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25 avril 2025
Développement
par Abdou Fall
COP 27, POUR D’AUTHENTIQUES RÉPONSES AFRICAINES AUX ENJEUX ET DÉFIS DU CLIMAT
Si c’est au nom de la transition énergetique qu’on s’acharne à imposer des diktats à nos pays, il est alors important que l’Afrique se prépare à ce grand débat de notre époque
La cop 27 se prépare activement. Elle se tiendra dans quelques semaines, du 7 au 18 novembre prochain à Charm El Cheikh en terre Africaine d’Egypte.
Autour du thème "Jouer collectif dans la lutte contre le changement climatique ", les participants vont débattre dans un contexte particulier marqué par la persistance d’une covid non encore jugulée et la réalité d’une guerre à l’issue de plus en plus incertaine en Ukraine dont les conséquences pèsent déjà lourd dans les options des Etats, notamment ceux des pays riches dans leur approche du sujet énergie et climat.
Les enjeux de cette guerre sont énormes pour l’Europe au regard en particulier de la position de centralité de la Russie dans l’approvisionnement en gaz d’importants pays de ce continent.
Même chose pour l’Afrique en ce qui concerne le marché des céréales dont une part considérable provient des pays en conflit, en l’occurrence l’Ukraine et la Russie.
Autant de bonnes raisons pour justifier qu’à la réunion sur "l’adaptation en Afrique " tenue à Rotterdam le 5 septembre dernier avec la participation des présidents Macky Sall du Sénégal, président en exercice de l’Union Africaine, Felix Tshisékédi de la République Démocratique du Congo et Nana Akufo-Addo du Ghana, ensuite à la tribune des Nations Unies à New York quelques semaines plus tard, le président du Sénégal et ses collègues du continent se sont encore faits les avocats de l’Afrique par des plaidoyers engagés afin que soit revisitée la gouvernance mondiale dans le sens d’un ordre international qui tourne le dos à la primauté de la force sur le droit. Les peuples et leurs dirigeants appellent à un partenariat de nouvelle génération entre nations riches et pays en développement basé sur un juste équilibre des intérêts et des avantages entre toutes les parties.
Sur le financement du développement, la dette des pays les moins avancés, l’accès des populations africaines aux vaccins, la justice climatique et beaucoup d’autres grands sujets de portée internationale, le président Macky Sall est constant sur la ligne de front pour l’avènement d’un nouvel ordre politique et économique mondial.
Ce combat est un combat stratégique qui malheureusement ne mobilise plus comme avant les intellectuels et les politiques du continent. Il est pourtant fondamental car son issue conditionne dans une très large mesure la paix, la sécurité et la stabilité du monde dans lequel nous vivons.
Comme l’écrivait avec force Maître Babacar Niang, à la suite du Professeur Cheikh Anta Diop, dans des éditoriaux célèbres des organes du Rassemblement national démocratique ( Rnd ) des années 80 , " la paix et la sécurité précèdent et sont les conditions du développement."
Il est évident, en toute lucidité, que les énormes inégalités caractéristiques du monde actuel, inégalités entre les nations et au sein des nations, sont devenues intolérables pour des milliards d’êtres humains fermement engagés dans la revendication d’un monde plus juste et plus solidaire. Dans ce combat on note l’émergence d’une masse critique de plus en plus importante d’activistes radicaux et de groupes fanatiques de toutes obédiences habités par " un ardent désir de tuer " bien supérieur à " leur peur de mourir ", et avec des moyens de violences égaux ou parfois supérieurs à ceux des Etats.
En alertant et en mettant en garde de manière constante sur les exigences de renégociation des termes d’un partenariat mondial de nouvelles générations assis sur un socle solide de respect mutuel, de justice et de saine solidarité, le président du Sénégal assume avec constance un devoir de vérité et un leadership africain incontestable que les intellectuels, hommes politiques et société civile de notre pays et du continent doivent se donner l’obligation patriotique de soutenir.
Notre engagement commun est d’autant plus crucial sur ces sujets que dans la perspective de la Cop 27 de Charm el Cheikh, il est capital que l’Afrique parle d’une seule voix face aux pays industrialisés qui nous ont fait lors du sommet précédent de Glasgow la mauvaise surprise d’une résolution tendant à l’interdiction de tout financement destiné à l’exploitation par nos pays de leurs ressources énergétiques classées dans le lot des fossiles. Le cynisme est allé au point d’y inclure le gaz dont tout le monde reconnaît le faible niveau de toxicité sur le climat. Et ceci au moment où ces mêmes pays riches continuent de recourir à des produits autrement plus nocifs, notamment le gaz de schiste et le charbon pour répondre à leurs besoins fondamentaux d’approvisionnement en énergies.
Curieux paradoxe d’une scène internationale où les pays industrialisés pollueurs exigent des pays Africains, principales victimes des gaz à effets de serre dont ils contribuent pour moins de 5 %, qu’ils s’en tiennent de façon unilatérale à une éthique de production respectueuse du climat au moment même où les industriels des pays riches , avec le soutien de leurs états, continuent de plus belle d’exposer l’humanité entière aux pires risques de destruction de la planète que nous avons en commun.
Toutes ces raisons justifient à suffisance que la Cop 27 de Charm El Cheikh marque le tournant d’une participation africaine placée sous le signe de la vigoureuse prise en main de notre destin , sur les sujets énergie et climat en particulier .
Les initiateurs de ce qui deviendra le Conseil patronal des énergies renouvelables du Sénégal (Coperes), en association avec Enda énergie et avec le soutien du gouvernement du Sénégal et la Cedeao, avaient organisé, en octobre 2015, une conférence africaine sur la souveraineté énergétique du continent. Ce fut un franc succès avec la participation de 22 pays. Les résultats consignés dans la "Déclaration de Dakar" avaient été solennellement livrés au Président Macky Sall la veille de la Cop 21 de Paris.
