SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
26 avril 2025
Développement
FRANCAFRIQUE ET RUSSOPHILIE, À LA CROISÉE DES CHEMINS
Malgré les nombreuses initiatives déployées, la francophobie continue de se développer au bénéfice d’une russophilie aux perspectives très incertaines. Décryptage !
La francophobie prend chaque jour davantage d’ampleur en Afrique francophone. Elle semble même inarrêtable, malgré les nombreuses initiatives du président français Emmanuel Macron. Du discours de Ouagadougou en 2017 devant les étudiants, au sommet de Montpellier en 2021, avec des organisations de la société civile africaine, en passant par celui de Pau en 2020 avec les chefs d’Etat, la France a essayé par plusieurs moyens de stopper ce désamour d’une partie des peuples d’Afrique qui lui préfèrent, de plus en plus, la Russie, devenue sa rivale militaire la plus sérieuse dans ses zones d’influence.
Comment en est-on arrivé là ? Jusqu’où pourrait aller ce sentiment anti-français ? Quelle alternative pour préserver les intérêts des pays africains francophones dans ce changement de paradigme ? Autant de questions qui préoccupent aussi bien l’ancienne puissance coloniale que certains dirigeants de la CEDEAO qui ne cessent de multiplier les rencontres.
Enseignant et analyste en Géopolitique, le Directeur d’interGlobe Conseils constate cette rupture entre la France et ses anciennes colonies et relève ce qu’il considère comme un développement de ‘’la russophilie, au sacrifice d’un engagement afro-centré.’’ A la question de savoir si ce phénomène peut être réversible, l’enseignant de Géopolitique de l’Afrique à l’Université de Reims Champagne Ardenne, Régis Hounkpé, explique : ‘’Il faut noter que le mouvement est très puissamment irrigué par des contestations légitimes du monopole de l'influence française en Afrique francophone, d'une part, et d'autre part, par la nécessité de diversifier les partenariats extérieurs... Mais…, je dis trois fois mais... Quels sont les attendus, la vision, les perspectives de cet élargissement diplomatique ? Quel est le bénéfice stratégique pour l'Afrique ? Sommes-nous encore au menu ? En bout de table ? Ou à la table d'honneur ? Ce sont les véritables questions qu’il faudra se poser.’’
Mais est-il encore possible de ressouder les morceaux ? Comment les protagonistes peuvent-ils y parvenir ? Dans un rapport intitulé ‘’Sahel : le militarisme franco-africain en échec’’, Félix Atchadé préconise, entre autres mesures pour sortir de cette crise : ‘’un désengagement militaire sans ambiguïté’’ de la France au Sahel, ‘’un dépassement de l’Etat postcolonial et une rupture avec ses prétendues réformes initiées par les institutions financières sous le vocable de la Bonne Gouvernance… ‘’Pour renverser cette tendance, renchérit-il, il faut que les élites françaises qui s'occupent des questions africaines décolonisent leur imaginaire. La relation doit être démilitarisée et en adéquation avec les aspirations des peuples africains. Il y a un trop grand hiatus entre le discours, les prétentions françaises et la réalité de la relation. On ne peut pas dire qu'on promeut la démocratie, quand on est le soutien indéfectible des dictatures togolaise ou ivoirienne.’’
La Russie montre le bout du nez
S’il y a une puissance qui profite véritablement de cette situation, c’est bien la Russie qui a réussi à s’imposer comme principal recours ou thérapie pour guérir le mal français. Il y a, selon Régis Hounkpé, à la fois une sorte de pragmatisme et une part d’inconnu total sur la question. Le changement de tutelle, soutient-il, n'est pas structurellement intégré dans la démarche de ceux qui crient leur ras-le-bol de la France.
‘’Certains argumentent se servir de la Russie comme d'un instrument de défiance vis-à-vis de la France et cette exploitation passe par tous les moyens ; qu'ils soient tapageurs ou réfléchis. Et pour la plus grande partie que je trouve encore plus exaltée, on les voit parfois lancer des SOS à la Russie comme le Messie d'une Afrique aux abois. La question du souverainisme et du panafricanisme est clairement "sabordée" sur l'autel des compromissions risquées avec pertes et fracas’’, souligne l’analyste en Géopolitique. Qui met en garde contre le Groupe Wagner adoubé dans certains pays du Continent. ‘’Les dernières révélations sur le Groupe Wagner ne font que présager d’un futur encore plus sombre. Le pire est à venir…’’
A ceux qui estiment qu’en voulant chasser les français pour se livrer à la Russie, certains pays ne font que transférer le problème, Félix Atchadé déclare : ‘’Personne ne s'est livré pieds et poings liés à la Russie. Le Mali, par exemple, dit qu'il veut coopérer avec tout le monde, mais, on lui répond non. C'est avec nous uniquement ou nous partons. Les Maliens, dans ce cas, ont le droit de faire ce qui leur semble bien.’’
