et de redistribution des richesses nationales et collectives doit faire preuve d'équité en réduisant au maximum les inégalités sociales mais il ne faut pas rêver, l'égalité mathématique entre tous les travailleurs est une vue de l'esprit que même les pays anciennement communistes n'ont jamais pu réaliser. Chaque catégorie socioprofessionnelle a ses avantages et ses inconvénients ; ses sujétions et ses privilèges ; ses astreintes et ses libertés.
Nouveau départ
Fondamentalement et sans occulter le côté social, qui constitue un intrant indispensable, le combat doit davantage porter sur les aspects pédagogiques avec plus d'investissements dans les infrastructures de formation par la suppression des abris provisoires, l'augmentation des outils de travail, la construction de laboratoires, le recrutement d'enseignants mieux formés, la création d'écoles et d'instituts spécialisés, d'universités professionnelles et de recherche pour mieux faire face à la demande sans cesse croissante et exigeante notamment celle du marché du travail.
Soulignons-le au passage, nous n'avons pas beaucoup d'élèves, d'étudiants et de professeurs relativement à notre population qui avoisine 14 millions d'habitants.
L'éducation et la formation sont des enjeux capitaux pour le devenir de tout pays. Elles impulsent les transformations souhaitées pour propulser une nation vers des lendemains meilleurs. Elles nécessitent tous les sacrifices et moyens possibles. Organiser des concertations et assisses sur l'Université et l'Ecole est nécessaire mais pas suffisant.
Aujourd'hui, pour que l'éducation continue de jouer son véritable rôle d'éclaireur, il faut lui assurer des ressources conséquentes qui viendront du Budget de l'État mais aussi du Secteur privé, des ONG, des bailleurs de fonds et de toutes les bonnes volontés intéressées.
L'État du Sénégal doit consentir plus de ressources dans l'éducation et la formation des futures élites. Parallèlement, la société représentée par les familles et autres organisations de la société civile est appelée à davantage investir dans la formation de ses enfants car le savoir n'a pas de prix mais aussi les opérateurs économiques en finançant ce maillon stratégique. De même, les partenaires au développement ont un important rôle à y jouer. Il n'y a pas meilleure dépense que dans la quête de connaissances.
De nos jours, le développement d'un pays se mesure essentiellement à l'aune de la qualité de la formation de ses populations avec ce qu'on appelle : l'économie du savoir. L'ignorer, c'est rater encore le train de l'histoire. Par conséquent, nous avons besoin aujourd'hui de construire un consensus fort et fécond autour d'un modèle de formation à la fois enraciné et ouvert en dépassant les clivages et les intérêts stériles qui inhibent toute action. L'Emergence est à ce prix !
À l'occasion de la pose de la première pierre du centre de recherches et d'essais de Médina Yéro Foula et le lancement des travaux du centre universitaire et l'espace numérique ouvert (ENO) de Kolda, le vendredi 15 mai dernier, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Mary Teuw Niane, a accordé un entretien au journal EnQuête. Il est revenu sur les montants mobilisés pour les infrastructures tout en reconnaissant les difficultés pour achever certains travaux. Le ministre a aussi répondu à ceux qui accusent l'Etat de créer de nouvelles entités sans rien faire pour les anciennes.
Vous êtes dans la région de Kolda pour lancer les travaux du centre universitaire de Kolda. Quelle est sa particularité ?
Le Président Macky Sall veut que la carte universitaire du Sénégal devienne une réalité dans la région de Kolda d'ici deux ans. Car Kolda est une région universitaire. Et nous pensons qu'avec ces projets importants, la région du Fouladou pourra bientôt sortir de l'ornière. Parce que le centre universitaire va enseigner les filières liées à l'agro-pastoral, à la psychologie, à la philosophie et au management. Et tout cela, ce sont des filières bien en ancrage avec le Plan Sénégal Emergent. Et l'université virtuelle évidemment qui est là depuis maintenant deux ans, entre aussi dans cette perspective.
A quand le démarrage des travaux du centre universitaire de Kolda ?
L'entreprise qui a gagné les travaux nous a annoncé que dès le 18 mai (Ndlr aujourd'hui), elle procédera aux travaux pour les fondations de l'Espace Numérique Ouvert de Kolda.
Depuis l'arrivée au pouvoir du Président Macky Sall, l'on constate qu'il y a plusieurs projets qui ont été lancés, mais les travaux sont toujours inachevés. Une situation qui a poussé d'ailleurs les étudiants de l'université Assane Seck de Ziguinchor à descendre dans la rue. Est-ce qu'aujourd'hui toutes les mesures sont prises pour que le centre universitaire de Kolda ne soit pas aussi victime de cette situation-là ?