Cette importante contribution des acteurs du secteur privé et de la société civile du continent reste encore d’une grande actualité au regard des enjeux cruciaux du moment.
Dans le contexte actuel , trois défis majeurs s’imposent à l’Afrique dans la perspective de la Cop 27 de Charm et au-delà : le défi de l’accès universel à l’énergie, le défi de notre entière souveraineté à définir par nous-mêmes notre politique de mix énergétique et celui enfin de la promotion des énergies productives pour le développement industriel .
L’accès universel à l’énergie comporte à la fois des enjeux de souveraineté, de dignité et de développement.
S’il est établi, comme écrit Jacques Attali, "qu’aucune économie de vie n’est possible sans un minimum énergétique et industriel", l’accès universel à l’énergie pour la satisfaction des besoins vitaux des ménages et de notre appareil productif est aujourd’hui une sur-priorité pour l’Afrique.
Il faut bien tirer de manière lucide les leçons de l’expérience de la récente crise sanitaire de la covid 19 qui a frappé le monde dans son ensemble. Malgré son impact sur l’économie mondiale et la forte mortalité engendrée, elle n’a donné lieu à aucun réflexe de sursaut en termes de prise en charge collective et coordonnée dans le cadre du multilatéralisme.
Ceci doit achever de convaincre de la prévalence persistante des logiques d’égoïsme national sur les logiques de co-responsabilité et de solidarité dans la gouvernance des problèmes du monde.
Il est bien arrivé le temps pour les dirigeants, les élites et les peuples africains de faire le constat définitif de cette évidence pour en tirer toutes les conséquences.
Faire face au défi vital de l’accès universel à l’énergie, c’est non seulement l’inscrire au rang de sur-priorité dans nos politiques nationales et communautaires, mais c’est aussi organiser un vaste élan de mobilisation d’investissements intra-africains, largement à notre portée tant du côté du capital Africain endogène qu’auprès de nos compatriotes de la diaspora.
C’est en s’engageant résolument dans cette voie que l’Afrique sera plus à l’aise pour décider en toute souveraineté de son mix énergétique en fonction de ses sur-priorités d’accès à l’énergie pour tous.
C’est d’ailleurs dans ce cadre que doit se poser le débat Africain sur la transition énergetique. Transition oui ! Mais quelle transition ?
Si c’est au nom de la transition énergetique qu’on s’acharne à imposer des diktats à nos pays, il est alors important que l’Afrique se prépare à ce grand débat de notre époque. Ce chapitre sur le climat concernant la transition énergétique est un front de lutte aussi important que les autres. "La bataille des mots est essentielle en politique car c est avec par des mots qu’on conquiert des territoires idéologiques " ( Edgar Morin ) .
La transition des nations depuis longtemps souveraines , confortablement installées dans le cercle vertueux et irréversible du développement économique et social peut- elle avoir le même contenu que celle des nations confrontées à un déficit structurel d’acces en matière d’accès â l’énergie ?
Il se pose là tout l’enjeu du débat sur le financement par les pays pollueurs de la transition en cours dans les pays en développement pour arriver à des sociétés plus inclusives, résilientes et sobres en carbone.
Le financement par les pays pollueurs de la transition énergetique dans nos pays ne relève ni de l’aide classique encore moins de charité . Il répond à des engagements internationaux actés par devoirs de justice , de réparation et de régulation dans le rapport global du développement au climat .
Le Sénégal, sous ce rapport, est bien fondé à revendiquer avec force ses droits et sa liberté de choix dans ce domaine. S’il a pris l’option du " gaz to power " , c’est pour réduire au maximum les impacts sur l’environnement de sa production future de pétrole et de gaz.
Le pays se prévaut par ailleurs d’un taux gratifiant de plus 30% d’énergies propres dans son mix énergétique, performance qui le place parmi les meilleurs en Afrique et sur les autres continents.
L’option retenue , c’est de rester en toutes circonstances fidèle à cette ligne de responsabilité dans l’exploitation des ressources en énergies fossiles du pays . Ce qui se fera dans des conditions écologiquement rationnelles et vertueuses. Le souci restera constant de sauvegarde des équilibres entre renouvelable et non renouvelable dans sa politique de mix énergétique en empruntant une trajectoire de développement respectueuse de l’environnement , sobre en carbone et résiliente aux changements climatiques . C’est l’engagement de nos dirigeants.
Il est temps enfin que les pays industrialisés pollueurs se rendent comptent de leur côté de l’évidence qu’elle est terminée l’époque de "l’alliance du cavalier et du cheval". Nous devons être aujourd’hui dans le temps des partenariats de co-responsabilité et des solidarités si nous voulons réellement un monde en développement dans la paix et la sécurité.
La nouvelle alliance avec l’Afrique doit désormais se construire dans la perspective de l’exploitation intelligente et sur une base concertée et mutuellement avantageuse de son énorme potentiel énergétique, notamment en renouvelables pour que le continent puisse emprunter un itinéraire d’industrialisation à la fois accélérée et alternatif, efficace et écologique.
Abdou Fall est ancien ministre d’État, ambassadeur de bonne volonté en développement durable au titre de l’agence pour les énergies renouvelables , l’économie d’énergie et l’efficacité énergétique de la Cedeao (Ecreee / Cedeao)
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DAKAR ACCUEILLE LA DEUXIÈME ÉDITION DE LA CONFÉRENCE SUR LA SOUVERAINETE ÉCONOMIQUE ET MONÉTAIRE DE L’AFRIQUE
La rencontre prévue du 25 au 28 octobre 2022 mettra à l’honneur des invités de marque venus des quatre coins de la planète autour du thème : « Faire face à la crise socio-écologique : l’actualité de la déconnexion et la question des réparations globales »
SenePlus publie ci-dessous, la note conceptuelle de la deuxième édition de la conférence sur la souveraineté économique et monétaire de l’Afrique prévue 25 au 28 octobre 2022 à Dakar.