Parlant des griefs contre Wagner, il rétorque : ‘’Cette histoire de Wagner est une manière pour la France de ne pas voir la réalité en face. Le fond du problème est que le monde a changé, l'Afrique a changé et la France veut faire comme si le temps s'est arrêté aux années 1960.’’
BURKINA FASO
La CEDEAO sursoit au sommet de Dakar
Après le sommet tenu, il y a quelques jours à New-York, les chefs d’Etats qui devaient se retrouver à Dakar, le 14 octobre, ont finalement décidé de sursoir à la rencontre, pour se donner rendez-vous à Abuja dans deux mois, à l’occasion de la session ordinaire. Pour la cheffe de la diplomatie sénégalaise, Aissata Tall Sall, c’est surtout, parce que la rencontre de Dakar devait permettre de se pencher sur la situation du Burkina, notamment pour déterminer un agenda de transition. ‘’A partir du moment où le Capitaine Traoré a confié aux médiateurs de la CEDEAO et a même fait une déclaration pour dire qu’il accepte le calendrier initialement prévu, les chefs d’Etats ont estimé qu’il n’était plus opportun de tenir ce sommet extraordinaire.’’
Pendant ce temps, une autre réunion d’importance est annoncée à Abidjan entre Ouattara, Emballo et Faure Gnasingbé, alors même que le Président ivoirien est revenu fraichement de la France, ce mercredi. Elle devrait porter, entre autres sujets, sur la question des militaires ivoiriens arrêtés au Mali. Dans la même veine, il y a la session ordinaire de la CEDEAO qui va se tenir dans deux mois à Abuja comme initialement prévue. ‘’Ce sera l’occasion d’apprécier les progrès faits non seulement par le Burkina, mais aussi par la Guinée et le Mali’’, a-t-elle déclaré.
Selon des confidences faites à Jeune Afrique, devraient être invités à ce sommet ‘’de nombreux présidents, y compris extérieurs à la sous-région, ainsi que le dirigeant de la Banque mondiale, David Malpass.’’
L'ATTAQUE DE GASINDÉ AU BURKINA, CATALYSEUR DU COUP D'ÉTAT
"Je n'ai jamais vu une attaque de cette envergure", raconte un militaire. Il décrit les mitrailleuses lourdes montées sur des pick-ups, les dizaines de motos. "Ça a duré plusieurs heures, on a essayé de sortir les civils mais on était débordés", dit-il
Sa voix forte et assurée devient fluette à l'heure de raconter ce qu'il s'est passé sur la route nationale 22 au niveau de Gaskindé, dans le nord du Burkina Faso en guerre, le 26 septembre, lors de l'attaque d'un convoi de dizaines de camions chargés de vivres.
Aziz, dont le prénom a été modifié pour sa sécurité, était au volant de son camion chargé de riz et de sorgho à l'arrière d'un convoi de 207 véhicules, sécurisé par des soldats, quand les tirs ont crépité.
L'attaque, revendiquée par Al-Qaïda, a officiellement fait 37 victimes, dont 27 militaires. 70 conducteurs de camions restent disparus, selon leur syndicat.
Enième attaque dans une région du Sahel meurtrie depuis dix ans par la violence jihadiste, Gaskindé est un nouveau symbole de l'impuissance des Etats à contrôler leurs campagnes reculées et sécuriser leurs populations.
Cinq jours plus tard, un putsch militaire, le cinquième en deux ans dans la région, balayait le pouvoir en place à Ouagadougou. Les témoignages recueillis par l'AFP racontent l'incurie de l'armée et le quotidien des civils pris entre les feux de la guerre.
Les camions étaient partis de Ouagadougou à destination de Djibo, l'une des principales villes du nord du Burkina, soumise depuis dix-huit mois à un blocus jihadiste.
Pour imposer leur présence et leur loi, les jihadistes ont maintes fois éprouvé la stratégie du blocus pour soumettre les populations rurales. Au Mali voisin, de nombreux villages ont dû courber l'échine.
"Débandade"
A Djibo, où vivent environ 300.000 personnes dont une majorité de déplacés, cela fait deux ans que la pression s'accentue. La population a plus que triplé avec les arrivées de déplacés. Les militaires burkinabè, parfois assistés par les forces spéciales françaises, ont épisodiquement tenté de rompre le blocus.