Les travaux qui ne sont pas achevés, ce sont des travaux qui ont démarré autour des années 2006 2007 et 2008. Ces travaux, particulièrement à l'université de Ziguinchor, sont pilotés aujourd'hui par l'agence de construction de bâtiments et édifices publics créée en 2011. Auparavant, il a fallu résilier plusieurs fois les contrats avec les entreprises. Parce que les travaux n'étaient pas pilotés par cette agence. Donc, ce sont des chantiers à problèmes et nous essayons de les terminer à travers cette agence. Ce que je peux vous dire, c'est que le ministère de l'Enseignement supérieur, à travers le budget consolidé d'investissement, a assuré la couverture financière pour terminer tous les chantiers. Parce que l'argent est disponible. C'est une question de management et de gestion liée à l'attribution de ces chantiers qui malheureusement nous échappe. Mais nous faisons le maximum pour terminer les chantiers en question. D'ailleurs, il y a beaucoup de chantiers déjà terminés. Mais il y en a encore qui restent. Par exemple à Ziguinchor et à Bambey où la bibliothèque n'est pas encore terminée. Il reste aussi le bâtiment de l'Institut supérieur technique (IST) à l'université de Thiès, l'auberge des jeunes et le palais des congrès à Thiès ainsi que le bâtiment de la Faculté de Médecine Pharmacie Odontologie de Dakar. Donc, il n'y a pas que Ziguinchor qui est concerné par ces retards dans l'achèvement des travaux déjà entamés. C'est beaucoup d'institutions. Le gouvernement a mis de l'argent, mais il y a des difficultés à ce niveau que l'Agence de construction de bâtiments et édifices publics essaie de surmonter.
Est-ce que le bornage sur le site du centre universitaire de Kolda a été fait. Parce qu'il semblerait qu'un problème se soit posé entre la commune de Kolda et celle de Dioulacolon ?
Le bornage a été fait. D'ailleurs, l'entreprise a fait le terrassement. Donc, nous pouvons dire que les choses vont aller normalement. Les travaux de construction du centre universitaire de Kolda s'articulent autour de la construction d'unité de recherche et de la formation comprenant deux amphithéâtres. Un bloc pédagogique, un bloc administratif et un centre médicosocial. Le montant du marché est de 879 millions 800 177 francs CFA. Le délai d'exécution prévisionnel est de douze mois. En ce qui concerne les travaux de l'espace numérique ouvert, le montant est de 299 millions 306 228 francs. Le délai d'exécution prévisionnel est de huit mois.
Avant de créer un centre universitaire à Kolda, est-ce que vous avez pris langue avec les populations de la région qui réclament une université digne de ce nom ?
Vous savez, le Sénégal procède étape par étape. Quand vous n'avez pas encore des structures universitaires dans une région comme Kolda, créer deux unités de formation et de recherches et qui ne sont pas des unités de formation et de recherches bateau, c'est extrêmement important. L'une des filières, c'est l'agro-silvo-pastoral, c'est plein dans les potentialités économiques de cette région. La seconde filière, C'est la psychologie. Faites le tour des universités sénégalaises, il n'y a pas de filières complètes de formation dans les métiers de psychologie. Donc, la région de Kolda va devenir le pôle de formation dans les métiers de la psychologie dans notre pays. Et ceci évidemment montre combien de fois le président de la République Macky Sall attache de l'importance à cette région de Kolda. J'appelle toutes les populations à faire leurs ces projets, à les accompagner et à se dire que le président de la République est en train de respecter ses promesses à travers ces projets dont les travaux sont en cours. Une raison supplémentaire de l'accompagner et de l'appuyer pour que le plan Sénégal Emergent (PSE) puisse réussir.
Peut-on savoir comment le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche va gérer les nouveaux chantiers ?
Ces nouveaux chantiers, pour le ministère de l'Enseignement supérieur, sont gérés de deux manières. Le centre universitaire et l'espace numérique ouvert de Kolda, c'est l'agence de construction qui en est maître d'œuvre délégué. Par contre, pour le centre de recherches et d'essais de Médina Yéro Foula, c'est la nouvelle direction de maintenance construction des établissements d'enseignement supérieur qui est une direction du ministère qui en est maître d'œuvre. Pour tous ces chantiers, il y a la couverture financière. Et nous suivons les travaux puisqu'il ne doit pas y avoir des difficultés dès lors que l'entreprise sait que si elle effectue des travaux et fait les décomptes, elle sera payée. C'est ça qui fait que nous avons bon espoir. L'autre chose aussi, c'est que nous allons surveiller de manière rapprochée ces chantiers-là. Je suis là au démarrage et je vais être là à chaque trimestre. Le gouverneur, le préfet et le service de l'urbanisme sont là pour suivre les travaux. D'ailleurs, l'agence a mis un technicien pour que nous puissions assurer une surveillance et faire des alertes si nécessaire.
Certaines personnes disent qu'il n'y a pas d'efforts qui aient été faits pour les universités existantes. Qu'en dites-vous ?