Lors de la première édition de la Conférence sur la Souveraineté Économique et Monétaire de l’Afrique (novembre 2019 à Tunis), les participants ont souligné que les pays africains, malgré leur grande diversité, ont un déficit de contrôle sur leurs ressources réelles et financières ainsi que sur leur agenda de développement. Les legs du colonialisme, particulièrement manifestes à travers l’émiettement politique du continent et son rôle d’exportateur de produits primaires voire de produits manufacturiers basés sur une force de travail à bas coût, les contraintes particulières du système monétaire et les dynamiques de classes continuent de façonner la manière dont les sociétés africaines luttent pour accroître le contrôle sur leurs propres ressources. Le règne sans partage de l’approche économique mainstream dans les enseignements universitaires et dans la conception des politiques publiques contribue à reléguer à l’arrière-plan les réflexions et démarches permettant d’envisager différemment les questions de développement. L’une des recommandations principales de la première édition a été que le continent doit œuvrer à accroître sa souveraineté économique et monétaire, afin de se prémunir de la grande volatilité de l’économie mondiale, visible à travers la récurrence des crises de dette souveraine, et d’être moins dépendant de programmes d’aide des pays du Nord dont les résultats demeurent mitigés.
Malheureusement, la pandémie de Covid-19 a conforté le diagnostic qui avait été établi à Tunis. Autant elle a fait ressortir les faiblesses structurelles du continent africain, autant elle a été une expérience grandeur nature des limites du système économique mondial. Face à un problème de santé publique globale, les pays du Nord ont préféré réserver les vaccins à leurs populations à l’exclusion de celles du Sud Global. Ils ont été peu enclins à lever les droits de propriété intellectuelle empêchant la production des vaccins anti-covid par les pays du Sud à des prix accessibles pour eux. Ils ont choisi de se placer du côté des créanciers privés et multilatéraux plutôt que de concéder des annulations de dette rendues nécessaires par les circonstances exceptionnelles associées à la pandémie de Covid-19. Quant à l’émission de nouveaux droits de tirage spéciaux (DTS), elle n’a fait que rendre encore plus évident le caractère asymétrique du système financier international. Avec une clé de répartition basée sur le poids économique plutôt que le besoin objectif, les DTS ont majoritairement échu aux pays du Nord qui n’en ont pas vraiment besoin et ne savent pas trop quoi en faire. La part modeste allouée aux pays du Sud ne leur permet pas de faire face à leurs défis conjoncturels.
La gestion égoïste du Covid-19 par les pays du Nord n’a donc pu que renforcer la vision qui enjoint le Sud Global, l’Afrique notamment, à se déconnecter du système mondial. La logique de la déconnexion, dans la formulation proposée par Samir Amin, n’est pas celle de l’autarcie mais plutôt celle de la lutte pour reconfigurer les relations globales, avec l’objectif de faire prévaloir durablement les intérêts des peuples du Sud sur les exigences du système global. Mais comment se déconnecter ? Qui peut se déconnecter ? Quelles conditions doivent être mises en place ? Voilà des questions pratiques loin d’être simples que la seconde édition de la conférence sur la souveraineté économique et monétaire souhaiterait aborder plus en profondeur.
En Afrique, les réflexions sur le thème de la déconnexion remontent au début des années 1980 avec la mise en œuvre des plans d’ajustement structurel, voire même au seuil des indépendances, si l’on considère la vision panafricaniste du président ghanéen Kwame Nkrumah ou le plaidoyer pour l’autosuffisance de son homologue tanzanien Julius Nyerere. De nos jours, il semble nécessaire de poser la question de la déconnexion dans le cadre d’un triptyque qui inclut deux autres problématiques adjacentes : la crise socio-écologique ; et la question des réparations globales.
De plus en plus de travaux alertent sur la trajectoire non-soutenable d’un point de vue environnemental de l’économie mondiale. La poursuite des schémas d’accumulation économique, tels ceux observés dans les pays du Nord et, à un moindre degré, en Chine, contribue à accélérer les changements climatiques, les pertes de biodiversité, la fonte des glaciers, l’acidification des océans, etc. Il est maintenant scientifiquement établi que les températures moyennes de la planète ont commencé à augmenter significativement à partir du 19e siècle avec l’industrialisation des pays riches d’aujourd’hui. L’amorce de cette nouvelle ère géologique qualifiée d’anthropocène, voire, parfois de manière plus suggestive, de capitalocène, a lancé une sorte de course contre la montre. L’humanité doit se mobiliser avant qu’il ne soit trop tard, avant que l’on atteigne des points de non-retour où les choses ne seront plus entre nos mains. Tel est de manière basique le message régulièrement transmis par les nombreux rapports du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC).
Il faudra donc nécessairement changer de modèle économique. Il faudra aller vers des formes d’industrialisation « verte » et, plus généralement, de structures de production et de consommation moins dépendantes des énergies fossiles, plus économes en ressources et plus soucieuses de la durabilité écologique. Sur ce point, des propositions variables peuvent être observées dans les pays du Nord, partant des perspectives plus radicales comme la Décroissance à celles plus conservatrices tournant autour de l’idée d’une « croissance verte » basée sur l’innovation technologique et des solutions pro-marché. À mi-chemin entre les deux, il y a les projets de Green New Deal promus par des partis d’orientation social-démocrate.
