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1 mai 2025
Diaspora
par le chroniqueur de seneplus, Jean Pierre Corréa
ENTRE PRINCIPE DE RÉALITÉ ET URGENCE D’ÉDUQUER
EXCLUSIF SENEPLUS - Même à 10 francs, le chômeur ne pourrait acheté le pain. On dissout les urgences dans la rhétorique populiste. La clé du Projet n’est pas le coût de la vie, mais le goût du travail
« Les jeunes et les citoyens de demain dont nous avons tous besoin devront être autonomes, donc capables de faire des choix et de gérer leur vie sur le plan personnel et sur le plan social, solidaires, parce que capables de se soucier d’autrui, d’agir avec les autres et pour eux, de partager leurs préoccupations, mais aussi responsables parce que capables d’assumer leurs propres actes, de tenir leurs engagements et d’achever ce qu’ils entreprennent, et surtout engagés, parce que capables de s’affirmer par rapport à des valeurs, une cause ou un idéal et d’agir en conséquence ». Quasimodo
Mon ami et brillant passeur d’intelligence, Amadou Tidiane Wone, a dans une de ses récentes chroniques, recommandé aux nouvelles autorités de notre pays de « Rester Focus » sur les demandes des citoyens sénégalais, qui leur ont valu d’être portés aux commandes du pouvoir, forts de cette confiance populaire.
Au demeurant, en un mot comme en mille, le chèque signé par le peuple aux nouvelles autorités investies de sa confiance, pour un premier mandat de 5 ans, n’est pas un chèque à blanc. Il est rempli d’exigences, dont certaines sont livrables immédiatement, et d’autres prendront le temps de réformes profondes qu’il va falloir entamer très rapidement. Autant les changements de personnels aux commandes de plusieurs leviers d’actions sont impératifs, autant le souci de la tenue, stricte, de tous les engagements pris, doit faire l’objet d’une communication gouvernementale millimétrée et d’un souci pédagogique en temps réels. Mieux, les actions liées aux changements de comportements doivent être prises en charge par les 54 % d’électeurs qui ont endossé la responsabilité de la rupture et du changement. Il s’agit, pour chacun et chacune d’entre nous, d’incarner la rupture et de lui donner corps en toutes circonstances. Pour séduire et convaincre les indécis, afin de réduire l’hostilité et la capacité de nuisance des partisans du statu quo ante. En somme, changer, c’est distribuer 17 millions de miroirs aux Sénégalais.
Cela doit être la nouvelle feuille de route du FOCUS 2024. Il faut l’endosser et la conduire.
Au lieu de cela, l’impression se diffuse que le chèque est toujours en blanc, que les tenants du pouvoir seraient encore dans leurs habits d’opposants, et amuseraient la galerie avec des polémiques et menaces inutiles et superflues à éructer lorsqu’on tient les rênes de la décision…. Un tigre ne hurle pas sa tigritude.
Les choses se mettent en place, certes, à la présidence, petit à petit incarnée par le titulaire de cette haute charge, Bassirou Diomaye Faye, qui gagne en sérénité quand son premier ministre Ousmane Sonko, continue à se battre contre, comme Don Quichotte, des moulins à vent. Pourtant le Projet semblait ficelé depuis des années, imaginé et mis en musique par des milliers de Sénégalais Patriotes à travers le monde. Ce Projet, aux allures d’Os de Mor Lam, attend d’être servi…
Au lieu de mettre les Sénégalais au travail, nous nous complaisons encore et toujours dans ce qui les rassure démagogiquement, satisfaire leurs goûts à la quasi gratuité, à savoir baisser le coût de la vie, vieux serpent de mer, qui symbolise nos incapacités chroniques à persuader nos concitoyens que la clé du Projet, n’est pas le coût de la vie, mais le goût du travail. Le pain à 10 francs ne sera pas pour autant acheté par un chômeur. Donc, l’urgence, c’est éduquer, former, outiller et insérer, devise d’un ministère central de cette révolution attendue, celui de la formation professionnelle, pierre angulaire de la construction de ce nouveau pari : Eduquer et former, urgemment.
La seule urgence qui vaille : Eduquer notre jeunesse.
Par quel mécanisme de la pensée, l’idée-même de faire une impasse sur l’avenir de nos jeunes gens, peut-elle s’imposer à des esprits responsables ?
Je pense à ceux qui gouvernent cette jeunesse ni éduquée, ni instruite, ni informée, qui est affalée toute la journée contre le mur qui soutient leur colonne vertébrale, à deviser sur Mbappé, Sadio Mané, Wally Seck ou Bathio Ndiaye, ou mieux à agonir d’injures les nouvelles autorités, seules responsables selon eux de leur inactivité et de leur désœuvrement endogène, et me dis que ces hommes qui auront donc à gérer ces zombies sont vraiment dans le brouillard. Aucune formation professionnelle, aucun rêve de vivre dans leur pays, pour la plupart déjà pères de 3 ou 4 mômes dont ils ignorent jusqu’au prénom, ces jeunes qui revendiquent deux cerveaux dans les biceps et un muscle dans le cerveau sont la poudre de la bombe qui va nous péter à la gueule dans une dizaine d’années. La mèche est allumée déjà. On le sait. Mais on ne veut pas voir. On repousse les urgences, on les dissout dans de la rhétorique populiste. Face à cette mèche qui approche du détonateur, un « Homme d’Etat » se doit de gouverner pour les générations futures, alors qu’ils ne savent endosser que le costume étriqué de l’homme politique qui n’est préoccupé que par sa réélection. Se faire rattraper par les principes de réalité, est en fait une bonne chose.
Cela leur permettra de mettre l’accent sur l’agriculture qui va conditionner notre indépendance alimentaire, ou sur l’éducation et la formation, qui vont garantir l’emploi ? A-t-on décidé que ces plans tirés sur la Comète devaient être réalisés par une jeunesse mieux formée, citoyenne, éduquée et patriote, et qu’il fallait mettre le paquet sur une jeunesse instruite et en bonne santé ? Comment va-t-on remettre les Sénégalais au travail, et surtout dans les champs ? Comment va-t-on persuader ce jeune homme ou cette jeune fille qu’ils peuvent retourner dans leurs villages, où les attendent des vrais projets de développement, ce qui leur éviterait de passer leur vie à être pourchassés par ceux qui rêvent naturellement et très justement d’avoir des trottoirs et des rues dignes d’une capitale ? Comment va-t-on faire croire au jeune homme amoureux d’une jeune fille, que pour espérer l’épouser, il ne se sentira pas condamné à prendre les « pirogues de notre plus dramatique échec » ?
Mais il y a longtemps qu’ils ne transpirent plus nos dirigeants. Quand vous voyez, Obama, Macron, qui six mois après leur élection, être couverts de cheveux blancs, du fait de leurs responsabilités les engageant à chaque signature, on est tenté de les comparer aux nôtres, qui tout au contraire, grossissent, claircissent et dégagent de la tranquillité, celle de l’irresponsabilité assumée… Depuis Abdou Diouf, qui avait eu à gérer les ajustements structurels, et dont la chevelure avait subitement blanchi, Wade étant hors concours du fait de calvitie permanente, aucun des hommes en responsabilité dans notre pays ne porte les stigmates du stress de la gouvernance…
Soyons encore plus proches et convaincus de nos talents et travaillons juste à remettre les choses à l’endroit pour que ce pays soit un des plus beaux du monde. Parce qu’il y fait bon vivre. Mais il faut de la Culture pour le savoir.
par l'éditorialiste de seneplus, Arona Oumar Kane
COMPRENDRE LE BUDGET DE LA NATION
EXCLUSIF SENEPLUS - Héritage difficile pour le nouveau gouvernement qui exécute un budget déséquilibré, sans le rectifier. Décryptage des rouages complexes de la gestion des finances publiques
Arona Oumar Kane de SenePlus |
Publication 25/06/2024
Synthèse de la Loi 2023-18 portant Loi de finances 2024
La Déclaration de Politique Générale du nouveau chef du gouvernement sénégalais est attendue dans les jours ou semaines à venir. La question du budget sera sans doute un des sujets importants qui seront abordés par le Premier ministre M. Ousmane Sonko lors de son adresse à la représentation nationale.