Ceci est faux. Parce que dans le cadre du renforcement de la carte universitaire, le gouvernement ne fait pas que créer de nouvelles universités ou des espaces numériques ouverts entre autres. Il s'occupe aussi des institutions existantes. A l'heure où je vous parle, tous les marchés des cinq (5) universités sont attribués et la DCMP a donné son accord. Ces marchés concernent cinq (5) lots pour la réhabilitation des amphithéâtres à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD). Les amphithéâtres, les bâtiments de l'office du Bac, l'auditorium et le rectorat de l'Ucad. Ces marchés sont attribués et les travaux vont démarrer incessamment. Des chantiers ont aussi été ouverts pour les extensions de l'université de Ziguinchor, de Thiès, de Saint-Louis et Alioune Diop de Bambey. C'est un montant de l'ordre de vingt-sept milliards de nos francs que l'Etat du Sénégal met sous la forme d'un prêt provenant de la Banque mondiale pour construire de nouveaux bâtiments ou pour réhabiliter les bâtiments existants. Donc, c'est un effort sans précédent dans l'effort global que le président de la République, Macky Sall, est en train de faire pour que notre enseignement supérieur puisse évidemment répondre à la demande de nos bacheliers et bachelières.
"LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES SONT IRRÉVERSIBLES, MAIS…"
À quelques mois du sommet de Paris pour les changements climatiques, peut-on s'attendre à des retombées financières pour résoudre des problèmes dus au changement climatique au Sénégal ?
Vous me donnez l'occasion de féliciter le centre de suivi écologique qui est accrédité pour recevoir le financement des fonds verts. Dans la première phase, c'était par rapport au fonds d'adaptation, aujourd'hui par rapport au fonds vert, ce sont des efforts importants qui ont été faits pour arriver à ce niveau. C'est l'une des premières entités de l'Afrique de l'ouest à recevoir ces fonds. Dans la première phase, nous avons obtenu 10 millions de dollars de ressources, mais nous espérons aller jusqu'à 50 milliards de dollars. Mais les 100 milliards, c'est d'ici 2020. Nous avons confiance qu'ils vont continuer à mobiliser les ressources et le plus important, c'est d'avoir une entité pour recevoir ces ressources.
Avec ce fonds vert, peut-on espérer dans un court délai résoudre le problème de l'érosion côtière ?
A court terme, on ne peut arrêter ce phénomène qui est un phénomène mondial. Mais nous pouvons financer beaucoup de projets liés à l'adaptation. Ce qui est important, c'est de renforcer les capacités d'adaptation pour accroître la protection. Pour le moment, les changements climatiques sont irréversibles, mais, il faut qu'on soit capable de mettre en place des mécanismes pour atténuer ce phénomène. Que l'on soit aussi en mesure de mettre en place un système qui est capable de réduire l'émission de gaz à effet de serre. Même si c'est vrai que nous, l'Afrique, ne contribuons qu'à 3% de l'émission de gaz à effet de serre, nous sommes dans une planète où les répercussions ne nous épargnent pas.
Le constat est qu'il y a des ouvrages de protection contre l'érosion côtière qui sont devenus des dépotoirs d'ordures. Qu'elle est la politique de suivi mise en place pour l'entretien de ces investissements ?
C'est clair qu'il faut appeler au bon comportement des citoyens. C'est pourquoi nous lançons un appel aux collectivités locales pour qu'elles s'approprient les ouvrages. Parce que l'objectif final de ces ouvrages est de protéger les investissements qui sont d'une grande utilité. Ils permettent de protéger les investissements privés comme les hôtels et autres. Donc, comme elles assurent la gestion des ordures, les collectivités locales doivent faire de même pour l'entretien et la maintenance de ces ouvrages.
L'érosion côtière est un fléau douloureusement ressenti dans la Petite côte. Aujourd'hui, ce sont des plages entières qui sont menacées de disparition et réduites à leur plus simple expression. Face au phénomène et devant les sommes colossales qui ont été investies, différentes stratégies sont développées par les investisseurs privés et les autorités pour ralentir, voire stopper l'avancée de la mer.
Depuis presque une décennie, la Petite côte subit la loi des vagues marines qui grignotent de jour en jour ses plages. Dans beaucoup de zones qui jadis bénéficiaient d'une centaine de mètres de plage, il ne reste plus que des portions congrues, grâce aux digues de protection qui ont été érigées pour ne pas que les plages soient totalement englouties.
De la commune de Somone à Saly, tout le long de la plage, les hôtels sont menacés. Les uns de disparition et les autres de perte d'emplois. Dans cette zone qui est l'une des principales destinations touristiques du Sénégal, il y a toujours le soleil, mais les plages sont fortement agressées par la mer. De fait, le site peine aujourd'hui à répondre aux normes.
La situation est à ce point critique que la plage est devenue une denrée rare dans la station balnéaire de Saly. Ainsi, la lutte contre l'érosion côtière s'organise, afin de protéger les plages qui sont un maillon essentiel. Certains investisseurs ont casqué beaucoup d'argent pour construire des digues de protection et des brise lames dans l'optique de diminuer la force du courant marin qui prend d'assaut la côte.
A titre d'exemple, au niveau de l'hôtel Les Filaos, un investissement de 150 millions a été consenti pour sauver 5 à 6 mètres de plages. "Nous avions une plage assez large qui nous distançait de la mer d'une cinquantaine de mètres", renseigne le directeur général de l'hôtel, Ibrahima Sarr.