Pour éviter la famine qui guette en ville où presque plus aucune denrée n'entre ou ne sort, l'armée a entrepris de sécuriser de longs convois de ravitaillement. A celui de la fin septembre s'étaient greffés, raconte Aziz, des dizaines de commerçants et d'autres civils.
Une première mine a été découverte et évitée sur la route, raconte un militaire gradé présent dans le convoi. Quelques tirs de harcèlement ont ponctué le début du trajet. Mais tout a basculé en quelques secondes au niveau de Gaskindé, à 15h00 (locales et GMT).
"Je n'ai jamais vu une attaque de cette envergure", raconte le militaire. Il décrit les mitrailleuses lourdes montées sur des pick-ups, les dizaines de motos. "Ca a duré plusieurs heures, on a essayé de sortir les civils mais on était débordés, sans soutien aérien", dit-il. "Ils avaient une puissance de feu largement supérieure".
"C'était le sauve qui peut, la débandade", raconte de son côté Rabo Brahima, président de l'Union des chauffeurs routiers du Burkina (UCRB). Une frappe de drone a "évité que plus de gens meurent", affirme le militaire, mais sur laquelle rien n'a officiellement filtré.
En fin de convoi, Aziz, apeuré, fait demi-tour et rallie la première ville. Un autre chauffeur, en tête de convoi, n'a pas eu cette chance. Il raconte à l'AFP avoir passé plus de quatre heures dans les broussailles, vu des hommes tomber sous les balles, et marché 27km jusqu'à une localité où il est arrivé vers 18h.
Son camion a été brûlé par les assaillants comme plus de cent autres. Les vidéos prises par des chauffeurs et d'autres civils rescapés, montrent une longue colonne de feu sur la nationale 22. Seuls 70 des 207 camions ont pu être sauvés, selon M. Rabo.
"Abattoir"
L'affaire fait vite grand bruit à Ouagadougou. Un premier bilan fait état de 11 morts et 50 disparus. Il évolue rapidement. La presse s'interroge et le débat gronde: est-ce une défaillance militaire? Pourquoi un hélicoptère de soutien a fait demi-tour au début de l'attaque?
Le consultant en sécurité Mahamoudou Savadogo et une source militaire affirment que certains militaires avaient exprimé leur désaccord au départ de ce convoi.
L'attaque, selon lui, a été "la goutte d'eau qui a fait déborder le vase" au Burkina, où le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba renversé, avait promis lors de son coup d'Etat en janvier de reprendre l'ascendant sur les jihadistes.
Envoyer "un tel convoi" sur "l'axe de la mort" qu'est la route ralliant Djibo, était comme "envoyer les hommes à l'abattoir", selon le consultant. Le capitaine Ibrahim Traoré a en partie justifié son putsch par la "dégradation sécuritaire continue".
Djibo a été ravitaillé depuis par l'armée en hélicoptère: 70 tonnes de nourriture y ont été acheminées pour pallier l'urgence. Le dernier convoi arrivé à Djibo date de début septembre. Sur le chemin du retour, un car de civils avait explosé sur une mine artisanale, tuant 35 civils.
Vendredi, une cérémonie de décoration à titre posthume et d'inhumation des militaires tombés à Gaskindé a été annoncée à Ouagadougou. "Et nous les civils, aura-t-on une aide et une reconnaissance de l'Etat?" s'interroge un chauffeur.
par Charles Faye
IMPÔT-TOYABLE
Notre budget national va culminer à 6 400 milliards CFA. Par quelle alchimie l’administration Sall va-t-elle procéder pour atteindre cet objectif sachant notre rapport avec les impôts, que nous feintons sans remorts ?
https://maderpost.com/impot-toyable/ |
Charles Faye |
Publication 07/10/2022
La bourse pour le social ! Par la magie d’une année pré-électorale, 2023, qui se veut solidaire des populations, qui tireront Djiné par la queue par la faute d’une récession mondiale alimentée par le Poutine, notre Budget national va culminer pour la première fois, à 6 400 milliards de francs CFA.
Par quelle alchimie l’administration Sall va-t-elle procéder pour atteindre cet objectif qui passera par le vote des députes de la Loi de Finances 2023 ?
Et bien, en partie par le programme Yaatal, que la Direction générale des impôts et des domaines entend mener à bien et à terme, sous le magistère de Batche Niass, procurateur en chef des flics du fisc !
La fiscalité, parlons-en !