Dans la perspective des pays du Sud, et de l’Afrique en particulier, la question est de savoir comment éventuellement réaliser une déconnexion dans cette configuration. Premièrement il est sous-entendu que les modèles passés d’industrialisation ne leur seront pas accessibles car ils reposaient sur un exceptionnalisme écologique qui s’avère aujourd’hui insoutenable et donc non-généralisable à tous les pays de la planète. Deuxièmement, alors qu’ils ont toutes les peines du monde à assurer l’accès à l’électricité et à une vie décente à leurs populations, les pays du Nord semblent leur dire qu’ils doivent se détourner des énergies fossiles qui, pour un certain nombre d’entre eux, constituent une source importante de revenus d’exportation et de rentrées fiscales. Troisièmement, les pays du Nord ne semblent leur donner aucune garantie que les scénarios de transition écologique qu’ils envisagent ne se feront pas à leur propre détriment, en renouvelant les formes de dépendance. Certains activistes évoquent déjà le spectre d’un « colonialisme vert ».
Conscients à la fois de l’urgence du problème climatique, des défis spécifiques auxquels sont confrontés les pays du Sud et du fait que ces derniers ont été (et seront) plutôt des victimes du capitalocène que ses fers de lance, des mouvements pour la justice climatique ont émergé progressivement ces dernières décennies pour exiger des réparations globales de la part des pays du Nord au profit de leurs minorités raciales et des pays du Sud. Ces réparations concernent par exemple les crimes contre l’humanité, à l’instar de l’esclavage et du colonialisme, et les injustices climatiques. Bien que les mouvements en faveur de réparations globales incluent dans leurs revendications les dimensions mémorielles et épistémiques, ils tendent à insister surtout sur les transferts monétaires unilatéraux.
Quel que soit l’avis que l’on pourrait avoir sur la question des réparations globales, il est clair qu’une transition énergétique bénéfique à tous, aussi bien aux peuples du Nord qu’à ceux du Sud, nécessitera des transferts nets de ressources des pays du Nord vers les pays du Sud. Or, jusque-là, c’est plutôt l’inverse que l’on a observé. Pour des raisons diverses, les pays du Nord tendent à recevoir des transferts nets de ressources de la part des pays du Sud. Comment inverser cette situation « anormale » ? Dans quelle mesure la nécessité de transferts nets de ressources de la part du Nord peut-elle s’articuler à une stratégie déconnexion du Sud ? Quelles réformes faudrait-il éventuellement apporter à l’ordre économique mondial dans l’optique d’une transition écologique globale et inclusive ? Quels changements faudra-t-il envisager pour les systèmes monétaires et financiers aux échelles nationale et globale ? Quelles sont les implications pour les politiques industrielles et commerciales ? Etc.
Voilà autant de questions qui seront au menu de la seconde édition de la Conférence sur la souveraineté économique et monétaire de l’Afrique. Placée sous le sceau de la solidarité internationale, cette rencontre mettra à l’honneur des invités de marque venus des quatre coins de la planète. Avec en prime une diversité de perspectives analytiques – Panafricanisme, Éco-socialisme, Féminisme décoloniale et panafricaniste, Économie féministe, Décroissance, Théorie Monétaire Moderne (MMT), Économie Institutionnelle, Marxisme, etc. – qui promet des débats enrichissants. Ce sera peut-être l’occasion de former le noyau d’un nouveau mouvement internationaliste avec une sensibilité pour les questions d’économie politique et de justice globale.
LE POLITIQUE, LE DROIT ET LA VOLONTÉ DU PEUPLE
EXCLUSIF SENEPLUS - Ériger en tabou, en thriller ou en casus belli, la question de la date de fin d’un mandat dans une République, c’est distiller un érosif sur la substance même du contrôle social
La question du troisième mandat a diffusé un malaise social dans l’espace public sénégalais. Ériger en tabou, en thriller ou en casus belli, la question de la date de fin d’un mandat dans une République, c’est distiller un érosif sur la substance même du contrôle social.
Pire, remettre entre les mains d’un exégète imbus du « droit divin », de la science infuse et d’un juridisme de destruction massive, la tâche, à la fois burlesque et périlleuse, de transformer un tronc d’arbre en crocodile, c’est boire à la grande tasse dans le fleuve de l’oubli.
Du reste, depuis les débats sur le vote de la loi sur le parrainage, il est observable que la terre (Sénégal) tourne autour du Montesquieu du pouvoir. Par un tour de passe-passe à la vitesse de la foudre, ce dernier avait ressuscité Montesquieu dans son mouchoir de poche.
En effet, seul un tour de magie (tuur lëndëm), peut autoriser à faire référence à Montesquieu tout en défendant le contraire de ce qu’il a écrit. Car, aussi lointain que l’on cherchera un ancrage historique du parrainage dans le droit sénégalais, son affiliation généalogique au parrainage français restera ineffaçable. Le talent interrogeable du prestidigitateur en chef ne suffit pas.
En tout état de cause, le problème de fond est ailleurs dès lors que cette loi a des appartenances sociale, politique, institutionnelle et contextuelle spécifiques. Car pour (le vrai) Montesquieu, la loi est non seulement la raison humaine, mais elle doit être propre au peuple pour lequel elle est faite (Montesquieu, 1758).
(le vrai) Montesquieu énumère seize (16) déterminants d’une loi, toutes, sans exception, absentes de la loi sur le parrainage (Montesquieu, id,).
De plus, toujours selon (le vrai) Montesquieu, la loi n’est pas la voie royale pour changer les choses : « Lorsque l’on veut changer les mœurs et les manières, il ne faut pas les changer par les lois ; cela paraitrait trop tyrannique : il vaut mieux les changer par d’autres mœurs et d’autres manières »[1].