Ensuite, il montre du doigt une bouteille plastique suspendu et flottant à la surface de l'eau à une quarantaine de mètres de la plage actuelle. "Vous voyez cette bouteille là, en 20102011, c'est là où débutait la plage. Mais deux ans plus tard, l'eau de mer a commencé à nous envahir".
Conscient du danger, la direction de l'hôtel a pris des mesures hardies. "Pour anticiper sur les dégâts que peuvent causer les vagues sur la disparition de la plage, nous avons donc dépensé une somme de 150 millions pour construire cette digue de protection. Avec les brise-lames, il y a le sable de la mer qui se déverse sur la côte. Et grâce à ce système, nous avons pu récupérer 3 à 4 mètres de plage. Parce que l'eau de mer avait englouti tout l'espace", ajoute Ibrahima Sarr.
La peur des houles du sud
Seulement à Mbour, il y a un phénomène de dessablage et d'ensablage dû aux houles. Entre la houle du sud et la houle du nord, c'est l'enfer ou le paradis chez les hôteliers. Entre le mois de juin et septembre, c'est la peur au ventre chez les investisseurs qui redoutent les conséquences des houles du sud.
Ces vagues sont fortes et engloutissent la plage. Contrairement à la houle du nord venant de la Mauritanie. Entre octobre et mai, les vagues du nord déposent du sable sur la plage. D'autres investisseurs par contre, au lieu de créer des digues de protection et des brise-lames, préfèrent mettre des sacs de sable tout le long de leur hôtel.
C'est le cas à l'hôtel Palm Beach. Sur une cinquantaine de mètres, des centaines de sacs de sable sont superposés. Ils constituent une digue protection, non pas pour protéger une plage qui n'existe quasiment pas, mais plutôt pour protéger les bâtiments qui sont menacés par l'eau de mer.
Conscients de l'effet négatif de la disparition des plages, les élus locaux des 16 collectivités locales du département de Mbour, dont les populations vivent directement des retombées du tourisme, ont créé un collectif des maires de la Petite côte (CMPC). Dans leur plan d'actions, figurent deux points essentiels : la lutte contre l'érosion côtière et la gestion des ordures.
POPONGUINE ET PALMARIN
Les zones les plus menacées
Dans la commune de Poponguine Ndayane, l'érosion a atteint une cote critique. Des maisons ont été abandonnées tout au long de la plage. Derrière le palais présidentiel, appelé petit palais, une grande falaise constitue une digue de protection naturelle qui le met à l'abri des vagues.
Il n'en est pas de même des bâtiments ont été érigés devant cette falaise. Ils se sont tous écroulés. De ce fait, il y est devenu rare de voir une construction appelée pieds dans l'eau. Du haut de cette falaise d'une cinquantaine de mètres, on aperçoit les débris de maisons dévastées par la furie des vagues.
Près du site Kisito, un bâtiment en terrasse s'est effondré dans l'eau. Tout au long de la plage de Poponguine qui n'a périodiquement que quelques mètres de plage, c'est le même décor triste.
En période de haute marée, la zone sud où se trouve la seule plage de la localité est engloutie par l'eau de la mer et en période de marée basse, l'eau se retire pour laisser une vingtaine de mètres.
Palmarin menacé de disparition
Jadis très grand, le village de Palmarin a vu sa superficie réduite par l'eau de mer qui a pris possession de larges bandes de terre. Antoine Faye tire la sonnette d'alarme.
"Palmarin va disparaître dans 5 ou 10 ans. Je suis alarmiste, mais peut-être que cela va durer beaucoup plus que ça. Mais évidemment, à regarder la morphologie et l'historique de Palmarin, de la baie Sine Saloum, et ce qui se passe actuellement, ça fait peur. Parce que jusqu'à la pointe de Djifer, il y a une dégradation exponentielle et une avancée de la mer, de la furie des vagues qui font qu'on a même une île maintenant au point de ce qu'on appelait Sangomar. Site qui aujourd'hui est actuellement en pleine mer".
"Donc, poursuit-il, si vous êtes de Palmarin et que vous êtes âgé de 30 à 50 ans et que vous observez, vous devez savoir qu'il y a des choses vraiment graves qui sont en train de se passer. Et c'est dû aux effets du changement climatique. Pas plus que 3 ans avant, tous les fils du village s'étaient rués à Palmarin, parce que le baobab centenaire était tombé du fait de la pluviométrie. Ceci a été un véritable événement", déclare le coordonnateur du groupe thématique financement, Antoine Faye qui originaire de la localité.
Ce village dont la principale activité économique était l'agriculture est passé d'une activité agricole à une activité halieutique.
Par un manque d'espace et de la fertilité des sols qui sont devenus marécageux, l'agriculture et l'élevage ont cédé la place à la pêche qui jouait un rôle secondaire. De ce fait, la localité est devenue strictement un terroir de pêcheurs parce que les terres arables ont été englouties par les eaux.