Plus précisément de notre rapport avec les impôts, que nous feintons sans remorts, disparaissant des radars, en se faufilant entre les mailles de l’emprise fiscale.
Dans une démocratie aboutie, parce qu’elle n’est pas qu’un rendez-vous électoral, encore faudrait-il savoir qu’elle a une filiation avec les impôts, nous ne serions pas moins de 10% du fichier à contribuer.
Sur les 6 millions et quelques électeurs que nous sommes, moins de 600 mille honorent leur devoir de contribution fiscale.
Quand on entend le tintamarre syndical, voit le saccage de nos établissements publics et casses des Dakar Dem Dik, on se dit que tout ce beau monde est dans son droit, puisque son courroux relève d’un acte mesurant le degré de sa citoyenneté et donc du paiement en bonne et due forme des impôts sur le revenu.
Problème, le Sénégal enregistre moins de 100 mille contribuables réels, auxquels il faut ajouter 145 mille agents fonctionnaires et 300 mille salariés du secteur privé, soit un total se situant entre 500 mille et 600 mille cotisants. Soit 8% de la population active, qui tourne tout de même autour de 6 millions de personnes.
Dites-moi où est le hic.
On est bon pour faire la queue dans les centres de vote, pour élire nos présidents fans de 3e mandat, les députés et élus locaux, mais pas aussi bon pour aller au-delà des taxes sur la consommation.
Moralité, nous ne sommes pas nombreux à devoir demander à nos gouvernants ce qu’ils font de notre argent.
Voilà pourquoi les politiques font le mariole. Voilà ce qui explique que le débat soit toujours biaisé.
Cela dit, pour atteindre ses objectifs, Yaatal peut compter sur la floraison d’immeubles qui surplombent Dakar et sa Corniche confisquée, sur la cartographie foncière sur toute l’étendue du territoire, sur la modernisation et la digitalisation des données, sur la discrimination positive, voire sur l’affectation d’un NINEA foncier à titre de numéro d’identité fiscale dans le domaine foncier.
Sans compter le monde des affaires, tous secteurs confondus.
Le jour où nous serons des millions à payer l’impôt, notre démocratie marchera sur ses pieds et nos politiciens, pardon acteurs politiques, ne nous prendront plus pour des pigeons.
VIDEO
AU MALI ET AU BURKINA, C'EST LA RUSSIE QUI AGIT
François Hollande, ancien président français et auteur du livre “Bouleversements” (Ed. Stock), était l'invité de France 24 et RFI. Frédéric Rivière et Roselyne Febvre reviennent sur le Mali, le Burkina Faso et la guerre en Ukraine ainsi que la Russie
François Hollande, ancien président de la République et auteur du livre “Bouleversements” (Ed. Stock), était l'invité de mardi politique. Frédéric Rivière et Roselyne Febvre reviennent sur le Mali, le Burkina Faso et la guerre en Ukraine ainsi que la Russie.
LE TEMPS DES MANOEUVRES À YAW
Avec l’annonce d’une amnistie pour Khalifa, c’est une nouvelle ère qui s'ouvre pour la jeune et fragile coalition de l'opposition. Si le projet se matérialise, les positions vont devoir se déterminer selon les affinités avec les deux principaux leaders
Certains pensaient que pour 2024, le duel de l’opposition pourrait opposer Ousmane Sonko à Barthélemy Dias. Avec le recouvrement, par Khalifa Ababacar Sall, de ses droits civiques et politiques, les menaces qui planent sur la tête de l’actuel maire de Dakar (Barthélemy Dias) la donne est partie pour changer de manière drastique. Si l’on en croit le dissident de Yewwi Askan Wi, le président de la CDR/Fonk Sa Kaddu, Déthié Faye, il ne fait l’objet d’aucun doute que ‘’la réhabilitation de Khalifa va impacter lourdement sur l’avenir de Yewwi Askan Wi’’.
Dans ce compagnonnage, indique l’ancien membre de la Conférence des leaders de Yaw, il y a une sorte de jeu de dupes. ‘’D’abord, on a mis Khalifa comme président de la Conférence des leaders, parce que certains pensaient qu’il n’aurait pas la possibilité de candidater. Ils pensaient qu’en lui montrant une certaine considération et un certain égard, ils pourraient bénéficier de son soutien pour les échéances futures. Maintenant que le président semble aller dans le sens de la recommandation de la Mission d’évaluation du processus électoral et du dialogue politique en lui faisant recouvrer son droit de vote, cela va fausser complètement leurs calculs’’, analyse le leader démissionnaire de Yewwi Askan Wi.