Il s’agit, en effet, d’un sujet crucial qui concerne tous les citoyens, car relatif à la façon dont notre argent, à nous tous, est géré par les autorités administratives. Seulement voilà, les textes de lois de finances qui définissent le budget de la Nation sont d’une telle complexité que seuls les spécialistes des finances publiques ou ceux qui se donnent la peine de les étudier sérieusement, c’est notre cas, sont en mesure d’en saisir tous les aspects. Ceci est d’autant plus regrettable que cette méconnaissance des mécanismes du budget et leurs implications dans la vie nationale est un terreau favorable à la mal gouvernance, qui conduit nos gouvernements à faire un peu n’importe quoi avec nos ressources financières sans être challengés par leurs administrés que nous sommes.
Pour aider le citoyen lambda à avoir une meilleure compréhension du budget et briser cette logique de méconnaissance généralisée de la gestion du budget, nous avons conçu un modèle de synthèse du texte de loi de finances. Cette synthèse devant permettre, grâce à des graphiques et des schémas simples sur une seule page et d’un glossaire, d’en saisir les points saillants et de comprendre la signification des principaux agrégats de la loi de finances, leurs interconnexions et leurs implications.
L’objectif poursuivi dans cet article, et ceux que nous que publions régulièrement, est de permettre une meilleure veille citoyenne sur la gouvernance de nos ressources et d’éclairer le débat public sur des aspects méconnus de la gestion budgétaire. Cela permettra, en l’occurrence, d’éviter la manipulation, en particulier de ceux qui comparent déjà la gestion budgétaire des nouvelles autorités avec la leur quand ils étaient au pouvoir. Le nouveau gouvernement ne fait en réalité, jusqu’ici, qu’exécuter le Budget dont ils ont hérité, ce qui est d’ailleurs regrettable. Une loi de finances rectificative aurait dû être présentée avant toute chose, au vu du déséquilibre scandaleux qui continue d’y avoir entre les dépenses de fonctionnement et celles consacrées à l’investissement.
Nous espérons qu’avec cette synthèse graphique, ces enjeux seront mieux cernés par nos concitoyens.
Notes explicatives
Loi de Finances La loi de finances est une loi adoptée par le parlement qui détermine, pour une année civile, la nature, le montant et l'affectation des ressources et des charges de l'État (les recettes et les dépenses). Elle est le principal instrument de la politique budgétaire et fiscale de l'État.
Loi de Finances Rectificative Une loi de finances rectificative modifie, en cours d'année, les dispositions de la loi de finances initiale. Elle permet d'ajuster les prévisions de recettes et de dépenses en fonction des évolutions économiques et financières imprévues.
Budget Général Le budget général du Sénégal représente l'ensemble des ressources et des charges de l'État pour une année budgétaire donnée. Il inclut toutes les recettes collectées et les dépenses effectuées par le gouvernement dans le cadre de ses fonctions économiques et sociales.
Comptes Spéciaux du Trésor Les comptes spéciaux du Trésor sont des comptes spécifiques gérés par l'État en dehors du budget général. Ils sont utilisés pour des opérations financières particulières qui nécessitent une comptabilité distincte. Ils s'équilibrent en recettes et en dépenses.
Budget Initial Le budget initial correspond au montant arrêté dans la loi de finances initiale. Ce montant est égal aux dépenses prévues, augmentées de l’amortissement . En principe, l'amortissement n'est pas censé être pris en compte dans le Budget, mais cette synthèse reflète les chiffres validés par la Loi de Finances initiale 2024. L’autre particularité de ce budget 2024, c’est qu’il succède à un autre budget initial sans loi de finances rectificative entre les deux, malgré les gros écarts entre les réalisations à fin 2023 et les prévisions de la loi de finances initiale. Une responsabilité conjointe du gouvernement sortant, de l’Assemblée nationale et de la Cour des Comptes, et un manquement qui en dit long sur le sérieux et la rigueur mis dans la tenue de nos comptes publics.
Recettes Les recettes représentent l'ensemble des ressources financières perçues par l'État. Elles se divisent en deux grandes catégories : les recettes internes et les recettes externes.
Recettes Internes Les recettes internes proviennent des ressources générées au sein du pays, incluant les impôts, les taxes, les droits de douane, les redevances et les cotisations sociales. Elles sont cruciales pour le financement des dépenses publiques sans dépendre de l'extérieur.
Recettes Externes Les recettes externes sont les ressources financières obtenues de l'extérieur du pays. Elles incluent les aides financières, les dons obtenus auprès des institutions internationales ou des pays étrangers. A ne pas confondre avec l'emprunt qui alimente la dette.
Dépenses Les dépenses regroupent l'ensemble des décaissements de l'État pour financer ses activités et programmes. Elles se subdivisent en plusieurs catégories, incluant les dépenses de fonctionnement et les dépenses d'investissement, les intérêts et commissions de la dette
Déficit Le déficit budgétaire survient lorsque les dépenses de l'État excèdent ses recettes. Il indique un besoin de financement supplémentaire que le gouvernement doit combler, souvent par l'emprunt. Lorsque les dépenses sont inférieures aux recettes, on parle d'excédent.
Emprunt L'emprunt est une source de financement pour l'État lorsqu'il y a un déficit budgétaire. Le gouvernement emprunte des fonds sur les marchés financiers nationaux et internationaux pour couvrir ses besoins de financement. C’est ainsi qu’une émission d’Eurobonds a été réalisée pour couvrir une partie de l’emprunt prévu dans la loi de finances 2024, arrêté à 2138,4 milliards de FCFA. Notre synthèse montre clairement que cet emprunt, complété entre autres par les Droits de Tirages Spéciaux du FMI avec les conditions que l’on sait, sert beaucoup plus à rembourser d’autres dettes qu’à financer le déficit et donc les investissements qui auraient dû être le réceptacle exclusif de la dette.
Amortissement L'amortissement représente un montant versé aux créanciers de l'Etat pour réduire l'encours de la dette. En principe, l'amortissement devrait se faire avec la croissance générée, grâce aux recettes internes. Mais quand la dette contractée n’est pas utilisée à bon escient pour alimenter de l’investissement productif mais exposée à la gabegie et aux détournements d’objectif, combinés à l’absence d’évaluation de son impact réel sur la croissance, elle ne servira qu’à jouer aux pompes funèbres pour hyènes - suul bukki sulli bukki, les Sénégalais comprennent.
Intérêts de la Dette Les intérêts de la dette sont les paiements périodiques effectués par l'État pour rémunérer les prêteurs. Ils constituent une charge financière liée aux emprunts. Ils sont inclus dans les dépenses ordinaires du budget général ou dépenses de fonctionnement.
Commissions de la Dette Les commissions de la dette sont des frais additionnels associés à la gestion et à la souscription des emprunts. Elles incluent les frais de conseil, de garantie, et d'autres coûts financiers. Ces commissions, souvent noyées par abus de langage dans les appellations “charges financières de la dette” avec les intérêts de la dette, sont de plus en plus élevées car les intérêts et commissions combinés dépassent même le principal remboursé sur certains mois, avec des montants que ne saurait seul expliquer les taux d’intérêt annoncés. Il serait utile que le gouvernement ou une commission d’enquête parlementaire se penche sur ces commissions pour en connaître la structure exacte et les bénéficiaires. On ne peut continuer à verser des centaines de milliards de FCFA de commissions sans savoir exactement à qui, à quel titre et si le service rendu est à la hauteur de ce coût exorbitant.
Service de la Dette Le service de la dette englobe l'ensemble des paiements effectués pour honorer les emprunts, incluant l'amortissement, les intérêts et les commissions. C'est une part importante des dépenses de l'État.
Dépenses de Personnel Les dépenses de personnel concernent les salaires et les rémunérations versés aux fonctionnaires et employés de l'État. Elles constituent une part significative des dépenses de fonctionnement.
Achats de Biens et Services Ces achats couvrent les dépenses liées à l'acquisition de biens et de services nécessaires au fonctionnement des administrations publiques, tels que les voitures, les biens immobiliers, les voyages, l'organisation d'évènements.
Transferts Courants Les transferts courants incluent les subventions, les dotations aux institutions constitutionnelles, aux entreprises publiques et aux collectivités territoriales, les aides sociales et les autres paiements de transfert effectués par l'État sans contrepartie directe.