LE REMBLAYAGE DES BRAS DE MER
Une pratique qui accélère l'érosion côtière
"On ne peut pas arrêter la mer avec ses bras'', dit l'adage. Seulement, au niveau de la Petite côte, beaucoup de bras de mer sont devenus la proie des élus locaux, chasseurs de terre, qui lotissent ces espaces à usage d'habitation.
Or, ces espaces servent de passage à l'eau de mer, en cas de haute marée. Ces ravins servent de passage à l'eau de pluie qui ruisselle vers la mer en période d'hivernage. En outre, ils permettent à la mer d'y déverser son surplus au lieu de s'attaquer à la côte.
Seulement, les chasseurs de terre remblaient certains bras de mer pour en faire des espaces d'habitation. Ainsi, le ravin de Mbalingue est en train d'être remblayé petit à petit, parce qu'il est devenu un dépotoir d'ordures.
Par contre, les bras de mer de Nianing (entre le village de Nianing et de Warang) sont de plus en plus envahis par des habitations, sous le regard coupable de l'État et des associations des amis de la nature qui prétendent lutter pour la protection du littoral. A Joal, c'est le bras de mer de Mama Nguedj qui est déjà occupé.
LUTTE CONTRE L'ÉROSION
L'État injecte 900 millions F Cfa
Pour faire face à ce phénomène alarmant qui aujourd'hui porte un coup de massue au secteur du tourisme, l'État a depuis 2011 tenté de stopper l'action corrosive des vagues. L'autorité publique a investi des centaines de millions qui, hélas, ont été engloutis par les eaux.
Un dernier investissement de 900 millions F CFA a été fait derrière l'hôtel Royal, avec la construction de deux brise-lames. Cet ouvrage de 90 mètres pour chaque briselame a permis de récupérer 6 mètres de plage.
Mais sa durée de vie ne peut pas dépasser 20 ans, quand il est bien entretenu. Avec ce résultat, le ministre de l'Environnement Abdoulaye Bibi Baldé compte ériger 7 autres brise-lames allant de l'hôtel Royal à l'hôtel Espadon, afin de protéger cette partie de la côte qui constitue un cordon hôtelier.
Si ces brise-lames ont permis de récupérer des mètres de la plage, à Saly Koulang par contre, c'est plutôt une digue de protection qui a été mise en place, pour protéger le marché qui est menacé par les vagues. Les populations, conscientes des répercussions de la disparition de la plage, expriment leur angoisse.
"C'est bien ce que ces gens font, mais s'il n'y a plus de plage, comment allons-nous survivre ? Nous savons que les plages et le soleil sont les atouts du secteur", soutient Babacar, un guide touristique. Grâce au système de remblayage de la plage, le quai de pêche de Joal Fadiouth a été sauvé et dispose d'une large plage.
La zone sylvo-pastorale est par essence une zone d'élevage. Et le foirail de Dahra en est une parfaite illustration. Mais ce qui frappe d'abord le visiteur, c'est l'état physique des bêtes. Elles sont plutôt chétives dans ce vaste domaine à ciel ouvert, lieu de rendez-vous des éleveurs du Sénégal, tous les dimanches.
Il est midi au foirail de Dahra. Le soleil est au zénith. Sous la forte canicule d'avril, le lieu grouille de monde venu de la ville, des bourgades du Djolof, de différentes localités du pays et de la sous-région pour s'approvisionner en petits et gros ruminants. En cette fin de matinée dominicale, on est loin de l'affluence des grands jours. Mais ce qui frappe d'abord le visiteur, c'est l'état physique des bêtes. Elles sont plutôt chétives dans ce vaste foirail à ciel ouvert, lieu de rendez-vous des éleveurs du Sénégal.
Sur place, grouille un monde hétéroclite. Eleveurs, camionneurs, chauffeurs de taxis-brousse appelés "opou ya", charretiers, marchands ambulants, vendeuses d'eau glacée, gargotières, coiffeurs, téfankés, rabatteurs, etc., squattent les lieux de neuf à quinze heures. Les moutons, chèvres et bœufs sont l'épicentre d'une chaîne d'activités commerciales diverses sous l'égide des pouvoirs publics dont la municipalité.
A côté des vendeuses d'eau, de bissap et de lait alignées sous des tentes de fortune, des restauratrices se hâtent de servir des plats de riz ou de viande avant 14h, heure de clôture. A proximité, des marchands venus du Baol pour la plupart proposent toutes sortes d'articles. A l'écart, c'est le foirail des chevaux et des ânes, non loin des vendeurs de poulets locaux. Assis à l'ombre des "soumps" (variété d'arbre) rabougris, les camionneurs guettent la fin des opérations pour charger les bêtes en direction de Dakar et d'autres villes.