Si la volonté du président de la République, exprimée lors du dernier Conseil des ministres, est matérialisée, Khalifa Sall va en tout cas participer, s’il le souhaite, à la prochaine Présidentielle. Et il est peu probable que l’ancien maire de Dakar se désiste pour aller soutenir un autre candidat, si l’on sait que cette échéance pourrait être sa dernière chance, lui qui aura 68 ans en 2024.
Déjà, dans une interview sur RFI et France 24, il affirmait avec force qu’il compte se présenter en 2024, nonobstant l’inéligibilité qui pesait sur sa tête. Déthié Faye persiste : ‘’Malgré ces déclarations et manifestations d’intérêt, chacun faisait ses calculs. Mais à partir du moment où il est clair que rien ne s’oppose à la candidature de Khalifa, il est certain que chacun va essayer de cultiver son jardin et se donner les chances d’être le président.’’
Certains leaders n’auront pas attendu ce moment pour aller prendre leur destin en main. Parmi eux, Cheikh Bamba Dièye, Moustapha Sy Djamil, Moustapha Guirassy, pour ne citer que ces derniers. Pour Déthié Faye qui a été l’un des tout premiers à claquer la porte, la liste est bien plus longue. ‘’Regardez tous les chefs de parti qui étaient là au lancement et ce qu’il en reste aujourd’hui. Même Malick Gakou, depuis quand vous ne le voyez pas dans les sorties de la Conférence des leaders ? En fait, tout le monde sait comment fonctionne cette coalition. Ceux qui ont des ambitions et qui veulent se positionner pour 2024 ont pris leurs responsabilités depuis très longtemps. Parce que personne ne veut être envoyé à l’échafaud’’, insiste notre interlocuteur, non sans préciser que la cassure est très profonde.
À Yewwi Askan Wi, les leaders qui restent sont ceux qui acceptent de se ranger sans condition derrière les responsables incontestés que sont Khalifa Ababacar Sall, Ousmane Sonko et, dans une moindre mesure, le Parti de l’unité et du rassemblement du guide religieux Serigne Moustapha Sy. Tous les autres ne sont que des variables, à qui on fait jouer des rôles selon les circonstances. D’ailleurs, lors des points de presse des leaders, la plupart du temps, ce sont les trois derniers à prendre la parole. Khalifa, bien que présenté comme le président de la Conférence des leaders, passe souvent avant Ousmane Sonko qui est le dernier à prendre la parole.
Avec ‘’l’amnistie’’, c’est le temps des manœuvres. En direction de la Présidentielle de 2024, chacun va devoir se déterminer selon sa proximité de l’un ou de l’autre leader. D’ailleurs, il faut rappeler que pour Ousmane Sonko, on n’a pas perdu du temps dans la course à la Présidentielle de 2024. À peine sorti des Législatives, alors même que certains n’avaient pas fini de cogiter sur les résultats, il a lancé en grande pompe sa candidature. Depuis, il ne cesse de clamer : ‘’Personne ne peut m’empêcher d’être candidat.’’
L’équation Barthélemy Dias
Certains pourraient trouver impertinente ou inopportune une telle question, pensant que logiquement, le maire de Dakar devrait se ranger derrière son leader Khalifa Ababacar Sall. Mais les confidences de certains proches de Yewwi laissent croire que le choix est loin d’être évident.
En effet, depuis l’emprisonnement de Khalifa Ababacar Sall, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Alors que le patron de Taxawu Senegal semble avoir perdu de son poids électoral, Ousmane Sonko et Barth n’ont eu de cesse de voir leur cote de popularité grimper. À tel enseigne que certains sont tentés de se demander qui de Khalifa ou de Barth a le contrôle de Dakar ?
Au-delà de la perte de légitimité de Khalifa, entre les deux, il y a eu le malaise des élections locales, quand le patron hésitait à se déterminer dans son choix pour le candidat, entre son poulain et Soham El Wardini. À l’époque, soufflait-on, Ousmane Sonko, en fin politicien, s’est très tôt positionné en faveur de celui qui va devenir le maire de Dakar. Beaucoup, parmi ses proches, pensaient alors que le choix de Barth pour la prochaine Présidentielle leur était déjà acquis. Et l’épisode du dépôt de la liste départementale de Dakar aux Législatives aurait pu en être un accélérateur.