Dépenses de Fonctionnement Les dépenses de fonctionnement, ou dépenses ordinaires, regroupent l'ensemble des coûts nécessaires au fonctionnement courant des services publics. Elles incluent les salaires, les achats de biens et services, les transferts courants et la charge financière de la dette.
Dépenses d'Investissement Les dépenses d'investissement, ou dépenses en capital, concernent les fonds utilisés pour financer des projets à long terme, tels que les infrastructures, les équipements publics, et les programmes de développement. Elles visent à améliorer la capacité productive du pays.
Arona Oumar Kane est Ingénieur Logiciel
Bangath Systems - Dakar
Sources:
Loi 2022-22 du 09 Décembre 2022 portant loi de finances pour l’année 2023
Loi 2023-18 du 15 Décembre 2023 portant loi de finances pour l’année 2024
Tableaux de Bord de l'Économie Sénégalaise par la DPEE
Calculs et Analyses avec SIADE, Système Intégré d’Analyse de Données Économiques par Bangath Systems
Document de Programmation Budgétaire et Economique Pluriannuelle 2025-2027
À LA PEINE, LES OLYMPIENS SÉNÉGALAIS CRIENT LEUR MANQUE DE MOYENS
Qualifiés pour les Jeux Olympiques de Paris, ils espéraient enfin voir leur dévouement récompensé. Mais les athlètes du pays font face à l'indifférence des autorités. Conditions d'entraînement déplorables, précarité financière...
(SenePlus) - Au Sénégal, être un athlète qualifié pour les Jeux Olympiques ne garantit malheureusement pas un soutien adéquat. C'est le constat amer dressé par de nombreux sportifs sénégalais dans un récent reportage du journal Le Monde.
Bocar Diop, taekwondiste de 25 ans, fait partie des 11 athlètes sénégalais qualifiés pour les JO de Paris 2024. Pourtant, comme le rapporte Le Monde, "il pensait qu'être sportif de haut niveau avec une qualification aux JO changerait un peu sa vie, c'est presque pire". Malgré une promesse de bourse de 4500 euros du Comité national olympique sénégalais (CNOSS), celle-ci ne lui est toujours pas parvenue. Sans budget, il ne peut pas s'offrir de stages d'entraînement à l'étranger, cruciaux pour se mesurer à ses futurs adversaires.
Pour se consacrer à l'entraînement, Bocar Diop a dû lâcher son emploi de soudeur. Aujourd'hui sans revenus, il est hébergé par sa fédération dans des conditions spartiates. "Ma famille m'en veut, confie-t-il. Ils ne comprennent pas que je donne tant à mon pays, sans rien en retour."
Ndèye Binta Diongue, escrimeuse qualifiée pour Paris 2024, connaît également d'importantes difficultés financières malgré une bourse du CNOSS de 18 300 euros pour 18 mois. "En France, une fois que j'ai payé mon loyer, c'est terminé", déplore-t-elle auprès du quotidien. Pour partir en stage, elle a dû recourir à une cagnotte en ligne.
Cette précarité contraste avec l'ambition du Sénégal d'être "une nation de sportifs", comme le souligne le champion d'Afrique du 110m haies Louis-François Mendy, cité par Le Monde : "Pour faire du haut niveau, il faut des moyens et des infrastructures de qualité. Malheureusement, nous ne faisons pas partie des préoccupations politiques."
Face à ces critiques, le CNOSS assure plancher sur un projet de loi visant à mieux rémunérer les athlètes d'élite. "Nous travaillons avec le gouvernement sur le Code du sport sénégalais. Dedans, il y aura un statut pour les sportifs de haut niveau avec une rémunération prévue", promet son secrétaire général Omar Sedima Diagne, cité par Le Monde.
En attendant, le manque de moyens continue d'entraver les rêves olympiques de nombreux sportifs sénégalais, contraints de choisir entre précarité et exil à l'étranger. Une réalité à laquelle ce pays réputé pour ses champions fait tristement face.
par l'éditorialiste de seneplus, tidiane sow
QUAND LE MAITRE VEUT IMITER L’ÉLÈVE
EXCLUSIF SENEPLUS - Certains de leur mainmise sur la vie politique nationale, Macron et Macky ont sous-estimé la défiance grandissante. Les calculs politiciens se sont brisés sur la sanction cinglante des urnes, révélant l'ampleur de leur déconnexion
La leçon de Macky voulant réduire l’opposition à sa plus simple expression n’a pas servi à Macron. Ce dernier ambitionnait de réduire le Rassemblement National (RN) de Marine Le Pen à sa plus simple expression et ne voilà-t-il pas qu’il a lamentablement échoué ? Dans des proportions inégalées, l’extrême droite française a remporté les élections européennes en France. Le parti de Macron, Renaissance (RE) réalise moitié moins que le RN. Du jamais vu ! Jamais l’extrême droite ne fut aussi près des portes du pouvoir en France !
Tout comme Macky, Macron fut atteint subitement de soubresauts de folie. Il s’engagea dans une fuite en avant éperdue. Quand l’élève Macky reportait l’élection présidentielle sénégalaise, le maître Macron dissolvait l’Assemblée nationale française. On eut du mal à comprendre, dans un cas comme dans l’autre, les logiques à la base de ces comportements compulsifs. Si Macky évoquait, sans trop y croire lui-même, la gravité des faits de corruption supposés touchant son premier ministre et des magistrats de la Cour constitutionnelle, Macron, lui, se bornait à évoquer un acte de confiance en son peuple face à la montée de l’extrême droite.
Et si en définitive, l’acte de Macky Sall avait jeté le Parti démocratique sénégalais dans les bras du Pastef, celui de Macron aura plutôt recimenté en un temps record, et comme par miracle, la gauche française fort moribonde et aura semé la zizanie dans les rangs de la droite, notamment chez Les Républicains (LR). Éric Ciotti, patron de LR, rêvant de victoire quoi qu’il en coûte (une autre version de « na ci bokk rekk »), a décidé de suivre le RN sans l’accord des siens, créant un rififi incroyable chez les Républicains.
Les seules logiques qui semblaient justifier les choix de l’élève Macky auraient été sa recherche désespérée de s’agripper au pouvoir pour quelques mois supplémentaires, sans qu’on sache d’ailleurs pour quoi faire. Quant à celles du maître Macron, elles semblaient résider dans sa volonté farouche de rester à la barre et de ne pas attendre que les vagues d’une éventuelle motion de censure ne le happent.
Macky savait que sans tricheries, le Pastef allait gagner. En décidant tout d’un coup de normaliser la situation politique, de libérer Diomaye et Sonko et de faire voter, au pas de charge, une loi d’amnistie à l’Assemblée où il détient une majorité relative, il s’était résolu à abdiquer et à offrir le pouvoir au Pastef.
Macron sait la cohabitation avec l’extrême droite inéluctable. Le voilà à rêver de s’acheter un monde sans histoires où, il pourrait régner en paix jusqu’à la fin de son dernier mandat. Mitterrand n’eut-il pas ses meilleurs moments de présidence avec Chirac et Balladur à la barre comme premiers ministres ? C’est bien cela l’avantage de la cohabitation. On voit mal comment le parti du président, Renaissance, pourrait se remettre de cette cuisante défaite électorale. Comme pour l’APR, le parti de Macky Sall, l’ampleur de la défaite de Renaissance fût sans précédent. L’un comme l’autre aura du mal à survivre à cette crise profonde.
Les divorces entre les autorités régnantes et leur peuple sont devenus grandissants. En France, au Sénégal, comme en Afrique du Sud, les défaites des partis au pouvoir étaient prévisibles. Cependant, partout, c’est l’ampleur des défaites qui surprend. Elle démontre combien est grande la défiance des peuples par rapport aux politiques. Les idéologies n’attirent presque plus, les gens veulent vivre, ils veulent du riz dans le bol, ils veulent du bonheur, ils préfèrent la croissance de l’indice du développement humain (IDH) qui profite à tous (donc à eux) à celle du PIB générée par 80% de la population et qui ne profite qu’à 1% !
Que faire ?