Dans un flux continu, les charretiers de la cité et des villages situés dans un rayon de 10 km assurent la navette entre le marché central et le foirail. Sacoche en bandoulière, stylo et blocs de reçus à la main, les percepteurs de la mairie ne chôment pas. Ici, en termes de revenus monétaires ou de bonnes affaires, le dimanche est en effet une journée particulière, non seulement pour les caisses de la ville, mais aussi pour toute une armée de jeunes et vieux débrouillards, hommes et femmes, accrochés à l'aubaine des caisses. Les téfankés (courtiers professionnels du bétail) côtoient les éleveurs du dimanche dont beaucoup d'enseignants pour qui les races de mouton "ladoum", "bali bali" ou "toubabir" n'ont plus de secret.
À Dahra, tous les services fonctionnent à plein régime le dimanche : le centre de santé, les pharmacies, les banques, les ateliers de mécanique, etc. La mairie tient même une permanence, les radios communautaires adaptent leurs programmes. Pour la tranquillité des affaires, la sécurité est renforcée avec les gendarmes et leurs auxiliaires qui patrouillent comme en situation d'alerte.
Sous-secteur de l'élevage : les complaintes des acteurs
En cette dernière semaine du mois d'avril, il n'est pas facile de trouver un bon et gros bélier. C'est que la plupart des grands éleveurs du Koya (la vallée morte du Ferlo) ont déjà transhumé vers d'autres lieux à la recherche de pâturages. Destinations principales : le Saloum et la Falémé. De fait, ce sont quelques bêtes faméliques qui sont disponibles. Et en vertu du principe de l'offre et de la demande, c'est le poulet de chair qui a la cote. Chaque week-end, un "gamou" est célébré quelque part dans le Djolof. Du coup, l'aviculture connaît un boum jamais égalé.
Le sous-secteur de l'élevage est considéré comme malade dans le département de Linguère. El Hadj Nguessory Ka , président du foirail de Dahra, ne le nie pas. Entouré d'une nuée d'éleveurs, il se dit très désolé. "Cette année, l'élevage est dans une situation inquiétante due au manque d'eau, dit-il. Cela est lié au déficit pluviométrique enregistré lors du dernier hivernage, à la sur-utilisation des forages et à l'inaccessibilité de l'aliment de bétail", soutient-il.
A l'arrivée, des conséquences désastreuses que le président du foirail de Dahra résume ainsi : "Les moutons sont bazardés à des prix accessibles à toutes les bourses au grand dam des éleveurs." D'où cet appel lancé aux autorités : "Nous lançons un véritable SOS à l'Etat du Sénégal. Il faut qu'il subventionne maintenant le prix du sac de 40 kg d'aliment de bétail", plaide-t-il. "Le sac de fanes d'arachide coûte présentement 4 000 francs. Dans ces conditions, comment peut-on nourrir des centaines de têtes sans parler du remboursement des prêts bancaires ?" s'interroge-t-il perplexe.
Quand le manque d'eau et de pâturages risque de décimer les troupeaux
Faute de nourriture et d'eau, les animaux domestiques meurent à un rythme soutenu. Pour remédier à cette situation, le gouvernement avait promis la construction de 44 forages dans le département de Linguère. Une promesse toujours non tenue, au grand dam des éleveurs qui ne savent plus à quel saint se vouer.
"Si vous faites un tour dans la zone de Kamb, l'odeur des cadavres d'animaux empeste le village, surtout les ânes qui sont moins pris en charge par leurs propriétaires. Aussi bien les moutons, les chèvres que les ânes meurent faute de nourriture et d'eau." Ces propos sont de Djibril Ousmane Ka. Ressortissant de Kamb, ce dernier tire ainsi la sonnette d'alarme pour alerter sur le risque de famine qui menace les ruminants et autres animaux domestiques dans la zone sylvo-pastorale. Une situation qui a amené certains éleveurs à transhumer vers le Mali. Et à l'en croire, il est fort probable qu'ils ne reviennent pas.
Lui emboîtant le pas, son compatriote Doula Kâ de renchérir : "Avant-hier, un ami m'a appelé depuis Thièl (sud de Linguère) pour me dire qu'il peine à trouver de l'eau car les forages n'en ont plus assez pour le bétail. Dans certaines localités, les villageois interdisent l'accès aux bêtes. La seule solution, c'est de disposer d'un véhicule qui fait la navette pour permettre aux troupeaux de se désaltérer. Si tu refuses de te plier à leur diktat, c'est la bataille rangée." Inquiétant !
L'arlésienne des vallées fossiles
Malgré la promesse de Lansana Gagny Sakho, directeur de l'Office national des forages ruraux (Ofor), de construire 44 forages dans le département de Linguère, les éleveurs semblent pessimistes. Isma Sarr, acteur renommé à la soixantaine bien sonnée, est un homme toujours souriant et affable. Entouré de ses pairs wolofs et peuls, il supervise les opérations. "La faible pluviométrie est à l'origine de la famine chez les animaux", souligne-t-il. DeWidouThingolyàTéssékéré, en allant vers Kaffrine ajoute-t-il, les grands éleveurs ont tous transhumé. Les animaux meurent de faim et de soif. Puis il fait part de ses propositions. "Seule la revitalisation des vallées fossiles peut mettre fin à notre souffrance. Et ce que vous ne savez pas, les vaches consomment plus d'aliment et boivent plus d'eau. Il faut que l'État aide les éleveurs à réduire le sac d'aliment de bétail qui vaut 8 500 francs".