Dans une allusion à peine voilée, Barth avait cité nommément un proche de Khalifa, en l’occurrence Saliou Sarr, comme complice d’un complot visant à l’empêcher d’être député de Dakar, en plus d’être le maire de la capitale. Pendant ce temps, ses proches ne mettaient pas de gants pour accuser directement Khalifa Ababacar Sall comme l’instigateur. Ironie de l’histoire, c’est Ousmane Sonko qui s’était vu obligé de laver à grande eau Khalifa (alors hors course), non sans rejeter toute la faute sur l’actuel maire de Dakar (présenté comme possible alternative de Taxawu Senegal).
Passé ce malaise qui a failli imploser la coalition Yaw, Khalifa et Sonko semblent de plus en plus se convaincre de la force de Barthélemy Dias qui n’est plus ce nain politique condamné à s’adosser à un quelconque appareil. Comme s’ils s’étaient passé le mot, lors de la dernière Conférence des leaders, aussi bien Khalifa que Sonko ont senti le besoin de faire une ‘’motion de soutien’’ pour la coqueluche de Dakar, dans son différend avec le Groupe futurs médias. Le premier s’est même vu obligé de rappeler ses 20 ans de compagnonnage avec son successeur à la ville de Dakar.
Si c’était un jeu auquel dépend le futur engagement de Barth, inutile de dire que le maire de Ziguinchor a remporté la manche.
VIDEO
LES COUPS D'ÉTAT MILITAIRES SONT DES CUL-DE-SAC
Le philosophe et historien camerounais Achille Mbembe parle de la fondation de l'innovation pour la démocratie lancée ce jeudi 6 octobre 2022 en Afrique du Sud. L'initiative faisait partie des recommandations du dernier sommet Afrique-France à Montpellier
Près d’un an après le sommet Afrique-France de Montpellier, les travaux continuent en Afrique, avec des cycles de forums prévus dans différents pays. Un premier dialogue est organisé en Afrique du Sud à partir du 7 octobre, autour du thème de la démocratie.
Et c’est à cette occasion que le philosophe et historien camerounais Achille Mbembe, cheville ouvrière du sommet, lance l’une des propositions phares de son rapport remis au président français Emmanuel Macron.
MANIFESTATION DE SOUTIEN AU CAPITAINE TRAORÉ À OUAGADOUGOU
Les manifestants, agitant des drapeaux russes et burkinabè, se sont réunis en début d'après-midi devant le siège de la RTB. Ils ont dit être sortis spontanément pour défendre le nouvel homme fort du pays contre des généraux qui voudraient le destituer
Plusieurs centaines de jeunes burkinabè ont manifesté jeudi après-midi à Ouagadougou pour soutenir le nouvel homme fort du pays, le capitaine Ibrahim Traoré, après des rumeurs de contestations internes à l'armée, a constaté l'AFP.
Les manifestants, agitant de nombreux drapeaux russes et burkinabè, se sont réunis en début d'après-midi devant le siège de la radio télévision nationale RTB en centre-ville. Ils ont dit être sortis spontanément pour défendre le capitaine Traoré contre des "officiers généraux" qui voudraient le destituer.
"Nous avons appris que les généraux sont en concertation pour nommer l'un d'entre eux à la place du capitaine Traoré. Ca ne passera pas! Ni aujourd'hui, ni demain", selon Amadou Congo, commerçant.
Ibrahim Traoré a renversé vendredi le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, lui-même arrivé au pouvoir par la force en janvier. Ce dernier s'était d'abord opposé à sa destitution après la déclaration du putsch vendredi soir, avant de finalement démissionner et quitter le pays dimanche soir.
Des rumeurs ont depuis couru à Ouagadougou sur une présumée division au sein de l'armée entre d'une part les officiers subalternes dont le capitaine Traoré porterait les aspirations, et d'autre part les haut-gradés de l'armée, dont le lieutenant-colonel Damiba faisait partie.
Après environ une heure de rassemblement, un militaire est venu rassurer les manifestants en verve, les assurant que "ce qui est en train d'être dit, pour telle ou telle chose, ce n'est pas cela, on se calme".
Le gouvernement a démenti en fin d'après-midi "des informations qui circulent depuis ce matin sur les réseaux sociaux (faisant) état de généraux en réunion à l'état-major et des véhicules militaires qui descendraient" sur Ouagadougou.
"Ces informations sont infondées", selon le communiqué signé du secrétaire général du ministère de la Communication, reçu par l'AFP. Le calme est progressivement revenu au Burkina Faso après le putsch de vendredi et le week-end agité qui s'en est suivi.
Les nombreux drapeaux russes brandis ont mis au centre du coup d'Etat la question de la lutte d'influence entre l'ancien colon français et la Russie. Le capitaine Traoré, jusqu'alors président de la junte militaire qui avait porté au pouvoir Damiba et dont il a pris la place, a été officiellement désigné président mercredi soir.