On aurait pu se passer de Montesquieu (le vrai) ici, si son avatar de la république (le Montesquieu du pouvoir) ne l’avait pas fait se retourner dans sa tombe. En effet, Cheikh Anta Diop a esquissé à main levée la direction à prendre. Il faut résolument « bâtir un corps des sciences humaines »[2] africaines.
Contribuer à la dissolution des apories du droit sénégalais et mettre en perspective la question des modalités et conditions du remplacement des « mauvaises lois » par de « bonnes lois » à travers l’identification de mécanismes nouveaux de cohésion et de défense sociale pertinents, devraient être la doxa du Montesquieu du pouvoir.
Le détournement délibéré des lois qui traduit le primat du politique sur le Droit et la volonté du peuple, vaporise la crédibilité de la justice tout en revitalisant sa critique.
L’inadéquation des lois a pour conséquence entre autres, la mise en place d’un faisceau de crypto-lois. Des lois parallèles, informelles qui font le lit de la corruption et des disruptions. Ces crypto-lois sont considérées par les protagonistes de l’espace socio-politique, comme étant plus opérantes pour se défaire de l’injustice.
Autrement dit, sous les déterminismes des « mauvaises lois » les acteurs socio-politiques utilisent des manœuvres de contournement des règles pour structurer leurs actions et interactions (Marion Vacheret, Guy Lemire, 2007.), (Phillipe Combessie, 2009.).
Les différentes pratiques parallèles de l’acteur social, remplacent dans un secret de Polichinelle, le cadre normatif officiel dans le but de contester « l’art de vaincre sans avoir raison » (Cheikh Hamidou Kane, 1961) que lui impose le système.
Cet écart entre les lois et les réalités du milieu socio-politique fait aussi partie des apories à désagréger au regard de la configuration actuelle du champ politique et de sa grammaire d’émancipation (Cyril Lemieux, 2018).
Il apparaît ainsi que faire des lois, de bonnes lois, revient à œuvrer pour la dissolution des illégalismes sociaux.
C’est une question de délai. Les envolées lyriques du Montesquieu du pouvoir, contredites de façon récurrente par les événements finiront par exacerber les tensions sociopolitiques. Les vents des quatre coins du Sénégal souffleront sur son écran de fumée pour dévoyer les vérités d’une logique politique peuplée de suppléments qui plissent la volonté du peuple.
L’instrumentalisation pour ne pas dire la domestication de la justice par le politique a pris des formes singulières notamment la disqualification des listes électorales qui renforce la perception du concubinage incestueux. L’élection présidentielle de 2024 en ligne de mire entre dans une phase critique d’anomie ou la ruse et les calculs politiciens seront des puissants leviers d’une mobilisation politique sans précédent dans l’histoire post-coloniale du Sénégal.
[1] Charles Louis de Secondat, Baron de La Brède et de Montesquieu, De l’esprit des lois, p.353.
EXCLSUSIF SENEPLUS - Depuis peu, certains membres de la majorité sont de plus en plus nombreux à répéter que Macky a droit à une troisième candidature. Ils augmentent ainsi les risques de danger pour la République et nous courrons vers l’abîme
A Podor, pendant l’hivernage, il nous était interdit de traverser le fleuve à la nage pour aller sur l’autre rive en Mauritanie. Nos parents nous prédisaient qu’un petit maure allait nous capturer et nous réduire en esclavage. Nos parents occultaient ainsi les risques que nous encourions lors de cette traversée. Oui, il nous arrivait de traverser le fleuve à la nage, pour aller chaparder quelques patates douces et autres fruits, dans les vergers sur l’autre rive. C’était même une de nos activités favorites et un défi que nous nous lancions entre gamins, pour prouver aux autres que nous étions meilleur nageur qu’eux.
C’est bien plus tard que je compris que cette histoire de maure était une sorte de couverture et que la véritable raison de cette interdiction était d’éviter les lamantins qui remontaient le cours du fleuve en période de crue. Les chances de croiser un lamantin pendant votre traversée et qu’il vous noie sont peut-être de 1 sur 1000, mais si vous traversez tous les jours, vous périrez de noyade d’ici quelques années.
Nos parents avaient juste développé ce qu’on appelle une « paranoïa constructive »* en ce qui concernait la traversée du fleuve ; c’est-à-dire un moyen de nous préserver des potentiels dangers à faible probabilité mais dont l’occurrence répétée est porteuse de hauts risques.
On pourra dire que Sonko, en ce qui concerne le salon de massage, a ignoré la “paranoïa constructive”. Il n’a pas été attentif aux dangers comportant un faible risque à chaque occurrence mais dont les risques ont augmenté avec une fréquence répétée.
Les alliés de la majorité n’ont pas voulu être en reste. Ils se sont engouffrés dans la perspective d’une éventuelle troisième candidature du président Sall. Certains de leurs membres avaient commencé à arpenter les médias pour venir nous seriner que le président avait droit de se représenter à un troisième mandat. Ces déclarations épisodiques prêtaient à sourire. Elles ne comportaient pas de gros risques pour la République, tant qu’elles étaient épisodiques.
Depuis peu, ils sont de plus en plus nombreux dans leur camp à le répéter. Ce faisant, ils augmentent les risques de danger pour la République et nous courrons le risque de finir au fonds de l’abîme.
Il nous faut développer une paranoïa constructive, c’est-à-dire être prudent avec les thèmes qui représentent le plus de dangers pour notre République.