En France, il faut déconstruire les thèses racistes du RN de Le Pen et de Reconquête de Zemmour (on se demande bien de quoi) s’acharnant à démontrer au peuple français que l’obstacle majeur à leur bien-être, à leur bonheur, serait l’étranger, l’autre. Les thèmes de l’identité, de la sécurité et de l’immigration brandis par ces partis ne sont là que pour victimiser l’autre. Chassons l’autre et nous serons heureux, battent-ils en brèche. C’est cette thèse simpliste qui a prospéré au fil du temps, depuis qu’un certain François Mitterrand a mis le pied à l’étrier à une extrême droite confidentielle pour contrer sa droite. Quel triste châtiment cela aurait été pour le chef de file socialiste, s’il avait connu l’infamie de vivre ce moment de gloire du parti d’extrême droite française ! Plus de 30% aux élections législatives européennes !
Peut-on espérer que la réflexion rationnelle puisse ramener le peuple français à plus d’humanisme ?
C’est le travail colossal auquel s’attachent, depuis la débâcle du 9 juin, les blocs de centre et de gauche. Le temps leur est compté. Difficile de croire qu’ils y arriveront. Dans un contexte de brutalisation de la vie publique, ce sont les solutions extrêmes qui prévalent hélas ! Et donc l’extrême droite séduit de plus en plus. Le vote se fera assurément en ces temps troubles, sur des aspects irrationnels et émotionnels.
La roulette russe est enclenchée, espérons que le barillet n’est pas plein pour qu’il y ait au moins une chance de survie !
Dr Tidiane Sow est coach en communication politique.
Par Madiambal DIAGNE
L’OFNAC SERVI SUR UN PLATEAU… D’ARGENT
La récente opération de levée de 450 milliards interroge sur une possible prise illégale d'intérêts, alors que le Sénégal, à en croire le FMI, n'avait nul besoin d'emprunter autant de manière aussi opaque
L’agence Bloomberg avait révélé, dans une dépêche du 4 juin 2024, que le Sénégal a levé, sur les marchés internationaux de capitaux, la bagatelle de 750 millions de dollars américains, soit 450 milliards de francs Cfa. L’information a été très largement relayée par les médias. Le gouvernement daigne alors, dans un communiqué en date du 6 juin 2024, confirmer l’information, soulignant avoir réalisé l’opération «avec succès». L’organisation Forum civil, qui s’investit pour la transparence dans la gestion des affaires publiques, s’était interrogée, par la voix de son coordonnateur, Birahim Seck, sur les conditions de réalisation de cette opération. «Le ministre des Finances et du budget doit nous édifier sur le choix de JP Morgan Londres. Le problème de la transparence de l’intermédiation demeure», demande-t-il. Le gouvernement n’a encore fourni la moindre réponse à cette interpellation publique. A priori, on pouvait être indulgent à l’endroit de cette opération car, dès l’installation du gouvernement dirigé par le Premier ministre Ousmane Sonko, des voix, les plus autorisées, laissaient entendre que la situation financière héritée du régime de Macky Sall était catastrophique et qu’il fallait parer au plus pressé pour trouver des ressources financières.
Pourtant, le 11 avril 2024, le nouveau régime avait encaissé 324 milliards de francs Cfa, fruits d’un prêt garanti par la Banque africaine de développement (Bad) et autorisé par le Fmi, en décembre 2023, pour permettre de passer le premier trimestre de 2024 marqué par une période électorale.
L’opération cachée, même au Fmi : Un scandale !
Les objections formulées quant à l’opération de levée de 450 milliards de francs Cfa étaient tout bonnement ignorées. Ainsi, le fait que le Sénégal ait cette fois-ci emprunté au taux le plus cher de son historique d’endettement, à savoir 7,75%, adjugé aux investisseurs, sur une maturité aussi courte de sept ans, ne devait pas étonner. Quel est le taux définitif si on intègre les commissions et autres frais d’intermédiation gardés confidentiels ? Le gouvernement avait souligné avoir levé les fonds pour consacrer les deux tiers à «optimiser davantage le service de la dette». Allez savoir la logique d’emprunter à des taux les plus chers, pour racheter des dettes moins coûteuses ! Les brillants économistes sénégalais, qui parlaient souvent de ces questions, se sont subitement tus. Nul ne cherche à insister pour savoir dans quelles conditions la banque intermédiaire JP Morgan a été choisie, sans aucun appel à la concurrence, et que l’opération présentée comme un eurobond ne l’est point et se révèle plutôt être une banale opération de placement d’obligations directes du Sénégal auprès d’investisseurs ciblés. Dans une opération classique d’eurobonds, du style de celles réalisées les dernières semaines par la Côte d’Ivoire, le Bénin et le Kenya, et par le Sénégal sous les régimes de Abdoulaye Wade et Macky Sall, la transparence est de rigueur sur les modalités du choix de la banque conseil, les frais et commissions d’intermédiation payés. Mieux, «un road show» est organisé à l’intention des potentiels souscripteurs, avec l’assistance des institutions financières internationales publiques. Le modus operandi d’un eurobond voudrait une publicité préalable de l’opération et que les souscripteurs proposent, au cours d’une séance publique, des taux de financements affichés à l’écran, que le pays demandeur apprécie et négocie avant de distribuer le portefeuille selon ses propres critères d’appréciation. Le public est informé, jusqu’à la nomenclature des dettes rachetées à l’occasion ! Il n’en est véritablement rien de la première opération de levée de financements privés que vient de mener le ministre des Finances et du budget, Cheikh Diba, en dehors des marchés financiers régionaux. JP Morgan n’a eu à démarcher que ses clients privilégiés, et des investisseurs traditionnels non consultés ou approchés font une moue frustrée. D’autres curiosités pouvant renforcer la suspicion sont également notées. L’ancien Premier ministre britannique, Tony Blair, présenté comme un Vrp de JP Morgan, a été reçu par le Président Faye, le lendemain de l’opération «fast track» de levée de fonds, alors qu’il était jadis férocement pourfendu par Ousmane Sonko. Simple coïncidence ? En outre, des médias ont pu révéler que des cadres encartés au parti Pastef avaient été, jusqu’à une période récente, des collaborateurs de JP Morgan.
Le Fmi, un «lanceur d’alerte» pour l’Ofnac
La mission qu’une équipe du Fmi, a effectuée du 6 au 19 juin 2024, pour une revue du programme en cours avec le Sénégal (2023-2026), s’est conclue par un coup de tonnerre. Edward Gemayel, chef de mission, a révélé, au cours d’une conférence de presse à Dakar, que «le Sénégal traverse une période de surfinancement. Le pays a emprunté plus que nécessaire, conduisant à une liquidité excédentaire». Il souligne que le gouvernement dispose actuellement de plus de liquidités que nécessaire. «Ce surplus de financement résulte principalement de l’émission d’euro-obligations (eurobonds) des 3 et 4 juin 2024.» Ce qui est fait est fait, et le Fmi semble donc se résigner à «discuter avec le gouvernement de l’utilisation de ce surfinancement pour effectuer des opérations de gestion du passif». M. Gemayel ajoute, non sans saveur : «C’est-à-dire racheter des dettes à court terme plus coûteuses avec cette liquidité à plus long terme et moins coûteuse.» Seulement, on remarquera que le taux de 7,75%, déjà souscrit par le Sénégal, ne saurait être moins coûteux que les dettes à racheter ! De toute façon, le principe préconisé par le Fmi pourrait apparaître simple et Mesmin KouletVickot, représentant-résident du Fmi à Dakar, nous l’explique de manière didactique : «Le Sénégal a emprunté plus que nécessaire pour ses besoins actuels, créant ainsi des fonds excédentaires disponibles. La gestion du passif implique de réduire les coûts de la dette et d’améliorer la stabilité financière à long terme. Les fonds excédentaires, ayant des taux d’intérêt plus bas et des échéances plus longues, permettraient de rembourser des dettes plus coûteuses à court terme et de bénéficier de coûts d’emprunt plus bas sur une période plus longue. Cette stratégie permettrait d’optimiser la structure de la dette, de réduire le surfinancement et de renforcer la soutenabilité de la dette.» Question à Mesmin KouletVickot : en langage plus clair, le Sénégal avait-il un besoin vital de faire ce nouvel emprunt ? Réponse plus ou moins embarrassée : «Véritablement pas.» Pourquoi le Fmi, conseiller du gouvernement, a-t-il pu alors laisser faire ? Le représentant résident à Dakar consent à lâcher : «Non, le Fmi n’était pas informé en amont de cette opération.»