Le natif de Gouloum ne veut surtout pas entendre parler de réduction du cheptel et de stabulation. Dans une langue imagée pleine de verve, il assène ses vérités. "Vous vous rendez compte ! Ce qu'ils (les gouvernants) ont réussi avec la planification familiale, ils veulent de même pour les bovins." Un gros pavé dans la mare. "Nous, grands éleveurs, disons niet. Mon élevage extensif ne m'empêche pas, grâce aux croisements de races, de produire 40 litres de lait par jour", clarifie-t-il.
Promesse gouvernementale
Du côté des autorités, on dégage en touche. Au moment où ces lignes étaient en train d'être écrites, une délégation gouvernementale composée du ministre de l'Élevage et des Productions animales Aminata Mbengue Ndiaye, de son collègue de l'Hydraulique et de l'Assainissement, et du Gouverneur de Louga, avait fini de sillonner presque toute la zone sud du département de Linguère. Mansour Faye, du bout des lèvres, est obligé de constater que "(...) les ouvrages hydrauliques réalisés depuis 1951 sont en sousdimension par rapport aux besoins réels des populations et du bétail".
Mais il s'est empressé de noter que "le lac de Guiers va alimenter les départements de Linguère, de Ranérou. Ce transfert de l'eau va constituer les corridors céréaliers". Aux dires du ministre de l'Elevage, "le président Macky Sall a dégagé une enveloppe d'un milliard pour les mutuelles d'éleveurs du Sénégal dont 100 millions pour la banque Aynaabé de Dahra (...) Et il a débloqué 3 milliards pour payer une assurance au niveau de l'Union africaine". En attendant, l'élevage, poumon économique du département de Linguère, se porte très mal. Les acteurs, eux, sont condamnés à espérer que le ciel de l'hivernage 2015 veuille bien ouvrir ses vannes, assez tôt et en abondance, pour des lendemains meilleurs.
Le stockage de l'herbe décrié par tous
La question du stockage en quantité industrielle de l'herbe de brousse, le fameux "mboop", est sur toutes les lèvres et les éleveurs sont unanimes dans le discours. Les gants laissés aux vestiaires, ils pointent un doigt accusateur contre les spéculateurs de tous bords. En premier lieu, les opérateurs économiques locaux.
Selon Doula Ka, habitant de Rotto, "les nouvelles communes doivent mordicus voter des arrêtés interdisant le stockage d'herbe à des fins mercantiles". Preuve à l'appui, il fulmine : "Moi, j'ai vu quelqu'un qui a vendu son stock d'herbe sèche à 500 mille francs Cfa. Vous avez vu que tout juste après l'hivernage dernier, des camions ont pris d'assaut la brousse pour faucher l'herbe. A perte de vue, les terres de pâture sont nues. Une telle pratique tue à petit feu le sous-secteur dans la zone sylvo-pastorale".
A la suite, le dénommé Mamadou Ka appelle les équipes municipales "à protéger la nature contre ces pilleurs des ressources naturelles comme le bois, l'herbe, etc.".
KHALIFA SALL ANNONCE LE REDÉMARRAGE DU PAVAGE DES RUES DE DAKAR
Dakar, 13 mai (APS) – La session ordinaire du conseil municipal de la ville de Dakar ouverte jeudi va être consacrée à la mutualisation des actions et au démarrage des investissements annoncés dans la gestion de 2014 dont le pavage des rues, a indiqué le maire, Khalifa Ababacar Sall.
''Cette session ordinaire du conseil municipal va être consacrée à la mutualisation. Il s’agit de prendre, au niveau de la ville, les délibérations concordantes pour qu’un certain nombres d’actions et d’investissements puissent démarrer’’, a dit M. Sall, à l’ouverture de la session.
Selon le maire de Dakar, ''les premiers investissements concernent les gazons synthétiques et le pavage des rues''.
‘’Les autres points concernent l’acquisition de terrain pour l’hôpital des Parcelles Assainies dont les travaux doivent démarrer bientôt et le stade des HLM Patte d’Oie dont la reconstruction était bloquée parce qu’un privé qui avait une bordure a accepté de nous vendre cette portion’’, a-t-il ajouté.
En ce qui concerne les virements de crédits et d’autorisations spéciales pour finaliser le processus du pavage, Khalifa Ababacar Sall a indiqué que la ville est régie par une structure dont le contrat va s’achever en 2016. Selon lui, le terrain ainsi que le matériel doit revenir à la Ville.
Abordant la question des taxes, Khalifa Ababacar Sall a affirmé que la commune de Dakar est en réflexion avec les autorités du gouvernement pour permettre aux collectivités locales de la région du Cap-Vert de bénéficier de ces taxes.
‘’Dans le cadre du financement de l’Acte 3, des pistes sont actuellement explorées et certaines vont tuer les collectivités locales de la région du Cap-Vert. Si les communes perdent les taxes sur l’électricité consommée, l’eau, le stationnement, elles risquent de ne plus fonctionner’’, a-t-il averti.