C. Tidiane Sow est coach en Communication politique.
Note:
*Jared Diamond, Ornithologue, Auteur: The world until yesterday
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SELOUA LUSTE BOULBINA, PENSER LE MOMENT POSTCOLONIAL
La philosophe franco-algérienne travaille sur les multiples aspects de la décolonisation sous l’angle des subjectivités et sous l’angle des savoirs. Elle est persuadée que les artistes peuvent contribuer à la décontamination du passé
Seloua Luste Boulbina est une philosophe franco-algérienne née en 1957. Elle travaille sur les multiples aspects de la décolonisation sous l’angle des subjectivités et sous l’angle des savoirs. Elle invite à penser la période coloniale au travers du concept de colonie plutôt que de colonisation. Elle cherche à intégrer, en tant que philosophe, la dimension de l’inconscient dans le regard sur le passé. Elle est persuadée que les artistes peuvent contribuer à la décontamination du passé.
Seloua Luste Boulbina a notamment publié Le Singe de Kafka et autres propos sur la colonie (2008), ainsi que L'Afrique et ses fantômes : écrire l'après (2015).
SITUATION TOUJOURS TENDUE AU BURKINA
Qui dirige le Burkina Faso? La confusion régnait à Ouaga samedi soir après une déclaration de l'armée ne reconnaissant pas la prise du pouvoir, la veille, par des militaires qui avaient annoncé avoir démis le chef de la junte, le lieutenant-colonel Damiba
Qui dirige le Burkina Faso? La confusion régnait à Ouagadougou samedi soir après une déclaration de l'armée ne reconnaissant pas la prise du pouvoir, la veille, par des militaires qui avaient annoncé avoir démis le chef de la junte, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba.
Dans sa première réaction depuis vendredi soir, l'Etat-major général des Armées a reconnu traverser "une crise interne", mais indiqué que les "concertations" se poursuivaient.
"Quelques unités ont pris le contrôle de certaines artères de la ville de Ouagadougou, demandant une déclaration de départ du lieutenant-colonel Damiba", ajoute le communiqué qui précise que cette tension "ne représente pas la position de l'institution".
De leur côté les putschistes ont affirmé samedi après-midi dans une allocution télévisée que M. Damiba préparait une "contre-offensive" depuis "la base française de Kamboinsin", un camp militaire proche de Ouagadougou où des forces spéciales françaises forment leurs homologues burkinabè.
Le ministère des Affaires étrangères français a "démenti formellement toute implication dans les évènements en cours depuis hier au Burkina".
"Le camp où se trouvent nos forces françaises n'a jamais accueilli Paul-Henri Sandaogo Damiba, pas davantage que notre ambassade", a poursuivi Paris.
Pour l'heure, le sort et la localisation de M. Damiba restent inconnus.
En fin d'après-midi, deux institutions françaises ont été prises pour cible par des manifestants: un incendie s'est déclaré devant l'ambassade de France à Ouagadougou, a constaté un journaliste de l'AFP, et un autre devant l'Institut français à Bobo-Dioulasso, selon des témoins dans cette ville de l'ouest du pays.
A Paris, le Quai d'Orsay a immédiatement réagi, "condamnant les violences contre notre ambassade avec la plus grande fermeté" et ajoutant que "la sécurité de (ses) compatriotes" était sa "priorité".
Ces attaques "sont le fait de manifestants hostiles, manipulés par une campagne de désinformation à notre encontre", a déclaré sa porte-parole, Anne-Claire Legendre, en "appelant les parties prenantes à assurer la sécurité" des bâtiments diplomatiques.
Dans leur déclaration de samedi après-midi, signée du capitaine Ibrahim Traoré, autoproclamé nouveau chef de la junte vendredi soir, les putschistes ont mentionné leur "ferme volonté d'aller vers d'autres partenaires prêts à aider dans la lutte contre le terrorisme".
Vendredi, quelques heures avant le coup d'Etat, plusieurs centaines de personnes avaient manifesté dans la capitale pour réclamer le départ de M. Damiba, mais aussi la fin de la présence militaire française au Sahel et une coopération militaire avec la Russie.
L'influence de Moscou ne cesse de croître dans plusieurs pays d'Afrique francophone ces dernières années et il n'est pas rare de voir des drapeaux russes dans de telles manifestations.
Crainte d'affrontements
Après une nuit et une matinée calmes, la situation s'est de nouveau tendue dans Ouagadougou à la mi-journée, à la suite de tirs et des déploiements de militaires dans les rues laissant craindre des affrontements entre les partisans de M. Damiba et les nouveaux putschistes.
Les principaux axes de la ville étaient bloqués et des hélicoptères survolaient à faible altitude le centre-ville, selon un journaliste de l'AFP.
Vendredi soir, après une journée émaillée de tirs dans le quartier de la présidence à Ouagadougou, des soldats étaient intervenus à la télévision nationale pour annoncer qu'ils démettaient de ses fonctions M. Damiba.
Ils ont annoncé la fermeture des frontières, la suspension de la Constitution et la dissolution du gouvernement et de l'Assemblée législative de transition. Un couvre-feu a également été mis en place de 21h00 à 05h00 (heure locale et GMT).
Le nouveau chef autoproclamé de la junte, le capitaine Traoré, était jusqu'à présent le chef de corps du Régiment d'artillerie de Kaya, dans le nord du pays, particulièrement touché par les attaques jihadistes.
Selon plusieurs sources sécuritaires, ce coup de force révèle de profonds désaccords au sein de l'armée, l'unité d'élite des "Cobras" déployée dans la lutte antijihadiste ayant reproché notamment à M. Damiba de ne pas mobiliser toutes les forces sur le terrain.
Condamnations internationales
La communauté internationale a de son côté condamné ce nouveau coup de force.
Samedi, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Gutteres, a "fermement" condamné "toute tentative de prise de pouvoir par la force des armes".