Le fait que cette opération ait été réalisée dans le dos du Fmi est de nature cavalière et rajoute à la suspicion. Pourquoi diantre se cacher du Fmi et mettre l’institution financière devant le fait accompli, alors que la transparence dans ces opérations à gros sous doit être totale, pour éviter, à tout le moins, tout soupçon de prise illégale d’intérêts ou de versement de rétro-commissions ? Est-ce de la simple malice que, dans son communiqué numéro 24/226 du 19 juin 2024, le Fmi se félicite du renforcement des pouvoirs et des moyens d’action de l’Office national de lutte contre la corruption (Ofnac) et de la protection des «lanceurs d’alerte» ? Doit-on redouter que cette affaire ne finisse par gêner les relations du Sénégal avec ses partenaires ? Le gouvernement ne semble pas être très à l’aise avec ce dossier. La communication, à l’issue des conseils de ministres du 5 juin 2024 et du 12 juin 2024, donc postérieurement à l’opération de levée de fonds, continue étonnamment de faire l’impasse sur ces fonds. Y’aurait-il anguille sous roche pour que le ministre Diba, dans sa communication du 12 juin 2024 devant le Conseil des ministres, n’ait évoqué, à en croire le communiqué publié par le porte-parole du gouvernement, que le prochain débat d’orientation budgétaire à l’Assemblée nationale ? Cette omerta est de nature à accabler un gouvernement dont la transparence reste le crédo principal clamé. D’ailleurs, le public serait-il jamais informé de cette opération, menée en catimini, si Bloomberg n’avait pas vendu la mèche ? Par exemple, le gouvernement Sonko a levé près de 150 milliards de francs Cfa sur le marché financier de l’Union monétaire ouest-africaine (Umoa), en bons et obligations assimilables du Trésor ; à savoir respectivement 28 milliards le 3 mai 2024, 68 milliards le 31 mai 2024 et 50 milliards le 6 juin 2024. Seul le petit monde de la finance a été informé de ces opérations ; nonobstant d’éventuels prêts directs souscrits avec des banques de la place. Dans une autre époque, les services du Trésor public sortaient systématiquement des communiqués pour en rendre compte.
Le risque de se fâcher avec les marchés financiers formels
Le programme signé entre le Fmi et le Sénégal prévoit un décaissement, en juillet 2024, de 230 milliards de francs Cfa sous forme de prêt concessionnel. Mais on peut s’inquiéter pour un tel décaissement. En effet, il peut apparaître quelque peu incohérent pour l’institution financière de continuer à prêter à un pays dont il a fini de relever, à la face du monde, qu’il se trouve dans la merveilleuse et enviable situation de «surfinancement». Peut-être aussi que le Fmi pourrait faire appliquer son vœu ou préconisation, qui jusqu’ici paraîtrait comme une simple clause de style diplomatique, d’utiliser les ressources empruntées pour racheter des dettes plus chères et à maturité immédiate. Les prêts concessionnels sont en effet à des taux d’intérêts quasiment nuls. Il demeure que le Sénégal aura grand intérêt à éviter de froisser le Fmi car, sans son accompagnement, le pays ne pourra plus recourir aux marchés internationaux formels ou réguliers, et s’exposerait, pour le financement de son budget, à des fonds spéculatifs ou «fonds vautours». En dépit de tous ces fonds déjà empruntés, le gouvernement garde encore un gros reliquat dans l’autorisation parlementaire d’endettement contenue dans la Loi de finances initiale 2024.
Une manne à la Bceao ou une vulgaire fiction comptable
Le commun des Sénégalais constate des difficultés ou des tensions de trésorerie au niveau des administrations publiques. Des projets et programmes sont à l’arrêt faute de financements et de nombreuses entreprises attendent des paiements échus. La fête de la Tabaski a été l’occasion de constater des problèmes de trésorerie, alors qu’on nous dit que le Sénégal disposerait d’une position à la Banque centrale qui devait excéder un solde créditeur de 1000 milliards de francs Cfa dont près de 800 milliards encaissés le 11 avril 2024 (324 milliards) et après le 5 juin 2024 (450 milliards). On veut bien croire que cet argent est réellement disponible, car le Fmi assure qu’il «ne spécule pas». Sa mission n’a certes pas visité la Bceao et s’est suffi des assurances du gouvernement. En tout cas, tout mensonge à ce niveau pourrait avoir des conséquences fatales. Une pareille ambiguïté, pour ne pas dire nébuleuse, doit interpeller au premier chef les députés qui attendent, dans les prochains jours, le Premier ministre Ousmane Sonko pour une Déclaration de politique générale. Le ministre des Finances et du budget est aussi attendu pour l’examen d’une Loi de finances rectificative et un débat d’orientation budgétaire. La majorité parlementaire Benno bokk yaakaar (Bby) doit se sentir bien concernée, elle qui observe des attaques en règle de la part des tenants du nouveau régime qui se défaussent systématiquement sur leur gestion. A l’opposé, le Fmi constate que le pays reste liquide. Qu’est-ce qui cloche ? Comment avoir des difficultés pour fonctionner alors qu’on aurait autant d’argent dans les livres de la Bceao ? Il reste qu’on relèvera quand même que la signature du Sénégal n’est pas si chahutée ou abimée qu’on a voulu le faire croire, si le régime de Bassirou Diomaye Faye a pu lever, en un claquement de doigts, sur une courte période d’un mois, plus de 600 milliards de francs Cfa sur les marchés ! Rares sont les pays africains qui peuvent se targuer d’une telle confiance des investisseurs. Les ratios d’endettement du secteur public, suite aux dernières actualisations, sont hissés à plus de 85% du Pib. Un niveau de pic que le Sénégal n’a jamais atteint auparavant. En décembre 2023, l’évaluation du Fmi portait la dette de l’administration centrale à 73,8% du Pib et la dette totale du secteur public à 81,2% du Pib. Tous les tabous sont tombés et cela place le Sénégal dans une «situation de pays à risque élevé de surendettement», avec ses conséquences sur sa viabilité économique et sociale !
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ALIOUNE NDOYE SANS FILTRE
L'ancien ministre défend le bilan de l'ancien régime dont la coalition (BBY) a été plombée, selon lui, par des "egos surdimensionnés". Il qualifie la baisse des prix de "mesurettes" et appelle à une analyse objective du secteur de la pêche
Ce dimanche 23 juin, l'émission "Point de vue" de la RTS a accueilli Alioune Ndoye, ancien ministre et maire de Dakar-Plateau. Dans une interview franche et directe, le responsable socialiste n'a pas mâché ses mots, offrant un regard critique sur la situation politique actuelle du Sénégal.
Revenant sur la défaite de la coalition Benno Bokk Yakaar à la dernière présidentielle, Ndoye a appelé à l'introspection plutôt qu'à la recherche de boucs émissaires. "Il faut avoir l'humilité de voir ce que chacun n'a pas fait", a-t-il déclaré, pointant du doigt les ego surdimensionnés au sein de la coalition.
L'ancien ministre n'a pas épargné le nouveau gouvernement, qualifiant ses récentes mesures de baisse des prix de "mesurettes". Selon lui, ces actions révèlent que les nouvelles autorités sont "rattrapées par la réalité du pouvoir", loin des promesses mirobolantes de campagne.
Sur le plan financier, Ndoye a défendu avec vigueur le bilan de l'ancien régime, notamment concernant la gestion des fonds Covid-19. Il a invité le nouveau gouvernement à se concentrer sur la résolution des problèmes plutôt que sur la "politique politicenne".
Concernant le secteur de la pêche, qu'il connaît bien pour avoir été ministre de l'Économie maritime, Ndoye a contesté l'idée d'une mauvaise gestion généralisée. Tout en reconnaissant l'existence de problèmes comme la surexploitation, il a appelé à une analyse objective de la situation.
Enfin, Alioune Ndoye a souligné l'importance pour le Parti Socialiste de se réorganiser et de redevenir un chef de parti, tout en restant ouvert à d'éventuelles "retrouvailles" avec d'anciens membres.