‘’Nous nous sommes organisés pour sensibiliser le gouvernement pour qu’il comprenne que l’Acte 3 doit viser à renforcer les collectivités locales et non les affaiblir’’, a-t-il ajouté, soulignant que le problème ne concerne que Dakar.
UN GOÛT DE PÉTRODOLLARS
Pour le Sénégal, l’argent de l’Arabie Saoudite passe par le Yémen
Dakar, 13 mai 2015 (AFP) - La décision du Sénégal d'envoyer 2.100 soldats en Arabie saoudite en soutien à ses opérations au Yémen s'explique surtout par les pétrodollars qu'il espère en retirer pour son développement, estiment des analystes malgré les dénégations de Dakar.
Contrairement aux trois autres pays africains concernés, le Maroc, le Soudan et l'Egypte, le Sénégal n'appartient pas à la Ligue arabe et n'a aucune expérience militaire de la région, à l'exception de l'envoi d'un contingent dans le Golfe à la suite de l'invasion du Koweït par l'Irak en 1990.
Mais, comme pour les deux premiers, un fort soupçon de "mercenariat" pèse sur son engagement, souligne l'Institute for Security Studies (ISS Africa), dans une récente analyse.
"Est-ce qu'on est parti au Mali pour des pétrodollars?", rétorque dans une déclaration à l'AFP le porte-parole du gouvernement, Oumar Youm, au sujet du contingent sénégalais de la force de l'ONU dans ce pays voisin.
Une marche mercredi à Dakar contre le déploiement sur le sol saoudien, à l'appel d'un Collectif d'organisations, a été interdite, selon les organisateurs.
"On fait jouer aux soldats sénégalais le même rôle que les tirailleurs" de la période coloniale, s'est insurgé Malick Noël Seck, membre du Collectif.
"On sent un président qui veut réussir son plan, qui a besoin d'argent qui, pour lui, n'a pas d'odeur", a renchéri Fadel Barro, un des leaders du mouvement pro-démocratie "Y'en a marre".
Le président Macky Sall est "pressé" d'obtenir des financements pour son Plan Sénégal émergent (PSE), une stratégie de développement du pays à l'horizon 2035, et "l'Arabie saoudite est un des rares endroits au monde où on peut aller et revenir avec des mallettes", affirme à l'AFP l'analyste Babacar Justin Ndiaye.
Selon les observateurs, Macky Sall, élu en 2012, mise sur le PSE, formé d'une série de projets d'infrastructures, d'agriculture, le tourisme et d'éducation, d'un montant évalué à plus de 9.685 milliards de FCFA (plus de 14,7 milliards d'euros, pour obtenir un second mandat.
"Menace sur les lieux saints"
Or, les institutions et pays occidentaux pressentis pour financer le PSE se
montrent "minutieux et tatillons : (leurs) engagements financiers n'ont rien à voir avec les décaissements", dit Babacar Justin Ndiaye.
La Banque mondiale a déploré la semaine dernière un pourcentage de décaissements pour ses projets au Sénégal nettement inférieur à celui constaté dans des pays voisins. Et le Fonds monétaire international a appelé Dakar à mieux contrôler sa masse salariale et élargir l'assiette fiscale pour financer le PSE.
Le président Sall avait évoqué en avril l'envoi de troupes lors d'un voyage en Arabie saoudite, pays figurant en bonne place sur la liste des bailleurs du PSE, selon des documents consultés par l'AFP.
Les requêtes de financement du PSE auprès de Ryad atteignent "216 millions de dollars" en 2015, selon ces documents.
En outre, la Banque islamique de développement (BID), basée en Arabie saoudite, "détient le plus gros portefeuille sur les engagements dans le PSE", avait indiqué Macky Sall en avril, sans autre précision.
Dans un message lu au Parlement le 4 mai par son ministre des Affaires étrangères Mankeur Ndiaye, le président sénégalais a justifié l'envoi de 2.100 militaires par une coopération bilatérale "d'une excellence à toute épreuve", se prévalant d'un "acte de solidarité et de reconnaissance envers un pays ami".
Ryad est un allié et un bailleur traditionnel du Sénégal, où le Fonds saoudien de développement (FSD) a financé de nombreux projets, notamment dans les routes, l'hôtellerie, la santé et l'agriculture.
Le nouvel aéroport de Dakar, financé par l'Etat et des bailleurs étrangers, parmi lesquels la BID et le FSD, dont la livraison est prévue fin 2015, est construit par le groupe saoudien Ben Laden.
Mais le président Sall a surtout insisté dans son message sur la dimension religieuse de ce soutien "pour faire face à la menace qui pèse sur l'intégrité territoriale de l'Arabie saoudite et les Lieux Saints de l'islam que le royaume abrite".
Mais, assure l'imam et député Mbaye Niang, "le wahhabisme n'a pas une forte influence au Sénégal en raison de l'islam confrérique. Et les Saoudiens ne mettent pas au premier plan le wahhabisme dans nos relations".