L'Union africaine (UA) a dénoncé un "changement anticonstitutionnel de gouvernement" et l'Union européenne (UE) estimé que le coup de force mettait "en danger les efforts engagés depuis plusieurs mois" pour la transition.
La diplomatie américaine a elle "exhorté les responsables à désamorcer la situation", disant "suivre la situation de près".
Dès vendredi soir, la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) avait "condamné avec la plus grande fermeté" un coup de force jugé "inopportun au moment où des progrès ont été réalisés pour un retour à l'ordre constitutionnel au plus tard le 1er juillet 2024".
Pour l'heure, les nouveaux putschistes n'ont pas indiqué s'ils comptaient respecter ce calendrier de transition.
M. Damiba était arrivé au pouvoir en janvier par un coup d'État qui avait renversé le président Roch Marc Christian Kaboré, discrédité par la hausse des violences jihadistes.
Mais ces derniers mois, des attaques frappant des dizaines de civils et de soldats se sont multipliées dans le nord et l'est, où des villes sont désormais soumises à un blocus des jihadistes.
Depuis 2015, les attaques récurrentes de mouvements armés affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique (EI) ont fait des milliers de morts et provoqué le déplacement de quelque deux millions de personnes.
Avec les deux putschs au Mali en août 2020 et mai 2021 et celui en Guinée en septembre 2021, c'est le cinquième coup d'Etat en Afrique de l'Ouest depuis 2020.
par Jean Pierre Corréa
COURAGE POLITIQUE REQUIS
Concernant les accidents de la route, le mal réside dans nos capacités à tordre les règles des contrôles techniques à coups de billets, dans notre regard complaisant sur les garages de mécanos où l’on vend officiellement des pièces de voitures fausses
« La Lucidité est la Brûlure la plus proche du Soleil ». René Char.
Les cadavres s’amoncellent sur nos routes mortifères, des vies sont définitivement brisées, et pourtant les accidents de la route continuent d’ensanglanter les pages de nos journaux. Passées les émotions, les discours incantatoires sur la discipline routière, et parfois les condoléances télévisées du chef de l’Etat aux parents des victimes, quand vraiment là, y’a trop de morts, et que ça fait voyant, le Sénégal retombe dans la chronique quotidienne des accidents de la route mortels. Mais puisque nos vies ne valent pas tripette, les autorités de notre pays refusent de regarder les choses en face et d’évoquer, puis de prendre en charge les véritables questions auxquelles il convient d’urgence d’apporter des réponses fermes à une coupable faiblesse.
Les autorités concernées par ce drame national, réajustent chaque jour leurs œillères, afin de ne pas regarder dans quelles directions il est impératif de sévir. Le Directeur du CETUD lui-même était apparemment tranquille lorsqu’il déclara un jour que « plus de 90 pour cent des accidents incriminent le facteur humain la fatigue, l’indiscipline. C’est pourquoi l’Etat a mis en œuvre des projets dont le permis à points ». Sur ce point précis, il fait remarquer que beaucoup de documents de transport circulent au Sénégal. Par exemple il y a officiellement 996 000 permis de conduire qui ont été délivrés régulièrement par l’administration des transports routiers, alors qu’il y a plus de 3 millions de permis qui circulent dans le réseau. Ce qui fait qu’il y a près de deux millions de faux permis qui circulent au Sénégal.
Il y aurait donc un Sénégalais sur quatre qui aurait le permis de conduire, vrai ou faux, pour le moment, ce n’est pas la question, ce qui tendrait à dire qu’ils sont sensés posséder une voiture… Cela fait sourire. Mais avec plus de 2 000 000 de faux conducteurs, on s’étonne encore de convoquer le facteur humain. Mais la réponse est dans la question. Comment, par quel circuit de corruption adossé à un réseau d’influences, autant de faux documents ont-ils été délivrés ? Leurs détenteurs ipso facto ne connaissent rien au code de la route, ce qui nous offre à voir des charretiers emprunter l’autoroute à péage et se présenter tranquille à la file « Rapido ». Puisqu’il pense que c’est juste un chemin ! Comme au bled ! Autre cécité de nos autorités, qui est à la base même du problème, c’est le contrôle technique.
Tâchons d’évacuer la question avec une métaphore : S’il était fait dans les règles de l’art et sans pression de quelconque lobby, nos villes seraient-elles embouteillées ? Encore une fois, la réponse est dans la question. Prenons nos cars rapides. Ils sont souvent immatriculés « DK A », ce qui date leur existence aux années 70. Refaits, soudés de partout, soudures qui en fait provoquent plus de dégâts que le choc lui-même, il était convenu de renouveler ce parc antique par de nouveaux véhicules de transports en commun. C’était plus qu’un projet, c’est un programme, financé, piloté dans la douleur par le CETUD, mais qu’il est impossible de dérouler, parce que des lobbies veulent continuer à prospérer tranquillement dans le désordre actuel.
Vous avez dit « contrôle technique » ? Savez-vous quelle est l’activité commerciale la plus lucrative qui se déroule aux portes du CETUD à Hann ? C’est la location de « triangles d’avertissement » et d’extincteurs d’incendie. Au vu et au su de tous les agents qui sont habilités à délivrer le quitus, aux automobilistes. Vous les louez en rentrant au contrôle technique et vous le rendez en sortant ! Et le tour est joué, tant pis si un défaut de ces objets aura causé des morts ensuite.