PAR Abdoul Aziz Diop
IRRESPONSABILITÉ AVÉRÉE
L’antirépublicanisme de la faute civique d’Amadou Ba montre l’insincérité de l’humilité de l’intermittent du politique jamais sorti vainqueur de la moindre consultation électorale, se contentant des postes clés d’État dont Macky avait le secret
L’ancien premier ministre et candidat malheureux à l’élection présidentielle du 24 mars 2024, l’inspecteur des Impôts et des Domaines - la précision vaut le détour - Amadou Ba, s’adjuge une « nouvelle responsabilité » dans un texte - exercice rarissime du plus privilégié des privilégiés - dans lequel (suivre le lien) il assume, dès le début, l'irresponsabilité antirépublicaine de l’intermittent du politique par deux courtes lignes :
« Sénégalaises, Sénégalais »,
« Mes chers compatriotes »
L’usurpation de fonction - sport favori chez nous au Sénégal - par celui qui considère qu’il a reçu mandat de s’adresser à la Nation comme le président élu, Son Excellence Monsieur Bassirou Diomaye Diakhar Faye, est manifeste. Dans quatre dispositions constitutionnelles, deux suffisent à recarder définitivement les présidents autoproclamés qui nous parlent sans qu’on sache d’où sort leur légitimité populaire et démocratique. Voici lesdites dispositions :
Article 48 :
Le président de la République peut adresser des messages à la Nation.
Article 79 :
Le président de la République communique avec l'Assemblée nationale par des messages qu'il prononce ou qu'il fait lire et qui ne donnent lieu à aucun débat.
Et précisons-le pendant que nous y sommes :
Article 52, Alinéa 2
[Le président de la République] peut, après en avoir informé la Nation par un message, prendre toute mesure tendant à rétablir le fonctionnement régulier des pouvoirs publics et des institutions et à assurer la sauvegarde de la Nation.
Article 73
Dans le délai fixé pour la promulgation [des] « lois définitivement adoptée s», le Président de la République peut, par un message motivé, demander à l'Assemblée nationale une nouvelle délibération qui ne peut être refusée. La loi ne peut être votée en seconde lecture que si les trois cinquièmes des membres composant l'Assemblée nationale se sont prononcés en sa faveur.
Du haut de ses laborieux 35,79 %, Amadou Ba est mal inspiré par sa « responsabilité nouvelle » pour s’adresser à ses compatriotes majoritairement regroupés autour du président Faye en lui assurant, dès le premier tour de scrutin, 54,28 % de leurs suffrages valablement exprimés.
L’antirépublicanisme de la faute civique d’Amadou Ba montre l’insincérité de l’humilité de l’intermittent du politique qui n’est jamais sorti vainqueur de la moindre consultation électorale, se contentant des postes clés d’État dont l’ancien président Macky Sall avait le secret de la distribution au terme de stupéfiants castings. À ce grand maître du casting mauvais, l’histoire retiendra l’élitisme antirépublicain naturellement aux antipodes de « l’élitisme républicain » avec lequel l’inventeur, le républicain français Jean Pierre Chevènement, rehaussait la parole publique du grand intellectuel en politique.
L’Énarchie à la sénégalaise
Les présidents Senghor, Diouf, Wade et Sall ne firent rien contre l’« Enarchie », version sénégalaise. Forgée, sur le modèle de « monarchie », par l’ancien ministre français Jean-Pierre Chevènement, à partir de la racine grecque «arkhos » («pouvoir»), l'Enarchie désigne, depuis la parution, en 1967, du livre de son inventeur, « les mandarins de la société bourgeoise » française où tous les postes clés sont détenus par des anciens élèves de l'Ecole nationale d’administration (ENA). Au Sénégal, c’est sans doute l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (ENAM) à ses débuts, devenue ENA, qui alimente depuis, plusieurs décennies maintenant, les cohortes du mandarinat. Plusieurs jeunes (garçons et filles) en sortent pour investir les centres de décisions. Si ce mandarinat-là a fait du tort au pays c’est parce qu’il a souvent fait oublier aux décideurs que d’autres jeunes étaient partis se former là où ils le pouvaient au Sénégal, en Afrique et dans le reste du monde. La plupart de celles et de ceux qui partirent parfois très loin, rentrèrent au pays avec un savoir-faire qui n’a jamais profité au Sénégal. Un Bacc+10 n’aura même rien obtenu pendant longtemps pour n’avoir jamais pu souscrire à un appel à candidatures pour une haute fonction publique.
Quand, encore qu’ils étaient dans l’opposition politique, deux inspecteurs des Impôts et des Domaines, Ousmane Sonko et Bassirou D. D. Faye promirent, au nom de l’égalité des chances, d’ouvrir, dès qu’ils en ont le pouvoir, les postes clés à tout.e légitime prétendant.e, la standing ovation qui salua la grande promesse avait sans doute été perçue au sommet de la hiérarchie comme l’onction administrative antérieure au changement de régime qui vient. L’inspecteur des Impôts et des Domaines, riche comme Crésus, Amadou Ba, est pour beaucoup dans ce qui arriva plus tard : la consécration de deux de ses anciens jeunes collègues dix ans après l’intérêt accru en 2014 de Ba pour la politique et la création du parti des « Patriotes du Sénégal pour la transparence, l’éthique et la fraternité » (Pastef). C’est bien contre Ba et son recruteur Sall que Sonko et Faye, moins riches mais pas pauvres, décidèrent de ne plus se fondre dans la haute fonction publique pour en assurer le contrôle en se donnant les moyens politiques et l’onction populaire leur permettant de transformer l’essai. Peut-on encore attendre d’eux la réforme du mandarinat à la sénégalaise ? Rien n’est moins sûr ! Le Sénégal serait même devenu le pays sous la férule, et pour longtemps encore, des inspecteurs des Impôts et des Domaines.
Il va de soi qu’après coup, Sonko et Diomaye ne prennent pas au sérieux Amadou Ba plus qu’ils ne le firent auparavant en lisant le texte vaseux au nom d’une « responsabilité nouvelle » qui n’est qu’une orgueilleuse demande de pardon aux « Sénégalaises et Sénégalais » qui ne le prennent naturellement pas au sérieux. « À la lumière des événements douloureux de mars 2021 et de juin 2023, notre nouvelle responsabilité est de déclarer la péremption de la violence dans le règlement des différends politiques », écrit l’ancien premier ministre de Macky Sall. Mais qui auparavant se risquerait de solder à sa place les mécomptes de l’irresponsabilité avérée dont il fit montre, se contentant de privilèges indus pour voler le pouvoir à celles et ceux qui ont trimé pour la République au cours du dernier quart de siècle (2000-2024) ? Qui ?
La « Nouvelle Responsabilité de faire de l’espace politique un cadre de confrontations d’idées » serait bien ancienne aujourd’hui si pendant dix ans (2014-2024) Amadou Ba n’aurait pas été l’attentiste de la République des paresseux qui attendaient d’être mieux servi par la politique à la petite semaine. Son texte faux n’abuse que celles et ceux pour qui la rénovation politique n’est que la lubie bien ancienne des « notoriétés intellectuelles » - parmi lesquelles celles de notre ancien parti (Alliance pour la République) - qu’Amadou Ba n’associa à aucune réflexion d’intérêt général.
Pourquoi le ferait-il maintenant ?
par Edgard Gnansounou
IL EST TEMPS D’AGIR CONCERNANT LA QUESTION MONÉTAIRE EN AFRIQUE DE L’OUEST
EXCLUSIF SENEPLUS - Le Nigeria fait semblant d’être intéressé à l’unification monétaire et la tiédeur de l’engagement des autres Etats contribue à une farce qui n’a que trop duré. Pour une stratégie graduelle en quatre phases pour contourner les obstacles
Depuis plus de quatre décennies, la volonté de parvenir à une monnaie unique en Afrique de l’Ouest nourrit des débats souvent passionnés dans la région. Elle est portée principalement par deux motivations : stimuler les échanges commerciaux communautaires d’une part, parvenir à une souveraineté monétaire régionale d’autre part. Ces discussions sont amplifiées par le rejet de plus en plus vif du franc CFA utilisé par huit pays ouest-africains et hérité de la période coloniale.
La Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avait lancé son projet de monnaie unique selon un processus qui comprenait deux étapes : (1) créer une deuxième zone monétaire, la zone monétaire de l’Afrique de l’Ouest (ZMAO) avec les sept pays non membres de l’Union Economique et Monétaire de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA) ; la ZMAO devant parvenir à une unification monétaire de ces Etats en 2015, (2) unir ensuite les deux zones monétaires avec comme monnaie unique l’ECO en 2020. L’objectif de la ZMAO se révélant être inatteignable, la CEDEAO décida d’un processus direct d’unification monétaire des quinze Etats-membres.
Le 21 décembre 2019, les présidents Emmanuel Macron et Alassane Ouattara annonçaient, au nom de l’UEMOA, une réforme dont un des trois points majeurs était l’adoption de l’ECO en remplacement du franc CFA. Cette décision était censée entrer en vigueur en 2020. L’ECO de l’UEMOA resterait arrimé à l’Euro et la France s’engageait à maintenir la garantie de sa convertibilité.
L’annonce du 21 décembre 2019 est mal reçue par l’opinion en Afrique de l’Ouest. Elle est toujours légitimement ressentie comme une récupération par la France et ses partisans du projet de monnaie unique de la CEDEAO et son instrumentalisation pour perpétuer le franc CFA en se contentant de le débaptiser. En juin 2021, le lancement de l’ECO est reporté par la CEDEAO à 2027 pour tenir compte de la crise économique provoquée par la Covid-19 et de ses conséquences sur l’atteinte des critères de convergence, préalable à l’adoption de l’ECO. Ce nouveau report interroge cependant sur la volonté réelle des chefs d’Etat de parvenir à une monnaie unique régionale.
Enfin, au cours de la campagne présidentielle au Sénégal de mars 2024, le parti Pastef prône, dans son projet, la création d’une monnaie nationale. Cette position est ensuite corrigée par les leaders de ce parti qui la conditionnent à l’éventualité d’un échec du processus de création de l’Eco.
Le Pastef ayant gagné l’élection présidentielle, le Sénégal pourrait servir d’aiguillon au projet d’unification monétaire de la CEDEAO. Mais quelles sont les chances de succès de ce projet ? Quelle alternative pour sortir de l’impasse actuelle qui se manifeste par des reports à répétition ? Le Sénégal ne doit pas se faire d’illusions sur les chances d’aboutissement à moyen terme du projet de la CEDEAO dans sa mouture actuelle. Il devrait œuvrer, de manière volontariste, à une alternative graduelle plus réaliste qui s’appuie sur les acquis actuels malgré leurs insuffisances. La Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement prévue le 7 juillet 2024 pourrait fournir une opportunité pour commencer un travail diplomatique dans cette nouvelle voie.
L’impasse du projet Eco
L’échec de la ZMAO vient du fait que le Nigéria n’a pas montré un grand enthousiasme à mutualiser ses réserves de change avec celles plus faibles des six autres Etats de la zone monétaire, contrairement à la pratique dans l’UEMOA. En réalité, ceci montre une difficulté importante du processus du projet Eco. Le comportement du Nigeria résulte moins de l’égoïsme du pays le plus riche de la région que des différences de gestion des monnaies en présence.
En particulier, l’économie du Nigeria reste dépendante des exportations de pétrole brut qui, en 2022, représentaient 78,74% des exportations du pays. La conséquence monétaire de cette situation est que le naira est souvent dévalué quand les cours internationaux du pétrole baissent.
Par ailleurs, l’économie du Nigeria s’industrialise et se diversifie pour moins dépendre du pétrole. Elle a donc un grand besoin de ses réserves de change pour importer des biens d’équipement. Cette situation n’encourage pas leur mutualisation avec d’autres pays, même si ceci pourrait changer à long terme. On pourrait en effet, s’attendre à ce qu’un meilleur équilibre des réserves de change s’établisse à l’avenir entre le Nigeria et les autres pays de la région.
Il est cependant dommage que, pour des raisons qui tiennent au fonctionnement diplomatique de nos Etats, cette impasse ne soit pas officiellement reconnue par la CEDEAO. En réalité, le Nigeria fait semblant d’être intéressé à l’unification monétaire et la tiédeur de l’engagement des autres Etats dans le projet de monnaie unique contribue à installer une farce qui n’a que trop duré.
Ainsi, dans le contexte actuel, le projet Eco de la CEDEAO n’est pas viable du fait de l’asymétrie entre l’économie du Nigéria, exportatrice nette de pétrole brut et celle des autres économies de la région qui sont importatrices nettes. La baisse des cours de pétrole est favorable aux autres économies alors qu’elle est défavorable au Nigeria qui a tendance à dévaluer sa monnaie. La mise en place de l’Eco de la CEDEAO ferait subir le même sort à la nouvelle monnaie, étant donné le poids de l’économie nigériane dans la région.
Ce diagnostic n’implique cependant pas qu’il faille maintenir le statu quo avec les huit monnaies en place ou encore créer de nouvelles monnaies nationales. Ceci ne serait pas favorable à l’intégration économique de la région.
Une solution alternative
L’unification monétaire doit être pensée dans la perspective d’une industrialisation résiliente de l’Afrique de l’Ouest qui nécessite la création d’un espace économique plus fluide. L’expérience de monnaies régionales telles que l’Euro montre que la gouvernance de la monnaie est problématique en l’absence d’une mutualisation de la gouvernance politique.
Par exemple, la montée de l’extrême droite en France et en Allemagne, à l’occasion des élections européennes de 2024, et en particulier, la dissolution de l’Assemblée nationale décidée par le président français en réaction à cette droitisation politique, ouvre l’opportunité d’un gouvernement du Rassemblement National, à l’extrême droite de l’échiquier politique en France.
On assisterait alors à un clivage entre un gouvernement de gauche en Allemagne et d’extrême droite en France, deux des piliers de la zone Euro. Si elle s’avérait, cette situation affaiblirait l’Euro dans sa parité avec le dollar américain. Les conséquences seraient par exemple, le renchérissement en FCFA des dettes des Etats de l’UEMOA libellées en dollar et des dépenses liées aux produits importés en dollar.
On voit là, d’une part pour la zone Euro, la nécessité d’adosser la problématique monétaire sur une gouvernance politique fédérale et, d’autre part pour les pays de l’UEMOA, les implications possibles de l’absence de souveraineté monétaire.
Dans le contexte de l’Afrique de l’Ouest, nous avons proposé une intégration économique et politique selon un processus devant conduire à la création en trois étapes d’une confédération à l’horizon 2045. En conformité avec cette vision, l’unification monétaire pourrait aboutir selon une feuille de route en quatre étapes.
Etape 1 - Remplacer immédiatement (en 2025 par exemple) le FCFA par l’Eco ; renoncer, par dignité, à la garantie par le trésor français de la convertibilité de l’ECO ; traiter directement avec la banque centrale européenne la coordination des politiques monétaires entre les zones Euro et Eco ; considérer la nouvelle devise comme monnaie commune (et non unique) de l’Afrique de l’Ouest ; à cette première étape, l’Eco pourrait rester arrimé à l’Euro avec la même parité que celle du franc CFA ; les conditions de cette étape ont été partiellement réunies par la décision certes contestable de l’UEMOA du 21 décembre 2009 qui a déjà été ratifiée par certains Etats de l’UEMOA ; mais il faudra en plus, par dignité, se passer de la garantie de convertibilité apportée par la France et rendre l’Eco totalement indépendant de ce pays ; assurer le maintien des Etats de l’AES dans l’UEMOA et soutenir leurs efforts militaires en vue de recouvrer l’entièreté de leur souveraineté nationale et obtenir, dans ces conditions, une gouvernance économique de ces pays compatible avec les critères de convergence ; consolider les politiques économiques des autres Etats de l’UEMOA.
Etape 2 - Mettre en œuvre ou consolider les réformes économiques au Ghana, en Gambie, au Liberia, en Sierra Leone et en Guinée pour parvenir à une convergence macroéconomique avec les pays actuellement membres de l’UEMOA, à l’horizon 2030. Au fur et à mesure, les pays qui auront atteint les objectifs de convergence de manière stable seront accueillis dans l’UEMOA rénovée c’est-à-dire débarrassée de l’influence française. L’Éco serait alors la monnaie unique de l’UEMOA rénovée. Etant donné les effets cycliques de l’environnement international sur les économies africaines, la convergence doit être entendue en termes d’harmonisation de la gouvernance économique et politique et non de la convergence quantitative à court terme d’indicateurs macroéconomiques aux comportements erratiques.