LANCEMENT D'UNE FONDATION POUR LA DÉMOCRATIE EN AFRIQUE
Une fondation pour la démocratie en Afrique, dont le principe avait été décidé il y a un an lors du sommet Afrique-France à Montpellier, a été lancée officiellement jeudi à Johannesburg et sera présidée par le philosophe Souleymane Bachir Diagne
Une fondation pour la démocratie en Afrique, dont le principe avait été décidé il y a un an lors du sommet Afrique-France à Montpellier, a été lancée officiellement jeudi à Johannesburg et sera présidée par le philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne.
Le président français Emmanuel Macron avait annoncé en octobre 2021 la création d'un fonds d'innovation avec une «gouvernance indépendante», pour aider les «acteurs du changement» sur les questions de gouvernance et de démocratie. Sa dotation a été accrue à 50 millions d'euros sur cinq ans.
Ce fonds, qui a ensuite pris la forme de cette fondation, était l'une des principales propositions de l'intellectuel camerounais Achille Mbembe, penseur majeur du postcolonialisme, chargé de préparer le sommet.
M. Mbembe, qui enseigne à l'université de Witwatersrand à Johannesburg où la fondation siégera, fera partie de son conseil d'administration, précise un communiqué de la fondation qui a un statut d'ONG. Elle aura aussi trois antennes régionales en Afrique ainsi qu'à Marseille, précise ce texte.
«Nous sommes fiers d'accueillir cette initiative africaine pour une réflexion collective et innovante, soutenant les dynamiques endogènes dans le domaine de la démocratie en Afrique», affirme Zeblon Vilakazi, vice-chancelier de l'Université de Witwatersrand.
Elle «vise à mettre en relation la jeunesse africaine de tous horizons (...) Ses programmes et outils seront dédiés à un large public, des chercheurs aux artistes, des entrepreneurs sociaux aux gestionnaires d'ONG qui sont actifs dans le domaine de la démocratie», explique M. Diagne, professeur à l'université américaine de Columbia, dans ce communiqué.
M. Mbembe, pour préparer le sommet de Montpellier, avait lancé une soixantaine de «dialogues» sur plusieurs mois dans douze pays africains, sur des thèmes comme la santé, le climat, le colonialisme, l'égalité, la démocratie.
VIDEO
LES GRANDES ANNONCES DE MACKY À TIVAOUANE
En prélude à la célébration de l’édition 2022 du Gamou de Tivaouane prévue samedi prochain, le chef de l’Etat s’est rendu jeudi dans la cité de Seydi El Hadj Malick Sy pour effectuer son ‘’ziarra’
n prélude à la célébration de l’édition 2022 du Gamou de Tivaouane prévue samedi prochain, le Chef de l’Etat, Macky Sall, s’est rendu jeudi dans la cité de Seydi El Hadj Malick Sy pour effectuer son ‘’ziarra’. Une occasion pour le président de la République de faire de fortes annonces pour Tivaouane.
Lors d’une cérémonie à la suite d’un tête-à-tête avec le khalife général des Tidianes, Serigne Babacar Sy Mansour, Macky Sall, accompagné d’une forte délégation, a informé que la mobilisation du financement pour la réalisation de l’autoroute Dakar-Thiès-Tivaouane-Saint-Louis est en très bonne voie et le démarrage des travaux ne devrait pas tarder. Il a également annoncé la construction d’un grand centre de formation aux métiers de l’avenir pour les jeunes de la cité religieuse. Pour ce dernier projet, le chef de l’Etat a précisé que le financement est déjà disponible.
QUI EST LE CAPITAINE IBRAHIMA TRAORÉ, LE PLUS JEUNE CHEF D'ÉTAT AU MONDE ?
"Qui est-ce ?", comme à l'accoutumée en Afrique de l'Ouest, le visage du jeune capitaine était inconnu avant qu'il ne prenne le pouvoir par la force au Burkina Faso vendredi: six jours plus tard, son portrait s'affiche déjà dans les rues de Ouagadougou
"Qui est-ce ?", comme à l'accoutumée en Afrique de l'Ouest, le visage du jeune capitaine Ibrahim Traoré était inconnu avant qu'il ne prenne le pouvoir par la force au Burkina Faso vendredi: six jours plus tard, son portrait s'affiche déjà dans les rues de Ouagadougou.