L‘ordre empêche les Sénégalais de prospérer et cela n’arrange pas de réorganiser ce secteur aux milliers d’emplois informels… Mais silence… Ils peuvent continuer à tuer. Ils achètent des bidons de liquide-freins, dont ils savent que ces bidons ne contiennent que du « Savon de Marseille » pilé, et alors ? Ils disent à haute voix « Bissimillah » avant de démarrer, ils ont convoqué par là-même Dieu, leur plus efficace, selon eux, « garçon commissionnaire », ils ont en réassurance absolue, collée sur le pare-brise, la photo de leurs marabouts, si par extraordinaire ils devaient commettre un accident mortel, c’est que vraiment Dieu n’est pas dans un bon jour !
Les accidents de la route, ne sont en rien une fatalité mais résultent d’un ensemble de tares consubstantielles à notre culture rurbanisée d’une part et matérialiste d’autre part.
La France a su en 15 ans passer de 17 000 morts sur les routes chaque année à un peu moins de 3 000 ces dernières années. Cela s’est fait dans la douleur de la contrainte. Peut-il y avoir de développement et même de démocratie sans contrainte ? Tous savent où réside le mal. Mais sénégalaisement, on regarde ailleurs, là où le consensus suinte d’hypocrisie coupable.
Le mal réside dans nos capacités à tourner les lois, à tordre les règles des contrôles techniques à coups de billets dans les enveloppes, dans notre regard complaisant sur les garages de mécanos où l’on vend officiellement des pièces de voitures fausses. Notre mal réside dans cette évidence qu’il est interdit de punir, dans ces curieuses scènes où un conducteur mettra sa ceinture de sécurité non pas pour se protéger d’un choc, mais du racket d’un policier.
De quoi parle-t-on ? De sanctionner les contrevenants. Bonne intention, sauf que vous devriez surtout sanctionner ceux qui ont autorisé ces épaves criminogènes à rouler.
Il faut autre chose que des condoléances pour redresser ces faits tordus qui amochent notre quotidien et le pare de tant de bêtises. Il faut de la poigne et pour cela il faudrait que les corps qui sont chargés de faire respecter nos lois soient eux-mêmes respectables.
Cela dit, des infrastructures ont été réalisées, mais cela prouve juste que l’on ne peut parler des Infrastructures sans mettre à niveau la superstructure, l’éducation, la réflexion, la citoyenneté, le civisme et la probité. Mais rien ne sera possible sans la lucidité nécessaire pour le pouvoir, de devoir s’attaquer au tréfonds de notre ADN et de nos habitudes qui a pour nom : corruption. Le permis à points est la dernière histoire drôle. Comment ôter des points sur un faux permis ? Pliés en quatre de rire, nous attendons la réponse.
Ce ne sont pas des condoléances, monsieur le président, que nous voulons recevoir, même si c’est très gentil de votre part. Nous voulons un grand coup de balai. Et tout le monde sait bien que pour bien nettoyer un escalier il faut aller de haut en bas.
LA FRANCOPHONIE N'EST PAS POUR L'HÉGÉMONIE DE LA LANGUE FRANÇAISE
Selon la SG de la Francophonie Louise Mushikiwabo, l’adhésion de pays francophones comme le Togo et le Gabon au Commonwealth doit plutôt être vue comme une opportunité et non une menace à l’espace francophone
La Secrétaire générale de la Francophonie Louise mushikiwabo est candidate à sa propre succession à la tête de l’organisation qu’elle dirige depuis 2019. En visite dans les studios de la VOA à Washington, l’ancienne chef de la diplomatie rwandaise promet de poursuivre les réformes engagées pour reformer et moderniser cette organisation. Le 18e sommet de la francophonie est prévue fin novembre en Tunisie.
Au micro d’Abdourahmane Dia, Louise Mushikiwabo a dit que l’adhésion de pays francophones comme le Togo et le Gabon au Commonwealth doit plutôt être vue comme une opportunité et non une menace à l’espace francophone.
VIDEO
PAUL-HENRI DAMIBA SOUS PROTECTION FRANÇAISE ?
Fanny Noaro-Kabré, correspondante de TV5 Monde à Ouagadougou, et Ousmane NDiaye, rédacteur en chef Afrique, analysent le putsch au Burkina Faso et la situation du lieutenant-colonel Damiba
Fanny Noaro-Kabré, correspondante de TV5 Monde à Ouagadougou, et Ousmane NDiaye, rédacteur en chef Afrique, analysent le putsch au Burkina Faso et la situation du lieutenant-colonel Damiba.
OUAGADOUGOU REPLONGE DANS LA CONFUSION
Il semblerait que des militaires restés fidèles au lieutenant-colonel Damiba veulent effectuer une descente sur la capitale. Sur des vidéos partagées sur les réseaux sociaux, des habitants fuyaient les rues pour rejoindre leurs domiciles
Après une nuit d'accalmie apparente, la confusion règne à nouveau au Burkina Faso, au lendemain d'un putsch qui a "démis de ses fonctions" le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba.
Des forces de sécurité lourdement armées se sont déployées samedi dans la mi-journée dans le centre de Ouagadougou et dans plusieurs endroits stratégiques de la capitale burkinabè et certaines artères ont été barrées.
Des témoins affirment avoir aperçu des troupes déployées vers la télévision nationale, où des barrières ont été posées sur les voies. C'est aussi le cas dans le quartier Ouaga2000, qui abrite le palais présidentiel de Kossyam.
Les commerçants du grand marché ont fermé boutique et le grand rond-point des Nations unies est complètement vide.
La veille, des militaires ont annoncé à la télévision nationale que c'est désormais le capitaine Ibrahim Traoré, 34 ans, qui dirigera la junte. Mais il semblerait que des militaires restés fidèles au président Paul-Henri Sandaogo Damiba veulent effectuer une descente sur la capitale.
Sur des vidéos partagées à travers les réseaux sociaux, des habitants de Ouagadougou fuyaient les rues pour rejoindre leurs domiciles, craignant un affrontement entre militaires.