Etape 3 – L’Eco serait reformé pour l’arrimer désormais à un panier de devises incluant l’Euro, le YUAN et le Dollar américain (échéance 2035) selon un régime flottant. Ceci se ferait concomitamment à une amélioration continue de la gouvernance de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) de manière à assurer la crédibilité de l’Eco après le changement de son régime. A cette échéance, il est attendu que les quatorze Etats de la CEDEAO autres que le Nigéria soient membres de l’UEMOA rénovée. Il y aurait désormais deux devises en Afrique de l’Ouest : le NAIRA et l’Eco à la place des huit monnaies actuelles.
Etape 4 - L’UEMOA rénovée serait transformée politiquement en Fédération Sahélo-Guinéenne à l’horizon 2040. La BCEAO deviendrait la banque centrale de la Fédération Sahélo-Guinéenne.
Il est temps d’agir
Le report incessant de la monnaie unique de l’Afrique de l’Ouest est un symptôme de l’impossibilité de ce projet dans sa mouture actuelle. La stratégie que nous proposons est graduelle et réaliste. Elle permet d’éviter les perturbations économiques que produirait inévitablement une unification totale et rapide et réduirait, dans la période transitoire, des souffrances inutiles qui seraient infligées aux populations démunies.
La volonté de réduire le nombre de monnaies nationales en cours dans la région répond à la nécessité d’un accroissement des échanges économiques régionaux et à celle du développement industriel en Afrique de l’Ouest.
Les perspectives économiques des Etats de la région avec la mise en exploitation de ressources minières telles que les hydrocarbures au Sénégal et au Niger par exemple, favoriseront un accroissement des entrées de devises étrangères du fait d’un accroissement des exportations. Cette perspective doit être mise en balance par les sorties plus importantes de devises en vue d’importer des biens technologiques requis pour l’industrialisation.
La tentation de cultiver les nationalismes hérités des temps coloniaux risque d’être forte particulièrement dans les Etats ouest-africains riches en matières premières. Certains milieux inciteront à la création de monnaies nationales. Il s’agit, en particulier, de milieux favorables à l’émiettement de l’Afrique (diviser pour mieux régner) et d’autres qui empoignent, sans lucidité, le souverainisme et le prétendu patriotisme prônés par la droite radicale dans les pays occidentaux.
Les Etats ouest-africains ainsi visés pour leur dotation en ressources minières, devront résister aux tentations narcissiques de marche solitaire car il est de leurs intérêts et de ceux de tous les peuples de l’Afrique de l’Ouest de créer un espace monétaire robuste. Seuls un tel espace et une gouvernance monétaire rigoureuse et vertueuse seront en mesure d’assurer un environnement stable pour un développement économique soutenu et continu de l’ensemble de la région.
Edgard Gnansounou est président du Mouvement des Fédéralistes Sahélo-Guinéens (MFSG).
LA DIPLOMATIE DU RÉALISME
La visite de Diomaye à Paris tranche avec "la mode, aujourd'hui, d'être sur le ring avec tous ceux que l'on n'aime pas ou que l'on déteste", estime Jean-Baptiste Placca. Selon lui, "les États peuvent faire affaire sans s'aimer d'amour fou !"
(SenePlus) - Dans un monde interconnecté où "aucun peuple ne se suffit à lui-même", comme le souligne Jean-Baptiste Placca dans son éditorial sur RFI samedi, la visite à Paris cette semaine du nouveau président sénégalais Bassirou Diomaye Faye marque une étape importante pour les relations apaisées et mutuellement bénéfiques entre le Sénégal et l'un de ses partenaires traditionnels.
Lors de ce déplacement, sa première sortie hors d'Afrique depuis son élection, M. Faye a participé au Forum mondial pour l'innovation et la souveraineté vaccinales, un sujet crucial pour son pays et le continent. Mais c'est sa rencontre avec le président français Emmanuel Macron qui a retenu l'attention.
"N'est-ce pas plutôt surprenant ?" s'interrogeait M. Placca, faisant référence aux "petites inimitiés passées" entre les deux hommes lorsque Diomaye Faye était dans l'opposition. Pourtant, rien d'étonnant selon l'éditorialiste à ce que le nouveau chef d'Etat, "élu par son peuple" et non un imposteur, choisisse d'assumer pleinement son rôle en côtoyant ses pairs sur la scène internationale.
"Toute l'Afrique aime contempler les premiers pas, sur la scène internationale, de ces dirigeants auréolés d'une réelle légitimité du suffrage universel", écrit M. Placca, cité ici mot pour mot.
La visite de Diomaye Faye à Paris tranche en effet avec "la mode, aujourd'hui, d'être sur le ring avec tous ceux que l'on n'aime pas ou que l'on déteste", comme le déplore l'éditorialiste. Une posture contre-productive qui transforme "peu à peu certains peuples du continent en parias".
Faut-il pour autant y voir un "ralliement" ou une "capitulation" du Sénégal ? Nullement selon Jean-Baptiste Placca : "Les États peuvent faire affaire sans s'aimer d'amour fou !" Il prend l'exemple des relations économiques complexes mais pragmatiques entre la Chine et les États-Unis, deux puissances aux prises avec de "permanentes tensions".
"Tant de peuples prospèrent, aujourd'hui, en n'ayant que des amis, quitte à doser leur proximité avec tel ou tel, au gré des circonstances", argumente l'éditorialiste. Une voie de la raison et de l'ouverture que semblent emprunter Diomaye Faye et son homologue Ousmane Sonko, eux qui "viennent du corps de l'État" et "savent tout du déséquilibre, depuis des lustres, de la balance des paiements du Sénégal".
Même si "une frange de leurs militants" pourrait s'étonner de cette "soudaine" conciliation, le président sénégalais, à la différence de l'opposant qu'il était, "se doit de garder, en toutes circonstances, le sens de la mesure, l'esprit de responsabilité". Le communiqué conjoint publié à l'issue de sa rencontre avec Emmanuel Macron "montre que leur président a été traité avec respect, et que l'avenir de la relation se concevra dans un respect mutuel".
Plutôt que les "tensions permanentes" dommageable, M. Placca voit dans ce rapprochement l'opportunité pour le Sénégal de "tirer de nouveaux avantages" de ce partenariat historique, à l'heure où le pays s'ouvre à la "manne pétrolière et gazière". Une diplomatie pragmatique, dans la lignée de ces "peuples [qui] prospèrent" aujourd'hui grâce à des liens apaisés avec leurs partenaires, et non en cédant aux "aventureuses carences de lucidité" qui mèneraient à l'isolement.
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JACQUELINE FATIMA BOCOUM, LA VOIX DU SURSAUT
Trente après sa naissance, Sud FM accueille sur son antenne la grande prêtresse des médias sénégalais. Celle-ci livre une analyse percutante de la société sénégalaise, pointant du doigt les maux à combattre collectivement
Dans une interview sur Sud FM ce dimanche, Jacqueline Fatima Bocoum, figure du journalisme sénégalais, a lancé un appel vibrant à la transformation sociale du pays. Trente ans après la naissance de cette radio pionnière, Bocoum dessine les contours d'un Sénégal en pleine mutation.
"Notre société est malade, mais le remède est en nous", déclare-t-elle, pointant du doigt le fossé générationnel et les tabous persistants. Armée de ses 230 000 abonnés Twitter, elle utilise les réseaux sociaux comme un scalpel pour disséquer les maux sociétaux.
Bocoum met en lumière la montée discrète mais puissante des femmes dans les sphères décisionnelles, tout en exhortant la nouvelle génération à s'affirmer davantage. "Le slogan 'Goor de projet' (Homme de projet) doit céder la place à 'Jigeen de projet' (Femme de projet)", insiste-t-elle.
Face aux défis économiques et à la tentation de l'exil, elle appelle à une fonte de l'éducation et à une mobilisation collective. "Chacun doit jouer sa partition pour reconstruire le pays", affirme-t-elle.
Dans un monde en ébullition, de la France aux pays voisins, Bocoum prône la prudence diplomatique tout en affirmant la souveraineté sénégalaise. Son message est clair : le Sénégal doit forger son propre destin, fort de sa diversité et de sa démocratie.