Au grand marché de la capitale burkinabè, la photo de Traoré, béret rouge de l'armée de Terre sur la tête et tenue militaire, s'affiche désormais sur les étals de photos à vendre aux côtés de celles du héros national Thomas Sankara, président putschiste assassiné en 1987, ou de Jésus.
Le jeune capitaine de 34 ans – ce qui en fait le plus jeune chef d'Etat au monde devant le président chilien Gabriel Boric, 36 ans – a renversé vendredi le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, lui même putschiste en janvier 2022.
Natif de Bondokuy (ouest), il étudie la géologie à Ouagadougou et rejoint l'armée en 2010. Il est diplômé de l'Académie militaire Georges Namonao, une école de formation d'officiers moins glorieuse que le Prytanée militaire de Kadiogo (PMK) dont son prédécesseur Damiba et nombre de hauts gradés burkinabè sont issus. Il sort vice-major de la promotion nommée "Citoyenneté", raconte un ancien élève qui a étudié avec lui. Il y était "discipliné et valeureux", assure-t-il.
"Respecté"
S'en suivent dix ans de carrière au front: il est déployé dans le nord et le centre du pays frappés par les attaques jihadistes, puis au Mali en 2018 au sein de la mission de l'ONU, la Minusma. Il est nommé capitaine en 2020. Un fait d'armes marquant survient cette année-là quand la ville de Barsalogho, à une quarantaine de km de Kaya dans le centre où il est alors basé, est attaquée par des groupes jihadistes qui menacent de la faire tomber.
La route étant réputée minée, le capitaine Traoré entame alors avec ses hommes un "rallye commando" à pied, raconte un officier supérieur anonymement, pour libérer la ville. Le genre de décisions qui font que l'homme est "respecté de ses hommes et a fait parler de lui dans différentes opérations", souligne la même source à l'AFP.
Ironie de l'histoire, le parcours récent de Traoré s'est inscrit dans les pas de celui du lieutenant-colonel Damiba, qu'il a fini par renverser. Lors du putsch contre le président d'alors Roch Marc Christian Kaboré, le 24 janvier, qui a porté Damiba au pouvoir, Traoré est membre de la junte putschiste, le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR).
En mars, le président Damiba le nomme chef d'artillerie du régiment de Kaya, d'où viendra petit à petit la grogne. Nommé par ses camarades porte-parole des membres du MPSR sur le terrain, il est mandaté plusieurs fois à Ouagadougou pour plaider un changement de stratégie auprès du président.
C'est finalement faute d'avoir été entendu, disent plusieurs de ses soutiens, qu'il aurait marché sur Ouagadougou vendredi, quelques jours après une énième attaque, cette fois contre un convoi de ravitaillement escorté par l'armée dans le nord. Bilan, 27 morts militaires et 10 civils tués.
"Exaspération"
"Le capitaine Traoré est le symbole de l'exaspération des militaires subalternes et des hommes de rang", ceux qui sont au front, par opposition aux gradés réputés friands des salons feutrés, estime le consultant en sécurité Mahamoudou Savadogo.
Traoré aura la lourde tâche de reprendre l'ascendant dans la lutte contre les groupes jihadistes, certains affiliés à Al-Qaïda d'autres à l'Etat islamique, qui ne cessent de gagner du terrain depuis qu'ils ont débuté leurs attaques au "pays des hommes intègres" en 2015. Il a promis de faire "dans les trois mois" ce "qui aurait du être fait dans les huit mois passés", une critique directe de son prédécesseur.
Militaire renversant un autre militaire, Traoré est une nouvelle preuve, selon Savadogo, de "la dégénérescence de l'armée qui n'existe presque plus et qui a fini de se déchirer avec cet énième coup d'Etat". Sa prise de pouvoir s'inscrit également dans une lutte globale d'influence entre France et Russie en Afrique francophone, où les anciennes colonies françaises sont de plus en plus nombreuses à se tourner vers Moscou.
Les manifestants qui l'ont soutenu à Ouagadougou ce week-end en brandissant des drapeaux russes et en scandant des slogans anti-France, ont fait du coup d'Etat de Traoré un élément de plus dans "la remise en cause de l'influence française en Afrique de l'ouest", estime une source diplomatique africaine au Sahel.
Reste qu'après sa prise de pouvoir, Traoré est, selon de nombreux interlocuteurs de l'AFP à Ouagadougou, porteur d'un nouvel espoir, un nouveau départ dans un pays qui ne cesse de s'enfoncer dans la guerre sahélienne depuis 2015. Lundi, L'Observateur Palgaa, journal burkinabè, titrait bibliquement: "Ibrahim, l'ami intime de Dieu, pourra-t-il nous sauver?"